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Critiques de Antonio Altarriba (163)
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Le Ciel dans la tête

Enfant, Nivek échappe à la mort dans les mines où il est exploité, se voit enrôlé comme enfant-soldat au Congo, puis comme l'assistant d'un sorcier au Tchad. Pensant mourir à plusieurs reprises, il se relèvera toujours pour embrasser toujours plus de violence et de déconvenues : la loi des passeurs, l'esclavagisme, l'exil...



Un destin terrible pour une BD pleine de violence, de noirceur et d'injustice. Mais un titre qui m'a profondément remuée. Les mésaventures de cet enfant se suivent et ne se ressemblent pas, semblant à chaque fois le faire basculer un peu plus vers l'obscurité.



Le travail graphique fait d'ailleurs écho au propos. Le fond des planches est noir, certaines illustrations sont saillantes comme la lame d'un couteau. La composition des pages m'a bluffée, jamais identique, jouant sur les gros plans et les personnages qui se surimpriment. Le dynamisme et la violence transparaissent, et c'est sublime.



Le ciel dans la tête, c'est une fiction, oui, mais une fiction qui éveille aussi les consciences sur la souffrance qu'ont pu endurer ceux que certains veulent à tout prix chasser de notre territoire.



Une fable triste et violente. Bouleversante, dure, sombre. Un vrai travail d'artiste. En somme, une claque !
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L'épopée espagnole - Intégrale

L’épopée espagnole, ouvrage publié aux Éditions Denoël Graphic réunit en un seul volume L’art de voler et L’aile brisée précédemment parus chez ce même éditeur. A travers ces quelques 500 pages, Antonio Altarriba et Kim à qui il a confié la réalisation graphique nous invitent à parcourir quatre-vingt dix ans de l’histoire espagnole du siècle dernier à travers les yeux du père du scénariste, anarchiste épris de liberté qui a vu ses rêves voler en éclats puis ceux de sa mère, femme très pieuse qui a consacré sa vie au service des autres. Ce récit à deux voix est à la fois un bel hommage filial et un témoignage captivant et essentiel sur les secousses de l’Histoire et leurs répercussions sur un homme et une femme ayant vu le jour et grandi dans ces campagnes espagnoles où régnait une immense pauvreté.



Pourquoi cette nouvelle édition ?

S’il est un reproche que l’on pouvait faire à L’art de voler (2011) et L’aile brisée (2016), c’est leur petit format qui entraînait un manque de confort à la lecture de ces ouvrages au texte dense et aux illustrations extrêmement fouillées. Aussi, l’éditeur a-t-il profité du 10ème anniversaire de parution du premier opus pour sortir cette intégrale dans un format plus grand qui offre non seulement une meilleure lisibilité mais redonne également ses lettres de noblesse à l’objet livre en le dotant d’une élégante couverture cartonnée et d’un signet rouge. Cette intégrale qui reprend le contenu des 2 volumes, postfaces éclairantes de l’auteur comprises, est augmentée d’une préface de 7 pages de Viviane Alary, professeure des Universités, hispaniste et membre du Centre de Recherche sur les Littératures et la Sociopoétique de l'Université Blaise Pascal.



De L’art de voler de son père à L’aile brisée de sa mère

Antonio Altarriba se définit lui même comme le « fils d’un anarchiste et d’une nonne ».

