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Citations de Antoine Volodine (313)


Se taire faisait partie des leçons qu'il avaient reçues quand il parcourait des paradis ou des enfers reculés ou exotiques, et ensuite, après qu'il eut réussi à en revenir : il savait que les mots blessent les survivants et irritent ceux qui n'ont pas survécu, que les images se partagent mal, que tout discours sur l'ailleurs passe pour une vanité ou pour une jérémiade.
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Je m'obstinerai dans mon système qui consiste à affirmer que l'extinction est un phénomène qu'aucun témoignage fiable n'a jamais pu décrire de l'intérieur, et dont, par conséquent, tout démontre qu'il est inobservable et purement fictif. Avec force je rejetterai comme sans fondement l'hypothèse de la mort.
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Sa maigreur lui donnait l'air d'un gueux famélique, et son visage anguleux avait le teint bleuâtre des graphomanes, de ceux qui restent enfermés devant du texte pendant des mois, heure après heure, sans jamais respirer autre chose que la fragrance douteuse des mots, avec pour dérivatifs un sommeil nerveux et peu réparateur, la lecture de glossaires inextricables, et des rêves.

p. 212
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APRES LA FIN DE TOUT VOYAGE REPRENDS LA ROUTE ?
APRES LA FIN DE LA ROUTE ,REPRENDS LA ROUTE !
METS TES RESTES à L'ABRI!
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L'optimisme marxiste nous interdisait d'y voir les preuves de graves défauts dans le patrimoine génétique de notre espèce, une attirance imbécile pour l'autodestruction, une passivité masochiste devant les prédateurs, et peut-être aussi et surtout une inaptitude fondamentale au collectivisme
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.7.
38.COMPTE LES SOLDATS GUENILLE PAR GUENILLE !
39. COMPTE LES SOLDATS FOULE A FOULE !
40. COMPTE LES SOLDATS DE ZERO A UN !
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« C’était comme ça, un de ces rares moments où la parole crée du temps, de l’espace en même temps que la mort du temps et de l’espace. » (p. 59)
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« Luttez contre votre tendance à la formule. Elle ne sert à rien. Elle n’apporte rien. » (p. 45)
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« Ils nous faisaient pratiquer le théâtre beaucoup plus comme une cérémonie humblement chamanique destinée à reproduire de très vieilles prières intérieures que comme une activité susceptible de nous procurer quelques aumônes. » (p. 12)
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Je choisis pas. Ça a jamais de titre ni de date. C'est une voix jaillie de l'espace noir. Elle appartient autant au présent qu'au passé. Ou même à l'avenir. Faut écouter ça avec son ventre plutôt qu'avec ses oreilles.
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Oui, dit Vassilissa Marachvili. Peut-être qu'on est déjà morts, tous les trois, et que ce qu'on voit, c'est leur rêve.
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On connaît les problèmes d’instabilité dans des groupes guerriers constitués de bric et de broc.
Oui, on connaît. Passez.
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Plus tard, j’ai eu l’occasion de jouer dans cette pièce, les compagnies qui m’avaient acceptée en leur sein renâclaient à la montrer de bout en bout au public, elles préféraient en représenter de courts extraits, et encore, avec des coupures qui réduisaient le rôle des slogans étranges et, à mon avis, appauvrissaient affreusement la narration. Je connais par cœur l’intégralité du texte, et aujourd’hui encore on pourrait me confier n’importe lequel des rôles de femmes, celui des prostituées, je veux dire de l’une des prostituées, ou celui de la narratrice magiquement placée au cœur de l’action, de la narratrice folle, ou celui de la divinité gueuse qui s’efforce d’apaiser la douleur des filles. N’importe quel rôle. Je n’aurais pas de mal à l’interpréter. J’ai en mémoire la quasi-totalité des répliques et toutes les salves de vociférations étranges. Dans l’ordre, dans le désordre, peu importe. Je connais cela depuis mon enfance sur les routes, depuis mon enfance de fille du théâtre.
