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Critiques de Albertine Sarrazin (72)
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Lettres de la vie littéraire

Acquisition Paris- Mouffetard- L'Arbre à Lettres- Octobre 2001/Édition PAUVERT-

Lecture 2015-/ Relecture Octobre 2023



Relecture des plus émotionnantes,et rejouissantes et dans un même temps, on voudrait arrêter le temps et surtout avoir une baguette magique afin d'empêcher la tragédie qui surviendra si brutalement à la fin de l'été 1967...



Il aura fallu la simple allusion d'une auteure que j'apprécie beaucouo , Gisèle Bienne, exprimant une envie de longue date de s' intéresser de plus près à Albertine Sarrazin, pour que cela titille à mon tour mon envie de sortir de mes rayonnages deux anciennes lectures: celle-ci et le récit bouleversant de son mari, Julien,écrit et publié des années après le décès brutal d'Albertine...," Contrescarpe"...



Ce recueil de lettres de sa vie littéraire entre 1965 et 1967....nous rejouit..car c'est une période enfin riche de " bonnes nouvelles", elle est libre, elle retrouve son compagnon adoré, Julien, rencontre son éditeur, Jean- Jacques Pauvert; cette dernière sera enfin l' officialisation de la Reconnaissance de son talent singulier et à la fois, la naissance d'une profonde amitié-affection....



"À Mme Gigois- Myquel



La Tanière, 24/5/65



Bien chère Maman/16



(...) Pauvert est un homme merveilleux, certainement un des mieux de ma vie...j'ai demandé à Zizi (*Son mari, Julien) si je pouvais l'épouser, littérairement parlant...je le vois très bien habillé en Borgia, mâtiné de mandarin chinois, il est tout finesse, velours, humour, race, etc.

Bref, j'ai été séduite et, lorsqu'au breakfast il me tendit un second contrat en m'invitant à le signer, je n'ai pas eu la force de refuser.Tant pis pour G.G.(** Gaston Gallimard), mes deux gosses naîtront ensemble, à la rentrée, et seront du même père. (* il est question de

" L'Astragale " et de " La Cavale")





Deux années complètement trépidantes entre la célébrité immédiate à la publication simultanée chez Pauvert de " L' Astragale" et de " La Cavale", les tournées de signatures en France et à l'Étranger, continuer à écrire, les projets et l'acquisition d'une maison à retaper et où vivre enfin avec Julien....



En dépit des séquelles de sa chute et des soucis de santé récurrents

(cf " L' Astragale"),quelle pétillance...quelle joie de vivre , comme son âme- soeur, Julien !

Des tonnes d''énergie, de la bienveillante lucidité sans aigreur, l' appétit de vivre, l'envie d'aller de l'avant, le bonheur intense d'être enfin réunis, d'être DEUX....



Nos deux " rebelles" dévorant l'instant présent, les éloignant enfin de " la mouise" et des misères du passé...



On ne peut que se réjouir de leur bonheur de ces années 1965 et 1966, où Albertine enfin publiée, va connaître une notoriété fulgurante...

Julien va batailler, s'inscrire en fac de Sciences, en auditeur libre, en Géologie, reprendre des études. Quelle réjouissance on ressent en voyant ces deux " êtres cabossés " renaître, se reconstruire, grâce au double miracle de leur rencontre, de leur amour profond l'un pour l'autre et de leurs talents réciproques !



Ce qui n'empêche pas Albertine de conserver lucidité et causticité...comme on peut le lire dans l'extrait suivant.Notre jeune vedette s'adapte , se réjouit mais garde la tête froide...Elle a du caractère, Albertine, et elle sait parfaitement ce qu'elle veut et aussi ce qu'elle ne veut plus !



"1966

janvier-mars

Le dur métier d'écrivain en vogue



( A Mme Bourgeois)



Montpellier, 12/2/66

Ma bien chère marraine, (...)



