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Critiques de Anne Plantagenet (184)
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Comment j'ai tué mon père

Une écrivaine colombienne inconnue pour moi et un premier roman autobiographique fulgurant où l'intensité des émotions est exprimée à travers une plume puissante, magnifique.

C'est l'histoire tragique de sa famille, plus précisément de l'assassinat de son père, partie intégrante de l'histoire politique très sombre de la Colombie. C'était le vendredi 17 mai 1991, elle avait 11 ans le jour où elle vit son père pour la dernière fois, « J'ai entendu encore une fois ma mère me dire que mon père était au ciel, sans vraiment expliquer comment un homme pouvait partir au travail le matin et se retrouver au ciel. » Une date et un événement qui la marqueront au fer rouge, à vie. Comment ne pas penser au magnifique livre ( un de mes livres pour une île déserte), de Hector Abad Faciolince, « L'oubli que nous serons ».

A partir de cet événement tragique Jaramillo retourne vers le passé,

l'enfance avec quatre frères dont des triplets, dans une propriété aux environs de Medellín noyée dans un grand jardin envahi par les plantes, les fleurs et les arbres fruitiers. Mais 11 années c'est court comme passé et on revient inévitablement à l'événement funeste et la douleur indicible qu'il a laissé à la petite fille et à sa famille.

Mais Jaramillo ne tombe jamais dans le pathos, bien que le lien avec le père ayant était très fort, sa perte suite à sa courte vie avec lui a été cruciale dans son existence. Elle ne manque pas aussi d'humour pour raconter cette famille nombreuse atypique avec un superbe portrait de la mère qui va être obligée de la gérer seule, par la suite les laissant se débrouiller seuls, et où l'on a droit à des scènes jubilatoires avec les cinq enfants. Émouvant aussi par la suite à l'adolescence l'osmose avec la mère, les problèmes avec les frères et leurs tragédies, le tout toujours exprimé avec beaucoup de poésie, de douceur et de compassion.

Un livre où Jaramillo tue son père avec des mots, pour le ressusciter dans un récit débordant d'émotions et d'amour. « C'est la seule arme que je possède. Je te tue parce que je suis fatiguée d'essayer de te garder en vie dans ma tête. Je te tue pour que tu puisses vivre dans ce livre ……Existe-t-il de plus bel endroit pour vivre que dans un livre ? ». Je me suis notée des tas de paragraphes tellement ce qu'elle arrive à exprimer reflète l'essence même de la vie et de ses règles impitoyables, indépendamment du lieu, du temps et des circonstances . Publié dans son pays en 2019 , ce livre fut finaliste du prestigieux prix littéraire National Book Award. Une très belle surprise pour moi ! Un coup de coeur !



« Le bonheur est quelque chose que, la plupart du temps, on apprécie seulement une fois qu'on l'a perdu. »

« …. le silence est précisément ce qui empêche l'oubli. »



Un grand grand merci aux éditions Stock et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce magnifique livre !

#Commentjaituémonpère #NetGalleyFrance

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L'unique Maria Casares

En 1960, la mort accidentelle d’Albert Camus mettait fin aux seize ans de passion secrète entre l’écrivain et l’actrice Maria Casarès, considérée comme l’une des plus grandes tragédiennes françaises de son temps. A partir de la correspondance entre les deux amants publiée par leurs descendants en 2017, de l’autobiographie de l’actrice Résidente privilégiée, et des archives de la Maison Maria Casarès désormais propriété de la commune d’Alloue, ce livre retrace le cheminement de cette Galicienne réfugiée en France à quatorze ans après avoir fui l’Espagne franquiste en 1936, son acharnement à percer comme actrice, et son extraordinaire carrière théâtrale et cinématographique. Elle fut l’Unique du célèbre écrivain déjà marié, qu’elle aima tout aussi passionnément.





Parfaitement documentée, cette biographie prend presque par moments des allures de roman. On y découvre une femme et une actrice d’exception, dont la vie autant privée que professionnelle fut un engagement total et passionné, et qui parvient encore à nous subjuguer dans ce récit qui la révèle dans toutes ses ombres et ses lumières, ses bonheurs et ses tourments. Sa sincérité sans concession et son incroyable énergie la poussèrent dans un perpétuel dépassement de soi, par delà les blessures de l’exil, le trac immense dont elle ne guérit jamais, et les souffrances d’un amour illicite vécu en pointillés. Elle qui ne fit jamais rien à moitié investit son art exactement comme sa vie, avec une force et une intensité rares qui transparaissent jusque dans les fascinantes photographies conservées d’elle.





L’auteur a choisi de faire du lien entre Maria et Camus le point focal de son récit. Le livre s’ouvre ainsi dramatiquement sur la disparition de l’écrivain, pour retracer ensuite le parcours si singulier qui devait mener la jeune Espagnole exilée à deux passions marquées du sceau de la tragédie : l’une réellement vécue au travers d’un grand amour impossible, l’autre incarnée à la perfection dans de grands rôles dramatiques au théâtre et au cinéma. La biographie prend ensuite le parti d’expédier assez rapidement la seconde moitié de l’existence de Maria, celle d’après la mort de Camus, peut-être parce que, comme l’indique le titre, c’est avant tout l’Unique, telle que perçue par l’homme de lettres, qui nous importe ici.





