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Valérie Zenatti (Traducteur)
EAN : 9782879296678
276 pages
Editions de l'Olivier (01/10/2009)
3.62/5   44 notes
Résumé :
A cinquante ans, Bruno Brumhart revient sur sa vie. Une enfance confortable, chérie par ses parents, des juifs communistes, un mystérieux accident dont il n'a aucun souvenir et qui l'a privé d'une main, et l'innommable : le ghetto, la déportation, sa fuite du camp et son errance dans la forêt.
Comment retourner dans un monde qui a ordonné, ou laissé faire, la destruction des siens ?
Bruno sait que seule la force d'une profonde fraternité peut apporter... >Voir plus
Que lire après Et la fureur ne s'est pas encore tueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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L'année 2018 en Israël aura été marquée par la mort de deux écrivains importants : en janvier Aharon Appelfeld et en décembre Amos Oz.

Le présent ouvrage, sorti en 2008, nous trace une partie de la vie de l'auteur et à travers son existence une page douloureuse de son peuple.

À la suite d'un accident la main du môme Bruno Brumhart doit être amputée et c'est donc comme manchot qu'il devra affronter son destin.

Le moignon qui lui reste jouera tout au long de son histoire un rôle déterminant, tant au niveau de ses relations avec les autres qu'au niveau de son propre développement et évolution psychologique.

Ce sera d'abord à la petite école que le gamin devra faire face aux ricanements et à l'hostilité des autres gosses. Comme défense, il entraîne corps et muscles et opte pour la solitude et le silence.
Le seul confort et encouragement que le petit Bruno reçoit sont l'amour et la compréhension d'une mère intelligente au grand coeur.

La situation pour le père et la mère Brumhart, Juifs et communistes, devient extrêmement dangereuse avec l'avènement de la peste brune dans les Carpates.
Ce sera le glissement progressif dans l'horreur : entassement dans un ghetto, arrestations arbitraires, violence gratuite et famine.

À 17 ans, Bruno est arrêté et envoyé dans un camp de travail pour y aider à construire, dans des conditions épouvantables, des fours crématoires, pendant que ses parents disparaissent dans un camp nazi d'extermination.

Je ne vais pas résumer ici le bilan que l'auteur lui-même dressera à l'approche de la cinquantaine de sa propre vie et de celle de ses compagnons d'infortune.

La grande valeur de ce roman-témoignage réside essentiellement dans les considérations philosophiques d'Aharon Appelfeld sur le malheur inhumain et incompréhensible qui a frappé son peuple et comment entreprendre le retour à une vie humaine digne après l'abîme.