J'ai refusé de poursuivre les séances de signature ( je ne suis pas la girafe du zoo), j'ai refusé le Prix des Enfants Terribles (je n'en suis plus), je refuse tout ce qui risquerait de me remettre dans des prisons plus subtiles...et fermées que celles où j'ai passé..."



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L'astragale

Albertine Sarrazin fut la première écrivaine française à parler de prison, de cavale et de prostitution dans ses romans. C’est sa vie – sans doute romancée parfois – qu’elle nous raconte dans ce premier roman.



Incarcérée à 18 ans en 1955 pour un hold-up manqué, Anne s’évade en sautant le mur de la prison deux ans plus tard. Elle se brise l’astragale, petit os du pied. Incapable de marcher, elle rampe jusqu’à la route et rencontre l’amour de sa vie, Julien Sarrazin, également en cavale. C’est ainsi que débute le récit. Il se déroulera sur plus d’un an, de planques en planques (fournies par Julien, chez sa famille, chez des amis), de l’opération à la guérison (Albertine boitera toujours), jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée de nouveau.

Albertine Sarrazin nous entraîne dans les années 50. On côtoie les ouvriers, on rencontre les truands et les prostituées de Paris et de province.



Albertine écrit avec vigueur, avec rage. Elle est prenante et fascinante. Elle narre sa vie scandaleuse avec une écriture fluide, magnifique : vocabulaire argotique et passages poétiques sont entremêlés, le ton est parfois brouillon et oral, mais aussi bourré de pépites.

Elle est impertinente, elle est directe. Elle prend la vie avec un optimisme rageur, parce qu’il faut avancer, parce qu’hier est mort et que nous sommes vivants. La cavale plutôt que la prison au risque d’être prise. Elle exprime sa frustration d’être clouée au lit avec un pied bloqué alors qu’elle est faite pour courir et sauter. Elle se prostitue et vole l’un de ses clients pour aider Julien comme il l’a aidée lorsqu’il est emprisonné, pour vivre heureuse avec lui.

Faut-il mieux vivre cinq minutes intensément ou passer toute une vie à s’ennuyer ? Albertine n’hésite pas et choisit la vie passionnée.



Elle ne cherche pas à émouvoir. Je n’ai pas eu l’impression en tout cas qu’elle souhaitait qu’on la prenne en pitié. Elle connaissait les risques de la vie qu’elle menait (les délits, la prison, la cavale), mais ne cherchait pas forcément à les éviter. Certes, elle aimait passionnément Julien et voulait s’installer avec lui, mais elle ne pleure pas lorsque leurs projets sont remis à plus tard. Lorsqu'elle se fait arrêter alors qu’elle devait s’enfuir de Paris avec Julien, ce n’est pas un ton geignard qu’elle prend. Elle est lucide, pragmatique, mais elle reste optimiste.
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L'astragale

Un roman culte. Une incroyable autobiographie écrite en prison.

Anne dans le roman, c'est Albertine Sarrazin, une femme étonnante, butée et totalement insoumise, prostituée, chapardeuse et taularde, rebelle, insolente et amoureuse qui se raconte. Elle évoque sa cavale après s'être échappée de prison en sautant d'un mur et s'être brisé l'astragale, une cavale qui se confond très vite avec une histoire d'amour.

Elle nous offre une oeuvre incandescente empreinte d'émotions et de toute sa rage.

Derrière ce "petit roman d'amour pour Julien" se cache le récit d'une vie écorchée, chaotique et romantique.

Une belle histoire d'amour entre petits malfrats.

Une écriture vive et précise.

Cette oeuvre biographique a été adapté au cinéma par Brigitte Sy, une adaptation esthétiquement très bien maîtrisée avec deux acteurs, Leïla Bekhti et Reda Kateb, irréprochables.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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L'astragale

Un roman où les mots sont hachés, crus, de même que les sentiments sont mis à des dures épreuves de bouleversement! On se demande bien de quelle nature est faite notre narratrice? C'est la vraie question! Car pour elle, il n'y a pas de compromis ente la souffrance et le bonheur! Orpheline, semblant vivre dans les airs, n'ayant aucun appui, emprisonnée, elle s'évade, et comme une chance se présente à elle à travers Julien qui semble vouloir l’intégrer dans une nouvelle vie mais chez elle, bien qu'elle soit encore jeune, le bonheur semble arriver trop tard, au point que les petits bonheurs des autres ne font que l'agacer...

