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Critiques de Auriane Velten (103)
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Cimqa

Je ne suis pas friand de récits de science-fiction, mais comme celui-ci se trouvait dans le top de l’année de lecteurs qui affectionnent également d’autres genres, je me suis laissé tenter par ce roman qui alterne deux lieux/temporalités, « Ici » et « Là-bas ».



« Ici », un beau matin, le monde de la petite Sarah et de sa maman se retrouve totalement chamboulé. C’est d’ailleurs la planète entière qui semble être affecté par ce phénomène étrange qui a subitement rétréci la vision périphérique de tout le monde, tout en causant des pertes d’équilibre inexplicables. Apparemment, une nouvelle dimension vient de faire son apparition sur Terre, bousculant du coup les quatre autres. Une fois habituée à l’émergence de cette cinquième dimension, celle de l’imagination, la petite Sarah montre des capacités incroyables à matérialiser n’importe quelle créature issue de son imagination… un pouvoir qui fait certes peur, mais qui attise également les convoitises.



« Là-bas », dans le futur, Sara travaille comme technicienne de la Cimqa et utilise son imagination afin de matérialiser les décors et les créatures de grandes productions cinématographiques. Malgré sa créativité débordante et son amour du métier, la quinquagénaire a beaucoup de mal à laisser libre cours à son talent au cœur de cette industrie du divertissement qui veut surtout générer du profit en essayant de plaire au plus grand nombre, au détriment de l’émerveillement et de la créativité.



En alternant constamment ces deux récits au fil des chapitres, « Cimqa » propose une réflexion intéressante sur la place de l’art dans notre société de consommation. Auriane Velten montre d’une part les possibilités incroyables du talent de la petite Sara, qui ne pose aucune limite à son inventivité, et de l’autre cette femme proche du burn-out, exploitée par une industrie du divertissement totalement aseptisée par une surproduction visant uniquement à générer du chiffre. Que reste-t-il de l’art quand tout le monde finit par produire les mêmes films, quand la standardisation finit par détruire la créativité ?



Outre le contraste entre cette petite fille pétillante et lumineuse et cette adulte sombre et lessivée, qui invite à réfléchir sur la place de l’art et sur les dérives de notre société capitaliste, le lecteur s’interroge également sur le lien qui pourrait unir ces deux personnages aux prénoms homonymes. Du coup, malgré quelques longueurs et une Sara adulte finalement assez déprimante, le lecteur est inévitablement entraîné vers la conclusion de ce récit d’anticipation original et intelligent.
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After®

Ce que je préfère dans la SF ce sont les romans post-apocalyptiques. Certes, beaucoup d'auteurs ont écrit dessus à tel point qu'il est rare de voir des scénarios vraiment originaux émerger. C'est vrai. Mais les visions offertes de cet après qui nous pend au nez ont le don souvent de me fasciner. Sans doute parce que je lis assez peu de SF et que je suis du coup bon public. Je m'enthousiasme, mi- fascinée mi terrifiée, en véritable éponge je garde en moi, telles de drôles de collections, les images proposées. J'y pense souvent. Visions désertiques, visions sous-marines, visions optimistes, visions catastrophiques… after® ne fait pas exception et je vais garder longtemps les images de la Terre dans 3000 ans imaginées par la jeune Auriane Velten dont il s'agit du premier roman. Les images mais aussi le mode de vie, l'organisation sociétale que l'auteure propose. Fascinant…



J'ai profondément aimé ce livre. J'ai pu l'apprécier à sa juste valeur parce que je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Tout s'éclaire peu à peu, au fur et à mesure de la progression de l'intrigue. C'est subtil et dévoiler certains éléments serait détruire cette découverte progressive qui m'a énormément plu et fascinée.



