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Critiques de Angélique Villeneuve (278)
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Les ciels furieux

Une horreur de plus dans mes lectures et même si c’est très bien écrit je ne peux pas dire que j’ai vraiment apprécié : c’est trop horrible. Et, je n’ai pas besoin de ce genre de récit pour imaginer les horreurs des pogroms.



C’est cela que raconte ce roman une petite fille de huit ans vit quelque part dans l’est (Pologne ?, Ukraine ? plus certainement Russie) au début du XX° siècle. Son bonheur est construit autour des liens familiaux, en particulier l’amour de son père. Sa mère est étrange, elle « sert » essentiellement à nourrir les bébés qui arrivent très régulièrement dans cette famille juive. Henni la petite fille a un grand frère Lev qui fuit sa famille et le Shtetl entouré de populations qui leur sont hostiles. Henni a aussi une grande soeur, Zelda qui est son modèle et la rassure beaucoup.



Le jour de la catastrophe, des brigands (des cosaques ou des paysans autour du Shtetl) envahissent le village, ils brisent tout, pillent, violent et tuent tout ce qui semble vivant. La petite fille voit, le jour d’après, des paysannes des alentours venir se servir dans les maisons éventrées et piller ce qui reste d’utilisable. Son instinct de survie la guide dans ce chaos pour trouver qui peut vraiment l’aider à survivre, et elle a eu bien raison de se cacher de ces paysannes qui certainement ne lui voulaient aucun bien .



Henni fuit avec sa soeur, ses parents sont tués et les bébés aussi , l’auteure suit pas à pas la fuite de cette petite fille de huit ans qui essaie de trouver des solutions face à la folie des « furieux ». C’est terrible et tellement sans espoir.



La question que je me pose c’est le pourquoi d’un tel livre, qui pouvait imaginer que les pogroms soient autre chose que cela ? Est ce que cela rajoute quelque chose que ce soit vu par une petite fille ? Je crois que je répondrais non à ces deux questions. Il reste que cette écrivaine a un très beau style qu’elle a mis au service d’une cause dont il faut se souvenir. Car l’antisémitisme profond de ces régions permettra aux nazis cinquante ans plus tard d’assassiner massivement les populations juives des Shtetl, aidés pour le faire par les populations locales qui, de tout temps, avaient organisé des pogroms contre ces villages, en toute impunité.
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Les ciels furieux



Henni a 8 ans et sa vie bascule brutalement avec une fuite éperdue devant un drame qui frappe sa famille, drame qu’elle ne comprend pas.

Angélique Villeneuve qui m’avait déjà régalé avec La belle lumière, m’emmène cette fois, sous Les ciels furieux, dans un village d’un pays de l’est de l’Europe. Des brigands surgissent subitement dans la maison de cette famille juive tranquille. Comme le note l’autrice, la mère « couve ou se remet de ses couvaisons », cela signifie qu’elle enchaîne les grossesses et qu’elle nourrit ses bébés avant de les confier aux plus grands.

Zelda, justement, a presque trois ans de plus que Henni et elle compte beaucoup pour sa petite sœur. À 11 ans, elle s’occupe déjà de Iossif et de Kolia, deux jolis nourrissons. Quant à Henni, la voilà toute fière de se voir confier Avrom dès qu’il a fini de téter.

Saupoudré de nombreux termes en yiddish, le récit de cette fuite dans la neige et des souvenirs ayant marqué le début de la vie de Henni m’ont profondément ému. Si Henni et Zelda ont réussi à fuir l’horreur, il y a aussi Lev, le grand frère qui vit déjà sa vie et n’a pas les meilleures fréquentations.

Pour résister au froid, tenter de conserver un peu de confiance dans la vie, Henni a trouvé un moyen original en donnant à chacun de ses doigts le nom d’un membre de sa famille. Dans les moments difficiles, elle peut ainsi se raccrocher à une personne qui lui est chère.