Même si certains passages m’ont moins intéressée que d’autres, j’ai aimé la manière dont Anne Plantagenet a réussi à imprégner ses pages de l’extraordinaire présence de cette femme fascinante, en la ressuscitant dans son intimité aussi bien que dans sa grandeur de diva du théâtre et du cinéma : de quoi convaincre sans peine le lecteur qu’elle conserve encore aujourd’hui son absolue unicité.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Ouvrage reçu en avant-première (il ne sortira en librairie que début avril), dans le cadre d'une opération Masse Critique privilégiée, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions du Seuil pour l'envoi de cet ouvrage car sans eux, moi aussi, j'aurai oublié trop vite ou peut-être même jamais entendu parler de Letizia Storti et pourtant...



Letizia Storti est une femme d'environ 51 ans à l'époque où commence ce récit. Elle travaille, et ce, depuis près de 35 ans pour l'entreprise pharmaceutique UPSA et est très appréciée de ses collègues, notamment pour son engagement sans borne auprès ds syndicats afin de faire valoir les droits des salariés. En 2017,année de sa rencontre avec Anne Plantagenet à l'occasion du festival de Cannes pour un film dans lequel Letiza a joué auprès de Vincent Lindon et du réalisateur Stéphane Brizé. Intitulé "En guerre", celui-ci avait pour vocation de dénoncer les cruelles conditions de travail de certains salariés et notre héroïne avait postulé pour ce casting sans trop y croire au départ puis passant de simple figurante à silhouette jusqu'à avoir même des répliques dans le film, en tant que syndicaliste. Les cinq semaines qu'elle passa sur le tournage furent pour elle une révélation, un moment inoubliable, un moment où elle se sentait enfin exister et visible aux yeux des autres - non pas ceux qui la côtoient tous les jours mais de tous les autres qui la croisent, la connaissent puis aussitôt après l'oublient. Les deux femmes, Letizia et Anne, l'auteure de ce magnifique récit ont tout de suite sympathisé à Cannes, la première y assistant pour son interprétation dans le film "En guerre" et l'autre pour faire un reportage dans le cadre de son travail sur ce dernier. Puis, les conditions de travail se sont dégradée pour Letizia. Refoulée de service en servie suite suite à une fragilité extrêmement gênante et handicapante au poignet. Malgré sa reconnaissance en tant que "personnel handicapé", sa direction n'a rien fait pour lui proposer un poste adapté mais Letizia s'accroche. Elle, elle veut à tout prix travailler mais ses signaux d'alerte ne seront pas entendus.



Elle a dénoncé à mantes reprises la dégradation des conditions de travail suite au suicide d'un de ses collègues mais là encore, l'on ne l'a pas écouté. Délaissée, effacée de la mémoire de tous, elle est devenue une anonyme. Qui donc se souvient encore d'elle pour son interprétation dans le film de Stéphane Brizé, expérience qu'elle réitérera d'ailleurs quelques temps après mais où elle ne sera cette fois-ci que figurante ? Personne ! Qui se souvient de cette femme italienne et très fière de ses racines qui s'est battue toute sa vie pour le bien-être des salariés ? Personne ! Elle est devenue une ombre parmi les ombres et à travers ce récit bouleversant et extrêmement bien écrit que nous livre ici Anne Plantagenet, elle reprend vie...enfin un peu !
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Ce n'est pas un roman, c'est la vraie vie, celle des vrais gens, celle des gens vrais. C'est l'histoire d'une aventure humaine, extraordinaire, tragique.

Letizia Storti, 56 ans est ouvrière syndiquée FO chez UPSA depuis plus de 34 ans. Anne Plantagenet raconte l'histoire de cette femme, fille d'immigrés italiens, que le film de Stéphane Brizé, « En guerre », va sortir de l'anonymat des masses laborieuses en l'engageant comme figurant, jusqu'à sa disparition, rattrapée par la machine infernale d'un capitalisme cannibale et impitoyable.

Le talent de l'auteure et sa plume adroite font de cette histoire le témoignage poignant de ce combat pour la sauvegarde d'une certaine humanité que mènent chaque jour nombre de syndicalistes et son texte enterre bien des clichés ou des idées reçues sur la question. C'est là aussi tout l'intérêt de « Disparition d'une femme de 56 ans ». On ne soupçonne pas suffisamment la violence physique mais aussi psychologique qui peut sévir dans certaines entreprises.

On ne peut qu'être ému par cette femme combative qui a connu son « quart d'heure Warholien » mais finira brisée par un système cruel que dirigent une brochette d'imbéciles égoïstes, arrivistes carriéristes et autres actionnaires ignorants et cupides.

Merci à babelio masse critique et aux éditions du Seuil pour la découverte de cette auteure talentueuse et de cette histoire dramatique. C'est un livre très bien écrit, court, qui témoigne du sacrifice et de l'abnégation dont font preuve nombre de travailleurs, ces héros du quotidien.

Je recommande vivement cette lecture, c'est une leçon de vie !

Editions du Seuil, 153 pages.

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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

En 2017, Letizia Storti obtient un rôle de figurante dans un film de Stéphane Brizé. Elle a alors 51 ans et travaille comme ouvrière à UPSA (Union de Pharmacologie scientifique appliquée), une entreprise pharmaceutique d’Agen. Stéphane Brizé cherche des figurants ayant une expérience syndicale puisqu’il va raconter, dans En guerre, la violence du monde du travail, les dégâts provoqués par des conditions de travail dégradées et une tension qui aboutit à la division du monde syndical. Pendant le tournage, l’autrice, Anne Plantagenet, contacte Letizia Storti et d’autres ouvriers figurants, pour qu’ils lui parlent de cette aventure extraordinaire qui les mènera jusqu’aux marches de Cannes. Toute l’équipe assite à la projection du film avec l’autrice et l’équipe de tournage, dont Vincent Lindon, acteur principal des trois films que l’on connaît aujourd’hui sous le titre de La Trilogie du travail. La personnalité de Letizia a touché l’autrice. Elle la découvre attachante et pleine de charisme. Les deux femmes sympathisent, et elles resteront en contact pendant quelque temps, de loin en loin, même après cette aventure. Mais ce type de relations est fragile et rarement durable. Si Anne Plantagenet continue indirectement de prendre des nouvelles de Letizia, elles ne se voient ni s’écrivent plus. L'autrice se retrouve désemparée et se sent coupable de n’avoir pas gardé le contact avec cette femme entière et passionnée quand elle apprend sa disparition.

