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Critiques de Anna Hope (958)
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La salle de bal

La salle de bal est un livre dans lequel j'ai plongé et que j'ai dévoré avec émotion, angoisse et souvent un sentiment de révolte tout en appréciant le talent d'Anna Hope pour me faire sentir quantité d'odeurs, odeurs humaines, bestiales, naturelles ou artificielles.



Après un bref prologue se passant en Irlande, en 1934, prologue que j'ai oublié bien vite mais que Ghislaine m'a rappelé fort judicieusement quand j'ai refermé le livre, l'auteure revient en 1911, s'attachant aux pas d'Ella, jeune femme irlandaise encadrée par d'autres femmes en uniforme puis amenée dans une salle où elle découvre une centaine de lits occupés par des congénères qui hurlent, chantent ou crient… le décor est planté. Ella vient d'être enfermée dans l'asile de Sharston alors qu'elle ne pouvait plus supporter son travail à la filature et qu'elle avait brisé une vitre pour avoir un peu d'air : « Elle n'avait personne pour prendre sa défense ici, nul être pour se faire son écho, rien pour expliquer qui elle était ou aurait pu être. »

Second personnage qui va revenir régulièrement, le Docteur Charles Fuller, médecin-chef adjoint, apporte de bonnes idées comme la musique mais il est séduit par les thèses eugéniques qui fleurissent dès le début du XXe siècle et trouveront leur apogée avec le nazisme. C'est peu connu mais les thèses de pureté de la race étaient en vogue dans d'autres pays d'Europe dont l'Angleterre et les déclarations de Churchill, à l'époque, font froid dans le dos. Pour lui, la stérilisation des malades mentaux est nécessaire.

Enfin, voici John Mulligan que nous suivons en alternance avec Ella et Charles. Avec son ami Dan, ils creusent des tombes pour caser six corps, ceux des malades qu'on laisse mourir à l'asile. Dan est une force de la nature et son aide est précieuse pour John.

Ella, ouvrière bambrocheuse, celle qui remplace les bobines de fil terminées par de nouvelles, dès l'âge de 8 ans, n'a pas pu apprendre à lire. D'abord révoltée, elle comprend : « Être sage, c'était survivre. » Elle se lie à Clem, jeune femme dont l'internement pose aussi question mais qui se réfugie dans la lecture. Toutes les deux, elles effectuent un parcours terriblement humain et émouvant surtout lorsque Clem lui lit les lettres qu'elle reçoit d'un homme...

Sans dévoiler la suite de l'histoire, il faut tout de même parler de cette fameuse salle de bal qui a bien existé. Pour y aller, il fallait être choisi par le personnel et c'est Charles qui mène le petit orchestre. C'est le seul endroit où femmes et hommes peuvent se rencontrer et danser, véritable bol d'air, seul petit plaisir hebdomadaire dans une vie de contraintes et de privations.

Les saisons s'écoulent mais l'été caniculaire de cette année 1911 cause bien des bouleversements.



La salle de bal est un roman formidable d'humanité, roman qu'Anna Hope a dédié à son arrière-arrière-grand-père interné dans cet asile qui lui a servi de modèle, le West Riding Mental Hospital, dans le Yorkshire, hôpital fermé en 2003.


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La salle de bal

1911, l'asile de Sharston en Angleterre. Un asile d'aliénés enfermés comme dans une prison, hommes et femmes séparément, les hommes étant employés aux travaux extérieurs, creuser des tombes, faucher le blé, pendant que les femmes s'occupent à la laverie, lavant et mettant à sécher des montagnes de linge. Ella, ouvrière, est arrivée là car elle a cassé une vitre dans son usine dans un geste de rébellion désespéré...John, Irlandais taciturne, a fait une dépression suite à la mort de son enfant, ce qui ne peut être qu'un signe de folie à cette époque...Quand à Clem, jeune fille bourgeoise, elle ne pense qu'à lire et à s'instruire, et ne voit qu'une issue au destin que lui réserve sa famille, la mort.



Charles, médecin en rupture familiale, a été embauché pour ses talents de musicien et est convaincu de l'importance de la musique pour soigner les "aliénés". Il joue pour eux des morceaux forts appréciés. Mais Charles, tourmenté par des pulsions inavouables, va peu à peu dériver vers l'eugénisme, et les théories prônant la stérilisation des malades atteints de troubles psychiatriques ou mentaux...que partage un certain Churchill.



Entre le travail, les camisoles de force, les traitements parfois violents administrés aux malades, la promiscuité, l'angoisse de ne jamais en sortir, la vie des pensionnaires n'offre que de rares plaisirs, dont le bal. Chaque semaine un bal est organisé dans une magnifique salle et y assistent les patients qui sont autorisé à le faire. C'est ainsi que John et Ella vont se rencontrer et vivre une intense bien que difficile idylle pendant les longs mois d'un été caniculaire. Leurs échanges, quelques lettres qu' Ella est incapable de lire. Un espoir, pouvoir s'enfuir, mais comment s'échapper, comment convaincre de sa santé mentale, comment ne pas sombrer ?



