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Critiques de Antonio Moresco (242)
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La Petite Lumière

« La petite lumière » est un texte au pouvoir magique qui envoûte le lecteur pour le laisser à la fin pris entre enchantement et étouffement, émerveillé comme cet homme devant la beauté fragile de la vie, les lucioles, trois lys odorants, un vol d’hirondelle mais aussi sa prolifération destructrice.



Cet homme seul nous dit dès le début : « Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant.»


Il va nous entraîner entre la vieillesse du monde et sa renaissance éternelle, au sein de la lutte pour la vie dans un enchevêtrement monstrueux :

« un furieux enchevêtrement muet de formes nées des graines portées par le vent ou par d’autres bombes qui pullulent dans le ventre pourri du monde, et qui entament leur lutte pour grimper vers le haut, vers la lumière. »



Mais à l’inquiétude et l’angoisse des moments où il se dit :

« Il n’y a rien ! Il n’y a rien ! », je me disais en rentrant en voiture au long de ces lacets de plus en plus serrés et déserts au fur et à mesure que je m’approchais de l’endroit où je vis.

« Il n’y a, en tous lieux, que cette pullulation désespérée de vie et de mort à travers le temps, l’espace, que cette imagination désespérée… »



va répondre « la lucina », la petite lumière dont il ne sait d’où elle vient, qui le fait se questionner :

« quand le soleil disparaît à derrière la ligne de crête et qu'il commence à faire nuit, et que tout ce monde végétal devient invisible et noir comme une grande éponge nocturne, de l'autre côté, là-bas, au loin, chaque nuit, chaque nuit, toujours à la même heure, s'allume soudain cette petite lumière. »



Entre pulsion de vie et de mort cet homme solitaire va aller, de questionnement en questionnement, à la rencontre de son enfance retrouvée.

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Les incendiés

"En ce temps-là, j'étais complétement malheureux. Dans ma vie j'avais tout faux, j'avais tout raté. J'étais seul. Je l'avais compris tout à coup, par une nuit de pluie battante où je n'arrivais pas à dormir et ça m'avait anéanti. Il n'y avait pas de liberté autour de moi, il n'y avait pas d'amour. Tout. n'était qu'aridité, asservissement vide, la vie ressemblait à la mort."



Ainsi débute "Les incendiés" où l'on va assister au retournement total de la situation de cet homme grâce à la rencontre d'une femme qui lui apparaît lors d'un incendie :

"Elle ne disait rien, elle me regardait simplement, paisiblement, ses yeux et son visage illuminés par l'éclat du feu, avec cette confiance totale qui peut naître entre des êtres qui se trouvent face à un incendie même s'ils ne se sont pas vus auparavant dans leur vie." Et elle lui demandera alors dans un murmure : "Veux-tu brûler avec moi ?"



Les Incendiés vont être la réponse à cette question, le récit d'une passion déchirante née entre cet homme et cette femme qui se réalise dans une longue fusion ignée, flamboyante. La femme aux dents d'or est à la fois Lilith et Eve, elle est esclave et reine. Ils s'unissent dans une frénésie et un déchainement tels qu'ils atteindront une dimension cosmique, un point de fusion semblable à celui des étoiles qui peut aboutir à la destruction du cycle infernal de l'esclavage séculaire qui méne le monde et qui a été grandissant jusqu'à notre société pervertie et assassine.

Ils communiqueront leur embrasement au monde nocturne des morts et dans une ultime déflagration parviendront à la liberté que donne l'acceptation de la brûlure de la Vie.

J'ai pensé à la fin de cette lecture à ce beau passage tiré du Gai savoir de Nietzsche

"Oui, je sais d'où je viens

Inassouvi comme la flamme

J'arde pour me consumer.

Ce que je tiens devient lumière

Charbon ce que je délaisse :

Car je suis flamme assurément."



Un livre incandescent, violent et poétique.



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La Petite Lumière

La petite lumière est un récit très court d'un auteur italien que je ne connaissais pas, Antonio Moresco, et qui m'a touché.

Pour l'anecdote, je l'ai découvert à l'occasion d'une émission de La Grande Librairie où Daniel Pennac était l'invité et indiquait quel serait le livre qu'il emporterait sur son île déserte...

Difficile de décrire ce roman, commençons peut-être par le début, le côté narratif.

On entre dans ce récit comme dans une histoire ordinaire.