Une autobiographie très touchante où le rejet de la naissance n'a consisté qu'à engendrer du rejet, encore et encore...
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L'astragale

Mercredi dernier parmi les belles sorties de la semaine figurait l'Astragale, un long métrage de Brigitte Sy qui raconte l'histoire, à la fin des années 1950, d'une jeune délinquante indomptable qui va se blesser en s'évadant de prison et être secourue par un malfrat au grand cœur dont elle va tomber amoureuse.



Mais avant d'être cette pasison amoureuse incarnée par le génial couple Leila Nekti et Reda Katen, L'Astragale fut d'abord un roman autobiographique signé Albertine Sarrazin.



Paru en 1965, ce livre va très vite devenir culte, car au-delà de ce qui y est raconté, c'est la personnalité de son auteure qui va subjuguer. suite sur le blog
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'astragale

Dans ce roman d'amour autobiographique poignant Albertine Sarrazin témoigne du milieu carcéral et décrit son parcours de rejetée dans la France d'avant 1968.



"L'astragale" est un petit os de la cheville que s'est cassé Anne, une jeune fille de dix-neuf ans, en sautant du mur de la prison pour s'évader alors qu'elle est condamnée à sept ans de réclusion pour braquage. Elle rampe vers la route où elle est récupérée par hasard par Julien, un petit voyou, une âme sœur. Il la conduit de planque en planque : chez sa mère, chez Nini et Pierre puis chez Annie et sa fille Nounouche à Paris.

Anne est une éclopée éprise de liberté mais traquée par les avis de recherche, sans identité, elle reste condamnée à attendre son merveilleux malfrat. Car Julien est l'amour de sa vie et si elle se prostitue c'est pour son indépendance financière avant de pouvoir vivre pleinement sa passion.



Je me suis attachée à ces personnages plus vrais que nature. D'ailleurs, j'aime les romancier.e.s marginaux qui savent écrire même si Albertine Sarrazin est unique comme le dit Patti Smith dans sa préface élogieuse. On est embarqué dans le périple d'Anne qui ne voit son avenir qu'avec celui qu'elle aime.





Challenge Cœur d'artichaut 2023

Challenge Plumes féminines 2023

Challenge XXème siècle 2023

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L'astragale

Astragale est un bien joli mot pour désigner un os de la cheville. On pourrait penser au talon d'Achille, mais l'astragale c'est bien plus évocateur. Sans en connaitre la signification, on imagine une immense étoile qui irradie une lumière mystérieuse. Et c'est bien de cette façon qu'agit le récit à partir de cette fracture initiale survenue en sautant le mur d'une prison. On entre dans l'histoire bouleversante et authentique d'Anne (alias Albertine), une jeune femme en cavale, qui s'accroche à un rien, tombe désespérément amoureuse de Julien, un malfrat. Aimer c'est le besoin viscéral de se laisser guider par une petite lumière, d'échapper à la servitude de la solitude, au vertige de l'errance, d'oublier les brisures qui s'enchainent : cruauté, indifférence et trahisons ou encore enfer de la prostitution. Même si Anne le sait et gardera toujours suffisamment de distance avec elle-même pour rester lucide...

Il y a vraiment de très beaux passages où une écriture riche, imagée, mêlée d'argot, s'affranchit du conformisme ambiant pour retrouver la valeur des mots et même devenir poétique. Sans affectation.

À lire et à relire

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L'astragale

Le 19 avril 1957, Albertine saute du mur de sa prison ; l'évasion est réussie mais son astragale fracturé. La jeune femme a dix-neuf ans. C'est Julien, Julien Sarrazin, son futur mari, qui lui porte secours. Il la cache, d'abord chez sa mère puis chez Pierre et enfin chez Annie.

