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Critiques de Antonio Muñoz Molina (234)
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Dans la grande nuit des temps

Je suis restée sur ce quai de gare sur lequel Molina fait entrer en scène son personnage.

Je suis probablement passé à côté, à renouveller plus tard.
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Dans la grande nuit des temps

Dans La grande nuit des temps, Antonio Muñoz Molina écrit l'hystérie de l'Espagne des années 30. Juste et implacable.
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Dans la grande nuit des temps

Ce livre serait une donne de poker, je me serais couché dès le premier tour d’enchères.



J’ai bien aimé Cordoue des Omeyyades de cet auteur et ce roman était dans la « liste à lire » suite à de belles critiques, et pourtant je n’ai pas pu…



Tout content de l’avoir trouvé à la bibliothèque, je l’ajoute à mes emprunts tout en le trouvant un peu lourd et gros (760 pages). Quand je l’ouvre, je suis étonné de la densité des pages, sans paragraphes, sans respiration et, bien que le corps utilisé ne soit pas minuscule, je ne suis pas attiré par les mots de ses pages. J’aime bien picorer quelques mots, quelques phrases, lorsque je feuillette un livre mais là, rien, juste un gris pas très élégant qui fait penser à un rapport administratif.



Avec un tel a priori, il fallait que le premier chapitre soit exceptionnel pour me donner envie de continuer. Hélas, je n’ai pas accroché à ces premières pages où l’auteur regarde son personnage se débattre dans la gare de Pennsylvanie comme un entomologiste qui surveille un insecte.



Donc retour à la bibliothèque où je laisse à d’autres le plaisir de le découvrir et de l’apprécier…




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Dans la grande nuit des temps

« Dans la grande nuit des temps » est une de ces oeuvres dont je repoussais depuis très longtemps la lecture, en raison de son nombre impressionnant de pages. Cela doit être une sorte de phobie, mais les pavés m'impressionnent. Et je peux vous garantir que celui-ci est très lourd et donne une très forte impression de densité lorsqu'on le feuillette.



Au final, comme bien souvent, je suis très contente de l'avoir lu et d'avoir repoussé mes appréhensions. A part quelques passages vers le milieu du roman où j'ai eu des difficultés à apprécier le personnage principal pour son manque de sincérité et d'engagement, ce livre est impressionnant de maîtrise littéraire : elle réside dans sa capacité à capturer l'atmosphère d'une époque, à dompter le temps du récit et de l'Histoire, à faire vivre des personnages qui appartiennent au passé.



« La nuit est un puits sans fond où tout semble se perdre mais où tout continue d'habiter et de persister, au moins durant un certain temps, aussi longtemps que la mémoire reste claire et lucide la conscience de celui qui gît les yeux ouverts, attentif aux bruits qui prennent forme dans ce qui semble être le silence, cherchant à deviner à la respiration de l'autre s'il est encore éveillé ou s'il s'est laissé emporter par la somnolence de la jouissance accomplie. »



*

L'histoire se déroule en 1936 à Madrid, dans le contexte des événements tragiques qui ont divisé l'Espagne, des affrontements qui ont conduit le pays à la guerre civile et à l'arrivée au pouvoir de Franco.



Le roman suit le destin d'un architecte espagnol notoire, Ignacio Abel, tombé amoureux d'une jeune américaine, Judith Biely. Cette liaison est intense, passionnée et l'homme en oublierait presque qu'il a une femme et deux enfants.

Dans le tumulte des affrontements du 17 et 18 juillet 1936, Ignacio perd la trace de sa maîtresse et décide de partir la retrouver aux Etats-Unis où un poste de professeur l'attend.



*

Le roman débute alors qu'Ignacio monte les marches de la gare de Pennsylvanie à New York.

Il semble perdu au milieu de la foule qui le croise, indifférente à son désarroi. Seul avec sa petite valise usée d'avoir tant voyagé, il apparaît comme un homme usé, brisé, inquiet, tourmenté par sa fuite hors de son pays où la guerre civile vient d'éclater.



Dans le train qui le conduit, il espère, vers elle, ses pensées se bousculent dans son esprit, s'éloignent du présent, s'enfoncent dans les zones d'ombre de son passé. En regardant le paysage défiler par la fenêtre du train qui l'emmène à Burton College, son esprit voyage sans aucune chronologie sur le fil du temps, ses souvenirs s'égarent dans les recoins les plus sombres et troublants de son passé, comme autant d'instantanés, de petits fragments de vie : son pays déchiré par la guerre, sa rencontre avec Judith, l'effleurement de sa main sur sa peau, cette double vie source de tourments et de honte, cet amour passionnel qui l'envahit et le tourmente, ses manques de père, l'incertitude du futur, l'espoir de revoir un jour ses enfants.



*

Oscillant entre politique et Histoire, amour et guerre, rêve éveillé et réalité, souvenirs et imagination, « Dans la grande nuit des temps » est un roman intimiste et sensuel dans lequel l'auteur sonde avec minutie et sensibilité les émotions de son personnage principal. Cette longue et triste histoire est teintée de nostalgie et de mélancolie, de rêves et de désirs, d'espoirs et de regrets, d'erreurs et de honte. L'amour et le désamour, la tristesse et la solitude, la peur et le temps qui passe se cristallisent au fil des pages pour former une oeuvre pleine de poésie, de finesse, de profondeur mais également de douleurs et de rancoeurs.



Le lecteur se fait voyeur, spectateur de scènes intimes. C'est une histoire d'amour passionnel, mais je ne l'ai pas trouvé magnifique, ni merveilleuse. C'est un amour entaché de honte et de remords, un amour qui fait souffrir, et en cela j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher à Ignacio et à Judith.

Son choix de vivre dans le confort d'une vie familiale tout en ayant des plaisirs avec une autre femme plus jeune, sa décision définitive d'abandonner sa famille dans un pays en guerre pour retrouver sa maîtresse m'ont plutôt attachée à la femme trahie, belle et respectable dans sa douleur silencieuse.



Ainsi, malgré l'écriture délicate et poétique, cette histoire d'amour entachée de d'erreurs et de peines ne m'a pas permise de me fondre dans les premières pages du roman. J'ai trouvé Ignacio vaniteux, faible, égocentrique.



C'est dans la deuxième moitié du roman que mes sentiments ont évolué et que j'ai pu être véritablement comblée. En effet, la relation amoureuse, relégué au second plan, s'estompe dans les méandres de l'Histoire et Ignacio apparaît dans ce contexte, seul, fragile, vulnérable, moins lâche et égoïste.



*

La relation adultérine est bien sûr au coeur du récit, mais le roman va beaucoup plus loin qu'une simple histoire d'amour. Il entremêle avec profondeur et foisonnement, la vie de son personnage en butte à ses sentiments et à la violence des événements politiques qui secouent l'Espagne.



Le roman comporte peu d'actions et de rebondissements, mais qu'importe, c'est avant tout une grande fresque historique sur les mois qui ont précédé le soulèvement nationaliste à l'origine de la guerre civile espagnole, puis de la dictature franquiste. L'ambiance est réaliste, immersive.