Le « tout » que j'évoque englobe à la fois notre devenir en tant qu'humains (que sommes-nous devenus des milliers d'années après ? comment vivons-nous ?) et en tant que société (quelle forme d'organisation suivons nous ? quelle technologie utilisons nous ?). Il englobe également notre humanité (quels sont les rapports entre les gens, entre les hommes et les femmes, avec les animaux, la nature ?), notre mémoire collective (Quel lien entretenons nous avec le passé ? Où en sont les connaissances scientifiques et techniques ?). Ce tout est abordé sous un angle philosophique, psychologique mais aussi poétique. Et c'est également ce qui fait la richesse de ce livre.



Sans dévoiler l'intrigue, voici le contexte de départ du livre : un grand cataclysme a décimé l'humanité qui vit aujourd'hui, à l'écart des terres renoncées, une utopie collective autour d'un baobab, le reste du paysage étant monochrome, terre ocre et végétation racornie. Nous nous situons dans 3000 ans. le millier d'humains restant suit aveuglément le Dogme dont il récite les mantras, ensemble de règles qui les empêchent d'exprimer leurs sentiments, d'être curieux ou créatifs, les humains doivent rester humbles, modestes, impassibles, égaux avec « touts » (humains, nature, animaux) sous peine de de se faire ôter leurs souvenirs. La curiosité, l'impatience, la colère ou la joie sont considérés comme étant hérétiques. Les humains sont ainsi strictement égaux et vivent en harmonie avec la nature jusqu'au jour ou Paule et Cami reçoivent pour mission d'explorer les terres renoncées.



« Une chose s'agite en moi. Ce sont des sentiments, je crois. Des choses que je ne suis pas censé éprouver. Je discerne une sorte de joie, d'avoir été choisi, et il y a aussi de la culpabilité, bien sûr. Et une sensation encore plus étrange, et désagréable ».



« Je sens une excitation monter en moi, impie, car “la tempérance, en toute occasion, est mon guide”, mais je n'ai jamais passé une nuit hors du village, loin de mes pairs et de la rassurante massivité des silos, érigés comme une forêt protectrice de notre sommeil ».



Le livre peut être déroutant au début car l'auteure a fait le choix d'une écriture inclusive, non pas celle que nous connaissons, qui parle par exemple d'ami.e.s (aucun mots à point ici) mais Auriane Velten a supprimé les « il » ou les « elle » pour des «ile » (que je prononçais ilé et qui renvoit au pronom « iel » employé parfois aujourd'hui), les « un » ou les « une » pour des « an », et les « mon » et « ma » pour « man » …J'ai joué le jeu (moi qui ai du mal avec l'écriture inclusive) en m'imprégnant et chose étonnante cette écriture m'a permis véritablement de rendre les personnages asexués. Je les imaginais physiquement neutres, non genrés. C'est une expérience intéressante : comment l'écriture peut modifier notre vision des choses. Et ce n'est pas qu'une posture de l'auteure car l'écriture inclusive fait sens ici étant complètement liée à l'histoire et à l'intrigue.



J'ai aimé les réflexions philosophiques sur la beauté, sur l'art, sur ce qui fonde notre humanité. J'ai apprécié l'univers dépouillé (on pourrait dire Lowtech) dans lequel nous plongeons, assez éloigné du nôtre, l'introspection et l'évolution des deux personnages. J'ai trouvé intéressants les points de vue alternés entre Cami et Paule, leurs pensées et leur psychologie que nous suivons tout à tour lors de cette quête. C'est un livre beau et touchant qu'il est impossible de lâcher une fois commencé. Sans parler de la couverture, magnifique, avec son somptueux baobab rouge.



« Son sérieux, sa rectitude ne forment que les couches extérieures, conformes à ce qu'ile devrait être, qui enveloppent un noyau limpide, prêt à tout admirer. Et puis, surtout, il y a cette envie de faire – ou, plutôt, de créer. Personne ne fait, n'a jamais fait, cela. Depuis plus de trois mille ans, nous ne faisons que répéter les mêmes gestes, et vivre des journées toutes identiques. Parce que, créer, c'est prendre un risque. Moi, je n'oserais pas ».