***

Pendant le reportage de l’autrice sur l’expérience du tournage, outre la personnalité attachante et sans concession de Letizia, des origines italiennes communes ont sans doute contribué à rapprocher les deux femmes : les deux parents de Letizia sont des immigrés italiens, comme l’étaient le grand-père de l’autrice. Cet héritage est beaucoup plus prégnant chez Letizia qui souffre encore des moqueries que subissait sa mère illettrée et handicapée par la polio. Le parallèle entre les deux familles fait ressortir la différence entre le destin des deux femmes. Le récit met l’accent sur certains aspects de la vie de Letizia : sa solitude, son engagement syndical, son sérieux au travail, son amour pour son fils, et l’entracte magique que constituent les auditions, le tournage du film et l’aventure cannoise. Elle s’achève d’ailleurs par une déception: malgré sa qualité et l’ovation recueillie en salle, le film ne sera pas primé. Parallèlement, nous vivons la rapide détérioration professionnelle que subit Letizia. Après la vente d’Upsa à des Japonais, les conditions de travail se durcissent malgré les promesses. Un banal accident handicape provisoirement Letizia qui est alors en butte à des pressions insupportables. La situation s’aggravera encore après la revente du laboratoire aux Américains, et Letizia finit par craquer.

***

Anne Plantagenet relate avec talent, empathie et une pointe de culpabilité la vie de cette anonyme, de cette invisible, soumise un instant à une mise en lumière passagère qui, brièvement, lui donnera l’impression d’exister autrement. Ce récit provoque, je crois, les mêmes sentiments que les films de La Trilogie du travail : une révolte devant les pratiques qui ont cours dans ce milieu. Dans le livre, à cette révolte s’ajoute une froide colère nourrie par la compassion que l’on éprouve pour Letizia, et le sentiment d’injustice ressenti s’incarne dans la personnalité de cette femme courageuse. Le récit réussit à transmettre l’enthousiasme de Letizia autant que ses doutes, sa révolte et sa déception. On comprend aussi les regrets de l’autrice et la culpabilité qu’elle éprouve d’avoir laissé leurs relations se distendre, puis disparaître. Jusqu’aux lettres écrites par Letizia qui s’effaceront… Bravo pour le choix de l’illustration de couverture de Gideon Rubin qui suggère, grâce à l’échelle, à la fois le travail et la prison qu’il peut devenir.

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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

J'aurais préféré que ce livre soit un roman.



Mais non. C'est un récit, un témoignage de l'autrice qui raconte qui était Letizia Storti, la disparue du titre.



C'est en 2017 qu'Anne Plantagenet rencontre Letizia. Alors âgée de 51 ans, cette fille d'immigrés italiens est ouvrière dans l'entreprise pharmaceutique UPSA à Agen. Plus de trente ans de bons et loyaux services et surtout d'engagement syndical acharné pour faire valoir les droits des salariés dans l'entreprise. Une vie dans l'ordinaire et l'anonymat de la classe laborieuse.



Jusqu'au jour où elle apprend que le réalisateur Stéphane Brizé cherche des figurants pour son prochain film, « En guerre », avec Vincent Lindon. Un film en immersion dans le monde du travail ouvrier, en tension permanente et souvent violente avec la direction et l'actionnariat. Letizia est engagée pour quelques répliques dans un rôle qu'elle connaît à fond, le sien: déléguée syndicale.



C'est à l'occasion de ce tournage que l'auteure a rencontré Letizia, dans le cadre d'un reportage sur la manière dont les figurants avaient vécu cette expérience de cinéma. Les deux femmes ont sympathisé, ont maintenu le contact jusqu'au festival de Cannes où le film est présenté, puis le lien s'est peu à peu distendu.





Grâce à ce film, Letizia connaîtra son quart d'heure de gloire. Une fois les feux de la rampe cannoise éteints, elle retourne à son quotidien grisâtre, avant qu'une chute domestique amorce sa descente aux enfers : sa fracture au poignet la laisse partiellement handicapée, et le retour au travail se passe mal, puisqu'on la balade d'un poste à un autre, sous prétexte de trouver celui qui lui conviendrait le mieux. Sauf qu'on ne lui laisse jamais le temps de s'adapter et qu'on lui reproche en conséquence son inefficacité. En clair : humiliations, perte de dignité, harcèlement moral, et toute la souffrance psychique qui en découle.