« À Madrid, il a vu les visages de personnes qu'il croyait connaître depuis toujours se modifier du jour au lendemain : devenir des visages de bourreaux, ou d'illuminés, ou d'animaux en fuite, ou de bêtes menées sans résistance au sacrifice ; visages occupés tout entiers par des bouches qui crient l'enthousiasme ou la panique ; visages de morts à demi familiers et à demi transformés en une bouillie rouge par l'impact d'une balle de fusil ; visages de cire qui décidaient de la vie ou de la mort derrière une table éclairée par le cône lumineux d'une lampe, tandis que des doigts très agiles tapaient à la machine des listes de noms. »







*

Ce récit en clair-obscur est dominé par des images, des paysages, des senteurs, des sonorités, des voix, des regards, des sensations, des émotions.

C'est un voyage sensoriel dans le Madrid des années 30 : le rythme lent des phrases renferme les parfums délicats du géranium, les odeurs de tabac et de brillantine. Puis le récit avançant, d'autres odeurs se substituent, métalliques, celles du sang et de la mort qui s'incrustent dans le tableau de ce pays meurtri.



*

Lauréat du Prix Méditerranée Étranger 2012, « Dans la grande nuit des temps » est accueilli comme un chef-d'oeuvre de la littérature contemporaine espagnole.



L'auteur domine parfaitement la narration, alternant l'histoire en marche, les pensées d'Ignacio et des extraits de lettres qu'Ignacio a dans la poche de son manteau. Narrateur de l'histoire, du moins je le suppose, il accompagne son personnage comme un observateur, promenant son regard en de brefs coups de projecteur.

Le roman est extrêmement bien écrit, l'écriture très belle, serties de phrases souvent très longues et ondulantes, d'une justesse infinie quant à l'expression des émotions et des sentiments. J'ai rarement vu un auteur s'appuyer avec autant d'aisance sur les temps des verbes et la ponctuation pour traduire la fuite du temps, les sentiments. L'auteur privilégie également le style indirect et la quasi-absence de dialogues, ce qui permet à mon sens de rendre plus intenses certaines émotions.



Ces choix d'écriture parfaitement assumés par l'auteur rendent le récit dense, complexe et son rythme lent. Pourtant, une fois entrée dans le récit, j'ai trouvé la lecture fluide et agréable à lire, le style élégant, délicat, sensoriel et addictif.

Cette houle m'a emportée dans un flot de mots qui tantôt lumineux, irradié de raies de lumière, tantôt soucieux et morose, se diluant dans les errances et les doutes de la vie.



Le sifflement et le roulement du train en bruit de fond sont là pour nous faire prendre conscience que le récit prend un chemin parallèle à la réalité.



La fin est magistrale.



*

La construction du récit est habile. Antonio Muñoz Molina a un talent certain pour déambuler, tel un acrobate, sur la ligne du temps, insérant des personnages de la vie politique espagnole de l'époque, jonglant avec le destin de ses personnages de fiction, leurs rêves et leurs espoirs, leurs peurs et leurs désillusions.

Même si le temps fuit, s'écoule, inéluctable, on a souvent la sensation que l'auteur accélère, dilate, ou ralentit son cours jusqu'à le mettre en suspens pour quelques minutes. Il existe en effet plusieurs temps dans le récit, passé, présent et futur se chevauchent : celui de leur amour, L Histoire en marche, ou même celui du voyage.



« Il s'était trompé sur tout, mais plus que tout sur lui-même, sur sa place dans le temps. Passer toute sa vie à penser qu'il appartenait au présent et à l'avenir, et maintenant commencer à comprendre que s'il se sentait si décalé c'était parce que son pays était le passé. »



Le second aspect qui m'a fortement impressionnée, c'est cette façon de faire vivre les personnages à travers les souvenirs et le passé d'Ignacio. On ne les connaît que par son regard. Ils traversent le récit sans consistance, sans présence physique, comme des fantômes.

Avec subtilité, Antonio Muñoz Molina donne aux deux femmes du roman des traits très distincts : Judith illustre la modernité, le changement alors qu'Adela symbolise la tradition.



Le troisième aspect du livre qui m'a plu est la présence en arrière-plan de gares et de trains : lieux de croisement, de destinée, ils sont le carrefour de chemins de vie.



*

C'est un roman profondément introspectif qui gagne à être lu lentement. Il offre une réflexion profonde sur l'humanité et la complexité des émotions humaines. Ainsi, il aborde des nombreuses réflexions sur la vie et la perte, la fugacité du temps, la mémoire et les souvenirs, l'amour et l'obsession, la solitude et la trahison, l'attente et le désir.

L'auteur offre également une réflexion autour de la guerre et de ses conséquences, de la violence et de la peur, de la conscience morale et de l'exil.



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Pour conclure, avec ces mille pages, « Dans la grande nuit des temps » est un long monologue intérieur qui demande de se laisser porter. Mais en lâchant prise, en se détachant du monde qui nous entoure, Antonio Muñoz Molina nous entraîne dans une spirale où des visages anonymes sont aux prises avec leurs émotions et le cours de l'Histoire.

Absorbée par l'atmosphère d'une autre époque, c'est en refermant le livre que j'ai véritablement pris conscience qu'il y avait quelque chose de brillant dans ce roman.

A découvrir bien entendu si le nombre de pages ne vous fait pas peur.



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« Dans la grande nuit des temps » est un roman subtil fait pour une lecture commune où la multiplicité des regards ont toute leur place pour se croiser et s'enrichir. J'ai été heureuse de partager ce moment avec Delphine(@Mouche307) et Bernard (Berni_29).

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Dans la grande nuit des temps

Il y a de très belles réflexions dans ce livre sur les thèmes du destin, du choix et surtout de la lâcheté et du conformisme, les traits principaux du héros de ce roman. Une histoire d'amour? Plutôt une longue introspection d'un homme de moins en moins attachant au fil de pages parfois très denses, complexes, accumulant les détails. On voyage en grande intimité avec l'architecte Ignacio Abel, l'auteur nous fait entrer dans sa tête, dans son appartement de Madrid, dans sa famille et même... dans ses poches pour nous détailler ce qu'elles contiennent. Cette manie du détail, exprimée parfois dans des phrases interminables qui doivent être relues deux ou trois fois pour en définir toute la portée, fatigue au bout de quelques centaines de pages. Surtout la quête toute personnelle du héros dans un monde en feu énerve, jusqu'à l'écoeurement. Il n'en reste pas moins que ce livre contient des passage extraordinaires décrivant la stupidité et la cruauté des guerres ainsi que le climat politique de la République espagnole des années '30 menacée par les facistes.
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Dans la grande nuit des temps

Lu en v.o. "La noche de los tiempos".



Un pave. Lourd a soulever. Mais une fois en main tu n'en sens plus le poids. C'est lui qui t'emporte et te fait partir pour une enivrante odyssee litteraire.



