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Critiques de Andrea Camilleri (1006)
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Le Cuisinier de l'Alcyon

Voila donc la dernière histoire de Montalbano écrite par Camillieri....c'est du même jus que les autres romans , la même tonalité....le même plaisir de retrouver ces personnages ....Cette fois ci , double innovation pour autant car pour la premiere fois ( me semble t il) Montalbano est confronté au FBI et en plus il se déguise ( ou tout au moins , on le travestit).

A lire et relire puisqu'il ne faut évidemment rien attendre de nouveau....
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Le filet de protection

Comme elles sont étranges les deux enquêtes que mène Montalbano dans cet ouvrage ! De mystérieux films familiaux montrant plusieurs années de suite le même pan de mur , une intrusion inexplicable de deux hommes armés dans une classe de collège vont entraîner le commissaire d’une part à la découverte de douloureux secrets familiaux et d’autre part à celle du monde mystérieux de l’adolescence et des réseaux sociaux . Le tout dans le carnaval que crée à Vigata le tournage d’une fiction italo-suédoise qui bouleverse les habitudes , le petit monde du commissariat et les ménages
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Le Cuisinier de l'Alcyon

Cet ultime opus des aventures de Montalbano ( mais plusieurs autres ne sont pas encore traduits en français) nous amène de surprise en surprise : le commissaire n’est plus commissaire et pourquoi pas cuisinier,lui le suprême gourmand?) ;Montalbano ne se reconnaît plus dans son miroir, il rencontre Barbie et rêve d’éclipse de lune ; Et Catarella pleure toutes les larmes de son corps ! Nous sommes dans un jeu de dupes , magistralement orchestré par le vieux maître , entre poésie , roman policier et film de James Bond. Il montre , une dernière fois , hélas, toute son inventivité . Grazie mille Maestro.
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Riccardino

La fin des aventures de Montalbano ! Non pas chronologiquement , car ce livre écrit en 2004 (et revu en 2016) fut suivi de 16 autres romans mais Camilleri l’avait voulu et écrit pour être la fin des aventures du commissaire . Il devait donc être publié après la mort de l’auteur. Dans cette enquête , Montalbano doit élucider un meurtre qui l’amène à enquêter sur un quatuor d’amis inséparables (qu’ils disent) et à se heurter à sa hiérarchie et à l’Eglise . La particularité de cet opus est que Montalbano s’y voit confronté à son double télévisé ainsi qu’à (et c’est encore plus étrange ) son créateur (Camilleri pas Dieu) . Ce final se déroule donc dans une ambiance très pirandellienne (on connaît l’admiration de Camilleri pour cet auteur) . J’ai pris grand plaisir (et un peu de mélancolie) à lire cet ultime aventure (en italien , il n’est pas encore traduit) .
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Le Champ du potier

Quel plaisir de retrouver le Commissaire Montalbano !



Un corps retrouvé en plusieurs morceaux impossible à identifier et la tranquillité de Montalbano s'évanouit.

D'autant plus que l'ambiance n'est pas au beau fixe au commissariat. Mimi le fidèle ami et co équipier de Salvo Montalbano passe une mauvaise période. D'humeur maussade et régulièrement agressif, il devient distant et inquiète Salvo.



Déjà très occupé par l'identification du corps et les 1ères investigations d'une enquête qui s'annonce complexe, Montalbano doit encore écouter une femme envoutante déplorer la probable disparition de son mari, officier de marine.



Deux enquêtes complexes et une équipe qui dysfonctionne : Montalbano s'inquiète et va devoir être particulièrement habile pour remettre de l'ordre au sein du Commissariat en préservant son équipe.



Dans cette nouvelle enquête c'est tout l'univers de Camilleri que l'on retrouve : la Sicile, le langage si particulier de Montalbano, ses introspections, ses haltes gustatives et roboratives chez Enzo qui lui permettent de réfléchir en dégustant des plats siciliens dont la description vous donne l'eau à la bouche.



Les intrigues s'entremêlent et donnent un peu de fil à retordre à Montalbano.



Une lecture réjouissante et dépaysante.

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La Voix du violon

N°1590 - Octobre 2021



La voix du violon – Andrea Camilleri – Fleuve noir

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani et Maruzza Loria.



Montalbano vient de découvrir un peu par hasard le cadavre d’une jeune et jolie femme, Michela Licalzi, assassinée dans sa maison juste construite. Bizarrement elle était nue dans une mise en scène macabre et ses vêtements ont disparu, une manière comme une autre de brouiller les pistes. Son mari est chirurgien à Bologne et la victime, quand elle venait dans la région, logeait à l’hôtel.