A nouveau Anna Hope nous offre un roman dans un cadre historique très documenté, des personnages simples qui font face à leur destin avec courage et une grande sensibilité, une très belle écriture envoutante. Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour cette lecture en avant première.
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Le chagrin des vivants

"Le chagrin des vivants" qui a été très bien accueilli par les lecteurs français, m'a également conquise.



L'histoire se passe en 1920 en Angleterre qui se prépare à rendre hommage au soldat inconnu. Pendant quelques jours on suit trois femmes que la Grande Guerre n'a pas épargnées. Une mère en deuil après la perte de son fils unique, une jeune femme abattue après la disparition de son fiancé et une danseuse confrontée au mutisme de son frère, revenu du front. Leurs émotions sont si bien décrites que la souffrance de chacune est perceptible. On assiste ensuite à un retour à la vie après un long chemin du deuil. Progressivement, le désespoir cède la place à une sorte d'apaisement, au désir de bonheur et à l'amour naissant ou renaissant. Ce réveil (Wake), tel est d'ailleurs le titre de l'original, est dépeint par une belle plume très sensible de la jeune écrivaine anglaise.



J'ai beaucoup aimé la construction du roman qui par son intrigue bien ficelée va lier ces trois destins différents sans que leurs chemins ne se croisent pas vraiment.



Une belle réussite pour ce premier roman très abouti dans la façon de traiter le sujet, si délicat. Une histoire à la fois captivante et émouvante dont la découverte a été un vrai plaisir.
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Le Rocher blanc

J’imagine que chaque auteur, lorsqu’il commence le projet d’un roman, a en tête certaines ambitions. Et que, si une fois le livre achevé, il peut trouver, à travers les échos de sa réception, la confirmation que ses objectifs d’écriture ont été atteints, c’est alors un livre réussi. Posée en amont de la création, cette question des motivations à écrire a dû aussi en paralyser plus d’un et réduire à néant ce qui n’étaient que velléités. Quand il s’agit, comme pour Anna Hope, d’un auteur ayant déjà rencontré le succès, le défi est légèrement autre : trouver l’inspiration pour faire du neuf selon les recettes des succès antérieurs. Renouveler son écriture mais contenter un lectorat qui revient vers vous à la faveur de vos productions antérieures.

C’est en pensant à tout cela que j’ai abordé la lecture du Le Rocher blanc, dernier en date des romans d’Anna Hope. J’avais trouvé Nos espérances tellement parfaites à restituer l’air d’un temps que, malgré le grand plaisir pris à leur lecture, je les ai soupçonnées de devenir vite datées. La Salle de bal et Le Chagrin des vivants, chacun dans leur genre, m’avaient également beaucoup plu. J’y ai trouvé à chaque fois un cadre bien précis pour une histoire en immersion dont la narration pleine de finesse laisse toujours sa place au tintement un peut aigrelet d’une fêlure douce-amère.

Et puis Le Rocher blanc qui me laisse confuse et un tantinet désappointée là où je pensais, grâce à une grande amie libraire, plastronner d’être de celles qui le découvraient avant sa sortie et me délecter de ce plaisir un peu snob consistant à dire à mes connaissances : « Le dernier Anna Hope, tu ne l’as pas encore lu ? Vraiment, tu devrais, une petite merveille ».

Je ne dirai pas cela.

Dans un decrescendo chronologique annoncé dès la table des matières, le roman fait se succéder différentes parties de 2020 à 1775 pour emprunter ensuite le chemin inverse et revenir au monde contemporain. Le point commun entre ces épisodes romanesques ? Le rocher. Pierre votive à quelques encablures des côtes de l’Amérique latine, fréquentée par les autochtones pour des raisons cultuelles, par des migrants esclavagisés ensuite, un chanteur ressemblant fort à Jim Morrison et une romancière touriste venue y rendre une sorte de culte new-age.

Comme Anna Hope reste une conteuse de talent, on s’attache aux personnages des différentes époques. On ressent le vide dans lequel se meut chacun d’eux, le désespoir blanc qui les habite continuellement. On vit leur désarroi, leur peur et leur inéluctable condamnation. Dans une réflexion qui ramasse en moins de 300 pages l’idéologie de la colonisation, le soft power de la pop music et les délires ethnocentrés de touristes en mal de spiritualité personnalisée est concentrée toute la démesure humaine, l’impuissance à laquelle se résolvent les opprimés, l’inexorable tragédie que contient l’aveugle et suffisante découverte d’un nouveau monde depuis 15e siècle.

Mais il ne faudra pas attendre autre chose. Pas de deus ex machina. Jamais. Pas de rédemption par je ne sais quelle grâce des sentiments. Rien qui sauve. Rien qui transcende ou qui éclaire.

Alors je reviens à ma réflexion initiale sur les motivations à écrire. Il me semble que si l’on n’est pas Beckett, si la beauté de la langue utilisée ne vient pas transcender le seul et frustre dire, c’est un coup d’épée dans l’eau que de raconter uniquement la brisure. Car ce qui aura été brisé, ce n’est pas seulement le destin tragique de tous ces personnages, c’est aussi le pacte avec le lecteur qui, à conditions d’une esthétique séduisante ou de péripéties romanesques trépidantes voire d’une injonction à un engagement politique quelconque, aurait accepté de voir son regard infléchi. Ici, rien de ce genre. On reste prisonniers de la bêtise immémoriale des hommes, à tristement contempler le désastre. Sans échappatoire aucun, pas même esthétique. Déprimant.
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La salle de bal

Et "un, deux, trois, quatre, un, deux, trois, quatre"... Mesdames et Messieurs, veuillez changer de partenaire... on reprend...