C'est une histoire d'amour. Enveloppee dans un roman historique. Une critique de la memoire collective de tout un peuple. Je dirais meme un traite de morale. Et malgre ses longueurs un page-turner dont on veut tourner les pages lentement pour mieux s'impregner de la psychologie des personnages, des changements insidieux qui faconneront leurs destins. Pour paraphraser un auteur celebre, les destins d'un amour en temps de cholera, en des temps alteres, malades d'une maladie collective.



C'est ecrit a la troisieme personne, par un narrateur omniscient, qui de loin en loin livre ses propres pensees. Il raconte l'histoire de l'amour d'un espagnol, Ignacio Abel, et d'une americaine, Judith Byela. Un amour cache, interdit. Parce qu'elle est jeune et libre mais lui est marie et pere de famille. Une histoire qui occupe relativement peu de pages. Beaucoup plus sont consacrees au souvenir de cette histoire. Aux pensees, aux divagations d'Ignacio quand cet amour prend la tangente. Il passe et repasse en tete les moments qu'il a passe avec elle, les missives qu'ils s'ecrivaient, et son attitude envers sa femme, envers ses enfants, quand il etait en famille, quand il ne les fuyait pas. Et Munoz Molina nous promene entre present et passe, dans les intentions d'Ignacio, ses elucubrations, ses reves, ses illusions, ses actions. Quand il se rememore son enfance pauvre, fils d'un macon et d'une concierge, et les etudes d'architecture qu'il a reussi a mener. Son mariage dans une famille bourgeoise, avec une femme plus agee que lui. Mariage d'amour ou de raison? Il ne sait pas. Il ne sait plus. Il n'a jamais su.



Le narrateur suit Ignacio pendant une courte periode, moins d'un an. le temps que tout chamboule. Sa vie familiale, bourgeoise, est balayee par sa rencontre avec cette jeune americaine, si libre, si differente des espagnoles qui l'entourent. Et son travail, la construction d'un nouveau campus universitaire, est carrement detruit. Parce que ce sont des temps de destruction, de destructions physiques inspirees par des reves de constructions politiques. Ce sont les mois d'anarchie d'avant la guerre civile, ponctues par une frenesie de violence, par les virees de tirailleurs de tous les camps qui assassinent sans discernement. Puis les mois qui suivent l'insurrection franquiste, quand les rues de Madrid sont “assurees” par les polices autoproclamees de differents partis. Un chaos que les elus et les fonctionnaires de la republique ne savent ni peuvent gerer. Une rage qui devient aveuglement, folie destructive, deraison. le narrateur, et derriere lui Munoz Molina, n'epargne aucun camp. La cruaute extreme des rebelles a son pendant dans celle des anarchistes et des communistes qui destabilise le gouvernement legitime. Un gouvernement transi, mine de l'interieur, qui tarde a s'organiser, qui envoie au front se faire tuer des recrues non entraines et mal armes.



Autour d'Ignacio foisonnent une multitude de personnages. La famille de sa femme, catholiques bien-pensants qui ont aide a la reussite de l'architecte tout en execrant ses idees de gauche. Un contremaitre de chantier devoue qui l'assiste et le protege. Des ouvriers chomeurs qui detruisent une oeuvre, esperant qu'on les embauchera pour la reconstruire. Des phalangistes qui s'embusquent pour tirer dans la foule. Un richissime americain essayant de pecher des affaires dans ces eaux glauques. Un juif allemand refugie qui finira assassine par des milices communistes. Et des personnages historiques. Cela se passant a Madrid, ce seront des personnages du camp republicain. Et rares sont ceux qui sortent agrandis sous la plume de Munoz Molina. Azana, le president quand la conflagration eclate, est aureole d'une tristesse fataliste. Par contraste, Negrin, ce scientifique qui devint le dernier president, est presente comme une force de la nature, bon vivant, le seul qui sache organiser quelque chose, le seul qui ne se laisse pas porter par des illusions, tout en restant actif et optimiste. Et comme Ignacio, professeur d'architecture, se meut dans des cercles academiques et culturels, il y a beaucoup d'ecrivains, de poetes. Garcia Lorca est imbu de lui-meme, condescendant envers ceux a qui il vole des idees, sinon des passages (envers Moreno Villa par exemple, un poete moins connu qui publia avant lui un recueil de poemes sur New-York), et peureux. La peur lui fait quitter Madrid des les premiers jours de l'insurrection pour se refugier dans son Sud. Sa peur lui coutera la vie. Juan Ramon Jimenez, le nobelise, diagnostique les evenements: “Une fete tragique et folle”. Rafael Alberti fait le clown devant des delegations etrangeres. Et Bergamin, ce fils de ministre sous la royaute, est depeint comme un enrage, un maigrichon qui s'affuble de bottes et vestes de cuir et affiche partout son pistolet a la ceinture, un intellectuel qui cautionne la violence et les meurtres: “la revolution est une chirurgie necessaire…”.



Tous ces politiques et ces intellectuels finiront par s'exiler, comme Ignacio Abel. Il acceptera in extremis l'offre d'une obscure universite americaine et, avec l'aide de Negrin, partira vers les Etats Unis. Il abandonnera sa famille, sans savoir ce qu'elle devient. Il fuit sa famille et son pays, se bercant de l'espoir, de l'illusion qu'il retrouvera Judith, que son tardif amour n'est pas lui aussi perdu. N'est-ce donc qu'une fuite ou est-ce aussi la perseverance d'accomplir son meilleur destin? L'amour avaliserait-il toutes les actions? Il nest pas sur lui-meme des fondements, des mobiles de sa fuite. Il a des pensees desenchantees: “on peut fuir le malheur et la peur aussi loin que possible, mais ou se cachera-t-on du remords?”.



Dans la grande nuit des temps est une tragedie. La tragedie d'un homme en des temps propices aux tragedies. A travers le parcours de cet homme, Munoz Molina ecrit la tragedie d'un pays, d'un peuple. Nombreux l'ont fait avant lui. Je crois quant a moi que c'est un de ceux qui l'ont fait le mieux. Sans atermoiements mais sans parti-pris. Comme il se doit pour une tragedie. Vers la fin du livre un republicain dira: “nous avons commis de telles barbaries que nous ne meritons pas de gagner”. J'ai eu l'impression que Munoz Molina pense que dans cette tragedie aucun des camps n'a “merite” de gagner. En mots pretes a Ignacio Abel, cet anti-heros: “La raison et la justice ne s'imposent pas en tuant”.

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Dans la grande nuit des temps

New-York, 1936. Après des jours d'attente et d'incertitude, Ignacio Abel prend un train qui va le conduire à Rhineberg où un poste l'attend à l'université. Il a fui l'Espagne en guerre pour trouver refuge aux Etats-Unis où il espère bien retrouver la trace de Judith Biely, la femme qu'il aime et qui a été sa maîtresse à Madrid avant de disparaître.

Mais Ignacio n'est plus le même homme. L'architecte reconnu qui portait beau a cédé la place à un exilé aux chaussures élimées. L'époux respectable a laissé la place à un homme adultérin éperdu d'amour. Le père de famille a abandonné ses enfants dans un pays en guerre. Le démocrate, socialiste modéré a laissé tomber la guerre, les idéaux, ses amis, sa patrie pour chercher la sécurité des Etats-Unis.