4 mai 2001

Tout commence avec « l’envol » du père qui se jette du quatrième étage de sa maison de retraite. Cet évènement dramatique va amener son fils à retracer sa vie dans L’art de voler à partir de ses propres souvenirs ainsi que des quelques 200 pages noircies au plus profond de sa dépression qu’il lui a laissées. Envie de transmission des valeurs, luttes et espoirs déçus pour le père, désir de réhabilitation pour le fils, leurs voix vont se mêler dès les premières pages, le fils s’étant emparé du « je » du père pour décliner sur plus de 200 planches le destin de ce père à travers quatre chapitres de longueur inégale, depuis sa jeunesse dans cette Espagne rurale extrêmement rude jusqu’à sa fin de vie rongée par les désillusions et compromis dans une maison de retraite dont il « s’envolera » à l’âge de 90 ans. Entre les deux, il vivra la chute de la monarchie, la seconde république, la guerre civile aux côtés des républicains, la dictature de Franco, l’exil en France où il sera interné au camp de Saint-Cyprien durant la seconde guerre mondiale avant de s’évader et de rejoindre la résistance et puis, idéaux en berne, le retour en vaincu dans cette Espagne franquiste et sa vie « rangée » de père de famille. Le récit, outre certains passages métaphoriques et oniriques, est ponctué de petites touches de légèreté voire d’humour remarquablement mis en valeur par le dessin.

Conscient après la remarque d’une lectrice que dans cette biographie consacrée à son père, il est très peu question de sa mère et que de plus, elle n’est pas présentée sous son meilleur jour, l’auteur décidera donc d’y remédier dans L’aile brisée qui reprendra la même structure que l’opus précédent, c’est à-dire après la mort en préambule, le récit de sa vie qui s’étalera sur quatre chapitres correspondant aux quatre hommes – et par eux aux quatre lieux – qui ont rythmé son existence : Damián (son père) Juan Bautista (le général Sánchez González, capitaine général d’Aragon puis de Catalogne chez qui elle fut gouvernante pendant 8 ans), Antonio (Sr et Jr, ses mari et fils) et Emilio. Il faut souligner que Pétra, très discrète ne parlait jamais d’elle même. Aussi, ayant peu d’informations, le fils a-t-il fictionnalisé sa vie à partir des témoignages de proches et en extrapolant à partir du contexte historique de l’époque, ce qui lui donne l’occasion d’explorer et exposer un pan méconnu de l’histoire espagnole, la résistance intérieure à Franco et la répression à travers la destinée du gouverneur militaire Sánchez González, monarchiste opposé au régime. Mais L’aile brisée, c’est avant tout un beau portrait de femme et à travers elle, celui de la condition féminine dans cette Espagne rurale arriérée, bigote où hommes et religion régnaient en maîtres. Elle a bien mal commencé dans la vie, la petite Pétra : violentée dès sa naissance par son père qui lui laissera cette aile brisée (handicap qu’aussi incroyable soit-il, elle cachera à son mari et fils et dont ils n’auront connaissance qu’à sa mort), rejetée parce ce même père violent avant d’en devenir la servante, elle passera du statut de fille au service de son père, à celui d’épouse au service de son mari, puis mère au service de sa famille avant la séparation du couple qui la conduira dans une maison de retraite religieuse où elle continuera à se rendre utile et où une belle rencontre lui apportera un peu de paix et de sérénité. Superbe ode au courage et à la dignité de cette femme qui malgré la dureté des épreuves traversées n’a jamais baissé les bras et toujours fait preuve d’une grande force de caractère.

« Elle ne rêvait pas de grands envols ni de sillonner le ciel de part en part comme mon père. Plus modestement, avec son aile brisée, elle s’est bornée à sautiller de branche en branche. Peut-être est-elle ainsi arrivée plus loin. »



L’art de conter d’Altarriba et l’art d’illustrer de Kim

Né en 1952 à Saragosse, ce professeur de littérature française à l'université du Pays basque est également écrivain, critique et scénariste de BD. On lui doit, avec Keko au pinceau, la fabuleuse trilogie du « Moi », pure fiction qui n’en est pas moins une critique de la société espagnole : Moi, assassin (2014) ayant pour cadre le milieu artistique, Moi, fou (2018) le milieu médico-pharmaceutique et Moi, menteur la sphère politique, dernier opus paru en même temps que L’épopée espagnole.

