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Critiques de Antonio Muñoz Molina (234)
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Fenêtres de Manhattan

New York est une ville fascinante, une métropole qui attire chefs d’État, hommes d’affaires, artistes, touristes, tout un chacun. Antonio Munoz Molina n’a pas échappé à sa force d’attraction. Les quelques séjours qu’il y a faits l’ont transformé en un familier des lieux. Cette ville qu’il aime, il a voulu lui rendre un hommage. Pendant ses promenades dans les rues fourmillantes, les cafés encombrés, les musées, les théâtres, les librairies, les marchés, etc., il a pris des notes (mentales et manuscrites) et c’est devenu ce Fenêtres de Manhattan.



De son hôtel où il s’est installé sitôt arrivé à l’Institut Cervantès, il observe. De sa fenêtre, évidemment, mais il ne s’y est pas limité. Il descend dans la rue, fait de multiples excursions jusque dans Harlem et le Bronx. Il rencontre une foule bigarrée, allant de l’homme le plus anodin au spécimen de l’espèce humaine, en passant par des « Africains en boubou et bonnet brodé, Sikhs avec leurs haut turbans couleur safran, Juifs ultraorthodoxes en gabardine noire et bas de soie noire, pâles comme des spectres sous leurs chapeaux noirs à large bord, le visage maigre comme un fuseau et encadré par les tire-bouchons rituels, femmes indiennes en sari avec un cercle rouge sur leur front brun, groupes d’Espagnols en vacances. » (p. 27)



Mais New York, c’est aussi un patrimoine architectural, des édifices comme le Rockefeller Center et l’Empire State Building, Central Park et d’autres comme les bureaux de NBC – je ne les énumerai pas, soyez sans crainte. Antonio Munoz Molina adore s’y promener. Pareillement pour les musées, pour admirer les chefs d’œuvres de l’humanité (dont celles d’Alex Katz, de Leiro et d’Andy Warhol) et les salles de spectacles renommées qui ont entendu chanter Tony Bennett. New York est une œuvre d’art en soi. Mais, c’est également des rencontres, réelles et imaginaires. L’auteur retrace les pas de Caufield Holden, le protagoniste de L’attrape-cœur de JD Salinger, et quelques autres. Il pense à des auteurs qui ont immortalisé cette ville où qui y sont simplement passés. Dans tous les cas, ils y ont laissé des traces…



Si c’est un plaisir, être dans cette cité formidable, c’est parfois quelques souvenirs douloureux. Fenêtres de Manhattan est paru en 2004, soit quelques années après les attentats du 11 septembre. Il est clair que cet événement a teinté un peu les impressions de l’auteur. Mais il ne s’y attarde pas trop, heureusement. De toutes façons, « Manhattan se détruit et se construit en permanence ». (p. 227) C’est une ville se renouvelle, qui change de peau constamment. Par exemple, la librairie Rizzoli où il aimait entrer, elle a fermé, a été remplacée par autre chose, probablement un café ou quelque chose dans le genre.



Ce vibrant hommage d’Antonio Munoz Molina est un peu lourd (et ennuyeux) à l’occasion. Mais quiconque a fait quelques séjours à New York se remémorera avec plaisir les très nombreux lieux auxquels il fait référence. L’ennui que j’ai ressenti à l’occasion s’est vite transformé en nostalgie et en une forte envie d’y retourner !
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Fenêtres de Manhattan

Les lignes des regards se croisent dans le vide de manière complexe, sans jamais se rencontrer



Un écrivain à Manhattan. Une ville réelle et imaginée, telle celle de Woody Allen. Là, un noir et blanc mythique d’un certain cinéma, ici, des bruits, des musiques ou comme ces tâches de couleur marquant « l’échine noire et humide de l’asphalte »



Il n’y a pas de lecture objective d’une ville. Lecture d’insomniaque, lecture d’amoureux, lecture d’après le 11 septembre…



Un espagnol « accablé par l’écart désolant entre ce qu’il croit savoir d’une langue et ce que sa bouche maladroite parvient à articuler ». Un écrivain stupéfait de « l’impression d’espace », des personnes « comme s’ils ne se regardaient pas »…



Promenades et réflexions, les immigrant-e-s d’hier et d’aujourd’hui, « vaste délégation de l’humanité qui toujours veut entrer à New-York », retours de mémoire, la splendeur et la crasse, la vitesse et « il n’existe pas de littérature qui puisse raconter pleinement la richesse d’une seule minute »…



