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Critiques de Alaa El Aswany (443)
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J'ai couru vers le Nil

Un excellent livre/ documentaire qui nous plonge dans les méandres de la révolution de Papyrus de 2011 et dans l'intimité des protagonistes qui forment une mosaïque assez représentative de la société égyptienne bien qu'on ne quitte pas Le Caire.

Un roman coup de poing qui fait mouche, sans concession, cru, lucide, pessimiste malgré quelques irruptions d'optimisme aussitôt évanouies.

Et qui pose cette question universelle : toute révolution ne serait-elle pas qu'un retour sur elle même ? Et qui interroge subjectivement sur l'engagement et ses limites.

J'ai lu une interview récente de l'auteur exilé à New York où il propose ce parallèle intéressant :

"Dans le passé, après chaque révolution, il y a eu une contre-révolution. Le modèle en la matière, c’est la Révolution française, la mère de toutes les révolutions. Dix ans après 1789, la France s’est retrouvée avec un empereur en la personne de Napoléon. Ce n’est pas tout à fait ce que les révolutionnaires français avaient espéré. Ils ont eu ensuite droit à un retour à l’ancien régime, à une monarchie bourgeoise, puis à un Second Empire, avant que la nouvelle vision puisse vraiment s’installer, s’incarnant sous la forme d’une république".

Tout ce sang versé permettait il d'enrayer les rouages du complexe militaro-islamiste ? L'auteur semble y croire. Espérons avec lui.
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Chicago

C'est un livre qui est bien fait, on ne peut pas dire le contraire, d'un écrivain qui connaît bien les rouages de la narration et du suspens. On suit des destins d'exilés égyptiens. Seulement voilà, j'ai un problème. Je n'ai pas compris où l'auteur, que j'aime pourtant beaucoup, voulait nous emmener. Si vous le savez aidez-moi. Ok, c'est dur l'exil, l'adaptation à des mœurs et des coutumes différentes des notre. Ok, on admire les temples modernes de la science et on vante au passage l'élite égyptienne qui aurait pu en faire profiter son pays (fuite des cerveaux). Mais c'est tout, vraiment? Je suis déçue, j'aurais voulu, attendu, plus de tripes, plus de passion. Une étincelle, ou du moins une jolie mélodie. Efficace, terriblement efficace. Et comme tout bon lecteur le sait, l'efficacité est loin à elle seule de faire un bon roman. Le respect du temps de cuisson ne fait pas un bon plat.
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J'ai couru vers le Nil

ça vous arrive qu’un livre vous empêche de dormir et vous fait réveiller la nuit pour le lire? c’est ce que Alaa El Aswany a fait avec moi avec ce livre, un livre qui parle des jeunes de place Tahrir au Caire en Egypte de 2011, plusieurs personnages intrigants et attachants, plusieurs histoires abordant la révolutions d’un point de vu différent !

politique, religions, autorité, armé, égyptiens ordinaire ... ce militant démocratique Alaa El Aswany n’épargne personne avec sa plume ...

et malheureusement je trouve que tout ce qu’il a écrit n’est que la pire réalité de nos peuple !

coup de cœur de cette année ( malheureusement je l’ai lu un peu tard )

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Automobile club d'Egypte

Des écrivains égyptiens, j'en connais peu (voire pas à part l'auteur et Mahfouz).

Et de Al Aswany, je n'ai pas lu son "best seller" mondial mais celui-ci.

L'histoire a pour cadre un lieu huppé et select du Caire, ou se cotoient, se croisent et se toisent les étrangers et la haute société cairote où ls employés modestes sont sous la coupe d'un sadique majordome.

Au milieu du 20ème siècle, le roi Farouk semble plus préoccupé par le Jeu et les Femmes que le destin de son pays sous colonie britannique.

Le romancier se sert de ce face à face entre les employés et les nantis / jouisseurs de la clientèle pour décrire la société égyptienne des années 50 avec en toile de fond la montée du nationalisme.

La condition de la femme est bien abordée et le romancier, par petites touches, parvient à nous décrire le système féodal qui régit la société égyptienne.

Mais la multitude de personnages fait que je m'y suis régulièrement perdu et bien que l'on tourne les pages avec plaisir, j'ai trouvé le livre un peu long !

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L'Immeuble Yacoubian

L'immeuble Yacoubian commence comme une chronique des différents habitants d'un même bâtiment, et le début est agréable à lire. Le rythme est lent, mais on est en Orient donc c'est normal.