Pour illustrer L’art de voler, il avait fait appel au Barcelonais Joaquim Aubert i Puig-Arnau, plus connu sous le nom de Kim. Grand amateur d’underground américain, co-fondateur en 1977 de la revue graphique satirique El Juéves (Le Jeudi), Kim est le créateur du personnage caricatural de Martinez El Facha (Martinez, le facho) nostalgique du Franquisme dont les aventures seront non seulement publiées dans l’hebdomadaire mais donneront naissance à plus d’une vingtaine d’albums. Le changement d’univers ne l’a pas empêché d’adhérer immédiatement au projet d’Antonio Altarriba, d’adapter pour cela son propre trait à ce style de narration et d’utiliser des procédés graphiques qu’il reprendra dans Un rêve d’ailleurs, album réalisé en solo paru en 2019 aux Éditions du Long Bec dans lequel il racontera sa propre jeunesse de travailleur espagnol émigré dans l’Allemagne des années 60.

Usant d’un camaïeu de gris texturés, son trait semi-réaliste illustre avec sobriété et une extrême précision les différents espaces traversés et rend compte de l’énorme travail de documentation iconographique effectué en amont. Toutefois ce réalisme cède parfois la place à l’onirisme, insufflant un rythme au récit. Les personnages quant à eux sont très expressifs, parfois à la limite de la caricature. Les cadrages et découpage se font discrets, efficaces et sont entièrement au service de la narration.



L’épopée espagnole, fresque magistrale relatant les heures les plus sombres de l’Espagne, bel hommage au courage et à la dignité des petites gens est, au même titre que Maus d’Art Spiegelman, l'un des classiques modernes de la bande dessinée mondiale que chacun se doit de posséder dans sa bédéthèque.


Lien : https://laccrodesbulles.fr/2..
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L'art de voler

J'ai mis pas moins d'une semaine avant de venir à bout de cet ouvrage qui commence joyeusement par le suicide d'un vieil homme de 90 ans qui se jette du 4ème étage de sa maison de retraite. Il faut dire qu'il n'était pas réellement libre dans cette institution qui le privait de toutes ses petites joies.



On va dès lors remonter le temps et vivre dans l'Espagne de l'avant-guerre. La vie de cet homme qui naquit dans le milieu paysan ne fut pas très facile de bout en bout. C'est un peu comme une histoire d'homme ordinaire qui en a vu passer. Certes, il y a eu la guerre d'Espagne, puis les camps en France, la désillusion à la fin du conflit.



Sur la forme, je n'ai pas aimé le format trop petit et les cases surchargées de textes et de dialogues ce qui ralentit fortement le rythme de la lecture. Sur le fond, c'est un témoignage plutôt poignant d'un homme qui a eu une vie bousculé par les sombres périodes du siècle dernier notamment pour l'Espagne sous Franco. Dense et intense à la fois.
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L'art de voler

« L'art de voler » c'est l'histoire d'une vie, celle du père de l'auteur et également son homonyme : Antonio Altarriba. On suit donc chronologiquement les aventures de ce jeune paysan espagnol qui va connaître la guerre civil, l'exil, le régime franquiste et les ruines d'une existence malheureuse.





L'auteur rend extrêmement touchante la vie de son paternel à travers des moments-clefs et grâce à une narration à la première personne. Cette bande dessinée est dense mais passionnante. A travers les yeux d'Antonio Altarriba, c'est plusieurs décennies de l'histoire espagnole que l'on explore. Plusieurs émotions sont ressenties à la lecture de cette BD et chacune est parfaitement retranscrite par le coup de crayon de Kim.





Je le conseille.
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L'aile brisée

Il s'agit du second volet d'un diptyque... que j'ai lu en premier... par pure contradiction (et je ne pense pas que cela soit gênant).



