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Citations de Anne Hébert (266)


Cette pauvre fille ne possédait ni ennemis, ni amis, une solitaire, une recluse, une commerçante impeccable ; ni sentimentale, ni curieuse, la dignité en personne. Ah ! Une autre époque révolue qui bascule dans le passé avec la figure intègre d'Adélaïde Menthe.
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J'ai eu quinze ans hier, le 14 juillet. Je suis une fille de l'été, pleine de lueurs vives, de la tête aux pieds. Mon visage, mes bras, mes jambes, mon ventre avec sa petite fourrure rousse, mes aisselles rousses, mon odeur rousse, mes cheveux auburn, le coeur de mes os, la voix de mon silence, j'habite le soleil comme une seconde peau.
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C’est une toute petite mort, Michel, ce n’est rien qu’une toute petite mort.
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La plus grande réussite de ce monde, ce serait de demeurer parfaitement secret, à tous et à soi-même. Plus de question, plus de réponse, une longue saison, sans âge ni raison, ni responsabilité, une espèce de temps sauvage, hors du temps et de la conscience.
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Ce que la fille apprend à défendre, puis à désirer, à aimer, aux portes de la mort. L’enchantement de la violence. La fille se débat, griffe et mord, hurle, jusqu’à ce que l’enfer la secoue de bonheur et la laisse comme morte sur la paille. (Les enfants du sabbat, p. 110).”
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LE TOMBEAU DES ROIS
VIEILLE IMAGE


Tout détruire
Le village
Et le château

Ce mirage de château
À la droite
De notre enfance.

L'allée de pins
Se ravine
Comme un mauvais chemin

Et nous marchons
Dans cet abîme
Se creusant.

Les pas des morts
Les pas des morts
Nous accompagnent
Doux muets.

Nous affichons
Notre profonde différence
En silence :

La rage
Qui oppresse nos poitrines
La corde que nous tenons
Et la poutre d'ébène
Que nous cherchons
Au grenier
De la plus douce tourelle.

Et, vieille image
Château village
Croulent au soleil
Sous le poids léger
D'un seul pendu.

p.31-32
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LE TOMBEAU DES ROIS
LA FILLE MAIGRE


Je suis une fille maigre
Et j'ai de beaux os.

J'ai pour eux des soins attentifs
Et d'étranges pitiés

Je les polis sans cesse
Comme de vieux métaux.

Les bijoux et les fleurs
Sont hors de saison.

Un jour je saisirai mont amant
Pour m'en faire un reliquaire d'argent.

Je me pendrai
À la place de son cœur absent.

Espace comblé,
Quel est soudain en toi cet hôte sans fièvre ?

Tu marches
Tu remues ;
Chacun de tes gestes
Pare d'effroi la mort enclose.

Je reçois ton tremblement
Comme un don.

Et parfois
En ta poitrine, fixée,
J'entrouvre
Mes prunelles liquides

Et bougent
comme une eau verte
Des songes bizarres et enfantins.

p.33-34
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LE TOMBEAU DES ROIS
LA VOIX DE L’OISEAU


J’entends la voix de l’oiseau mort
Dans un bocage inconnu

L’oiseau chante sa plainte
À la droite
De ma nuit.

J'entends le bruissement des peupliers
Qui font un chant liquide
Tout autour de moi,

Île noire
Sur soi enroulée.
Captivité.

De moi à l’oiseau
De moi à cette plainte
De l’oiseau mort
Nul passage
Nul secours

Que sa plainte reçue
Que sa plainte revêtue
Par la voix intérieure

Pareillement blessée
Pareillement d'ailleurs

D'une nuit égale
D'une mort égale
O Paradis déchiré !

p.25-26
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POÉSIE, SOLITUDE ROMPUE


[…]
Notre pays est à l’âge des premiers jours du monde.
La vie ici est à découvrir et à nommer ; ce visage obscur
que nous avons, ce cœur silencieux qui est le nôtre, tous ces
paysages d’avant l’homme, qui attendent d’être habités et
possédés par nous, et cette parole confuse qui s’ébauche dans
la nuit, tout cela appelle le jour et la lumière.
[…]
Et moi, je crois à la vertu de la poésie, je crois au salut
qui vient de toute parole juste, vécue et exprimée. Je crois
à la solitude rompue comme du pain par la poésie.

p.71

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ÉVEIL AU SEUIL D’UNE
FONTAINE


O ! spacieux loisir
Fontaine intacte
Devant moi déroulée
À l’heure
Où quittant du sommeil
La pénétrante nuit
Dense forêt
Des songes inattendus
Je reprends mes yeux ouverts et lucides
Mes actes coutumiers et sans surprises
Premiers reflets en l’eau vierge du matin.