Le cinéma, Hitchcock et Fenêtre sur cour, la peinture, Edward Hopper, la musique, le jazz, Central Park et dans une calèche Orson Welles et Rita Hayworth aux cheveux courts, Harlem, Cinquième Avenue, l’agitation, Greenwich Village, le « double prisme des Tours Jumelles », les poètes, la « solitude la plus extrême au milieu de la foule », le New-York Times…



Des policiers et des pompiers parcourant « les rues à toute vitesse en déployant la puissance de leurs sirènes, de leurs klaxons et de leurs gyrophares », prendre la mesure de la journée intacte, l’exil et la capitale « de tant de déracinements, de tant de rêves d’un monde ou de vie meilleure, accomplis ou écroulés », la stratification et la ségrégation sociale, « l’exhibition de l’argent et du luxe maniaque de l’accumulation »…



Hier et aujourd’hui, « Aucun simulacre de permanence n’amortit bien longtemps la trépidante perception de l’écoulement incessant des choses », des lieux, un saxophone, un tableau, un film…



La ville, les mythes, l’imagination et les projections mentales. Manhattan peut-être, des fenêtres certainement. Et qui se penche aperçoit une partie de lui-même…



« Comment distinguer la vérité de la fable dans une ville où l’une paraissait aussi invraisemblable que l’autre »
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L'hiver à Lisbonne

DanD m'avait prévenue, ce n'est pas à travers ce livre que j'allais retrouver l'atmosphère et l'ambiance de Lisbonne ou encore Madrid de mes vacances !

Antonio Munoz Molina nous plonge dans une atmosphère feutrée de bar de nuit, enfumé où l'on entend des notes de jazz. Oui, on les entend ces notes et on peut aisément imaginer ce club de jazz. Comme il a été souligné dans plusieurs critiques, on se croirait dans un film en noir et blanc et c'est tout à fait ça. Dans cette atmosphère va naitre une histoire d'amour entre Biralbo, pianiste et Lucrecia,mêlée à un trafic de tableaux. Amour contrarié, difficile et furtif même s'il va durer plusieurs années.

Je ne mets que trois étoiles car même si je reconnais la qualité de ce roman, je n'ai pas réussi à me trouver une place dans ce décor.
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L'hiver à Lisbonne

Quel livre! Quel grand livre! Il est de ceux que je n'oublierai pas. C'est une première rencontre avec Antonio Munoz Molina, mais je sais que je vais partir à la recherche de ses autres romans. Dans ce texte, des villes où je me suis rendue, Saint-Sébatien, Madrid et Lisbonne où j'ai bien cru que le héros principal du livre n'arriverait jamais... De la musique, un pianiste et un trompettiste de génie... L'univers de la nuit, des boîtes de jazz, des bas-fonds, des addictions, des plans tordus, des mauvaises rencontres... Beaucoup de points sordides, mais la noirceur est estompée face à une magnifique et rare histoire d'amour... L'hiver à Lisbonne c'est la fuite, la recherche d'êtres aimés et perdus, la jalousie aussi... Cette histoire semble intemporelle et j'ai eu des difficultés à la situer dans le temps, bien sûr, je l'imaginais pur produit du 20ème siècle, mais dans quelle décennie exactement. J'ai facilement imaginé les années 40/50 avec tenant les rôles des protagonistes, Humphrey Bogart et Lauren Bacall... Le cinéma, les livres, la noirceur des films américains sont très présents dans ce roman... jusqu'à ce grand pont rouge de Lisbonne surplombant le Tage (Pont du 25 avril) cousin du Golden Gate... Une histoire beaucoup plus contemporaine que je croyais puisqu'elle se situe sans les années 80 et devient presque contemporaine... Une histoire d'amour intemporelle... Un texte sublime sortant des sentiers battus.
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L'hiver à Lisbonne

« Emporte-moi sur la lune, à Lisbonne. » lui avait-elle dit un jour.



C'est l'histoire de cet homme, né Biralbo devenu Dolphin. Il « ne s'appelait plus Santiago Biralbo, qui était né du néant à Lisbonne. » Un musicien qui se raconte par bribes au travers des paroles d'un narrateur, un ami peut-être, une connaissance sans doute bien que le mot soit mal choisi en l'occurrence car qui connait vraiment quelqu'un.



« les véritables solitaires installent le vide dans les lieux qu'ils habitent et dans les rues qu'ils parcourent. »



Biralbo c'est un solitaire, fou amoureux à ses moments perdus. Cette expression lui convient « moments perdus » car j'ai ressenti cette perte de soi dans l'attente de cette femme, Lucrecia. Et pourtant « en se regardant, ils s'appartenaient comme on sait qui on est quand on se regarde dans un miroir. » La rencontre a lieu dans un piano bar de Saint Sébastien. Immédiatement le flash. Elle est mariée avec Malcom. Sentant le vent tourné, Malcom décide qu'ils doivent partir immédiatement pur Berlin. Malcom est un escroc. De la vie, de l'amour et des hommes. Le narrateur en sait quelque chose...