L’enquête s’enlise et s’oriente bizarrement vers un malade mental, mais cette piste ne convient pas à notre commissaire, le mari de la victime révèle un couple bien étrange et Montalbano, cible ordinaire d’une hiérarchie tatillonne et d’un collègue envieux et flagorneur se trouve dessaisi puis à nouveau en charge de cette affaire, le tout dans le quotidien de la mafia et la mort opportune d’un présumé coupable. Pour notre commissaire, il y a de quoi en perdre son latin et ce d’autant qu’entre temps ses investigations l’amènent à tomber amoureux d’une jolie femme. Qu’importe, il n’aura pas trop de tout son talent et de sa patience d’enquêteur, et ce malgré les méprises et les fausses pistes, pour éclaircir cette affaire bien compliquée. Une enquête est l’occasion de faire des rencontres et pas forcément des meurtriers ; ici il va croiser notamment un maestro violoniste. De son propre aveu, Montalbano n’y connaît pas grand chose en musique et plus particulièrement en violon, mais c’est pourtant cet instrument qui va l’aider à rétablir les faits, découvrir le vrai assassin et rendre hommage à la mémoire de celui qui a été injustement accusé.

Il galère toujours avec Livia, sa lointaine fiancée génoise et ce d’autant qu’ils traversent une crise liée à l’adoption éventuelle d’un petit garçon. Le tout sur fond de recettes de cuisine sicilienne capables de faire saliver les plus accrocs au jeûne.

Cette enquête à la Simenon fut encore un bon moment de lecture.
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La Danse de la Mouette

N°1579 - Septembre 2021



La danse de la mouette – Andrea Camilleri – Fleuve Noir.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.



Emoi dans le commissariat de Vigata, Fazio, l’inspecteur indispensable du commissaire Montalbano a disparu. Officiellement il n’était pourtant pas sur une enquête précise mais compte tenu du contexte sicilien l’affaire est d’importance au point de mobiliser tous les policiers disponibles pour le retrouver. Le commissaire en perd le sommeil et en oublie même Livia son éternelle fiancée venue passer quelques jours avec lui.

On est effectivement en Sicile, c’est à dire qu’on n’hésite pas à poursuivre quelqu’un pour le tuer jusque sur son lit d’hôpital et ce ce qui arrive à Fazio enfin retrouvé et transféré pour y être soigné. Cette enquête nous montre un Montalbano toujours aussi gourmand (on peut craindre pour son taux de cholestérol dont l’auteur ne nous parle cependant jamais – on a tout juste droit aux prémices de le vieillesse qui s’annonce pour notre commissaire), toujours aussi facétieux avec les carabiniers et même avec sa hiérarchie (la blague qu’il sert au questeur pour justifier son absence est loin d’être du meilleur goût et ce fonctionnaire passe carrément pour un imbécile), bluffeur aussi et même un peu balourd quand même au point de ne pas pouvoir s’orienter dans un hôpital aux couloirs pourtant bien balisés. Il est vrai qu’il y a croisé la belle Angela, une infirmière qu’il aimerait bien mettre dans son lit mais que sa vigilance de policier détourne à temps de cette entreprise (et sans doute aussi un peu l’âge ou la présence même virtuelle de Livia). Il est bien sûr question de trafic, d’enlèvements, de contrebande, de meurtres, de la mafia et de collusion avec le pouvoir politique, l’ordinaire de la Sicile en quelque sorte.

Entre temps la recherche de Fazio a permis de mettre la main sur deux cadavres dont un, un ancien danseur, a été torturé à coups de balles dans le pied, ce qui l’a fait danser avant de mourir. Cette danse rappelle à Montalbano une image qui l’obsède depuis le début, celle d’une mouette qui avant de s’abîmer sur la plage à exécuté devant lui une sorte d’étrange chorégraphie, comme un mauvais présage.

Je m’attendais à un parallèle entre ces deux formes de danse, mais là je suis resté sur ma faim.

D’ordinaire j’aime bien lire Camilleri, mais cette fois j’avoue avoir été moins captivé par ce roman.



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Les enquêtes du commissaire Collura

un petit recueil de nouvelles , ou plutôt d'enquêtes dans un même lieu ( une croisière en bateau) et mené par un commissaire façon Montalbano mais pas tout à fait pareil!Bon, vous l'avez compris, c'est pittoresque, bien enlevé, ça tient la route et gouleyant à lire! Est ce que cela deviendra un pilier de votre bibliothèque? biensur que non ....mais on ne peut pas avoir que des piliers!