Passé le tiers du livre, le rythme est toujours aussi lent et ça devient lassant. Les sujets partent dans tous les sens, on y parle de la montée de l'islamisme, de la corruption, de la brutalité de la police, de l'homosexualité, du harcèlement des femmes et plus généralement de leur place dans la société. Comme si l'auteur avait ajouté des personnages dans le seul but de dénoncer l'ensemble des problèmes de la société égyptienne. Comme ils sont nombreux, le récit alterne les chapitres pour les traiter tour à tour, mais au final on a eu l'impression de toucher un peu à tout sans rien approfondir.



Quant au style, il est vraiment trop lent, les descriptions sont longues et fastidieuses, et l'abondance de propos religieux ("prière et salut de Dieu sur lui", "grâce en soit rendue à Dieu", "Je confie mon sort à Dieu tout-puissant"), l'omniprésence de ces expressions alourdit la lecture, la rendant même parfois pénible. Je veux bien croire que les Égyptiens parlent ainsi, mais peut-être y avait-il une autre manière de le traduire en français pour faciliter la lecture.



L'immeuble Yacoubian est un livre qui a très bonne réputation, mais je vais me dépêcher de l'oublier.
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L'Immeuble Yacoubian

Avec l'Immeuble Yacoubian, le romancier égyptien Alaa El Aswany a imaginé une fresque ambitieuse construite sur une double temporalité. D'une part avec des personnages "originaux" au XXIème siècle, d'autre part l'Egypte des années 1930, moment où l'immeuble éponyme a été construit.



En réalité, ce sont moins les humains qui ne sont en fait de passage que l'immeuble et la ville qui sont les réels personnages, et c'est à travers leur évolution qu'on peut lire l'évolution de la société et des individus.



Cette idée me plaisait beaucoup et j'ai eu plaisir à lire les passages plus "historiques", en revanche la partie XXIème siècle avec les personnages aux portraits trop bâclés à mon goût (au profit de leurs petites histoires) m'a profondément ennuyée.



Je ne saurai pas dire si c'est l'écriture ou la traduction qui est en cause, mais cela aura été vraiment désagréable à lire alors que j'attendais cette lecture avec impatience ! Ma déception a donc été à la hauteur de mes attentes.
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Automobile club d'Egypte

Quelques années après la fin de la seconde guerre mondiale, nous suivons à travers la vie d'une famille pauvre l'évolution de la société égyptienne.

Une fratrie complexe, une société étrange où les pauvres sont exploités et frappés au sein de l'Automobile Club accueillant de riches égyptiens et des anglais colonisateurs.

Un roi paresseux et lubrique, de vieilles dames avides de sexe, de jeunes hommes escorte girl, un directeur de Club prêt à prostituer sa fille, un garçon et une fille travaillant et étudiant, des mariages imposés tracent le portrait d'une Égypte en plein changement et bouillonnement prête à acquérir son indépendance.



Un livre de plus de 600 pages que j'ai dévoré en quelques jours.
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J'ai couru vers le Nil

Waouuu !!!!

Je viens de terminer la lecture, je suis un peu sous le choc ! Merveilleux livre, j'ai appris beaucoup, j'ai été en colère, triste, pleine d'espoir, sans plus aucun espoir.....

La galerie de personnages est fascinante ; qu'on les aime, les haïsse, ou les respecte.

Bravo pour cette pépite ❤️
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L'Immeuble Yacoubian

"L'Immeuble Yacoubian" d'Alaa El Aswany est un roman qui se déroule dans un immeuble du caire où vivent des personnages issus de différentes classes sociales. Le livre examine les problèmes sociaux, économiques et politiques auxquels l'Égypte est confrontée.



L'un des aspects les plus forts de ce roman est la diversité des personnages et la façon dont l'auteur les développe. On rencontre des personnages issus de différentes classes et milieux, chacun avec ses propres aspirations, peurs et désirs. Le livre aborde des thèmes tels que la corruption, l'injustice économique, l'oppression des minorités sexuelles et la montée de l'islamisme, offrant ainsi une vision complète de la société égyptienne contemporaine.



L'auteur utilise également habilement l'immeuble comme métaphore de la société égyptienne. Chaque personnage représente une partie différente de cette société, ce qui permet de montrer la complexité et les contradictions du pays.



Cependant, malgré ces points forts, le livre souffre de quelques faiblesses. Tout d'abord, la structure narrative est parfois désordonnée, avec des sauts chronologiques et des histoires qui se chevauchent, ce qui peut rendre la lecture confuse. De plus, certains personnages sont moins développés que d'autres, ce qui crée une certaine inégalité dans l'intérêt que l'on porte à leurs histoires.