Lui, le casseur, et elle, la fugitive tantôt voleuse, tantôt prostituée, se trouvent, se perdent et se retrouvent. Il prend soin d'elle, elle l'attend ; elle réapprend à marcher. Quand il se fera arrêter et incarcérer pour trois mois, cette année-là, elle l'attend encore patiemment, certaine de le revoir. Ils se marieront le 7 février 1959 ; à ce moment-là, c'est elle qui était en prison.

Albertine Sarrazin a composé L'astragale, le roman de sa jeunesse en quelques semaines, en 1964. A l'époque, elle écopait d'une peine pour vol d'une bouteille de whisky.



Albertine, quelle femme ! Malgré sa jeunesse de délinquante, elle était excellente élève ; l'écriture est parfaite. Les mots sont parfois crus mais toujours justes. Doux aussi, quand il le faut.

Albertine et Julien, quelle histoire ! Leur amour ressemble à ces liaisons comme on n'en voit plus que dans les films. Ces deux-là finissaient toujours par se retrouver.

Quant à moi, c'est avec plaisir que je retrouverai la plume de Mme Sarrazin pour lire ses autres romans !



Challenge Petits plaisirs 2014/2015
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L'astragale

En s'évadant de son école-prison, Anne se brise l'astragale, un os du pied. Elle sera recueilli par julien, lui-même truand. Commence pour eux une une drôle histoire d'amour, faite de cavale et de planques.

Roman d'amour et de prison, L'astragale s'inspire de faits réels, vécus par l'auteur (mais il n'est pas dit dans quelle mesure). Le lecteur pénètre dans l'envers des 30 Glorieuses, dans les quartiers populaires, où la débrouille frôle la petite truanderie.. Où un amour véritable n'a que peu de chance de s'épanouir, les amants se retrouvant en prison, ayant besoin d'avoir une confiance absolue en l'autre. Et pourtant ce la se révèle possible.

Écrit dans un style plutôt familier, parfois un peu argotique, le roman ne tombe jamais dans la vulgarité ou la facilité. L'intrigue et les personnages sont construit, ont de la profondeur. Le lecteur (du moins la lectrice que je suis) se prend d'affection pour ce couple improbable, espère et tremble pour lui.
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Bibiche

J'ai choisi de lire cette nouvelle d'Albertine Sarrazin parce que j'aime beaucoup cette autrice et parce que "Bibiche" est le surnom que m’a donné ma marraine. Le pseudo était déjà pris sur Babelio sinon ça aurait été le mien.

J'ai donc une tendresse particulière pour Malville surnommée Bibiche, qui nous parle de la prison où elle est incarcérée. Enfin, elle n'est pas la seule à parler puisqu'elles sont trois, la surveillante Matuchette, la détenue Dufour et la jeune Bibiche, mineure en attente de jugement pour complicité de vol.



Sa jeunesse et son insouciance en font un être à part, loin de la cour des miracles de la prison ou cohabitent les prévenues et les condamnées. Pour cela, elle est plutôt appréciée par la surveillante même si elle s'étonne de son attitude de jeune bourgeoise, peu dégourdie pour les tâches ménagères, ce qui la différencie des autres. Par contre, elle n'est pas la dernière à participer aux petits trafics et aux échanges de lettres.

Sa famille a de l'argent alors Bibiche peut cantiner à sa guise c'est à dire acheter à la cantine de la prison ce qu'elle veut pour elle ou pour partager. Mais quand on est incarcéré il y a des règles et c'est la détenue Dufour, plus âgée, qui va la prendre sous son aile d'autant plus que Bibiche a soif de connaissance et d'affection.



Ce texte a trois voix est inspiré de l'expérience d'Albertine Sarrazin et ce qui est appréciable c'est qu'il n'y a pas de haine entre ces femmes dans un milieu carcéral qui s'y prête.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge XXème siècle 2023

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L'astragale

Le style est clair, précis et sans ambages inutiles: Albertine Sarrasin, petite météorite des lettres de ces années soixante, nous raconte son évasion qui la rend prisonnière de son astragale brisée!