Après avoir lu "Le bal des folles" de Victoria MAS dont l'intrigue se situe à la Salpêtrière, j'étais curieuse de découvrir "La salle de bal" dont l'histoire se passe outre manche une cinquantaine d'année plus tard.



En 1911, Ella se retrouve internée après avoir cassé une vitre dans l'atelier de filature dans lequel elle travaille depuis son enfance.

Dès son arrivée à Sharston, la jeune femme se fait remarquer car, tel un oiseau enfermé en cage, celle-ci ne rêve que de liberté. Ella va rencontrer une autre pensionnaire, Clem, une fille de bonne famille cultivée. Celle-ci lui explique alors les opportunités qui vont s'offrir à elle si elle veut ressortir un jour de cet asile.



L'un des personnels soignants, le Dr Fuller qui croit en la musicothérapie pour soigner ses patients de la démence, va la sélectionner pour participer les vendredis soirs à des ateliers de danse, seule activité communes pour les hommes et femmes de Sharston. Par ce mélange des sexes, Ella va se rapprocher progressivement de John, un Irlandais avec qui une relation va naitre au fil des quadrilles et autres pas de danse...

Y a t-il une possibilité pour eux de pouvoir vivre une histoire d'amour entre ces quatre murs entourés de barreaux? Vaut-il mieux vivre enfermé avec l'infime chance de se croiser ces fameux vendredis soirs ou vaut-il mieux être livre et oublier l'autre?



Après un début de lecture un peu laborieux, j'ai été emportée par l'histoire des trois personnages principaux qui vivent tous trois l'enfermement dans cet asile de manière totalement différente. J'ai aussi apprécié de découvrir les théories et le type de soins psychiatriques prodigués aux patients qui nous sembleraient barbares s'ils étaient utilisés à notre époque. Comme dans le "bal des folles", on se rend compte qu'une grande quantité de personnes internées seraient considérées comme saine d'esprit. Qui sait, peut-être que j'aurais moi même été internée à cette époque alors que je vais très bien (bien sûr selon moi ;-D)...



Je tiens à remercier Herchalex pour cette belle découverte de "La salle de bal" qui mérite amplement les prix qu'elle a reçu...
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La salle de bal

Angleterre, hiver 1911.

Ella est arrêtée après avoir brisé volontairement la vitre de l'usine de textile dans laquelle elle travaille depuis de nombreuses années. Prise pour "folle", elle est internée arbitrairement et sans procès à l'asile de Sharston dans le Yorkshire.

Ella ne se laisse pas faire, se révolte, tente une évasion qu'elle réussit presque. Mais, rien n'y fait. On ne l'écoute pas et plus elle se défend, plus on l'a punit, on l'a violente et elle finit à l'isolement. La seule solution est la résignation. Il faut qu'elle soit "sage", patiente, qu'elle fasse ce qu'on attende d'elle, comme sa mère le lui répétait souvent. Les soupçons s'estomperont alors et elle pourra agir.

"Etre sage, Ella savait ce que c'était.

Elle le savait depuis toute petite. Etre sage c'était survivre...

Et ensuite elle s'évaderait. Pour de bon cette fois. d'une manière à laquelle ils ne s'attendraient pas. Et elle ne reviendrait jamais."

La vie à l'asile suit son cours entre la surveillance du médecin, les activités quotidiennes et les amitiés qui se créent. Arrive l'organisation des bals du vendredi mis en place par le Docteur Fuller. A ces occasions, hommes et femmes se retrouvent et dansent sous l'œil attentif du médecin convaincu que cette expérience peut améliorer la santé mentale des malades.

Ella participe. Elle rencontre John.



"La sal de bal" est un roman choral dont le récit est raconté successivement d'après les points de vue d'Ella, de John et du Dr Fuller. Les narrateurs évoquent les conditions d'internement et la vie au sein des asiles dans l'Angleterre du début du XXème siècle.



Nous sommes proches de la Première guerre mondiale, les principes sur l'eugénisme se développent. Médecins, hommes politiques et membres de la haute société britannique veulent agir sur la situation de misère et de condition sociale dans laquelle vit une partie de la population. Leur idée, aussi terrible soit-elle, est de diminuer la fécondité des déficients afin d'améliorer selon eux la qualité raciale.



Si dans un premier temps, le Dr Fuller est plein de bonne volonté et très soucieux de la qualité de vie de ses malades, il bascule rapidement au sein de la société eugénique anglaise. Ses expériences artistiques et musicales laissent rapidement place à l'idée d'expériences bien plus sordides.



Un roman très bien détaillé où se mêlent des faits historiques et une histoire d'amour à l'avenir incertain et dont les personnages sont vivants, déterminés et passionnés.



Une très bonne lecture qui frôle le coup de cœur !
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La salle de bal

1911

En ces années là, il en fallait peu pour se retrouver interné dans un asile.

C’est le cas d’Ella, qui a simplement brisé une vitre dans la filature où elle travaillait.

