AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anna Hope (953)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La salle de bal

Romanesque, virtuose, bouleversant.



Ce roman d'Anna Hope m'a emporté. Il souffle sur ce livre la force des grands écrivains. Un petit régal.



L'intrigue se déroule dans l'asile de Sharston, dans le Yorkshire, en 1911. A cette époque, des maladies telles qu'un burn-out, une dépression ou l'anorexie vous menaient tout droit à l'asile. Ainsi, trois personnages nous comptent chacun leur tour leur vie au sein de l'institution psychiatrique.



Ella. Nouvelle internée après avoir brisée une vitre dans l'usine où elle travaille.



John. Dont on comprendra petit à petit les raisons de son internement.



Charles. Médecin de l'institution, musicien passionné.



Et ce bal du vendredi soir qui les réunira ? Les détruira ? Je vous laisse en juger car vous devez lire ce livre, perle des sorties 2017.



Anna Hope nous emporte à la suite de ses personnages. Je n'ai pu lâcher ce livre si subtilement écrit. Il se dévore. Littéralement. Un grand souffle romanesque traverse cet ouvrage. On passe d'émotion à consternation, les sentiments y sont subtils, la description de l'époque effarante.



Je vais devoir bientôt lire le Chagrin des Vivants, le premier livre de Mme Hope, tant ce bal m'a fait tournoyer.


Lien : https://labibliothequedejuju..
Commenter  J’apprécie          17618
Nos espérances

Je m’étais régalé avec La salle de bal. Alors, lorsque j’ai pu lire Nos espérances, le dernier roman signé Anna Hope, j’ai un peu hésité de peur d’être déçu. Encouragé par la personne qui m’est la plus chère au monde, je me suis plongé dans cette histoire de trois femmes, une histoire très actuelle, contrairement à La salle de bal qui avait un intérêt historique évident.



Voilà trois amies très liées : Hannah, Cate et Lissa, qui ont partagé beaucoup de choses ensemble, se sont intimement liées puis, arrivant à l’âge adulte, doivent suivre des voies différentes tout en se retrouvant assez facilement puisqu’elles vivent à Londres ou tout près de cette capitale dans laquelle l’autrice adore promener son lecteur.

Anna Hope joue avec le temps, passant des événements à partir de 2010 aux retours en arrière, quelques années auparavant, pour expliquer comment Hannah, Cate et Lissa se sont liées d’une profonde amitié malgré quelques brouilles rapidement effacées.

Pour la période allant de 2010 à 2018, l’autrice jongle de l’une à l’autre, passant de Lissa à Hannah puis à Cate, revenant à Hannah… C’est vivant et cela m’a permis de mieux comprendre ces destins de femmes en proie à l’amour, à leurs soucis professionnels et au désir d’enfant. Justement, Cate en a un et c’est elle qui l’assume le plus difficilement alors qu’Hannah accumule les FIV sans succès pendant que Lissa tente de réussi une carrière d’actrice de théâtre.

Dans ce roman, j’ai noté une richesse infinie de sentiments, beaucoup d’humanité et toute la difficulté qu’éprouvent les femmes qui n’arrivent plus à tout assumer à cause de tous les soucis du quotidien.

Elles savent s’amuser, boivent beaucoup de vin, se fâchent aussi mais Anna Hope a suffisamment de talent, bien traduite par Élodie Leplat, pour ne pas oublier leurs parents, le rôle essentiel des mères et esquisser la génération suivante.

Une vie paraît longue lorsque la jeunesse est là mais le temps s’accélère bien vite et si Nos espérances ne sont pas toutes réalisées, pour dépasser maladresses et trahisons, aléas de toute vie, il faut revenir à l’essentiel : l’amitié et l’amour.




Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          15713
Le chagrin des vivants

Si je suis là, à vous parler bouquins, c'est parce que mes grands-pères en sont revenus du Chemin des Dames, de Verdun et même c'est original pour un Français, des Dardanelles.



Revenus cassés, mais revenus vivants et entiers de cette tentative de suicide géante de l'Europe entière qui a englouti une jeunesse et plongé le reste de la population dans la douleur du deuil. Ma famille fait partie de ceux qui ont été déplacés de Picardie pour faire la place aux canons des soldats de sa très gracieuse majesté. Enfance dans des paysages mités de cimetières militaires, avec l'interdiction formelle de jouer avec les munitions qui traînaient partout encore dans les champs. J'ai partagé le chagrin des vivants particulièrement collant et héréditaire décrit par Anna Hope dans son roman.



Très tôt, j'ai voulu comprendre cette malédiction pesant sur nombre de personnes de ma génération, et je suis allée m'imprégner de la craie de Champagne de la boue de Verdun dans des restes de tranchées, en entendant encore l'horrible petite chanson sur Craone que chantait l'un de mes grands Pères lorsqu'il avait un peu bu. L'alcool, on en donne vite l'habitude aux hommes pour les envoyer à la mort...



Il est rare qu'un texte rencontre ma vie à ce point, et c'est le cas pour ce roman sensible et bien documenté de cette jeune auteure qui équilibre son propos entre vérité historique de l'histoire de ce soldat inconnu britannique et ces personnages souffrants, pudiques dont la vie entière est marquée par la douleur du manque et du deuil, sur laquelle ils n'arrivent pas à poser de mots. C'est aussi l'horreur des combats sur place dans la boue avec les corps pulvérisés par les obus qui revient dans les cauchemars. C'est aussi la chronique de l'indicible, l'impossibilité de partager avec ses proches, le sentiment de culpabilité générale. La guerre tue, démembre, fracture, sépare, isole, déshumanise .