Albertine/Anne trouve, dès après son saut, ceux et celles qui vont l'aider dans sa cavale... Hommes et femmes que Julien (son "sauveur en chef") va rétribuer et mettre à contribution pour planquer celle qui ressort comme un "colis".

Albertine nous parle-donc de ces gens qui l'accueillent, plus ou moins de bon gré, dans ces logements misérables des années 50... Sans rien cacher, elle nous montre ses clopes, l'alcool pour tenir le coup et le tapin pour se faire rapidement de l' osier (une fois son astragale opérée) et rembourser Julien qui ne lui réclame rien.

Mais au fond, Anne/Albertine sait que l'histoire (parenthèse douloureuse de sa jeune vie) ne peut se finir que d'une façon...

La fin précoce d' Albertine Sarrasin, en 1967, met en relief le bref destin d'une femme qui se voulait vivante: Une affranchie.
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L'astragale

Il y a des livres qui vous parlent avec des phrases que l'on suit. L’Astragale, film de Brigitte Sy, d'après le roman d'Albertine Sarazin, sort sur les écrans le 08 avril 2015. Besoin de relire le livre d'Albertine. Après plus de trente ans. Albertine. Alors le plaisir ? Intact. Le parfum ? Présent. Les couleurs, les bruits, les odeurs ? Le balancement des mots ? Vivants, toujours et encore plus en corps. Il y a dans ce roman, un attachement. L'écriture sans aucun doute. Cette écriture palpable, cette note juste, la réalité incroyable d'un bonheur. Bien sûr la matière est là. Le pesant de cette matière, cette veine du vivant. Mais que ferait cette matière sans le style et le talent de son auteure ? « ce passe peine » qui vous traverse. Cette poésie de l'échappe, du secours, de l'espoir, ce braquage incessant des faux fuyants. Sans la pertinence de la réalité des sentiments. Sans la mise à nue de l'amour dans l'urgence d'être et de demeurer toujours vivant, cette cavale sublime au delà de nos enfermements, et qui peut au détour d'une adresse détruire tous les murs qui se dressent. L'astragale vous reste dans la peau comme un peau-aime. C'est avec des mots pareils qu'on devrait tous apprendre à marcher.



Astrid Shriqui Garain

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L'astragale

Une très belle écriture, mais cependant une histoire (très largement autobiographique) qui ne m'a pas émue.



1965. Anne décide de s'échapper de la prison-école (elle est mineure) où elle purge une peine de 7 ans. Elle réussit à sauter le mur, mais la réception est douloureuse, elle se fracture l'astragale (petit os du pied qui sert de pivot pour fléchir ou étendre la cheville. Merci Wikipédia). Tant bien que mal, elle réussit à s'éloigner de la prison pour arriver au bord de la route. Là, elle croise le chemin de Julien en qui elle reconnaît immédiatement un ex-taulard. Celui-ci va la mettre à l'abri chez des amis, la faire soigner, l'aimer, lui procurer la sécurité dont elle a besoin. Mais il faut souvent changer d'hôtes qui se montrent avides de reconnaissances financières. Et Julien s'absente souvent. Il fait des affaires. Anne ne veut plus dépendre ni de Julien, ni des personnes qui l'hébergent. Elle prend sa liberté, s'installe à l'hôtel et se prostitue pour gagner sa vie. L'argent, elle le met de côté pour Julien, pour eux, parce qu'un jour ils partiront ensemble. Mais la cavale a ses limites...
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L'astragale

Largement autobiographique, ce récit à la première personne du singulier d'Albertine Sarrazin relate l'histoire, de retraites en vagabondages, d'une jeunesse en cavale. On aurait tort, ici, de l'imaginer véloce ou tumultueuse : alors qu'Anne, la jeune narratrice, s'échappe par-dessus le mur de la prison pour mineur·es où elle est détenue, son pied se retrouve dès la première page brutalement confrontée aux lois de la gravité, un de ses os fracassé dans la chute. Ainsi, la fuite aurait pu tourner court ; un heureux hasard lui fera pourtant rencontrer Julien, malandrin lui aussi, à qui elle confiera bien plus que son corps abîmé.