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Jeu de miroirs

N°1573 - Août 2021



Jeu de miroirs – Andrea Camilleri – Fleuve noir.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.



Tout saute à Vigala et on ne compte plus les commerces détruits peut-être à cause de l’impôt mafieux non payé, les fusillades et les disparitions. Pourtant une bombe est disposée de telle manière devant un immeuble comportant également des appartements qu’on aurait dit qu’elle était destinés à un résident et non pas au commerçant. Erreur ou avertissement ou simplement volonté de brouiller les pistes de la part de la sempiternelle mafia, comme dans un jeu de miroirs ? Qu’y a t-il en effet de plus trompeur d’un reflet de miroir , à la fois déformant et générateur d’imagination parce que là est souvent la frontière entre la réalité et l’illusion voire le fantasme, et en ce qui concerne Montalbano entre vérité, et fausse piste, apparence et évidence, innocence et culpabilité.

Dans le même temps Montalbano qui apporte son aide sa voisine en panne de voiture, la belle Liliana, un peu délaissée par son mari et tombe sous le charme de celle-ci. Pourtant le moteur de la voiture a été endommagé volontairement, ce qui n’est pas sans poser des questions au policier d’autant qu’il découvre qu’elle a des mœurs assez libres. Cette incivilité est peut-être le fait d’un amant éconduit ?Dans cet épisode Montalbano a quelque chose du « donnaiolo » (Don Juan) comme disent si joliment nos amis Italiens mais le sex-appeal de Liliana auquel il n’est pas indifférent peut cacher une demande de protection et peut-être un appel au secours … ou d’une volonté de le manipuler. Cette belle femme bouleverse le cœur des hommes qui la croisent mais malheureusement cela va lui porter malheur, sur fond de trafic de drogue, de jeu d’influence entre clans mafieux, de règlement de comptes et de volonté de se débarrasser du commissaire un peu trop curieux et pas mal roublard par la même occasion.

Nous retrouvons un Montablabano toujours aussi éloigné géographiquement de Livia son éternelle compagne et aussi pas mal jaloux au point que chacune de leurs conversations téléphoniques qui devraient normalement être amoureuses se terminent immanquablement en engueulades. S’il a perdu un peu de sa jeunesse et de sa souplesse, il a cependant gardé son appétit pour la cuisine italienne et nous avons droit ici à de nombreuses recettes et peut-être aussi à leur fumet.

Un bon moment de lecture en tout cas.
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La disparition de Judas

N° 1560 - Juillet 2021



La disparition de Judas – Andrea Camilleri – Metallié..

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.



Le jour du Vendredi Saint de l’année 1890 à Vigata, la tradition veut que, dans un pièce de théâtre, autrement appelée « Les Funérailles » on fasse revivre la Passion du Christ. Le personnage de Judas, incontournable, est tenu avec humilité par le comptable Pàto, directeur de la banque locale, personnage intègre et catholique pratiquant, citoyen estimé et neveu d’un sénateur, qui disparaît au cours de la représentation dans le cadre même de son rôle ; il se donne en effet la mort. Au départ on n’y prête guère attention mais il s’avère rapidement que cette disparition inquiète tout le monde d’autant plus qu’elle est mystérieuse. S’agit-il d’une perte de mémoire consécutive à une éventuelle chute, d’un enlèvement, d’un assassinat, d’une volonté de disparaître ou d’une fugue amoureuse ou, pourquoi pas, la chute de l’intéressé dans un interstice spatio-temporel ? D’emblée l’hypothèse d’une malversation bancaire est écartée, ce qui correspond bien à la personnalité intègre de Pàto mais une lettre anonyme qui le menaçait personnellement vient tout compliquer. Les autorités locales nationales et religieuses sont en émoi, les policiers et carabiniers sont sur les dents et, pour résoudre cette énigme, vont devoir oublier un temps leurs différents, sous le regarde inéluctable de la mafia. Dans le contexte religieux d’une Italie très dévote, il ne manque évidemment pas de voix pour fustiger le théâtre dont l’Église excommunia longtemps les acteurs et surtout la personnalité de Judas, archétype du traître, veule et cupide dont le rôle tenu par un comédien pourrait bien cacher quelque chose de sa vraie personnalité. Le plus dur sera, l’énigme une fois révélée, de lui donner une explication logique et qui ne lèse personne.



