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Critiques de Antoine Compagnon (184)
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Un été avec Proust

Cet été avec Proust, paru en 2014, permet à des experts de l'auteur de partager leurs regards sur "la recherche" ; accessible aux néophytes il intéressera aussi les lecteurs rompus à cette oeuvre monumentale en ouvrant de nouvelles perspectives. J'ai notamment apprécié le chapitre sur Proust et les philosophes.



L'autre intérêt c'est qu'il se réfère à l'édition publiée dans la collection Quarto qui est celle que je préfère.



Centré sur l'oeuvre et non sur l'auteur, ce petit livre gagnerait à adopter comme titre "un été à la recherche du temps perdu" car ce n'est pas une biographie de Marcel Proust.
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Un été avec Montaigne

A force d'étudier les textes de Montaigne à la Fac, il m'est devenu presque familier. Je dis "presque" parce qu'il faut tout de même avouer qu'il n'est pas facile d'accès. Aussi, lorsque j'ai vu ce petit bouquin, je me suis dit que cela pouvait être intéressant... et effectivement, cela s'est avéré vrai. De mon côté, je dois avouer que je n'ai pas appris grand chose puisque comme je le disais, j'ai étudié cet auteur en long, en large et en travers. Mais pour quelqu'un qui voudrait l'aborder, je le trouve enrichissant. Il permet d'éclaircir les idées de ce dernier, de le montrer également sous un autre angle. A travers quarante extraits expliqués et commentés, l'auteur nous devient accessible.



Il faut souligner le travail d'Antoine Compagnon : un travail de titan ! Réussir en quelques pages à intéresser les lecteurs, ce n'est plus de la prouesse, c'est de la magie ! Il existe, chez le même éditeur, Un été avec Proust. Je ne vais pas tarder à le lire. Peut-être que le collectif, - dont Antoine Compagnon fait partie -, ayant œuvré pour nous rendre limpide l'homme à la madeleine me réconciliera avec ce dernier...
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Un été avec Proust

« Nous sommes tous obligés pour rendre la réalité supportable d’entretenir en nous quelques petites folies ».



En lisant cet essai, je me suis sentie totalement hors du temps, immergée dans une autre époque où le raffinement avait encore toute sa place.



Ce que j’ai adoré par-dessus tout dans « Un été avec Proust », c’est cette connexion intime avec quelque chose perdu puis retrouvé avec tendresse et intensité. Qui pourrait oublier la madeleine proustienne ? Ce moment exquis où Marcel Proust décrit si parfaitement les réminiscences que provoquent en lui le simple fait de tremper sa madeleine dans son thé ; il nous fait découvrir alors sa vision de la mémoire involontaire. Ca laisse à réfléchir… Ca donne envie de sortir, de regarder, de vibrer, de fermer les yeux et de se souvenir… Essayez donc.



Un été avec Proust est comme une promenade enchantée au cœur du monde proustien : ses lieux fétiches y sont visités; on y découvre aussi ses personnages torturés par leur passion amoureuse ou ceux sublimés par leur amour inconditionnel; on y explore divers thèmes profonds comme celui du sommeil et du rêve.



Proust était non seulement un grand mélomane mais également un explorateur infatigable de la Beauté ; il semblait se nourrir uniquement des joies extatiques procurées par son art.

Il chercha pendant près d’une décennie à figer le temps grâce à l’écriture méticuleuse de La Recherche du Temps Perdu – véritable odyssée littéraire oscillant entre nostalgie poignante, mélancolie douce-amère, désir ardent, attente fébrile et illusion trompeuse.



Cet essai porte merveilleusement bien son titre car en parcourant ses pages on passe véritablement Un ÉtÉ Avec PROUST .
Lien : https://coccinelledeslivres.be
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Un été avec Colette

Une biographie originale, non pas chronologique mais thématique, des sujets choisis avec sagacité, ceux qui caractérisent , qui dépeignent avec finesse et intelligence Sidonie Gabrielle Colette ( 1873- 1954). Colette, tour à tour, adolescente sauvageonne curieuse de la vie, jeune-femme , vive, qui aspire à plus d'indépendance – elle en donnera une illustration en sacrifiant sa luxuriante et encombrante chevelure - , femme moderne, avant-gardiste, volontaire, atypique, qui affronte les sollicitations de la vie, le brouhaha et les turbulences du monde, confrontée aux péripéties de l'existence. Colette, écrivaine reconnue, Colette âgée dans son intimité et sa vivante solitude. Colette présente dans de multiples lieux : Saint-Sauveur en Puisaye qui la vit naître, Chatillon-sur-Loing, Paris (1er, 6ème, 8ème, 16 et 17ème…), sur le front à Verdun, en baie de Somme, à Saint-Malo, dans le Jura et le Doubs, à Brive, Belle Ile, Saint- Tropez… Colette fidèle et infidèle, dominée et dominante, Colette, la fille de Sido, le principal personnage de sa vie, la sœur, la femme, l'amante, la mère…

Une lecture intéressante pour les beaux jours de l'été.
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Un été avec Colette

J'ai passé un agréable moment estival en compagnie de Colette. L'auteur nous offre une biographie assez différente de celles que j'ai pu lire auparavant, plus courte , plutôt juste, ni dithyrambique ni dépréciatrice, et procédant par thèmes, comme " Maternité", " Music-Hall", " Les chéris".