Le narrateur est un homme qui éprouve l'envie de disparaître, se retire dans un hameau désert dont il devient le seul habitant, une terre ancienne qui est la sienne et en même temps il l'aborde de manière détachée. On ne sait pas pourquoi et sans doute ce n'est pas important.

Il est usé, abîmé physiquement, semble perdu, ne sachant peut-être plus qui il est vraiment.

« Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant ». Ainsi commence ce roman.

Lorsqu'il se pose dans la maison qu'il habite, il est intrigué par une petite lumière qu'il perçoit au loin tous les soirs. Elle s'allume comme un phare, comme un réverbère, comme un rendez-vous.

C'est une lumière au loin de l'autre côté du paysage, sur l'autre versant.

C'est une lumière qui devient obsessionnelle, à tel point que le narrateur veut en savoir plus, n'aura de cesse que d'aller retrouver cette petite lumière, savoir son origine.

Cette lumière, elle pourrait peut-être sortir tout droit de l'imaginaire du narrateur. Il n'en est rien, cette lumière est bien réelle.

Alors il décide d'aller chercher la source de cette lumière. Il n'y a pas de route pour y parvenir. Mais il va trouver un chemin.

Il part en quête de cette lueur, il traverse alors le paysage par les chemins, les futaies, les broussailles...

Il parvient à une maison, cette maison où brille la lumière. Une fenêtre est accrochée à la nuit. Il s'en approche, il voit un garçon qui fait ses devoirs. Tout semble normal, à part le décor, les vêtements de l'enfant, les cahiers, tout semble venir de l'autrefois. L'enfant semble vivre seul. Cet enfant, qui est-il ? Pourquoi vit-il tout seul ?

Voilà pour l'intrigue. Pour le reste, il faudra se fier à notre capacité et envie de cheminer plus loin...

Et puis, c'est là qu'est notre richesse de lecteur, nous avons une capacité énorme à imaginer la suite, ou même pas forcément la suite, mais peut-être ce qui était avant ou ailleurs...

C'est une écriture singulière, concise, à l'épure.

Il y a quelque chose qui tient de la grâce, du mystère absolu, d'une respiration suspendue à la fenêtre de la nuit.

Cette lumière, d'où vient-elle si ce n'est de l'autre côté d'un horizon improbable qui ne mènera à rien, si ce n'est à nos propres existences, à notre enfance, à un pays perdu dont les séismes de la vie ont fait dériver nos souvenirs comme des plaques tectoniques ?

Ce livre appelle, égare, déroute...

Oui, je me suis fait une réponse en traversant moi aussi le paysage, je me suis fait une idée sur cette petite lumière, mais je vous laisse deviner et cheminer aussi vers l'autre côté du versant...

Alors, comment revenir en arrière après ce texte ? Éteindre la lumière, la petite lumière, et puis se retirer des pages... Refermer le livre. Continuer notre chemin...
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La Petite Lumière (BD)

Loin de tout, dans ce hameau abandonné et désert au cœur des montagnes, ce vieillard s'est exilé pour y disparaître. En fin de journée, alors qu'il profite du silence, de la nature et du soleil qui, peu à peu, disparaît derrière la crête pour laisser la place à une nuit noire, il aperçoit une petite lumière qui s'allume sur le flanc de la montagne, de l'autre côté de la vallée . Serait-ce une lumière provenant d'une maison dans les bois ? Un réverbère provenant d'un autre hameau inhabité ? Sa décision est prise : il faut qu'il aille voir là-bas...



Au cœur d'un bois, en pleine montagne, la petite lumière inquiète peut-être autant qu'elle intrigue ce vieil homme, isolé de tous dans son hameau. En quête d'une réponse, à laquelle personne au village ne semble pouvoir l'aider, excepté ce paysan un brin excentrique, ce vieillard curieux va tomber nez à nez avec un gamin pour le moins débrouillard. Dès les premières pages, cet album intrigue, captive et questionne. Aussi l'on suit, avec un intérêt croissant, les pérégrinations de ce vieil homme qui va faire des rencontres tout aussi étranges que farfelues. Mais la relation, timide au départ, avec ce gamin qui semble vivre seul aussi est d'une sensibilité rare, chacun finalement apprenant de l'autre. Si Grégory Panaccione aborde des thèmes complexes tels que la mort, le suicide, l'échec... , cet album n'est en aucun cas plombant ou triste tant il les marie intelligemment, avec légèreté et une certaine poésie. Coutumier des albums muets, il nous offre de magnifiques planches contemplatives où la nature, personnage à part entière, tour à tour inquiétante, sauvage ou réconfortante, s'offre tout en majesté et noblesse. Il joue, également, habilement avec les contrastes, notamment durant les scènes de nuit. Si certaines questions restent sans réponse, cela n'enlève rien à la magie, à la sensibilité et au charme indéniable de cette adaptation du roman éponyme d'Antonio Moresco...