Quand Anne apprend la disparition de Letizia en juin 2022, elle ignore tout de ce que celle-ci a traversé à UPSA après le festival, son accident, sa tentative de suicide, son séjour en hôpital psychiatrique. Ce qu'elle découvre alors la bouleverse et la pousse à écrire ce texte, pour lutter contre l'effacement dans lequel Letizia a glissé peu à peu jusqu'à l'anéantissement. Elle a voulu rendre chair et consistance à cette femme joyeuse et battante, dont l'engagement syndical ressemblait furieusement à une revanche à prendre sur les humiliations et le racisme subis par sa propre mère – une autre femme effacée: "Je veux savoir. Comprendre ce que j'ai raté, à côté de quoi je suis passée. [...] Je ressens un malaise grandissant à la lecture de tous ces communiqués, ces articles, ces déclarations dans la presse. J'ai l'impression qu'ils ne parlent pas de Letizia, de Letizia Storti, de sa trajectoire spécifique, de son histoire unique, de ce qui fait sa singularité et la distingue de toute autre personne. Ai-je lu quelque part que Letizia a souffert dans son enfance de voir sa mère qu'elle adorait moquée parce qu'elle ne parlait pas français et était handicapée, et qu'à cause de cela elle revendique haut et fort ses origines italiennes? Ai-je lu ou entendu qu'elle a été révoltée de voir ses parents exploités toute leur vie et que pour cette raison sans doute elle s'est engagée dans le syndicalisme dès qu'elle a obtenu un CDI? Qu'elle s'y est investie corps et âme? Qu'elle a eu un courage de dingue pour se présenter à un casting et s'est battue pour être choisie? Qu'elle aime les vide-greniers, et l'histoire, et faire du vélo, et voyager? Ai-je lu quelque part que Letizia aime la vie? Qu'elle est un peu plus qu'"une salariée", puis "la salariée" qui a tenté de se suicider sur son lieu de travail? Ces communiqués, ces articles, ces déclarations effacent son identité pour la réduire à un statut social, un geste, ce saut dans le vide, acte ultime et désespéré, objet depuis d'une tentative de récupération et d'un enjeu sordide, comme si toute sa vie devait inévitablement conduire et se résumer à cela. Comme si Letizia Storti ne devait laisser aucune autre trace de son passage sur terre qu'une silhouette qui chute indéfiniment".



J'ai lu d'une traite ce récit poignant, déchirant, plein d'humanité et d'empathie, porté par une très belle plume. Il témoigne avec beaucoup de sensibilité du destin tragique d'une femme détruite, et de la déshumanisation à l'oeuvre dans le monde du travail.



En partenariat avec les Editions du Seuil via Netgalley.

#Disparitioninquiétantedunefemmede56ans #NetGalleyFrance
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Appelez-moi Lorca Horowitz



Avec ce livre la lectrice ou le lecteur a droit à un double récit, celui de la protagoniste principale, Lorca Horowitz, et celui de l’auteure qui essaie de la comprendre en analysant sa propre existence.



Dans quelle mesure Anne Plantagenet a été inspirée par le best-seller d’Emmanuel Carrère "L’ Adversaire" et la pièce de théâtre de Jean Genet "Les Bonnes" est bien entendu difficile à déterminer.

Toujours est-il qu’entre Jean-Claude Romand, le "héros" tragique de Carrère (Daniel Auteuil dans le film de Nicole Garcia), les sœurs Christine et Léa Papin (dans le film de J.P. Denis "Les Blessures assassines", respectivement Sylvie Testud et Julie-Marie Parmentier) il y a des similitudes frappantes avec Lorca Horowitz.



Anne Plantagenet se réfère dans son oeuvre également à un autre best-seller littéraire pour illustrer son approche de la Horowitz, à savoir "De sang froid" ("In Cold Blood") de Truman Capote de 1965 et pour lequel l’auteur s’était lancé à la trace de deux assassins.



Finalement, le grand maître du suspense à l’écran n’a pas été oublié non plus. Ainsi, la patronne de Lorca, la señora Rocío Perales, "possède... quelque chose d’hitchcockien, elle a la blondeur idéale de la victime et ferait un magnifique cadavre".



La structure de l’ouvrage sous rubrique de 219 pages constitue donc un double récit à la première personne du singulier : un bref chapitre où Lorca Horowitz a la parole, suivi d’un court chapitre où c’est le tour à l’auteure et ainsi de suite. Une structure qui pourrait dérouter le lecteur mais qui a été habillement évité en annonçant à chaque fois clairement dès les premières lignes de qui il s’agit au juste.



Ou de l’auteure au superbe nom historique ou de la protagoniste au prénom "insensé de poète républicain" (Federico García Lorca, 1898-1936) et au nom de famille "à coucher dehors".



Les deux grandes qualités de cet ouvrage résident, à mon avis, d’abord dans la qualité de la langue, qui est très riche et variée, et la solidité de la caractérisation psychologique des personnages, ce qui dans le cas de cette Lorca Horowitz est tout sauf évident.



Bref, ce livre m’a intrigué et plu et je suis content de savoir que son "Trois jours à Oran" de 2015 m’attend sur ma table de nuit.

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Trois jours à Oran

Trois jours à Oran pour retourner dans un pays quitté dans la précipitation des évènements.

Trois jours pour boucler la boucle et refermer une blessure silencieuse mais bien réel. C’est-ce que propose Anne Plantagenet en 2005 à son père plutôt réticent.

Un retour ou l’angoisse se dispute à la nostalgie. Si le récit d’Anne Plantagenet est plaisant à lire, il faut aussi avouer qu‘il m’a posé un problème. Pourquoi inclure dans le récit sa propre vie sentimentale, certes certainement importante du point de vue d’Anne Plantagenet mais assurément sans intérêt pour le lecteur. Comme si elle devait justifier sa relation adultère. Retrouver ces racines familiales pour apaiser les plaies d’un mariage raté ? Pas convaincu. Mais tout n’est pas négatif. Le portrait des grands-parents Montoya est juste et touchant, celui du père fébrile et renfermé qui voit remonter les souvenirs au fil des rencontres des plus réussit. Au final, une première rencontre littéraire avec Anne Plantagenet agréable.