Les citations fréquentes sont judicieusement choisies pour illustrer chacun des aspects de la vie de Colette. On ne sait pas toujours, par exemple, qu'elle s'intéressait beaucoup au cinéma, alors à ses débuts, et qu'elle était une excellente journaliste. Même si le mémoire que j'ai présenté ( il y a longtemps!) pour une de ses oeuvres m'a évidemment permis de creuser beaucoup dans sa vie et son oeuvre, j'ai encore fait ici des découvertes. Comme le fait qu'elle se débrouillait très bien au piano, venant d'une famille musicienne. J'apprends aussi que son père, le" Capitaine", avait espéré pouvoir écrire, collectionnant les stylos et le papier...resté blanc, hélas.



Antoine Compagnon n'hésite pas, à certains moments, à révéler quelques comportements peu louables de Colette: son ingratitude envers les êtres qui l'ont aimée comme Missy, sa rancune tenace et même sa haine dédiėes à ses deux premiers maris, sa brutalité verbale, parfois.



Mais il met aussi en avant ce qui la rend unique: sa curiosité insatiable, son adaptabilité, la complexité de son caractère, son regard sensuel sur le monde et la justesse de ses mots.



Dans " le fanal bleu", son dernier livre, elle avoue:" J'ai cru autrefois qu'il en était de la tâche écrite comme des autres besognes; déposé l'outil, on s'écrie avec joie:" Fini!" et on tape dans ses mains, d'où pleuvent les grains d'un sable qu'on a cru précieux... C'est alors que dans les figures qu'écrivent les grains de sable on lit les mots:" A suivre".... Quel bel élan de vie encore pour une femme très âgée, clouée dans son fauteuil!



Un livre intéressant , à l'approche originale. A découvrir!

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Un été avec Montaigne

"Un été avec Montaigne"? Je l'ai lu en automne. Peu importe, Montaigne est de toutes saisons.

Il est aussi de toutes époques par ses pensées d'"Honnête homme".

Antoine Compagnon a choisi une série d'extraits des "Essais" qu'il propose à notre réflexion.

Celle-ci s'accompagne de la reformulation de l'auteur (guidant parmi la grammaire d'époque et les tournures qui pourraient parfois rebuter) et d'une courte analyse éclairante.

La lucidité, la modestie, le regard porté par Montaigne sur l'homme, la conversation, la colonie, etc... nous le rendent au-delà des siècles, d'une "actualité" parlante.

L'auteur suscite notre curiosité et rend l'approche de Montaigne aisée.

Retourner aux classiques et prendre conscience avec humilité des leçons données par les anciens.

Tant de choses déjà dites, si peu entendues, si peu appliquées.

Le mérite de l'auteur est de nous re/présenter Montaigne sous une forme "légère" et par ce biais, de nous donner l'occasion de nous reposer les bonnes questions.

Il donne aussi envie de retourner au texte original.

Pari réussi.
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Un été avec Pascal

J'aime Pascal.

Blaise Pascal fut un enfant surdoué.

Antoine Compagnon offre une biographie atypique : au lieu de dérouler la vie de Pascal dans le temps, il essaie de rentrer dans son cerveau, sa pensée afin d'expliquer les systémiques, les combinatoires qu'il développe.

Pour revenir à la chronologie de Pascal, sa mère meurt quand il a trois ans, son père, esprit brillant, dirige le développement de sa pensée.

Selon ses deux soeurs, proches de lui, Pascal a eu trois phases dans sa courte vie adulte ( 39 ans ). Courte, car sa santé était fragile :.

 La période scientifique, pendant laquelle le génie s'exprima : invention de la machine arithmétique, développement du calcul de probabilités, et preuve de l'existence du vide ;

 Suivie de la période « honnête homme », car il trouvait que les scientifiques s'enfermaient dans leur tour d'ivoire : cette période lui permet de développer ses relations sociales et perfectionner son art de convaincre ;

 Et enfin, après la "révélation divine", la conversion pure, suite à la « nuit de feu » en 1654, la période religieuse. C'est là qu'il écrivit ses oeuvres majeures, caché sous des pseudonymes : « Les Provinciales », et « Les Pensées ».



L'originalité du développement d'Antoine Compagnon, écrivain belge et professeur au Collège de France, est dans la recherche des combinatoires de Blaise.

A l'instar de Socrate, il a développé une maïeutique personnelle. Il prenait un sujet de réflexion, en étudiait un aspect, puis son opposé, et délivrait une opinion personnelle moyenne entre ces deux extrêmes. N'a-t-il pas inventé « thèse-antithèse-synthèse » , ?