Un roman choral construit comme une dramaturgie en cinq jours. Les personnages confinent à l'universel. On a des veuves, des mères, des soeurs éplorées, des amputés, ceux qui sont devenus fous, ceux qui voient des fantômes, ceux qui ne dessoûlent plus, blessures visibles et invisibles, stress post traumatique dit-on maintenant. Un récit qui s'installe progressif ...le temps de voir surgir les traumatismes, par traces, et l'horreur de la guerre en évocations incomplètes et énigmatiques qui nous donnent envie d'en savoir plus. C'était une époque où la vie d'un homme sur le front, ou d'une ouvrière dans une usine de munitions ne valait pas grand chose.



Ils étaient partis la fleur au fusil pour une guerre courte et rapide. Ils sont morts par millions, et n'ont pas réussi la paix. le chagrin des vivants s'est par ailleurs communiqué à deux générations qui ont suivi .



Ce roman est étonnant de vérité , je suis ravie de pouvoir la rencontrer lundi chez Gallimard.



Je remercie sincèrement l'éditeur et Babelio pour ce cadeau qui m'a vraiment touchée.









Commenter  J’apprécie          15728
La salle de bal

C’est un roman grave, qui rappelle ce que fut l’univers de la psychiatrie expérimentale du début du vingtième siècle, alors qu’aucun garde-fou, sans mauvais jeu de mots, n’existait pour protéger les malades des expérimentations sauvages de médecins inconsidérément téméraires.



Le scénario prend place en Angleterre, mais l’ensemble de l’Europe a été embarquée dans cette mouvance, qui reposait sur les théories eugénistes , présentes en filigrane autant en politique qu’en médecine.



L’auteur illustre le thème en nous proposant un roman choral, qui met au devant de la scène successivement un médecin mélomane qui rêve d’une humanité « améliorée », et plusieurs pensionnaires d’un asile pour aliénés , qui avant que le docteur un peu fêlé ne s’en mêle, avait des allures d’établissement avant-gardiste : autarcie de production des vivres et maintenance collaborative des locaux et de la buanderie, souci du bien être des pensionnaires à qui sont proposées des soirées dansantes au son d’un orchestre qui rassemble les musiciens de la communauté.

Certes les hypothèses psycho-pathologiques paraissent bien surannées, et la violence n’était pas uniquement le fait des patients incontrôlables, mais un certain degré d’empathie , même si le terme était trop récent pour faire partie du vocabulaire courant, transparaissait à travers la volonté de procurer du bien-être aux patients



On mesure aussi le chemin parcouru concernant les modalités d’enfermement, alors qu’une simple demande de la famille suffisait à condamner n’importe qui à un isolement souvent contre-productif sur le plan de la santé mentale.



On s’attache rapidement à ces personnages victimes de circonstances malheureuses. Leur lutte contre l’absurdité du système suscite des sentiments de révolte et on craint pour eux les conséquences code leur indocilité.



cette lecture fait écho à l’ouvrage de Boris Cyrulnik sur l’histoire de la psychiatrie, qui décrivait le cheminement des procédés, dont l’inventivité n’avait d’égal que la cruauté.



L’élégance de l’écriture, gravée et nourrie de compassion contribue à l’impression générale d’un roman réfléchi et digne.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          1460
La salle de bal

Une lecture comme je les aime, riche, puissante, émotionnellement chargée, avec un vrai souffle romanesque qui court de page en page.

La salle de bal, c'est celle de l'asile Sharston, une transposition littéraire de celui de Menston dans le Yorkshire qui a définitivement fermée en 2003. C'est là que l'arrière arrière grand-père de l'auteure a été interné, de 1909 à 1818, un homme déprimé qui « a du travailler très dur et s'est fait beaucoup de souci pour son travail. » Autant dire que c'est d'un sujet sensible que s'est emparé Anna Hope, un sujet qui résonne fort en elle.



1911. La salle de bal, c'est comme une parenthèse incongrue dans la vie des patients de l'asile. Une fois par semaine, pour ceux qui ont été « sages », la possibilité de s'évader dans la danse et la rencontre avec l'autre sexe. C'est là qu'Ella, internée pour avoir cassé une vitre dans sa filature, rencontre John, brisé par un malheur familial. Mais c'est aussi là que le docteur Fuller les observe et cherche à expérimenter ces théories scientifiques.



Ces trois personnages sont magnifiquement incarnés. Pas seulement le couple d'amoureux qu'on aime forcément d'emblée, mais aussi le docteur, mal aimable lui mais si complexe. C'est lui qui permet de faire entrer le roman dans une histoire peu connue et perturbante de l'histoire britannique : la notoriété de l'eugénisme qui s'étend, au début du XXème siècle, bien au-delà de la sphère scientifique pour toucher l'intelligentsia politique. Ou comment le ministre de l'intérieur Winston Chruchill s'est enthousiasmé un temps pour l'idée de stériliser les « inaptes » au système dans le but d'améliorer la « race » ( la loi de 1913 sur la déficience mentale a jusqu'au dernier moment inclus une clause sur la stérilisation forcée ).