Ignacio Abel, personnage central du roman, est un homme qui n'est jamais tout à fait à sa place. Enfant déjà, il était trop frêle physiquement et trop brillant intellectuellement pour suivre les traces de son père maçon. Plus tard, il se marie au-dessus de sa condition et doit composer avec une belle-famille dont il n'aime ni les idées ni les valeurs. Brillant architecte, il mène une vie bourgeoise en contradiction totale avec ses idées politiques et son milieu d'origine. Mais au-delà de cela, ce qui le caractérise vraiment, c'est son égoïsme abyssal et son aveuglement à tout ce qui l'entoure. Peu lui importent le désespoir d'une épouse folle d'amour, l'inquiétude d'un beau-père confiant, les craintes d'un fils bouleversé, peu lui importe même le chaos dans lequel son pays plonge peu à peu, Ignacio est tout à sa passion pour une jeune et belle américaine et sa seule obsession est de la voir encore et encore dans la miteuse maison de rendez-vous qui abrite leurs amours clandestines. Cette passion peut-elle excuser ses lâchetés, ses trahisons?

Quoi qu'il en soit, il est soit pathétique, soit énervant mais jamais attachant et j'ai vraiment eu du mal à suivre ses pensées tout au long du livre. J'ai peiné à le terminer, tant les 400 premières pages m'ont ennuyée. L'écriture d'Antonio MUÑOZ MOLINA n'y est pas étrangère d'ailleurs. Son souci du détail, même le plus infime, ses phrases longues comme un jour sans pain, ses descriptions cliniques de la passion amoureuse, ne facilitent pas la lecture. L'abandon rôdait mais j'ai bien fait de m'accrocher, les 350 dernières pages valent le détour. Et si Ignacio Abel reste un personnage peu sympathique, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour sa femme Adela et pour ses jeunes espagnols qui partent au front, idéalistes inconscients du danger, mal équipés et mal préparés face à l'armée de Franco prête à les décimer.

Bref, un avis en demi-teinte pour un livre assez difficile d'accès.
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Dans la grande nuit des temps

Formidable évocation d'une passion amoureuse, surprenant à l'approche de la cinquantaine un homme sans histoires, comme une parfaite allégorie de la passion belliqueuse qui s'empare de l'Espagne au milieu des années 30 et que nous allons vivre par ses yeux, son coeur et son cerveau !

Ignacio est un architecte reconnu mais solitaire, un père aimant mais silencieux, un mari fidèle mais distant, un socialiste convaincu mais raisonnable, un gendre respectueux mais fuyant. La société espagnole, assoupie depuis si longtemps dans ses habitudes et ses injustices, se réveille depuis quelques années sous des influences étrangères. Certains rêvent des soviets de la révolution bolchevique tandis que les autres rêvent de l'ordre allemand ou italien. On s'agite, on découvre les joies d'aller voter, de défiler bruyamment et forcément, peu à peu, la joie cède la place à la peur alimentée par les premiers excès des extrémistes des deux camps.

En parallèle, voici Ignacio, lui aussi, qui s'embrase sous influence étrangère, en la personne d'une jeune et séduisante américaine dont il devient l'amant.

Son absence quand il est au foyer familial, son impatience, ses mensonges, ses hésitations avant d'annoncer qu'il doit s'absenter, tout est fort bien décrit, « Accoutumé à ne pas mentir, il était surpris par la facilité avec laquelle, pour la première fois depuis très longtemps, il cachait quelque chose (...) La vérité et le mensonge se disaient exactement avec les mêmes mots. Dire ces mots était si facile et la récompense si démesurée que cela lui provoquait par avance une sensation d'ivresse, presque de vertige, à l'heure du dîner, dans la léthargie de la salle à manger familiale, où le temps passait si lentement ». J'ai lu quelques commentaires déçus où certains le trouvent égoïste et aveugle. C'est tout à fait vrai, mais c'est précisément l'état dans lequel une passion amoureuse et adultérine vous plonge. Cet aspect du roman me semble une totale réussite par les sentiments décrits, ce profond tumulte dans lequel vous savez que vous êtes en train de causer autour de vous beaucoup de chagrin mais auquel rien ne peut vous faire renoncer. le comble de l'égoïsme sans doute, d'autant plus surprenant et choquant quand il frappe un individu irréprochable jusque là.

Le premier temps de la passion, celui des premiers mensonges faciles est aussi celui du plaisir, de la joie et de l'ivresse retrouvés comme celle de la république nouvelle de 1931. Puis l'orage qui gronde finit par éclater au printemps de 1936, le soulèvement militaire dans le sud va libérer dans Madrid toutes les lâchetés, les injustices et les cruautés, qui sommeillaient derrière les défilés et les banderoles. Chez Ignacio, c'est une clé oubliée un matin sur un tiroir qui va déclencher le drame. Les soupçons muets deviennent des certitudes, voici venu le temps des larmes, du chagrin, des remords et des renoncements.

Les trois personnages de cette passion amoureuse sont des « gens bien » et c'est ce qui fait l'intensité de cet aspect du roman. L'épouse délaissée qui, toujours amoureuse de son mari, fait preuve d'une douleur aussi muette que violente est d'une dignité admirable. La maîtresse qui, se rendant enfin compte de ce qu'ils ont provoqué, a le courage de rompre. le mari quant à lui, déchiré entre ses enfants, le chagrin de sa femme et la passion qui le dévore, ne saurait renoncer, pas plus que l'Espagne qui s'enfonce chaque jour davantage dans la folie meurtrière.

Ignacio est devenu un bourgeois mais ses sympathies sont toujours à gauche, c'est un républicain convaincu qui va découvrir que les assassinats en pleine rue, que la victime soit un monarchiste ou un républicain, se ressemblent tous. Lorsque la rébellion éclate, Madrid est livrée aux milices de tous poils (socialistes, communistes, anarchistes) et les exécutions sommaires sont bien souvent d'une iniquité sans nom (son ami le professeur Rossman, juif allemand ayant échappé à Hitler et à Staline n'échappera pas à une milice anonyme). On ne peut s'empêcher de penser à José Robles, l'ami de Dos Passos, exécuté après un simulacre de procès et qui causera la rupture avec Hemingway (lire à ce sujet l'excellent Adieu à l'Amitié de Stephen Koch). Il semble bien que dans cette querelle, Munoz Molina ait choisi Dos Passos.