Elle se retrouve à l’asile de Sharston où sont enfermés des centaines d’hommes et de femmes .

L’eugénisme commence à se développer.

C’est glaçant comme histoire.

J’avais beaucoup apprécié ‘ « Le bal des folles » de Victoria Mas

Est-ce pour cette raison que j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce roman ?

Ou cause des changements de personnages trop fréquents ?

J’ai failli abandonner plusieurs fois.

Finalement je suis allée jusqu’au bout et je n’ai pas regretté.

Dans cette ambiance désespérante, l’histoire d’Ella et de John est très belle.

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Le Rocher blanc

Comment se confronter à la fin ? C'est une question à laquelle chacun se heurte dans sa vie quotidienne, et plus encore ces dernières années face aux alertes qui dépassent la simple dimension personnelle. Fin d'un couple, temps suspendu de la vieillesse et menace de la décrépitude qui l'accompagne, réchauffement climatique, épidémies... Comment ne pas se sentir perdu, démuni voire coupable ? Comment faire face à la peur qui étreint le ventre du parent en pensant aux nuages de plus en plus noirs au-dessus de la tête de son enfant ? On peut essayer d'agir. Prier parfois. S'en remettre aux légendes ancestrales, écrire pour tenter de comprendre.



C'est ce qui étreint l’Écrivaine sur les routes du Mexique, dans un bus qui transporte des "pèlerins" de différentes nationalités accompagnés d'un chaman. Direction le Rocher blanc au large d'une petite ville de la côte mexicaine baignée par l'océan, c'est là que les voyageurs comptent déposer leurs offrandes, et ainsi leurs espoirs. L’Écrivaine est là pour remercier. Elle est avec sa fille de 3 ans et son mari qui ne le sera bientôt plus ; en Europe elle sait son père proche de la fin et les populations en proie au virus. Ce lieu particulier et sacré pour certains peuples a été témoin de tant d'événements au cours des siècles, il est - d'après les croyances locales - peut-être l'endroit où tout commence et où l'on peut enfin se régénérer. C'est de là que sont partis les premiers bateaux de la flotte espagnole coloniale à rallier la baie de San Francisco au 18ème siècle, là que des milliers de déportés Yoemen ont transité au début du 20ème siècle. Même Jim Morrison y a séjourné deux ans avant son décès, loin du bruit et de la fureur. Il faut peut-être remonter à la source pour trouver l'énergie de continuer à avancer.



Dans une construction en creuset, habilement dosée, Anna Hope invite le lecteur à remonter le temps jusqu'à l'émergence du Rocher blanc avant de repartir vers notre présent. Dans ce voyage se mêlent les histoires des peuples spoliés et martyrisés, des histoires d'amour aussi, d'autres de terres volées et pillées, de conquérants oppresseurs et d'êtres qui cherchent à fuir. Quelque chose qui ressemble à l'histoire de l'humanité. De ce récit émergent les questions qui nous taraudent sur notre environnement, nos modes de vie et cette quête permanente du sens de l'existence devenant au fil du temps de plus en plus complexe. Anna Hope confronte l'individu à l'universel, bouscule les frontières du vivant, et vient puiser dans l'éclat d'un rayon de soleil et le rire d'enfants en train de jouer les quelques grammes d'espérance nécessaires à la poursuite genre humain. Formidable démonstration du pouvoir de l'écrivain qui transcende ses peurs et ses colères pour livrer un solide matériau littéraire dont l'écho résonne au plus profond de nos entrailles.
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La salle de bal

L'an 1911, dans le Yorkshire : Ella ne supporte plus l'air cuisant de l'usine de filature où elle travaille depuis son plus jeune âge. Dans un moment de rage, après avoir brisé une vitre, c'est dans l'asile psychiatrique de Sharston que la jeune fille se retrouve pour une durée indéterminée. Malgré la vigilance du personnel hospitalier, elle réussit à s'échapper et dans sa course folle, un homme la retient près de la grande tombe qu'il creuse avec l'aide de son ami Dan. Il s'agit d'un Irlandais, un certain John, interné également dans le même établissement pour dépression à la suite du décès de sa femme et de son enfant dont il se remet doucement. C'est dans une salle de bal où se retrouvent chaque vendredi hommes et femmes triés sur le volet, qu'elle reverra John, l'Irlandais qui a fait avorter sa fuite. C'est aussi au cours de ces soirées dansantes que va naître leur histoire d'amour par un échange de lettres avec l'aide de son amie Clem qui ne sera pas sans conséquence sur leur amitié.

Quant au Docteur Fuller, obsédé par le pouvoir de l'eugénisme sur certains patients, il va, dans son délire, tenter de mettre sa pratique à exécution espérant se faire une renommée autre que le banal musicien qui fait danser les patients une fois par semaine et voir son talent enfin reconnu.



Dès le début, j'ai été happée par La salle de bal de Anna Hope qui nous entraîne dans un monde cruel où les moyens de guérison les plus archaïques sont testés sur des patients livrés à eux même. Une lecture parfois dérangeante sur la folie et ses pratiques désastreuses de la période la plus sombre des internements psychiatriques. Une histoire très bien romancée entre Ella et John lorsque l'on connait la triste réalité d'un tel milieu et les dérives de certains placements abusifs.