La brisure, fil conducteur obsédant et douloureux des pensées tourbillonnantes d'Anne, se révèle être celle de l'astragale : Albertine Sarrazin l'a certainement pensé avant moi, rarement, le squelette humain n'aura offert un terme aussi inspirant poétiquement, musical – favorisant par là-même cette écriture émaillée d'argot si particulière. Plutôt qu'une franche introspection, l'autrice s'attache à la description évanescente des émotions et sensations quotidiennes d'une liberté menue, faite de larcins et de débrouille, de souvenirs instamment traversés par le spectre menaçant d'une réincarcération. A juste titre, dans la fiction comme dans sa vie extraordinaire...
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L'astragale

Elle m'a accrochée par son charme désuet, suranné, son argot poétique, libre et virevoltant, l'écriture d'Albertine.



Elle m'a émue, sa vie faite d'abandons, de viol, de prostitution, de larcins, de prison et de cavales. Mais aussi d'amour et d'écriture. Elle n'a même pas vécu 30 ans, elle était brillante, elle a filé.



C'est qu'elle voulait se faire la malle Albertine, purgeant sa peine dans une prison-école suite à un braquage armé, elle s'en échappe en sautant d'un mur. Son astragale se brise net, elle se traîne jusqu'à la route où Julien, un jeune malfrat qui passait par là la ramasse. Naissance d'une idylle et d'un amour en cavale. Improbable mais vrai.



A lire !

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L'astragale

Albertine Sarrazin saute d'une hauteur de dix mètres pour s'évader de prison et se fracture l'astragale, un os du pied. Elle est secourue par un malfrat, Julien, qui la cache chez des proches et l'aide à se soigner. Cet homme va devenir l'amour d'Albertine jusqu'à ses vingt-neuf ans, où elle meurt dans une salle d'opération négligente. Le couple réuni pensait trouver la sérénité dans leur maison de l'Hérault. La jeune femme était, dit-on, affaiblie par le tabac et l'alcool.



Le récit autobiographique (1965), rédigé en prison par Albertine – car elle sera reprise, tout comme Julien commettra d'autres délits qui lui vaudront l'enfermement – est considéré comme un petit roman d'amour pour «son homme».



Une écriture avec de belles trouvailles, pas trop d'argot, rien à voir avec le témoignage hardi de Jeanne Cordelier ("La dérobade"), bien qu'Albertine se prostitue, sans revenus durant sa cavale. Envers et contre tout, malgré Rolande, liaison de prison, malgré Jean, client épris, cette fille résolue de dix-neuf ans garde Julien rivé solidement au coeur : "Merci, Julien, d'avoir su me faire si mal. Tu mets un terme aux chimères, après un corps tu me fais un coeur de femme, ces femmes dont je méprisais le pouvoir mendiant, les attachements et les servilités forcenées. Maintenant, c'est moi qui renifle tes liquettes...".



Je n'ai pas l'impression que l'histoire, presque bienséante, est édulcorée : cette "âme sans détours" est émouvante de sincérité.



Préface de Patti Smith : "Sans Albertine pour me guider, aurais-je fanfaronné de la même façon, fait face à l'adversité avec la même ténacité ? Sans l'Astragale comme livre de chevet, mes poèmes de jeunesse auraient-ils eu le même mordant ?"



L'adaptation au cinéma (2015) de Brigitte Sy (malgré une Leïla Bekhti convaincante) ne m'a pas accroché du tout. Les extraits de celle de Guy Casaril (1968) ne m'inspirent guère mieux. Il y a dans une telle lecture une proximité avec l'écrivaine que je ne peux retrouver à l'écran.