Le personnage même de Judas a donné lieu à beaucoup de commentaires et d’interprétations parfois contradictoires. Il est certes l’archétype du félon selon l’Église mais incarne bien une facette ordinaire de la condition humaine, les autres apôtres étant eux aussi des hommes simples fascinés par la personnalité de Jésus. Sans lui la vie du Christ en eut été bouleversée, pour ne rien dire dire de celle du monde, et son nom aurait rejoint la cohorte des quidams oubliés.



Il s’agit bien d’un roman policier mais Camilleri choisit de le traiter avec humour sous la forme d’une accumulation d’articles de journaux, de rapports de police à la rédaction savoureusement administrative, d’interrogatoires, dont certains ne servent à rien dans la manifestation de la vérité, de fausses pistes, d’échanges de lettres non moins surprenantes ... J’ai bien aimé cette manière originale de présenter les choses qui est aussi une étude pertinente de la société italienne. On sent l’auteur particulièrement à son aise dans un registre où il excelle par l’architecture de ce roman et par le style toujours aussi agréable à lire et qui emporte à chaque fois l’assentiment de son lecteur.



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La révolution de la Lune

N° 1558 - Juillet 2021



La révolution de la lune – Andrea Camilleri – Fayard.

Traduit de l’italien par Dominique Vittoz.



En 1677 la Sicile, alors sous domination espagnole, est gouvernée par un poussah, le vice-roi Angel de Guzmàn qui vient de mourir, ce qui, pour les nobles est une aubaine, sauf que, par testament, il désigne pour lui succéder son épouse Eleonora di Mora, une femme d’une sublime beauté et d’une intelligence redoutable mais qui, jusque là, était restée dans l’ombre. La nouvelle fit grand bruit parmi les conseillers qui, la stupeur passée, se multiplièrent en courbettes et autres marques de flagorneries, partagés qu’ils étaient entre l’admiration de sa grande beauté et la volonté de conserver leur place et prérogatives. Cette entrée d’une femme en politique fut une révolution mais Eleonora profita bientôt de cette opportunité pour réformer le pays en en éliminant la corruption, en portant son attention sur les plus démunis, aux femmes et à leur condition inférieure, aux mendiants, ce qui lui valut la bienveillance de ses sujets restés intègres et l’amour du peuple. Cela ne se fit pas sans mal, le jeu politique reprit ses droits et l’appétit de pouvoir des hommes en place autant que leur volonté de conserver leurs privilèges et leurs fonctions ne manqua pas de se manifester. On était loin de la galanterie et de l’amour courtois du Moyen-âge ! On fit des difficultés et bien entendu on assista à des bassesses, des délations, des trahisons, ce qui est l’ordinaire de l’espèce humaine, face à la volonté d’une femme qui entendait bien marquer son temps dans le registre de la sauvegarde des plus déshérités.



Ce court règne qui ne dura que 27 jours, soit la période d’un cycle lunaire, est authentique et c’est un homme qui y mit fin légalement, mais avec l’assurance que ses décisions seraient maintenues après son départ. Je note qu’elle ne chercha pas à se maintenir au pouvoir, ce qu’aurait sans doute fait un homme à sa place. Cet épisode est l’illustration si souvent proclamée, mais bien peu souvent mise en œuvre, que le pouvoir politique confié à une femme peut êtres synonyme de paix, d’une prise en compte plus complète des problèmes de l’humanité, d’une plus grande justice sociale... et ce fut le cas, malheureusement cette expérience fut contrecarrée par les hommes. A la fin de son règne les choses allaient donc pouvoir redevenir comme avant, de nouvelles injustices se faire jour, la corruption se développer, les malversations se multiplier, les hommes d’Église cultiver leur hypocrisie, les guerres se dérouler pour le plus grand plaisir des puissants qui eux n’y participaient pas... En laissant aller les choses on finirait sûrement par détourner et sans doute oublier tout ce que cette reine éphémère avait fait pour améliorer le sort des plus défavorisés.



La langue de Camilleri est toujours aussi foisonnante mais j’ai été quelque peu déconcerté par le style qui mélange les expressions siciliennes, italiennes et espagnoles. Je ne suis pas contre le principe qui est finalement une belle innovation, mais j’imagine le travail du traducteur qui a dû s’adapter à cette manière originale de s’exprimer de l’auteur, sans pour autant le trahir. Il n’empêche que si Camilleri aime à s’exprimer de cette manière quelque peu humoristique, et c’est bien son droit, mais la lecture n’en est pas pour autant facilitée, même si on peut y voir, en plus de l’humour qu’il affectionne et qu’il manie si joliment, l’occasion de la création de mots qui est la manifestation même de l’évolution d’une langue et fait qu’elle est bien vivante.



