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Critiques de Anna Hope (958)
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Le Rocher blanc

Certains livres savent vous trouver, au détour d’une phrase, d’une histoire… C’est ce qui s’est passé avec « Le rocher blanc » d’Anna Hope, autrice dont j’avais lu « Le chagrin des vivants », que j’avais bien aimé, mais que j’avais trouvé un peu froid. Cette fois-ci, on quitte la fraîcheur de la Grande-Bretagne et les tourments de la Première Guerre mondiale pour partir dans la chaleur du Mexique, en pleine crise du Covid, et découvrir un roman mêlant l’intime au mystique. Comment retrouver son chemin quand on perd ses repères, quotidiens comme émotionnels ou spirituels ?



L’écrivaine, dont on comprend rapidement qu’il s’agit d’Anna Hope elle-même, se trouve ainsi au Mexique avec sa fille et son mari pour faire un pèlerinage auprès d’un mystérieux rocher blanc, lieu sacré pour les indiens wixárikas. S’ils sont là, c’est pour remercier les divinités wixárikas de leur avoir donné, à l’issue d’un premier pèlerinage en ces lieux, l’enfant que l’écrivaine et son mari attendaient en vain. Mais plus qu’une séance de gratitude, ce voyage est probablement une fuite en avant, pour ne plus penser à un mariage en plein effondrement, à cette effrayante perte de sens qu’elle ressent, aggravée par la perception que l’humanité court à sa perte, frappée par la crise climatique aussi bien que sanitaire. Une humanité qui n’a fait que piller et exploiter ce rocher blanc et les peuples indigènes qui lui rendaient un culte, comme elle l’a découvert lors des recherches préparatoires au roman destiné à garder une trace de ce périple, la rendant coupable des mêmes faits : « Et puis elle, pourquoi est-elle là si ce n’est pour exploiter, elle aussi ? Prendre la matière brute de l’histoire, la douleur, les conflits et les pertes incalculables, pour les modeler en un récit, l’espoir d’un profit. Pas moins vénal. Pas moins avide que ceux qui sont venus en ces lieux il y a trois, quatre, cinq cents ans, à la recherche d’or ».



Outre son histoire personnelle, le roman fait de la place, par le biais de chapitres séparés, à plusieurs voix différentes ayant toutes le rocher blanc en commun : celle d’un chanteur légendaire qui tente d’échapper au début des années 1970 à son trop-plein de célébrité dans un hôtel au bord de la plage du rocher blanc, et qui traverse, à l’instar de l’écrivaine, une crise existentielle et mystique, le lieutenant d’une flotte espagnole du XVIIIe siècle qui a eu une épiphanie au bord du rocher blanc concernant la cruauté de la colonisation, laquelle écrase les peuples indigènes et leurs croyances supérieures à la vanité impérialiste, et une jeune fille yoeme et sa sœur, déportées et réduites en esclavage au début du xxe siècle par les Mexicains, car cette tribu refusait que sa terre ancestrale et son eau soit exploitées au profit des Américains. Le rocher blanc étant le point de départ d’une longue marche qui devait les mener aux champs de sisal où elles se tueraient à la tâche.



Des histoires de douleur, de perte de sens, confrontées à une folie destructrice, que celle-ci vienne de leurs auteurs ou qu’ils en soient les victimes. Toutes trahissent le pouvoir de ce rocher blanc, qui semble galvaniser les émotions négatives qui traversent les humains à son approche. Chaque narrateur ressent ainsi du désespoir à proximité de ce bloc de pierre, lui-même assoiffé de réparation face à l’exploitation dont il est la victime depuis plusieurs siècles.



J’ai été émue par ces histoires enchâssées, particulièrement celles de l’écrivaines et des jeunes filles yoeme. Ces femmes perdues face à un destin qu’elles ne maîtrisent pas ou plus, mais sur lequel elles tentent de reprendre le dessus à leur manière (même si on ne va pas se mentir, l’écrivaine est dans des meilleures dispositions pour s’en sortir). Un beau roman qui nous rappelle encore une fois que l’humanité est capable du pire quand il s’agit de faire du profit, quitte à faire disparaître toute notion de sens et de croyance, fussent-ils ancestraux…

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La salle de bal

Un bon roman inspiré d'une réalité historique et sociale effrayante. Un roman sur la folie au début du XXème siècle où l'enthousiasme du ministre de l'intérieur, Winston Churchill, pour les délires de la Société eugénique sur la stérilisation qui permettrait d'endiguer la décadence de la nation, semble beaucoup plus fou que les pensionnaires de l'asile d'aliénés, parfois enfermés davantage pour non-soumission à l'ordre social que pour désordre mental - la loi de 1913 stipulera ainsi que « toute femme donnant naissance à un enfant illégitime alors même qu'elle bénéficiait d'aides sociales devait être considérée comme faible d'esprit et risquait donc le placement obligatoire dans une institution. »

Le choix d'un roman polyphonique, où alternent les voix d'un médecin et de deux internés, donnent vie et force à cette matière historique très intéressante.

