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Citations de Aharon Appelfeld (433)


À cette époque, j’appris qu’un homme ne voit jamais que ce qu’on lui a déjà montré.

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Sans la mémoire, pas de littérature. La mémoire, ce n'est pas seulement les faits, les choses vues, et le relevé de leur emboîtement, c'est aussi la chaleur d'une émotion. La mémoire est sans aucun doute l'essence de la création.

p14
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Le Vieux se recueillit un long moment, avant de dire : « Irena, tu dois retrouver le sens de l’amour et ta joie de vivre d’autrefois. Tu vas apprendre – et il releva la tête – que Dieu nous a fait grâce d’un monde d’amour. Il nous a enseigné la contemplation, l’amour de l’inanimé, de l’eau, des pierres de la rivière, des plantes, de l’herbe dans les champs et des arbres fleurissant aux printemps. Et aussi celui des animaux merveilleux, tels les chevaux qui nous portent sur leur dos et nous apprennent la sensation de flotter.
« Celui qui s’immerge dans l’eau de la rivière et contemple les arbres poussant le long de ses rives retrouve quelque chose de son monde d’amour perdu. Il faut persister dans cette action, jusqu’à ce que le corps en perçoive la grâce.
« Une chose encore concernant les hommes : ce n’est que dans la toute petite enfance qu’un être connaît un amour infini. Quelque chose s’altère ensuite. Le sens matériel se substitue à celui de l’amour. Celui qui est piégé par ce sens-là, qui est le degré le plus bas de l’amour, a les yeux aveuglés, les sentiments mêlées et l’imaginaire souillé. Mais celui qui se rapproche de Dieu, et si possible de ses forces intérieures, a la chance d’apprendre de la bouche même du Grand Commandeur ce qu’est l’amour. C’est tout ce que j’ai à te dire ma fille. »
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Sur mes chemins d’écriture, je retourne sans relâche dans la maison de mes parents, en ville, ou celle de mes grands-parents, dans les Carpates, ainsi que dans les lieux où nous avons été ensemble.
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Manfred connaissait par cœur des poèmes de Rilke, Else Lasker-Schüler, Rimbaud et d'autres encore qu'il récitait nuit après nuit.
Après une journée de travaux forcés, l'esprit n'était pas capable d'absorber des expressions délicates, mais là voixde Manfred imprégnait chaque strophe d'une mélodie qui transportait les gens vers leurs êtres les plus chers. Ils s'endormaient au bout d'une demi-heure, tandis que la voix de Manfred continuait de réciter jusqu'à ce qu'il s'endorme à son tour.

p182
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Cette approche mécanique qui exigeait de s'arracher à son monde pour se transporter dans un monde sur lequel on n'avait guère prise, cette approche, donc, il faut le reconnaître, s'imposa, mais à quel prix:

celui de l'anéantissement de la mémoire et de l' aplatissement de l'âme
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Lorsque vous perdez l'enfant qui est en vous, la pensée s'encroûte, effaçant insidieusement la surprise du premier regard : la capacité créatrice diminue.
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Au contraire, j'ai appris à respecter la faiblesse et à l'aimer, la faiblesse est notre essence et notre humanité
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La mère d'Irena disait avec une ferme piété : " Les morts ne nous laissent pas en paix. Ils sont parfois plus durs que de leur vivant. " Et,une fois, elle avait dit : "Laissez les morts être un instant de ce monde. Ils en ont manifestement besoin. "
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Jésus était juif. Il faut être clément envers ses descendants qui sont morts, et ne pas se comporter avec eux en usant de la force. Il faut les laisser s’installer aux fenêtres, marcher dans leurs cours et leurs maisons
abandonnées. Il est interdit de lever sur eux un bâton ou de leur jeter des pierres. »
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Ils étaient juifs, mais n'y accordaient pas plus d'importance. Mon père disait : je ne vais pas nier que je suis juif, mais je ne vais pas m'en glorifier non plus.
Déjà je craignais l'écriture. Au fond de moi, je savais qu'elle était liée à une observation douloureuse, mais je n'imaginais pas qu'avec le temps elle serait un abri, un refuge...lorsque je ferme les yeux, je vois les gens de la rive près de moi, comme s'ils réclamaient que je me souvienne d'eux. Mais, il n'est pas besoin
de me le rappeler, le portrait de chaque visage est gravé en moi.
Au fond de moi, je savais, ce qui a été ne sera plus...
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Pendant la guerre, ce n'étaient pas les mots qui parlaient, mais le visage et les mains. Du visage vous appreniez dans quelle mesure l'homme à qui vous aviez affaire voulait vous aider ou vous agresser. Les mots n'aidaient en rien à la compréhension. Les sens apportaient la bonne information. La faim nous ramène à l'instinct, à la parole d'avant la parole. Celui qui vous a tendu un morceau de pain ou un peu d'eau alors que vous vous étiez effondré, terrassé par la faiblesse, la main qu'il a tendue, vous ne l'oublierez jamais.
La méchanceté comme la générosité se passent de mots. La méchanceté, car elle aime la dissimulation, l'ombre; et la générosité parce qu'elle n'aime pas mettre ses actes en valeur.
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Les collabos qui avaient été battus étaient rassemblés sous un petit arbre, tous menottés, et, n'eussent été leurs visages salis, ils n'auraient pas semblé différents des autres rescapés.
Le plus âgé ne cessait de se plaindre de la cruauté exercée à leur endroit. Il parlait d'une voix rauque, comme s'il s'agissait plus d'une affaire qui avait mal tourné que d'un châtiment, mais lorsqu'il fit tomber sa chemise déchirée pour dévoiler son dos à ses camarades, il fût évident qu'il avait des raisons de se plaindre. Son dos était strié de marques enflées, horizontales et verticales, de plaies saignantes et d'ecchymoses.
Page 120
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Je ne voyais que la misère. je compris seulement plus tard que mes parents portaient en eux un héritage ancien qui avait été décapité. Ils ne le savaient peut-être pas eux-mêmes, mais toute leur attitude exprimait une noblesse qui s'était appauvrie et avait perdu de sa splendeur. Ce n'est que plus tard, en fait ces derniers mois, que j'ai pu me représenter leur silence très précisément. Seule la vieille noblesse se tait ainsi, seules les générations qui se sont exercées au pouvoir se taisent ainsi. Ils avaient le sentiment que la vie est courte, incompréhensible et laide, et que la parole n'ajoute rien à la compréhension.
"Il est vrai qu'ils avaient perdu le silence actif de leurs parents, ce silence qui est prière, et lien au Dieu des pères. il ne leur restait qu'un silence stérile, sans connotation avec les cieux, un noble désespoir."
Ernest se tut et Iréna comprit que, cette fois, il lui avait révélé une douleur qu'il lui avait jusque là dissimulée.
Plus tard il ajouta : "Ils voulaient me donner leur âme, et toutes leurs forces aussi, mais je n'ai rien su recevoir d'eux."
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- On va rester ici longtemps ?!

- Je ne sais pas. Mon grand-père dit que tout est entre les mains du ciel.

- Je n'ai jamais entendu cette expression. Mon père dit que tout est entre les mains de l'homme.

- Chaque famille possède ses expressions, conclut Adam.
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J'avais semble-t-il hérité de ma mère le penchant de l'observation. Je la surprenais fréquemment près de la fenêtre, en contemplation. Il était difficile de savoir si elle contemplait le paysage qui s'offrait à la fenêtre ou si elle était à l'écoute de ce qui s'élevait de son âme.

p.147
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Déjà, alors, je craignais l’écriture. Au fond de moi, je savais qu’elle était liée à une observation douloureuse, mais je n’imaginais pas qu’avec le temps elle serait un abri, un refuge, où non seulement je me retrouverais, mais où je retrouverais aussi ceux que j’avais connus et dont les visages avaient été conservés en moi.
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Le docteur Zeiger revient à sa préoccupation : ses frères juifs sont toujours anxieux, nerveux, prennent une ombre pour un ennemi armé. Ils partent tous les ans en vacances mais ne savent pas vraiment de reposer, emportant avec eux leurs angoisses,qui se sédimentent, et lorsqu'ils rentrent chez eux, ils courent les médecins, paniqués, réclamant l'impossible. Leurs angoisses inguérissables dont la source de tous leurs maux, réels et imaginaires.
p.120
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Je sortis les croquis de leur cachette. J'avais commencé à dessiner les lieux par lesquels j'étais passé dans ma jeunesse. Les premiers jours de la libération ressurgirent. Au premier plan, Siegfried, Yossef-Haïm et Hersh, près du feu, et à l'arrière-plan, l'orchestre des soldats russes. Bizarrement, je voyais cette période comme des jours heureux. J'avais passé des heures à croquer ces scènes, pour conserver une trace du prodige dont nous étions les témoins, si porteur d'espoir : tout redeviendrait comme autrefois. Je reviendrais dans ma maison, je retrouverais mon père et ma mère, mes camarades de même, et toutes les familles seraient de nouveau réunies.
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Les érudits, comme les démons, grouillent en tous lieux.

page 186
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