La Salle de bal est une oeuvre âpre sur la folie, qu'elle soit visible, attribuée ou cachée. Dans cet asile de Sharston, on peut se retrouver enfermé à vie parce qu'on est fou, mais aussi indigent, déprimé ou juste rebelle à la société. le destin d'Ella et de John est bouleversant, leur histoire d'amour contrariée somptueuse. Tout est subtil et intense dans ce roman, des premières lignes jusqu'à l'épilogue qui m'a profondément émue aux larmes.
Commenter  J’apprécie          14121
Nos espérances

J'avais beaucoup apprécié la salle de bal de Anna Hope et j'ai également été ravie par la lecture de Nos espérances bien qu'il traite d'un tout autre sujet. Encore qu'il y ait quelque similitude puisque dans les deux livres, l'autrice s'attache à suivre des personnages féminins.

Ici, ce sont trois jeunes femmes, Hannah, Cate et Lissa nées dans les années 1970 que l'on découvre au début des années 2000. Elles vivent en colocation dans une maison de ville victorienne à trois étages, en bordure du plus beau parc de Londres, le London Fields Park, dont elles se sentent propriétaires, "parce qu'elles le sont : il appartient à tout le monde." Aucune d'elles n'a d'enfant. "Il leur reste du temps pour devenir celles qu'elles seront", pensent-elles. D'ailleurs, elles ne doutent pas qu'elles réussiront que ce soit dans leur vie sentimentale ou professionnelle.

Anna Hope va suivre nos trois héroïnes de 1987 à 2018, avec des allers et retours dans le temps avec de courts chapitres portant leur nom. Nous suivrons leur rencontre et le destin contrasté de ces trois amies que la vie va séparer et en même temps l'évolution de la Grande-Bretagne durant toutes ces années.

Sentiments complexes et désillusions jalonnent leur vie, où carrières décevantes, amours difficiles, mariages chancelants, infidélités, maternité mal vécue, stérilité sont de la partie, avec en toile de fond les luttes des femmes pour leur émancipation.

Ce roman générationnel, intimiste, explore la condition féminine à travers ces trois destins de femmes sur plus de deux décennies. L'écrivaine britannique saisit avec délicatesse et justesse les instants fragiles, les élans brisés, l'inconfort des déchirements intérieurs, la colère alternant avec la douceur. Elle aborde également les difficultés que peut réserver la relation mère-fille et l'importance de la transmission des générations. Même le changement climatique est évoqué.

Un roman tout en sensibilité, psychologique, assez mélancolique dans lequel l'amitié pourtant très forte qui lie nos héroïnes, ne les empêche pas de se détester parfois, de se jalouser souvent, de se tromper et de se trahir.

Une fin apaisée cependant où chacune d'elles se réconcilie avec ses rêves et trouve l'épanouissement.

Un coup de coeur pour moi avec Nos espérances, roman doux-amer, lumineux, dynamique et profond. La poésie et une grande sensibilité sont présentes tout au long du roman et notamment lors de l'accompagnement de Sarah la mère de Lissa, dans les derniers jours de sa vie, et ce passage bouleversant de simplicité et d'amour, d'une beauté inouïe, relatant sa toilette mortuaire. Mais une autre vie s'annonce...

Commenter  J’apprécie          1259
Le chagrin des vivants

Je n'ai jamais particulièrement aimé les romans ayant liens avec les deux guerres mondiales… a de rares exceptions près. Et celui-ci en fait partie.



J'aime beaucoup le parti pris de l'auteure de traiter les affres de l'après guerre grâce au soldat inconnu. Au déplacement de ce corps dans un lieu ou on pourra régulièrement rendre hommage a nos soldats.



Mais ce roman, remet en place pas mal de choses, si les poilus avaient le mérite d'être au front , d'autres personnes faisaient également le job et souffraient aussi d'un travail difficile, ou d l'absence tout simplement d'un enfant, d'un mari ou encore d'un père.

Entre l'espoir et le désespoir il n'y a qu'un fil, et l'auteure le tricote pour faire se croiser les destins de ses personnages et créer une trame intéressante et surprenante.

Une histoire prenante, un véritable hommage a tous les survivants de cette première guerre mondiale ( mère, épouse, soldats, ouvriers,...) .



J'ai dévoré ce roman. L'auteure a une écriture addictive , qui nous emporte loin dans son monde.

Un roman que je conseille volontiers
Commenter  J’apprécie          12115
Le Rocher blanc

En lisant Le Rocher blanc, je me suis laissé emporter par l’écriture d’Anna Hope, bien traduite par Élodie Leplat. Comme j’avais bien apprécié La salle de bal et Nos espérances, je voulais poursuivre l’aventure avec cette autrice et je n’ai pas été déçu.

Autre source de motivation, notre rencontre, avec cette écrivaine britannique aux Correspondances de Manosque 2022. J’avais été intrigué par la présentation de son nouveau roman bâti sur un défi familial ramenant Anna Hope et son mari, bien loin, là-bas, sur la côte pacifique du Mexique malgré un voyage difficile à bord d’un minibus.

Ce fameux rocher blanc existe et fait partie de la culture d’un peuple indien, les Wixárikas qui pensent que c’est là que notre monde a émergé des eaux. Comme les Yeome, ce peuple a été décimé, réduit en esclavage par les colonisateurs ainsi que cela s’est produit sur la majeure partie du continent américain.