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La Petite Lumière

Intrigant mais aussi apaisant.

"La petite lumière" qui scintille dès la nuit tombée aiguise la curiosité du narrateur qui est venu s'isoler dans un hameau où il est le seul habitant.

D'où vient cette petite lumière ? Qu'est-ce que c'est ? Nous sommes, nous aussi, avides de savoir et nous suivons avec attention le cheminement du narrateur. Ce n'est pas une recherche dans la précipitation, nous prenons le temps de découvrir la nature, de parler aux lucioles, d'observer les renards, les grenouilles...

La nature est ici omniprésente, fascinante et bien vivante.

Et puis nous rencontrons un petit garçon et là encore nous prenons le temps de comprendre qui il est d'où il vient. Je ne suis pas sûr qu'il faille absolument trouver une réponse il est sans doute préférable de se laisser aller à cette solitude poétique, reposante.
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La Petite Lumière (BD)

Cette Petite lumière est un signal dans la nuit. C'est aussi un signe pour le vieil homme retiré de tout.

La nuit qui bruisse, la nuit qui grince, entoure le vieil homme dans une obscurité épaisse seulement percée de cette petite lumière, là-bas dans les hauteurs boisées inhospitalières et difficiles d'accès...

Et qu'y a-t-il derrière la petite lumière? Qui ou quoi allume cette flamme ténue, la nuit venue?

Car il s'en passe, la nuit, des choses dans le noir propice.

Le récit oscille aux frontières du rêve, du fantastique et de la mort.

L'histoire est parfois oppressante, poignante, aussi... Mais il s'y trouve, aussi, cette douceur des jours qui passent, cette tranquille routine du vieil homme.

Et puis, la dernière page de La petite lumière arrive et le récit s'achève et c'est comme ça, que voulez-vous: J'ai lu un très beau livre et le lumignon est encore allumé dans une pièce de ma tête. Comme un signal qui persiste.

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La Petite Lumière

« Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant. »



Qui est cet homme ? veut il en finir où simplement se faire oublier quelques temps ?



Que représente cette petite lumière qui apparaît toujours à la même heure et semble l’attirer comme un aimant ?



Qui est ce petit garçon qui vit seul, se débrouille comme un grand et va à l’école du soir, alors qu’il semble déjà en savoir plus que beaucoup d’adultes ?



Ce roman est incroyable, une expérience hors norme dans ma vie de lectrice.

Je suis restée scotchée à ces pages avalées en deux petites heures et je vais vous faire un aveu, je n’ai pas les réponses, simplement mon interprétation.

Est-elle la bonne ?

Je n’en suis pas sûre et au fond, quelle importance !



Si vous acceptez les mystères, les questions sans réponse, les non-dits, alors foncez, ce livre est un bijou.



Si vous aimez la belle littérature où chaque mot est posé au bon endroit, au bon moment, alors foncez, ce livre est fait pour vous.



Bref, quelques soient vos attente en ouvrant un livre, ne passez pas à côté de ce … Je ne sais plus que dire pour vous convaincre de suivre « La petite lumière ».

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Fable d'amour

Un clochard au bout du rouleau, une merveilleuse jeune fille, ...et un pigeon, ange-gardien. Un trio insolite, pathétique, déchirant...

Une histoire d'amour entre deux personnages éloignés à l'extrême: un vieux clochard ayant tout abandonné, tout oublié de son ancienne vie, et une jeune fille ravissante, de passage, Rosa ...

Une de ces rencontres improbables mais qui peuvent survenir miraculeusement dans l'existence...où toutes les barrières sociales, d'âge sont abolies, deviennent secondaires.



Un amour absolu entre ces deux-là, et malheureusement brutalement Rosa change,rejoint les conventions, souhaite la sécurité, un compagnon avec une position sociale...

Lui, toute à la douleur de cette violente séparation retrouvera la rue et la solitude absolue, tout en continuant à l'aimer, et à bénir cette rencontre et ces moments heureux, magiques.