Une belle réussite de Anna Hope.





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La salle de bal

Quelle claque ce livre !

Un diamant qui brille de mille feux sur fond noir, très noir.

Cela aurait pu être une jolie histoire si elle n’avait été si tristement réelle.

Oui c’est un roman, mais ces lieux ont bien existé, et ce n’était pas il y a des siècles mais seulement quelques dizaines d’années.

Ella internée au printemps 1911 pour avoir voulu voir le ciel et brisé une vitre.

John interné pour mélancolie.

Bien sûr que ces deux là ne pouvaient que se trouver.

Et c’est dans la salle de bal de l’asile qu’ils vont se rencontrer, le vendredi soir, seul moment de la semaine où seulement quelques hommes et quelques femmes sélectionnés par le Docteur Fuller peuvent participer à ce qu’ils ne savent pas être en réalité une expérience.

Charles Fuller qui s’est retrouvé par hasard à soigner ces patients différents va essayer une nouvelle thérapie : la musique.

Mais très vite il va adhérer à une idée plus terrible : la stérilisation.

Prémices de l’eugénisme, qui va devenir quelques années plus tard l’un des fondements du nazisme.

Un livre bouleversant, on ne peut que s’attacher à Ella, John, Clem, Dan et tous les autres brisés par des hommes et femmes cruels et sans scrupules qu’ils soient médecins, infirmiers, gardiens.

Il en fallait peu à l’époque pour se retrouver dans un asile psychiatrique, et avec quasiment aucune chance d’en ressortir tant l’institution broyait tous ces pauvres bougres qui avaient le malheur d’y entrer.

Un livre aussi beau que terrible.

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Le chagrin des vivants

Je referme ce roman empreint de tristesse.

L'ambiance est fidèle au titre "Le chagrin des vivants", mon ressenti du chagrin a été très fort tout au long de ma lecture de ce premier roman d'Anna Hope.

L'histoire conte les premiers jours de novembre 1920 jusqu'au 11, arrivée du "Soldat inconnu" depuis la France, pour la cérémonie d'hommage à Londres.

Les chapitres égrènent le quotidien très réaliste et tourmenté de plusieurs personnages.

Il s'agit de celles et ceux qui restent, celles qui ont perdu un fils, un frère, un fiancé..mort ou disparu dans l'abomination des tranchées en France.

(certains passages m'ont évoqué le film 1917, même ambiance très sombre et horrible).

Avec son écriture subtile, l'auteure a bien retranscrit toute la douleur psychologique, la souffrance sourde des (sur)vivants, tous ces individus meurtris jusque dans leur âme.
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Nos espérances

C’est l’histoire de trois femmes d’aujourd’hui, âgées entre 35-40 ans. Elles sont devenues amies, elles ont vécu ensemble en colocation, le temps de leurs études, elles avaient des espérances. elles se sont jalousées, trahies. Bien sûr, il y a des fêlures, des cicatrices. Des moments de désespoir et des moments de joie. Il leur a fallu se trouver, se construire, parfois se perdre pour mieux se retrouver. L’histoire n’est pas linéaire, il y a des chapitres sur leur vie actuelle entrecoupés par des chapitres sur leur enfance et leur jeunesse. Les rapports avec leurs parents et l’évolution de ceux-ci. Et c’est là tout le talent de Ana Hope, de ne pas perde le lecteur dans ces allers-retours.



Un très beau portrait sur des femmes contemporaines. Si vous aimez Jonathan COE, vous aimerez Anna HOPE.



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La salle de bal

« La salle de bal » fut un roman sensible, dur, impitoyable et intéressant du point de vue historique ! Lu à plusieurs dans le cadre d’une lecture commune, j’ai eu le plaisir de partager au fil des chapitres sur les personnages ou les situations vécues qui n’ont laissé aucune de nous trois insensibles. Certes, nos ressentis finaux sont divers et je suis la seule à vraiment avoir apprécié cette plongée dans l’Asile de Sharston toutefois, ce fut très bien d’avoir plusieurs points de vue et de débattre. Ainsi, je remercie Bountynette et Sweetginie pour nos échanges !



Grâce à une triple narration, on va découvrir ce qu’il se cache derrière les murs d’un asile où sont enfermées des personnes démentes, mais aussi, d’autres qui le sont beaucoup moins… Du côté des femmes, on distingue par exemple Ella, une héroïne courageuse, observatrice, douce et obstinée qui clame son innocence. J’ai ressenti énormément de compassion pour elle, me demandant même comment j’aurais réagi à sa place face à une telle situation. Son amitié avec Clem, une autre patiente, m’a passionnée, car elle est loin d’être classique… Chacune a besoin de l’autre, tandis que leurs échanges permettent de s’évader psychologiquement du quotidien. Jalousie, attachement, envie, miséricorde, entraide, rejet, attirance, … C’est un lien complexe et intense qui va lier les deux jeunes femmes. Du côté des hommes, il y a le beau John au passé aussi douloureux que ces dames ! John est un pensionnaire doux, tourmenté, cultivé, intelligent et attachant. Lui aussi va former un très joli binôme avec son ami Dan. Ce quatuor touchant va nous faire ressentir une myriade d’émotions… Tout comme Charles, alias le Dr Fuller ! Voilà un antagoniste à la personnalité trouble, cruelle, introvertie, frustrée, obsessionnelle, révoltante et déstabilisante. La narration va régulièrement confronter le lecteur à ses réflexions ainsi qu’à ses idées scandaleuses, en particulier celles qui touchent à la ségrégation et à la stérilisation. J’ai trouvé ce personnage très intéressant, car on n’a pas un simple antagoniste qui ne sert qu’à mettre des bâtons dans les roues des protagonistes. On a un véritable individu au comportement retors faussement justifié par les théories scientifico-politiques de l’époque, persuadé qu’il œuvre pour le bien. D’une certaine manière, il m’a rappelé Richard Strickland de « La forme de l’eau ».