Pendant cette fuite qui occupe vingt-quatre heures de la vie de Henni, les souvenirs affluent et cela permet de faire plus ample connaissance avec elle, avec sa famille et avec ses voisins.

J’apprends, par exemple, que son père, Arie Sapojnik, est un homme bon qui n’est pas craint par ses enfants. Par contre, la mère est soit indifférente, soit impériale…

Au cours de ma lecture, j’ai souffert du froid avec Henni dans la briquèterie, tremblé de peur lorsqu’elle entend des hommes approcher ou voit des femmes venir piller une maison déjà visitée par des brigands.

Angélique Villeneuve, contant, de son écriture toujours délicieuse et soignée, une histoire qui paraît simple, montre un vrai sens du suspense. Elle sait aussi rendre avec beaucoup de délicatesse les pensées qui agitent l’esprit de Henni car celle-ci est à la fois tourmentée et confiante.

Angélique Villeneuve que j’avais écoutée présenter Les ciels furieux aux Correspondances de Manosque 2023, m’avait donné envie de la lire à nouveau et ce fut une lecture émouvante durant laquelle inquiétude et douleur se sont mêlées, sans négliger quelques touches de poésie.

De plus, comme Henni ne manque pas d’imagination, l’autrice livre quelques scènes assez énigmatiques donnant une touche d’irréel au roman alors qu’elle a le mérite de mettre en évidence des drames, des pogroms qui ont trop souvent bouleversé des familles entières. La plupart du temps, les criminels agissaient en toute impunité avec, souvent, un pouvoir qui favorisait leurs agissements.

Enfin, attaché aux pas de Henni sous Les ciels furieux et de sa lutte pour la vie, j’aimerais tant lire la suite… Peut-être qu’Angélique Villeneuve…


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Le grand effroyable

Dans cet album sympathique d’Angélique Villeneuve, le lecteur navigue entre vie réelle et fantasmée au fil d’une écriture à la fois sensible et très imagée.
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La cabane au milieu de rien

Une bonne femme, surnommée la Viok, découvre une cabane au milieu de rien. Un petit havre de paix où elle se met à écrire une à une toutes ses histoires.



Elle est tant plongée dans ses mots qu’au début, elle n’a rien entendu des frémissements, des couinements, des murmures dont sa merveilleuse et si paisible cabane est le théâtre.



C’est en levant le menton de son précieux cahier bleu qu’elle finit par les remarquer. Des enfants. Des dizaines d’enfants. Pas plus hauts qu’un stylo, ils chantent, rigolent, jouent et sautent partout. Agacée, la Viok les fait s’asseoir et leur conte une histoire. Si les enfants se calment l’espace d’un instant, très vite, les voici qui s’éloignent des amoureux et des batailles pour retourner à leurs jeux. Enfin tous, sauf une, qui écoute avec attention…



ஜ La cabane au milieu de rien ஜ @angelique.villeneuve @anneliseboutin @editionssarbacane 🎡4-5 ans, 2023



A la manière d’une conteuse, #AngeliqueVilleneuve nous livre un récit mélodieux. Une histoire au langage universel qui ne connait aucune limite de temps ou d’espace. Un récit qui resserre les liens intergénérationnels et où chacun à apprendre de l’autre. La Viok esseulée se voit, malgré elle, reliée à l’innocence et la simplicité de l’enfance tandis qu’elle transmet à cette petite fille attentive l’amour des mots, l’art de raconter.



#AnneLiseBoutin crée un univers merveilleux tapissé de bleu. Les planches fourmillant de détails prolongent la lecture en la sublimant. Le lecteur s’attarde avec étonnement et ravissement sur les expressions des différents personnages -indociles et joyeux- et ces silences contemplatifs qui en disent tant.