Ce roman a bénéficié de l'élégante traduction de l'Hébreu en Français par Valérie Zenatti.
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Au travers la vie de son héros :Bruno Brumhart, Aharon Appelfeld nous livre son histoire.
Nous allons suivre ce jeune garçon, entouré de parents aimants , juifs communistes se dévouant pour les pauvres,de son enfance à sa vie d'homme de 50 ans.
Amputé très jeune de la main il devra faire face à des moqueries qui lui donneront un caractère fort et courageux pour affronter la vie.Parqué avec ses parents dans un ghetto ,au début de la guerre,il est embarqué un matin,dans un camion pour être envoyé dans un camp de concentration afin de construire des baraquements et les fours crėmatoires. Sentant leur mort approcher,ils ont été témoins de trop d'horreurs ,lorsqu'ils comprennent que les fours seront utilisés pour les déportés ,Bruno et trois de ses camarades s'évadent.Jusqu'a la fin de la guerre ,ils se terrrerront dans une forêt où là ils subsisteront grâce aux mûres ,pommes de terre et pommes. de cette cohabitation et promiscuité naîtra une profonde amitié.
A la fin de la guerre ,ses trois amis retourneront "chez eux" ,lui s'enrichira en faisant du commerce,et achètera un château en Italie ,à Naples,ayant à coeur de soigner ses frères déportés, il fera de ce château un havre de paix où chacun viendra s'y ressourcer en écoutant un orchestre jouant du classique et en écoutant la lecture de la bible.En fait dans cette histoire Appelfeld aborde la question de l'après : comment reconstruire ces êtres si durement éprouvés lors de leur internement ? C'est un formidable message d'espoir et de renouveau qu'il nous livre.
Il y a beaucoup de zones d'ombre dans ce roman mais j'ai aimé l'atmosphère qui s'en dégage ,entre réalité et symbolisme ,espoir et tristesse( lorsqu'il se bat avec certains déportés qui sont devenus violents et qu'il ne peut " remettre sur la bonne voie ou que certains le traitent de voleurs par jalousie).Mais au fond de lui ,une voix l'appelle "viens en Israël",hésitant, il vendra ,à regret son château et partira rejoindre ses 3 amis de la forêt à Tel-Aviv. De courts chapitres ,un très bon style en font un beau roman ,à recommander chaleureusement .
* traduit de l'hébreu par Valérie Zenatti. ⭐⭐⭐⭐
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J'ai découvert assez récemment Aharon Appelfeld, avec Histoire d'une vie, qui laisse une trace vive dans l'esprit. Il me semble qu'avec celui que je viens de refermer – Et la fureur ne s'est pas encore tue – la trace laissée est une brûlure. Pourtant ce livre est celui d'un homme qui ne se laisse pas abattre, dont l'enfance baignée par l'amour de ses parents a été un ancrage profond et salvateur contre l'adversité et le désespoir. L'auteur ne s'attarde pas non plus sur l'atrocité des camps de concentration nazis. Et malgré tout on reste le souffle coupé.
L'écriture incisive, la phrase brève, les chapitres courts permettent au lecteur de reprendre souffle. L'histoire tragique est atténuée par la vitalité, voire la virulence de Bruno Brumhart, le narrateur. L'amour qu'il porte à l'humanité et l'espoir de voir les déportés relever enfin la tête comme des « princes » ne l'empêche pas d'affronter les mêmes déportés, lorsque ceux-ci, à ses yeux, sont décidément de la « racaille. »
Aharon Appelfeld, me semble-t-il, donne une piste de compréhension de sa force d'écriture dans une interview à l'AFP : « Vous ne pouvez pas être un écrivain de la mort. L'écriture suppose que vous soyez vivant. »
En ce qui me concerne, les récits d'Appelfeld me font approcher au plus près cette réalité très simple et pourtant si difficile à concevoir : cette horreur a touché des êtres « ordinaires » qui ont vécu l'inimaginable, l'impensable, l'indicible. Ce n'étaient pas des figures mythiques, des géants ou des guerriers, mais des êtres humains qui se sont retrouvés dans l'oeil du cyclone, sans la moindre idée de ce qui leur arrivait et qui leur était réservé : l'anéantissement total, conduit par le Troisième Reich avec méthode et ténacité jusqu'à l'extrême fin, en 1945.
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Dans son écriture toujours sobre, presque "blanche" et sans passion, ce roman d'Aharon Appelfeld s'attarde moins sur les événements de la guerre que sur leurs séquelles dans la vie du héros-narrateur, dont tous les actes semblent consacrés à réparer le mal qui a été fait, ou du moins à le contenir. L'auteur explore une "branche" inexploitée de la littérature concentrationnaire, celle des récits de survivants. Déjà Lanzmann, dans un commentaire de son fameux film, racontait certains destins de rescapés absolument hors du commun (comme celui du coiffeur d'Auschwitz) : Appelfeld étudie maintenant cette matière romanesque unique, à la suite de Singer et de quelques autres.
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Né en Roumanie en 1932, déporté en 1941, Aharon Appelfeld parvint à s'évader en automne 1942 et à survivre dans la forêt, puis en travaillant pour des paysans ukrainiens. Il diffuse dans chacun de ses livres la substance de son histoire, et aussi sa conviction que la mémoire reste inscrite dans le corps. « Et la fureur ne s'est pas encore tue » est paru en 2008, et en 2009 en français.

Bruno Brumhart, à cinquante ans, revient sur son passé, son enfance auprès de ses parents juifs laïques et communistes, entièrement dévoués à l'amélioration des conditions de vie des pauvres, et à leur fils, le narrateur, qui a perdu une main dans des circonstances qui restent floues.
Cette infirmité, les quolibets des autres enfants qui le surnomment Moignonnet, puis leur violence avec la montée d'un antisémitisme de plus en plus virulent, vont lui donner une force immense. Son moignon est pour lui comme un guide secret, qui lui parle, lui indique la direction à suivre et le relie à son passé.

Déporté à dix-sept ans, il s'évade, erre dans la forêt avec trois autres déportés, et tente après la guerre de changer le monde, de redonner une voie vers leur humanité aux survivants, par les biais de la musique et la spiritualité.

Primo Levi a dit de Aharon Appelfeld : "Parmi nous les survivants, les écrivains, Aharon Appelfeld a su trouver un ton unique, irréversible fait de tendresse et de retenue."
Son écriture est simple et limpide. le roman est construit en chapitres courts, de trois ou quatre pages seulement, durée salutaire qui permet de respirer, de reprendre brièvement contact avec ce qui nous entoure avant de replonger dans le récit douloureux, magnifique et, au-delà du récit de la Shoah, porteur d'un message universel, ce retour éternel vers les empreintes de l'enfance.