De plus, bien que l'auteur fasse un bon travail pour présenter les problèmes sociaux et politiques de l'Égypte, il manque parfois de nuances dans ses représentations. Certains personnages et situations sont trop caricaturaux, ce qui peut donner l'impression d'une vision simpliste de la société égyptienne.



"L'Immeuble Yacoubian" est un roman ambitieux qui offre une plongée fascinante dans la société égyptienne contemporaine. Me livre offre une réflexion importante sur les problèmes auxquels le pays est confronté, tout en présentant une galerie de personnages captivants.
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Le syndrome de la dictature

Un court et efficace essai du célèbre écrivain égyptien qui questionne la dictature et tente de dévoiler ses principes, ce qui la soutient et les risques qui lui sont associés (dont le plus important peut-être : ce n'est pas un régime pérenne, tout le monde est donc forcément amené à trinquer lors de la chute du dictateur).



A grand renfort d'exemples (Égypte bien sûr, mais aussi Irak, Libye, URSS...), Alaa El Aswany étrille les "bons citoyens", tout aussi responsables que le dictateur du régime en place, les intellectuels et leur différent positionnement (du contestataire à l'intellectuel "à temps partiel"), ou encore la religion comme arme bien efficace pour asseoir son joug.



170 pages décortiquant les dictatures avec un mordant dont il serait bien dommage de se priver pour quiconque s'intéresse aux régimes totalitaires, à la politique, ou à l’Égypte !

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L'Immeuble Yacoubian

le somptueux l'Immeuble Yacoubian construit au Caire en 1934, symbole de l'ancienne classe dominante en Égypte, opulente et cosmopolite s'est profondément dégradé après la révolution nassérienne, la plupart de ses occupant ayant fui. L'histoire se déroule dans cet immeuble , probablement dans les années 1990, où cohabitent désormais toutes les générations et toutes les classes sociales, et où les rapports sexuels, légitimes ou non, homo- ou hétérosexuels, fonctionnent comme une métaphore des rapports de classe. Tous les drames de l'Egypte se trouvent être incarnés par les habitants de cet immeuble: Zaki Dessouki un nostalgiques désabusé de la chute du roi Farouk, Taha el Chazli , fils du travailleur et méritant du gardien de l'immeuble, qui, rongé par la frustration finira de se radicaliser auprès des Frères musulmans après avoir échoué à être admis à l'académie de police, en passant par Hajj Mohammed Azzam, un riche commerçant grâce au trafic de drogue qui se donne une respectabilité islamique pour se faire élire député et étendre son réseau mafieux. Plusieurs histoires se déroulent en parallèle dans ce microcosme, miroir d'un système social bloqué (quelques années avant la chute de Moubarak), pris en otage par la corruption, le parrainage et le népotisme. Cette peinture de la société cairote faite par l'auteur de ce grand roman , Alaa al Aswany (qui y a tenu son cabinet de dentiste pendant plusieurs années) est toujours d'actualité.
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L'Immeuble Yacoubian

J’ai fini ce roman à regret. Il fait partie de ceux que j’ai eu hâte de retrouver, jour après jour, lors du rendez-vous rituel de la séance de lecture qui précède de peu le sommeil. J’ai tout de suite été séduite par l’analyse psychologique des personnages tellement réaliste qu’on croirait les avoir connus ou du moins croisé dans les parties communes de l’immeuble Yacoubian ou encore dans la rue Soliman-Pacha. La forme et l’écriture sont des plus classiques. Elle rappellent, et ce n’est pas pour me déplaire, les grands auteurs français de XIXè siècle. J’ai pensé à Zola et surtout à Balzac mais le procédé m’a évoqué aussi, dans une certaine mesure, celui de Georges Perec dans La vie, mode d’emploi. Ceci étant dit, c’est parfaitement original en ce qui a trait au lieu tout à fait dépaysant de l’Égypte moderne et c’est tout l’art de l’auteur de nous faire comprendre, par le biais de l’étude des mœurs de quelques habitants de l’immeuble Yacoubian, les problèmes politiques et sociaux du pays et, en particulier, le terrain qui y a favorisé la montée de l’islamisme radical. En conclusion, l’immeuble Yacoubian a été pour moi une belle découverte et je n’hésiterai pas une seule seconde à revenir à cet auteur prochainement.
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J'ai couru vers le Nil