La nuit a tout effacé mes anciennes traces.
Sur l’eau égale
S’étend
La surface plane
Pure à perte de vue
D’une eau inconnue.
Et je sens dans mes doigts
À la racine de mon poignet
Dans tout le bras
Jusqu’à l’attache de l’épaule
Sourdre un geste
Qui se crée
Et dont j’ignore encore
L’enchantement profond.

p.13-14
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MYSTÈRE DE LA PAROLE


Dans un pays tranquille nous avons reçu la passion
du monde, épée nue sur nos deux mains posée

Notre cœur ignorait le jour lorsque le feu nous fut
ainsi remis, et sa lumière creusa l’ombre de nos traits

C’était avant tout faiblesse, la charité était seule
devançant la crainte et la pudeur

Elle inventait l’univers dans la justice première et
nous avions part à cette vocation dans l’extrême vita-
lité de notre amour

La vie et la mort en nous reçurent droit d’asile, se
regardèrent avec des yeux aveugles, se touchèrent
avec des mains précises

Des flèches d’odeur nous atteignirent, nous liant à la
terre comme des blessures en des noces excessives


p.73
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Etre quelqu'un d'autre. (...) Il n'est peut-être pas trop tard pour changer de peau définitivement, de haut en bas et de long en large. M'abandonner moi-même sur le bord de la route, vieille défroque jetée dans le fossé, l'âme fraîche qui remue au soleil et recommence à zéro.
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« L'amour meurtrier. L'amour infâme. L'amour funeste. Amour. Amour. Unique vie en ce monde. »
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Premiers paragraphes

Tant que dura la vision de la cabane, sœur Julie de la Trinité, immobile dans sa cellule, les bras croisés la poitrine, dans toute l'ampleur et la rigidité de son costume de dame du Précieux-Sang, examina la cabane en détail, comme si elle devait en rendre compte, au jour du Jugement dernier.

C'était la première fois que, depuis son entrée au couvent, elle se permettait un tel regard, non plus furtif, aussitôt réprimé, mais volontaire et réfléchi. L'intention d'user à jamais une image obsédante. Se débarrasser de la cabane de son enfance. S'en défaire, une fois pour toutes. Et surtout, ah, surtout ! être délivrée du couple sacré qui présidait à la destinée de la cabane, quelque part, dans la montagne de B…, parmi les roches, les troncs d'arbres enchevêtrés, les souches et les far doches.

Un homme et une femme se tiennent debout, dans l'encadrement de la porte, souriant de leur grande bouche rouge aux dents blanches. Le soleil, comme une boule de feu, va basculer derrière la montagne, illuminant le ciel, teignant de rose les mains tannées de l'homme et de la femme. Un petit garçon ouvre sa culotte déchirée, pisse très haut, atteint le tronc d'un pin, dont la tête se perd dans le ciel, visant en réalité le soleil qui va mourir.

La petite sœur l'admire pour cela. Assise sur un tas de bûches, elle fourrage dans sa tignasse pleine de paille, d'herbe et d'aiguilles de pin. Son cou, ses bras et ses jambes hâlés sont criblés de piqûres de maringouins. L'air est parfumé, sonore d'insectes et d'oiseaux.

Sœur Julie voit de tout près l'homme, la femme et les deux enfants, d'une façon nette et précise. La lumière qui baigne la scène devient sensible à outrance, comme les choses uniques qui vont disparaître. Craignant je ne sais quelle blessure qui pourrait lui venir de la lumière, sœur Julie entreprend, pour se calmer, de prendre les mesures exactes de la cabane et d'en faire un inventaire méthodique.

La cabane n'est pas très grande, composée d'allonges successives qui lui donnent un air épars de blocs de bois à moitié mangés par la forêt, posés à des hauteurs différentes, plus ou moins d'aplomb, mal reliés ensemble, sur de grosses roches, en guise de pilotis. Le bloc principal (de quinze pieds sur douze) se reconnaît à sa porte, autrefois rouge, maintenant violette et rose. Les deux fenêtres carrées de chaque côté de la porte sont aussi bordées de la même couleur passée. Il faut monter deux marches de bois usées pour atteindre la porte. Les murs de planches rayonnent gris argenté, doux au toucher, patinés par la pluie, le soleil et la neige, semblables aux épaves que l'on trouve sur les grèves.
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À bout de souffle

Soufflez-moi des paroles claires
Dans l’air sombre qu’il fait ici

Soufflez-moi des mots transparents
Dans le temps cotonneux d’aujourd’hui

Soufflez-moi des paroles rondes
Comme des bulles de savon

Avant qu’elles ne se brisent
Et n’éclatent au noir plafond
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Longtemps, elle a cru qu'on guérissait d'un amour par un autre amour, ce qui revient à n'être pas plus tôt guéri qu'on retombe malade. À la longue, vu du plus loin de sa vie vieillissante, cela ressemble à un amour unique, renaissant sans cesse de ses cendres, pour clamer sa fièvre ou son ennui.
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Une heure à peine de solitude (loin des tâches conjugales et domestiques), avec ses mains inoccupées, ses pieds nus, posés sur le sable, son regard perdu sur la mer grise, son cœur défait de tous ses nœuds d'orgueil et de vertu ; aimant et haïssant en paix, dans le calme du matin.
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Le premier homme et la première femme de ce pays avaient le teint cuivré et des plumes sur les cheveux. Quand au premier jardin, il n'avait ni queue ni tête ,il y poussait en vrac du blé d'Inde et des patates. Le premier regard humain posé sur le monde , c'était un regard d'Amérindien, et c'est ainsi qu'il a venu venir les blancs sur le fleuve, sur de grands bateaux, gréés de voiles blanches et bourrés de fusils , de canons, d'eau bénite et d'eau-de-vie.
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On ne peut pas plus parler de l'hiver que de la mort. De la faim, de la soif. De l'amour aussi. Et de la pauvreté. Poussée à de certaines limites, la vie se passe derrière la porte du silence. L'aventure trop forte nous saisit, nous submerge, nous transforme, s'accomplit si intimement, si totalement en nous, qu'elle se met à exister à notre place, nous dispensant de toute parole, de toute plainte.
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Les sanglots des hommes sont plus terribles qu'une fin du monde.
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