Au cours de ma lecture, j’ai apprécié qu’Anna Hope remette en évidence quelques mots d’usage courant, mots encore utilisés par ces peuples, me faisant aussi partager leurs souffrances, les atroces persécutions infligées par le pouvoir mexicain au début du XXe siècle.

Cette partie, de loin la plus poignante, arrache des larmes au plus endurci. Elle se déroule en 1907 et s’intitule « La fille ». Si je commence par son évocation, c’est parce que les deux parties qui y sont consacrées me semblent les plus importantes à cause de ce génocide relégué dans les oubliettes de l’Histoire.

Cette fille et sa grande sœur, Maria-Luisa, ont été arrachées à leur village parce qu’elles ont voulu aider les rebelles. Sans ménagement, elles ont été déportées, entassées sur le pont d’un bateau qui les a débarquées près de ce fameux rocher blanc, à San Blas, côte nord du Nayaritan, au Mexique. Anna Hope fait bien ressentir la solidarité entre ces enfants, ces femmes et ces hommes dont la disparition est programmée, le moins pire étant l’esclavage… Le Rocher blanc est d’abord, il faut le dire, une histoire familiale, celle d’un couple qui ne parvient pas à avoir d’enfant. Par chance, un voyage au Mexique, justement près de ce rocher blanc, la rencontre avec un chaman a, peut-être, permis à « L’écrivaine » d’être enceinte. Aussi, leur fille a trois ans quand, avec son mari, ils vont, ensemble, honorer ce rocher blanc, même si le couple va se séparer...

Avec ça, Anna Hope me plonge, en 1969, dans la vie d’un chanteur mondialement connu, Jim Morrison, comme son groupe, les Doors, sans les nommer. Pour fuir toutes les contraintes de la célébrité, cet homme qui boit et se drogue au maximum, tente de retrouver la paix près du rocher blanc. Pour moi, c’est le volet le moins intéressant.

Le quatrième élément de cette œuvre littéraire remonte un peu plus le temps pour revenir en 1775 avec « Le lieutenant ». J’ai bien aimé cette partie qui permet de côtoyer ces hommes formés pour naviguer mais dont la principale tâche est de dresser la cartographie du monde, en suivant les côtes. S’ils sont financés par leur pays d’origine, l’Espagne, c’est surtout pour s’approprier de nouvelles terres et donc imposer ce qu’ils pensent être la civilisation avec les conséquences désastreuses qui en découlent.

Anna Hope conte magistralement leur formation, leurs échecs, leurs espoirs, leurs luttes fratricides qui trouvent leur apogée, justement, dans la baie d’où émerge le rocher blanc. Comme elle a choisi de le faire pour « La fille » et « Le chanteur » ou même « L’écrivaine », son principal personnage n’a pas de nom, désigné simplement par son grade dans la marine.

Le Rocher blanc est un roman instructif, émouvant, vite addictif qui m’a emmené dans un lieu mythique, chargé d’histoire où la magie côtoie le drame et les espoirs fous. Tout cela est conté avec beaucoup de pudeur car la crise du couple, celle du coronavirus et ces civilisations menacées de disparition ne peuvent que tenter de se raccrocher à cet élément solide impressionnant émergeant de l’eau : Le Rocher blanc.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1208
La salle de bal

« La salle de bal » révèle des vérités honteuses et effrayantes ; ce genre de vérités que l'on repousse vite du pied pour les cacher dans un coin d'ombre. Dans ce livre, Hanna Hope les a exhumées de la poussière et de l'oubli.

Une bien vilaine flétrissure que porte l'Europe du XIXème siècle finissant ! On y enfermait pour un rien, ou tout simplement pour s'en débarrasser, des femmes dans des asiles d'aliénés. Au nom de la lutte contre une prétendue « détérioration nationale », on théorisait, voire on légiférait, sur la manière de restreindre la fécondité des classes populaires ou des « anormaux ». J'en reste sans voix.



Considérée par ses juges comme asociale et folle pour un simple mouvement d'humeur, Ella est l'une de ces femmes qui se retrouve enfermée dans un asile d'aliénés. Broyée par un système aveugle et impitoyable, son impuissance, son sentiment d'horreur et d'injustice quand elle comprend ce qui lui arrive vous froisse le coeur.



Nous la voyons mener dans l'asile une vie de labeur et d'humiliation. Ballotée entre ses rêves de fuite et son épouvante de ne jamais pouvoir sortir ce cet enfer, Ella est un personnage absolument bouleversant.



L'intrigue est haletante, et ne laisse aucun temps mort. Elle tourne autour de cinq personnages aux personnalités fortes et complexes, et du bal du vendredi, unique moment de bonheur offert aux pensionnaires méritants.

Que de violence, de désespoir, de peurs, de vilénie dans cette histoire ! Mais aussi que d'amour, de passion avec ces mains grandes ouvertes, ces bras tendus, et ces rêves de ciel bleu…

John, l'homme de l'ombre ! La métamorphose d'Ella ! Les arbres, et les champs, et le ciel uniques témoins d'un grand amour ! le docteur Fuller, homme de pouvoir aux multiples facettes qui fait tant grincer des dents ! La cruauté des gardes et le dédain des médecins ! Clem, la princesse déchue ! Tous ces corps, toutes ces âmes qui se cherchent au bal du vendredi ! Et Dan aux milles vies !