Les pages concernant la guerre, les arrestations arbitraires et les exécutions nocturnes sont un puissant manifeste pacifiste dont je n'ai pas souvenir d'avoir déjà lu l'équivalant. Sa force réside dans le fait qu'il émane d'un membre du camp que l'Histoire a retenu comme le camp du Bien. On en est plus vraiment certain en refermant le livre car il est vraiment difficile de ne pas donner raison au héros déclarant à quelques pages de la fin :

« A la guerre, personne ne comprend rien. Ceux qui semblent y comprendre quelque chose sont les plus hypocrites de tous, les plus fous ou les plus dangereux…Quelqu'un te dénonce parce que ta tête ne lui revient pas ou qu'il croit un jour t'avoir vu sortir de la messe, et on t'emmène dans une voiture à la Casa de Campo et le lendemain matin les enfants s'amusent avec ton cadavre en te mettant une cigarette allumée entre les lèvres et en te traitant d'andouille. C'est ça la guerre ou la Révolution si le mot te semble plus approprié. Tout ce qu'on peut te raconter d'autre est mensonge. Tous ces défilés, qui font si bien dans les films et les journaux illustrés, les banderoles, les slogans, No pasaran ! Ceux qui sont courageux et respectés montent dans une vieille camionnette pour partir au front et ceux de l'autre camp les fauchent avec leurs mitrailleuses sans même leur laisser le temps de viser avec leurs fusils. Ceux qui paraissent les plus vaillants et les plus révolutionnaires restent à l'arrière et utilisent leur fusil et leur poing serré pour payer dans les cafés ou les bordels. A la guerre, dans les endroits où on est véritablement exposé à la mort, on ne trouve que ceux qui ne peuvent pas faire autrement parce qu'on les y mène de force, ou bien ceux qui ont cru la propagande et à qui on a monté la tête avec des drapeaux et des chants.»

J'en sors sous le choc, ravi d'avoir lu un grand livre, un de ceux qu'on garde longtemps en mémoire, jusqu'au bout, jusqu'à ce que La Grande Nuit des Temps nous engloutisse à notre tour.

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Dans la grande nuit des temps

A Madrid en 1936, Ignacio Abel, architecte socialiste, fils de maçon et fruit de l’ascension sociale républicaine, n’a connu de la vie conjugale que de ternes émois avec Adela, grande bourgeoise madrilène. Lorsqu’il rencontre Judith Biely, jeune américaine de passage à Madrid, sa perception du monde extérieur s’effiloche au point que la guerre inévitable lui semble une abstraction et que seule sa passion dévorante pour Judith donne sens à sa vie.

« Dans la grande nuit des temps », c’est une œuvre tentaculaire dans laquelle Antonio Muñoz Molina dissèque les errements de l’âme humaine et sur le plan passionnel comme sur le plan politique.

Avec un luxe inouï de détails, il analyse le comportement erratique d’un homme dans la tourmente de la guerre, aveuglé par une passion qui le paralyse dans ses actions et ses jugements ; s’il est socialiste, Ignacio a une famille qui penche plutôt de l’autre bord, et son beau-frère, lui, est phalangiste. L’auteur expose ainsi sans manichéisme la complexité de la situation espagnole en 1936, lorsque la République peine à réformer l’Espagne que les révolutionnaires impatients viennent se substituer aux socialistes, et que le fascisme gronde.

Dans ce contexte complexe et dangereux, Ignacio oublie tout ce qui n’est pas Judith et se noie sans état d’âme dans une passion coupable.

La structure du livre, complexe, multiplie les allers-retours dans le passé, l’écriture, absolument sublime, décrypte avec un talent incomparable la complexité de l’âme humaine, comme l’émerveillement amoureux, la pauvreté de Madrid ou la beauté des paysages américains.

Alors oui, c’est très gros, 750 pages denses, riches et puissantes que j’ai mis 3 semaines à lire ! Mais ce sont 750 pages certainement inoubliables !

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Dans la grande nuit des temps

Lire Dans la grande nuit des temps c’est comme entrer dans une bulle hors du temps à l’intérieur de laquelle on se laisse submerger par une sensation permanente d’irréalité vertigineuse ou encore de réalité lointaine qui laisse le temps en suspens. On est plongé dans une littérature de la lenteur, une lenteur accablante qui alimente un sentiment d’élégance glaciale ; c’est également une littérature de la rumeur, celle de la guerre civile espagnole qui résonne comme un écho et s’impose progressivement et irrémédiablement ; c’est enfin une littérature des fantômes du passé, ceux qui occupent de manière prégnante la mémoire d’un architecte espagnol, Ignacio Abel, qui quitte une Espagne sur le point de tomber entre les mains des franquistes pour Rhineberg, promesse de paix et de sérénité.



A bord du train qui le conduit de New York à cette cité inconnue où rien n’est associé à sa mémoire, le fils de maçon jusqu’à peu gagné par une lassitude bourgeoise se laisse emporter par un mouvement de flux et de reflux entre présent et passé pour scruter avec lucidité le tourbillon des évènements et les élans du cœur qui ont traversé sa vie et bouleversé son pays. Confronté à la solitude de l’exilé dans un trajet propice aux voyages intérieurs, Ignacio Abel prend conscience de son dépouillement, de la prégnance des absents sans pour autant éprouver la culpabilité du rescapé. Il ressuscite son passé comme pour y trouver refuge mais découvre en réalité la complexité humaine, les limites de sa résistance intime face à un monde vertigineux désormais capable de céder aux idées primitives et radicales et de s’abandonner aux luttes destructrices et sanguinaires.



Dans cette hystérie collective qui s’affirme de plus de plus, l’auteur s’attarde néanmoins à tisser le fil d’une passion amoureuse entre notre héros marié et une jeune américaine. C’est un fil tenu auquel Ignacio Abel tente de se raccrocher fermement : céder à l’étourdissement de l’amour pour échapper le temps de quelques heures en toute clandestinité à un mariage déliquescent, aux conflits sociaux qui s’amplifient, à une belle-famille méprisée, à un chantier ambitieux gangréné par les grèves et les difficultés… si bien qu’incessamment au fil de la lecture, on se dit vraisemblablement que l’architecte espagnol a fui l’Espagne pour rejoindre celle qui a empli son cœur d’une douce exaltation le rendant aveugle à la laideur du quotidien.





En fouillant la conscience d’un homme qui a déserté sa vie, sa famille, son pays, Muñoz Molina parvient à capter et retranscrire magistralement ce qui se dérobe à l’évidence : une vie en suspens, la fragilité de l’homme, les instants insaisissables où une vie bascule, où l’être humain apparaît dans sa nudité, sa vulnérabilité. Oui, le temps de guerre modifie tout : l’attitude, la pensée, les certitudes, la démarche assurée, le regard convaincu.

Rien n’apparaît de manière massive, baroque, imposante. Là où l’auteur excelle, c’est dans le fait d’adopter dans le ton une distance intuitive mêlée à une lucidité incorruptible qui, à travers une langue mi-grave mi-apocalyptique capte aussi bien les présences que les absences. Si bien que de l’ombre des mots reflue une image précise du passé, les souvenirs apparaissent comme des reliques fragiles et précieuses dans un récit où dominent les sentiments d’abandon, de fuite, de clandestinité et de précarité.



La trame n’est pas simple mais elle se laisse portée par un courant lent et minutieux transformant ce qui est improbable en naturel.