Extrait à suivre.
Lien : https://christianwery.blogsp..
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L'astragale

Dans ce roman aux accents de défouloir, c’est dans l’intimité de notre jeune auteure que l’on entame ce récit. Albertine Sarrazin a eu une vie mouvementée, en prison elle décide de se confier et nous livre ce texte d’une rare intensité. A travers cette douce rengaine c’est son passé, son présent et un potentiel avenir qui nous est présenté.



Dès le démarrage on rentre dans une lecture égoïste. Ce genre de roman qui nous livre un message personnel de l’auteure. Ici elle nous fait rentrer directement dans son intimité et c’est à travers cette proximité que l’auteure nous présente son récit, son parcours. La rencontre avec Julien, celui qui fera tout changer, celui qu’elle attendait depuis si longtemps.



En rentrant dans cette intimité avec l’auteure, on va prendre ce qu’elle accepte de nous donner. Dans cette relation, on se sent parfois de trop, on n’ose pas trop nous approcher. Un peu effrayer par trop de proximité. Voici mon ressenti dans ce texte, très court, très vif. Ici rien ne se passe et pourtant la vie nous offre une course folle. On est submergé par la lassitude et a contrario par la vitesse de chaque situation. Albertine Sarrazin, nous livre son parcours à chaud, son ressenti, un état d’être.



Je ne peux vous dire que ce roman est génial, mais il fait partie de ces moments de lecture qui semblent se fixer dans le temps. Un texte d’amour, un bel hommage à son homme. Celui qui la sauve, celui qui l’attend, celui qu’elle attendait. Un amour naissant, un amour éphémère mais qui semble si sincère. Tout dans ce livre nous est donné, à porté de main. On attrape des effluves de Paris, des billets volés, des bandits du dimanche. Ce texte ne se veut que ce qu’il est : un bout de vie qu’une jeune femme offre à l’homme qu’elle aime.



Un roman qui ne peut nous laisser indifférent. On ressent ici, toute la force de cette relation amoureuse. Une force latente, une force brutale, une force déchirante. Avec ce roman on passe par de nombreuses émotions comme nos personnages. On les suit dans leurs tourmentes, et même si on sait le mal qu’ils font, on ne peut que les aimer et subir leurs peines. On est certes écœuré par tous ces malheurs mais à la fin c’est tout l’espoir qu’on nous laisse entrevoir qui résonne en nous.
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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L'astragale

Le récit autobiographique d'Albertine Sarrazin qui raconte sa fuite de prison, sa cavale et son histoire d'amour avec Julien Sarrazin.

Une belle histoire d'amour et une écriture un peu fantasque mais je n'ai pas réellement été touchée par ce roman.

Il est peut être un peu daté et trop ancré dans son époque pour être apprécié maintenant.
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L'astragale

J'ai découvert Albertine Sarrazin dans l'excellent documentaire « Elles ont réalisé leur rêve : 50 portraits de femmes célèbres » de Philippe Godard et Jo Witek. Celui d'Albertine m'a tellement intrigué qu'il m'a donné envie de lire son autobiographie. Cependant, j'ai au départ été déstabilisée par le style, à la fois abrupt et poétique, mélange de sensations et de descriptions, de récit présent et passé. On sent à travers sa façon d'écrire qu'Albertine (rebaptisée Anne) est une jeune femme sauvage, entière, spontanée, et toute en contradiction aussi.



Son texte démarre par son impressionnant saut de dix mètres et la cavale qui s'ensuit. A partir de là s'enchevêtrent ses sentiments naissants pour Julien son sauveur, la douleur liée à sa fracture, les planques et les souvenirs de prison. En prison, Anne a l'impression de toujours y être, immobilisée à cause de son pied, dépendante de ceux qui la cachent : « Ma liberté neuve m'emprisonne », « Depuis mon évasion, je n'ai été que « le colis ». Car la blessure, bien plus grave que ce qu'elle imaginait, nécessitera des soins à l'hôpital, des opérations même, et la fera souffrir toute sa vie : « Ma jambe n'est plus la demi-base sûre de mon équilibre, chaque pas est un simulacre, une chute rectifiée ; que je cesse de penser à ma démarche, et aussitôt je me surprends à clopiner et à poser le pied de travers. »