Je ne suis pas prêt de les oublier !



Le livre n'est pas exempt de défauts. La fin m'a notamment paru trop facile. Mais peu importe ! La lecture fut émouvante, ponctuée d'espoirs, de rebondissements, et d'inquiétudes.



Ce fut une lecture commune avec mes amies Cricri124 et Siabelle. Ensemble, nous sommes passés par tous les états. Incompréhension, révolte, compassion, et admiration pour ces excommuniés, ces déchus qui ont su garder la tête haute. Je vous invite à lire leurs billets.



Commenter  J’apprécie          1198
Le chagrin des vivants

D'un doigt impossible de rédiger une critique , je dirai que j'ai lu d'une traite ce roman que j'ai trouvé excellent de par sa singularité stylistique, son intrigue bien ficelée, son sujet grave sur les vivants d'après guerre en 1920 en Angleterre, et de par l'émotion qu'il m' a provoquée.

Cérémonie du Soldat inconnu .



Merci Rabanne d'avoir su me donner envie de lire cette auteure, même si c'était d'autres titres ( que je lirai).
Commenter  J’apprécie          11617
Le Rocher blanc

°°° Rentrée littéraire 2022 # 40°°°



« Il y a un rocher blanc là-bas, dans l'océan, où les indiens disent que le monde est né. » Ce rocher blanc existe, côte Nord de l'Etat de Nayarit au Mexique, il émerge de l'océan pacifique au large de San Blas. C'est un lieu sacré, rattaché à la cosmogonie du peuple autochtone des Wixárikas qui venère toute cette zone sous le nom de « Tatéi Haramara » ( « Notre mère océan » ). Personne n'y viendrait par hasard, imagine Anna Hope.



Son roman symphonique se compose en quatre tableaux, quatre récits de vie qui se répondent à travers les siècles autour ce rocher blanc. Anna Hope les orchestre très audacieusement : quatre premières parties dans un ordre chronologique décroissant ( 2020, 1969, 1907, 1775 ) puis le chapitre central sur le rocher blanc, avant de repartir du passé vers le présent ( 1775, 1907, 1969, 2020 ). Cette construction atypique est risquée car elle coupe et découd le flux du récit. Elle peut fortement dérouter en faisant croire à des nouvelles, mais c'est elle qui offre de l'ampleur au récit justement, apportant de la hauteur au lecteur, un temps de recul qui accentue l'aspect contemplatif et méditatif du roman.



2020, ce sont les chapitres de l'écrivaine en laquelle on ne peut s'empêcher de voir un double de l'autrice : dans son bus brinquebalant pour touristes occidentaux accompagnés d'un chaman wixárika, elle semble être là en quête de sens à un moment de sa vie difficile, au bord du divorce, à moins que cela soit un pèlerinage mystique, ou encore pour trouver l'inspiration.



Les deux chapitres 1969 mettent en scène le chanteur, jamais nommé même si on reconnait aisément un Jim Morrison en perdition, venu à l'hôtel Playa hermosa ( là qu'il a écrit LA Woman pour les fans ) pour se ressourcer et fuir le monde.



Les chapitres 1907 sont ceux qui m'ont le plus touchée, sur les pas d'une fillette yoeme arrachée à sa terre qui s'accroche à sa soeur, à son enfance, à sa culture pour tenter de survivre. En cette année, sous Portfirio Diaz, les Yoemen, peuple amérindien originellement établi dans l'Etat de Sonora au Mexique, ont subi une terrible déportation : vendus comme esclaves dans des plantations du Yucatan afin de laisser place libre aux immigrants américains sans entraver le « progrès ».



En enfin, en 1775, nous voguons aux côtés d'un lieutenant espagnol ( inspiré de Juan de Ayola ), premier européen à découvrir la baie de San Francisco et à la cartographier, qui va faire l'expérience de la folie et de la désillusion avec son capitaine.



De prime abord, il est difficile d'appréhender aisément où veut en venir Anna Hope avec ces différents personnages et ces différentes temporalités ainsi structurées. Difficile également d'interpréter en quoi le rocher blanc peut constituer un véritable point de rencontre.



Dans ce voyage à travers le temps et l’histoire, le rocher résonne avec le tragique des destinées humaines, une force immuable face à la folie des hommes, témoin silencieux de leur volonté de déprédation et de la vanité de leur existence. Ce n’est ainsi pas anodin que les deux histoires les plus anciennes ( 1775 et 1907 ) mettent en lumière la brutalité de la conquête coloniale et du capitalisme en Amérique latine, alors que les deux dernières ( 1969 et 2020 ) présentent ironiquement des représentants de l’Occident en quête de spiritualité auprès de peuples que leurs ancêtres ont tenté d’anéantir, qui plus est dans un contexte sombre d’épidémie et de réchauffement climatique.



L’oeil aiguisé d’Anna Hope et l’élégance de son écriture font merveille dans ce roman atypique, sans doute le plus intime et le plus personnel d’une autrice anglaise qui ose sortir du confort d’un romanesque classique.