Ne connaissant rien aux événements des Printemps Arabes, je suis tombée sur ce livre par hasard et ce fut un uppercut ! A travers l’histoire d’égyptiens de tous âges, toutes religions, tous bords politiques, l’auteur nous fait découvrir l’histoire de son pays, et plus particulièrement les soulèvements de 2011. Dans un style qui ressemble beaucoup aux Lapierre et Collins, on est transporté dans cette révolution, on a presque l’impression d’y participer.
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J'ai couru vers le Nil

La révolution égyptienne de 2011, racontée au plus près des événements, au travers d’une série de portraits et de tranches de vie entrecroisés. Mais surtout, un récit très concret sur l’hypocrisie et la corruption qui rongent la société égyptienne, l’injustice, la mauvaise foi et la brutalité du régime et de la police. Une religion instrumentalisée et au service des puissants, la duplicité des frères musulmans, d’abord soucieux d’eux mêmes et de maintenir le statut quo. Et en fin de compte, la désillusion de tous ceux qui avaient cru en la révolution et en attendaient un monde meilleur.
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J'ai couru vers le Nil

Quelle claque ! Ce livre est indispensable. Il parle de la révolution égyptienne, jusque là un sujet maintes fois traité. Mais par ce récit choral, de différents destins bien différents, parfois liés, parfois non il nous permets de la comprendre de l'intérieur. J'ai vraiment pu comprendre tout le rôle des médias dans cette révolution moderne, leur importance. Comment celle-ci a su unifier des personnes de mondes différents, d'âge différents. Tous les personnages sont très justes. Surtout j'ai beaucoup apprécié le changement de ton lorsque l'auteur parle (aussi) des personnes antirévolution. Même si on sent l'ironie lorsqu'il parle de la foi extrême, ce n'est jamais trop et surtout pas dans le jugement. Les chapitres sur Nourhane sont fantastiques ! J'ai été touchée, attendrie, triste, je l'ai vraiment dévorée et j'avais du mal à le lâcher. Mon seul regret: j'en aurait voulu plus !

Une magnifique découverte.
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L'Immeuble Yacoubian

L'excellente réputation de ce bouquin n'est pas usurpée, j'ai pris grand plaisir à suivre les tranches de vie de certains des habitants de l'immeuble Yacoubian, microcosme de la société égyptienne, écrit dans un style simple et empathique, jamais cynique. On apprend beaucoup sur la condition de la femme en pays musulman, sur la tentation de la dérive terroriste qui accompagne parfois frustrations et désillusions d'une jeunesse dans l'impasse. J'ai particulièrement aimé les pages où affleure la nostalgie de l'époque coloniale, qui amènent à cette conclusion qui s'applique à beaucoup de pays décolonisés : au final, qu'avez vous fait de votre révolution ?
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J'ai couru vers le Nil

Ou comment naît et meurt une révolution. En janvier 2011, l’espoir grandit parmi les jeunes gens, filles et garçons, qui manifestent pacifiquement place Tahrir. Parmi eux, Asma, jeune enseignante et son ami Mazen, ingénieur à l’usine, ou encore les étudiants en médecine, Dania et Khaled, qui soignent les manifestants blessés. Achraf, acteur au chômage un peu désabusé, vit à deux pas de la place, et va sortir de sa torpeur pour leur venir en aide. Parmi les nombreux personnages du roman, se remarquent aussi Issam, ancien gauchiste, qui dirige la cimenterie Bellini, et sa femme Nourhane, présentatrice télé qui saura vite quel parti prendre pour parvenir à ses fins. Quant au général Alouani, il met en œuvre tous les moyens, tous aussi antidémocratiques les uns que les autres, pour mettre fin à ce mouvement de contestation. D’autres personnages se révéleront au fil des événements, comme le père de Khaled, très courageux et émouvant. Les liens entre tous ces habitants du Caire apparaissent progressivement.



Ce roman choral a été, et est toujours, interdit en Égypte, ce qui se conçoit sans peine à sa lecture. Il démonte avec maestria les mécanismes à l’œuvre pour étouffer toute velléité démocratique de la jeunesse : tir à balles réelles sur la foule, arrestations et détentions arbitraires, torture, intimidation, diffusion de fausses informations… Que peuvent des citoyens qui ne demandent que des droits parfaitement légitimes face à une telle répression ? Certes, Moubarak a démissionné, mais sa suite a été parfaitement orchestrée pour ne laisser aucune place à la démocratie, ni aux droits des femmes.