Ainsi, opposant justice et force, il justifie cette dernière si elle ne pousse pas jusqu'à la tyrannie ;

De même, il oppose coeur et raison, argumentant qu'on ne peut convaincre par le raisonnement un être dont le coeur, la volonté, la passion ( les passions tristes de son contemporain Spinoza, la concupiscence de Pascal ) est opposée à tout discours raisonnable, et il y a de nombreux exemples là-dessus ;

Autre combinatoire : il argumente sur une triade « charité-corps-esprit » ;

Une autre opposition dont il est question est le stoïcisme d'Épictète contre l'humilité de Montaigne ;

Enfin, une dernière triade est mise en exergue, et concerne Dieu : il y a l'athée qui-ne-cherche-pas / le croyant-qui-cherche / et celui-qui-a-trouvé Dieu, et il conclue ainsi son thème du Dieu caché :



« Si Dieu se découvrait continuellement aux hommes, il n'y aurait point de mérite à le croire ; et s'il ne se découvrait jamais, il y aurait peu de foi. Mais il se cache ordinairement, et se découvre rarement à ceux qu'il veut engager dans son service. » ( Les Pensées )

.

Je connais l'extraordinaire dialectique que Pascal, pro-janséniste, utilise dans « Les Provinciales » contre la rhétorique laxiste des puissants jésuites ;

Il est temps que je découvre encore plus cet esprit subtil, et que je lise « Les Pensées » : )…

Et la reine Louise XIV, avec l'aide de Jules Mazarin, essaiera de convaincre ces deux philosophes ( Pascal & Spinoza, ainsi que Descartes ) de participer à l'élaboration de son grand projet 😊

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Un été avec Pascal

« Un été avec... », c'est le charme d'un rendez-vous radiophonique plaisant et érudit que peut nous offrir une radio tous les matins, durant quatre minutes.

Chaque été, France Inter nous invite à ce rendez-vous qui nous fait entendre la pensée d'un écrivain, d'un poète, d'un philosophe... décryptée par un contemporain.

La saison suivante voit l'exercice radiophonique prendre la forme d'un livre rassemblant les chroniques quotidiennes.

Un été avec Pascal, par Antoine Compagnon, ne déroge pas à la règle.

Ce fut pour moi l'occasion de venir à la rencontre de Blaise Pascal, difficilement classable, mathématicien, physicien, philosophe, théologien, brillant avec génie dans chacune de ces disciplines.

Rien ne me donnait cependant envie d'aller vers sa pensée. Il est vrai qu'il affirmait qu'en dehors de Dieu, il n'y a que "vices, misères, ténèbres et désespoir". Il est vrai aussi qu'il a souvent jeté des pierres dans le jardin de Montaigne, pour lequel j'ai une grande admiration. Il eut aussi ses détracteurs : Voltaire pensait que sa mélancolie l'avait perdu, et que sa conversion, quasiment mystique, de 1654 à Dieu s'expliquait par un début de folie.

Pour autant, les marxistes ont été fascinés par la pensée de Pascal, on ne peut guère les taxer d'amoureux de la théologie, il faut voir ici, nous dit Antoine Compagnon, une admiration pour le sens dialectique de la pensée de pascalienne...

Alors piqué par la curiosité, je me suis dit que celui que certains considèrent comme le « plus grand écrivain des Français », ne méritaient pas mon indifférence.

Mais il me fallait un guide, un passeur et ce fut Antoine Compagnon, tiens donc, n'avait-il pas justement produit Un été avec Montaigne quelques années auparavant ?

Antoine Compagnon, entre autres professeur au Collège de France, avec beaucoup de finesse et de propos brillants nous le fait apparaître sous un autre jour que l'austère, cérébral et bigot penseur. Ah, comme j'aurais aimé avoir un professeur de philosophie comme lui, durant mes études !

Ce furent tout d'abord trente-cinq chroniques radiographiques, le livre en compte six inédites en plus. Je me suis bien gardé de lire d'une traite ces quarante-et-un courts chapitres. Je les ai savourés pas à pas, déambulant, sautillant de l'un à l'autre, pas forcément dans l'ordre chronologique proposé. Je les ai dégustés comme des mises en bouche brillantes et intelligentes.

Antoine Compagnon nous dit que : « Pascal, c'est la recherche du bonheur. le départ de la pensée de Pascal est la recherche du bonheur, savoir où est le bonheur »...

Il nous dit aussi que c'est l'auteur le plus complet de la littérature française. Les auteurs français vont souvent par deux. Il y eut Voltaire et Rousseau, Sartre et Camus, Corneille et Racine, s'opposant, s'affrontant, entrant en résonnance, ils sont à la fois complémentaires et différents, mais Antoine Compagnon nous dit qu'on ne peut pas lire Montaigne sans lire Pascal.