Être plongé dans la tête du Dr Fuller fait naître chez le lecteur un sentiment de malaise: il y a quelque chose de glaçant dans l'auto-satisfaction, la bonne conscience, les cautions scientifiques avec lesquelles le médecin prend des décisions cruelles, violentes, pour ses patients - interdire la lecture à Clem, dont c'est la bouée de sauvetage, car « il a été démontré que la lecture pratiquée avec excès était dangereuse pour l'esprit féminin »; opérer John pour le stériliser, en pensant oeuvrer pour le bien de l'humanité, puisque la stérilisation est « la seule voie rationnelle » conduisant à un avenir radieux où la pauvreté aurait diminué de moitié.

En contre-point, les narrations de John et Ella apportent au roman d'Anna Hope amour, tendresse et belle humanité. J'ai beaucoup aimé les lettres que John écrit à la jeune femme parce que, travaillant à l'extérieur alors qu'elle reste toujours enfermée, il ne lui semble « pas juste qu'il pût voir ces choses alors qu'elle, et les autres femmes, non.

Ainsi donc il se mit à emmagasiner les images qu'il voyait de façon à avoir quelque chose qu'il déroberait au monde lumineux pour l'introduire discrètement dans les couloirs obscurs. »



Beaucoup de délicatesse et de sensibilité dans l'utilisation romanesque très réussie d'une documentation historique dérangeante mais très instructive.
Lien : http://bergamotteetcardamone..
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La salle de bal

Musique et danse comme thérapie dans un hôpital psychiatrique anglais…



Cette idée est mise en place par John Fuller, pas tout à fait médecin, mais considéré comme tel par son supérieur : à la tête d'un orchestre, il convie quelques patients de l'établissement à un bal, chaque vendredi, pour les divertir, et partant, les apaiser.

Parallèlement, cet homme est fasciné par les courants eugénistes en vogue en ce début de XXe siècle. Farouchement opposé à la stérilisation, il ne retient que les propositions les plus modérées, soucieux de guérir et de « fortifier » les 'malades', voire d'intervenir en amont par de la prévention.



Ce roman présente l'eugénisme de manière intéressante, en le resituant dans le contexte d'alors :

- continuité de la théorie de l'évolution de Darwin (perspective d'un homme meilleur)

- à une époque où la pauvreté sévit en Angleterre*, et où les scientifiques, autres intellectuels, et politiques se posent la question de 'l'assistanat'

- et surtout : avant les expériences pratiquées par les nazis qui ont donné un sens terrible et réducteur à ce terme – alors que l'avortement thérapeutique en est une des applications actuelles…



Anna Hope témoigne ici des internements abusifs et des conditions de vie dans les 'asiles d'aliénés' du début du XXe siècle. Elle étoffe son intrigue d'une histoire d'amour qui allège le propos, certes, et offre des lueurs d'espoir dans cet univers gris, clos et mortifère, mais la bluette m'a semblé convenue et mal assortie au ton général. Comme si l'auteur avait dû ajouter de la guimauve pour faire de ce livre un best-seller – en vue de l'adapter au cinéma ?

Il faut dire que j'avais en tête l'excellent roman ‘Hôpital psychiatrique' (Raymond Castells), présenté comme une tragicomédie, mais finalement beaucoup plus grave et profond sur le sort des internés pendant la seconde guerre mondiale.

__________________



* « Dans le contexte de la révolution industrielle, qui provoque un mouvement d'urbanisation et de prolétarisation des populations les plus pauvres, la prolifération désordonnée des classes laborieuses constitue un motif d'inquiétude profond pour les élites victoriennes. Les maux sociaux et sanitaires (tuberculose, syphilis, alcoolisme…) qui se multiplient dans le Royaume-Uni apparaissent comme autant de manifestations de la contamination de l'espèce humaine par les tares congénitales véhiculées par les couches les plus pauvres de la population. »

(source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A9nisme)

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Le chagrin des vivants

En 1920, les londoniens tentent de retrouver le goût de vivre.

Dans cette atmosphère d’après-guerre, trois femmes, Ada, Evelyne et Hettie symbolisent la douleur collective d’une nation face aux corps absents.

Nous les suivons durant cinq jours de novembre, jusqu’à la cérémonie du 11 novembre célébrant l’enterrement du soldat inconnu.

L’auteure croise le destin de ses héroïnes : Ana, la mère, qui voit le fantôme de son fils sur les champs de batailles, Evelyn, la fiancée endeuillée qui ne peut pas se projeter dans l’avenir tant sa colère est grande et Ettie, danseuse professionnelle, qui est troublée par les traumatismes de son frère revenu de cette guerre.

Tout est juste, émouvant, équilibré dans ce roman : la construction, la pudeur, le poids de l'Histoire sur les liens d'amour, d'amitié, de famille. C'est un roman des nœuds qui se délient, des paroles qui libèrent. Un grand coup de cœur, magnifié par une écriture subtile et sensible.



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Le chagrin des vivants

Magnifique !

J'ai emprunté ce livre car, de la même auteure, j'avais bcp aimé "La Salle de Bal". J'ai préféré "Le chagrin des vivants" que j'ai trouvé plus émouvant.

Un vrai coup de coeur !