«La cabane au milieu de rien» est un album qui fait grandir dans tous les sens du terme. Un album qui nourrit, à partager sans restriction 📚
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Les ciels furieux

Eh bien voilà, tardivement je découvre Angélique Villeneuve.. qui publie depuis 20 ans au moins et que je n'ai jamais lue auparavant. Beaucoup de retard à rattraper !!

ce livre vous saisit à la première ligne et ne vous quitte aps des jours après que vous ayez reposé le livre.. entre temps vous ne l'avez pas lâché, enfin si parfois pour respirer, relire une phrase, craindre le pire et caresser doucement cette petite Henni dont l'Histoire vient de s'emparer et de saccager la vie.

Un pogrom dont le nom n'est jamais prononcé mais rendu de façon magistrale à hauteur d'enfant «  les hommes sont aussi entrés dans ses yeux » dans un shtetl d'un pays de l'Est non spécifié, en pleine campagne où l'atmosphère s'est alourdie récemment. Une vie simple dans un coin simple au cœur d'une famille simple composée des parents et d’enfants nombreux et tellement rapprochés que la mère semble «  couver » tout le temps et que les bébés sont ainsi répartis entre les deux fillettes âgées de 8 et 12 ans qui s'en occupent jour et nuit.

Crimes, violence, sang, course effrénée, cachette, silence et peur, peur immense que cela recommence, que cela dure. Planqués à 3, puis à deux, puis seule, Henni se retrouve face à l'impensable, l’innommable, l'inimaginable : avoir à survivre sans vraiment savoir qui craindre, qui rejoindre, ni surtout comment.

Sa tête pense toute seule et l’accompagne, souvenirs, imagination, bribes de vie d'avant, les petits frères, le «  sien », c'est beau, poétique, sublime parfois et l'horreur à chaque coin du bois !

Des «  je » , des «  on » les mots s’enchaînent comme les idées qui lui passent par la tête pour combler le manque de sa famille, de sécurité, de nourriture, de tout et vous devenez plus que spectateur, vous avez envie de l'aider sans savoir comment lui venir au secours.



Un livre qui va vous rester en tête longtemps si vous le choisissez !
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Les ciels furieux



Cela faisait longtemps que je n’avais pas été bouleversée par une si belle écriture.

Angélique Villeneuve nous plonge dans une enfance déchirée par un drame, une nuit dont on ne revient pas. Elle évoque la peur et l’horreur mais traverse les ténèbres de tendresse et de souvenirs naïfs et poétiques. Un vrai récit romanesque et beaucoup d’émotions.

J’ai très envie de me replonger dans son écriture et de découvrir d’autres livres.







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Les Fleurs d'hiver

Octobre 1918, Toussaint est de retour chez lui. Mais il n’est plus que l’ombre de lui-même. Une gueule-cassée comme on les appelle. Un obus et la moitié de son visage a disparu à Verdun, Côte du Poivre. Depuis il ne parle plus et veille scrupuleusement à cacher son visage avec une bande de tissu. Après de longs mois passés au Val-de-Grâce, il rentre chez lui rue de la Lune, pour y retrouver sa femme Jeanne et sa fille Léonie.



« Sans se dire les mots, elle voit bien que cet homme sur son édredon n’a rien d’un héros. Elle comprend qu’un Boche, Toussaint n’en a sûrement pas tué un seul, peut-être qu’il n’en a jamais vu, face à face, autrement que sous forme de macchabée. Il n’a tué ni sauvé personne, son mari, il est encore couvert de boue, de poux, de froid, de bruit, de colique et de peur. La guerre a creusé et creuse encore en lui.

Il est un creux immense, et Jeanne ignore s’il est possible de l’emplir. Si à deux ils en seront capables.

Elle pense au grand gâchis des hommes. »



Récit sensible et pudique du combat intime d’un homme brisé, d’un couple qui doit apprendre à vivre avec les séquelles de la guerre, c’est aussi un portrait touchant de femmes courageuses. Celles qui sont restées loin des combats, sans leurs hommes, qui ont dû trouver comment subvenir aux besoins de leur famille, résister au froid terrible de l’hiver 1917, affronter les deuils, ceux de la Grande Guerre bien sûr mais aussi ceux de la grippe espagnole qui frappe alors durement la France.