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Indulgences à la carte

N° 1557 - Juin 2021



Indulgences à la carte – Andrea Camilleri – Le promeneur.

Traduit de l’italien par Louis Bonalumi.



Andrea Camilleri était sicilien et à ce titre témoin de ce qui se passe sur cette île si convoitée et colonisée depuis des siècles par des peuples étrangers au point que les choses n’y sont pas exactement comme ailleurs. En effet l’accommodement, le compromis voire la compromission, s’ils sont une constante de la condition humaine, sont ici élevés au rang de coutume sociale. Il a tenté, lors de dix-huit courts chapitres, d’en démonter le mécanisme. Il règne en effet ici une règle évidemment non écrite, « la componenda »(la composition) où la mafia rend une certaine forme de justice, en dehors des lois officielles, avec même la connivence des autorités qui en retirent bénéfice, en plus de l’ordre public sauvegardé. Notre auteur, curieux, s’avise que l’Église catholique, loin de sauvegarder la moralité a, dans le passé, usé de contestables pratiques, notamment avec la commercialisation des indulgences auprès du peuple, procédure qu’elle pratiquait déjà à l’égard des nobles sous la forme de constructions d’églises, de monastères ou de la participation aux croisades. Même si cette pratique fut plus tard prohibée, elle consistait à s’assurer de la rémission de ses péchés par l’achat d’une « bulle ecclésiastique » tarifée, garantissant la bienveillance divine après la mort du bénéficiaire. Cela eut pour conséquence, au XV° siècle, outre l’enrichissement de l’Église et de certains de ses représentants, l’émergence du protestantisme… et l’édification de la basilique Saint Pierre de Rome ! On était donc en plein accommodement !

En Sicile rien n’est pareil qu’ailleurs, ne serait-ce qu’à cause de la mafia qui, dans l’ombre, mène un jeu efficace avec la bénédiction de l’Église catholique et de son hypocrisie. Ainsi le responsable d’une faute, un vol par exemple, en ressent normalement une certaine culpabilisation. Auparavant, grâce à la « bulle de componenda » (bulle de composition) il pouvait avoir la conscience tranquille puisque, contre de l’argent (un véritable impôt perçu au profit du clergé) , il en obtenait l’absolution et même la bénédiction, autrement dit, les instances qui devaient normalement guider les hommes vers la vertu contribuaient largement au climat moral délétère qui régnait ici. Pire peut-être, non content d’être religieux, le Sicilien est superstitieux et trouve dans ces pratiques une justification non seulement à sa réticence au travail mais aussi à l’exercice du vice et donc du délit (mais pas du meurtre). En effet, dans le passé, le Sicilien était traditionnellement un ouvrier agricole, contraint de travailler une terre ingrate pour le compte d’un riche propriétaire terrien qui l’exploitait et cette situation ne pouvait que verser dans la révolte, par ailleurs absoute par l’Église. La vente par les curés, dans les églises et seulement les jours de festivités religieuses de « la bolla di componenda » était, même si l’Église s’en défendait, une forme d’indulgence qui apaisait en quelque sorte les consciences. Cette loi perdura pendant des siècles et, dans sa version « laïque », consistait en un véritable pacte, forcément non-écrit, souscrit entre les délinquants et la police locale et les autorités italiennes continentales ont vainement tenté de mettre fin. Une étude a cependant insisté sur le rôle pivot de la femme dans le cadre de la structure familiale sicilienne fermée que les prêtres ont manipulé sans vergogne. De plus, les Siciliens qui ont la maîtrise du langage, c’est à dire du non-dit et du mensonge, souhaitent que les choses perdurent sous l’égide de la « componenda » et qu’on en parle moins possible.



Andrea Camilleri (1925-2019) est connu en France à travers son personnage fétiche, le commissaire Montalbano, popularisé par le télévision, un peu comme Simenon l’était grâce au commissaire Maigret. Ces deux auteurs n’en sont pas moins intéressants notamment quand ils abandonnent le registre du « polar » et mettent leur talent au service d’une autre forme de littérature, notamment le roman traditionnel. Ici Andrea Camilleri quitte le domaine de la fiction (encore que, à la fin, il ne peut s’empêcher de s’y livrer quand même un petit peu) pour se faire historien et polémiste. Je ne connais de la Sicile que les paysages et les idées reçues qui circulent sur elle. J’avoue que j’ai été étonné par ce texte pertinent et passionnant paru en 1993 en Italie qui contribue un peu à expliquer le spécificité de la société sicilienne. Selon son propre aveu, c‘est dans ce but qu’il écrivit cet essai tout autant qu’en cherchant à expliquer les comportements étonnants les Siciliens face aux événements. Si la « Bulle de composition » a aujourd’hui disparu son état d’esprit demeure et cette île reste attachée pour moi à l’image de la mafia qui dans l’ombre peut frapper où et quand elle veut et tuer de simples citoyens, des policiers, des magistrats....