1920. Royaume-Uni. Londres.

Trois femmes. Ada a perdu son fils. Evelyn traîne son mal de vivre depuis la mort de son fiancé. Hettie essaie de se trouver une vie entre sa mère acariâtre et son frère traumatisé par la guerre.

Et le soldat inconnu. En ce 11 novembre 1920 il va être enseveli à Londres au cours d'une procession commencée sur les terres de France. Plus particulièrement en Artois où j'habite.

Petit aparté sans lien avec le roman : chaque année le 9 avril est commémorée la bataille d'Arras (9 avril 1917). Bataille qui avait eu vocation d'être une opération de diversion. 160 000 soldats alliés (Anglais, Canadiens et Néo-Zélandais) et 100 000 Allemands sont morts pour cette opération de diversion ! Qui en plus fut un échec ! L'Artois et la Somme sont le Verdun de nos voisins anglais.



Ce roman suit les survivants, les hommes soldats et officiers définitivement dévastés, mais surtout les femmes meurtries elles aussi....

Un excellent roman que je vous conseille vivement ! Un vrai coup de coeur !

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La salle de bal

Je garde du premier roman d’Anna Hope « Le chagrin des vivants » le souvenir d’un coup de cœur pour l’histoire de trois vies de femmes après la guerre de 1914. Tout en pudeur et en retenue ce livre m’avait bouleversée.

C’est donc avec une certaine impatience que j’ai ouvert ce nouvel opus. L’auteure s’intéresse à nouveau au début du 20ème siècle en nous emmenant en 1911 dans l’asile de Sharston où Ella est internée pour avoir brisé dans un moment de révolte une vitre de l’entreprise pour laquelle elle travaillait. Convaincue d’être là sans raison puisqu’elle n’est pas folle, elle se lie peu à peu d’amitié avec Clem Church qui a eu le front de refuser un mariage arrangé.

Les idées eugénistes font leur chemin dans la société, dont la castration obligatoire comme mesure curative : et si on stérilisait les fous et puis aussi les pauvres, assimilés à des faibles d’esprit ? Il y a là un jeune médecin ambitieux, Charles Fuller, qui n’accepte pas encore ces dérives. Il y oppose les mérites de la musique, de la danse et du travail, des facteurs de régénération. Grâce à lui, hommes et femmes peuvent se rencontrer quelques heures lors d’un bal hebdomadaire attendu avec fébrilité. Le reste du temps les hommes sont aux champs, les femmes aux tâches domestiques. Ne restant que les lettres clandestinement échangées pour communiquer. A petit pas et en dépit de leurs blessures individuelles, Ella et John s’apprivoisent. De sa position de chef d’orchestre, Fuller ne pourra guère freiner l’évolution de leurs sentiments, ni même la détérioration avilissante de ses idées liées à sa propre frustration sexuelle.

Anna Hope signe un très beau roman à trois voix, celle d’Ella, de John et de Charles qui nous donnent chacun leur point de vue et brosse une reconstitution saisissante des conditions de vie dans les hôpitaux psychiatriques au début du 20me siècle.

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La salle de bal

l'auteur nous fait découvrir un pan de l'histoire psychiatrique de la Grande Bretagne avec en toile de fond une partie du récit de son aïeul, les enfermements les idées d'eugénisme en cours en Angleterre en ce début de XXème siècle, la pauvreté, l'arrogance….

l'atmosphère est pesante comme un jour à l'asile. les personnages sont, pour certains attachants, pour d'autres à tenir loin de soi.



une devinette pour définir le personnage et le rôle joué par Charles Fuller:



Quelle est la différence entre Dieu et un médecin?

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Dieu ne se prend pas pour un médecin.
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La salle de bal

Sur l'année 1911, nous suivons trois personnages :

Ella, une jeune femme, se retrouve dans un asile d'aliénés pour avoir cassé un carreau de son usine, poussée par un impératif besoin de voir le ciel.



Charles, jeune médecin qui s'intéresse aux discours sur l'eugénisme sans y adhérer encore totalement, ambitionne de faire une allocution à un congrès sur le sujet. Charles joue aussi du violon, frustré de n'avoir pu faire carrière dans la musique, il se console en dirigeant l'orchestre de l'établissement qui fait danser une partie des patients une fois par semaine. Quelques événements ne le conduiront peut-être pas là où il le souhaitait.



John, aussi interné, s'était présenté de lui-même à l'hospice dans un état "décharné et disetteux". Très silencieux, sentant une malédiction sur lui après la perte de sa femme et de son enfant, il attire l’intérêt de Charles par ses manières peut en rapport avec sa classe sociale.



La salle de bal les réunit tous les trois. L'un au milieu de l'orchestre et du haut de l'estrade, observe les deux autres qui dansent ensemble...



Anna Hope nous offre une histoire aussi intéressante qu'émouvante. Toute de fiction, mais inspirée par un réel bâtiment abandonné du Yorkshire, où on peut encore voir la plus époustouflante salle de bal que l'on puisse imaginée pour un asile d'aliénés du 19ème. Voir le lien ci-dessous.

C'est aussi une petite partie de l'histoire de la psychiatrie et des cruelles traitements infligés à de pauvres malades le plus souvent inoffensifs et parfois pas malade du tout.