J’ai découvert un texte porté par une inépuisable beauté littéraire qui cultive une élégance discrète et épurée, une esthétique lointaine. Les mots demeurent simples mais le style emprunte un raffinement instinctif, même lorsqu’ils « encourageaient le crime, à qui personne n’accordait de crédit parce qu’ils se répétaient avec monotonie et n’étaient rien de plus que des mots ».

J’ai rarement lu une œuvre aussi envoûtante.



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Dans la grande nuit des temps

Le roman débute en 1936 à New York. Mais c’est l’Espagne qui est au centre du récit. L’Espagne, que le personnage principal du roman, Ignacio Abel, architecte de son métier a fuit. Il a certes fuit la guerre, les atrocités qu’elle engendre, une machine folle qui s’est emballée et qui dévore tout le monde et n’importe qui. Et surtout les raisonnables, ou les tièdes selon l’angle de vue que l’on adopte, ceux qui comme Abel ont ardemment voulu la République, mais qui en même temps, sont installés de manière confortable, et qui souhaitent des réformes progressives, pensées et préparées, en évitant les excès.



Mais Abel est aussi parti aux USA à cause d’un grand amour, Judith, une jeune Américaine, avec qui il a vécu une passion torride durant quelques mois, qui lui a donné la sensation d’être enfin en train de vivre véritablement. Mais Abel est marié, et sa liaison avec Judith devait être dissimulée, se passer pendant des instants volés, toujours trop brefs. Puis, évidemment, elle laissait des traces, au point que sa femme, Adela, a tenté de se suicider. Judith a décidé de rompre, de partir, et Abel ne peut s’empêcher de nourrir un espoir, ou plutôt une attente, de pouvoir la retrouver, malgré tout.



C’est une grande fresque romanesque, qui aborde énormément de thématiques, de questionnements. La passion, avec ses joies et souffrances, les choix que l’on fait dans une existence, et qui s’avèrent juste ou non lorsqu’il n’est plus temps de revenir en arrière. Les stratifications sociales, une organisation dans laquelle il y les forts et les faibles, les gagnants et perdants, ceux qui ont trop et ceux qui ont trop peu, ce qui à un moment où un autre provoque les haines et la violence. Ignacio Abel  est entre les deux, issu d’un milieu défavorisé, il s’est fait tout seul en partie, mais son métier et sa réussite, ainsi que son mariage, l’ont fait basculé dans une autre classe sociale. Il y a aussi la terrible mécanique de la violence engendrée par les rapides changements politiques, tout le potentiel de destruction que portent en eux les êtres humains lorsqu’ils détiennent la force, et que les règles habituelles sont abolies, que tout semble possible.



Le roman suit tour à tour plusieurs personnages du roman, nous laissant la possibilité d’appréhender différents points de vue, différentes visions. Cela donne un texte très long, qui prend le temps de poser, de décrire, de faire ressentir. Par moments le rythme s’emballe, mais il y a une forme de lenteur dans une bonne partie du livre, la volonté de cerner par des petites touches, d’exprimer différentes sensibilités. Il y a de allers retours dans le temps, Ignacio Abel  se souvient pendant son voyage aux USA, qui doit le mener dans une université américaine où il doit prendre un poste d’enseignant et construire une bibliothèque, les événements qui l’ont mené là il en est. Parfois en désordre, le lecteur doit progressivement reconstituer son itinéraire.



Il faut rentrer dans ce roman, accepter de suivre ses méandres, prendre le rythme. Mais si le lecteur y arrive, c’est un voyage marquant, d’une grande densité, à la fois sensible et touchant, mais aussi source de réflexions, donnant une vision complexe et non univoque des événements et des êtres.
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Dans la grande nuit des temps

La littérature se nourrit plus que jamais de l'Histoire. Elle est, pour une part, une « lecture » de l'Histoire elle-même. Elle s'appuie, pour une autre part, sur le récit historique pour affirmer le souci irrépressible de l'humain.





Muñoz Molina reprend dans son roman les deux thèmes qui traversent toute son oeuvre : la mémoire des temps modernes et l'infinie complexité des êtres. Il signe avec « Dans la grande nuit des temps » l'un de ses plus beaux livres. Ils s'y mêlent, dans de magnifiques pages, les passions amoureuses d'un homme et l'horreur d'un Madrid miséreux, abandonné et en proie aux convulsions de la guerre civile.





Dans un train qui file à travers les États-Unis, Ignacio Abel, exilé, fils d'un maçon et d'une concierge, architecte espagnol réputé, progressiste et républicain, homme mûr et marié très bourgeoisement, père de deux enfants et époux infidèle, se souvient. Il se rappelle les quelques mois de sa passion dévorante pour une jeune américaine, Judith Biely, qui ont accompagnés l'entrée de l'Espagne dans la longue et sombre nuit de la dictature franquiste.





Avec un grand souci du détail, Antonio Muñoz Molina retrace les mois qui ont précédés l'entrée des hordes fascistes dans Madrid. le narrateur, dans les toutes premières pages du roman, décrit un Ignacio Abel fatigué montant l'escalier de la gare de Pennsylvanie à New York. le narrateur revêt ici les habits de l'auteur. Il examine la photo de l'architecte sur les marches de la gare. Il le regarde, s'interroge, le voit chercher le train qui va le conduire à l'université de Reinheberg au bord de l'Hudson. Cette introduction mêle avec un grand savoir-faire l'écrivain au travail et le récit en cours. Elle mêle également avec beaucoup de finesse et avec une lenteur délibérée le passé du personnage principal et le présent de son exil. Ignacio Abel entend des voix, cherche obsessionnellement un visage aimé. Pas moins de huit cent cinquante pages foisonnantes seront nécessaires pour relater, dans un époustouflant va et vient dans le temps, les histoires d'une capitale transformée en un immense charnier et - sur fond de violences, d'arrestations, d'exécutions ou d'attentats - les déambulations du héros. L'auteur traque chaque détail. Les nombreuses et scrupuleuses descriptions de bâtiments, de quartiers riches ou pauvres, de rues nauséeuses ou de banlieues sans pain brûlées par le soleil contribuent à la formidable densité du récit. Les personnages de fiction, nombreux et «consistants », unissent leurs destinées à celles des hommes politiques et des écrivains de l'époque. Ignacio Abel discute avec Negrin, l'une des figures historiques de l'Espagne, il rêve avec Bergamin ou Moreno Villa d'un pays qui vaincrait la misère et l'analphabétisme. Ni saints, ni salops, les êtres rencontrés sont pétris de contradictions. Loin des manichéismes simplistes qui opposent habituellement démocrate et réactionnaire, héros et lâche, mari et amant, bourgeois et prolétaire, ce roman noir et rouge - qui pourtant ne confond pas république et dictature - plonge profondément dans les vagues de la guerre civile en cours.