Elle se rendra compte , longtemps après, de la cruauté de son comportement, ayant désiré intégrer une existence plus formatée, plus conventionnelle.



Une fable puissante sur le moteur central qu'est l'Amour pour toute destinée humaine...Combien trop souvent nous n'avons pas la force et l'exigence de réaliser nos rêves jusqu'au bout ?!..



Je ne connaissais pas le moins du monde cet écrivain italien...dont j'ai très envie de découvrir le premier récit traduit en français, "La Petite lumière" que je vais débuter très prochainement. Premier récit également publié par l'excellente édition , Verdier ,dont il n'est plus utile de louer la qualité des choix, et du fonds littéraire....



Un récit-choc qui mêle étrangement la poésie, le romantisme le plus échevelé et une certaine âpreté, crudité décrivant précisément le quotidien des S.D.F....



Je me sens bien empêtrée de rédiger cette chronique après la toujours excellente critique de Charybde...mais je tente cependant...

Je n'en exprime pas plus car la forme de ce récit est bien celui d'une fable, où la vie, la mort, les limites du réel sont repoussées à l'infini.



Un texte immensément poignant qui questionne, médite sur l'essentiel d'une

existence, l'amour que l'on peut porter et recevoir... avec toute l'intensité possible.



Comme souvent, j'exprime mes maladresses à exprimer mon enthousiasme à la hauteur de la qualité de ce texte. Les mots sont "tièdes" par rapport à la force de certaines scènes, certaines descriptions étant des morceaux d'anthologie...comme cette première scène où la jeune fille, Rosa décide d'héberger et de ramener chez elle ce clochard senior, en désespérance absolue, décidant de lui rendre "un visage humain". Un exercice de haut vol ...sans vulgarité aucune, dans une dimension autre !... A peine croyable....



Comme vous pourrez le déduire, cet écrit est un véritable OVNI !! qui tient à la

fois de la fable, du conte de fée... qui se moque joyeusement de nos esprits

rationnels !!- Crudité et poésie ultimes se mélangent.. Je n'ai pas le souvenir, même le plus lointain d'un tel mélange explosif !



Du mal à mettre un point final à cette critique... tellement sous le choc de

l'émotion, et appréhendant de ne pas avoir transmis suffisamment "le juste ressenti"....de cette lecture



"Elle se souvint que, dans sa vie, un temps, il y avait eu cette inconcevable rencontre et qu'elle avait cru, elle aussi, que l'impossible était possible, que c'était là la seule chose possible pour pouvoir vivre dans un monde pareil. (..)



Pourquoi je n'ai pas été fidèle aux mots que je lui ai faites ? Pourquoi je n'ai pas été fidèle à mon rêve ? "(p.83)
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Fable d'amour

Qu'elle est douce amère cette fable d'amour moderne. Au cœur des espaces imaginaires d'Antonio Moresco se mêlent la force rude et convaincante de la réalité et la troublante douceur du conte. Une réussite, sensible et poétique, dépourvue de mièvrerie !



L'histoire tournoie autour de l'amour né d'une rencontre inconcevable entre une jeune fille merveilleuse Rosa, et un vieil homme désabusé, clochard, Antonio. Rosa sort Antonio de la rue, le rend à la vie, l'aime, contre toute attente.

" C'était possible, il pouvait y avoir pour lui une petite lumière encore allumée dans le monde. "

L'impossible devient possible. Pourquoi pas !



Oui, mais voilà, comme dans toute bonne fable, la vie flirte avec la mort, la tristesse et le désespoir, l'espoir s'amenuise sous les coups du sort et...le récit pousse l'amour à mort, le lecteur à s'interroger.

Bien évidemment le récit ne s'arrête pas là. " C'est là que se produit une autre chose incroyable...", et c'est bien sûr ce que je ne vais pas vous raconter.



Le dénouement de l'histoire de Rosa et Antonio, amants de l'impossible, est original et permet selon moi au talent de Antonio Moresco de se déployer pleinement : finesse d'évocation sensible et belle écriture poétique.

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La Petite Lumière

Cette Petite Lumière (2009) de l'Italien Antonio Moresco est une pépite.