Pendant des années Biralbo et Lucrecia auront une relation ponctuée de longs silences, de quelques lettres et ne se rencontreront que bien peu de fois. Mais pourtant « ce qui leur appartenait véritablement : une trame de mots et de gestes, de pudeur et d'avidité, parce que jamais ils n'avaient cru se mériter l'un l'autre et qu'ils n'avaient rien désiré ni possédé qui ne se trouvât qu'en eux-mêmes, un royaume invisible et partagé qu'ils n'ont presque jamais habité, mais qu'ils ne pouvaient pas non plus renier parce que sa frontière les entourait aussi définitivement que la peau ou l'odeur d'un corps entoure sa forme. »



Elle lui demande de l'accompagner à Lisbonne un jour. Elle vient de se séparer de Malcom et ressent un besoin urgent de se réfugier dans Lisboa. Elle seule y arrivera, lui s'évadera dans des villes européennes. Mais un jour, il y retourne voir Billy Swann, son vieux compagnon musicien malade.



« Il était revenu dans la ville pour s'y perdre comme dans une de ces nuits de musique et de bourbon qui semblaient ne jamais devoir s'achever. »



Il la recherche à cette occasion. Billy le met en garde. Lisbonne est une ville dangereuse pour toi Biralbo et puis « La fille de Berlin, a dit Billy Swann sur un ton comme ennuyé et moqueur. Es-tu bien sûr de ne pas avoir vu un fantôme ? J'ai toujours pensé que c'en était un. »



Mais « Lisbonne était la patrie de son âme, la seule patrie possible de ceux qui naissent étrangers. »



J'ai adoré ce roman pour l'ambiance, pour la trame, pour la beauté de l'écriture. Un vrai régal. Ca sentait le bourbon, je voyais des volutes de fumée et j'entendais Fly me to the moon, Lisboa.
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L'hiver à Lisbonne

Je suis un fervent admirateur de Munoz Molina, nullement rebuté par la longueur habituelle de ses phrases. Je le trouve excellent pour décrire les sentiments et les émois amoureux, j’aime les romans noirs et j’ai souvent rêvé d’être un pianiste de jazz, coincé entre un verre de bon whisky et une chanteuse appétissante…un peu comme Jeff Bridges dans Suzie et les Baker Boys, voyez.

Tout ça pour venir vous confier que je n’ai pas vraiment aimé L’Hiver à Lisbonne, bizarre, non ?

Quelque chose n’a pas fonctionné et j’ai du mal à savoir quoi. Peut-être le procédé qui donne la parole à ce narrateur dont on ne sait rien, qui semble ne rien éprouver et qui ne semble là que pour faire écran, pour épaissir un mystère qui, finalement, ne l’est peut-être pas tant que ça. L’écriture est toujours de qualité avec, me semble-t-il, des phrases plus courtes que d’habitude.

L’aspect musical n’est pas enthousiasmant, tout comme la description bien succincte de Lisbonne (que je ne connais pas) ou de San Sebastian (que j’ai connu). On en reste souvent à des ambiances nocturnes plutôt réussies, d’autres lecteurs ont dit en noir et blanc ce qui est bien observé.

L’histoire d’amour souffre à mon avis de n’être vue et contée que par ou pour le narrateur, vague compagnon de bar, froid et distant. Ce qui offre l’avantage d’augmenter la part de mystère de l’intrigue contribue également à édulcorer la passion amoureuse que Molina sait, en d’autres romans, si bien décrire. Quant à l’intrigue de ce roman noir, elle me semble aussi légère que les volutes de fumée de cigarettes qui obscurcissent les bars que fréquente le pianiste, et presque aussi maladroite que les méchants qui le traquent.

Un roman de jeunesse, une tentative à contre-emploi ? La preuve que réussir un roman noir n’est pas aussi facile qu’on le croit ? Je cherche des excuses, non pas à l’auteur, que j’apprécie énormément d’habitude, mais à moi et à ce que je viens de vous confier. Ma position est bien inconfortable et j’ai conscience de m’enfoncer un peu plus en tentant de me dédouaner avec les quelques bribes de latin qui me restent : « Qui bene amat bene castigat. »

Mon prochain Munoz Molina : Pleine Lune. On en reparlera, si vous voulez.