« J'ai eu cinquante ans hier. Un pur miracle. Mes parents craignaient que mon existence soit brève mais j'étais déterminé à vivre, et me voici devant vous.
Mes parents sont morts jeunes. Les traits de leurs visages ont changé au fil des ans, mais la qualité de leur présence est restée la même. Leur amour pour moi n'a jamais connu de limites, en particulier après ma blessure. C'était un amour puissant, qui continue de m'envelopper. »
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les jours au ghetto et au camp ont été des jours d'obscurité déversée par flots.J'y ai vu des centaines de visages ,des centaines de mains qui ne se sont pas inscrits dans ma mémoire. Le flot m'a submergé et ce n'est que dans le calme de la forêt que je me suis fait des amis: Siegfried, Hersh, Yossef-Haïm. Sans eux ,qu'aurais -je fait ici-bas?Dans la forêt ,Siegfried a combattu les restes de christianisme qui étaient en lui et Yossef-Haïm l'a aidé à s'en défaire. Hersh n'a pas cherché à développer son mutisme et sa surdité : ils ont grandi avec son corps.
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"Je m'attablai à un café. A quelques mètres de moi un vieil homme était assis. Le regard doux, il observait les passants d'un oeil pétillant. Je n'avais pas vu un vieillard aussi vif depuis longtemps. Je crus distinguer une ressemblance avec mon grand-père et ne l'en aimai que plus. Je n'ai jamais vu mon grand-père. C'était un Juif pieux que mon père m'interdisait de voir, de crainte qu'il m'enseigne ses préceptes. Nous avions toutefois projeté de lui rendre visite à quelques reprises. Juste avant la guerre nous avions entamé ce voyage, mais les routes étaient déjà bloquées. Parfois je me souviens de lui, ou j'imagine que je le vois dans un café, dans une rue".

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Je sortis les croquis de leur cachette. J'avais commencé à dessiner les lieux par lesquels j'étais passé dans ma jeunesse. Les premiers jours de la libération ressurgirent. Au premier plan, Siegfried, Yossef-Haïm et Hersh, près du feu, et à l'arrière-plan, l'orchestre des soldats russes. Bizarrement, je voyais cette période comme des jours heureux. J'avais passé des heures à croquer ces scènes, pour conserver une trace du prodige dont nous étions les témoins, si porteur d'espoir : tout redeviendrait comme autrefois. Je reviendrais dans ma maison, je retrouverais mon père et ma mère, mes camarades de même, et toutes les familles seraient de nouveau réunies.
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Maintenant ,donc,mon travail consiste à écrire et dessiner.Parfois ma vie m'apparaît comme des morceaux épars et parfois comme un enchaînement de faits.l'écriture fait surgir miraculeusement les gens et les lieux que je n'ai pas vus depuis des années.Parfois je suis chez mes parents et parfois plus loin encore,chez mes grands-parents dans les carpates. Imperceptiblement j'entrelace les fils du passė lointain et proche .Et il arrive que des lieux où je n'ai jamais été soient plus lumineux pour moi que le lieux où je vis aujourd'hui.
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Je m'appelle Bruno Brumhart. Enfant ,j'ai été amputé de la main droite et je suis depuis 《 l'homme sans main》,ou affublé de toutes sortes de sobriquets.
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Videos de Aharon Appelfeld (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aharon Appelfeld
Dans Qui-vive, la narratrice, Mathilde, semble perdre pied dans un monde toujours plus violent et indéchiffrable. Perdant le sommeil, puis le sens du toucher, elle s'arrime à des bribes de lumière des feuillets retrouvés à la mort de son grand-père, une vidéo de Leonard Cohen à Jérusalem, les réflexions douces-amères de sa fille adolescente et décide subitement de partir en Israël pour tenter de rencontrer ce qui la hante. de Tel-Aviv à Capharnaüm puis à Jérusalem, ses rencontres avec des inconnus ne font qu'approfondir le mystère. Trajectoire d'une femme qui cherche à retrouver la foi, ce roman initiatique interroge avec délicatesse le sens d'une vie au sein d'un monde plongé dans le chaos.
À l'occasion de ce grand entretien, l'autrice reviendra sur son oeuvre d'écrivaine où l'enfance et la guerre tiennent une place particulière, ainsi que sur son travail de traductrice.
Valérie Zenatti est l'autrice d'une oeuvre adulte et jeunesse prolifique. Elle reçoit en 2015 le prix du Livre Inter pour son quatrième roman, Jacob, Jacob (L'Olivier, 2014), et le prix France Télévisions pour son essai Dans le faisceau des vivants (L'Olivier, 2019). Son premier roman adulte, En retard pour la guerre (L'Olivier, 2006) est adapté au cinéma par Alain Tasma et réédité en 2021. Elle est également la traductrice en France d'Aharon Appelfeld, décédé en 2018, dont elle a traduit plus d'une dizaine de livres.
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