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Le Manège des erreurs

Pour exercer mon italien, il y a quelques années, j’avais un peu suivi les enquêtes de l’inspecteur Montalbano en série sur la RAI. Ayant appris que le créateur du célèbre inspecteur était décédé, je me suis dit qu’il fallait que je poursuive ma découverte du personnage à travers l’œuvre littéraire de Camilleri et j’ai donc profité de la sortie de son ultime roman posthume pour me plonger dans son univers.



Pour cette enquête, l’inspecteur Montalbano se retrouve face à deux problèmes : d’une part, des enlèvements éclairs de jeunes femmes travaillant dans des banques ont lieu à Vigatà et, d’autre part, un magasin de matériel informatique a été incendié et son propriétaire a mystérieusement disparu. L’inspecteur a l’intuition que les deux affaires sont liées, mais comment et pourquoi ? Et qui est donc ce mystérieux homme qui souhaite lui parler sans qu’ils ne parviennent jamais à se croiser ? Tout semble plus complexe qu’il n’y paraît pour l’inspecteur qui a l’air de progresser d’erreur en erreur...



Juste la dose de suspense qu’il faut, des rebondissements savamment introduits, une intrigue qui tient la route, le tout avec une touche d’humour, voilà ce que l’on trouve dans ce roman policier qui se lit d’une traite. Les personnages, surtout le commissaire Montalbano et ses deux acolytes, sont attachants et, bien que Vigatà soit une ville née de l’imagination de l’auteur, on est vraiment plongé dans l’ambiance d’une petite ville typique de Sicile.



Mais le plus intéressant, c’est la langue de Camilleri, bien entendu. Dans sa version originale, l’auteur a créé un style tout à fait particulier, mêlant sicilien, italien « classique » et un langage intermédiaire, plus populaire, proche du langage oral et très expressif. Par le passé, j’avais fait une tentative avortée de lire un roman dans sa version originale mais j’ai dû me rendre à l’évidence : bien que maîtrisant l’italien, l’exercice était pour moi trop ardu... Je trouve qu’ici, le traducteur a fait un excellent travail, en traduisant directement dans le texte les expressions en sicilien, en mimant le langage populaire par des néologismes directement calqués sur l’italien et par des expressions du sud de la France que tout le monde maîtrise. Il est ainsi parvenu à rendre d’une manière assez habile cette variété du langage créée par Camilleri et cela rend la lecture vraiment agréable et originale.



Cette ultime enquête de l’inspecteur Montalbano me donne envie d’en lire d’autres et, pourquoi pas, de retenter l’expérience de la version originale. Un bon polar à conseiller vivement.
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La révolution de la Lune

Entre réalité historique et invention, ce roman m'a fortement réjouie.

La langue unique de Camilleri est un régal toujours renouvelé, agrémenté cette fois de phrases en espagnol.

Ses images sont des trouvailles, comme :" les jambes en tiges de violettes" qu'il nous avait déjà servi. Dans "Le grelot" si je ne me trompe.

Côté Histoire : en 1677, à Palerme sous domination du roi d'Espagne, le vice-roi décède et, par testament, sa jeune épouse lui succède, au grand dam des membres du Conseil, tous faiseurs de "magouilles, faveurs, abus de pouvoir et injustices.". Le plus retors et dangereux étant l'évêque. (Coup de griffe anti-clérical)

" Ce royaume ne reconnaît ni Dieu, ni Votre Majesté", avait écrit le duc d'Ossuna.

Camilleri dénonce avec force et avec humour les abominations des puissants : nobles, bourgeois, riches malhonnêtes.

Et, enfin, voici la Femme : la vice-reine, d'une beauté "envoûtante".

Elle rétablira la justice, le temps d'une révolution de lune : 27 jours.

Ce roman est aussi un hommage vibrant rendu aus femmes.

Un coup de cœur.
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La Chasse au trésor

Je désirai compléter ma lecture des enquêtes de Montalbano. J'y pourvois.

Seulement, à lire quatre ou cinq livres par semaine, je n'éprouve plus autant de plaisir.