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L'hiver à Lisbonne

Années 80. Espagne, ici et ailleurs. A une autre époque, Giacomo Dolphin, pianiste de jazz portait le nom de Santiago Biralbo. Mais pourquoi ce changement d'identité? Entre fumée de cigarettes et verres d alcools, l'évocation de son ancienne vie. le piano, son ami Billy Swan a qui il doit beaucoup, sa relation avec la belle et énigmatique Lucrecia, son attente, sa vie menacée pour d'obscures raisons ... Vérité qu'il apprendra lors de ce voyage à Lisbonne. Ambiance sombre, nocturne la plupart du roman. Passant de bars en bars sous fond jazzy ou d'hôtels plus ou moins miteux.
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L'hiver à Lisbonne

Billy Swan, le trompettiste évoque Chet Baker à la fin de sa carrière, même fatalité du destin, où au bout d’une vie chaotique, la musique seule lui tendra des béquilles pour continuer d’exister

L’ambiance des clubs de jazz intimistes avec leur musiciens evoluant au milieu d’un air opaque chargé de fumée et d alcool, comme des voiliers à la dérive est merveilleusement rendue
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L'hiver à Lisbonne

C'est la deuxième fois que je me plonge dans un roman d'Antonio Muñoz Molina et, comme dans Pleine Lune, l'auteur créée une ambiance ouatée et se refuse à nous livrer un récit linéaire. On entre donc difficilement dans ce roman, d'autant plus que l'auteur est friand des longues phrases et d'analepses. Un narrateur sans nom et dont on ne saura rien nous parle de son ami Santiago Biralbo, un pianiste de jazz, et de son histoire d'amour avec l'énigmatique Lucrecia. Magnifique écriture très poétique, Molina sait merveilleusement décrire l'attente et l'amour.

"Mais je ne peux pas imaginer quel était le visage qu'a vu Biralbo à cet instant, ni de quelle manière ils se sont retrouvés, ni comment s'est exprimée leur tendresse mutuelle, jamais je ne les ai vus ensemble et jamais je n'ai pu les imaginer ainsi ; ce qui les unissait, ce qui les unit peut-être encore aujourd'hui était un lien qui contenait en lui-même l'essence du secret. Jamais il n'y a eu de témoins, pas même quand l'obligation de se cacher ne les persécutait plus, et si quelqu'un que je ne connais pas s'est trouvé avec eux ou les a surpris un jour ou l'autre dans les cafés ou les hôtels discrets où ils se donnaient rendez-vous à Saint-Sébastien, je suis sûr qu'il n'aura rien pu découvrir de ce qui leur appartenait véritablement : une trame de mots et de gestes, de pudeur et d'avidité, parce que jamais ils n'avaient cru se mériter l'un l'autre et qu'ils n'avaient rien désiré ni possédé qui ne se trouvât qu'en eux-mêmes [...] En se regardant, ils s'appartenaient comme on sait qui on est quand on se regarde dans un miroir."
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L'hiver à Lisbonne

L'hiver à Lisbonne fait partie de ces romans que j'adore pas tant pour leur intrigue que pour l'ambiance. Vous savez, ces clubs plus ou moins fréquentables qui dégagent une odeur l'alcool, où l'on sert des coktails sophistiqués et imbuvables, où l'on joue du jazz à profusion et où on finit la soirée dans une chambre d'hôtel avec un des musiciens. le tout dans une atmosphère de tristesse vaguement vulgaire. Je ne sais pas pourquoi ça m'attire dans les livres parce que c'est tellement pas le genre d'endroit que je fréquente dans la vie. Peut-être dans une vie antérieure, si je croyais à ce genre de trucs. Mais bon, il y a des choses que je n'arrive pas à expliquer. Dans une autre critique, un babeliote a fait la comparaison avec un film en noir et blanc. C'est tellement l'impression que j'avais tout le long de ma lecture. J'avais contamment l'impression qu'un type suspect en imper allait apparaître à tout moment !