Antonio Altarriba (comme beaucoup d'enfants) découvre à la mort de sa mère qu'il la connaissait en fait bien mal. Mais Altarriba peut en faire une BD... Il se penche le passé de sa mère qui est celui d'une Espagne meurtrie, dans laquelle les squelettes ne sont pas que dans les placards... une Espagne totalitaire, où on essaie de vivre selon des principes, quitte à ne pas voir le monde tel qu'il est mais tel qu'on voudrait qu'il soit.



C'est un regard lucide, aimant mais lucide, qu'Altarriba pose sur sa mère. Il faut aimer très fort pour être capable de ce genre de regard sur un proche... Témoignage d'une autre époque dont les bruits de bottes nous hantent encore... à moins que ce ne soient de nouveaux bruits de bottes... Dommage que le trait ne soit pas toujours à la hauteur. Mais le choix du noir et blanc est tout à fait judicieux.
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Moi, assassin

Cette BD me laisse un peu perplexe. Le sujet est particulier puisqu’il s’agit d’un assassin, professeur d’histoire de l’art et qui tue pour ce même art. Cela peut-être un assassinat gratuit de scène de tableau comme ceux de Goya. Le dessin, captivant est en noir et blanc, agrémenté de rouge pour le sang, les fleurs, une pomme. Trop d’insistance sur les meurtres et pas sur la psychologie du tueur. Dérangeant et fascinant.
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L'aile brisée

"L'aile brisée" n'est pas tout à fait la suite de l'excellent " L'art de voler", c'est plutôt un complément totalement indépendant, pour réparer un oubli flagrant. Le précédent roman graphique d'Antonio Altarriba, consacré à la vie de son père, occultait complètement l'épouse malgré trente-cinq ans de vie commune. C'est à la suite de la remarque d'une lectrice lors d'une signature que l'auteur s'est finalement interrogé sur cette femme qui, pour lui, n'avait participé à aucun combat politique, n'avait guère de connivence intellectuelle avec son mari et restait dans son imaginaire personnel reléguée au second plan ...en version effacée. La remarque a fait son chemin et ce fils un peu indigne s'est penché sur la vie de celle qui lui a donné le jour.... Ce qu'il découvre de son existence, à priori nettement moins romanesque que celle de son père, lui donne assez de matériaux pour reconstituer et retracer, voire réinventer, son parcours simple. Mais on n'est pas passionné d'histoire pour rien...Cette vie qu'il relate dans " L'aile brisée " est bien plus qu'un simple hommage à une femme discrète et au service des autres, c'est aussi toute l'histoire cachée de l'Espagne franquiste qu'il met en scène.

Chacune des quatre parties de ce roman fait référence à un homme important dans l'histoire. Le père d'abord qui en voulant la tuer à la naissance, lui a laissé un bras manquant de mobilité, un général franquiste, complotant pour le retour de la monarchie, qui fut son patron, puis Antonio le mari et pour finir le joyeux Emilio, compagnon amoureux de sa maison de retraite. Des hommes pour marquer chaque étape mais surtout parce qu'en Espagne, ce sont eux les personnages importants, ceux que l'on remarque. Le roman, en plus de son contexte historique fouillé, est aussi une histoire de la moitié invisible du pays : la femme. Réduites aux travaux ménagers, aux bigoteries, à être le réceptacle des pénis des hommes et logiquement à la ponte des enfants et à leur élevage, elles furent, jusqu'à la fin de la dictature, des seconds rôles muets. Petra, cette mère silencieuse en est le parfait exemple. A quelques jours de sa mort, l'auteur s'aperçoit qu'elle a eu toute sa vie un bras quasi inerte ! Imaginez donc le regard et l'attention portée à cette femme par sa propre famille ! C'est à partir de ce lourd constat, de cette révélation honteuse, qu'Antonio Altarriba construit son récit et arrive, mieux vaut tard que jamais, à réhabiliter ce destin.

La suite sur le blog
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L'art de voler

Un roman graphique magnifique qui nous plonge dans la grande et la petite histoire de l'Espagne et des espagnols au XXieme siècle.