On connaît tous quelques célèbres expressions ou maximes, entrées dans la mémoire universelle, ne sachant pas toujours qu'elle viennent de Pascal : « le nez de Cléopâtre », « le moi haïssable », « le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point », « L'homme est un roseau pensant », « Qui veut faire l'ange fait la bête », « La vraie éloquence se moque de l'éloquence », « le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie »...

Antoine Compagnon nous les remet ici à propos.

Et puis la crise du covid-19, qui nous a contraint durant deux mois à rester confinés chez soi, nous a offert l'occasion de disserter sur une autre citation de Pascal devenue célèbre dans ce contexte : « Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. »

C'est à propos de divertissement que cette citation fut écrite par Pascal, elle a été peu tronquée, il conviendrait de la lire jusqu'au bout pour en comprendre tout le sens, comprendre la nécessité du divertissement comme pour se détourner de l'illusion de la condition humaine, le repos étant une manière de prendre le temps de se voir tel qu'on est, regarder notre existence sans concession. Terrible et toujours aussi fort, que ce soit dit en 1670 ou en 2020 !

Antoine Compagnon explique, met en perspective, n'extrapole jamais, rend actuelle la pensée de Pascal, même si j'ai regretté que parfois certaines chroniques laissaient beaucoup trop de place à l'engagement religieux de Pascal...

Nous avons été nombreux en cette période de confinement à avoir été confrontés à ces questions fondamentales, du sens de la vie que nous menons. Venir à Pascal, c'est venir à la philosophie de manière générale, c'est retourner à l'essentiel...

Antoine Compagnon évoque aussi le contexte politique hostile dans lequel Pascal a vécu pour comprendre une pensée pouvant être jugée parfois conservatrice ou cynique...

Et puis, dans ce cheminement, Antoine Compagnon évoque au tout début de l'ouvrage un moment intime qu'il a vécu à l'occasion de l'écriture de ces chroniques. Au moment des premiers enregistrements radiophoniques, la santé d'une personne chère se dégrada irrémédiablement. Antoine Compagnon lisait à cette personne ces textes avant de les enregistrer, lui donnant la primeur, Pascal fut ce compagnon consolateur dans cette épreuve.

Il est toujours touchant de voir comment les grands auteurs peuvent nous aider, nous accompagner dans nos vies intimes.

Je remercie Babelio dans le cadre de sa Masse Critique, ainsi que les Éditions des Équateurs, pour cette lecture inspirante et stimulante.

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Aimer l'amour, l'écrire



Merci, Papa Noël, j'ai été bien gâtée avec ce superbe livre, édité par la Bibliothèque Nationale !



Comme Antoine Compagnon, professeur au Collège de France le rappelle, dans sa préface, l'amour et la littérature ont toujours été intimement mêlés, les poèmes, les lettres, la riche correspondance adressés à l'être aimé constituant une part essentielle et si intime des écrits des auteurs.



Accompagnés de manuscrits originaux, souvent inédits, les textes proposés sont ceux de romanciers et poètes du 19ème et 20ème siècles.Ils sont commentés de façon très intéressante, offrant une vision éclairante du contexte dans lequel ils ont été écrits.



Les photos, dans des tons pastels, apportent douceur et charme au propos.Il y a notamment une magnifique photo inspirée d'une lithographie de Juliette Drouet.



On parcourt avec délice et passion les pages, on s'arrête ici ou là, on s'émerveille devant les phrases sublimes, les images évocatrices, les citations inspirantes.



Des lettres enflammées de Juliette Drouet à Victor Hugo au personnage d'Ysé dans " Le Partage de Midi" de Paul Claudel, inspiré par une femme qu'il a aimée, des " Poèmes à Lou" d'Apollinaire aux " Fragments du discours amoureux" de Roland Barthes, on découvre les élans du coeur sincères de ces auteurs, et je me suis réjouie qu'il y ait beaucoup de poètes représentés.



D'ailleurs, je laisse le mot de la fin à un chantre de l'amour et de la femme, j'ai nommé Paul Eluard, dans " La dame de carreau":

" Et c'est toujours le même aveu, la même jeunesse, les mêmes yeux purs, la même révélation.Mais ce n'est jamais la même femme.Les cartes ont dit que je la rencontrerai dans la vie, mais sans la reconnaître.Aimer l'amour..."



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Un été avec Baudelaire

Suite au succès obtenu par le volume « Un été avec Montaigne » paru en 2013, j’ai voulu renouveler l’expérience avec Baudelaire.

Mais Baudelaire n’est pas Montaigne et ces deux ouvrages sont très différents, en raison de la personnalité de chacun des protagonistes.



Ce livre, organisé par centres d’intérêt se décline en chapitres courts et montre un contraste permanent entre le travail, les vers proposés et les commentaires de l’auteur sur la vie du poète.

Alors que le texte est censé donner une explication aux extraits de poèmes, il les met souvent en opposition soit entre eux, soit avec les façons de vivre de Baudelaire.

Cela donne deux images du sujet : son œuvre et sa vie.

On a d’un côté un intellectuel qui évolue dans des sphères élevées et qui est également sous l’emprise du vin, des femmes (qu’il semble ne pas aimer...), du haschisch...