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Cimqa

Auriane Velten m'avait fortement interpellée avec son premier roman « after® », lauréat du prix Utopiales en 2021. C'est ainsi avec un immense plaisir et beaucoup de curiosité que j'ai accepté de lire son nouveau roman en me demandant si l'univers très futuriste (la Terre dans 3000 ans) proposé dans « after® », composé d'humains non genrés et fortement conditionnés, dénués de sentiments, allait trouver de nouvelles ramifications dans ce deuxième opus. Je remercie très chaleureusement les éditions Mnémos pour m'avoir proposé de découvrir ce nouveau livre et de m'avoir accordé leur confiance.



Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette jeune auteure sait se renouveler. Si nous restons dans un livre d'anticipation, le futur est cependant plus proche, puisqu'il se déroule dans plusieurs décennies, et par ailleurs, ce livre est très différent du précédent tant dans l'histoire que dans l'ambiance créée. Point d'utopie collective autour d'un baobab cerné de terres brûlées moribondes, mais une histoire plus simple et réaliste, plus proche aussi en ce sens qu'elle résonne avec notre monde actuel, qui m'a laissée songeuse, une question lancinante notamment est venue me hanter : La nature humaine est-elle à ce point mauvaise de vouloir ainsi toujours transformer une belle opportunité, ou une innovation radicale, en une source de profit potentielle qui, exploitée à l'excès, conduit à des dérives, des souffrances, une perte de sens, voire une perte d'humanité ?

Les exemples sont légion. Prenons la méthanisation par exemple, voilà une pratique qui produit de l'énergie non fossile, un gaz combustible, en utilisant nos déchets organiques qui, en se décomposant en l'absence d'air, fermentent et dégagent ainsi une source d'énergie renouvelable. Sauf que cette pratique vertueuse qui s'inscrit en plein dans l'économie circulaire souffre de dérives pernicieuses : vu les profits possibles, on assiste ainsi à l'accaparement des terres pour produire de l'énergie au détriment de l'alimentation, ou à l'élevage intensif de bovins dans des conditions effroyables dans le seul but de récupérer toujours plus de déjections, occasionnant par là même odeurs incommodant les riverains et souffrance animale.



Bref, mes sujets du moment (la méthanisation notamment) me sont venus à l'esprit en lisant ce livre…qui n'a rien, mais vraiment rien à voir avec la méthanisation, je vous rassure. Mais le principe dénoncé est le même : une opportunité incroyable est transformée en une source de profit qui devient, à force, dénué de sens et d'éthique.



Cette opportunité est celle de la découverte et du contrôle d'une nouvelle dimension, la dimension de l'imagination et des possibilités insoupçonnées de créativité artistique qu'elle engendre.

Cette nouvelle dimension est apparue un jour subitement. Tout à commencer alors que la petite Sarah et sa mère se réveillent un matin atteintes toutes deux de vertiges, de pertes d'équilibre. Elles comprennent peu à peu que tous les humains semblent toucher par ce phénomène étrange qui rétrécit la vision périphérique donnant une sensation angoissante d'être dans un tunnel. Après quelques jours, la vie reprend son cours sauf que des individus, dont Sarah, sont sujets à des hallucinations particulières : la fiction, le fruit de leur imagination, devient réalité. le Repli, comme nous appelons désormais le phénomène inexpliqué vécu quelques temps auparavant, a en effet rompu les frontières entre réalité et imaginaire, permettant au monde parallèle de l'imagination d'oeuvrer dans notre monde. Cette faille bouscule les quatre premières à savoir longueur, largeur, hauteur et temps. C'est la 5ème dimension.

Très sincèrement, je ne sais pas si les explications données par l'auteure sont un tantinet crédibles, mais l'idée est séduisante et poétique et surtout ce n'est pas tant l'explication qui importe que ce que cela va engendrer, le livre flirtant en réalité entre science-fiction et fantastique.