Angélique Villeneuve dans ce court roman, décrit avec beaucoup de délicatesse la solidarité qui unit toutes ces femmes, en particulier par la très belle relation que noue Jeanne avec sa voisine et amie Sidonie.



Premier roman que je lis de cette autrice, elle a su me convaincre et m’émouvoir avec ce récit tout en retenu et finalement plein d’espoir.
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Les Fleurs d'hiver

Octobre 1918, Paris. Jeanne Caillet est ouvrière fleuriste en chambre. Elle travaille 10 à 11 heures par jour afin de gagner de quoi vivre pour elle et sa fille Léonie de 3 ans et demi. Son mari Toussaint a été mobilisé dès le début de la Grande Guerre. Janvier 1917, il est gravement blessé au visage et se retrouve hospitalisé à l'hôpital Val-de-Grâce. Il ne veut pas pas que sa femme le visite. Il y restera jusqu'à cette automne 1918, où sans prévenir il rentre enfin chez lui. Un autre combat va avoir lieu, celui de former de nouveau une famille malgré les traumatismes de chacun.





Angélique Villeneuve signe un très beau roman sur le retour d'une gueule cassée et sur l'impact qu'aura eu la Première Guerre mondiale aussi bien sur ces soldats que sur les femmes restées seules à l'arrière du front.





L'écriture est belle, pudique et poétique. L'histoire est racontée à la 3ème personne et centrée sur le point de vue de Jeanne. J'ai trouvé que cela donnait plus de poids émotionnel et personnel. La force des mots utilisés en est pour beaucoup tout comme le personnage charismatique de Jeanne.





Jeanne, une femme solide malgré les épreuves qu'elle doit affronter quotidiennement : l'absence de l'homme qu'elle aime, les privations dues à la guerre, la peur des bombardements et pour son mari, le deuil, l'effort constant à son travail, l'éducation de sa fille. Alors quand Toussaint rentre mutique et renfermé elle va puiser en elle pour s'adapter. Cela ne se fera pas sans difficulté, sans erreurs, sans rancœur. La vie d'avant ne pourra être retrouvée, c'est une nouvelle qui sera à composer. L'amour sans faille de Jeanne brisera l'appréhension et la peur du rejet ressenti par Toussaint.





J'ai beaucoup aimé ce roman traitant de cette période. On sent un travail de recherche historique de qualité. Je me suis totalement immergée dans le quotidien de Jeanne et de Sidonie sa voisine lingère. La sororité entre les deux femmes est puissante et touchante.





La psychologie des personnages est juste et profonde. On ressent la douleur du revenant, qui est certes vivant mais aussi un peu mort en dedans.





Le roman n'est pas gai mais il est loin d'être plombant. À l'image des fleurs d'hiver que travaille Jeanne en abondance, les moments d'avancée de Toussaint illuminent et colorent la vie de sa femme et de sa petite fille.



Un long chemin reste à faire, mais l'espoir est permis.
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Les Fleurs d'hiver

Un sujet universel (que deviennent, après la guerre, ceux que la guerre a blessés ou détruits ?) traité par le choix d'une intrigue ramassée (un couple, une enfant, une voisine). Dans une écriture économe et superbe.

Pour m'informer sur le travail qu'effectue Jeanne à domicile (la confection de fleurs artificielles), j'ai trouvé sur internet un document de l'INA : je vous le recommande.