On a donc au fil des lignes l’expression d’une dualité permanente. « Le mot travail est partout chez Baudelaire qui a toujours du mal à travailler et qui a peu écrit »



Aujourd’hui Baudelaire aurait été un rappeur, révolté, violent, asocial...

C’est un joli moment de culture que l’on s’offre en ouvrant cet ouvrage.

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Un été avec Montaigne

Montaigne en 40 leçons, 40 chapitres, 40 émissions de radio d'Antoine Compagnon, pour évoquer les grands évènements de sa vie, son œuvre, ses voyages, ses amitiés, ses amours, sa maladie, sa vision du monde...Montaigne était un homme moderne par beaucoup de points, un esprit ouvert, sans préjugés, se livrant dans ses Essais sans aucune arrière pensée. A chaque chapitre, une citation nous fait goûter son français du 16ème siècle qu'Antoine Compagnon éclaire de manière limpide.



On le découvre ou redécouvre avec régal dans ce petit livre qui constitue une excellente introduction à ce grand philosophe dont la vie et l'œuvre étaient si étroitement liées. Un petit ouvrage de philosophie accessible à tous à l'image de Montaigne qui est resté si actuel...malgré les siècles qui nous séparent. N'attendez pas l'été pour vous y plonger !
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Un été avec Colette

Dixième livre de cette jolie collection « Un été avec… ».

Cette année voit l'édition d' « Un été avec Colette » par Antoine Compagnon de l'Académie française.



Ce livre fait suite à une série d'émissions sur France Inter l'été 2021.



Colette, un nom au pinacle de la littérature française, une femme multiple, riche, à l'oeil juste parfois acerbe nous est présentée avec élégance à travers de multiples chapitres permettant d'accéder au foisonnement de l'écrivain qu'elle fut sans le vouloir.



Multiplicité de l'écriture : romancière, nouvelliste, reporter, chroniqueuse, critique dramatique, etc…, ce livre nous raconte non seulement son activité insatiable et l'amour de la langue française qu'elle défend mais propose aussi quelques éléments biographiques qui permettent de la situer en tant que femme, amoureuse, mère.



L'importance de l'enfance et de la relation avec Sido, sa mère, la fratrie, les carrières au music-hall, l'écrivain qui pratiqua un « second » métier parfois décrié, la conférencière, les logis… tout est parcouru et raconte une vie hors du commun.



Des amours multiples dont celui avec Missy et la pantomime au Moulin-Rouge : « Rêve d'Égypte » où le baiser échangé sur scène entre les deux femmes provoqua un scandale retentissant.



Les règlements de compte avec Willy, le premier amour bafoué, avec Henry de Jouvenel, le second, l'amour interdit avec le fils de ce dernier, une femme qui s'assume sans tomber dans un féminisme qu'elle décrie.



Les sens en éveil, la gourmandise de tout ce qui se goûte, se sent, se touche, flore et pomone, animaux, nourritures terrestres, un tout qui se vit intensément.



Puis la légende, la « bonne dame du Palais-Royal », le papier bleu, la chatte dernière et l'écriture qui ne la quittera jamais.



Ce petit livre parcourt Colette pour donner l'envie de la lire, de se laisser submerger par l'univers de ses premières années à Saint-Sauveur en Puisaye, de folâtrer avec « Claudine », de suivre ses « Contes des Mille et un Matins », de palpiter douloureusement avec « Chéri », de rêver « Le Blé en Herbe », de caresser « La Chatte », de rencontrer « Sido », de s'inviter dans « La Maison de Claudine », de réfléchir avec « La Naissance du jour », auto-fiction… et tant et tant qu'on ne peut tout citer.



On ne peut que convier à la lecture de cette oeuvre magistrale que nous fait redécouvrir Antoine Compagnon.
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La vie derrière soi

Professeur au collège de France pendant une quinzaine d’années, Antoine Compagnon a proposé des merveilleux cours, plein de finesse et d’érudition, aux auditeurs de la vénérable institution, mais aussi, grâce aux podcasts mis en ligne, à tous les amoureux de la littérature. Proust, Baudelaire, Montaigne…. différents auteurs ont été mis à l’honneur, explorés, fouillés, permettant de les lire autrement, mais sans jamais oublier l’essentiel, le plaisir de la lecture. Touché par la limite d’âge et obligé de partir à la retraite, il a consacré son dernier cycle de cours, avec une auto-ironie toujours présente dans ses conférences, aux adieux littéraires, aux dernières œuvres, à ces moments où les écrivains mettent, d’une manière ou d’une autre, un terme à leur travail.



Il aborde le sujets sous différents angles, trop nombreux pour les évoquer tous. Je vais me borner à en citer quelques uns qui m’ont plus particulièrement frappé.