Commenter  J’apprécie          1136
Nos espérances

Après La Salle de Bal, roman qui se déroulait au début du vingtième siècle, Anna Hope prend le parti d’inscrire son récit de nos jours, à travers les confidences de trois trentenaires. Si semblables et si différentes. Avec en filigrane le féminisme et ses chausse-trapes. L’une est en mal d’enfant, la deuxième est encombrée par une maternité qui la blesse dans son incapacité à faire face, et la troisième situe ses ambitions ailleurs dans un monde artistique sans pitié.

Les trois amies traversent une décennie de fêtes, de brouilles, de confidences, unies par un lien qui résiste au pire, y compris la trahison,



« Elle sait qu’elles ont vécu des maladies, des enfants, pas d’enfants, qu’elles forment une tribu, ces femmes, avec leurs corps cabossés et leurs cicatrices »



Le récit n’est pas linéaire et ce procédé parfois lourd est ici suffisamment malin pour aiguiser la curiosité et prendre du plaisir à revenir en arrière pour mettre en lumière la complexité du présent.



On s’y attache rapidement, à ces trois femmes qui exposent leurs forces et leurs fragilités, qu’elles partagent malgré leurs différences, que l’auteur analyse dans le contexte familial de chacune et les contraintes d’un vingt-et-unième siècle que l’on imagine peu apte à résoudre cette équation à multiples facteurs : féminisme et maternité.





Très beau récit, écrit avec sensibilité et adresse, très différent du précédent, mais tout aussi questionnant.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          1080
Le chagrin des vivants

SURVIVRE

Merci à BABELIO pour cette masse critique spéciale, aux éditions GALLIMARD, et à la rencontre organisée avec l’auteure.

J’ai été ravie de pouvoir écouter l’auteure « raconter » son roman ce qui m’a permis d’appréhender les trois personnages féminins de façon plus réelle même si la guerre, comme tout un chacun ne l’ignore pas, laisse des cicatrices, séquelles et bien plus encore chez les soldats, leurs familles et sur tout un peuple et ce bien au-delà des frontières.

L’histoire de ces femmes « cabossées » par les suites de la première guerre mondiale est traitée ou plutôt décrite de façon sensible sur les 5 jours avant la cérémonie du soldat inconnu qui a eu lieu le 11 novembre 1920.

A lire absolument : rarement le point de vue des femmes est mis en exergue de façon aussi directe, et sensible.

Commenter  J’apprécie          1042
La salle de bal

Angleterre 1911, dans l'asile de Sharston. Le lieu réservé aux aliénés et indigents, aux décors bizarrement soignés, est immense. Ici plus de deux mille hommes et femmes sont internés et séparés, à l'exception du vendredi où quelques-uns sont autorisés à danser en couple dans la salle de bal de l'établissement.



Ce jour-là, l'orchestre est conduit par Charles, un médecin violoniste qui croit aux bienfaits de la musique sur les malades. Mais si au début l'homme espère en la possibilité de guérison de certains, après des balancements personnels il n'exclut plus l'idée de la stérilisation pour purifier la société. Une personnalité ambiguë donc — dont plusieurs patients vont faire les frais — néanmoins en phase avec les théories eugénistes de son époque.



Parce qu'ils sont malades mentaux ou pauvres, des humains sont enfermés — avec une possibilité de recouvrer leur liberté infime — dans un milieu hostile (un euphémisme) où contre toute attente, un homme et une femme vont avoir le courage de s'aimer. Inspirée par l'histoire d'un de ses grands aïeuls qui vécut dans un asile semblable, Anna Hope avec beaucoup d'humanité décrit une société d'exclus et signe, après Le chagrin des vivants, inoubliable, un roman éclairant et émouvant.
Commenter  J’apprécie          1030
La salle de bal

Un roman qui rappelle qu'on enfermait vite les gens en HP il n'y a pas si longtemps encore.. et pour des raisons pas toujours très claires ou probantes sur un état d'aliénation .



Ce roman c'est aussi une façon d'amener a réfléchir et a penser sur les anciennes pratiques des soignants . Mais surtout sur leur envie et leur besoin de reconnaissance par leurs pairs.



J'ai beaucoup apprécié ce roman. La plume de l'auteure est douce , poétique par moment. Elle pique doucement avec des idées précises,instillées avec une certaines douceur. Si cela ne m'a pas déplu, je préfère quand même parfois quand c'est plus virulent, plus cynique, mais je comprends cette façon de faire toute en douceur. Qui en réfléchissant bien , aura a terme, sans doute plus de poids.



j'ai apprécié également l'approche qu'a donné l'auteure a son roman, avec des personnages très charismatiques, et puis aussi on se demande qui est réellement le fou dans cette histoire. sans oublier un final très marquant et toujours dans l'idée initiale pleine de douceur et de poésie.





Une auteure a suivre du coin de l'œil sans hésitation.
Commenter  J’apprécie          1007
Le chagrin des vivants

Pendant ces cinq journées de novembre 1920 se prépare à Londres la commémoration de l'armistice, le 11, pendant laquelle va être enterré le soldat inconnu à Westminster Abbey. Les restes d'un soldat retrouvés parmi ces tombes qui fleurissent dans les campagnes françaises et qui vont peu à peu rejoindre des cimetières plus adaptés. Les restes d'un corps anonyme, choisis parmi tant d'autres que leurs familles n'ont pu revoir une dernière fois. Et qui reconnaîtront un mari, un frère, un père, un cousin, un oncle au passage de ce guerrier sans visage...



