Citations de Anaïs Nin (535)
Ceux qui profitent de la vie n'ont pas peur de la mort.
[Décembre 1945]
Mon œuvre a créé un univers qui attire à lui ceux avec qui je veux vivre, qui
veulent vivre dans mon univers. On peut créer un univers avec du papier, de
l'encre et des mots. Cela fait une bonne construction, des refuges habitables, avec des doses supérieures d'oxygène. (Stock, 1975, p. 142)
L'amour pouvait il devenir un feu qui ne brûle pas , comme le feu des bonzes hindous ; était-elle en train d'apprendre à marcher magiquement sur les braises ?
Ils descendirent les échelles rouillées qui mènent au plus profond de la nuit que connurent le premier homme et la première femme dans les commencements du monde, au plus profond de cette nuit où les êtres se possèdent sans avoir besoin de parler, sans sérénades, sans cour préalable, sans tournois, sans accessoires secondaires, sans ornements superflus, sans bijoux, sans couronnes à conquérir, où il n'y a plus rien que le rituel heureux, heureux, heureux, de la femme qui s'immole, qui s'empale sur le mât dressé de la volupté masculine.
Je me tournai vers lui et lui offris mes lèvres. Il m'embrassa. Je murmurai: "prends-moi, prends-moi." Il restait muet. Je me jetai dans ses bras, je voulais être prise, je voulais en finir, je voulais devenir femme - mais il ne bougeait pas, terrifié. Il me dit:
" Je veux t'épouser, je ne veux pas te prendre maintenant.
- Je me moque du mariage. "
J'étais profondément déçue par une attitude aussi conventionnelle. Le moment passa. Il crut que c'était là seulement l'expression d'un instant de passion aveugle, que j'avais perdu la tête. Il était même fier de m'avoir protégée contre mes propres impulsions. Je rentrai à la maison et me couchai en sanglotant.
("Un modèle")
Seul le battement à l'unisson du sexe et du coeur peut créer l'extase.
Bon Dieu ! Ça me rend fou de penser que je peux passer un seul jour sans écrire. Jamais, jamais je ne pourrai rattraper le temps perdu. C'est pourquoi sans doute, j'écris avec tant de fougue, tant de démesure. C'est du désespoir...
Lettre de Henry Miller à Anaïs Nin du 4 février 1932
![](/couv/sm_CVT_Journal-t-4-1944-1947_3743.jpg)
mai 1945 : Visite de Frances à qui j'ai montré les aquarelles de Léonard. Elle les a trouvées techniquement très belles, très bien faites, mais lointaines.
Comme Léonard se plaint de ne pouvoir exprimer ce qu'il ressent, je lui écris :
Exprimer ce que l'on ressent est lié directement à la création. J'ai été aidée en cela par mon habitude de tout confier au Journal. Vous vous trouvez dans un environnement stérile et vous avez tendance à vous replier sur vous-même. Cela sera mauvais pour vous en tant qu'artiste, écrivain ou peintre. Il faut être capable d'exploiter les richesses du sentiment et de l'imagination, c'est là que réside le secret de l'abondance. Le repliement risque d'engendrer la stérilité ou le dessèchement. Essayez d'écrire dans votre Journal pour entretenir cette petite flamme. Développez, ouvrez, nommez, décrivez, exclamez-vous, peignez, caricaturez, dansez, sautez dans vos écrits. Nous sommes ici en tant qu'écrivains pour dire tout. Parlez pour vos humeurs, rendez votre silence éloquent. Les dessins que vous n'avez pas envoyés sont un visage fermé au monde.
371 - [Le Livre de Poche n° 3134, p. 104]
Ces yeux gris si doux
Quand on n'est point fous.
Ces yeux si terribles
Quand on le mérite
Ces yeux qui percent la nuit
Pour me suivre quand je fuis,
Ces yeux sombres qui percent
Mon coeur;
Ces yeux tentants que parfois je fuis pour leur trop grande douceur
Hélas où me cacher ?
Le mal fait, ils sont si fâchés !