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/vdd10045490/la-fleur-artificielle
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Grand paradis

Je ne sais plus comment j’ai eu connaissance de ce livre… une chose est sûre , c’est que je l’ai dévoré et qu’il m’a profondément touchée. J’ai tout aimé, sa forme, son style, ses personnages, la profonde humanité qui s’en dégage sans aucune « nounouillerie » ou facilite de style. La finesse de l’écriture et de la psychologie des personnages en fait un livre envoûtant, en tout cas pour moi. Pourtant, j’ai déjà lu des romans traitant de la condition des femmes dans les hôpitaux psychiatriques dont certaines m’ont semblé très faciles et je ne suis pas attirée par les romans de quête familiale. Je serais curieuse de voir les avis des futurs lecteurs car peut-être suis-je totalement à côté.
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Les ciels furieux

De l’autrice, j’avais lu « Maria » et ce fut un coup de cœur. Donc lorsque j’ai vu que ma médiathèque avait acheté « Les ciels furieux », au sujet duquel je venais d’apercevoir une excellente critique, je me suis précipitée.

La magie de la première rencontre ne s’est cependant pas reproduite. Même si j’ai, cette fois encore, admiré la plume de l’écrivaine et sa capacité à nous faire voir ce qui se passe soudain autour d’elle par les yeux d’une enfant, sans avoir, la plupart du temps, les moyens de le comprendre, force m’est de constater que je suis souvent restée à côté d’Henni, incapable d’être réellement elle. Et puis, pour tout vous dire, j’avais cette interrogation dérangeante à l’esprit, concernant le choix de son sujet par l’auteure, qui finalement me déstabilisait, peut-être seulement parce que le résultat ne « fonctionnait » pas sur moi comme il l’aurait dû, je ne sais pas…
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Les ciels furieux

«Marcher, c’est s’échapper»



Dans un roman servi par une langue poétique, Angélique Villeneuve raconte un pogrom perpétré dans un shetl d’Europe de l’Est à travers les yeux d’une fillette de huit ans devenue une juive errante. Un roman puissant, un conte poignant.



Dès les premières lignes, nous voilà pris dans la folie meurtrière: «Au moment précis où, enfin, Henni s’apprête à s’enfuir au-dehors dans la neige, c’est le plus grand, le plus maigre des hommes entrés dans la maison qui arrache le dernier bébé du sein de Pessia et le soulève au-dessus de lui. Le cri qui monte avec l’enfant emplit l’air de faisceaux, de fumées, de roches explosives.»

Henni a huit ans et vient d’échapper à un pogrom dans cette Europe de l’Est où, au début du XXe siècle, les juifs étaient chassés, pillés, massacrés.

Un drame qui entre en résonnance avec le 7 octobre dernier et qui prouve que l’antisémitisme reste plus d’un siècle plus tard solidement ancré auprès d’êtres abjects. La fillette vivait paisiblement dans ce village auprès de sa nombreuse famille, de sa grande sœur Zelda et venait de se voir confier un nourrisson, le petit Avrom, son «trésor».

Si elle a pu échapper aux fous furieux avec Zelda et son frère Lev, si elle comprend que marcher, c’est s’échapper, elle ne va pas tarder à se rendre compte combien le froid et la faim peuvent faire de ravages. Désormais, c’est seule avec son désespoir qu’elle devient juive errante et c’est avec ses yeux d’enfant qu’elle regarde ce monde qu’elle ne comprend pas.

Un monde qui se résume à ce qu’elle voit, ce qu’elle entend, ce qu’elle sent. Et c’est ce qui fait la force de ce roman. Ici, il n’est pas question de traiter de la grande Histoire, mais de trouver quelque chose à manger, un endroit où se protéger du froid, un motif d’espérance. À l’instinct.

L’écriture d’Angélique Villeneuve rend parfaitement ces perceptions, Trouvant même de la poésie dans ce drame, quand l’innocence permet de se construire un rempart à l’incompréhensible violence. Pour que la vie prenne le pas sur la mort, pour que l’humanité gagne contre la barbarie.

J’ai retrouvé dans ce roman l’univers d’Agota Kristof et sa trilogie des jumeaux. On y retrouve ce regard différent, cette candeur qui devient une force, ce magnifique chant de résilience, quand on s’appuie sur les beaux moments vécus pour se construire un avenir. C’est pour Henni une manière de cheminer avec les siens qui, même morts, l’aident à dépasser sa peine.




