Citations de Anaïs Nin (535)
L’amour ne meurt jamais de mort naturelle, il meurt parce que nous ne savons pas revenir à sa source. Il meut d'aveuglement, d'erreurs et de trahison. Il meurt de maladie et de blessures ; il meurt de lassitude, il dépérit et se ternit.
Chaque ami représente un monde en nous,
un monde qui n'aurait peut être jamais existé sans lui,
et que cette rencontre a rendu possible.
A Leo Lerman- décembre 1946
(...) Mon œuvre est seulement une essence de cette vaste et profonde
aventure. Je crée un mythe et une légende, un mensonge, un conte de fées,
un monde enchanté; c'est un monde qui s'effondre tous les jours et me donne
envie d'en finir comme Virginia Woolf. J'ai essayé de n'être pas névrosée, pas
romantique, pas destructrice, mais peut-être suis-je tout cela sous des
déguisements. (...)
Je n'ai aucune confiance en moi et grande confiance en autrui. J'ai besoin
d'amour plus que de nourriture. Je trébuche et je fais des erreurs,
et veux souvent mourir. (...)
A l'âge de quinze ans, je voulais être Jeanne d'Arc, et ,plus tard, Don Quichotte.
Je ne me suis jamais réveillée de mon accoutumance aux mirages , et je
terminerai probablement dans une fumerie d'opium. (...)
Tout ce que j'écris est vrai, transposé mais vrai. La source du Journal est
l'œuvre de ma vie. (Stock, 1975, p.217)
[juillet 1945]
(...) Et puis n'oubliez pas que les rêves engendrent les rêves.(Stock, 1975, p.93)
La grande beauté de ma vie c'est que je vis ce que les autres ne font que rêver, discuter, analyser. Je veux continuer à vivre le rêve non censuré, l'inconscient libre.
L'art était le remède contre la folie, ce qui soulageait des souffrances et des terreurs de la vie.
Je ne puis ni m’arrêter ni descendre.
J’entends que déferlent les eaux, le ciel et les rideaux.
J’entends les feuilles qui éclatent, l’air qui s’essouffle,
le fœtus qui vagit, le vent qui force sa pression.
je perçois les déplacements des étoiles et des planètes,
leur grincement léger, rouillé, lorsqu’elles changent de position.
Et la traînée soyeuse des radiations et la respiration des sphères.
Seul le battement à l'unisson du sexe et du cœur peut créer l'extase.
Je ne bois guère, mais c'était là un excellent whiskey, et le petit verre passa plusieurs fois de main en main. Les filles commençaient d'être vaguement grises, ce qui suscita mon intérêt. Prendre une femme juste un peu enivrée a toujours quelque chose de fascinant. Même les plus ardentes le deviennent encore un peu plus, et les attitudes d'une femme à moitié ivre sont d'une impudeur extrême.
La vie se dilate ou se rétracte à proportion de notre courage.
Or la sensation d'être regardé me procurait un indicible plaisir. Je faisais les cents pas ou bien m'allongeait sur le lit. Elle ne bougeait pas. Nous avons répété la même scène pendant une semaine, le troisième jour, j'eux une érection. Pouvait-elle le voir du balcon d'en face? Je me mis à me toucher, avec l'impression qu'elle était attentive au moindre de mes mouvements. J'étais la proie d'une excitation délicieuse. De mon lit je pouvais deviner ses formes généreuses...
Et bien entendu, elle avait eu de nombreuse aventures sexuelles, mais il existe certains rapports sexuels où le corps ne participe pas réellement. Elle se trompait elle- même. Elle croyait avoir tout expérimenté de la vie sexuelle, après s'être allongée sur un lit, avoir caressé des hommes et accompli tous les gestes prescrits dans les bons manuels. Mais tout cela n'était qu'extérieur. En réalité, son corps était encore endormi,n'était ni mûr ni formé. Rien ne l'avait atteint dans ses profondeurs. C'était encore une vierge. Je m'en rendis compte dès qu'elle entra dans la pièce...
Le monde d'aujourd'hui a perdu ses racines. C'est une grande forêt où les arbres seraient plantés la tête en bas. Leurs racines gesticulent furieusement en l'air et elles se dessèchent. p.193
Je sais , lui disait-il, que tu es capable de plusieurs amours ; je ne serai que le premier ; à partir de maintenant, rien ne t'empêchera d'étendre ton expérience.
Tu es sensuelle, tellement sensuelle.
- On ne peut pas aimer à volonté, répondait elle. Je ne veux pas d'érotisme sans amour. Et l'amour profond ne se rencontre pas si souvent.
Préface
"Cher Collectionneur. Nous vous détestons. Le sexe perd tout son pouvoir et toute sa magie lorsqu'il devient explicite, abusif, lorsqu'il devient mécaniquement obsessionnel. C'est parfaitement ennuyeux. Je ne connais personne qui nous ait aussi bien enseigné combien c'est une erreur de ne pas y mêler l'émotion, la faim, le désir, la luxure, des caprices, des lubies, des liens personnels, des relations plus profondes qui en changent la couleur, le parfum, les rythmes, l'intensité. Vous ne savez pas ce que vous manquez avec votre examen microscopique de l'activité sexuelle à l'exclusion des autres qui sont le combustible qui l'allume. Intellectuel, imaginatif, romantique, émotionnel. Voilà ce qui donne au sexe ses textures surprenantes, ses transformations subtiles, ses éléments aphrodisiaques."
Père, laisse moi marcher seule dans la musique de mon espérance. Quand je suis avec toi, le monde s'immobilise et se tait.
Tout se tait à ton geste et la vie s'interrompt comme une horloge qu'on a laissée tomber. Tu enfermes des formes fluides dans le carcan de ta géométrie et tu tires du chaos des cristaux déjà pétrifiés.
L'amour ne meurt jamais de mort naturelle, il meurt parce que nous ne savons pas revenir à sa source.
J'ai entendu, venant d'Arabie, le son des luths et j'ai senti dans mes seins les ruisseaux de feu qui courent parmi les salles de l'Alhambra et qui me reposent des eaux trop limpides.
Confident que j'aime, me promets-tu de toujours garder mon coeur que je t'ai donné, les pensées qu'à toi seul j'ai exprimées ? Oh ! Réponds-moi ? Oui, n'est-ce pas, quand même je suis sûre que personne ne voudra t'écouter si tu te mettais à dire tout ce que je t'ai donné ou confié. Non, personne n'écouterait les idées d'une folle comme moi.
Elle ne le savait pas alors, pas plus que la plupart des gens ne savent reconnaître le moment de leur plus grande joie ou de leur plus grande douleur. Et pourtant ce sont des sentiments qui s'imprègnent en nous comme un poison indécelable. Nous portons en nous des chagrins dont nous ignorons l'origine et le nom.