Et ce type, Santiago Biralbo, pianiste de jazz, qui raconte son histoire d'amour pour Lucrecia au narrateur, un ami, plutôt une connaissance. le besoin de se confier, un autre élément imbattable. Et l'amour passionnel impossible ou perdu… Un sujet inépuisable mais toujours aussi intéressant. Dans ce cas-ci, l'amour est surtout bref et tumultueux. Lucrecia se sauve, est mêlée à des histoires douteuses avec des gens peu recommandables. Et Santiago qui essaie de raviver la flamme ! On se doute un peu comment ça va se terminer tout ça mais on ne peut s'empêcher de continuer à lire. C'est alors que la mélancolie et la nostalgie revient mais pas pour les raisons que vous imaginez. Parfois, il y a des forces plus puissantes que la mort…



Dans tous les cas, moi, j'ai apprécié L'hiver à Lisbonne même s'il ne s'y passe pas grand chose et que les histoires d'amour ne comptent pas parmi mes genres préférés. Je peux comprendre que certains n'aient pas accroché. Comme je l'ai écrit plus haut, c'est l'ambiance m'a gagné dès le début. Quand Biralbo raconte au narrateur qu'il a écrit un morceau de piano et qu'il l'a intitulé «Lisboa», pour le voyage à Lisbonne que lui et Lucrecia avaient l'intention d'y faire, ça m'a touché. Ça m'a surtout étonné. Cet été, j'ai lu deux autres romans de Munoz Molina et ce n'était pas du tout dans le même registre. Bref, une belle découverte qu m'encourage à essayer d'autres oeuvres de cet auteur visiblement talentueux.
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L'hiver à Lisbonne

Roman d'amour, roman de l'absence, roman de la musique perdue. Un peu filandreux, mais pas mal. A savourer lentement.
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L'hiver à Lisbonne

Une histoire d'amour dans un film noir. Un huis clos envoutant comme une mélodie lointaine. Une lecture agréable et une plume romanesque nouvelle pour moi. Dommage que Lisbonne ne soit peinte que sur quelques pages car les descriptions sont d'une rare précision
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L'hiver à Lisbonne

Un roman noir se déroulant en Espagne et au Portugal, voilà qui retient l’attention. Mais à Madrid, Saint Sébastien, Lisbonne, point de lumière ni de chaleur, seulement des ruelles sombres, des hôtels glauques, des bars et des clubs de jazz dont les néons colorent la nuit et les visages. On se croirait presque dans le Grand Sommeil, s’il n’y avait les sonorités des noms propres, le cri d’une mouette, et la mer, tout de même omniprésente. Comme de juste, on comprend à peine l’intrigue, mais on est immergé dans une atmosphère glauque, faite de bruine pénétrante, de chambres pas très nettes, de vapeurs d’alcool et de lumières électriques. Et bien sûr, on est aussi fasciné par le couple formé par Bogart et Bacall, pardon, Santiago et Lucrecia, qui ne cessent de se rejoindre furtivement, pour se quitter aussitôt, toujours pressés, menacés, incapables de vivre l’un sans l’autre, mais tout aussi incapables de vivre ensemble. L’intrigue est donc secondaire, même si les « méchants poursuivants » sont au final mieux dessinés que ceux des films noirs américains, moins accessoires. Ce qui envoûte encore, c’est la musique, le jazz de Santiago et de Billy Swann son ami, qui pas un instant ne cesse d’accompagner les gestes et les états d’âme des personnages, et qui se fond avec l’écriture hypnotique de Munoz Molina pour rendre le lecteur totalement captif. Et ce qui transporte enfin, mais déroute aussi, c’est la formidable réflexion sur le temps qui passe, ou ne passe pas d’ailleurs, vu que Munoz Molina s’efforce de le suspendre, de le dilater, de le tordre en tous sens. Ses personnages luttent contre sa linéarité, contre l’emprise du passé qui empêche de vivre, de même que Munoz Molina déconstruit la chronologie, entraîne le lecteur d’une époque à l’autre, d’une ville à une autre, dans une sorte d’errance qui, paradoxalement, structure parfaitement le récit. Santiago veut se libérer du passé, sans jamais y parvenir, sauf peut-être quand il joue, tentant finalement de vivre sa vie comme sa musique, au présent. On ressort de cette lecture, mouillé, légèrement ivre, les mains moites, la gorge irritée par la fumée de cigarettes, mélancolique mais heureux. Un grand roman.
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L'hiver à Lisbonne

L’hiver à Lisbonne ressemble à ces mélopées de jazz aussi difficiles à saisir que les volutes de fumée s'échappant d'une cigarette. Certes il y a une histoire, mais il y a surtout autour de ce roman une musique qui flotte dans l'air et qui vous tourne dans la tête, une mélodie qui nous parle de la passion entre deux êtres, de leur solitude à chacun, de la musique, et du passé qui ne passe pas.



L’histoire ? ou plutôt le scénario, devrais-je dire, ou le script tant ce récit ressemble à s’y méprendre à un scénario de films noir de l’entre guerre.