Le tout conté avec un subtil suspense et une sensibilité mesurée... aucun doute, je dois lire d'autres livres de cette auteure.
Lien : http://www.highroydshospital..
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Le chagrin des vivants

Les 7, 8, 9, 10 et 11 novembre 1920 ; L’Angleterre attend l’arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France pour une cérémonie d’hommage.

A Londres, trois femmes dont le destin a basculé durant la guerre vont vivre chacune à leur manière cet évènement. Dans «Le chagrin des vivants » Anna HOPE a choisi de nous raconter ces cinq jours à travers le quotidien de ces femmes meurtries par la guerre.



Evelyn, jeune bourgeoise dont le fiancé a été tué, travaille au bureau des pensions de l’armée. Amère et aigrie, elle cherche dans ce travail un but à sa vie.

Ada est une mère dont le deuil de son fils disparu sans sépulture est impossible à faire. Obsédée par celui-ci, elle ne cesse de l’apercevoir.

Hettie, jeune femme danseuse de compagnie sur la piste du Hammersmith Palais, cherche en vain le conjoint idéal dans un monde d’estropiés.



Le point commun entre elles : la perte de leur vie d’avant et le partage d’une même douleur, ce chagrin des vivants qui reste après la guerre pour ceux qui ont survécu. Mais également un infime espoir : cette commémoration leur permettra-elle d’avancer et d’apaiser leur cœur afin de s’autoriser à être heureuses ?



« Le chagrin des vivants » est un magnifique roman qui évoque avec une grande pudeur les blessures encore vives des années après guerre. C’est le récit de ceux qui restent, blessés, cabossés et cassés errant dans un Londres meurtri par cette guerre aux millions de morts.



Le récit d’Anna Hope est intense et sensible à la fois. C’est autant un hommage sublime à ces femmes et ces hommes ayant vécu cette période qu’à tout un pays entier dévasté. Mais surtout c’est sans le vouloir un grand plaidoyer pour la paix : en effet, il n’y a jamais de gagnants à la guerre, il n’y a que des victimes.



Le premier roman de cette auteur est pour ma part une grande réussite confirmée ensuite par son deuxième roman « La salle de bal ».

C'est une romancière que je vous conseille donc vivement et dont j'ai hâte de retrouver l'écriture dans un prochain roman.

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Nos espérances

J'avais de grandes espérances, après "La salle de bal" de cette même Anna Hope, (coïncidence voulue, ce titre ? Hope = espoir). Mais comme le sujet était bien plus léger, j'ai emporté ce livre dans mes bagages pour les vacances, et bien m'en a pris ! Il aurait peut-être manqué d'un peu de consistance, à un autre moment.

En Alsace, nous avons une vieille comptine, intitulée "d'r Hans im schnokeloch" qui parle d'un gars (Hans) qui ne sait pas ce qu'il veut, et quand il l'a, il ne le veut plus. Ce roman m'y a fait penser, notamment dans le rapport des trois héroïnes à la maternité : celle qui a un enfant (Cate) a du mal à l'assumer, celle qui n'arrive pas à en avoir un (Hannah) estime que ça lui est absolument nécessaire pour devenir une femme à part entière, au risque de fragiliser son couple avec Nathan. Et Lissa, la troisième luronne, court après le cacheton et une carrière de comédienne qui ne décolle pas. Elles sont amies de longue date, ont même partagé le même toit à une époque, mais chacune voudrait avoir quelque chose de la vie des autres, ce qui amène à des incompréhensions, des disputes, des trahisons...et beaucoup d'alcool entre ! J'avoue être très moyennement rentrée dans l'histoire, d'un jour à l'autre je devais parfois revenir en arrière pour me souvenir qui faisait quoi à quelle époque, parce qu'on navigue sans cesse entre les années 90, 2000 et plus tard. D'habitude, cela ne me perturbe guère, mais là, je n'étais pas assez "à fond" dans le récit.

Un personnage secondaire m'a finalement bien plus touchée que les trois amies : Sarah, la maman de Lissa, militante acharnée dans les années 70, et restée fidèle à ses idéaux, même si on la sent déçue par la génération suivante, celle de sa fille. Moi qui suis d'entre les deux, je me suis sentie bien plus proche de Sarah que de Lissa (virerais-je vieille réac ?);

Bref, je n'en ferai pas des tartines, une agréable lecture de vacances dont le souvenir s'estompe déjà...
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La salle de bal

N'ayant pas participé à l'enthousiasme autour du premier roman d'Anna Hope, je n'ai pas mis un grand empressement à découvrir La salle de bal .



J'ai été , à mon grand étonnement totalement séduite par cette histoire .



1911, en Angleterre, comme dans le reste de l'Europe, ce sont les balbutiements de la psychiatrie, on entasse les malades dans des asiles d'aliénés , et Freud , même s'il a commencé à publier , n'est pas encore reconnu par ses pairs.

Dans l'asile de Sharston, le Docteur Füller, le premier adjoint du médecin chef est un fervent adepte de l'eugénisme et milite pour la ségrégation contre la stérilisation , un débat qui fait frémir ...