Les seconds rôles ont une part importante dans le récit, ils modulent les propos de l'auteur. La belle-famille d'Ignacio Abel n'est pas que bourgeoise, rétrograde et catholique. Certes le beau-frère, sans envergure, est pitoyable dans son uniforme de la phalange mais le beau-père, riche homme de droite, ne se réduit pas à cette caricature. le couple d'Ignacio et de Judith semble être le contrepoids nécessaire au kitch imbécile de la bourgeoisie madrilène et au catholicisme étouffant de la famille. Mais la longue lettre d'Adela, l'épouse, relue par intermittence, offre, en italique, un autre point de vue qui rend justice à la femme trompée. La place manque ici pour dire également toute la complexité de l'anti héros qui, confronté à la violence des groupes révolutionnaires et à la pusillanimité du gouvernement républicain, fuie sa famille et son pays. Il y a de très beaux moments où il est question du père, de l'amant, du militant, de l'artiste ... Ignacio Abel ne tente-t-il pas de sauver son vieux maître du Bauhaus ?





La force du roman de Muñoz Molina ne tient pas dans le classicisme du récit. L'écriture, très bien traduite, est d'une grande densité, d'une grande complexité. le livre est plein de modernité et d'originalité. Plein d'une originalité qui ne se laisse pas facilement voir, le contraire d'une littérature pour littérateurs. Si le roman joue sur les retours en arrière, c'est le plus souvent en oscillant, en changeant de point de vue et parfois même en s'arrêtant net. le narrateur, dans les toutes dernières pages, utilise le futur, et ainsi « Dans la grande nuit des temps » n'est pas, par la magie de l'écriture, une histoire d'amour et d'engagement qui simplement se terminerait ...
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Dans la grande nuit des temps

Dans la grande nuit des temps est une vaste fresque, un projet de lecture ambitieux. Il faut se le dire dès le début, ça frôle les 1000 pages et l’intrigue peut paraître complexe. Mais ça vaut le coup. Jamais l’idée d’abandonner ne m’est venue en tête. C’est que, dans ce roman, la petite histoire rencontre la grande Histoire. Quand l’une ralentit, l’autre prend le relais et vice-versa. En 1936, Ignacio Abel débarque à New York. Son arrivée dans la métropole américaine l’amène à penser à ce qui l’y a conduit et à ce qu’il laisse derrière lui. L’idée de satisfaire ses ambitions d’architecte et de retrouver sa maitresse Judith Biely l’enchante mais il culpabilise d’avoir abandonné sa femme Adèle et ses deux enfants dans une Espagne à feu et à sang, en pleine guerre civile. Dit ainsi, il a l’air d’un beau salaud mais c’est plus complexe. Et qui peut affirmer hors de tout doute comment il réagirait dans une situation semblable ? Tiraillé entre une profession pour laquelle il n’y a pas de débouchés à cause de la situation politique, une épouse devenue bourgeoise, une belle-famille qui le méprise, une maitresse devenue une âme sœur ? Les rêves et la réalité, quoi ! Dans tous les cas, Abel revit en pensée ces dernières années et ces retours en arrières expliquent ce qui l’a mené à cette nouvelle vie.



L’auteur espagnol Antonio Munoz Molina a reconstitué cette période troublée avec beaucoup de rigueur. Son protagoniste Abel se tient renseigné des développements politiques, lit les journaux, en parle avec ses amis et collègues. Ainsi, les noms de plusieurs personnalités publiques et organisations reviennent régulièrement. En ce sens, l’index des noms propres et abréviations, à la fin de la collection Points, est très utile. Mais cette Histoire peut parfois devenir lourde pour le lecteur. Munoz Molina lui a épargné les longs passages descriptifs mais son souci du détail peut en agacer plus d’un, surtout ceux qui ne sont pas familiers avec la guerre civile espagnole et qui n’en sont pas vraiment intéressés, cherchant plutôt une lecture plaisante. Heureusement, les événements historiques sont habituellement mis en perspective avec la trame d’Abel, lequel n’est pas lié directement aux conflits, il n’en est affecté indirectement quand l’État, le principal bâilleur de fonds des grands projets de construction, a d’autres chats à fouetter et que les dirigeants changent. Et bien sûr quand les combats se rapprochent et font rage dans la capitale espagnole. En fait, on passe constamment de la politique aux épisodes sentimentaux (la guerre et l’amour !) et c’est la grande force du roman, selon moi.
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Dans la grande nuit des temps

Nous ne sommes pas dans « Guerre et Paix » ici, loin de là ! Sur fond de guerre espagnole, nous assistons à la passion dévorante d’Ignacio Abel pour une jeune américaine, Judith. Ignacio est marié à Adela et a deux enfants mais sa maîtresse lui a tourné les sens. Et sa disparition brutale n’a pas mis fin aux sentiments, bien au contraire. Aussi, lorsqu’on lui offre un poste de professeur aux États-Unis, Ignacio ne réfléchit pas longtemps, espérant retrouver sa belle.



Quelle puissance ! Quel style ! C’est le tout premier roman que je lis de cet auteur, grâce à Sylvaine qui m’en a fait cadeau et que je remercie encore. Je me suis régalée ! Sans cesse, le personnage sera partagé entre les horreurs que subit son pays et les affres sentimentaux. Une phrase, dans le roman, peut résumer sa vie : « Ce que l’on a gagné en une seule minute d’éblouissement, on le perd avec autant de facilité. »



Si vous aimez les romans historiques, n’hésitez pas !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Dans la grande nuit des temps

Dès le commencement l’atmosphère de ce livre est comme suspendue, aérienne, Antonio Munoz Molina a opté pour les détails en masse, la répétition des situations afin que ce huit-clos de pensée intègre notre esprit faisant d’Abel un être sans la moindre parcelle d’ombre. L’Histoire se tisse lentement, très lentement rapportant les faits d’une guerre civile mêlés à une fuite, aux mouvements d’une rencontre amoureuse qui dès les prémices nous parait déjà contrariée à l’instar d’une époque.



Pour autant, ce choix narratif m’a paru justifié, mieux, il s’apprivoise. Rien n’est survolé , chaque phrase , chaque situation , chaque raisonnement nous mène en 1936 , en plein cœur de l’Espagne meurtrie et investi notre esprit tel le mitraillage d’un avion de chasse .Chaque minute est un recueillement dans lequel le silence berce les mots , nous pousse vers une progression , page après page , la flamme commence à poindre au milieu des tensions embrasées tout comme l’étincelle d’une passion prend vie sous nos yeux.



L’auteur pointe du doigt entre autres le fascisme d’un mouvement politique existant en 1936 , mais Munoz Molina y allie la chaîne d’une dictature toute autre , la passion , qu'elle soit amoureuse ou idéologique , menant à la destruction d’autrui , à cette autorité mensongère qui en efface jusqu’à la moindre parcelle de discernement , recouvrant l’honnêteté d’un voile de lâcheté , le déni , le mensonge. Ne reste que la jouissance d’une propre politique personnelle, considérant tout ce qui en est extérieur, famille y compris comme "mineur".



La grande phrase du fascisme "« Tout par l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État ! » pourrait être " tout pour ma passion, rien en dehors de ma passion, rien contre ma passion !"



La déchéance, la destruction, voilà ce que Munoz Molina aborde, et ce par tous les fronts et avec un talent qui n’est plus à prouver.