Santiago Biralbao, pianiste de jazz, vit une passion pour la belle Lucrecia, sous les yeux de son ami, le narrateur témoin qui nous raconte leur histoire. Mais Lucrecia est mariée à Malcom, dit l’Américain, un type peu fréquentable et jaloux qui fait mine de ne pas voir les regards que s’échangent les amants au bar du Lady Bird de Saint Sébastien.



Biralbao joue avec Billy Swann, sans doute le plus grand trompettiste du moment, et avec Oscar le contrebassiste.



Sa passion pour Lucrecia a à peine le temps de s’épanouir que Lucrecia est obligée de s’enfuir avec Malcom direction Berlin. S’en suivra trois ans d’une course cavalcade en quête l’un de l’autre, parcourant plusieurs capitales européennes, avec en ligne de mire une destination finale : Lisbonne. Séparés par la distance, les deux amants s’écrivent pendant deux ans, jusqu’à ce que la correspondance s’arrête brutalement pour Biralbao : sa dernière lettre reviendra inconnue à cette adresse. Il n’y aura que Billy Swann pour donner une ultime lettre de Lucrecia à son pianiste : une lettre curieuse en provenance de Lisbonne, au dos d’un plan d’où brille un nom étrange, Burma. Burma et Lisboa seront les titres de morceaux qui deviendront célèbres.



Biralbao compose Lisboa et pourtant il n’a encore jamais mis les pieds dans la capitale lisboète. Mais le futur est-il forcément devant nous ? Avec Antonio Munoz Molina, rien n’est moins sûr.



Au-delà du récit digne d’un grand film de série noire, c’est toute l’atmosphère de clubs de jazz que Antonio Munoz Molina restitue à merveille. Dans cette mise en abyme provoquée par la construction sous forme de déposition – le narrateur rapporte les bribes que lui livrent Biralbao devenu Giacomo Dolphin au bar du Metropolitano de Madrid – les différentes périodes s’entrechoquent à la vitesse d’un train ou d’un tramway lancé à grande vitesse sur des rails improbables : l’époque du Lady Bird où Biralbao fait la connaissance de Lucrecia et celle du narrateur, l’époque des lettres de Berlin, et les retrouvailles au bout de trois ans au Saint Sébastien, avant la fuite à Lisbonne. Dans l’ombre de Malcom, veille un individu tout aussi peu recommandable : Toussaints Morton et son évanescente secrétaire Daphné.

Ce qui conduit Lucrecia a se sentir perpétuellement suivie et en fuite.



Mais l’autre thème de prédilection de l’auteur est la solitude des êtres malgré leur passion l’un pour l’autre. Le passé de Saint Sébastien ne revient pas, la vie les a changés et bientôt cela n’a même plus d’importance pour Biralbao. Du moins est-ce ce qu’il confie au narrateur, essayant de le convaincre qu’il était désormais au-delà de la recherche de l’amour et du bonheur.



Passion pour Lucrecia, passion pour la musique, passion pour les villes, L’hiver à Lisbonne est donc un récit haletant qui nous embarque de Saint Sébastien à Lisbonne au son d’une mélopée de jazz dont la mélodie n’a pas fini de nous hanter une fois la dernière page tournée.



Et pourtant si, Lucrecia a bel et bien existé le temps d’un récit, et nul doute qu’elle peuplera aussi vos rêves, à vous qui prendrez peut-être un jour le départ en hiver destination Lisbonne....
Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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L'hiver à Lisbonne

Ce n’est pas L’hiver à Lisbonne traduit par Philippe Bataillon que j’ai lu mais Un hiver à Lisbonne traduit par Dominique Salgas. Je ne sais pas pourquoi le roman a été traduit par deux personnes différentes. Mais peu importe, je ne crois pas que mon ressenti aurait été différent avec l’autre version.

L’histoire est belle, un amour compliqué, impossible, sur fond de musique de jazz. L’auteur nous balade entre Saint-Sébastien, Madrid et Lisbonne, souvent la nuit, dans des chambres d’hôtel aux draps sales, des bars enfumés et des ruelles sinistres. Ses personnages noient leur solitude dans l’alcool et les cigarettes.

Comme d’habitude, la construction du roman est parfaitement maîtrisée. La marque de fabrique de l’auteur est de jouer brillamment avec le temps, mêlant les époques plusieurs fois sur une même page. Dans les trois autres romans que j’ai lus, je m’y suis toujours retrouvée. Là, il m’a parfois perdue. Mais ce n’est pas ce qui m’a le plus gênée et j’ai accepté de me laisser perdre. Il maîtrise également très bien la façon dont il fait intervenir son narrateur. Celui-ci intervient beaucoup au début, puis s’efface souvent pour revenir de temps en temps.