Les dernières œuvres ont longtemps été vues comme une sorte de dégénérescence, de déclin d’hommes amoindris, qui se survivaient à eux-mêmes, à leur génie. Ainsi le Bernin juge sévèrement le dernier Poussin, exprimant l’idée qu’il faut s’arrêter à temps, avant que le déclin n’affecte la création. Mais ces derniers tableaux du maître français vont ensuite être vus différemment. Apparaît en effet progressivement l’idée du « style sublime » , qui se manifeste chez certains artistes à un âge avancé, par un élargissement et approfondissement de la forme et de la pensée, et qui compense le déclin physique. Une création plus libre, plus riche et originale, en avance sur son temps, et qui jette les ponts avec l’avenir. Beethoven, Goethe, Titien sont les représentant de ce style parmi les plus cités. En littérature, La vie de Rancé de Chateaubriand, dénigrée, peu appréciée à son époque, peut en constituer un exemple fameux. Se moquant d’une perfection formelle de rigueur à leur époque, ces artistes dans une vision annonciatrice des temps à venir, créent des œuvres puissantes et originales, leur âge leur donnant la liberté pour pouvoir le faire. Mais ce style sublime est réservé à certains, d’autres auteurs perdent progressivement leur force créatrice et ne sont plus que l’ombre d’eux-même. La question étant bien entendu comment distinguer les uns des autres. Et comment l’artiste lui-même peut distinguer ce qui relève d’un radotage sénile d’une création libre et puissante.



Il y a aussi l’idée d’opposer les artistes conceptuels, qui donnent le meilleur d’eux-même dans une forme d’intuition dans leurs jeunes années, de l’artiste expérimentateur, qui améliore, progresse, polit son art, pour produire le meilleur à la fin de son itinéraire artistique. Mais l’artiste conceptuel peut, peut-être, dans certains cas, se renouveler, et faire surgir un nouveau concept. Au risque de se répéter. Mais arrêter de créer, d’écrire, est très difficile, voire impossible. Rimbaud est un cas isolé, exceptionnel. A l’opposé, il y a Proust, qui jusqu’à son lit de mort, polissait, perfectionnait, tant sa vie et l’écriture se superposaient l’une à l’autre.



L’artiste peut vouloir créer jusqu’à la fin parce qu’il sent qu’il est en train de donner le meilleur de lui-même, il peut aussi vouloir continuer jusqu’au bout, parce qu’il doute de la valeur de tout ce qu’il a fait, comme Bergotte dans la Recherche ou comme le personnage de l’écrivain de la nouvelle de Henry James « Entre deux âges ». Ils souhaitent une seconde chance, une possibilité de créer une œuvre à la hauteur de leurs ambitions au moment de mourir. Souhait aussi impossible à réaliser que celui d’avoir une seconde vie que l’on pourrait davantage réussir, dans laquelle on pourrait éviter les erreurs, saisir cette fois les occasions manquées.



Mais la création d’un artiste, n’est pas isolée. Chaque voix nouvelle ajoute une voix au concert humain, comme l’a formulé Péguy. Entre le temps des individus, très limité, et le temps divin, sans fin, il y a une sorte de durée intermédiaire, l’aevum. C’est le temps comme permanence de l’Homme, s’inscrivant dans une lignée, une chaîne, comme celle de la littérature. La voix de chaque poète, auteur, va continuer à se faire entendre dans celle de ses successeurs, comme lui-même a fait résonner celle de ceux qui l’ont précédé, le Poète ou l’Auteur, transcendant en quelque sorte les individus en tant que tels. Une manière de terminer de manière optimiste ce beau voyage dans la littérature et l’art, malgré son sujet.
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La littérature, pour quoi faire ?

"La littérature, pour quoi faire ?" est la leçon inaugurale d'Antoine Compagnon au Collège de France.

C'est un texte remarquable, où Antoine Compagnon développe une véritable pensée sur la littérature et une véritable défense de celle-ci.

Il y vante les mérites de la littérature, avec intelligence, pertinence et un amour visible de celle-ci.

Il s'agit d'un texte finement argumenté, d'une intelligence précieuse, qui a le mérite de répondre à l'excellente question qui est le titre du texte.

Excellent !...
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Un été avec Montaigne

Montaigne est un compagnon très cher…



Je commence ma journée laborieuse en me levant à 4 ou 5 h selon les circonstances et avant d’affronter les délices des transports, quelques pages des Essais de Montaigne souvent en écoutant une suite de Bach. C’est un petit luxe que je m’offre, prendre le temps de lire, relire, prendre des notes sur les Essais, à son rythme.



Car à notre époque où il faut être comptable de son temps pour être hyper performant, à l’affut de tout ce qui se passe aux quatre coins de la planète il faut être un tantinet décalé pour investir dans la lecture des Essais qui ne fournissent aucune « recette », ne développent aucun systême, aucun modèle reproductible.



Je souhaitais lire le livre de Compagnon depuis longtemps, mis en appétit par des commentaires divers positifs.