Heureusement il y a Julien, qui « meuble ma douleur et ma désœuvre ». Il a fait de la prison lui aussi, alors il la comprend, peut tout entendre. On comprend à demi-mots – car il faut souvent deviner, lire entre les lignes, décoder l'argot - qu'Anne y a eu des aventures homosexuelles (« Je goûte encore les femmes »), avec Rolande, avec Cine ? Mais Julien est le grand amour de sa vie, « nous allons l'un vers l'autre, par des voies étranges... », « le fil tissé de lui à moi dès la nuit des arbres noirs irait se consolidant et se lovant, lui, moi, lui, moi... Eh non ! La vie saurait bien le cisailler, ce fil, comme les autres ». En effet rien n'est simple, Julien doit gagner sa vie, la plupart du temps en volant, il s'absente souvent, la laissant en tête avec tête avec ceux qui la cachent (« Annie et moi : deux femmes privées d'amour et de splendeur »). Anne tire le temps, le temps de revoir Julien, consciente d'être un poids pour lui (« Je vais boiter et toi tu vas être la béquille d'une fille estropiée »). Mais c'est plus fort qu'elle, « j'ai mis un pied – bloqué- dans la vie d'un voyou, et tout m'y surprend, tout m'y intrigue... ».



Alors même si la jeune femme a parfois « le regret d'avoir changé de prison », elle patiente avec ses « compagnons d'apéritif », noyant son ennui dans l'alcool et les cigarettes, ne craignant « vraiment que la poulaille, n'ayant pas le moindre papier à lui présenter en cas de rafle ». Consciente que « la route est pure et âpre comme un désert », elle garde « pour lui, intact, le peu d'amour dont je suis capable ». Et quand il revient, toujours à l'improviste, seulement pour « un îlot de temps », c'est frustrant, frustrant ! « Ce Julien maudit, cette vie de maudite, maudite vie que je bénis quand même »... Alors « j'apprends chaque détail, chaque grain rose ou brun, pour m'en souvenir et m'en faire forte jusqu'au prochain bonheur : une soirée, une nuit, voilà mes bonheurs, deux ou trois fois par mois. Le reste du temps, c'est la tâche, la corvée, la peur diffuse. » Au fil des chapitres, elle nous devient attachante, avec ses doutes et ses coups de tête, entre espoir et découragement. On suit l'avancée de sa pénible guérison, ses bouffées d'échappées dans Paris, la prostitution pour gagner l'argent nécessaire à une vraie vie de couple : « Ah ! reprend Julien, je ne sais pas par où nous irons tous les deux, mais nous irons loin, longtemps... », « puisque demain, c'est nous ! ».



C'est beau à lire, et à imaginer. Même si l'on sait que la réalité ne sera pas si heureuse : « Julien (…) arrêté, une fois encore... », et ils le seront par la suite plusieurs fois l'un et l'autre, se croisant sans décroiser leurs sentiments, le long de sa courte vie à elle... Elle l'aura cependant vécue intensément, concentrée sur cet amour fou - « je réalise la douloureuse consistance d'aimer et je suis folle de peine... »
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L'astragale

C'est un des premiers livres d'adultes que j'ai lu à mon adolescence, et j'ai bien évidemment été bouleversée par cette histoire d'amour et de passion violente et pleine de sensibilité pourtant.



Anne, dix-neuf ans, s'évade de prison afin de rejoindre une amie récemment libérée. En sautant le mur de la prison elle se blesse au pied : fracture de l'astragale. Julien, un truand, la recueille, la soigne et lui fait découvrir l'amour passion. Anne tombe très amoureuse mais Julien la néglige. A l'arrestation de celui-ci, Anne se livre à la prostitution et au vol, mettant de l'argent de côté pour vivre un jour heureuse avec lui.
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