Un sentiment d’injustice. C’est ce qui m’a animée tout au long de ma lecture. À plusieurs reprises, les personnages vont vivre des horreurs ou des humiliations révoltantes. L’auteure a très bien su retranscrire l’idéologie de l’époque où l’on pointait du doigt les classes populaires dont on souhaitait restreindre la fécondité, ainsi que les personnes jugées « anormales ». Ce dernier cas englobe malheureusement n’importe qui, même des femmes dont on voulait se débarrasser, celles qui sont trop instruites ou des personnes ayant eu un brusque comportement rebelle. Des circonstances souvent malheureuses, absurdes et implacables. Un pan historique bouleversant et pourtant réel, comme le souligne Anna Hope dans ses remerciements (son arrière-grand-père a été interné) ou comme le développent d’autres auteurs comme le dernier prix Renaudot des Lycéens (« Le bal des folles » de Victoria Mas). Dans ce huis-clos où l’espoir n’est pas permis, un jour se distingue des autres : le vendredi. C’est là que les patients se retrouvent pour danser. Un moment offert uniquement aux plus sages, dociles et méritants…



Bien que le rythme soit calme et plus propice aux sentiments ou aux échanges, je n’ai pas ressenti d’ennui. Jusqu’au bout, j’ai été intéressée par le destin de ces cinq personnages… Même s’il est un peu précipité, le dénouement m’a d’ailleurs émue. Une très belle note finale, délicate, sensible et amère. Pour moi, ce fut une riche plongée émotionnelle qui m’a rappelé deux très belles œuvres : « Vol au-dessus d’un nid de coucous » ou encore « Mille femmes blanches » de Jim Fergus. À découvrir !
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La salle de bal

Une belle découverte et un sujet super intéressant : on suit en effet 4 personnages d'un asile anglais , trois patients et un médecin ,ce qui nous permet d'en apprendre beaucoup sur le fonctionnement du lieu mais aussi sur les questionnements de l'époque ( l'eugénisme, l'homosexualité) et le contexte économique difficile ( les pauvres, les conditions de travail, les grèves...). J'ai trouvé ça passionnant ! Et je ne savais pas qu'au XXème siècle on enfermait encore les plus pauvres ... L'histoire d'Ella et John m'a beaucoup touché , je l'ai trouvé très réaliste et juste. La fin serre un peu le cœur quand même. Et le fil rouge de tout ça, c'est la liberté ! De pouvoir circuler librement,de pouvoir être qui on est sans jugement, de pouvoir décider de sa vie, de pouvoir avoir des enfants etc...Une lecture dont je me souviendrais c'est certain !
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Le chagrin des vivants

Lire un roman sur le sujet de la Grande Guerre, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé ! Cependant l’avis de lecture de Sandrine m’avait plu et donné envie de découvrir ce livre et cette auteure… aucun regret, au contraire !

Par ses mots parfois vieillis et son style chaleureux, Anna Hope parvient à recréer une atmosphère en décrivant des intérieurs chargés d’odeurs de cuisine ou bien froids le matin alors que le feu est éteint. On entend presque les flammes crépiter, la bouilloire chanter. Les esprits des personnages sont chagrinés, préoccupés, lourds de ressentiment, mais une humanité ressort et confère cette portée universelle qui parle au lecteur.

Je trouve le titre formidable, tellement juste qu’il en est presque poétique. La culpabilité d’être vivant, le poids de continuer à vivre malgré ces pertes de proches dont on attendait impatiemment le retour. Ce roman c’est aussi le destin de femmes dont les rêves se sont envolés.

Un livre vibrant d’émotions, un beau témoignage de celles et ceux qui ont vécu la guerre « de l’arrière », et ceux qui en sont revenus.

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Nos espérances

Trois jeunes femmes, Hannah, Cate et Lissa se connaissent depuis l’enfance et ont partagé la location d’une vieille maison londonienne pendant leurs jeunes années…ainsi que de grandes espérances. Hannah rêvait d’une grande famille, Lissa d’une carrière d’actrice et Cate de voyage et de liberté. Quelques années plus tard le constat est amer. Hannah mène une vie aisée, a fait un beau mariage avec l’homme qu’elle aime mais ne parvient pas à devenir mère. Sa course à la maternité devenue obsessionnelle aura raison de son couple. Cate a épousé sur un coup de tête – et parce qu’elle était enceinte – un homme, Sam, avec lequel elle ne partage plus rien, un amour exclusif la liant à son fils, Tom. Sa rencontre avec un couple de lesbiennes mères d’un bébé de l’âge de Tom va la replonger dans la nostalgie d’une femme aimée qu’elle avait suivie aux Etats-Unis… Quand à Lissa, délaissée par sa mère bohème, elle enchaîne les castings minables, a du mal à boucler les fins de mois et voit sa carrière d’année en année compromise.



