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Citations de Arnaud Dudek (122)


Victor approuve, complice. Dans trente minutes, un décilitre de sang leur sera prélevé, mais plus tard il y aura du sucre, il y aura du beurre, il y aura du réconfort. La dune contre le vent. 
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Il faut croire que même le déséquilibre peut se déséquilibrer.
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Il devrait s'en aller, marcher longtemps et loin, vers la forêt, vers les perdrix, se frictionner longtemps de paysage. 
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Le dossard 245 s'élance. Victor se lève. Une course rendue, hurle le commentateur, une course rythmée, et un saut long, long, long, À treize ans, Victor ignore que l'athlétisme devient un marché aux esclaves moderne, que les stratégies sont économiques avant d'être sportives. que l'effort est le carburant d'une immense machine à produire du spectacle. Victor ne sait pas que le sauteur en longueur qui l'émerveille à l'écran est en guerre contre sa fédération à cause d'une histoire d'équipementier et de sponsor - il ira, plus tard, perché sur la plus haute marche du podium, jusqu'à s'enrouler dans un drapeau, aucune once de patriotisme, non, il cachera ainsi le logs d'une marque qui n'est pas celle qui lui permet de vivre dans une luxueuse propriété de douze millions de dollar avec gymnase privé. Victor a bien le temps de découvrir les bassesses du sport. Il ne voit, à cet instant, que l'infinie beauté d'un homme qui se prend pour un aigle l'espace de quelques secondes, il quitte la terre, échappe à la gravité. Il ne voit que cette silhouette rouge sans défaut qui semble aspirée par le ciel, puis se pose aussi délicatement qu'une plume dans le sable du sautoir, sous les yeux et les objectifs de millions d'individus qui n'ont presque jamais quitté la terre. Les mains de Victor se sont posées devant sa bouche. Ses yeux brûlent; il les fronce comme s'il était placé en pleine lumière, ses grands cils vibrant continuellement. Sur ses rétines est encore imprimé le saut parfait de l'athlète cubain. 
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C'est l'été malgré tout, la lumière dorée souhaite une bonne nuit aux moustiques et aux troènes, le sommeil chasse l'ennui, on rêve des montagnes que l'on veut gravir, des chemins qui feront quitter une commune de cinq mille huit cent cinquante-six habitants qui se compose de trois hameaux distincts, a été pillée par l'armée française de Louis XIV, s'est développée grâce à l'activité de l'industrie charbonnière, compte deux lignes de bus, et affiche un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne du pays. Qu'ils rêvent, Victor, les Rojas et les autres, parce qu'il n'y a rien de mieux à faire par ici. Rêver, ce n'est déjà pas si mal.
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Mon salaire ne suffit sûrement pas à payer ses chaussures fluorescentes, songe le père. Il doit avoir pas mal de médailles dans ses tiroirs, suppose le fils. Oublié le pain mou et le chausson aux pommes ; une lumière s'est glissée dans leur ombre, et tous deux s'en nourrissent.
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Voilà Forgeron au beau milieu de l’immense terrain qui entoure la piste : il hurle dans un porte-voix tandis que ses protégés s’agitent dans tous les sens.

– Etre un athlète, c’est mettre son cœur sur la table, à chaque fois ! Alors bougez-vous le cul ! Au moindre faux pas, la porte se refermera ! Il n’y a que le petit nouveau qui court ? Oh, les autres, vous faites quoi, bordel ?

Un jeune homme de taille moyenne, corps imberbe, torse d’haltérophile, nuque de taureau, se prend la tête à deux mains. He’s crazy. L’entraîneur devient rouge :

– Zatov, t’as oublié que je lis sur les lèvres et que je parle anglais ? Tu me fais trente pompes maintenant !

Zatov montre ses dents pointues, puis s’exécute.

Cinq minutes plus tard, Jésus réunit son troupeau autour de lui. Les corps sont fatigués, pliés à l’équerre, mains sur les genoux.