Et le bien, si doux, si bon,
Tant que mon coeur se fond.
Et les yeux-illusion peut-être,
Ce sont ceux de la conscience
De mon être.
(À Arcachon, 9 ans)
La femme qui vous hante est celle qu'on ne trouve jamais dans les cafés quand on la cherche, celle qu'il faut suivre à la trace, celle qu'il faut retrouver à travers le labyrinthe de ses affabulations.
Le sexe perd tout son pouvoir et toute sa magie lorsqu'il devient explicite, abusif, lorsqu'il devient mécaniquement obsessionnel. (...) La source du pouvoir sexuel est la curiosité, la passion. Le sexe doit être mêlé de larmes, de rire, de paroles, de promesses, de scènes, de jalousie, d'envie, de toutes les épices de la peur, de voyages, de nouveaux visages, de musique, de danse, d'opium, de vin.
(extrait de la lettre envoyée dans les années 40 au mystérieux "amateur" érotomane qui lui demandait d'écrire des récits érotiques "sans poésie".
J'embrasse son clitoris, encore humide après son bain ; les poils de son pubis sont trempés, comme des algues marines. Son sexe a le goût d'un coquillage d'un merveilleux coquillage, frais et salé.
Oh ! Mary! mes doigts se font plus rapides. Elle se renverse en arrière sur mon lit, m'offrant son sexe, ouvert et mouillé, comme un camélia, comme des pétales de rose, comme du velours, du satin. Il est rose et tout neuf, comme si jamais personne ne l'avait touché.
Ses yeux demeuraient fixés sur l'homme qui montait sur l'échafaud, et, à chaque battement de son coeur, elle sentait la verge gagner du terrain. Le membre, la jupe franchie, s'était glissé sous sa culotte. Elle aimait cette chaleur et cette dureté dans sa chair. Le condamné était maintenant sur l'échafaud et on était en train de lui passer la corde au cou. Ce spectacle était si douloureux que la sensation de cette chair en elle était comme un soulagement, une consolation, une chaleur dont elle avait besoin. Elle avait l'impression que ce pénis qui frémissait entre ses fesses était une parcelle de vie à laquelle elle pouvait se raccrocher, quelque chose de merveilleux, de vivant, tandis que la mort passait ....
« Aller sur la lune, ce n’est pas si loin.
Le voyage le plus lointain, c’est à l’intérieur de soi- même »..
La vie seule ne peut satisfaire l'imagination.
[Février 1947]
L'angoisse tue l'amour à coup sûr. Elle cause les échecs. Elle donne aux autres l'impression que vous auriez si un noyé se raccrochait à vous. Vous voulez le sauver, mais vous savez qu'il va vous étrangler avec sa peur panique. (Stock, 1975, p. 227)
[Septembre 1944]
Le monde physique comme symbole du monde spirituel. Les gens qui conservent des vieux chiffons, de vieux objets inutiles, qui entassent, accumulent, gardent-ils aussi précieusement des vieilles idées, des renseignements inutiles, sont -i ls attachés seulement au passé (...)
j'ai l'obsession inverse. Afin de changer de peau, d'entamer des cycles nouveaux, je pense qu'il faut apprendre à jeter. Si on change intérieurement, on ne doit pas continuer à vivre avec les mêmes objets. Ils reflètent votre esprit et votre psychisme. Je jette ce qui ne peut servir de manière vivante et dynamique. Je ne garde rien qui me rappelle le passage du temps, la détérioration, la perte, le dessèchement . (p.41)
"Prenez garde de ne pas entrer dans le monde avec le besoin de séduire, charmer, conquérir ce que vous ne voulez pas vraiment, rien que pour être approuvé. C'est ce qui provoque les moments de paralysie devant les autres et supprime la confiance et le naturel."
« Nous ne voyons jamais les choses telles qu’elles sont, nous les voyons tels que nous sommes » .
Le seul alchimiste
Le seul alchimiste capable de tout changer en or
c’est l’amour.
L’unique sortilège contre la mort, la vieillesse, la vie routinière,
c’est l’amour.