On sait bien qu'à cette époque, les critères d'enfermement étaient plutôt larges, il suffisait parfois de sortir du rang dans lequel on vous classe, d'avoir envie de façon un peu impulsive d'une bouffée d'oxygène dans une existence toute tracée ou parfois de rester prostré un peu plus qu'un autre après un drame ...



C'est ainsi que se retrouvent enfermés dans cet asile Ella et John .



L'évolution de la pensée des différentes personnes, du ressenti en fonction d'événements qui interférent dans leur vie, en particulier, le changement radical de comportement du Docteur Füller bien peu scientifique rendent le roman passionnant et j'ai tremblé d'inquiétude quant au devenir d'Ella et de John !

Il est interessant également de regarder sur le Net les photos d'archive de cet établissement , on peut y découvrir la fameuse salle de bal, ce qui rend cette histoire encore plus poignante à mon avis .
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Le Rocher blanc

L’auteure revisite à sa manière l’histoire de la civilisation occidentale à travers quatre trajectoires faisant écho aux rêves démesurés des hommes et à leur folie.



C’est mon quatrième livre de cette auteure:



Qu’est ce qui rassemble cette petite dizaine d’individus originaires des quatre coins du monde et comment se sont - ils retrouvés dans un minibus filant sur une autoroute mexicaine , en compagnie d’un chamane ? .



Un rocher blanc captivant , un rocher dans l’océan où les indiens disent que «  Le monde est né » un lieu mystique et sacré .



S’il débute en 2020, le récit nous entraîne ensuite dans le passé, à la rencontre de femmes et d’hommes ayant tous un lien avec ce Rocher Blanc . .

Ce minibus transporte des enfants , des femmes de toute nationalité : parmi eux , à son bord : une écrivaine en pèlerinage avec son mari et sa fille, pour rendre grâce de la naissance de l’enfant : «  Donner leurs offrandes à l’océan : ces calebasses en bois, ces bougies qu’ils transportent depuis des jours et des jours ,Demander protection . Remercier. Ce n’est pas grand- chose. C’est le moins , vraiment , qu’elle puisse faire » ….



Quelques décennies plus tôt , en 1969, un chanteur était , lui aussi en quête du Rocher Blanc , littéralement usé par une gloire factice, l’adoration de ses fans, la pression extrême de leur désir à tous, il espère se perdre à défaut de se trouver.



Au début du XX° siècle, en 1907, c’est une jeune fille enlevée à la terre de ses ancêtres, arrachée , capturée pour laisser la place à des entrepreneurs capitalistes américains et mexicains .

Elle est débarquée comme des milliers de Yoemem, face au Rocher Blanc .



Enfin en 1773, un jeune homme perd la tête alors que son bateau est à l’ancre à côté du fameux rocher blanc , mystique et sacré .



Ces quatre destins entrelacés sur quatre siècles se répondent aimantés par ce lieu unique et magique auquel la tribu des Wixarikas attribuait des pouvoirs extraordinaires: le Rocher Blanc .



L’auteure , en remontant le fil du temps décrit la folie des hommes ,elle déploie un roman polyphonique, en arrière - plan des trajectoires particulières , individuelles , elle s’attache aux tragédies dramatiques liées à la colonisation et au génocide des peuples autochtones .



Elle réfléchit et épouse à sa manière humaine et bienveillante , chacune des quatre époques .

C’est un récit troublant , une odyssée empreinte de regrets et d’espoir qui montre que de tout temps l’humanité fut contrainte de surmonter catastrophes , fléaux , faillites , élans contradictoires des destinées , ainsi. qu’une certaine folie des hommes dans leur entreprise de conquête .



Je dois dire que je n’ai pas pris autant de plaisir à le lire que les précédents : ( entre autres difficultés à entrer dedans) : «  Nos espérances » en 2020., «  La salle de bal » et «  Le Chagrin des vivants » ,vraiment appréciés ….



Mais ce n’est que mon humble avis , bien sûr , comme toujours …

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La salle de bal

Un roman saisissant, émouvant! ! Anna Hope nous plonge dans le monde psychiatrique du début XXe siècle au moment où les réalités psychiques s'avèrent encore nébuleuses pour l'homme. Une époque où il suffisait de laisser un seul instant libre court à sa colère, on était tout bonnement conduit dans un asile de fous. Ayant perdu goût à tout, isolés dans leur trouble, internés comme des animaux dangereux, interdits de toute communication entre eux, ils n'ont qu'un seul moment de joie, le vendredi dans la salle de bal...oui les internés de l'asile d'aliénés de Sharston n'ont que cet instant pour échapper à leurs propres fantômes et porter leur regard sur autre chose. Puis il y a une rencontre...

L'autrice nous relate les atrocités, les misères de l'époque à travers le regard de trois personnages autour desquels les frustrations ou les crises de l'individu, de l'être se manifestent sous différentes formes au point qu'il ait confusion entre malade et médecin...il y a des souffrances qui rongent l'homme sans qu'on en soupçonne l'existence...
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Nos espérances

Londres 2004, Hannah, Cate et Lissa partagent depuis deux ans une maison au bord d’un parc, elles ont vingt-neuf ans, pas d’enfants, elles ont toute la vie devant elles, il leur reste du temps pour devenir celles qu’elles seront. Dix ans plus tard, elles ne sont pas là où elles espéraient être.