Un homme dont on ne saura rien a décidé de disparaître. Il a trouvé refuge tout près d'une forêt dans un hameau qui semble abandonné depuis peu. Mais derrière les collines entièrement recouvertes de végétation, au loin, chaque soir, il aperçoit une lumière qui semble venir d'ailleurs. Alors il enquête auprès des rares habitants des hameaux voisins, il traverse la sombre forêt, gravit des chemins escarpés et finit par entrer dans une petite chaumière toute propre où il rencontre un enfant en culottes courtes. Seul.



Ce roman est magnifique, puissant et emporte totalement dans un monde à la frontière du rêve et de la réalité, de la mort et de la vie. Un univers végétalisé crépusculaire, post-apocalyptique et méticuleusement réaliste. Dans le hameau les figues traversent les fenêtres des maisons, les barbelés en bordure des champs semblent tout juste enterrés, les plantes comestibles serpentent au sol. le long du chemin traversant le hameau, se trouve un cimetière avec des lumignons qui fonctionnent toujours. La nature était domestiquée, il n'y a pas si longtemps. Que s'est-il passé ? Un tremblement de terre ? Peut-être. La nature est devenue hostile, des essaims de guêpes attaquent avec férocité. l' homme seul les combat avec son bâton et les interpelle : « Mais comment peut-on vivre ainsi ? L'homme s'adresse à un châtaigner qui donne encore des fruits mais dont la cime est nue et comme pétrifiée : « Ce n'est pas possible pour les hommes : ils sont soit vivants, soit morts. C'est du moins ce qu'il semble... » L'homme erre au milieu de cette nature grouillante et proliférante qui semble devoir l'engloutir. Il a peur. Il invective les hirondelles qui pourront s'échapper, croise le regard blanc d'un blaireau qui n'ose pas traverser la route, est poursuivi par un rottweiler aux quatre pattes cassées. Plus tard, il rencontre une vieille épicière qui dégage une odeur fétide d'urine de chat puis un chevrier albanais étonnant. Réalité rurale et réminiscences de contes merveilleux se mêlent. Il arrive dans cette chaumière.

L'écriture est simple, au présent, dégagée de fioritures. Elle scrute les profondeurs de l'âme jusqu' à retrouver l'enfant. Quel enfant ? Celui qu'il était en lui-même ? Peut-être. Il rencontre cet enfant sage et solitaire qui a peur du noir. Il le console, il l'apprivoise doucement, patiemment, il retrouve son école. Est-il vivant ? Est-il mort ? Qui apprivoise l'autre ? Qui console l'autre ? le livre reste en suspens et ouvert aux interprétations.
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Fable d'amour

"IL ÉTAIT UNE FOIS un vieil homme qui s’était éperdument pris d’amour pour une fille merveilleuse.

(…) Il restait dans un endroit qui n’intéressait personne et que personne ne lui disputait, un petit renfoncement où, quand il pleuvait, l’eau lui tombait sur le visage, et quand il neigeait, il était recouvert d’un voile blanc."

Antonio Moresco décrit avec un réalisme impitoyable l’état dans lequel vit Antonio le vieil homme de la rue que la jeune fille, « une fille merveilleuse » va recueillir chez elle et aimer. Elle l’a regardé contrairement à tous les autres passants. Elle a fait se rejoindre deux mondes qui s’ignorent.

C’est ce contraste entre le réalisme des descriptions et les circonstances, les faits, eux fabuleux, qui font la richesse de ce conte car il nous fait mesurer le gouffre entre ce vieux clochard invisible pour tous, sauf pour cette belle jeune fille, et cette société aveugle où l’on vit sans vivre.

J’ai aimé ce second livre de Antonio Moresmo mais garde une préférence pour « La petite lumière » qui était plus enveloppé de mystère même si l’on retrouve le thème de l’abolition de la distance entre vie et mort que l’auteur fait s'interpénétrer.



Note de Antonio Moresco pour l’édition française de « Fable d’amour » qui dit bien mieux que moi tout ce qu'exprime ce livre :

« Dans ce roman, on trouve à la fois cruauté et douceur, désolation et enchantement, rêve et réalité, vie et mort, qu’on ne peut pas séparer si l’on veut parler véritablement et profondément de l’amour. Le récit est écrit sous forme réaliste et crue et en même temps fabuleuse, car je ne voulais pas d’une fable conventionnelle, je voulais ouvrir de nouveaux espaces et de nouveaux territoires pour la fable. Je voulais garder liés la terre et le ciel, car un plateau de la balance doit descendre très bas pour que l’autre puisse monter très haut. Il en résulte une méditation extrême et inactuelle sur l’amour, qui ne cache rien de ses vérités féroces mais qui ne s’y arrête pas : elle indique une nouvelle possibilité d’inventer la vie au milieu de l’obscurité qui nous entoure. »


Lien : http://www.babelio.com/livre..
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La Petite Lumière (BD)

Club N°54 : BD sélectionnée ❤️

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Dessin sublime, histoire sensible et touchante sur la solitude et la mort, un vrai coup de cœur !



