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Citations de Antoine Compagnon (255)


La littérature ne vous offre pas des règles à suivre, mais des modèles de compréhension de ce qui vous arrive. Une lecture nous permet de mieux saisir une situation que nous vivons, avons vécue ou vivrons, et de nous l’expliquer. Par exemple, dans La Classe de rhéto, pour décrire l’humeur de l’un de mes camarades, mon meilleur ami, qui était un peu fou, j’ai écrit qu’« il passait sans transition de l’exaltation à l’abattement ». Puis, il y a quelques jours, je me suis soudain dit que cette phrase qui me trottait dans la tête depuis quarante-cinq ans n’était pas de moi mais devait être une citation que j’avais lue à l’époque et qui m’avait fait comprendre le comportement de mon ami en le nommant. Aujourd’hui, où l’on a plus de connaissances, on dirait qu’il était maniaco-dépressif, ou peut-être même bipolaire, mais, quand nous avions quinze ans, ces mots n’existaient pas pour nous. Cette phrase, je l’avais lue quelque part en 1965, elle avait soudain éclairci pour moi le comportement de ce garçon ; elle était restée inscrite dans ma mémoire et je l’ai finalement écrite. Et comme, aujourd’hui, on peut tout retrouver grâce à Google, je l’ai tapée dans le moteur de recherche et maintenant je sais que je l’avais lue dans le Lagarde et Michard du XVIIIe siècle, à propos de Diderot, non de Rousseau, comme je me le suis d’abord dit en la retrouvant l’autre jour. Ainsi, ce ne sont pas seulement Stendhal et Proust qui m’ont aidé à vivre quand j’étais adolescent, mais aussi Lagarde et Michard, et je leur en suis reconnaissant. La littérature, c’est-à-dire la langue, même dans un manuel scolaire, peut déposer un mot qui vous donne l’explication d’une situation que vous étiez en train de vivre et qui vous restait incompréhensible.
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La mort d'un écrivain, c'est toujours une petite mort de la littérature, ca un de littérature meurt avec un écrivain qui s'éteint
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Tout ce qui proprement peut être dit peut être dit clairement, et ce sur dont on ne peut parler, il faut garder silence (citation de L. Wittgenstein)
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"On est toujours fou, quand on cherche à savoir ce que veut une femme, et quand on s'imagine qu'elle sait ce qu'elle veut!" déclare Phil vers la fin de Blé en herbe, résumant la sagesse de Colette, fondée sur une longue expérience.
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Les questions de genre et même de transgenre font aujourd'hui notre ordinaire; elles ne surprennent plus comme en 1900 ou en 1930, quand Colette les abordait sans masque, parlait franchement de l'homosexualité et du travestissement.
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La vieillesse réglera heureusement toutes ces ambiguïtés : " "On a bien du mal à conserver les caractéristiques d'un sexe, passé un certain âge" , dit Colette avec la sagesse populaire dans La Maison de Claudine
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C’est la grande expérience du deuil, qui est celle de ne jamais sentir autant la présence de quelqu’un qui a l’instant où l’on comprend qu’il a disparu pour toujours.
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Comme Cicéron, Montaigne pense que I'homme n'est pas vraiment lui-même dans la vie publique, le monde et le métier, mais dans la solitude, la méditation et la lecture.
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Notre école, comme dit Montaigne, c'est celle du loisir, l'otium de l'homme libre et lettré, le chasseur de livres qui peut consacrer son temps à une occupation sans but immédiat.
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Pendant des mois, des années, nous étions entre nous, séquestrés entre hommes. Il nous manquait la moitié du monde. Entrés dans l'armée à dix ans (..) nous étions des mutilés psychiques, des tarés affectifs, certains plus que d'autres, mais pas un seul n'en sortirait indemne. On avait acquis pour toujours une certaine dureté sentimentale, une certaine rigidité mentale, contre lesquelles il fallait lutter sans cesse et pied à pied pour qu'elles ne reprennent pas le dessus. Tous mettraient longtemps à se rétablir et beaucoup ne se rétabliraient pas.
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Pris au dépourvu, nous nous tenions au garde-à-vous au pied des lits tandis que nos gardes-chiourme farfouillaient dans nos affaires, remuaient des couvertures imparfaitement pliées, confisquaient des livres non signés, repéraient des brodequins mal cirés ou des boutons détachés, jetaient par terre des provisions de bouche interdites, et distribuaient généreusement les privations de sortie, voire les arrêts de rigueur. Le dernier trimestre de la rhéto commençait mal. Presque tous les dimanches, nous prenions part à la "balade des crantés", les privés de sortie que l'on promenait dans l'après-midi, sous bonne escorte, sur les coteaux de Saint-Germain-du-Val, pour leur faire prendre l'air.
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En 2012, Antoine Compagnon anime durant l’été, une série de courtes émissions sur Montaigne. Ce sont ces 40 textes qui seront repris dans ce livre.