Cate a l’impression d’échouer en tant que femme et en tant que mère, elle fait tout de travers, partagée entre l’ingérence d’une belle-mère autoritaire et les exigences incessantes d’un jeune bébé, sa relation avec son partenaire, Sam, est de plus en plus distante.



L’ami d’enfance de Cate, Hannah, est directrice adjointe d’un organisme de bienfaisance et mariée à un professeur d’université, Nathan. Ils vivent une vie confortable à Londres et pourtant Hannah est désespérément malheureuse en raison de son incapacité à concevoir malgré les cycles répétés de FIV.



Lissa, est une actrice qui peine à démarrer sa carrière, elle en est réduite à passer en vain d’innombrables castings publicitaires, pour survivre elle travaille dans un centre d’appels, et elle est modèle vivant.



À travers chacun de ses personnages, Anna Hope explore ce que signifie être une femme au 21e siècle et surtout le décalage entre les vies que nous avons imaginées pour nous-mêmes et celles que nous finissons par vivre. Avec des allers-retours entre leur jeunesse et leur vie de femme, Anna Hope nous livre une analyse réaliste de trois caractères bien différents, une écriture sensuelle et évocatrice, une histoire d’amitié, de trahison, de blessure, de déception.

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Le chagrin des vivants

Habituellement, je n'aime pas trop le procédé qui consiste à raconter séparément l'histoire de plusieurs personnages dont le lien se révèle au cours du récit. Ces entrelacs me lassent et les fils tirés peuvent facilement donner une impression d'artificialité.



Mais ici, rien de spectaculaire, pas de révélation choc, tout est fait en finesse, en délicatesse, et c'est magnifique de beauté et de tristesse à la fois. On pourrait presque se croire dans un reportage, une enquête journalistique pleine d'humanité dans son approche de la vie de ces femmes dans l'après-guerre des années 20.



Tout en ayant choisi 3 femmes différentes de par leur âge et leur situation sociale, Anna Hope n'en fait pas des clichés ou des effigies : elles ont chacune leur histoire particulière, qui reflète néanmoins une époque en général. J'ai vraiment été bluffée par le talent de cette auteure à créer une ambiance et à s'immiscer dans les rêves et les regrets de ses personnages.
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La salle de bal

Ella est enfermée à Starston, un hôpital psychiatrique. Quoique on peut se demander si le terme est bien approprié pour ce genre d’établissement en 1911. De quoi souffre-t-elle ? De rien. Elle a cassé une vitre dans la filature où elle travaille. Elle est donc folle.

Clem, jeune fille de bonne famille, avec qui elle va se lier d’amitié, est enfermée parce que refusant d’épouser le vieux barbon choisi par son père, elle cesse de manger. Elle est donc folle.

John est un Irlandais dépressif après la perte de sa fillette, de sa femme.

Et enfin, Charles travaille à l’Institut. Il a une grande idée pour la gloire de l’établissement mais aussi pour la sienne propre. En effet, bien qu’individu médiocre il est convaincu d’appartenir à l’élite des êtres supérieurs contrairement aux pauvres hères dont il a la charge. Il rêve de reconnaissance.

Le roman pourrait se résumer à ce court passage.

" Quand les hommes tout en bas ont leur âme qui les quitte, ils finissent ici. Mais quand ça arrive aux hommes tout en haut, ils finissent dangereux.

Charles est passionné de musique. Il expérimente d’abord une théorie selon laquelle la musique pourrait aider les malades : petit concert quotidien, bal le vendredi soir, bal à l’occasion duquel Ella et John vont se rencontrer.

Le rapprochement amoureux des deux pensionnaires est intéressant mais il est surtout prétexte à dévoiler l’évolution du Dc Fuller influencé certes par les théories eugénistes de l’époque mais surtout frustré de deviner la liaison entre Ella et John.

Le thème n’est pas original est soi et pourtant ce roman est très efficace. Il a le mérite de rappeler la toute-puissance de l’institution face aux « patients », les mauvais traitements infligés aux récalcitrants : contention, nourrissage, coups, travail forcé…de rappeler aussi que le qualificatif de « folle » est très commode pour soumettre les femmes refusant de se plier aux diktats imposés à leur sexe..

Pourtant, ce que j’ai préféré dans ce texte c’est le parcours de Charles, le glissement insidieux mais certain du personnage étriqué et falot à un individu prêt à des extrêmes pour satisfaire un désir de revanche voire une vengeance.

Merci à @Croquignolle qui a écrit le billet qu'il fallait pour me décider.
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La salle de bal

Je suis rentrée dans cette salle de bal, de façon inattendue : je me suis inscrite sur une lecture commune, en me trompant de roman à la base, donc j'ai commencé ce livre sans rien en connaitre.

A la couverture, je m'attendais à un livre du XIXeme sur l'aristocratie anglaise et leurs fameux bals.



Alors, vous imaginez ma surprise aux 1ères pages ! J'étais loin du compte ! Puisque nous sommes plutôt au début XXeme et dans un contexte assez lourd, le sort fait aux aliénés.