Marine

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De la poésie, des silences, de la délicatesse, de l'innocence.



Un mélange réussi.



Morgane N.

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Magnifique récit qui nous emmène au frontières du fantastique de manière très poétique.



Les planches magnifiquement illustrées de Bruno Panacionne rendent encore plus touchante cette histoire adaptée d'un roman.



David

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Un graphisme magnifique avec une beau travail sur la lumière et sur les contrastes jour/nuit.



Assez peu de texte, pas assez à mon goût, et donc l'album se lit trop rapidement si l'on n'est pas contemplatif devant les jolies planches.



Une grande délicatesse dans le traitement d'un sujet sombre et surnaturel qui fait naître beaucoup de questions ouvertes.



Ma curiosité grandissante au démarrage de la BD s'est transformée en tristesse au fil de la lecture.



JF

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Ça se lit bien et reste des questionnements.



Qui est cet enfant, qui est cet homme ? ....



Nol

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je me dis que seul Panacione peut nous conter un récit (même plein de questions en suspens) avec ce style et cette narration, reste un livre étonnant.



Benoit

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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La Petite Lumière (BD)

Quelle est cette petite lumière qui s’allume invariablement le soir dans la montagne en face et que seul un vieil homme,retiré du monde, voit lors de ses méditations nocturnes ?



Une histoire introspective,envoûtante,où l’on ressent une palette d’émotions liée au graphisme singulier, aux couleurs sombres et pénétrantes,où la nature, les arbres,plantes,animaux sont au premier plan et essaient de délivrer un message.



Le cheminement de cet homme,la rencontre hors du temps qu’il fera, fait réfléchir longtemps après avoir refermé ce roman graphique, adapté du texte d’Antonio Moresco.Surnaturel,limite angoissant,chacun l’interprétera à sa façon mais il ne peut laisser indifférent,c’est pour moi le cycle de la vie,la traversée du miroir.







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Fable d'amour

Antonio Moresco est un écrivain si rare, un enchanteur qui vous embarque en une page dans un monde imaginaire entre doux rêve et réalité brute. Son écriture est magnifique, limpide, incandescente et dépouillée de toute mièvrerie. J’insiste car il a choisi en 2014 une forme que certains pourraient trouver enfantine voire nunuche, en tout cas désuette : le conte de fée.



Moresco a choisi le conte de fée parce qu’« il a le pouvoir de réaliser l’impossible, de concilier l’inconciliable », de réunir les morts et les vivants avec une grande liberté. Mais c’est bien évidemment de notre monde cruel dont il est question.



Il était une fois un vieux clochard décharné et puant qui vivait dans les immondices avec pour seul compagnon un pigeon. Il est recueilli par une fille merveilleuse bien parfumée. Elle l’emmène dans sa toute petite maison, l’emmène dans la petite salle de bain, le lave longuement, patiemment, le rase, prend grand soin de lui, le nourrit et l’aime. Antonio retrouve peu à peu l’usage de la parole, ils vivent en harmonie mais mais mais…

Après la berceuse, la gifle.

Rosa le chasse de la petite maison, il erre dans la ville recouverte de neige, il n’a plus le courage de se battre ni de rêver. La cité des morts semble être la seule issue possible. Rosa apprend sa mort…

Le conte repart dans un mouvement symétrique inversé...



Moresco nous parle au travers des métaphores, de cette société de consomation où les gens se rencontrent, se bercent d’illusions et de jolis mots puis s’abandonnent après usage. Il nous parle aussi de ce monde où l’on évite de regarder la souffrance, la solitude et la mort en face. Il nous parle de fidélité et de vérité. L’amour, arrive après un cheminement douloureux vers l’autre, une perte d’illusions libératrice qui ramène à la vraie vie puis d’une prise de conscience commune de sa précarité. C’est en tout cas ce que j’ai compris.
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La Petite Lumière

Fable de la vie et de la mort, où la vie n'est qu'un court passage qui porte déjà en elle cette mort. Un venin tranquille qui s'insinue en toute chose.

