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Citations de Albert Cohen (1119)


Ils ont tous un faible pour le fort, et la moindre douceur des durs leur est exquise, les ensorcelle. Au théâtre, ils s'attendrissent devant le vieux colonel sévère qui a une bienveillance inattendue. Esclaves ! Mais un homme tout bon est toujours trouvé un peu nigaud. Au théâtre, le méchant n'est jamais ridicule, mais un homme bon l'est souvent, fait souvent rire. D'ailleurs, il y a du mépris dans les mots brave homme ou bonhomme. Et une domestique, ne l'appelle t'on pas une bonne ?
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Je ne Lui pardonnerai jamais de ne pas exister.

(Mangeclous et Dieu)
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(...) sublime invention cet être nouveau et parfois repoussant car ce sont ses débuts maladroits et il sera mal venu et raté et hypocrite pendant des milliers d'années cet être difforme et merveilleux aux yeux divins ce monstre non animal et non naturel qui est l'homme et qui est notre héroïque fabrication en vérité c'est notre héroïsme désespéré que de ne vouloir pas être ce que nous sommes et c'est-à-dire des bêtes soumises aux règles de nature que de vouloir être ce que nous ne sommes pas et c'est-à-dire des hommes (...)
(P1007)
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Les autres se consolent avec des honneurs, des conversations politiques ou de la littérature. Ou encore ils se consolent, les imbéciles, avec le plaisir d'être connus ou de commander ou de faire honorablement sauter leurs petits-enfants sur leurs genoux.
Moi, dit celui qui fut jeune, je ne peux pas être sage, je veux ma jeunesse, je veux un miracle, je veux les fruits et les fleurs de l'aimée, je veux n'être jamais fatigué, je réclame les hymnes noirs qui couronnaient ma tête. Il a du culot, le vieillard. Allons, qu'on lui prépare un cercueil bien neuf et qu'on l'y fourre !
(P540)
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Et ce n'était pas tout, elle avait d'autres armes que le malheureux connaissait bien, les représailles des lendemains de scènes : entre autres, les migraines, les grèves de réclusion dans sa chambre, les paupières enflées portant témoignage des pleurs dans la solitude, les malaises divers, les tenaces mutismes, le manque agressif d'appétit, la fatigue, les oublis, les regards mornes, tout le terrible attirail d'une faible femme invincible.
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O Dieu, du droit de mon agonie qui est proche, je Te dis qu'elle n'est pas drôle, Ta plaisanterie de nous donner cet effrayant et bel amour de la vie pour nous allonger ensuite, les uns après des autres, et faire de nous des immobiles que de futurs immobiles enfouissent sous terre comme de puantes saletés, des balayures trop répugnantes à regarder, de cireuses immondices, nous qui fûmes des bébés ravis en nos fossettes.
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Mais pourquoi les hommes sont-ils méchants? Que je suis étonné sur cette terre. Pourquoi sont-ils si vite haineux, hargneux? Pourquoi adorent-ils se venger, dire vite du mal de vous, eux qui vont bientôt mourir, les pauvres? Que cette horrible aventure des humains qui arrivent sur cette terre, rient, bougent, puis soudain ne bougent plus, ne les rende pas bons, c'est incroyable.
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De ses deux mains en coupe, elle souleva ses seins. Voilà, ils étaient ainsi autrefois. Elle les laissa retomber, leur sourit. Les pauvres, murmura-t-elle. Le stylo qu'elle lui avait donné, il s'en servirait pour écrire à cette femme. Ariane mon unique. Bien sûr, son unique puisque glandes mammaires en bon état. Ton tour viendra, ma petite. Saleté de vieux corps, elle en était dégoutée aussi. Au cimetière, dans un trou, ce vieux dégoutant! Sale vieille, dit-elle à la glace, pourquoi est-ce que tu es vieille, dis, sale vieille? Tes cheveux teints ne trompent personne! Elle se moucha, éprouva une sorte de satisfaction à se regarder dans la glace, déshonorée, assise sur une valise, en train de se moucher. Allons, se lever, faire des gestes de vie, téléphoner.