D'une part, qui rentre dans cette catégorie ; toute femme en désaccord avec les obligations de son rang, toute petite révoltée contre les conditions humaines et sociales.



Imaginez-vous propulsés dans un asile pour avoir eu un coup de sang et dans les conditions de l'époque, interdit de sortir pour les femmes (sauf une fois l'an), au milieu de personnes atteintes à des degrés diverses de psychoses ou névroses.

Heureusement, tous les vendredis, un bal est organisé où les hommes peuvent rencontrer les femmes mais juste pour y danser.



Ce roman met en scène quatre personnages : Ella, jeune femme enfermée suite à une colère (c'est bien connu les femmes sont hystériques et on doit les enfermer pour cela), John, irlandais dépressif qui ne se remet pas de la mort de sa petite fille, Clem, jeune aristocrate qui a refusé un mari imposé jusqu'au point de se laisser mourir (hop! enfermée aussi jusqu'à ce qu'elle entende raison) et Charles, médecin adjoint qui a comme but de divertir les aliénés (je ne dirai pas patient parce qu'ils ne sont pas traités en tant que tels) et de les soigner (?) - pas sure ..



Alors que notre couple d'amoureux remonte la tête hors de l'eau, l'histoire sera différente pour Clem et le docteur. Celui-ci devenant de plus en plus exécrable au fur et à mesure du roman.



Anna Hope écrit ce roman fictif, en mémoire à son arrière-grand-père qui a vécu dans un centre comme celui-ci. Elle aborde un thème grave, la montée de l'eugénisme, l'épuration des pauvres et faibles d'esprit. Ces passages sont très forts et choquants, surtout dans le bouche d'un Winston Churchill, qui s'est battu pour d'autres libertés quelques années plus tard.



Prendre la forme d'un roman choral est toujours risqué car il faut faire avancer l'histoire en choisissant bien le personnage qui raconte et que toutes les histoires soient équitablement passionnantes.



Pour moi, même si j'ai eu parfois, des regrets de quitter les deux protagonistes pour se concentrer sur le médecin, je ne me suis pas ennuyée non plus avec lui car les apports scientifiques et gouvernementaux étaient très instructifs.



Petit bémol, je suis déçue de la fin et je m'attendais à une bassesse du surveillant (je n'ai plus son nom) parce que l'auteur fait monter la pression sur sa vengeance, je m'attendais donc à quelque chose sur la fin ...



Dans tous les cas, j'ai passé un bon moment de lecture et je salue l'écriture et la recherche faite par l'auteure sur ce thème.

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La salle de bal

L’auteur romance des faits qui se passent en Angleterre, début du siècle précédent. On se rend compte qu’il n’y a pas que les nazis qui voulaient contrôler les naissances chez les sujets dits inférieurs comme ici dans un asile d’aliénés. L’histoire est intéressante, mais j’ai eu du mal à croire à certaines situations et dès le démarrage lorsqu’une jeune fille y est envoyée parce qu’elle a cassé une vitre de la filature où elle travaille. Trois personnages principaux attachants, les autres un peu trop caricaturales. Beaucoup de remplissage de pages pour pas grand-chose, un style qui insiste trop. Lecture, donc mitigée. Le fond est bon, la forme moins. En France, dans le même genre, nous avons Valentine Goby.
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Le Rocher blanc

L’écrivaine, le chanteur, l’esclave et le conquistador



Au large de San Blas, sur la côte pacifique du Mexique, un rocher blanc fascine les voyageurs depuis des siècles. Dans ce roman choral Anna Hope convoque quatre voyageurs à quatre époques différentes pour décrypter la magie du lieu.



Il y a plusieurs façons de résumer ce roman. On peut ainsi commencer de façon chronologique, comme un générique. Par ordre d'apparition, on va ainsi croiser une romancière qui, après la naissance d'un enfant qu'elle a mis plusieurs années à attendre, se rend avec son mari et sa fille au Mexique jusqu'au Rocher blanc. Ils s'agit pour le couple d'honorer la promesse faite au chaman qui leur a permis d'enfanter. Nous sommes en 2020, et alors qu'une pandémie s'abat sur le monde, ils vont essayer de se retrouver entre autochtones et groupes New Age.

Puis on remonte dans le temps jusqu'en 1969. C'est à ce moment que l'on va croiser un chanteur qui lui aussi traverse une crise existentielle. Il pense trouver une réponse à ses questions dans un hôtel proche de la mer et du rocher blanc.

En poursuivant ce voyage dans le temps, on remonte en 1907, alors que le trafic d'êtres humains était florissant. Les Yoeme, un peuple amérindien, est alors quasiment décimé par les esclavagistes qui n'hésitent pas à séparer les familles et à épuiser les plus résistants. Avec sa sœur blessée, notre troisième protagoniste va tenter de survivre à quelques encablures du rocher blanc.

Nous arrivons enfin en 1775, lorsqu'un navire arrive d'Espagne. En face du rocher blanc, un lieutenant va sombrer dans la folie et déstabiliser toute l’expédition.