Livre du silence, de l'obscurité, de la solitude, perturbés seulement par cette petite lumière, ce vague espoir. La vie y apparait comme une force destructrice, calmée seulement par la persistante imminence de la fin.

Un sixième sens qui nous chuchote à l'oreille "I see dead people"...
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La Petite Lumière

"La petite lumière" est un texte qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent. Court roman, entre fable et récit. On ne sait jamais réellement où l'on est ni qui est le narrateur ou plutôt ce qui a pu se passer dans sa vie pour qu'il choisisse de s'isoler dans ce hameau en ruine, inhabité, en pleine nature.



"Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant. Le soleil vient tout juste de s'effacer derrière la ligne de crête. La lumière s'éteint. En ce moment je suis assis à quelques mètres de ma petite maison, face à un abrupt végétal. Je regarde le monde sur le point d'être englouti par l'obscurité."



Avec un tel début, difficile de ne pas être intrigué. Mais nous ne saurons rien des sentiments qui habitent cet homme, tout juste serons-nous témoin de ses interrogations sur le monde qui nous entoure. Est-ce que la vie n'est qu'un infini recommencement ? A travers son observation de la nature qui l'entoure, végétale, animale mais également toute puissante et imprévisible. Ici, l'observation des arbres et des volées d'hirondelles remplace aisément la télévision. Le spectacle du feu craquant dans la cheminée fait office de grand écran. Notre homme vit seul, se rend simplement une fois par semaine dans un village proche, l'un des rares villages habités de la région pour acheter de quoi manger. Un soir pourtant, il est intrigué par une petite lumière émanant d'une zone a priori déserte et décide d'aller voir sur place quelle en est la source. Il trouve un enfant, seul comme lui, dans une petite maison.



Qui est cet enfant ? Comment s'est-il retrouvé ici ? Le narrateur va tenter de comprendre mais l'auteur n'a aucune intention de donner des explications toutes faites. Pourquoi ce garçon a-t-il des culottes courtes et un cartable comme on n'en fait plus ? Quelle est cette école du soir où il dit se rendre pour étudier mais que personne dans le village ne semble connaître ? Autour d'eux, la nature s'affole, les insectes se cachent, les oiseaux fuient, signes annonciateurs d'un séisme...



C'est un texte très fort, qui mérite certainement une ou deux relectures parce que lors de la première, on a tendance à se concentrer sur l'intrigue et la recherche de réponses au lieu de se contenter de savourer les mots, cette ambiance qui monte et vous emprisonne. Il faut s'isoler, au calme, sans interruptions intempestives... Disons que ce n'est pas une lecture pour le métro. Il mérite d'être reçu dans de bonnes conditions.



En ce qui me concerne, une bien jolie découverte, encore une fois grâce à ma libraire préférée chez Chantelivre, rue de Sèvres.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La Petite Lumière (BD)

" je suis venu ici pour disparaître dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant ".

Telle est la première phase de cet album, prononcée par un viel homme.

Il ne semble pas triste,mais pas heureux non plus. Son regard a parfois l'étonnement ou la crainte d'un enfant. Il attend mais le temps n'a pas vraiment d'importance.

Il dort peu,regarde la nuit qui l'entoure et observe une petite lumière qui s'allume dans la montagne. Quelle est-elle ?

Il veut le savoir et ,si nous découvrons assez vite avec lui que c'est un petit garçon qui en est à l'origine,le mystère reste entier.

Gregory Panaccione rend à la perfection l'atmosphère du roman éponyme d'Antonio Moresco. L'un et l'autre m'ont conduite à la frontière de l'inconscient avec l'ambivalence de ce que,fillette,je pouvais ressentir face à la nuit.

G.Panaccione, par ses dessins magnifiques, ses jeux d'ombre et de lumière, par certaines de ses planches presqu'entierement noires mais qui laissent entrevoir des silhouettes lorsqu'on s'habitue à l'obscurité, les symboles qu'il sème judicieusement comme ces hirondelles dont la symbolique biblique prend ici tout son sens,donne plus rapidement accès à la compréhension de la situation que G.Moresco. Mais mon ressenti est peut-être faussé par ma connaissance du roman.