"La chasse au trésor" de 2010 est celui qui m'a le moins intéressée. Je n'ai pas adhéré à l'histoire. Je n'ai ressenti ni curiosité, ni émotion.

Une déception pour celui-ci, donc.



J'en profite pour faire une remarque : c'est que la femme De Mimi Augello se prénomme Beba, comme la chèvre-femme de Giurlà dans "Le grelot" .
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La Danse de la Mouette

Une mystérieuse disparition perturbe le commissaire Montalbano au moment où il s'apprête à partir en vacances avec Livia.

Fazio, le plus fidèle et ponctuel de ses hommes n'est pas rentré chez lui et son cellulaire est muet."

4è de couverture , Sellerio



Depuis sa véranda, Montalbano observe le vol d'une mouette , laquelle pique droit sur le sable, se débat a grands mouvements d'ailes et de cou. On dirait une danse. Mais funèbre : les derniers soubresauts d'une vie qu'elle ne veut pas abandonner.

Et toujours aussi, la dénonciation des malversation des politiques .

Notre Salvo en est troublé, est_ce la préfiguration d'un drame ?

Au commissariat il apprend la disparition de Fazio, son meilleur adjoint. C'est un Montalbano bouleversé, terriblement inquiet qui mène l'enquête. Où son ami s'est-il fourré ? Et sans rien dire.

Pas de surprise : mafia, contrebande, et une course contre la montre.

Et, comme toujours, l'énième jeune femme, séduisante et tentatrice.

Cette fois il s'agit d'une infirmière qui, à chacune de ses visites à Fazio, se trouve devant lui pour le guider.



Lu en une soirée, comme les précédents, avec un plaisir évident.
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La Pyramide de boue



Depuis un certain temps, je n'avais pas fréquenté Montalbano, préférant d'autres romans de Camilleri, j'aime bien espacer les romans d'une même série, puis les reprendre.



 



J'avais oublié comme c'était drôle, et encore bravo à Quadruppani, qui a su trouver les mots savoureux.



Mauvais temps sur Vigata! il pleut sans discontinuer et le sol est boueux,

"Le "fang" comme disait Catarella et peut-être n'avait-il pas tort, parce que la fange avait pénétré dans notre sang, elle en était devenue partie intégrante; la fange de la corruption, des dessous-de-table, des fausses factures, de l'évasion fiscale, des arnaques, des bilans truqués, des caisses noires, des paradis fiscaux, du bunga bunga..."



On a retrouvé un cadavre dans une canalisation, un cycliste qui est venu mourir là, dans la boue. On aurait bien voulu qu'il s'agisse d'une affaire de cocufiage. La femme du cycliste, une allemande, recevait des hommes, aux dires de la vieille voisine...



Montalbano s'oriente plutôt sur la piste des travaux publics, de la construction d'écoles...Mais je ne vais pas éventer l'affaire. A lire! un très bon cru.



Il n'y aura plus de nouveau Montalbano, mais je les ai pas tous lus



 
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La Pyramide de boue

Après Une voix dans l'ombre, rien ne pouvait être comme avant pour Salvo, pour Livia, c'est impossible, quoi que certains puissent en penser - je ne parle pas des personnages du roman, non, je parle de scénaristes ou de romanciers qui du passé font table rase, par manque de mémoire et de sensibilité. Livia ne va pas bien du tout, elle ne travaille plus - elle a pris un congé sans soldes - elle ne sort plus de chez elle, et forcément, Salvo s'en ressent et il se demande comment sortir Livia de sa prostration.

En même temps, survient un meurtre, un de plus, mais il survient dans d'étranges circonstances. Pourquoi cet honnête comptable, marié à une femme superbe a-t-il été assassiné ? Surtout, pourquoi, ayant eu la force de s'échapper, a-t-il mené les enquêteurs sur un chantier abandonné - un de plus en Italie, devrait-on dire ?



Oui, certains croient que tout va bien sous le ciel italien - qui est en train de se déchaîner, d'ailleurs. Pas vraiment. La Mafia, c'est du passé ? Bienvenue dans le joli monde de la corruption, de la prévarication, de l'argent détourné, du travail "au noir", payé avec de l'argent dont la provenance est un peu inconnue, des accidents dont personne n'est responsable. Des meurtres et des enlèvements encore moins.

Salvo ne parvient pas à se consacrer pleinement à son enquête. La cause n'est pas seulement son vieillissement - pour une fois, il s'inquiète pour rien - mais son désarroi face à Livia. la solution survient parfois de manière inattendue, non pour l'enquête mais pour tirer Livia de son marasme. Ce n'est qu'après avoir constaté que sa fiancée de toujours commençait à remonter la pente qu'il a enfin l'esprit libéré pour laisser toutes les idées fuser dans son esprit.

