Citations de Amélie Antoine (633)
Quand on a peur de quelque chose, c’est toujours parce qu’on tient à la vie.
Parce qu’on ne veut pas mourir.
Il a passé des nuits blanches à veiller sur lui, à le soigner, à le bercer, à tout arrêter pour lui dès qu'il était malade. Il a chassé les poux, les cauchemars, les fantômes sous le lit, la fièvre, les chagrins d'enfant. Il a changé les couches, étalé du liniment sur ses petites fesses rouges, épongé les flaques de vomi. Il a nettoyé les genoux écorchés, les baskets pleines de crotte de chien et les pantalons tachés d'herbe. Il a corrigé les dictées, fait réciter les poésies et les tables de multiplication, lu des centaines d'histoires de T'choupi et de Franklin. Il a donné des bains, fait des bulles de savon à n'en plus finir juste pour voir Maël sourire aux anges et tenter de les attraper de sa petite main.
Tu connais la légende des mille grues, maman ?
Il paraît que si on fabrique mille grues en origami et qu'on les rassemble en guirlande, alors on peut faire un vœu qui se réalisera. La légende raconte que Sadako Sasiki, une petite fille qui habitait à Hiroshima en 1945, était très malade. Elle avait une leucémie à cause des radiations de la bombe atomique, et elle a décidé de fabriquer mille grues pour pouvoir guérir.
Enfermé à l'intérieur de la maison, le dogue allemand, comme par compassion, pousse un profond hurlement de solitude. [...]
Lorsqu'elle se calme enfin, elle monte à l'étage et rejoint son atelier. Son premier geste est de mettre des boules Quies, puis de s'asseoir pour écouter les battements sourds de son cœur ralentir progressivement.
Alors sa journée de travail peut commencer.
Je suis transparente, je déteste ça, et en même temps, je fais tout pour être invisible, pour que personne ne se soucie de moi. Cherchez l'erreur.
Parce que Coline le sait bien : si les traits de leur visage sont proches, Jessica a de jolies pommettes là où Coline affiche des joues plus pleines ; le nez de la première est légèrement plus retroussé que celui de la seconde ; l'une arbore des traits moins grossiers que l'autre. Ce n'est pas grand-chose, c'est l'accumulation qui ternit le résultat. A ceci s'ajoute que Jessica vise le monde comme s'il lui appartenait et qu'elle aimante tous ceux qu'elles croisent. C'est un don que Coline, elle, n'a jamais eu. Alors, au jeu de la comparaison, Coline perd toujours. Elle plaît moins.
[Il] joue au DJ en enchaînant ses morceaux préférés, et constate rapidement que Jeanne semble apprécier tout particulièrement Daft Punk. Il pousse encore un peu plus le son de 'Harder Better Faster Stronger' et observe, un sourire aux lèvres, la fillette qui saute de plus en plus vite sur le canapé en hurlant de rire.
Il faut dire que chez elle, sa mère ne la laisse jamais faire ça. A la fois parce qu'elle aurait trop peur que Jeanne se fasse du mal en tombant, et parce qu'elle essaie d'inculquer un minimum de savoir-vivre à sa fille. [Elle] est sans doute un peu trop stricte avec Jeanne, parce que la dernière chose qu'elle voudrait, c'est que les gens la regardent en pensant : 'Cette gamine est mal élevée, mais on ne peut pas la blâmer, avec une mère célibataire aussi jeune...'.
Les souvenirs sont des choses précieuses, aussi imprévisibles et étincelantes que qu’une étoile filante.
André se rassoit, le visage pourtant méfiant.
- Si tu ne sais plus lire l'heure, Danièle, on est dans de beaux draps... Je trouve ça inquiétant, tu sais.
Patricia sursaute. Elle savait que ce moment arriverait, mais entendre son père l'appeler par le prénom de sa mère la fait tressaillir. Elle s'est toujours dit qu'elle ne corrigerait pas son erreur lorsque son père la confondrait avec quelqu'un d'autre, mais à présent que c'est le cas, elle réalise le mal que ça lui fait d'avoir soudain l'impression de ne plus exister pour [lui].
(p. 257)
- Merci.
C'est le seul mot qui était nécessaire. C'est le seul mot qui était important, et si papa avait été là, il m'aurait dit que pour qu'un mot garde toute sa force, il ne fallait surtout pas le noyer au milieu de dizaines d'autres.
"Tu ne trouves pas que c'est magnifique, pour un enfant, d'avoir vue sur le cerisier japonais dès qu'il regarde par la fenêtre ?", s'était enthousiasmé Maxime, déjà rêveur à l'idée d'imaginer son fils ou sa fille le nez collé à la vitre de sa chambre.
Alors elle hurle. Elle hurle le prénom de sa fille, encore, mais le cri devient primal, bestial, le "a" de Jessica se perd dans les ténèbres, les feuilles bruissent et l'emportent, le diffusent, loin, très loin. Patricia hurle jusqu'à ne plus avoir de souffle, jusqu'à ce que ses poumons soient deux ballons de baudruche entièrement et pathétiquement dégonflés.
Étrangement, la célébrité qu'il avait tant désirée n'avait fait qu'accroître son besoin d'anonymat.
Je sens que la colère grandit et je ne saurais même pas dire pourquoi cette fille me met dans un état pareil.
Peut-être que peu importe la cible, peut-être que la seule et unique chose qui compte, c'est d'envoyer ses fléchettes.
Parce que c'était elle, parce que c'était moi.
Lorsqu'elle se calme enfin, elle monte à l'étage et rejoint son atelier. Son premier geste est de mettre des boules Quies, puis de s'asseoir pour écouter les battements sourds de son cœur ralentir progressivement.
Alors sa journée de travail peut commencer.
La maison baigne dans le silence, seul le bruit léger de la craie tailleur sur le tissu de coton gris ardoise vient le troubler.
Elle se sent soudain comme une trapéziste qui s'apprêterait à entrer en scène. Elle n'a pas le droit à l'erreur, puisqu'elle a tout laissé tomber pour ça. [...] La peur doit être un moteur, pas un frein.
Alors elle hurle. Elle hurle le prénom de sa fille, encore, mais le cri devient primal, bestial, le "a" de Jessica se perd dans les ténèbres, les feuilles bruissent et l'emportent, le diffusent, loin, très loin. Patricia hurle jusqu'à ne plus avoir de souffle, jusqu'à ce que ses poumons soient deux ballons de baudruche entièrement et pathétiquement dégonflés. Puis elle reprend une inspiration, et recommence, le rugissement se fait grave, sa voix est méconnaissable, c'est le cri d'une louve qui hurle à la lune, c'est le cri d'une lionne à qui on a arraché son bébé, c'est violent, c'est désespéré, c'est enragé...
Parce qu'à l'abattement et au découragement s'ajoute aussi l'angoisse, la peur viscérale, 'animale', que quoi que ce soit puisse arriver à son enfant qu'elle aime plus que tout au monde.
Le lendemain, sa mère lui téléphonera pour lui demander si elle s'en sort (…). Après l'avoir rassurée, la jeune femme raccrochera et s'armera de courage pour affronter une nouvelle journée s'annonçant en tous points similaire à la précédente.
Sa femme avait l'habitude, chaque année - puisque la romancière sort un bouquin par an, avec une régularité qui ne correspond pas à l'idée que Gabriel se fait d'un écrivain -, de lire en une soirée, dans son bain, la dernière œuvre d'Amélie Nothomb. C'était devenu une sorte de tradition.