Le livre tricote alternativement une maille à l'envers et une maille à l'endroit…Un chapitre consacré à Sarah, cette petite fille qui arrive avec talent à faire surgir tous les personnages aimés de son enfance depuis la Fée Clochette au gentil dragon, en passant par des lutins ou encore la panthère Bagheera. Nous suivons son évolution jusqu'à sa majorité. Les chapitres dédiés à Sarah sont des chapitres lumineux dans lesquels nous suivons avec délice les facéties de la jeune fille avec son amie Ada, les possibilités incroyables que permet son talent, l'audace inventive dont les deux amies font preuve. le chapitre suivant consacré à Sara, femme d'une cinquantaine d'années, technicienne de l'entreprise Cimqa qui produit des films et des publicités. La femme utilise son imagination pour produire les décors et les créatures, les édifices, le but étant de produire des éléments censés plaire à la majorité des spectateurs. Très investie dans son travail, anxieuse et fragile, elle sent cependant, dans sa manière de toujours devoir plaire au public, que cette activité chronophage la mine plus qu'elle ne l'épanouie.

Le lien entre Sarah et Sara va progressivement émerger. L'auteure, en donnant alternativement la parole à chacune, entretient savamment le suspense. A l'émerveillement fraîche et innocente de la première répond la lassitude désabusée, la liberté étouffée de l'autre.



Certaines thématiques présentes dans « after® » se retrouvent dans ce livre notamment celles liées au genre. Pas d'écriture inclusive cette fois-ci (sauf à quelques rares moments, ce que je n'ai pas compris, serait-ce des oublis ?) mais une dimension centrale accordée à l'homosexualité féminine.

Place belle est faite à toutes les interrogations qui traversent la jeune génération actuelle, la fameuse génération Z : celle du sens du travail et de l'épanouissement au travail, de la compromission de plus en plus insupportable pour cette génération de devoir sacrifier bien-être et vie familiale pour juste gagner sa vie au moyen d'une activité dénué de sens ; le questionnement relatif à la liberté d'expression et de création ; celle de nos vies personnelles où la frontière entre vie privée, vie professionnelle et vie sur les réseaux est parfois difficile à délimiter ; ou encore celle de l'importance croissante des écrans et des jeux vidéo. Elle aborde avec beaucoup de délicatesse l'intime dans ce contexte où les frontières entre privé et public sont poreuses.



« Elle avait envie de hurler : survivre ne me suffit pas ! Parque qu'elle ne supportait plus ce corset de la peur. Elle se sentait limitée, obligée, détournée. Elle ne voulait plus avoir à penser à l'argent, et à sa retraite, et aux prédictions, et aux chiffres de vente. Elle ne supportait plus de devoir. Elle avait besoin de pouvoir. Et de créer ».



Dans ce livre, Auriane Velten dénonce enfin avec brio cette façon de faire de l'art à la fois une source majeure de profit, un outil d'asservissement et un outil de pouvoir. L'art était déjà un sujet très présent dans son précédent livre. Elle propose ici une réflexion riche et pertinente sur la place de l'art et sa marchandisation au sein des sociétés capitaliste, mais aussi sur la perception du beau et la compromission de créer pour la majorité et non pour soi.



Cimqa est ainsi un livre de science-fiction doux et agréable, intimiste, dans laquelle l'imagination est superbement mise à l'honneur, à la fois encensée lorsqu'elle est libre et innocente, et dénoncée lorsqu'elle devient source de profit et de pouvoir. Et pour en parler avec autant de plaisir, avec autant de beauté, avec autant d'audace, c'est certain, Auriane Velten en fait preuve elle, d'imagination, et qui plus est d'une imagination tout à fait singulière !





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Cimqa

J’ai souvent du mal avec les romans qui célèbrent « le pouvoir/l’importance de l’imagination » : j’ai tendance à les trouver, paradoxalement, assez convenus et dépourvus d’imagination. C’est donc avec une légère réserve que j’ai abordé Cimqa – réserve compensée par un pitch prometteur, un a priori favorable pour l’autrice (jamais lue, mais déjà entendue en entrevue), et l’excellente critique de @Lenocherdeslivres. Il n’en fallait pas plus pour que je craque quand l’ouvrage est passé entre mes mains.