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Désireux de briller devant le boss silencieux, ces messieurs s'en donnaient à cœur joie et improvisèrent avec feu, évoquant dans l'étrange langage du Secrétariat "les situations à explorer", "l'agrément général à rechercher sur la partition des responsabilités tant organisationnelles qu'opérationnelles" (...)
Et ainsi de suite, le tout entrelardé de propositions confuses et contradictoires, consciencieusement notées par la sténographe qui n'y comprenait rien car elle était intelligente.
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- Je l'aime et je suis heureux, pensa-t-il. O merveille de t'aimer, lui dit-il.
- Quand pour la première fois? Osa-t-elle demander.
- À la réception brésilienne, murmura-t-il, pour la première fois vue et aussitôt aimée, noble parmi les ignobles apparue, toi et moi et nul autre en la cohue des réussisseurs et des avides d'importances, nous deux seuls exilés, toi seule comme moi et comme moi triste et de mépris ne parlant à personne, seule amie de toi-même, et au premier battement de tes paupières, je t'ai connue, c'était toi, l'inattendue et l'attendue, aussitôt élue en ce soir de destin, élue au premier battement des longs cils recourbés, toi, Boukhara divine, heureuse Samarcande.
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O toi, la seule, mère, ma mère et de tous les hommes, toi seule, notre mère, mérites notre confiance et notre amour. Tout le reste n’est que misère et feuille emportée par le vent.
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Avoir de la douleur, c’est vivre, c’est en être, c’est y être encore.
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Juliette aurait-elle aimé Roméo si Roméo quatre incisives manquantes, un grand trou noir au milieu ? Non ! Et pourtant il aurait eu exactement la même âme, les mêmes qualités morales ! Alors pourquoi me serinent-elles que ce qui importe c'est l'âme et les qualités morales
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A l'aurore, il la quittait doucement, attentif à ne pas la réveiller, allait chez lui. Parfois, ouvrant les yeux, elle protestait. Ne me quitte pas, gémissait-elle. Mais il s'arrachait aux bras qui le retenaient vaguement, la rassurait, lui disait qu'il reviendrait bientôt. Ces départs du matin, c'était parce qu'il ne voulait pas être vu moins parfait, non rasé et non baigné. C'était aussi parce qu'il avait peur, lorsqu'elle irait prendre son bain, d'entendre le grondement préliminaire et terrifiant de la chasse d'eau, tumulte funeste.
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Hélas, un borborygme s'éleva avec des volutes de contrebasse, mourut soudain, et elle toussa pour le détruire et l'embrouiller rétroactivement par un bruit antagoniste. Il lui baisa la joue pour faire atmosphère naturelle et adoucir cette humiliation. Mais aussitôt, majestueux, un autre borborygme retentit qu'elle camoufla en ce raclant la gorge. Contre un troisième, d'abord caverneux, puis mignon et ruisselet, elle lutta en appuyant sa main subrepticement mais fort, afin de le comprimer et le réduire, mais en vain. Un quatrième survient en mineur, triste et subtil. Plaçant tout son espoir en un changement de position, elle s'assit sur le fauteuil en face et dit à haute voix qu'il faisait beau. À voix tout aussi haute, il dit que c'était une journée vraiment merveileuse, développa cependant qu'elle cherchait en catimini des postures destructrices de ces maudits bruits causés par le déplacement des gaz et des liquides dans un innocent estomac. Mais rien n'y faisait et de nouveaux venus surgissaient en grand vacarme, clamant leur droit à la libre expression. Il en guettait I'arrivée, les accueillait avec compassion, sympathisait avec la pauvrette, mais ne pouvait s'empêcher de les caractériser, tour à tour mystérieux, allegres, humbles, altiers coquins, véniels, funèbres. Enfin elle eut la bonne idée de se lever et de remonter le gramophone, pour une fois opportun. Alors le Concerto brandebourgeois en fa majeur retentit, étouffant les rumeurs intestines et Solal rendit grâces à cette musique, parfaite pour couvrir des borborygmes.