J’avoue que j’ai été surpris, je m’attendais d’une part à un format d’une autre dimension, (j’ai lu ce livre en une poignée d’heures) et d’autre part à un contenu différent, une sorte de rêverie bucolique à partir de l’univers mental de Montaigne, où tout au moins d’une partie de celui-ci.

En fait il s’agit d’une sorte d’abécédaire de Montaigne avec à chaque fois de courts articles.



C’est d’autant plus étonnant a priori que la pensée de Montaigne que l’on peut appréhender au fil de l’eau se laisse difficilement, me semble t-il, enfermer dans des catégories, des définitions. Montaigne lui-même ne cesse de clamer qu’il n’est jamais sur de rien (ce en quoi il est quelque peu de mauvaise foi…), et des contradictions implicites ou explicites jalonnent les Essais. Mais on lui pardonne volontiers tant il charme le lecteur d’abord par son style merveilleux et ensuite par la profonde humanité qui ne cesse de s’exprimer.



Mais il faut reconnaitre que les chapitres expriment régulièrement la profondeur de la pensée de Montaigne, les chemins de traverses qu’elle emprunte.



Une fois la surprise passée, on lit ce livre avec un vrai plaisir ; on peut toutefois regretter qu’il y ait très peu d’extraits des Essais, par exemple dans une partie thématique distincte pour respecter l’esprit du livre de Compagnon

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Un été avec Pascal

Le livre est issu d'une émission de radio de France Inter, Un été avec Pascal. Antoine Compagnon a écrit de petits billets de quelques minutes, qu'il lisait, avec l'appui d'une comédienne pour les textes. Trente cinq chroniques ont été diffusées, au final quarante-unes composent le livre qui paraît un an après la diffusion de l'émission.



Le format (textes courts) ne permet bien sûr pas de présenter Pascal de façon exhaustive, ni d'approfondir sa pensée de manière systématique. Antoine Compagnon, dans chaque texte choisit d'aborder un point biographique, ou part d'un bout de texte pour essayer de poser quelques fondamentaux de la pensée de Pascal, d'une manière accessible et attrayante, tout en n'évacuant pas tout le complexe de cette pensée. C'est brillant, intelligent, très agréable à lire, tout en donnant une furieuse envie d'aller plus loin que cette belle introduction – mise en bouche.



Je suis très heureuse en tous les cas que le livre existe, j'ai très vite abandonné l'écoute radiophonique, la musique omniprésente en permanence et la superposition à certains moments de la voix d'Antoine Compagnon et de la comédienne, ne me permettant pas une concentration suffisante pour suivre réellement le contenu rédigé par Antoine Compagnon, que j'ai beaucoup plus apprécié à la lecture, sans interférences.



Lecture idéale pour l'été comme l'indique le titre. Avant peut-être d'aller plus loin à l'automne, en relisant Pascal, et des ouvrages qui donnent quelques clés de son œuvre.
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La littérature, pour quoi faire ?

Pour sa leçon inaugurale au Collège de France, procédé que je découvre avec ce livre, Antoine Compagnon aborde modestement la question de la littérature, en particulier ce qu'elle représente aujourd'hui.

Il y raconte ses débuts dans la recherche littéraire, les découvertes d'auteurs, comme Proust par exemple, qui l'ont passionné et changé à jamais.

C'est une belle éloge de la littérature de la part d'un passionné et c'est vraiment bon à lire. Il y aborde tout ce qu'elle apporte en matière de richesse et de liberté, ce qu'elle ouvre comme horizons, et l'empathie qu'elle développe.

Un beau sujet d'étude mais surtout un discours réconfortant.

A poursuivre avec les vidéos parues sur le net.
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Un été avec Baudelaire

Antoine Compagnon annonce tout de suite la couleur : il vise, avec cet essai, à reconduire le plus grand nombre dans les librairies afin qu’ils retrouvent le chemin des « Fleurs du mal » et du « Spleen de Paris ». Y parviendra-t-il ?



Faut dire que Baudelaire n’est pas un « client » facile. Tout le monde connait les vers « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté » - qui sont certainement les vers les plus célèbres de la poésie française. Mais après ?



D’emblée je saluerai l’honnêteté intellectuelle de M. Compagnon qui dresse ici un portrait complet et sans tabou de ce génie de la poésie française, père de la poésie moderne. Mais pas que … L’auteur s’attache d’abord à montrer la richesse de la poésie de Baudelaire, tantôt qualifiée de poésie réaliste, voire morbide (on pense bien sûr au poème « la charogne »), proche de la poésie baroque, tantôt taxée de classicisme par Proust qui trouve des ressemblances entre Racine, Malherbe et Baudelaire. Bon, un écrivain qui divise les spécialistes, qui échappe à toutes les classifications, à toutes les étiquettes, moi, ça me plait, ça. Donc une bonne raison de découvrir Baudelaire. Je vois déjà un sourire poindre sur les lèvres de mon libraire.