On alterne à chaque chapitre entre deux mondes et/ou deux époques différentes, Ici et Là-bas : dans l’un, l’une des trois dimensions spatiales se replie légèrement et laisse la place à une nouvelle dimension, celle de l’imagination. Sarah, six ans, découvre qu’elle peut matérialiser des créatures fantastiques durant quelques secondes. Émerveillée, elle explore les possibilités de ce nouveau pouvoir… Dans l’autre, la cinquième dimension est très règlementée et très codifiée, avec une mainmise presque totale de l’industrie du divertissement. Sara, cinquante ans, est une créatrice de « cimqa » et enchaîne les contrats, avec une liberté créative très réduite. Malgré le soutien de sa compagne Eva, l’anxiété et le burn-out la gagnent…



Évidemment, l’on se demande quel est le lien entre Sarah et Sara, mis à part leurs prénoms et leur aptitude à utiliser la cinquième dimension… Est-ce la même personne à deux moments de sa vie? Des doubles parallèles dont les univers sont reliés par la cinquième dimension? Même si vous devinez ce qu’il en est vraiment avant la fin (ce qui a été mon cas), ça n’en reste pas moins élégant. Certains éléments restent toutefois nébuleux, à moins que j’aie raté quelque chose



Difficile de rater la critique de l’industrie cinématographique, ainsi que de l’exaspérant penchant du capitalisme à s’approprier les plus belles innovations pour en faire de la bouillie pour chats, des machines à broyer les individus ou des armes de destruction massive. À l’ère des franchises, l’industrialisation de la cimqa rappelle fortement le modèle hollywoodien et notamment Marvel (qui est d’ailleurs quasi-explicitement cité). Mais on pourrait sans doute étendre cette critique à d’autres industries du divertissement populaire, toutes celles considérées comme des usines à saucisses montées pour les actionnaires plutôt que comme de l’art…



Les protagonistes sont touchantes, j’ai beaucoup aimé suivre l’évolution de Sarah et Sara ainsi que de leurs compagnes respectives. À la lecture, les dialogues entre Sara et Eva m’ont d’abord paru poussifs, mais quelques semaines plus tard, leur relation tout en écoute, empathie et compromis divers me reste bien en tête, donc j’en conclus que l’autrice a réussi à toucher quelque chose. La relation entre la jeune Sarah et sa mère aussi m’a parue très réussie, à mille lieues des clichés habituels.



L’ensemble est plutôt bien écrit malgré quelques tics d’écriture qui m’ont fait sourciller (« la technicienne », « la charpentière »…). Je suis aussi perplexe de constater que l’autrice a situé l’action en Angleterre : savoir que les personnages parlent en anglais version originale, ça fiche un peu par terre le jeu de mots du titre et toute la conversation qui y mène.



Mais somme toute, j’ai passé un très chouette moment avec Cimqa. Au point que j’en viens à me dire que même les thèmes les plus éculés peuvent encore être traités d’une manière originale, intéressante et émouvante.
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After®

La science-fiction est un genre littéraire qui m'a toujours séduite. La critique particulièrement convaincante de HordeduContrevent a été le déclencheur de cette lecture. Et c'est avec impatience et curiosité que je l'ai commencé.



Ce roman post-apocalyptique m'a charmée par l'originalité de son écriture et de son intrigue. En effet, on part totalement à l'aventure, ne sachant pas du tout où l'auteure veut nous emmener. On va ainsi de surprise en surprise pour aboutir à un dénouement étonnant.



*

Après l'Apocalypse, le monde n'est plus comme nous le connaissons. Les rares survivants se sont regroupés autour d'un baobab et suivent à la lettre les enseignements du Dogme. Toute initiative, toute curiosité sont prohibées et condamnées.

Chaque parole est mûrement réfléchie afin de ne pas paraître trop présomptueux, vaniteux.