Mais on peut aussi choisir le résumé géographique et parler de ce lieu inspiré. Car le rocher blanc existe bel et bien. On le trouve à la pointe sud du golfe du Mexique, du côté de San Blas. S’il fascine tant depuis des siècles, c’est parce que le «Tatéi Haramara» est un lieu sacré. Selon la tribu Wixárika, le rocher a été le premier objet solide à émerger de l’eau. Il serait donc à l'origine de toute vie et est devenu pour les descendants de cette tribu, mais aussi pour de nombreux autres adeptes, un lieu de pèlerinage pour offrir des sacrifices et rendre grâce.

Anne Hope a toujours la même dextérité lorsqu’il s’agit de construire ses histoires. C’est ainsi qu’elle joue ici de la temporalité et des quatre récits en effectuant des allers-retours jusqu’à boucler le livre comme elle l’avait commencé, avec l’écrivaine qu’il n’est pas usurpé de confondre avec la romancière puisqu’elle a avoué avoir effectué ce même parcours. C’est alors qu’elle se documentait sur le rocher blanc qu’elle avait promis d’aller voir avec son mari et sa fille qu’elle a découvert la magie du lieu et ces histoires, toutes basées sur des faits réels.

On pourra par conséquent faire une troisième lecture de ce très riche livre, celle qui explore le sacré. À travers l’épopée des différents personnages, on retrouve en effet les thèmes de la quête spirituelle et de la recherche de sens. Après l’appropriation, le pillage de la nature pillée, voire sa destruction, le besoin de rédemption et l’envie de croire à une possible guérison émergent. L’espoir d’une nature qui retrouverait sa puissance originelle, servie par des humains reconnaissants.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Le chagrin des vivants

Quand on pense à la Première guerre mondiale, viennent tout de suite des images des Poilus dans les tranchées boueuses, des batailles avec ses cohortes de morts, moins souvent des civils ayant attendu des proches qui ne sont pas forcément revenus ou qui, s’ils le sont, sont loin d’être indemnes. Anna Hope, avec ce roman, met un coup de projecteur sur l’après, une fois que la victoire est passée, et que la vie reprend tant bien que mal. Comment faire pour reprendre sa vie, avancer plus ou moins à marche forcée, malgré les traumatismes ?



L’intrigue du Chagrin des vivants prend place sur cinq jours de novembre 1920. Cinq petits jours à l’échelle de l’Histoire, ce n’est pas grand-chose, mais ils vont revêtir une importance capitale pour les personnages et au-delà d’eux, pour la nation britannique. En effet, à l’occasion de l’anniversaire de l’armistice survenu deux ans plus tôt, la Grande-Bretagne célèbre l’arrivée sur son territoire de la dépouille de son Soldat inconnu. Cette cérémonie permet de rendre hommage aux soldats morts pour la nation, mais également de panser les plaies encore vivaces de cette dernière, et en particulier des personnages principaux du roman : Hettie, une jeune danseuse de compagnie qui offre pour six pence un moment de loisirs à d’anciens soldats, et qui n’a jamais connu l’insouciance ; Evelyn, une jeune femme dont le fiancé est mort au front, et pour qui, dès lors, la vie s’est arrêtée ; Ada, une femme qui n’arrive pas à trouver la paix car elle ignore les circonstances dans lesquelles son fils est tombé au combat. On assiste ainsi à leur cheminement pendant les jours précédant l’hommage national, entre prise de conscience des horreurs de la guerre et de ses conséquences sur les anciens combattants et nécessité d’aller de l’avant pour vivre leur vie malgré tout.



Malgré une composition assez classique – des portraits de femmes qui ne se connaissent pas mais qui finalement se retrouvent liées entre elles –, j’ai trouvé ce roman passionnant par son compte-rendu des conséquences de la guerre sur une société tout entière. Certains combattants sont revenus vivants, mais à quel prix ? Celui de leur santé physique, mais surtout mentale, incomprise alors (la psychanalyse n’en étant encore qu’à ses débuts, une notion comme le stress post-traumatique était loin d’être entrevue), et de manière quasi volontaire : les héros d’hier étaient priés de se faire tout petits, et de ne pas se plaindre, par exemple en quémandant une pension (on apprend d’ailleurs les inégalités de revenus entre soldats et officiers, ces derniers n’ayant pas de solde car ils sont censés avoir des moyens, ou des relations ; sauf que ce n’est pas forcément le cas quand on est un « gentleman temporaire », soit un soldat passé officier…). La société ne les comprenait absolument pas, comme on le voit avec Hettie, agacée par l’incapacité de son frère à sortir de sa léthargie depuis son retour du front.



J’ai également été émue aussi, notamment par les deux passages les plus importants du roman à mon sens : quand Ada va voir une voyante pour entrer en contact avec son fils, et où elle apprend à lâcher prise et laisser partir son fils ; et quand Evelyn échange avec un ancien soldat et se confronte à la vérité de la guerre, et à ses propres démons.



C’est bien écrit, l’intrigue est bien construite. J’ai trouvé dans Le chagrin des vivants mon premier « pageturner » de l’année (même si j’ai 6 ans de retard !). J’ai appris à cette occasion que c’était le premier roman de l’autrice, ce qui est assez impressionnant au regard de la maîtrise de son texte. Je lirai les prochains avec plaisir !

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