J'ai tout de suite été happée par ce livre, qui s'ouvre sur le suicide du père de l'auteur, vieux bonhomme de 90 ans. L'auteur nous explique d'emblée qu'il va endosser la vie de son père pour nous la raconter.

C'est donc une histoire à la première personne qui commence dans les années 1O, dans une Espagne rurale et rustre. et qui continue avec la guerre d'Espagne que l'on vit de l'intérieur d'un pays déchiré, le combat, l'idéologie...L'Exil du personnage dans une France guère accueillante, un retour difficile dans l'Espagne de Franco et une vieillesse désespérante dans une maison de retraite.

J'ai surtout aimé la véracité du témoignage et de le vivre de l'intérieur avec ce que cela comprend de désillusions et de renoncements... Les héros d'une époque peuvent être les salauds d'une autre.

Comme pour Primo Levi, Stephan Zweig ou d'autres, on est tiraillé entre l'incompréhension devant ses hommes qui ont tant lutté pour survivre et qui finissent par se donner la mort et l'évidence de ne pouvoir survivre en ayant touché du doigt la noirceur de l'âme de leurs contemporains. Comment survivre à cette image de notre humanité ?
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Moi, assassin

Une BD à la facture de qualité, aux références pointues et nombreuses, avec un scénario intéressant, tout cela est vrai. Cependant une grande érudition ne fait pas d'une œuvre un chef d’œuvre. Au final ce qui m'ennuie surtout c'est l'accumulation d'histoires de tueurs, tous plus cruels les uns les autres, dans la littérature, la BD, le cinéma... contemporains. Et ce titre n'est pas très original de ce point de vue là.
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Le Ciel dans la tête

Du Congo à l'Espagne, dans un traitement graphique remarquable, et je pèse mes mots. Quelle violence! Le livre m'est tombé des mains dans une premier temps, aux premières pages. La violence du sud Kivu et celle d'un exil, d'un abandon. Le jeune Nivek, "sauvé" de la mine, devenu soldat et son ami Joseph quittent les violences des Kadogos pour arriver assez rapidement à l'hôpital de Panzi où oeuvre le Dr Mukwege. Puis Nivez et Joseph décident de se remettre en route: jungle, savane, désert, Lybie, méditerranée pour arriver en Espagne. Tout au long du récit la violence ne nous lâche pas. Difficile de trouver le sommeil après cette lecture.
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Le Ciel dans la tête

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ETOILE DU MERITE





Je viens de le fermer.



Plus particulierement dans la BD il faut faire l'effort pour rentrer dans l'imaginaire des auteurs.



Les premieres pages ici ne sont pas du temps evidentes. Et puis tout s'ouvre.



C'est un bel album avec une belle histoire qui a su éviter les ecueils larmoyants des deux bords.



Le dessinateur merite mille étoiles.











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Le Ciel dans la tête

Le périple de Nivek, enfant-soldat, pour fuir sa situation au Congo dont il n’espère plus rien et rejoindre l’Europe. Il ne cesse de répéter qu’il est un guerrier et nous le suivons au fil de ses pérégrinations et de ses rencontres. Les dessins sont absolument exceptionnels et reflètent parfaitement le contexte culturel, les sentiments et la solitude qu’il ressent. Une oeuvre d’art !
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L'art de voler

Difficile pour celui ou celle qui s'intéresse à l'histoire de l'Espagne au XXe siècle de passer à côté de cet album, où Antonio Altarriba, sur des illustrations (sobres et travaillées) de Kim, restitue la vie de son père, de l'Aragon arriéré des années 20 à une sinistre maison de retraite de la Rioja, en passant par la guerre d'Espagne (des deux côtés !), les camps de réfugiés et la Résistance en France, la pègre marseillaise et la Saragosse franquiste et comme éteinte du troisième quart du siècle. Récit remarquable, et bien sûr authentique, malgré des péripéties improbables pour un lecteur de notre époque encore "tranquille". Sans tabou, Altarriba explore les chemins vers l'émancipation qu'a tenté de suivre son père, dans la politique, la guerre, l'industrie, le sexe aussi, et les difficiles désillusions auxquelles il s'est heurté, sans jamais tout à fait renoncer à ses idéaux. La vérité est toujours kaléidoscopique et il faudra absolument lire juste avant, ou juste après cet album, l'Aile brisée, où Altarriba s'intéresse au destin de sa mère, qui ne semble croiser celui de son père qu'à la marge, presque par accident. Quel beau travail d'un Espagnol et d'un fils, que de restituer avec tant de sensibilité l'histoire de ses parents et celle de son pays.