Des femmes, des millions de femmes aux destins brisés, des enfants devenus orphelins avant de savoir parler, et des hommes revenus... estropiés, gazés, traumatisés, inutiles, encombrants parfois, obligés de quémander une pension, une attention, une danse...tous viendront en foule se recueillir.



Trois femmes, unies par d'invisibles liens, vont hésiter pendant ces cinq jours où les souvenirs se font plus pressants.

Evelyne, la trentaine, travaille au bureau des pensions. Elle a perdu son fiancé, elle a des doutes sur son frère, Edouard, ancien capitaine, elle est amère, aigrie. Sa vie s'est arrêtée à la mort de Frazer, son unique amour, son avenir anéanti.

Ada, la cinquantaine, mariée à Jack qu'elle ne regarde plus, obsédée par le souvenir de son fils, Michael. Parti trop tôt, à 18 ans, elle aurait voulu le retenir, mais non, il est mort là-bas, sur un champs de bataille français, loin de ses parents. Elle n'a reçu qu'un mot, une lettre, pour lui annoncer que son garçon était mort mais que son corps n'avait pas été retrouvé...Et alors son fantôme la hante surtout depuis le passage d'un homme qui semble l'avoir connu.

Et Hettie, qui a 19 ans et qui fait danser les soldats pour quelques pence. Son frère, Fred, est muré dans le silence, incapable de reprendre le cours d'une vie normale. Son père est mort. Alors elle danse au Hammersmith Palais au désespoir de sa mère qui a besoin de sa paye.



Et même si la guerre est finie dans ce Londres meurtri, les traces des bombardements sont encore présentes dans les gravas des immeubles effondrés, dans l'angoisse des habitants, le chagrin est là dans le cœur des survivants. Anna Hope parvient à nous faire revivre cette époque avec beaucoup d'intensité, à nous faire ressentir toute la pesanteur des suites du désastre, la résistance des hommes face à ceux qui voudraient oublier...Et si beaucoup réapprendront à vivre, d'autres resteront à jamais marqués dans leur chair par cette grande boucherie mondiale.



Un très beau premier roman écrit par une jeune romancière au talent prometteur. Un bel hommage à tous les oubliés de l'histoire et aux femmes qui travaillent dans l'ombre à réparer les destins.

Un grand merci aux éditions Gallimard et à Babelio pour la découverte de ce texte et l'invitation à la rencontre avec l'auteure.

Commenter  J’apprécie          916
La salle de bal

Difficile de résister au tourbillon romantico-dramatique qui anime ce roman prenant, solidement documenté, et tout simplement orchestré avec brio par Anna Hope - salle de bal oblige.



Pourtant, le quotidien des faibles d'esprit et des « pauvres chroniques » n'a rien d'enviable au sein de l'asile de Sharston dans le Yorkshire en 1911. On peut s'y retrouver assez facilement interné, qu'on soit aliéné bien sûr, mais aussi indigent, violent, déprimé ou tout simplement une gêne pour sa famille. En revanche, « Il y a trois façons de sortir d'ici. Tu peux mourir...Tu peux t'enfuir...Ou tu peux les convaincre que tu es suffisamment saine d'esprit pour partir. » Et ça, c'est nettement plus compliqué.

D'autant que l'encadrement médical est laissé à l'appréciation toute personnelle du docteur Charles Fuller, ambitieux frustré, qui compte expérimenter ses théories eugénistes sur quelques cas bien choisis. À cette époque, et c'est un des aspects historiques intéressants que ce roman met en lumière, le contrôle des faibles d'esprit est d'actualité, et Churchill alors ministre de l'intérieur a même, un temps, été séduit par le projet de stérilisation de nombreux Britanniques comme le souligne Anna Hope dans une note en fin d'ouvrage.



Mais entrez donc dans la danse, voyez comme on danse…pendant le bal donné le vendredi soir dans une magnifique salle de bal aux dimensions imposantes, véritable lieu de liberté et de rencontre pour les internés. On y croise Ella, jeune ouvrière fileuse nouvellement arrivée, John, taciturne irlandais, Clem, placée ici par sa famille pour la mater, pour ne citer que les principaux protagonistes supposés dérangés de ce roman captivant et très instructif.



Amour, haine, ambition, folie donnent le tempo de ce roman-témoignage que j'ai quand même dévoré en deux jours. Une folie je vous dis…

Commenter  J’apprécie          9020
Le chagrin des vivants

Londres, en ce début novembre 1920, se prépare à accueillir le Soldat inconnu. Un corps, parmi tant d'autres, exhumé des terres françaises, qui permettra au peuple anglais de se recueillir, à défaut pour nombre de familles de pouvoir récupérer l'un des leurs. Un mari, un frère, un fils ou un fiancé...

Sur la piste du Hammersmith Palais, Hettie, à peine 19 ans, fait virevolter, pour six pences la danse, d'anciens soldats. Un travail que sa mère, avec qui elle vit, réprouve. Cela ne l'empêche pas de lui réclamer la moitié de sa paye pour aider au fonctionnement de la maison d'autant que son frère, revenu du front, reste toute la journée à ne rien pouvoir faire alors que des cauchemars peuplent ses nuits...