Si on s'interroge sur cet enfant,on le fait aussi sur ce viel homme. Qui est-il ? Un trait d'union? Un passeur? Le second terme est peut-être plus réaliste. Mais cette histoire l'est-elle ? Et si oui de quelle réalité parlons-nous ? Celle d'une émouvante rencontre entre un viel homme au cœur d'enfant et un enfant au comportement si adulte?

Celle d'une tendresse profonde qui se passe souvent de mot?

Cet album ne peut laisser indifférent. Il fait plus appel aux émotions qu'à l'intellect et pénétre au fond de nous comme dans une forêt de conte.

Après l'avoir lu et fermé les yeux, j'ai rejoins cet univers dans mes rêves...ceci est une réalité !
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Fable d'amour

Difficile d'écrire sur un tel livre.

"La Petite Lumière" offrait davantage d'espaces où la pensée se glissait.

Ici, une fable d'amour où seul un pigeon peut s'immiscer entre le Ying et le Yang, de ces deux polarités, bientôt inversées, mêlant le merveilleux et le sordide, le corps et l'esprit, le vivant et le mort, imbriqués jusqu'à la soudure, créant l'impossible passage de l'un à l'autre.

La note à la traduction française de l'auteur, petit addendum personnel, confirme les liens avec ses deux autres petits ouvrages chez Verdier, d'une écriture quasi-automatique, comme si ces fables n'étaient point formées comme morale, qu'elles appartenaient à l'autre côté, loin d'elles l'idée de "balayer nos préjugés" (big-up Célia Samba !).

Il en reste quelque chose, mais impossible à moi d'en dire quoi.
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La Petite Lumière (BD)

Un homme vit seul dans la montagne, dans une maison isolée du bourg, il s’est un peu désociabilsé, vit en marge et n’a plus vraiment de contact avec autrui. Une nuit, il remarque une petite lumière de l’autre côté du vallon, dans une maison abandonnée depuis longtemps. S’agit-il d’extraterrestres ou de quelque phénomène paranormal. Il va y faire une rencontre étrange.

Le dessin de Grégory Panaccione est assez fouillis, avec des couleurs qui enfoncent le regard dans la matière du sous bois, du sol, des ténèbres, un peu fumeux (sfumato), rendant cet univers flou, perdu et presque désespérant. Il est totalement en adéquation avec le thème du récit. Mais difficile d’en dire plus, le rythme est lent et l’ambiance pesante, il faut se laisser embarquer dans l’étrange torpeur, dans cette atmosphère entre sincérité réaliste et fantastique énigmatique. On s’attache au personnages, et les surprises nous bouleversent.

Un beau récit génialement troublant.

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Fable d'amour

Précisons qu'il s'agit d'une fable qui commence par "il était une fois."...

Un récit libre qui conte , entre ténébres et lumière, avec douceur, poésie...mystère, une histoire d'amour entre deux personnages qu'il serait impossible d'imaginer plus éloignés :un vieux clochard, immobile et sans espoir, homme perdu, , de ceux qui dorment dans la rue, dissemblable parmi ses semblables, les cheveux raides et trempés, les jambes raidies par le froid....les yeux chassieux, il a tout perdu et tout oublié dans la rue, la parole, le rire et même sa propre identité...

La seule compagnie qui lui reste est celle d'un pigeon voyageur à l'oeil blessé.

Et une jeune fille merveilleuse aussi douce et veloutée qu'il est ridé et maigre, aussi parfumée qu'il exhale la puanteur, aussi belle qu'il est laid, qui va le regarder, l'aimer, le ramener à la vie, ce presque fantôme , ébahi, perdu, puis éperdu d'amour ....





Les fables autant cruelles que merveilleuses conduisent l'auteur (qui s'appuie sur la liberté qu'offre et autorise le conte), à composer un récit réaliste et cru autant que fabuleux!!!

Un récit auréolé de douceur , de mélancolie, une méditation extrême et inactuelle sur la vie et la mort, le rejet et la méchanceté .

L'écriture dépouillée, sans artifice , à mi-chemin entre le monde des vivants et des morts réussit sans pathos, à interroger la solitude et la cruauté de l'existence, la toute puissance de l'amour et, en contre- point, la noirceur du matérialisme et des désirs superficiels !

Un conte enchanteur , lumineux , qui oscille entre beauté et laideur, légéreté et dureté, ombre et lumiére, vie et mort , nimbé de poésie et de vérités qui nous touchent !





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