« … la communauté s'est développée autour de son tronc gigantesque. Nous l'avons vu naître et croître, il est un peu comme notre enfant, ou du moins an membre de notre famille. Il a vécu presque aussi longtemps que nous, et nous est donc plus proche que n'importe quoi d'autre sur cette terre. En tout cas, je ne vois pas d'autre explication rationnelle à l'attachement que nous éprouvons à l'égard de ce vieil arbre. Les autres villageoies auraient peut-être des idées différentes. Mais illes ne réfléchissent pas à ce genre de chose – et illes ont raison, eulx savent se raisonner, et se rappeler que les sentiments sont choses trop mystérieuses pour que nous puissions les percer à jour. Vouloir les comprendre est sûrement une entorse au Dogme et une nouvelle preuve de mon immodestie. »



Cami fait parti de ces très rares individus qui doivent se réfréner, se contraindre continuellement afin que leur curiosité naturelle et leur intelligence ne les fassent pas paraître arrogants, supérieurs, ou condescendants.



« Ile a raison : mon attitude est égocentrique, antidogmatique, hérétique. Mais je ne vois pas en quoi je nuis à la communauté ! »



Lorsque le Conseil lui confie la mission de retrouver des connaissances de l'Ancien temps dans les Terres Renoncées, il est très enthousiaste. Et même s'il doit se faire accompagner de Paule, garante du respect au Dogme, c'est pour lui l'occasion d'en apprendre plus sur son passé et le cataclysme qui a frappé la Terre.



« Avant de partir, j'étais aveuglé par les potentielles découvertes à faire, et les autres étaient préoccupés par le péril spirituel, mais personne n'a évoqué les dangers d'ordre physique. »



*

Premier roman d'Auriane Velten, ce roman fait montre d'une excellente maîtrise de l'écriture, d'un style très original, d'une intrigue parfaitement menée et de belles réflexions sur les notions d'humanité, d'altruisme et de mémoire, sur les thématiques de la liberté, de l'identité, de l'art, et des avancées technologiques.



L'écriture est très singulière et constitue un des atouts de ce roman.

Le procédé consistant à alterner les deux voix des protagonistes à la première personne du singulier est particulièrement efficace.

Paule et Cami s'efforcent de paraître neutres et de ne jamais dévoiler leurs sentiments, mais cette narration nous permet d'être au plus proche de leurs émotions. On pénètre dans leur esprit, on est face à leurs interrogations, leurs doutes, leurs peurs.

Chacun ayant un regard différent sur leur monde, il est vraiment très intéressant de suivre l'évolution de leur relation, de reconstituer leur évolution psychologique, morale, et de comprendre comment chacun va influer sur l'autre et le transformer.



A travers leurs personnalités très différentes, leurs pensées, leurs émotions, le lecteur ressent toute la pression et l'emprise qu'exercent les membres fondateurs du Dogme sur cette petite communauté. Car sous ses aspects utopiques, idylliques, bénéfiques et bienveillants se cache un véritable carcan.



« Illes sont tétanisés, cloués sur place, bras et jambes rectilignes, torses immobiles : seules leurs lèvres bougent, dans une discussion sans saveur. Mais pas inintéressante à analyser.

La nouveauté leur fait toujours cet effet. Comme illes se sentent en danger, illes se retranchent derrière le Dogme. Et leur volonté de le respecter – ou peut-être leur crainte de L'enfreindre ? – est si forte qu'elle les empêche d'émettre une idée nouvelle, alors même que leur problème est justement de savoir comment le respecter. Mais je ne peux pas leur expliquer tout cela, car ce serait aussi une infraction au Dogme. »



*

J'ai également apprécié l'utilisation d'un genre neutre qui apporte un caractère flottant et crée une distance, une confusion dans la tête du lecteur qui n'arrive pas à se les représenter dans leur globalité. Les pronoms, les déterminants, certains noms, les prénoms également, sont retouchés pour effacer toutes les appartenances à un genre.