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Je suis ton manteau

Voici un joli texte pour aborder les peurs, le dépassement de soi et le fait de grandir, d'apprendre à sortir de la sécurité familiale.

On découvre Igor et ses peurs, surtout celle de franchir le pont près de la maison paternelle et de découvrir le vaste monde au delà. Mais encouragé par un manteau de plumes réalisé par son père (jolie métaphore au passage) il va prendre son envol.

C'est très bien écrit, facilement abordable pour les enfants tant dans le vocabulaire que dans les sensations retranscrites. Personnellement, le texte m'a beaucoup parlé en tant que parent sur la fait d'accompagner ses enfants à ne plus avoir besoin de nous tout en les réconfortant.

Pour les illustrations, j'ai retrouvé le travail de Julien Martinière (que j'avais découvert dans Le tracas de Blaise). J'aime beaucoup son travail sur la composition des illustrations, le détail des paysages et la précision du dessin. Cela donne une singularité qui va parfaitement avec le texte.

Un bel album que j'ai été heureuse de découvrir.
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Les ciels furieux

Henni est une petite fille de 8 ans, déjà écrasée par le poids des contraintes familiales de cette modeste famille juive: coudre, laver, s’occuper des bébés les plus jeunes … et puis un jour tout bascule.

La petite fille qui va vivre l’horreur vingt-quatre heures durant…

Et nous voilà dans la peau de Henni dont le quartier va être la proie d’un pogrom.

À travers son regard d’enfant, ce sont les horreurs de ces barbaries qui nous sont suggérées sans jamais être explicitement décrites.

Une écriture en clair obscur qui m’a beaucoup plu et m’a touchée.





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Le doudou des bois

Georgette se promène dans les bois. Ça sent bon la terre, la pluie, les champignons. Elle installe son doudou sur un lit de feuilles. Elle admire les belles couleurs de la forêt. Tout y est si beau!



Mais le soir, au moment du coucher, la petite fille prend conscience qu’il lui manque quelque chose: elle a oublié son doudou!



Alors, le lendemain, elle retourne sur les lieux mais... impossible de le retrouver!



Emmenée par une écriture douce et vivante, nous suivons Georgette, courageuse et volontaire, qui se met en quête de dénicher sans tarder un doudou bien à elle. Un précieux très doux, qui sentirait comme l’autre avec une petite touche en plus… Un doudou qui sentirait l’odeur du dodo et celle du dehors 🌿



Au fil des pages, l’auteurice emporte les petits lecteurs dans une exquise mélodie qui invite à rejoindre Georgette sur les sentiers de ce bois. Chaque recoin semble murmurer des secrets. On entendrait presque le bruissement des feuilles. Georgette y va de découverte en découverte. Toutes sont pourtant entachées de déceptions jusqu’à ce que… 🤫



La conclusion de l'histoire, surprenante et malicieuse, apporte une note d'espoir et de réconfort. C'est une belle leçon sur la façon dont on peut surmonter les pertes et trouver de nouvelles amitiés inattendues.



Les planches sont d’une beauté enchantée. Elles illustrent à merveille l’histoire en mettant en valeur des milliers de teintes. À chaque page tournée, elles exaltent la profondeur, le mystère et l'envoûtement de la nature, révélant ses éclats, ses fragrances, ses murmures,... Elles nous emmènent avec délicatesse dans une expérience multisensorielle au sein d'un univers tendre et poétique.
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Le grand effroyable

Albi le chat ADORE l’histoire du soir, il se délecte de trembler de peur à l’évocation des loups, des ogres affamés, des vieilles sorcières crochues. Il a l’impression de les connaître sur le bout des griffes et maintenant, il veut les voir EN VRAI!