Impeccablement construit, ce roman fait une belle place aux personnages autant qu’aux idées. Je n’avais pas été emballée par L’immeuble Yacoubian, ni par J’aurais voulu être égyptien, ce qui explique que j’ai tardé à lire celui-ci. La forme du roman choral aurait pu desservir ou affadir le propos, alors qu’au contraire, ces personnages qui se croisent et se côtoient font de ce roman d’une révolution un texte fort et indispensable.
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Le syndrome de la dictature

Dans cet ouvrage, Alaa El Aswany nous présente les mécanismes de mise en place d'une dictature et les moyens de la maintenir. Prenez un chef charismatique, parfois une idéologie (Mao, Hitler, Khomeiny), un pays qui va mal, et le peuple va donner sa confiance à celui qui le protégera de l'ennemi extérieur. Car une dictature a besoin d'ennemis, c'est la théorie du complot, et ceux-ci ont toujours des relais à l'intérieur du pays qu'il faut démasquer. On ouvre ainsi la porte à la répression qui est nécessaire à toute dictature pour se maintenir au pouvoir.



Le discours n'a pas besoin d'être cohérent, car il vise l'émotion, pas l'intelligence. Hitler n'avait pas besoin de démontrer ses théories, l'Allemagne allait mal et il a capitalisé sur l'antisémitisme pour trouver le coupable et gagner le support des Allemands. Nasser déclarait "“Liberté pour le peuple, pas de liberté pour les ennemis du peuple”. Rien qu'avec cette phrase, il promet la liberté mais pas pour ses opposants. Quand à Khomeiny, il forma un gouvernement dont il déclara clairement "qu’il était le gouvernement de Dieu et que quiconque lui désobéirait s’opposerait à Dieu". Et bien voyons, cet homme se met carrément au niveau de Dieu et justifie d'avance la répression terrible qu'il va exercer.



Une fois installée, la dictature doit prendre le contrôle des médias pour semer la bonne parole et surtout éviter tout discours contestataire. Naturellement elle doit également s'assurer le concours des organes de répression. L'auteur dit : "Des officiers de police, libéralement dotés d’argent et de privilèges, défendent le pays en torturant et en tuant, sachant qu’ils jouissent d’une complète immunité et n’ont pas de comptes à rendre. Des généraux de l’armée appartenant eux-mêmes à la classe aisée sont prêts à tuer autant de gens qu’il le faut pour préserver leurs privilèges. Des juges corrompus sont dirigés par des officiers de la sécurité qui leur dictent les décisions à prendre. Des membres du parti au pouvoir sont formés à l’hypocrisie et à l’opportunisme de façon à saisir chaque occasion d’enrichissement personnel grâce à leur militantisme."



Alaa El Aswany nous parle aussi du rôle des intellectuels. On ne peut pas reprocher à quelqu'un de ne pas risquer sa vie pour dénoncer une ignominie, mais on peut reprocher de soutenir un régime brutal. L'auteur dénonce quelques écrivains, comme Garcia Marquez ou pire, Pablo Neruda qui fût jusqu'au bout un admirateur de Staline. Parmi les intellectuels de gauche français, on a trouvé des supporters inconditionnels du système soviétique, ainsi Sartre soit-disant défenseur de la liberté qui a longtemps soutenu les purges staliniennes.



Une des théories de l'auteur est "qu’une dictature n’a pas été établie par la seule volonté du tyran. Elle est une relation humaine dans laquelle deux parties sont nécessaires : le tyran qui décide d’imposer son joug et le peuple qui a accepté ce joug". Et là on atteint les limites de cet ouvrage, dont l'exemple principal est l’Égypte mais qui prétend s'appliquer partout alors que ce n'est pas le cas. Autant certains peuples ont accepté le joug d'un dictateur comme le dit l'auteur, autant d'autres n'ont rien accepté du tout et ont dû se taire pour rester vivants. Les citoyens de Idi Amin Dada n'ont rien choisi, ils se sont tus pour éviter de servir de déjeuner aux crocodiles. Les Cambodgiens ont obéi aux Khmers Rouges car la moindre désobéissance signifiait la mort. Toute l'Europe de l'Est se taisait pour ne pas finir dans les geôles de la Stasi ou de la Securitate ou autre.



Dans cet ouvrage l'auteur émet quelques affirmations très contestables : "les animaux naissent libres et que leur propension naturelle les pousse à défendre leur liberté avec toute la force dont ils disposent". Ce n'est pas vrai pour les animaux grégaires chez lesquels règne une hiérarchie. Les loups naissent dans une meute où règne le couple dominant, les autres n'ont même pas la liberté de se reproduire. Les fourmis naissent soldats ou ouvrières, et chacune accepte son rôle. Même un troupeau de vaches a une hiérarchie et les plus faibles doivent se soumettre.