Bien sûr, il n'est pas seul, et ses rapports sont parfois tendus avec Mimi Augello, cependant, Salvo sait reconnaître ses erreurs - au point que Mimi a franchement du mal à s'en remettre. Dans une nouvelle (j'ai oublié son titre), Camilleri s'était mis en scène, dialoguant avec salvo, parce que certains lui reprochent son manque de violence dans ses récits. Ici, la violence est proche, très proche, et frappe trop souvent des personnes innocentes - des "dommages collatéraux". L'empêcher ? Difficile, voire impossible, par manque de moyens - ou parce que les personnes visées ne veulent vraiment rien entendre ! Constat alarmant ? Oui, un peu. Il faut toujours se montrer plus rusé, plus prudent, et ne pas hésiter à contourner les obstacles.

La pyramide de boue est un roman sombre, comme Une voix dans l'ombre. L'humour, la bonne chair, sont pourtant toujours présents - et l'inénarrable Catarella !
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Les Ailes du sphinx

Lire une aventure du Commissaire Montalbano est toujours (pour moi du moins) l'assurance de passer un bon moment. Celle-ci ne déroge pas.

C'est policier certes, un vrai policier même, avec rebondissements, enquête, et toute la gamme des personnages indispensables, policiers du haut en bas de l'échelle, juge impatient, témoins, personnes qui ont toutes quelque chose à cacher.

Mais ce qui prime tout de même ici, c'est Montalbano lui-même. Au point de tenter tout le long de bâcler son enquête, pour essayer de rattraper son couple, et même de rater la conclusion de l'affaire pour ça !! On suit aussi les démêlés familiaux de son personnel !!



Un grand coup de chapeau au traducteur, qui fait des miracles avec un texte qui doit être un vrai casse-tête à traduire. D’autant plus que ses particularités (du texte, pas du traducteur !) sont un des grands plaisirs de cette lecture.



Bref, Montalbano, j'aime et j'en redemande !! (Mais j'ai lu aussi d'autres Camilleri, qui même sans le Commissaire m'ont bien fait rire).
Lien : http://livresjeunessejangeli..
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La couleur du soleil



Comme souvent, en Italie, j'ai pris Dominique Fernandez pour guide avec le Piéton de Rome qui avait tracé un itinéraire Caravage de S Luigi dei Francesi à la Galleria Borghèse et au Musée du Capitole et enfin au Palais Corsini le temps nous a manqué pour voir tous les le chef d’œuvres du maître, au Vatican ou au Palais Barberini. Cependant ma curiosité a été aiguisée. Je voulais en savoir plus sur le Caravage. Je serais bien inspirée de relire la biographie romancée de Fernandez la course à l'abime.



Je viens de terminer la Révolution de la Lune , roman historique relatant un épisode de l'histoire sicilienne, où la veuve du vice-roi règne pendant 28 jours. Roman historique sur le mode burlesque qui m'a fait beaucoup rire. Je suis aussi fan de Montalbano. Camilleri, c'est beaucoup plus que l'auteur de Montalbano. Ce court roman, presque une nouvelle, est une commande à l'occasion d'une exposition Caravage en 2006 à Düsseldorf.



Par des circonstances aussi rocambolesques que mafieuses (on est en Sicile) Camilleri entre en possession de fragments du journal du Caravage et nous livre ceux qui concernent son séjour à Malte, son évasion et son passage en Sicile où il est recueilli par des amateurs de sa peinture qui le protègent pour qu'il peigne à Messine et à Palerme.



Le soleil est noir pour le peintre. Son goût du clair-obscur et les atmosphères sombres dans lesquels évoluent ses personnages ne seraient pas exactement un choix artistique mais plutôt une altération de la vision.



Les scènes violentes qu'il a peint correspondraient aussi à cette vie violente. Le Caravage, protégé des puissants comme Scipion Borghèse, qui admirent sa peinture est plutôt mauvais garçon, il a la lame facile et rapide et ses fréquentations sont peu recommandables....cela, je le savais déjà. Plus étonnantes sont ces hallucinations, ces rêves sanglants, ces draperies qu'ils voulaient blanches qui virent au rouge-sang....



Hallucinatoire ou réaliste, ce roman est original. Cependant, je préfère la tragi-comédie de ses autres romans historiques que j'ai lus, à ce roman très noir.










Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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