Merci aux éditions Stock et à Babelio pour cet envoi bien sympathique.

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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

C'est toujours un plaisir de se voir proposer une Masse critique privilégiée. C'est encore mieux quand on est sélectionné(e) ! Mais alors quand en plus on a adoré le bouquin, c'est le jackpot !

Donc un très très grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil.

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J'étais intriguée par le titre et je me suis lancée. Comme l'auteure, je vais apprendre à découvrir Letizia Storti. Je vais découvrir sa vie. Il aurait mieux valu que ce soit un roman plutôt qu'un récit.....

L'auteure a rencontré Letizia dans le cadre d'un tournage où étaient recherchés des ouvriers qui serviraient de figurants. Letizia militante, élue, qui bataille au quotidien pour les ouvriers d'UPSA près d'Agen est sélectionnée. On va découvrir cette femme, empathique, joyeuse, motivée. Et on va découvrir la suite, le rachat d'UPSA, les nouvelles méthodes de RH, l'accident et la chute, lente, difficile, douloureuse.... Horrible et détestable. Tristement réel. Violemment réel. Douloureusement réel.

J'en ai pleuré. Touchée au coeur....

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L'auteure via Letizia rend un hommage marqué aux ouvriers, souligne leurs conditions de travail, devenues pires années après années dans la recherche perpétuelle du profit. Ce livre est difficile, ce livre est nécessaire.

J'ai mesuré ma chance de ne pas travailler dans ces conditions. Et puis je me suis dit que ça ne devrait pas être une chance mais une réalité pour toute personne qui travaille.

Malheureusement, Letizia a disparu et ce livre chronique cette triste histoire.

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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Immense merci aux Editions du Seuil et à Babelio pour cet envoi dans le cadre de la Masse critique

« Elle s’appelait Letizia Storti. Je l’ai un peu connue. Ce livre tente de lui redonner un visage et un nom. » Anne Plantagenet a magnifiquement accompli la mission qu’elle s’était assignée. En sera-t-elle consolée pour autant ?

Ce témoignage, trempée dans une encre poignante et humble, dresse le portrait de cette ouvrière au destin tragique. Un livre au style différent mais tout aussi marquant que peut l’être « A la ligne ». L’auteure rappelle les circonstances de sa rencontre avec Letizia, décrit le parcours de cette femme modeste, ses rêves, ses projets, les blessures de l’enfance et puis l’usine. Ce lieu qu’elle aime et qu’elle pense pouvoir changer, parce que la chaîne, c’est pas du gâteau. Le combat syndical, elle connaît Letizia. Cet engagement qui, indirectement, l’amènera aux marches du Palais. Cannes… Son faste… La lumineuse Letizia, l’imaginaire italien en bandoulière, est autant éblouie qu’effrayée… Tomber déjà… Dans ce grand escalier. Un rêve passe. Le strass s’efface et revient le stress… La dégringolade… Anne Plantegenet s’interroge… Davantage de questions mais aucune réponse… Actionnaire, ton univers impitoyable, bien sûr. Les carences de la législation du travail, peut-être. Les jalousies ? Les faux amis de F.O ? Mais, plus sûrement, le sentiment que l’on est seule. « La terre s’est ouverte, là-bas quelque part et le soleil est noir… ». Toujours ces pourquoi, ces hypothétiques parce que… A quel moment bascule-t-elle dans le désespoir, Letizia ? Quel sens donner à cet acte ? Et comme les doutes, les ombres persistent, alors, au moins, tenter de rappeler qui fut cette enfant, cette femme, cette mère, la collègue, l’amie, l’apprentie actrice… Parler de celle qui ne fut qu’une chute dans les journaux et qui était tellement autre chose. Les pages que l’auteure nous offre sont la preuve que, dans notre ultra moderne solitude, face à la dictature des chiffres, du froid profit, les mots restent un moyen irremplaçable pour combattre l’oubli… Pas les mots des réseaux, ceux de la littérature. Cette littérature, quand elle est don comme ici, qui en devient thaumaturge…

En refermant ce livre, j’ai pensé à Enzo, le fils chéri en espérant que ce livre apaisera, un tant soit peu, ses blessures.
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L'unique Maria Casares

En se basant sur la" Correspondance Albert Camus- Maria Casarès" publiée chez Gallimard en 2017, sur l'autobiographie si vraie de Maria « Résidente privilégiée », sur divers articles de presse, en s'immergeant et en recueillant plus d'information dans les archives de la Maison Maria Casarès léguée par la comédienne à la commune d'Alloue pour remercier la France d'avoir été une terre d'asile pour elle et sa famille, Anne Plantagenet fait revivre avec émotion , vitalité mais en toutedélicatesse, cette femme d'exception . Elle met en scène une adolescente exilée, blessée , une jeune fille volontaire, énergique, battante, une femme forte, passionnée, fusionnelle, une tragédienne talentueuse , habitée, une amoureuse fougueuse, incandescente mais qui se dévoile à bien des égards fragile et à jamais marquée par son exil.

Anne Plantagenet , traductrice de espagnol met à profit sa connaissance du castillan pour évoquer Maria avec plus de force, de réalisme en ponctuant son récit de phrases, d'expressions idiomatiques .
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions du Seuil pour cette émouvante lecture de #Disparitioninquiétantedunefemmede56ans d'Anne Plantagenet.



Letizia Storti est ouvrière sur chaîne chez UPSA lorsqu'elle intègre la foule des figurant.e.s de "En guerre" (film de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon - 2018). C'est à cette occasion qu'Anne Plantagenet la rencontre et l'interroge à propos de cette expérience. Les deux femmes que tout oppose se trouvent pourtant des points communs, comme leurs origines italiennes, et gardent contact après l'épopée de Cannes.