J'ai mis un peu de temps à m'habituer à leur langage, mais c'est délicieux de ne pas tout comprendre dès le départ, de s'immerger tout doucement dans ce monde futuriste et monochromatique, de s'imprégner de ce nouveau langage dégenré jusqu'à ne plus y faire attention.



*

Pour conclure, ce roman dystopique assez court a tout ce qui faut pour séduire les lecteurs : une écriture inclusive ingénieuse, un duo atypique et attachant, une intrigue pleine de rebondissements, des réflexions philosophiques vraiment originales qui amènent à de nombreux questionnements sur notre besoin de savoir d'où l'on vient, sur les bienfaits, ou pas, du progrès.

Une très belle découverte, je me suis régalée, merci Chrystèle.
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Cimqa

« … les histoires peuvent devenir vraies. Il suffit de les imaginer assez fort. C'est pas compliqué. »



Après avoir lu et aimé l'univers d'« After® », lauréat du prix Utopiales en 2021, c'est avec beaucoup de curiosité que j'ai accepté de lire le nouveau roman d'Auriane Velten. Je ne peux que remercier très chaleureusement les éditions Mnémos pour leur envoi et leur confiance.



La grande force de cette autrice, c'est ce lacis entre un univers imaginaire déroutant mais parfaitement maîtrisé et une écriture plutôt intimiste, loin des romans classiques de science-fiction.

Ici, l'autrice propose à ses lecteurs un superbe voyage, mais pas de ceux qui, vertigineux, nous font quitter la Terre pour partir à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil. C'est une autre forme de voyage qu'elle nous offre, un cheminement dans les replis de nos rêves, dans les pliures du temps, dans les limites toujours repoussées de notre imagination et les possibilités insoupçonnées de notre créativité, de notre sensibilité.



C'est donc un récit plutôt doux, à la limite du contemplatif, avec cette question qui affleure à sa surface des mots : et si l'imagination, les rêves avaient le pouvoir de changer le cours du temps ?



*

Dès les premières pages, le décor est planté.

Le roman met en scène un monde futuriste aux contours très réalistes : il pourrait ressemblait au notre si des objets et des créatures imaginaires n'apparaissaient pendant quelques secondes, sortis de nulle part, ou si, mais je vous laisse le découvrir.



L'histoire commence étrangement : une adolescente, Sarah, et sa mère se réveillent, atteintes toutes les deux, de perte d'équilibre et d'un rétrécissement de la vision périphérique créant la sensation d'un effet tunnel. Il s'avère qu'elles ne sont pas les seules à présenter les mêmes troubles, tous les humains semblent avoir été impactées par ce phénomène au même moment.

Après plusieurs jours, l'effet s'estompe puis disparaît et la vie quotidienne reprend normalement. Néanmoins, des individus sont frappés par de curieuses hallucinations collectives au cours desquelles la fiction devient réalité.



En effet, à la suite de cet évènement appelé le Repli, le monde semble en apparence intact mais il a subi en vérité de profondes mutations : les frontières de l'imagination et de la réalité se sont brisées. Pour des raisons inconnues, certaines personnes comme Sarah, ont développé des aptitudes qui leur permettent de comprendre ce Repli, l'exploiter pour faire apparaître des créatures et des objets de la vie courante, réels ou nés de l'imagination.

On est ici très clairement dans un récit de science-fiction, mais Auriane Velten y incruste des pointes de fantastique, deux univers qui m'ont toujours séduite. Ainsi, la jeune fille a trouvé la clé qui ouvre les portes du « Pays imaginaire », faisant apparaître au gré de ses envies, la petite fée Clochette, la panthère Bagheera, les dragons ou les lutins qui peuplent son imaginaire d'enfant.



« Elle ouvre grand le monde des créatures. Pour les laisser entrer, nombreuses et longtemps. Après, il n'y a qu'à relâcher, cesser d'y penser et tout revient en place. Automatiquement, comme le portail de l'école qui se referme quand plus rien ne le retient.

Sarah rouvre les yeux avec un demi-sourire. Elle sait qu'elle a imaginé de la bonne manière. Elle a su, dans une certitude absolue et éphémère, que la vérité vraie était ainsi. »



En parallèle, nous suivons une cinquantenaire vivant à Londres.