Anna Hope aborde les relations parfois difficiles avec la famille, en particulier entre mères et filles, la difficulté pour les femmes nées dans les années 70 à s’épanouir entre les modèles ancestraux et les combats féministes, d’éviter les pièges de la vie conjugale et leur insatisfaction dues à leurs rêves déçus . Toutes vont se retrouver, se déchirer parfois, durant ces quelques mois de crise mais ensuite trouver une stabilité, enfin devenir elles-mêmes, libérées des fardeaux qu’elles s’étaient elles-mêmes imposé.

L’auteur nous peint un beau portrait de ces trois femmes modernes malgré quelques clichés et quelques longueurs. Un bon moment de lecture.

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Nos espérances

« On est allées changer le monde pour vous. Pour nos filles. Et qu'est-ce que vous en avez fait? ».



Anna Hope creuse l'idée du temps qui passe et des illusions perdues avec trois amies trentenaires, entre petits bonheurs et petites galères. Avec une construction romanesque en multiples retours en arrière, les espoirs et projets de vie de jeunes étudiantes se délitent sur une décennie, dans la réalité de la vie amoureuse ou professionnelle.

Elles font pourtant du mieux qu'elles peuvent mais... Care frise la dépression post-partum en jeune mère de famille trop vite mariée, quand Hannah fragilise son couple par son désir impossible de maternité. Quant à Lissa, elle galère en actrice sans rôle et en femme sans compagnon.



Que leur a réservé la vie après les tâtonnements de la jeunesse? On a un sentiment de destinées non maîtrisées, d'illusions ternies au piège du quotidien. Les liens semblent solides mais n'excluent pas une compétition sournoise de réussite et de jalousie, assortie d'une déloyauté avec laquelle il faut composer.



A défaut d'être passionnant, ce livre sur l'amitié, un peu désenchanté, se lit avec aisance grâce à l'habile travail d'écriture et l'empathie manifeste de l'auteure pour ses personnages féminins. Il tient à se conclure par une note de sérénité un peu convenue et une belle image de passage de témoin à la génération féminine suivante.



Une lecture qui, pour moi, n'a pas atteint l'intérêt des précédents livres d'Anna Hope

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La salle de bal

Un livre touchant et dérangeant.

Une histoire d'amour dans un lieu où on ne l'attend pas !

Des personnages, 3 essentiellement, qui sans doute ne devraient pas être là, dans ce lieu là.

Des théories bassement eugénistes, qui commencent sérieusement à poindre leur nez en 1911 , même en Angleterre , même sous un Churchill déjà ministre, même là, surtout là dans un asile de fou, où les plus fragiles sont matière à expérimentation...

Ce livre est d'autant plus touchant que l'auteure s'est inspirée de sa propre biographie familiale et l'a enrichie de descriptions très documentées.

Un livre que je recommande pour l'écriture et pour l'histoire .

La psychiatrie avait encore du chemin à faire .

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La salle de bal

Yorkshire : asile d'aliénés de Sharston : 1911 ...



L'histoire est contée par trois personnages :



1) Ella, jeune femme qui travaillait dans une filature depuis l'enfance et qui a brisé volontairement une vitre, elle est qualifiée d'hystérique ;



2) John, homme jeune qui a eu le malheur de perdre sa fille et dont la femme l'a quitté suite à ce drame, il est qualifié de mélancolique ;



3) Charles un médecin ambitieux, fou de musique, qui cherche dans un premier temps à améliorer le confort des patients et à les faire progresser dans leur rétablissement, par excès d'ambition, il se tournera vers l'eugénisme.



Il y a bien sûr un certains nombres de personnages secondaires qui vont d'une personne qui est réellement atteinte psychiquement, à une autre qui est enfermée parce qu'elle a refusé d'épouser l'homme que son père lui avait choisi et puis bien sûr, les pauvres car si ils sont pauvres, c'est qu'ils sont malades mentaux !!!



Il ne faisait pas bon vivre au début du XXè siècle où on vous internait pour n'importe quelle peccadille, voire absolument sans raison ! Quant aux "animations", elle consiste à faire travailler les détenus à toutes sortes de tâches : creuser des tombes pour les autres patients qui s'entasseront à six cercueils dans ces fosses, faucher les prés, etc ... Les femmes, elles sont confinées à l'intérieur pour toutes sortes de travaux domestiques : nettoyage, cuisine, lessive ... A vrai dire l'atmosphère de cet asile m'a davantage fait penser à une prison qu'à un établissement de soins , les patients étant davantage traités comme des criminels que comme des malades ! Les hommes et les femmes ne se croisent jamais sauf ... sauf ...le vendredi où le docteur Charles, épris de musique, anime un bal auquel sont conviés certains hommes et certaines femmes (ceux qui ont été bien "sages" durant la semaine.