Evelyn, elle, peine à se remettre de la mort de son fiancé, Frazer. Son entourage la dit amère alors qu'elle voit simplement gris et terne l'avenir sans lui. Après avoir fabriqué des munitions, elle travaille aujourd'hui au bureau des pensions de l'armée. Sa manière à elle d'aider ceux qui sont revenus. Mais elle s'inquiète aussi du comportement de son frère, Edward, un ancien capitaine qui mène une vie de débauche...

Quant à Ada, elle s'imagine encore aujourd'hui que son fils, Michael, va revenir. Pas de corps sur lequel se recueillir mais une simple lettre lui notifiant que son fils a trouvé la mort sur le champ de bataille, en France. Beaucoup de questions se bousculent en elle...



Durant ces cinq jours de novembre 1920, l'on suit le quotidien de trois femmes, toutes touchées par la guerre, en toile de fond l'arrivée du Soldat inconnu rapatrié depuis la France. Si certains de ces hommes n'en sont pas revenus, laissant des veuves ou des mères éplorées, des enfants orphelins, d'autres sont bien rentrés au pays. Handicapés ou mutilés parfois, isolés pour certains mais tous meurtris dans leurs cœurs et dans leur tête, ces images de guerre qui les hantent toujours. D'une écriture très immersive, presque visuelle, Anna Hope nous plonge dans l'après à travers le portrait des ces trois femmes, Hettie, Evelyn et Ada. Trois femmes qui peinent à envisager un avenir, le souvenir de la guerre étant encore bien trop présent. Ces portraits, si parfaitement décrits, sont d'une force incroyable et d'une beauté rare. Les personnages secondaires, principalement des hommes, ne sont pas en reste. D'une infinie sensibilité et d'une plume subtile, l'auteure nous offre un très beau roman, profond et juste.
Commenter  J’apprécie          869
La salle de bal

Une histoire touchante.

Celle-ci se déroule au début du 20ème s. en Angleterre.

En lisant ce livre, on se demande comment cela est possible. Comment est-il possible que des personnes qui semblent à nos yeux saines d'esprits, juste plus pauvres, ou juste avec des réactions un peu vives, se retrouvent enfermées dans un asile ? Pour combien de personnes cela a-t-il été le cas ?

Ce livre m'a "choqué" sur le sujet de l'eugénisme. Je ne connaissais pas ce mouvement du début du 20ème siècle en Angleterre. Cela explique peut être l'évolution et la façon de penser qui a été suivi en Allemagne quelques années après.



Anna Hope, et sa façon d'écrire, de retranscrire des évènements réels à travers une histoire fictive me fait énormément penser à Valentine Goby. Pour ces 2 auteurs, les histoires se lisent avec nos tripes, on ressent les émotions au plus profond de nous...
Commenter  J’apprécie          822
La salle de bal

Ella ne reconnaît pas les lieux qui l'entourent. Une salle voûtée, des plantes partout, des carreaux par terre. Et des têtes inconnues. Ce n'est que le lendemain, après une nuit sans sommeil parmi des centaines de femmes, qu'elle apprend qu'elle est à l'asile de Sharston . Tout ça parce qu'elle a cassé une fenêtre à la filature ? Il doit sûrement s'agir d'une erreur... Et pourtant, c'est bien dans les enceintes de cet établissement qu'Ella, après avoir tenté, en vain, de s'enfuir, va devoir rester...

Le travail de John et de son ami, Dan, consiste à creuser des tombes à longueur de journée, quelque soit le temps. Un travail routinier et fatigant. Seule distraction de la semaine, le bal du vendredi pour ceux qui auront été sages et tranquilles, désignés par le docteur Füller. Si la plupart des hommes s'y rendent, John n'y prête guère attention...



Ce roman choral donne voix à trois personnages : Ella, internée de force qui trouvera une alliée en la personne de Clem ; John, une jeune homme irlandais frappé par une terrible tragédie et enfin Charles Füller, médecin (raté) et musicien (frustré) ambitieux qui nourrit un bien sombre projet quant au devenir des résidents de Sharston. Ce dernier veut, en effet, marquer son nom dans le domaine de l'eugénisme. Sur fond de mouvements sociaux qui déchirent l'Angleterre, Anna Hope dépeint, avec force et poésie, le sort réservé à ceux que l'on jugeait malades ou fous : leur quotidien partagé entre leurs besognes (qui permettait l'auto-suffisance à l'asile) et le bal de vendredi qui leur permettait de s'évader un tant soit peu. Entre roman historique, histoire d'amour, théories scientifiques, drames humains, ce roman, porté par une plume délicate, rend grâce et humanité à ces âmes sensibles mais aussi hommage à son arrière-arrière grand-père, interné à l'asile de Menston.

Un roman émouvant et intense...

Commenter  J’apprécie          7915




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anna Hope Voir plus

Quiz Voir plus

Vrais couples de légende, à Hollywood et ailleurs !

D'abord hommage à mon avatar ! entre l'abonné aux rôles de dur et "the look", 12 ans d'amour, un mariage dans la propriété de Louis Bromfield, 2 enfants et un cancer pour lui qui l'a conduit au ... grand sommeil !

Marlène Dietrich/Jean Gabin
Ava Gardner/Frank Sinatra
Humphrey Bogart/Lauren Bacall
Ingrid Bergman/Roberto Rossellini

10 questions
29 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , cinéma americain , cinéma français , cinema italien , acteur , Actrices , films , coupleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}