Quelques années plus tard, Letizia tente de se suicider dans les bureaux de l'usine UPSA, avant de disparaître mystérieusement durant sa convalescence.



Anne Plantagenet nous propose ici une enquête détaillée et sensible autour de ce qui n'est pas, pour elle, un "simple fait divers" (aucun fait divers n'est simple...). L'autrice a voulu rendre hommage à une femme qu'elle a brièvement connue et qui l'a profondément touchée. En mêlant les entretiens menés à ses souvenirs et à ses recherches, Anne Plantagenet relate à la fois la vie d'une femme "ordinaire" et son enquête autour de la chute vertigineuse qui a mené Letizia a sa disparition.



J'ai été très émue par le parcours et la personnalité de Letizia, parfaitement mise en valeur par la plume sincère et poignante d'Anne Plantagenet. Je l'ai dévoré en quelques heures tant mon intérêt était grand et attisé par une narration implacable.

L'écriture d'Anne Plantagenet est sensible, fluide, intelligente. On sent que l'autrice met beaucoup d'elle-même dans ce livre, tout en s'effaçant derrière Letizia Storti, vedette malgré elle de ce drame social. Entre récit, témoignage et enquête, elle nous entraîne vers l'univers impitoyable de l'usine, des syndicats, des pressions constantes et des accidents de la vie qui bouleversent jusqu'à l'épuisement ou l'écrasement...



#Disparitioninquiétantedunefemmede56ans #NetGalleyFrance
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Letizia Storti aurait pu rester une anonyme. Mais sa route a croisé un jour celle de Stéphane Brizé, réalisateur du film « En guerre », dans lequel elle a pu obtenir un rôle de figurante correspondant en tout point à celle qu’elle était dans la « vraie vie », une ouvrière engagée, syndiquée FO chez UPSA où elle a travaillé pendant 37 ans. C’est sur le tournage du film qu’Anne Plantagenet a rencontré pour la première fois Letizia Storti et elle l’a revue chez elle quelques mois plus tard pour l’interviewer. À cette occasion, la romancière a pu découvrir la femme derrière la travailleuse, sa simplicité, son humilité. Les deux femmes sont ensuite restées en contact, s’envoyant régulièrement puis plus ponctuellement des messages pour prendre des nouvelles, liées entre autres par leur origine italienne, et ce, jusqu’au 4 juin 2022 où Anne apprend par Stéphane Brizé la disparition de Letizia. Elle cherche alors à comprendre ce qu’il a pu se passer au cours des derniers mois et elle découvre le terrible engrenage dans lequel cette dernière s’est retrouvée : une chute malheureuse, la pression psychologique grandissante, une tentative de suicide sur son lieu de travail… Pour ne pas laisser Letizia tomber dans l’oubli, Anne décide d’écrire son histoire.

Le titre, Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans, qui reprend les mots utilisés par la presse régionale lors de la disparition de Letizia, est l’élément qui a le plus suscité ma curiosité. Je me rends compte à quel point il est intelligent car il dit le fait divers et l’anonymat, ce que veut justement éviter Anne Plantagenet en dressant le portrait de cette femme forte et militante que fut Letizia Storti. Le récit est court et se dévore. On est très vite happé par l’histoire de Letizia, son parcours, ses combats, sa solitude aussi. Il y a quelque chose de très journalistique dans la manière de raconter mais aussi de très empathique, comme s’il y avait une urgence à ne rien omettre de la vie de Letizia, à être factuel, à dater, tout en racontant avec sensibilité et émotion les moments de joie puis la descente aux enfers. La force de ce récit est qu’il dit, sans concession et par l’exemple, la réalité du monde du travail dans ce qu’il a de plus odieux et de plus inhumain : dégradation des conditions de travail, communication difficile voire impossible avec les supérieurs et les responsables des ressources humaines, poste inadapté malgré une reconnaissance de « travailleur handicapé »… Ce livre est un très bel hommage.



Je remercie chaleureusement Babelio et les Éditions du Seuil pour cette découverte.


Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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La vraie parisienne

En treize histoires, qui forment une sorte de roman choral, Anne Plantagenet raconte des femmes qui portent l'inquiétude secrète de ne pas être à la hauteur, des femmes de notre époque, dignes des héroïnes cabossées d'un Robert Altman. L'auteur, qui se confond parfois avec la narratrice présente dans chaque scène, repère le bas filé sur la parfaite silhouette, agrandissant l'accroc avec élégance et une petite dose de cruauté.



Dans La vraie parisienne, Anne Plantagenet, dont on avait beaucoup aimé, sur un tout autre sujet son Retour à Oran, dresse le portrait d’une douzaine de parisiennes, jusqu’à en faire des caricatures qui démythifie la légende de la parisienne parfaite.



Anne Plantagenet décrit des femmes, peu sures d'elles, un peu abimées par la vie qui ont secrètement peur de ne pas être à la hauteur.