Et là, c'est l'éblouissement, une salle superbe et immense où John et Ella vont échanger quelques paroles tout en dansant. Après les paroles viendront les billets doux que John remettra discrètement à Ella et puis finalement une rencontre amoureuse en cachette.



C'est là que pour se faire valoir aux yeux de certains de ses supérieurs et notamment de Churchill qui était à l'époque ministre de l'Intérieur, Charles va renoncer progressivement à tenter de guérir ses patients et adopter la théorie de l'eugénisme qui consiste à stériliser ceux qui sont considérés comme "simples d'esprit" ( ou dont la tête ne plaît pas au médecin ... )



J'ai été séduite par ce livre qui est, non seulement très bien écrit mais qui aborde des sujets graves et fouille méthodologiquement la psychologie des personnages et leur ressenti de "condamnés".



Un livre poignant, triste et qui vous donnerait un coup de blues ( attention, aux coups de déprime, c'est dangereux !)



J'ignorais que Churchill avait été un certain temps intéressé par l'eugénisme ! Heureusement, d'autres affaires ont monopolisé son attention et il ne s'est plus préoccupé de ces questions médicales ! Ouf !



Un livre qu'on retiendra toujours dans un coin de sa mémoire !







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Le chagrin des vivants

Emprunt de nostalgie, de regrets et de tristesse, « le chagrin des vivants » est une belle histoire à trois voix racontant le difficile chemin du deuil et de l'acceptation, chacune de ces voix traduisant des émotions, des pensées différentes.

« le chagrin des vivants », c'est le chagrin de ceux qui restent et qui ont perdu un être cher, c'est aussi le chagrin de ceux qui sont rentrés de la guerre, traumatisés physiquement, psychologiquement.

*

Le récit débute de manière saisissante. Nous sommes dans la nuit du dimanche 7 novembre 1920. Trois hommes déterrent le corps d'un soldat dans un champ. L'un d'eux :

« Une pensée lui vient spontanément à l'esprit : son frère est mort ici. Dans un champ comme celui-là en France. Son corps n'a jamais été retrouvé. Et si c'était lui ?

Mais il n'y a aucun moyen de le savoir. »

*

Anna Hope a eu la très bonne idée de décrire l'entre deux-guerre du point de vue des femmes, décrivant l'atmosphère particulière de l'après-guerre, à la fois lourde, triste, traumatisante, déboussolante.

Nous suivons Ada, Hettie et Evelyn, chacune meurtrie à leur manière par la guerre. Leurs drames personnels éclairent notre regard sur cette époque. Durant les cinq jours qui précèdent l'arrivée du cercueil du Soldat inconnu en Angleterre, le lecteur suit leur quotidien, entre dans leur intimité, dans leur esprit. Leur douleur est touchante.

Qu'est-ce que cinq jours ? Si peu. Mais ces quelques jours seront peut-être les plus marquants, les plus nécessaires de leur vie. La cérémonie sera comme un baume sur leurs blessures, leurs douleurs, leurs regrets.

*

Hettie, la plus jeune, est danseuse de compagnie au Hammersmith Palais pour subvenir aux besoins de sa mère et de son frère, revenu de la guerre traumatisé et incapable de retrouver une vie active.



Evelyn a perdu son fiancé, Fraser. elle subvient à ses besoins en travaillant au bureau des pensionnés de guerre.



Ada, la plus âgée, a perdu son fils Michaël et ne parvient pas à faire son deuil. Une simple lettre l'a informé qu'elle ne reverrait jamais plus son fils parti à la guerre.

*

J'ai eu au départ des difficultés à m'intéresser aux personnages, trouvant le récit long à se mettre en place, le quotidien de ces femmes trop banal. Et puis, contre toute attente, je me suis attachée à elles, et en particulier à Ada qui est celle qui m'a le plus émue, peut-être parce que je suis mère aussi.

*

S'il n'y a pas d'intrigue à proprement parler, c'est que tout l'enjeu du roman est dans l'ambiance et les émotions.

L'auteur s'attache à rendre compte, avec beaucoup de pudeur et d'empathie, des difficultés à reprendre le cours normal de la vie. Affrontement des sentiments, entre l'envie de vivre et la douleur encore trop vive.



Pour les hommes partis se battre, incapables de retrouver leur place dans une société qui ne les comprend pas. Pourquoi certains soldats ont eu la chance de revenir ? Et pourquoi d'autres sont morts sur le sol français ?



Mais aussi pour celles qui sont restées, victimes collatérales du conflit, qui attendent dans l'angoisse des nouvelles, qui espèrent le retour de l'un des leurs, ou qui commencent le lent et complexe processus de deuil.



« C'est la guerre qui gagne. Et elle continue à gagner, encore et toujours… et celui qui ne partage pas cet avis est un imbécile. »

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Alternant les récits des trois femmes et les préparatifs de la cérémonie d'inhumation du soldat inconnu, le récit, bien maîtrisé, laisse surtout la place aux émotions. D'une écriture simple, fluide, agréable, l'auteure ne cherche pas, par des phrases surfaites qui atténueraient le sens du message, à faire larmoyer le lecteur. Au contraire, ce style « spontané » nous rend les personnages proches, attachants et sincères.



« le chagrin des vivants » est un roman touchant, délicat. Malgré la douleur de l'absence, la vie continue.

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