#AngeliqueVilleneuve excelle dans l'art de captiver son lectorat et, en particulier, la plus jeune de mes filles dont la curiosité insatiable pour cette histoire a été attisée par les événements et rencontres qui se déploient au fil des pages.



Le pauvre matou ira de déception en déception car, voyez-vous, les méchants d’aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient.



Effrayer les enfants et passants ne semble plus faire partie de leurs priorités… Ils sont carrément… RAMOLLOS!



Les loups sont devenus végétariens, les fantômes boivent du lait de fraise tandis que les chauves-souris envoient des baisers.



Albi est désorienté et déçu… Quand soudain, il a une idée 🤫



J’ai été séduite par ce récit entraînant et par le petit penchant pour l'excitation et la peur de notre cher Albi. Les illustrations l’accompagnent joyeusement en lui apportant une dose d'énergie supplémentaire.



C’est une histoire amusante qui peut faire naitre des discussions intéressantes sur la notion de peur et d’apparence. Un album qui ici fait frissonner de plaisir 🐺
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Les ciels furieux

C'est le titre de ce roman qui m'a poussée à m'arrêter devant le stand d'Angélique et j'ai bien fait.



En premier lieu, l'autrice est adorable, très accessible. Nous avons papoté un moment de son livre et de notre groupe de lecture.



En second lieu, le roman a été une merveilleuse découverte. La petite Henni restera longtemps dans un coin de ma tête et de mon cœur.



Le roman se déroule sur une durée de 24 heures dans la vie d'Henni une petite fille juive de 8 ans, qui vit dans un village de l'est de l'Europe au début du XXe siècle, dans sa famille nombreuse. Un pogrom survient et une partie des enfants parvient à s'enfuir. Henni raconte alors en parallèle son enfance, sa vie et l'horreur et les violences.



L'écriture d'Angélique Villeneuve est remarquable de poésie et de sensibilité. Le roman raconte des faits violents mais l'autrice suggère plus qu'elle ne décrit et son style donne une puissance supplémentaire au texte.



Ma note : 8,5/10 ❤❤ un joli coup de coeur à découvrir.
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Les ciels furieux

Des hommes furieux ont brutalement déferlé dans la maison d’Henni, fracassant tout sur leur passage, les objets et les gens, les petits et les grands, le village et la vie, toute la vie d’Henni. Elle n’était pourtant pas bien grande, ni bien brillante, ni très encombrante sa vie de petite fille de 8 ans, elle ne devait pas pouvoir déranger grand-monde, frêle et hésitante, poussant vaille que vaille à la lumière chaleureuse de son étoile à elle, son astre de grande sœur, sa chère Zelda. Et voilà qu’à présent il n’y a plus qu’elles deux, le froid, la peur et les souvenirs. Et tout le courage du monde rassemblé dans le petit corps tremblant d’une gamine de huit ans.

La plume d’Angélique Villeneuve est si belle qu’on la suit sans hésiter sous ses Ciels furieux, bien loin de La belle lumière dont elle avait su nous réchauffer, emboîtant le pas à sa petite héroïne si attachante et émouvante. La plume d’Angélique Villeneuve, c’est de la poésie qui hurle, c’est l’horreur qui chuchote dans les mots d’une enfant, c’est ce froid que l’on touche du doigt et qu’on partage avec Henni, buée échappée de nos yeux tandis que l’on avance en lecture. C’est toute la gamme de la peur parcourue dans sa minuscule mémoire qui en est si pleine déjà, inquiétude, crainte, frayeur, terreur, et autant de remèdes pour tenter d’y faire face, de l’ironie au déni, de l’innocence aux croyances.

La plume d’Angélique Villeneuve, c’est cette minuscule part de douceur et de beauté qui tente de se glisser entre nos yeux et l’innommable pour nous inviter à ne pas les fermer, à n’avoir pas moins de courage d’une toute petite fille de 8 ans à qui l’on n’a pas donné le choix.