On n'est certes pas ni chez Chandler ni chez Altman, mais la belle plume de Plantagenet, grinçante et mordante, permet de dépasser les clichés et les caricatures et offrir un beau moment de lecture, moins vain que ce que le titre et la couverture laissaient augurer.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Anne Plantagenet rend un vibrant hommage, avec son tout nouveau roman, à Letizia Storti. C'est le récit d'une rencontre entre une femme d'une cinquantaine d'années, Letizia, travaillant depuis plus de trente ans, dans une usine fabriquant des médicaments, et une écrivaine Anne. Une histoire vraie et un témoignage poignant sur les conditions de travail, la pression sidérante et inhumaine de DRH incompétent. Ce roman parle de travail, de sa valeur sacrée mais pourtant bafouée par une hiérarchie dans l'entreprise qui va broyer Letizia. Peu à peu, l'étau se resserre autour d'elle. Reconnu avec la RQTH, reconnaissance qualité de travailleuse handicapée, rien n'est pourtant fait pour mettre en confiance et faire travailler dignement Letizia. Anne Plantagenet décrit la descente aux enfers et les arcanes d'un monde du travail, marchant sur la tête. C'est un roman absolument bouleversant. On le quitte la boule au ventre, révolté, sidéré qu'à notre époque de telles choses puissent encore exister. Letizia connaîtra un peu de bonheur en interprétant le rôle de sa vie dans la peau d'une syndicaliste dans le film "En guerre" de Stéphane Brize avec Vincent Lindon. La montée des marches à Cannes, cette parenthèse folle, son quart d'heure de gloire, elle pourtant si humble, si modeste. Anne Plantagenet nous émeut et dessine la vie modeste d'une femme ne demandant qu'à exercer son métier dans la dignité. On ressent une immense colère et une profonde affliction en suivant le parcours de Letizia Storti. Tout ce qu'on lui impose, les humiliations, les brimades, la peur de perdre son emploi, de n'être plus bonne à rien. Elle qui travaillait depuis l'âge de dix huit ans dans cette entreprise, pour laquelle elle aura tout donné, sans aucun remerciement, aucun retour de la hiérarchie. La description faite de tout ce phénomène est parfaitement rendue par le style d'écriture de Anne Plantagenet. La question du suicide et du suivi, ou plutôt de l'absence de suivi des patients en souffrance psychique est un autre sujet poignant et passionnant du roman. Beaucoup d'émotions et de la révolte quant au traitement des ouvriers, aux conditions de travail, à l'absence de structure capable de soutenir le travailleur en souffrance. La loi de la jungle où les plus forts se jouent des plus faibles, des plus fragiles. Reste le courage de cette femme qui voulait simplement travailler à un poste aménagé, et qui s'est retrouvé voué aux gémonies. Merci à Anne Plantagenet d'avoir, avec l'écriture de ce roman, offert une lumière sur le destin de Letizia Storti. Une lecture salvatrice même si âpre et difficile de par son sujet. Si vous aimez les films de Stéphane Brize, Anne Plantagenet signe son pendant en roman.

Je remercie chaleureusement les éditions du Seuil et Babelio pour ce service presse.
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Une lecture à partager.

C'est la chronique d'une ouvrière invisible.

Elle le restera, malgré un film et Cannes.

Elle ne prendra corps que lorsque le sien disparaîtra.

C'est une enquête avec quelques redites,

mais un réel soucis d'écrire vrai.

L'auteure et l'ouvrière se sont rencontrées,

ont sympathisé, ont gardé un lien,

qui s'est effiloché au fil du temps ...

Cette histoire ressemble à un film de Stéphane Brizé

Ces films qui nous extirpent larmes et rages...

Brizé, qui l'a sélectionnée dans deux casting

pour interpréter son rôle à l'écran;

une déléguée syndicale...

Elle est restée attelée 36 ans

sur une chaîne d'UPSA à Agen.

A fabriquer, contrôler, emballer, expédier

ces comprimés effervescents

pour soigner nos bobos

Mordillat aurait pu écrire cette histoire..

C'est la Loi du Profit, celui des actionnaires...

C'est un récit détaillé,

soucieux de rendre hommage

à la belle personnalité de Letizia Storti.

Tout est politique dans son histoire.





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Marilyn Monroe

Anne Plantagenet a consulté plus de 17 livres pour concocter Marilyn Monroe. Elle fait le récit de cette femme de sa naissance à sa mort et l'accompagne de 18 photos.



Je me suis laissée entraîner à travers la vie de Marilyn:

- Son enfance incroyable où elle ne retient pas l'attention de sa mère et passe d'une famille à l'autre.

- Son mariage à 16 ans pour éviter de retourner encore à l'orphelinat . Elle plie des parachutes puis pose pour des photos quand son mari s'engage dans la Marine.

- Ses débuts dans le métier d'actrice où le patron de la 20th Century Fox lui propose toujours les mêmes rôles . " Marilyn est exaspérée d'être la blonde de service qu'on emploie pour racoler les spectateurs avec de légères variations". Mais , elle saura réagir!

- Son mariage avec Joe DiMaggio et plus tard Arthur Miller." Comme femme j'ai raté ma vie. Les hommes avec qui je suis attendent trop de moi, à cause de l'image de sex-symbol qu'on a faite de moi, que moi-même j'ai faite de moi."

- El la fin de sa vie noyée dans les médicaments...



J'ai bien aimé retrouver Marilyn tous les soirs et suivre sa vie compliquée, mouvementée, extraordinaire, incroyable!!!
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Letizia Storti a passé plus de 30 ans dans la même usine, sur une ligne de production. Ouvrière et syndiquée, elle est fière des valeurs qu’elle proclame. C’est en partie grâce à ces deux qualificatifs qu’elle participe au tournage d’un film, En guerre, et qu’elle s’épanouit. Mais la réalité la rattrape et son monde devient de plus en plus froid et sombre…



Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans est le récit poignant d’une femme forte que l’usine a lâchement abandonné. C’est l’histoire tragique d’une ouvrière de l’ombre, que l’on oublie, que l’on efface, que l’on piétine.