Par hasard, je lis cette semaine une semaine après la Nueve, de Paco Roca, et pour la deuxième fois je rougis de honte en pensant au sort que la France a infligé aux courageux républicains espagnols réfugiés sur son sol, qui peu d'années après contribueraient, pour beaucoup, à la libérer des Allemands.
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Moi, fou

Suite de ma découverte des étagères de @bdotaku avec ce deuxième volume de la "trilogie du moi" du duo espagnol Altarriba au scénario, Keko au dessin. « Moi, fou » vient chronologiquement après « Moi, assassin » et avant « Moi, menteur ».



Je découvre un univers riche, complexe et terriblement prenant. Altarriba tisse une toile qui ne vous lâche plus. Angel Molinos, docteur en psychologie et écrivain raté, travaille pour l'Observatoire des Troubles Mentaux (OTRAMENT), centre de recherche affilié aux Laboratoires Pfizin, qui suit l'évolution des maladies mentales et teste de nouvelles molécules sur des cobayes humains. Sa mission est d'identifier de nouveaux profils "pathologisables" afin d'aider Pfizin à élargir sa pharmacopée.



Angel va mal, il fait des cauchemars, il veut dénoncer son employeur et changer de vie. Le récit tourne alors au thriller paranoïaque. Le scénario est comme Otrament, il manipule le lecteur, le tient dans ses griffes et lui administre son poison page après page.



Le dessin de Keko accompagne à merveille le récit. Ce noir épais plante une ambiance lourde et pesante. Les petites touches de jaune sont rares mais porteuses de sens. Le tout donne un album intelligent qui pose des questions politiques tristement d’actualité. Quel rôle joue vraiment l’industrie pharmaceutique dans les maladies mentales ? « Où s’arrête la singularité et où commence la pathologie ? »



Une sacrée découverte pour moi que cet univers intense et puissant. Une trilogie que j’ai bien l’intention de lire totalement !

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L'aile brisée

Après voir consacré la BD L'art de voler à son père, Antonio Altarriba partage avec nous le mystère de la vie de sa mère. Car mystère il y a bien. Quand elle meurt en 1998, il découvre qu'elle avait un bras dont elle se servait peu depuis sa naissance ; d'où le titre L'aile brisée.

La BD est découpée en plusieurs chapitres chronologiques : Damian, 1918-1942 (le grand-père de l'auteur).

On découvrira très rapidement les causes de ce drame lié à sa naissance.

Juan Bautista, 1942-1950, le général et sa famille dans laquelle Petra a été gouvernante.

Antonio, 1950-1985, le mari de Petra

et enfin Emilio, 1985-1998, l'amoureux de Petra.

L'histoire des personnages s'intercale dans la grande Histoire de l'Espagne et j'ai parfois été perdue parce que je manquais de repères historiques et de clés de compréhension. J'ai bien conscience que je peux y remédier en effectuant des recherches sur internet. Au final, j'ai une nouvelle fois bien aimé le graphisme de cette BD et les dernières pages rédigées par l'auteur et augmentées de photos personnelles permettent de mieux comprendre le contexte. J'apprécie cette manière de me cultiver en lisant.
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L'aile brisée

Largement nourri de dialogues, le trait minutieux — parfois un peu lourd — de Kim donne à voir une vie captivante et touchante.
Lien : http://www.bodoi.info/laile-..
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L'aile brisée

" 'Et votre mère?' demanda une femme au fond de la salle. La réponse me parut d'abord aller de soi, mais cela ne dura pas."