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Je suis ton manteau

Oh cet album ! Attirée par sa jolie couverture colorée, je suis tombée sous le charme du style un brin rétro des illustrations de Julien Martinière, des illustrations dont la palette automnale nous transporte dans une nature presque sauvage au coeur de laquelle le jeune Igor grandit auprès de son père, dans un chalet qui semble isolé du reste du monde. Ce dernier n'est atteignable que par un pont de bois que l'eau recouvre parfois, ne faisant qu'accroitre la peur de l'enfant, déjà craintif, de tout ce qu'il ne connait pas.



Mais le texte d'Angélique Villeneuve n'est pas en reste puisqu'il amène une réflexion sur le rôle des parents dans l'accompagnement de l'enfant, de la gestion des peurs et tout simplement dans le fait de grandir en lui offrant soutien et appui. Ici, le papa coud des ailes de plumes dans le manteau de l'enfant pour le rassurer et l'encourager à « voler de ses propres ailes ». le manteau devient alors la métaphore de l'acquisition de l'autonomie et le développement de la confiance en soi, porté par l'amour du parent et d'une rencontre importante.



Je suis ton manteau est un très bel album qui valorise la relation parent-enfant pour aider l'enfant à grandir.
Lien : https://wordpress.com/post/s..
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Les ciels furieux

Mais quelle écriture !

Ce roman nous plonge dans l’enfance de Henni, 8 ans, juive et vivant dans un pays de l’Est. Elle raconte sa famille dont chaque membre a une place sur un de ses doigts des mains. La mère est physiquement là mais absente de son rôle maternel. Elle met au monde des enfants et cela l’épuise. Alors ce sont les filles qui s’occupent chacune d’un ou deux bébés. Elle se méfie de son grand frère, Lev, qui lui fait peur. Son père est bon et gentil, pas du tout comme les autres pères craints par leurs enfants. Dès l’âge de 4 ans, Henni est initiée aux tâches ménagères. Sa grande sœur, Zelda, lui apprend tout et lui sert de mère de substitution. Henni s’occupe de « son bébé », Avrom, avec amour, et Zelda, de deux bébés, Iossif et Kolia. Les deux sœurs se relaient les nuits.

On ne connaît donc pas exactement le lieu où se déroule cette histoire ni l’époque. En tout cas, on s’y déplace à cheval et il n’y a pas d’électricité. On comprend qu’il existe une forme de racisme envers les Juifs et que c’est certainement la raison pour laquelle sa famille est attaquée ce soir-là. Tout cela est vu à hauteur d’enfant avec des mots d’une enfant de 8 ans. Henni nous plonge dans son imaginaire, ses peurs et sa poésie.

Un soir donc, des hommes débarquent dans leur maison et les menacent. Lev, Zelda et Henni s’enfuient, courent dans la neige et se réfugient dans une briqueterie. Le roman se concentre sur cette nuit de peur et de froid vécue par Henni qui se retrouvent séparée de sa sœur à moment donné. Elle doit décider de son chemin, réfléchir pour éviter les dangers et surtout elle essaye de comprendre ce qu’elle voit et cela est totalement incompréhensible pour une petite fille.

Ce texte est puissant et ne peut laisser indifférent. Il ressemble par moment à un conte. L’écriture est centrée sur les sens, sur ce que ressent Henni. J’avoue ne pas avoir tout compris et il y a un certain nombre de questions qui restent en suspens à la fin de ma lecture. En tout cas j’ai ressenti tout l’amour de Henni pour sa famille. Une petite fille attachante qu’on a envie de protéger. Tout au long du roman, on espère qu’elle retrouvera sa famille, sa maison, sa vie, même si rien ne pourra plus être comme avant et qu’on sait que l’innocence et l’enfance de Henni sont désormais derrière elle. Une prouesse littéraire très réussie et bouleversante qui résonne malheureusement avec l’actualité. Si vous aimez être bousculé par vos lectures, celle-ci est de cette trempe !
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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