Letizia vit sur Agen, seule, avec un fils architecte sur Marseille. Elle apprécie sa maison, son jardin, les sorties ciné et la routine quotidienne.

Elle travaille depuis qu’elle a 14 ans, aidant ses parents sur les terres agricoles. Elle a une vie simple, qui lui convient.



Particulièrement touchée par le thème de l’exclusion, lié à sa mère venue d’Italie à 34 ans, qui n’a jamais parlé français et handicapée par la polio dont on se moquait ouvertement, elle est engagée syndicalement et défend ses collègues chaque jour.

C’est une femme que tout intéresse et qui fuit la méchanceté de ce monde…



Jusqu’à ce que doucement, insidieusement, sournoisement, l’usine pour qui elle a donné ses jours et ses nuit la rejette. Tout ce qui la définissait s’écroule et Letizia sombre. Personne ne l’entend crier, elle n’existe plus, elle disparaît.



Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans est une histoire d’ouvriers, d’hommes et de femmes que la pression abîme, met à terre, dans le plus grand silence. Letizia Storti a lutté toute sa vie contre l’effacement et ces pages lui rendent un hommage des plus lumineux…
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Comment j'ai tué mon père

« Elle a dit que le soleil reviendrait, que les arbustes pousseraient et deviendraient encore plus grands que le goyavier tombé. »



C’est fou ce qu’on peut dire parfois. C’est fou ce qu’on peut dire quand nous sommes persuadés que le jour d’après sera identique à celui d’avant…Or la vie est ainsi, elle efface les mots plein de certitudes. Le soleil n’est pas revenu. Leur père non plus. Le ciel leur est tombé dessus et leur a laissé l’absence. Il est vrai que les arbres ont continué de pousser, mais l’odeur de pourriture des fruits gâtés est resté dans l’air. Le chagrin a dû se partager en 6. Six façons de s’habituer au deuil. De la mère qui s’efforce de nier la douleur, aux frères qui sombrent dans une addiction ou une autre, ou de la grande sœur qui se bat pour rétablir un peu d’ordre dans ce chaos: chacun gère comme il peut, le traumatisme. Et pourtant, ils s’efforcent d’avancer…Maladroitement, de travers, lentement, avec courage. Et dans ces graines de souvenirs que l’autrice nous offre, des fleurs s’épanouissent, des arbres s’enracinent, des forêts naissent…Tout est beau dans cette résilience. Cette famille a dû faire face à une perte dévastatrice mais cette enfant, avec son rire et son amour, maintient le foyer…Autant qu’elle peut, autant qu’elle le pourra…Mais le chagrin est comme une balle lancée au vent, on ne peut prévoir les dommages collatéraux….



« Tu vois, le temps est relatif. Le temps existe seulement parce que nous l’inventons. »



C’est certainement la phrase qui m’a le plus percutée. Tout dans ce livre est bouleversant. La tendresse, l’amour, le deuil, les trajectoires brisées. Mais ce temps existe. Il existe dans ces pages, dans le cœur de Sara, dans cette famille endeuillée. Il existe dans le jardin, dans les confidences aux orchidées, entre les murs de cette maison. Il existe parce que lorsqu’il vient en nos mains. À chaque page tournée, lue, appréciée, il se réinvente en nos imaginaires. Je voyais le goyavier, les fourmis,

le lapin, les chauves-souris, les colibris. Je voyais la nuit, le manque, la douleur. J’imaginais la confiture, le sirop, la pâte de goyave…Je m’en délectais. Tout existait, et si vous grattiez, autour de ce titre énigmatique -Comment j’ai tué mon père- il se pourrait que les graines d’amour laissées par l’autrice, se remettent à fleurir par vos yeux humides…



« Si le bonheur existait, il ressemblait à cet instant. »
Lien : https://fairystelphique.word..
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Appelez-moi Lorca Horowitz

Anne Plantagenet tombe par hasard sur un fait divers qui s’est déroulé dans une région d’Espagne qu’elle connaît très bien pour y avoir vécu quelques années. Elle décide alors de se l’approprier. Pour se faire, elle revendique le fait d’aborder son sujet à la manière d’Emmanuel Carrère. Elle le met donc en parallèle avec sa propre vie, afin d’expliquer les raisons personnelles qui l’ont poussée à s’intéresser à cette histoire.



Un chapitre, elle nous narre les évènements de son existence et les différents états émotionnels qu’elle a traversés. Le chapitre suivant, elle entre dans la tête de Lorca Horowitz et nous fait partager les réflexions de cette femme malfaisante.

J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur. Elle utilise une belle écriture, très fluide. J’ai vraiment été emporté dans l’esprit de Lorca. J’ai été d’abord déstabilisé par sa santé mentale qui semble vaciller tout au long de l’histoire, puis intrigué par sa détermination à mener à bien sa manipulation. Lorca Horowitz devient alors un personnage indéfinissable, dégageant une grande part de mystère. Le drame se déroule sous nos yeux sans qu’on n’en comprenne le véritable but.



Malheureusement ce roman traine un défaut qui a pénalisé mon plaisir de lecture. En effet, j’ai été gêné par la forme de narration. En alternant entre deux récits distincts, l’implication dans l’univers des protagonistes se retrouve hachée. Dès que je commençais à entrer en empathie, le point de vue changeait et me stoppait net dans mon élan. De plus le livre étant très court, je n’ai pas eu le temps de m’imprégner des personnages et de l’atmosphère.



Globalement j’ai passé un bon moment pris dans les filets de l’escroquerie et de l’usurpation mais je suis un peu resté sur ma faim, faute de n’être jamais rentré complètement dans l’aventure.
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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