Ce qui en fait toute la saveur, ce que ce n’est pas savant ou scolaire. A chaque extrait, L’auteur prend un texte de Montaigne et développe sa pensée. Cela rend le livre plaisant à lire et à relire. Cela rend l’auteur plus humain, plus proche, avec ses faiblesses et sa descente vers la vieillesse.
J’ai bien aimé par exemple le texte ‘l’assiette » où Antoine Compagnon nous parle du goût du voyage de Montaigne qui ne s’ennuyait jamais à cheval, et y trouvait un plaisir à laisser penser divaguer pendant les 8 à 10 heures de voyage durant une journée. Mais, en même temps, il a conscience que si le voyage ouvre l’esprit, il peut aussi à entretenir une certaine instabilité dans les idées : « voyager, mais pas trop ». Une réflexion qui est très contemporaine si o la transpose dans notre bougeotte permanente ou les réunions en entreprise.
J’ai bien aimé le texte « le livre ». Entre les trois « commerces », celui des femmes, des amis et des livres, il juge ce dernier « plus profitable et plus salutaire » que les deux premiers. Le livres sont toujours disponibles et ne se ruinent pas.La réflexion d’Antoine Compagnon qui rappelle que les livres ont fait beaucoup pour le rapprochement homme / femme durant des siècles est bien inspirée.
Troisième et denier exemple, son texte sur « l’autre » : la fréquentation de l’autre permet d’aller à la rencontre de soi et la connaissance de soi permet de revenir à l’autre souligne l’écrivain.
A lire régulièrement
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Un homme épouvantable entre se regarde dans la glace.
« -Pourquoi vous regardez-vous au miroir, puisque vous ne pouvez vous y voir qu’avec déplaisir ? »
L’homme épouvantable me répond : « - Monsieur, d’après les immortels principes de 89, tous les hommes sont égaux en droits ; donc je possède le droit de me mirer ; avec plaisir ou déplaisir, cela ne regarde que ma conscience. »
Au nom du bon sens, j’avais sans doute raison ; mais au point de vue de la loi, il n’avait pas tort.
Dans cette fable, l’homme épouvantable, c’est l’homme éternel, non pas l’homme bon de Rousseau, auquel Baudelaire ne croit pas, mais l’homme déchu, marqué par le péché originel. Or, il a désormais tous les droits, les droits de l’homme. Baudelaire se moque ouvertement des « immortels principes de 89 » qui donnent à chacun le droit de se regarder dans la glace. Sous l’Ancien Régime, un miroir était un objet de luxe, l’apanage de la noblesse, mais l’industrie répand désormais à bon marché la faculté de se regarder, se s’admirer. Comme l’observait Jean Starobinski, « le regard au miroir est le privilège aristocratique de l’individu qui sait se faire le comédien de soi-même », c’est-à-dire se dédoubler, se regarder comme un autre, comme un dandy, non pas se perdre comme un Narcisse dans la contemplation de soi. La démocratisation du miroir est donc pour Baudelaire un « véritable sacrilège », à la fois scandale politique et une hérésie métaphysique
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« La femme Sand est le Prud’homme de l’immoralité…
Elle a le fameux style coulant, cher aux bourgeois.
Elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde ; elle a, dans les idées morales, la même profondeur de jugement et la même délicatesse de sentiment que les concierges et les filles entretenues.
Que quelques hommes aient pu s’amouracher de cette latrine, c’est bien la preuve de l’abaissement des hommes de ce siècle ».
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Amateur de vies, Montaigne s’est donc mis à écrire la sienne.
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Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu’en répondant : Parce que c’était lui, parce que c’était moi. (I, 27, 290-291)
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Elle (Colette) appartient à l'immense génération des classiques modernes de la littérature française : Claudel, Gide, Proust, Valéry, Péguy et Colette sont nés tous les six en cinq ans, entre 1868 et 1873, et ils accapareront la première moitié du XXème siècle. Mais Colette, la seule femme dans ce bouquet, fut à la fois la plus insolente et la plus populaire.
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Dans les années 1950, on apprenait le français dans Victor Hugo et Colette. Nos dictées, "Où sont les enfants ?" ou "Le curé sur le mur", étaient extraites de "La Maison de Claudine". Mais aujourd'hui ? Sait-on encore écrire "presbytère", beau mot dont la petite Gabri - le prénom de Colette était Gabrielle - ignorait le sens et pensait qu'il désignait un "petit escargot rayé jaune et noir" ?
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Pour Leavis, ou encore pour Raymond Williams, la valeur de la littérature est liée à la vie, à la force, à l'intensité de l'expérience dont elle témoigne, à sa faculté de rendre l'homme meilleur. Mais la revendication de l'autonomie sociale de la littérature à partir des années soixante, ou même de son pouvoir subversif, a coïncidé avec la marginalisation de l'étude littéraire, comme si sa valeur dans le monde contemporain était devenue plus incertaine.
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La Recherche fait le procès de l'intelligence, lui oppose l'intuition. Avec la madeleine, le héros a l'intuition d'une autre réalité, puisque la sensation lui apporte l'extase. Nous aurons l'explication des milliers de pages plus loin, mais nous savons déjà que le bonheur de la réminiscence passe par le corps.
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