Hélas, le concerto pour scieurs de long terminé, un nouveau borborygme s'éleva, un beau borborygme, très réussi, élancé et divers, tout en spirales et fioritures, pareil à un chapiteau corinthien. Ensuite, il y en eut plusieurs à la fois, dans le genre grandes orgues, avec basson, bombarde, cor anglais, flageolet, cornemuse et clarinette. Alors, de guerre guerre lasse, elle dit qu'il lui fallait s'occuper du diner. Deux motifs à cette décision, pensa-t-il. Le premier, à court terme, filer à la cuisine et y borborygmer en paix, sans témoin. Le second, de plus longue portée, se remplir le plus vite possible l'estomac, afin d'écraser et de mater les borborygmes qui, tassés par le poids des aliments ingérés, ne pourraient plus monter à la surface pour s'épanouir et gambader à l'air libre.
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Albert Cohen
- Un peu de musique ? proposa t'elle.
Emu par cette maladroite bonne volonté, il dit qu'il aimerait. Elle remonta donc le gramophone et broya le coeur de Solal. Un autre air de Mozart s'étant élevé, elle s'approcha lentement, si grave prêtresse qu'il en fut effrayé et recula imperceptiblement, retenant en même temps une envie nerveuse de rire provoquée par le cérémonial des masséters. En effet, en signe d'amour ou de volonté d'amour, lorsqu'elle se dirigeait vers lui avec des intentions, elle serrait toujours les molaires comme pour mordre, ce qui faisait saillir les muscles des joues et déclenchait en lui un fou rire tant bien que mal maîtrisé. Inspirée par Mozart elle tendit ses lèvres qu'il prit aussitôt, ravi d'échapper au spasme de triste gaieté et feignant comme elle un vif plaisir. Mais elle, elle ne savait pas qu'elle feignait. Durant le baiser qu'il prolongea parce qu'il ne trouvait rien à lui dire, il pensait qu'au temps de Genève un accompagnement musical pour baisers n'était pas jugé nécessaire. En ce temps là, leur amour fournissait la musique.
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Fils des mères encore vivantes, n’oubliez plus que vos mères sont mortelles. Je n’aurai pas écrit en vain, si l’un de vous, après avoir lu mon chant de mort est plus doux avec sa mère, un soir, à cause de moi et de ma mère. Soyez doux chaque jour avec votre mère. Aimez-la mieux que je n’ai su aimer ma mère. Que chaque jour vous lui apportiez une joie, c’est ce que je vous dis du droit de mon regret, gravement du haut de mon deuil. Ces paroles que je vous adresse, fils des mères encore vivantes, sont les seules condoléances qu’à moi-même je puisse m’offrir. Pendant qu’il est temps, fils, pendant qu’elle est encore là. Hâtez-vous, car bientôt l’immobilité sera sur sa face imperceptiblement souriante virginalement.
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Nous parlions beaucoup pour nous dissimuler que nous nous ennuyions un peu et que nous n'étions pas tout à fait suffisants l'un à l'autre. Comme je voudrais maintenant, loin de ces importants que je fréquente quand ça me chante, retrouver Maman et m'ennuyer un peu près d'elle.
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Le cocktail passion. Être l'ennemi bien-aimé, saupoudrer de méchancetés de temps à autre pour qu'elle puisse vivre sur le pied d'amour, être toujours inquiète, redemander quelle catastrophe l'attend, souffrir, et notamment de jalousie, espérer, attendre les réconciliations, déguster les tendresses inattendues. En résumé, qu'elle ne s'embête jamais. Sans compter que les réconciliations donnent de la saveur aux jonctions.
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Les autres mettent des semaines pour arriver à aimer,et à aimer peu
Moi ce fut le temps d'un battement de paupiéres.
Parler de Kafka, de Poust ou de Bach,c'est du même genre que les bonnes manières à table
Honnêteté,loyauté,générosité, amour de la nature sont aussi signesd'appartenance sociale.
-Merci chère,merci de tout coeur, mais je ne me pardonnerais pas,et d'aiileurs votre voiture est si vieillequ'elle ne supporterait pas tous nos poids.
Il raccrocha, sourit enfantinementNom d'un chien, depuis quelques temps il était verni, une veine de cocu!
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