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Il lut quelques pages de La mendiante de Pokrovsk, se laissa captiver par l’intrigue qui était bien construite, mais dès que Maria Kwoll commença à s’épancher avec une verve acide sur les hommes et leur langage de queue, leur pensée de queue et leur monde de queue, il reposa le livre sur le plancher, à côté du lit au sommier grinçant, éteignit la lumière et s’endormit.
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Cette recherche ferroviaire d’un havre concentrationnaire durait déjà depuis plusieurs mois, pour ne pas dire un temps bardique incalculable. Le tracteur Diesel ne tombait jamais en panne, la question de l’alimentation en carburant ne se posait pas, et, comme dans un cauchemar où tout sans cesse se répétait, le convoi avalait lentement les kilomètres, semaine après semaine, secouant et cahotant et malmenant jour et nuit sa charge humaine.
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Antoine Volodine
On avait là, toutefois, un homme de grande compétence guerrière, qui excellait à tâtonner sans erreur parmi les douilles vides, les cartouches et les culasses. Trois carabines se succédaient entre ses mains, brûlantes, noires, fumantes, meurtrières peut-être, malodorantes, graisseuses, claquantes, brunes, fleurant bon la poudre et le salpêtre, inefficaces peut-être, lourdes, puissantes, surannées, vieilles, fidèles, souvent sollicitées durant la vie libertaire de leurs maîtres, élégantes, sans prétention, inélégantes, démodées, avant-gardistes, longtemps remisées comme des objets purement décoratifs dans les armoires syndicales, fondues avec respect, usinées avec amour par les prolétaires des monts Orbise, indéréglables, dévouées à la cause, bien entretenues, jamais prises en défait, bonnes pour le service, bonnes pour la guerre de classe, imprécises mais suffisamment sonores pour faire détaler la racaille ennemie, argentées sous les rayons de la lune, mates, scintillantes, légères. Tel est l’arsenal des garde-barrières depuis que l’Orbise révolutionnaire s’effondre. Tel est leur arsenal et, si la situation l’exige, ils s’en servent.
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Il en fallait, de la fidélité, de l’aveuglement volontaire, pour rester amoureux de cet endroit !… Je l’avais découvert dix ans plus tôt sous sa forme de bourgade coloniale, figée dans les années quarante, et ensuite je l’avais vu se métamorphoser à grande vitesse en une affreuse banlieue, sous l’impulsion de médiocres architectes qui par tous les moyens en arrachaient l’âme séculaire, la vieille âme luso-asiate. Et je savais que bientôt, je savais qu’aujourd’hui j’allais assister à la phase ultime de l’enlaidissement, à la transformation du territoire en un terminal de fret, avec saunas et maisons de jeu pour y entretenir encore une image négociable chez les négociants en touristes.
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Solovieï, pensa-t-il avec dépit. Lui de nouveau. il m’était sorti de l’esprit. Ce nécromancien des steppes, le voilà qui revient. Cet ignoble marieur de kolkhoze, ce récupérateur de cadavres, cette mauvaise ombre, ce géant imperméable aux radiations, cette autorité chamanique de nulle part, ce président de rien, ce vampire à apparence de koulak, ce type bizarre installé sur un tabouret, cet abuseur, ce dominateur, ce type louche, ce type inquiétant, cette créature de réacteur nucléaire, ce magnétiseur sans dieu ni maître, ce manipulateur, ce monstre appartenant à on ne sait quelle catégorie puante
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"Sur fond mouvant de menace tropicale, le spectacle de ce duel incodifiable, entre révolution trahie et révolution impossible."
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Gutierrez se retenait de me reprocher la maigreur impérialiste de mon vocabulaire, de mon palmier, de mes fourmis, de ce crocodile que tout Indien véritable aurait spontanément appelé jacaré. Il avait compris dans quel état de délabrement je me trouvais et il possédait une réserve de pitié amicale qui lui avait sans doute suggéré de m'épargner. Je rappelle tout de même que Gutierrez avait été élevé à l'école révolutionnaire, que dans ses veines circulait un internationalisme sincère, et que l'essence de l'internationalisme est la compassion envers les délabrés de toutes espèces, envers les victimes et les pauvres types.
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