Ainsi commence la post-face de l'Aile Brisée. Il est rare de commencer un livre par la fin, mais cette citation met en lumière l'esprit du nouvel album d'Altarriba et Kim. Après l'excellent "Art de voler", les deux compères espagnols réalisent un nouveau bijou narratif avec "L'aile brisée".

Il est sans doute plus difficile de se confronter à l'histoire maternelle: pour l'enfant que l'on est, son amour nous est dû sans contre partie. Or, lorsqu'un matin on se rend compte que l'on ignore tout ou presque d'elle, on peut se fustiger, ou bien, comme Altarriba, enquêter.

Ainsi donc, après avoir découvert le destin espagnol à travers la vie de son père, Antonio Altarriba s'attaque au destin plus sobre mais tout aussi foisonnant de sa mère.

Alors que Antonio père a dû fuir l'Espagne devenue franquiste; Petra, elle, a passé sa vie de femme sous le joug du dictateur. Née d'un drame familial, la jeune Petra passera sa vie à s'occuper des autres, son père, ses frères, ses employeurs, de ses voisins, son mari et de son fils... et même des bonnes sœurs !

A travers le parcours de Petra, c'est le quotidien de ceux qui ont subis les bouleversements du XXeme siècle qui est dévoilé: les restrictions et la violence de la guerre, l'injustice et la peur du régime totalitaire, le poids de la tradition et de la religion...

Avec ce troisième album, le duo Altarriba/Keko confirme son génie de l'écriture. Une nouvelle fois nous sommes saisis par le ton juste de cette histoire de famille. Parce qu'il n'y a ni règlement de compte, ni éloge, on est immédiatement emporté par l'humanité de ce récit.

A lire absolument, évidemment.
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L'art de voler

Dans un hospice, un vieil homme de 90 ans se suicide. Son fils tente de comprendre ce geste, et trace ainsi la vie de cet homme qui traversa un 20ème siècle espagnol marqué par la guerre civile puis les années du franquisme. Le récit est riche et soigné, tout comme le dessin, tout en noir et blanc, avec des détails qui rendent le visuel tantôt chaud comme les plaines de la Mancha, tantôt glacé comme les eaux de l'Ebre en hiver. Le récit se concentre majoritairement sur la guerre civile espagnole, dans laquelle le père de l'auteur combattit en tant que républicain.

Au final, L'art de voler se révèle intéressant à plusieurs points de vue : documenté, esthétiquement agréable, il nous éclaire aussi sur un voisin à l'histoire mouvementée, surtout au 20ème siècle où l'Espagne resta en marge des grands conflits européens et mondiaux.
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Moi, assassin

Enrique, professeur d'histoire de l'art dans une université espagnol, pratique l'assassinat en tant qu'art. Il raconte son parcours…

Rien de bien nouveau dans cette histoire ou la pulsion meurtrière est considérée comme un des Beaux-Arts. Très proche graphiquement de l'univers de Sin City, une histoire, certes bien menée, mais un peu ennuyeuse, trop longue et trop sérieuse.

Les auteurs ne portent jamais de jugements sur les exactions du personnage principal, chacun pourra se faire sa propre opinion : esthète décadent, raté pathétique, fou meurtrier…


Lien : https://bibliotheque.brest-m..
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Moi, assassin

Au bout des quelque 130 planches de cet album situé à mi-chemin entre le roman graphique et la BD traditionnelle, on ne sort pas intact. Le malaise persiste parfois plusieurs jours, tant on ressent, nous qui (en principe) ne sommes pas des assassins, un brin de culpabilité, que lui n'éprouve pas.
Lien : http://bandedessinee.blog.le..
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