Grande admiratrice de Munoz Molina, même si je n’ai lu que trois romans de lui, je dois bien admettre que la magie n’a pas opéré cette fois-ci. J’ai désespérément attendu le moment où enfin, j’allais entrer dans ce roman. Ce que j’ai peut-être le moins aimé, c’est la partie sur le trafic d’art et les méchants aux revolvers. Mais je ne pense pas que ça suffise à expliquer mon manque d’enthousiasme. Parfois on ne sait pas expliquer pourquoi ça n’a pas fonctionné.

Ce roman me laisse une impression de solitude, de nostalgie, et même de désespérance.
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L'hiver à Lisbonne

Une belle écriture qui distille une ambiance de piano bar, de jazz nostalgique et pénétrant. Elle nous parle d'un amour fulgurant et perdu, d'une femme aimée et attendue pendant trois ans, d'un pianiste mélancolique, Biralbo, qui un matin s'est réveillé en réalisant avec soulagement qu'il n'avait plus besoin, pour vivre, de bonheur ni d'amour. Ça boit et ça fume, ça dit bien «cet étrange enivrement» que procure le mélange de l'alcool, de la musique, de l'amour passionnel. Tout ça c'est bien beau, mais ça a un effet un peu funeste sur la dynamique romanesque, et j'ai parfois eu l'impression de m'enliser doucement dans les sables mouvants des nuits de jazz, de confidences et de Bourbon, dans les chambres d'hôtels de deuxième catégorie, avec leurs brûlures de cigarettes et leurs graffitis, traces d'hôtes solitaires à qui ils «n'offrent aucun alibi pour tromper autrui où se leurrer soi-même».

Et pourtant j'ai trouvé un charme certain à cette écriture qui nous fait déambuler dans un univers romanesque qu'Antonio Muñoz Molina dit avoir créé dans un «état de somnambulisme lucide». Je serais presque tentée de relever ma note: j'aime le souvenir que me laisse cet Hiver à Lisbonne.
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L'hiver à Lisbonne

Histoire d'un amour aussi passionnel qu'impossible sur fond de jazz et de tableaux de maître.



La narration extrêmement descriptive encombre le fil de l'histoire qui peine à nous cueillir. On se perd dans des croisements de lieux et d'époques qui complexifient le tout pour pas grand chose. Ce n'est qu'à la bonne moitié de l'ouvrage qu'on commence enfin à se prendre à ce jeu de confession timide d'un pianiste de jazz amoureux d'un fantôme.
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L'hiver à Lisbonne

Ce fut une lecture assez compliquée pour moi voire un peu pénible...

J'ai aimé l'histoire d'amour : un amour passionnel entre Biralbo, pianiste talentueux jouant dans les bars de San Sabastian et Lucrecia venue un soir et qui est directement tombée sous le charme de sa musique. C'est beau et fort entre eux mais malheureusement Lucrecia n'est pas seule et son compagnon traîne dans des affaires louches de traffic de tableaux. Elle n'est pas en sécurité avec lui mais n'a pas grand chose d'autre non plus.

L'histoire est racontée par un narrateur dont on ne sait rien de lui, mélangeant les moments de narration et ça a eu tendance à me perdre. Plus l'ambiance très lente et sombre avec un abus de whisky et de cigarettes ; le cocktail n'a pas pris pour moi.
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L'hiver à Lisbonne

Je modifie cette critique le 30 janvier 2024. En effet, au vu des commentaires, et après avoir laissé passer quelques jours, je me rends compte que j'ai donné l'impression de ne pas avoir aimé L'hiver à Lisbonne, alors que c'est le contraire. J'ai agi maladroitement en donnant une version chronologique de ma lecture - le fait est que j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le texte -, ce qui est un gage de qualité. J'ai voulu dire que c'était un livre intimiste, onirique, lent avec un brouillage spatio-temporel. L'hiver à Lisbonne se passe dans le monde du jazz, musique que je n'affectionne pas particulièrement.

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L'hiver à Lisbonne est une succession de chapitres courts, présentés dans un ordre linéaire, qui avancent par bonds et intercalent les confidences de Biralbo, les propos du narrateur, le récit de faits juxtaposés, le tout dans des temps présents, passés, futurs ou imaginaires.



Le fil directeur est la passion amoureuse de Biralbo et Lucrecia sur fond de musique de jazz.



Mais c'est loin d'être une romance, c'est surtout un cocktail dissonant, sulfureux et mélancolique comme le jazz, un mélange de violence meurtrière, de désir, d'alcool, de drogue… avec en toile de fond « la montagne sainte Victoire » de Cézanne… dans une mise en scène en demies teintes où les contours sont flous.