Il dit également : "Une révolution, pour l’essentiel, n’est rien d’autre qu’une tentative de trouver un remède au syndrome de la dictature". Robespierre, fruit de la révolution française, était-t-il un démocrate ou lui-même un peu dictateur ? Quid de la révolution iranienne ? Le but était franchement de remplacer une dictature par une autre.

Dernier exemple : "Pour prévenir la dictature, nous devons avoir à l’esprit que, aussi couronné de succès que soit un dictateur au début, la fin sera catastrophique." Staline est mort dans son lit, après 30 ans de pouvoir sans jamais être contesté. Mao a fait régner la terreur et est mort tranquillement lui aussi, et la Chine s'est relevée après son décès. On a même vu des dictateurs éclairés, qui favorisaient le développement de leur pays pour avoir plus de richesses à piller.



En résumé je dirais que le syndrome de la dictature est une étude bien menée et assez complète, mais qui ne s'applique pas à tous les pays.
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J'aurais voulu être égyptien

Dès la première nouvelle le ton est donné. C’est évidemment tout sauf égyptien – il ne trouve à son peuple aucune qualité – qu’Issam aurait voulu être, étranger parmi les siens, et éprouvant pour l’Occident une dangereuse fascination…Frustration, fantasmes, folie et le piège va se refermer sur celui qui ose mettre en question la fausse gloire d’un régime rongé par la gangrène et qui comme toutes les dictatures n’a pour seule réponse que la répression.



Les autres nouvelles sont de la même veine, qu’elles dénoncent l’hypocrisie de la religion, la corruption du monde médical, la cruauté des enfants, la lourdeur des liens familiaux, l’injustice sociale, la lâcheté de ceux qui veulent réussir à tout prix, bref, une société qui ne fait pas rêver et offre peu de place au talent, à l’humour, à la jeunesse.



Ces textes ont été censurés car trop critiques à l’égard de l’Égypte même si c’est une œuvre artistique et qui pour cette raison doit être prise au second degré…La censure est malheureusement vieille comme le monde et la liberté d’expression un bien précieux qui mérite d’être défendu ! Cela dit j’ai préféré les romans d’Alaa El Aswany, plus aboutis, bien qu’on retrouve déjà son humour et sa lucidité sous sa plume profondément humaine.

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J'ai couru vers le Nil

Le livre tourne autour de la révolution de 2011 révolution arabe qui a suivi celle de Tunisie et qui a conduit au départ de Moubarak.

Au-delà du roman où nous voyons les événements sous l’angle de différentes personnes de la société égyptienne, ce livre traduit, pour moi, deux choses : d’abord c’est une thérapie pour l’auteurqui a vu dans ces événements une occasion unique pour le peuple égyptien de se libérer de ses pesanteurs sociales et de son fatalisme. D’autre part, son amour pour le peuple égyptien et sa tristesse de l’état amorphe dans lequel il est maintenu.



Autant l’immeuble Yakoubien est un livre amusant, avec sa part de tristesse, autant celui-ci tient de l’épopée avec une montée de l’espoir et une fin tragique pour nombre de personnages.



En effet, ce livre est en trois parties : la montée de la révolte avec l’espoir qui y est associé, une phase « plateau » avec les bons moments et les tragédies et une descente vers une réalité rude et âpre.



Nous savons ce qu’est devenu la réalité égyptienne. Après avoir poussé et mis en avant les frères musulmans, les militaires vont les renverser et les écraser.



Ce livre dépasse le cadre de l’Egypte. Il est un symbole pour les pays en développement qui cherchent à sortir de leur situation Au moment où j’écris ces lignes, je pense au coup d’état au Niger, avec toutes ses ambiguïtés et ses paradoxes.



Au delà des pays en développement, il nous rappelle aussi que nous, dans les pays occidentaux, nous sommes aussi soumis à un conditionnement par les informations.



Enfin, je ne jetterais pas le bébé avec l’eau du bain. Et si les révolutionnaires avaient gagné ? Est-ce que le pays serait aussi idyllique que le décrit l’auteur ? Parfois cela amène du mieux, mais souvent c’est pire. Demandez aux Iraniens ce qu’ils en pensent.



Un livre à lire et relire en miroir aux événements actuels.
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