Maintenant qu’en est-il de l’homme ? On découvre un homme qui souffre de sombres crises de cafard, atteint de flegme (pour rester polie) pathologique et de procrastination chronique, frappé d’infécondité, d’impuissance à produire. Et le paradoxe est là : cet homme qui a écrit les plus beaux poèmes de la langue française était névrosé, mal dans sa peau, constamment insatisfait de son travail, s’autocritiquant, se censurant sans cesse, se surveillant toujours.



Baudelaire était lucide dans sa création, comme il l’était dans la croyance aveugle de ses contemporains dans le progrès et dans la modernité. Il était lucide quand il pressentait la mort de l’art dans les sociétés modernes pour laisse la place au divertissement. Lucide quand il se faisait l’observateur de la désacralisation de l’art dans le monde moderne.



Eh ben tout ça me parle, tiens. Et là je me dis que vraiment je suis une idiote de ne pas (encore) avoir lu « les fleurs du mal » ou « le spleen de Paris » (je ne compte pas les poèmes analysés à l’école. Je devrais plutôt dire «disséqués », tant j’avais cette impression d’acharnement thérapeutique. Ah, quand l’école ferme des portes alors qu’elle devrait en ouvrir …). Et mon libraire se frotte les mains, il sent la cliente appâtée, alléchée, impatiente de tenir dans ses mains l’objet tant convoité.



Et puis bardaf, la douche froide ! Au fil du texte, au fil de l’analyse de l’œuvre de ce génie, Antoine Compagnon nous révèle un Baudelaire misanthrope, convaincu que l’homme est fondamentalement mauvais, entaché du péché originel. On découvre un Baudelaire mesquin, contre le rire, hostile à la démocratie, à l’égalité, partisan de la peine de mort, ultra-libéral (désolée, mais ne s’est-il pas écrié « Assommons les pauvres ! »), méprisant les femmes (et aussi les Bruxellois et les Belges… Euh je suis vraiment mal prise, comme on dit à Bruxelles), ennemi de la presse et des journaux, qu’il accuse d’approximations, d’inexactitudes, … Et là, ben cela m’a rappelé quelqu’un, là de l’autre côté de l’océan. Non, plus sérieusement, je n’ai pas du tout apprécié cette part sombre, cette face cachée du génie.



Alors je reste avec cette question : vais-je ou non lire la poésie de Baudelaire, en sachant que je n’aurais pas du tout apprécié cet homme s’il avait été contemporain ? Peut-on apprécier un auteur quand on exècre l’homme dans la vie de tous les jours ? Ou doit-on faire la part de choses, dissocier l’œuvre de la personnalité de l’auteur ?



Et mon libraire ? Eh bien il attendra encore un peu, le temps que je tranche la question …

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Un été avec Pascal

Comment puis-je noter un livre qui semble une excellente introduction à la pensée de Pascal mais qui m'a ennuyée ?

Pascal est un être bien déconcertant, à mi chemin de la mondanité et de la spiritualité ; son goût marqué pour le classements en catégories des objets de connaissance et sa pratique incessante des procédés de "renversements" frôlent l'esprit de paradoxe ; quant à son juste milieu, il est aussi stable et affermi que la corde d'un funambule, toujours à balancer entre ses contraires.

Quelque soit le sujet abordé, il classe et balance : il y a le coeur, l'esprit, la charité ; la grandeur d'établissement et le respect d'établissement ; l'esprit de géométrie, l'esprit de justesse et l'esprit de finesse ; la nécessité de la double pensée (tenir son rang sans en inférer une valeur personnelle qui en dépendrait) ; la misère de l'homme et sa grandeur ; la grâce suffisante et la grâce nécessaire...



C'est d'ailleurs avec ce dernier aspect que j'ai le plus de mal : ennemi du molinisme (pensée des jésuites), Pascal réfutait le fait que les seules oeuvres humaines puissent suffire au salut de l'âme : quelque soit la vie menée et les mérites individuels, Dieu seul peut choisir parmi les hommes ceux qui seront sauvés.

Cela semble bien sévère, mais tel est le fondement du jansénisme.

Pourtant figure dans le Mystère de Jésus (1655), la phrase suivante : "Console-toi, tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais trouvé."

Et Antoine Compagnon d'expliquer :"Puisque toute recherche est l'effet d'une grâce, chercher Dieu, c'est être cherché par lui."

Il y aurait donc une coïncidence entre la volonté divine et la volonté humaine ?

Il est permis de le croire, puisque Dieu est le créateur et l'initiateur de toute chose.

Mais alors, pourquoi avoir introduit cette notion de grâce divine nécessaire opposée à la grâce suffisante (insuffisante justement) de l'honnête chrétien pratiquant ses devoirs ?

Encore un "renversement" que je trouve stupéfiant, ce qui atteste bien que je ne suis qu'une ignorante.

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Petits spleens numériques

Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, se penche sur nos addictions aux téléphones, tablettes, ordinateurs et autres joujoux connectés en portant un regard connaisseur, critique et amusé : des petites chroniques divertissantes pour les dinosaures de mon âge qui ne sont pas nés connectés à leur portable !
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