Antonio Muñoz Molina entretient une relation curieuse avec Lisbonne. Je dirais qu'il personnifie une ambiance, une sensation, un fantasme – je ne sais pas s'il y a un terme adéquat pour signifier cet état d'esprit.



L'hiver à Lisbonne se passe essentiellement à Madrid. Santiago Biralbo, - qui a changé son nom en Giacomo Dolphin -, pianiste noir de jazz émérite, raconte au narrateur son amour pérenne pour Lucrecia.



« Lisbonne » est une chanson que Biralbo a composé alors qu'il n'a jamais mis les pieds dans cette ville. Elle symbolise Lucrecia qui s'est enfouie là-bas.



« Il s'est souvenu d'une chose qu'un jour Lucrecia lui avait dite : arriver à Lisbonne serait comme arriver au bout du monde ». (p.165)



Biralbo ne songe pas à aller à Lisbonne, il l'évite même, comme si la pensée de son amour se suffisait à elle-même, sauf qu'il est contraint de s'y rendre dans l'urgence au chevet de Billy Swann.



Trois ans se sont écoulés depuis le départ de Lucrecia.



Est-ce vraiment l'hiver à Lisbonne ou l'hiver dans le coeur de Biralba ?



Va-t-il la revoir ?



Quels mystères se cachent derrière cette femme ?



Pourquoi Biralbo et Lucrecia ont des pistolets ?



L'hiver à Lisbonne commence ainsi :



« À peu près deux ans s'étaient écoulés depuis la dernière fois que j'avais vu Santiago Biralbo, mais quand je l'ai retrouvé, à minuit, au comptoir du Metropolitano, il y a eu dans notre salut la même absence de solennité que si nous avions bu ensemble le soir précédent, non pas à Madrid mais à Saint-Sébastien, au bar de Floro Bloom, là où il avait joué pendant une longue période ».



Les personnages sont juste esquissés, leurs relations entre eux et avec le narrateur ne sont pas explicites. le récitant ne nous dit pas pourquoi il est si proche de Biralbo, au point que ce dernier se confie à lui.



C'est un livre bien étrange, je dirais même mystique, qui m'a fait un drôle d'effet, un effet paradoxal. Je l'ai ouvert avec curiosité et gourmandise, ensorcelée encore une fois par la plume de Chrystèle (@Hordeducontrevent), et au bout de trente pages, j'ai abandonné, je me sentais comme une mouche qui cherchait à se libérer, en plein cagna, de la bande adhésive qui l'avait piégée.



Je me sentais engluée dans cette ambiance de cave de jazz, cette musique déchirante qui me remémorait l'esclavage. J'avais le tournis dans le Bourbon et les volutes de fumée qui contribuaient au brouillage spatio-temporel.



Et pour rajouter à ma peine, l'écriture était trop petite pour mes yeux défaillants.



Pour échapper à ce malaise, je me suis embarquée dans En or, magnifique beau livre photo de Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, deux patineurs artistiques sur glace hors du commun. Je me suis laissée bercée par leur glisse, leur musique, dans les paillettes des championnats européens et olympiques.



Puis, persévérante, j'ai repris à zéro L'hiver à Lisbonne. Peu à peu, je me suis acclimatée, je me suis souvenue de ma jeunesse au quartier latin, de caves de jazz confidentielles, et j'ai été happée par certains passages fascinants – cette écriture éthylique ou onirique envoutante -, sauf que je ne pouvais pas lire longtemps car je n'arrivais pas à bien m'accrocher dans ce récit lent, fragmenté et elliptique. J'avais du mal à appréhender l'idiosyncrasie singulière d'Antonio Muñoz Molina.



J'ai mis un temps fou à lire ce petit bouquin car je devais m'arrêter souvent, et pourtant je ne cessais d'y penser et d'être impatiente de le reprendre.



L'hiver à Lisbonne est une oeuvre poétique qui me semble assez difficile d'accès, se prêtant à plusieurs interprétations, qui s'adresse à un certain type de lecteurs.



Au final, j'ai beaucoup aimé, c'est une oeuvre originale. Je reviendrai vers Antonio Munoz Molina, notamment pour « Tes pas dans l'escalier », qui résonne dans ma tête. Un homme attend une femme à Lisbonne…



Curieuse d'avoir des retours…
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L'hiver à Lisbonne

Sorte de roman psychologique, très intimiste. Pas très "crédible" de mon point de vue. J'ai trouvé ça finalement assez ennuyeux.
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