Des faits politiques , une tension , une guerre ,une fuite, quitter un pays, le nôtre avec les remords de ne pas se battre pour lui, la nostalgie de ce qu’il était, d’une famille, des lieux, un amour .Des pensées altérées par l’horreur , des odeurs nauséabondes, des cadavres, des visages et le tout retranscrit aux travers des lignes admirables et d’une justesse remarquable de Munoz Molina.



Un très grand livre.
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Dans la grande nuit des temps

Une histoire qui flotte, perdue dans la grande nuit des temps, lorsque l’Espagne est secouée de folie meurtrière, comme dans une immense corrida.



Ignacio Abel, architecte renommé, ne souhaite que faire de belles choses, des choses utiles et solides, qui amèneront le progrès et amélioreront le quotidien des hommes. Issu d’un milieu ouvrier et marié à une femme de la bourgeoisie espagnole conservatrice et catholique, il ne trouve pas réellement sa place, ni dans sa vie, ni dans sa maison, ni dans son pays.



Quand les rues commencent à se gorger de sang, de cadavres, à s’emplir de cris, de tracts, il ne se sait pas non plus quel rôle endosser, de quel côté se mettre. Il n’est ni lâche ni ignorant. Il est tout simplement conscient de l’absurdité de ce combat, de l’hypocrisie et de la sauvagerie des hommes qui l’entourent.



Dans cette nuit des temps, il trouve celle qui lui donnera une chance d’exister, Judith. Jeune femme Américaine, envoûtée par Ignacio et par l’Espagne, elle essaie de trouver l’inspiration dans cette vieille Europe, pour écrire un grand roman.



Quelles chances donnera l’Histoire à cette passion clandestine, alors que la terreur s’installe en Europe ?

Comment les lettres qu’ils ne cessent de s’écrire combattront les silences, effaceront les obstacles, aveugleront leur vision de cet avenir fragile, à peine esquissé dans cette nuit des temps.



Un roman comme un voyage lent à travers le temps, de Madrid à une petite ville au-delà de l’Atlantique, sur les bords de l’Hudson. Entre guerre et paix.



Il ne faut pas être pressé pour faire ce voyage, encombré d'obstacles et de frayeurs. Les mots prennent leur temps pour nous plonger dans le cœur de cet homme et de cette femme, pour nous montrer les paysages magnifiques mais aussi les horreurs qui défilent devant leurs yeux.

Les phrases s’allongent pour expliquer, sans trahir, leurs pensées les plus profondes, celles qui se révèlent difficilement, qui viennent d’un passé douloureux, et s’entrechoquent avec ce présent où les hommes sont devenus fous, où l’Histoire s’emballe comme un taureau qu’on veut assassiner dans cette corrida infernale.

Les retours en arrière sont fréquents, désordonnés, dévoilant comme par magie, mots après mots, une partie du brouillard qui cache le passé, le présent et l'avenir d'Ignacio et de Judith.



J’ai aimé tout cela, tous ces mots, toutes ces images, de cette belle histoire de ces deux personnages qui ne sont pas des héros, qui ne veulent pas l’être, dont l’avenir est ignoré et perdu dans la grande nuit des temps.

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Dans la grande nuit des temps

« Dans la grande nuit des temps » est un chef-d'oeuvre narratif d'une beauté fracassante relatant une histoire politique et sentimentale sur fond de guerre civile espagnole. Le narrateur y décrit les événements avec une extrême précision, adoptant successivement plusieurs points de vue afin de saisir la réalité dans toutes ses dimensions. Il fait remonter à la surface sensations, odeurs, doutes et sentiments de l'Espagne meurtrie.
Lien : http://www.lesechos.fr/cultu..
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Dans la grande nuit des temps

Il faut s'immerger dans ce gros roman, on n'en sera pas déçu. Outre l'histoire d'amour, poignante, il nous offre une vision des prémices de la guerre d'Espagne que j'ai trouvé passionnante, et permet d'un peu mieux comprendre cette période où les partis de gauche, totalement désorganisés, se sont trouvés réduits à l'impuissance et au désastre.
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Dans la grande nuit des temps

Un roman magistral écrit par un auteur exceptionnel.

Sur une île déserte, c'est lui que j'emporterai

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Dans la grande nuit des temps

New York, gare de Pennsylvania, 1936.

Un homme s’assied dans un train. Dans la poche intérieure de sa veste: une photo montrant ses deux enfants, Lita et Miguel, souriants, un dimanche d’il y a quelques mois, et une autre photo montrant une jeune femme très souriante, plus jeune que lui, et sans doute américaine. Cet homme c'est Ignacio Abel, un architecte espagnol renommé, d'une quarantaine d'années, qui vient de fuir Madrid et les débuts de la guerre civile qui y fait rage.



A-t-il rêvé ou a-t-il entendu son prénom prononcé dans la salle des pas perdus de cette gare immense ou espère-t-il encore – mais peut-on encore espérer dans son cas – que la femme aimée, tellement cherchée, va surgir comme par enchantement et susurrer son prénom à son oreille comme elle le faisait il y a quelques semaines à des milliers de kilomètres de New York ?



Ignacio s'assied. Avec le ronronnement du train qui s'ébranle, s'ébranle aussi la machine à générer des souvenirs : ceux-ci affluent par vagues et le récit s'ouvre en un immense flash-back qui le ramène vers les douze derniers mois passés en Espagne à Madrid – décisifs dans sa vie d'adulte.



De sa lointaine enfance de fils d'un maçon travailleur et d'une concierge, on saura peu, si ce n'est qu'il est devenu architecte à la force du poignet, en étudiant le soir avec une très grande ténacité. On comprendra aussi rapidement que son mariage avec Adela, une jeune fille de bonne famille, un peu fanée, dévote et très attachée à ses parents, qui lui donnera deux enfants, sera le signe de l'ascension et de la consécration sociale pour ce fils de maçon.

D'Adéla, il conserve dans sa poche intérieure une lettre qui lui est miraculeusement parvenue : une lettre qu'on lira par fragments égrenés au fil d'un récit qui va nous tenir en haleine tout au long de ces mille pages, une lettre de reproche pleine d'aigreur pour celui avec qui elle a cru bâtir une famille – et qui l'a laissée abandonnée sans le moindre scrupule au moment le plus critique de l'histoire espagnole.



Mais on comprendra aussi que la jeune femme dont il conserve la photo tout près de lui au plus près de son coeur est synonyme d'une rencontre qui a bouleversé sa vie : intrépide, parcourant l'Europe grâce aux économies de sa mère immigrée à New York, Judith Biely est tombée amoureuse de l'Espagne et sa rencontre avec cet homme marié, qu'elle a découvert par hasard à la Résidence universitaire de Madrid, le soir du 07 Octobre 1935 lors d'une conférence, sera pour tous les deux la source de multiples plaisirs et de souffrances qui vont les transporter au delà d'eux-mêmes.



Tout est dit de l'histoire, et en même temps rien n'est dit, tant l'ampleur du récit court d'un bout à l'autre de ce grand roman.

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