– Vous êtes des putains de privilégiés, ici, psalmodie Forgeron, essayez de vous en souvenir. Allez, on reprend ! Si vous êtes fatigués, rentrez dans votre putain de pays et laissez la place à d’autres !

Il conclut son sermon en frappant ses mains, hop, dispersion.
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Cela jaillit comme du soda gazeux d’une bouteille qu’on aurait secouée vigoureusement : sans prendre le temps et le souffle de ponctuer sa phrase, Victor lance un beau jour à son père qu’il veut s’inscrire au club d’athlétisme du chef-lieu de département, à 15 kilomètres de chez eux. Pour lancer, pour courir, mais aussi, mais surtout pour sauter, c’est hyper méga bien, le saut en longueur.
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Si la certitude est un pays, l'esquive est un empire – et mon père maîtrise cet art aussi bien que le badminton.
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Vous pouvez faire de grandes petites choses.
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Des hommes, des femmes un beau jour nous bousculent, explique Maxime, s’installent à notre table, froissent nos draps, mélangent nos habitudes aux nôtres, des intimités s'enchevêtrent, nous nous confions à eux comme jamais, nous pensons qu'ils vont marquer durablement nos corps et nos âmes mais la minute d'après ils s'évanouissent comme des fantômes, sans laisser de traces, ou si peu, livre oublié sur la commode de l'entrée, mélange de fleur d'oranger et de bois de cèdre persistant imprégné sur un foulard, culte voué à un film sorti en 1947 dont la scène la plus célèbre a lieu dans un labyrinthe de miroirs, chanson espiègle que l'on fredonne parfois sous la douche, et que l'on finit par oublier, comme - c'est à peu près tout.
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Choix de courrière ou choix politique, ne tranchons pas, du moins, pas encore.
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Quand j’ai été élu, je me rêvais en chef d’entreprise de ma ville. Or j’ai l’impression de n’être qu’un prestataire de services… Entre les citoyens et leur maire, on est de plus en plus dans une relation individualiste, consumériste… 
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« Que diable allait-il faire dans cette galère » …tu situes ? Les Fourberies de Scapin ? Non ? On a transféré presque toutes nos compétences à la communauté de commune. On ne décide plus car c’est l’intercommunalité qui pilote, mais c’est à nous de faire passer ses décisions… Un maire ne fera plus trente ans de mandat parce qu’il va s’emmerder royalement. La fonction perd de sa saveur, de son sens. Bon, c’est mon point de vue de petit maire…
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La politique, au fond, ce n'est pas différent de l'écriture. Bon nombre de gens ont des idées pour le pays. De même, bon nombre de gens écrivent. Mais à un moment s'opère une sorte de bascule, et c'est assez mystérieux. on se dit que nos idées, que nos pages peuvent intéresser d'autres gens. Qu'elles peuvent faire du bien. Alors on tente d'être lu, ou bien on tente d'être élu. Après, ce n'est qu'une question d'échelle. Quatre cents, dix mille, un million d'exemplaires. Une commune, un département, la France.
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Certains silences sont des libellules enfermées dans des sous-sols immenses
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Arnaud Dudek
Je descends le boulevard et ses longues façades blanches. J'ai des frissons. J'aimerais que quelqu'un me tape sur l'épaule et m'explique ce que je dois faire.
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De quoi parlaient-ils déjà ? Ah oui, de la jolie Fanny. L'un commence à l'aimer. L'autre l'aime encore. En d'autres temps, cette histoire se serait réglée sous la lune, en présence de deux témoins, avec des sabres ou des revolvers. Loué soit le progrès.
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Les Moreno, on ne les connaît pas encore, mais on a envie de les trouver attachants. C'est le problème, avec les vieilles personnes. Elles ont peut-être commis les pires atrocités dans leur passé, volé des sacs à main, détroussé des handicapés, préparé des attentats, eh bien, c'est comme si leur grand âge les absolvait de tous leurs péchés.
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Il règne dans la quartier une atmosphère de dimanche matin, nul bruit n'émane de nulle part, quelqu'un a dû débrancher le fond musical des rues, les cris des écoliers et les bruits des pots d'échappement.
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