Sara travaille comme technicienne Cimqa dans une grande entreprise du divertissement et réalise des grandes productions cinématographiques, des spectacles et des publicités. Elle utilise son imagination et ses capacités de concentration pour réaliser des décors et des créatures qu'elle rend « vivant » un court moment.

C'est une femme passionnée qui s'investit corps et âme dans ce travail, elle y sacrifie sa vie intime et sa santé mentale. Elle est fragile, anxieuse, particulièrement stressée, mais également opiniâtre, volontaire, voulant faire de ses rêves et de ses désirs une réalité.



« Elle s'efforce de croire que les rêves sont inoffensifs. »



J'ai aimé ce personnage, sa vulnérabilité, sa force, la poésie de son imaginaire, la fantaisie de ses créations.



*

Le texte, construit sur l'alternance de ces deux voix, est particulièrement réussi, entretenant le suspense et le mystère autour des personnages.



Piquée par l'énigme autour de l'identité de ces deux personnages au prénom quasi-identique, j'ai été également happée par cette ambiance singulière où tout n'est pas dit, où l'autrice prend garde à nous laisser dans le flou jusqu'aux toutes dernières pages. J'ai bien senti que quelque chose me dépassait, que j'étais proche de trouver une explication simple et logique pour clarifier les liens étroits entre les deux personnages féminins dont les pouvoirs étaient identiques, pour mettre du sens à cette sensation bizarre d'être dans deux mondes ou deux époques différents.



J'ai également aimé me heurter à cette réalité perméable à l'imaginaire, l'explorer et redessiner ses nouveaux contours. Les deux points de vue, celui émerveillé et candide de l'adolescente qui donne vie à ses rêves, celui de l'adulte étouffé et entravé dans sa liberté artistique, se complètent à merveille.



Et puis, cet univers qui paraît doux et merveilleux au départ se teinte de nuances de plus en plus sombres au fil du texte pour laisser au final des effluves doux-amers.



*

« Cimqa » est un roman de science-fiction qui a des résonances avec ce que vit notre monde aujourd'hui. Dans ce monde bouleversé par l'ouverture d'un portail qui laisse les rêves, la magie et l'imaginaire se matérialiser, Auriane Velten explore l'art, la démarche artistique et idéologique, la liberté de création et d'expression, le pouvoir de l'imagination, le bien-être et l'épanouissement dans son travail.

L'autrice aborde aussi, de manière très délicate et subtile, des thématiques plus intimes, notamment les traumatismes de l'enfance, l'adolescence et la fin de l'innocence, les questions liées au genre et à la sexualité.



Par une satire sociale et politique pleine de clairvoyance et de justesse, elle nous parle des maux qui affligent le monde d'aujourd'hui : ceux de nos sociétés capitalistes contemporaines qui, tournée vers le profit, en oublie l'humain ; ceux de l'art détourné de sa vocation première pour devenir un outil de pouvoir, d'oppression, d'asservissement.



*

Pour conclure, j'ai pris plaisir à lire ce roman au charme singulier, les personnages sont attachants et touchants de sincérité, l'univers imaginé par Auriane Velten est incroyablement bien pensé avec des notes poétiques piquetées d'ombres.



A découvrir pour ceux qui aiment les romans de l'imaginaire et veulent découvrir une nouvelle voix particulièrement originale.
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After®

Une impression mitigée après avoir lu After, mais globalement positive.

L'auteur a le don de nous embarquer dans un monde lointain, de décrire une Terre méconnaissable, une humanité nouvelle, bref tout ce que l'on aime dans la SF. Cette partie là est maîtrisée. Tout comme l'histoire, la relation entre les personnage.

Mais ce travail indéniablement qualitatif est desservi par un parti pris que j'ai trouvé très laborieux, celui d'introduire une "novlangue" pas très esthétique et usante, qui m'a obligée plusieurs à interrompre ma lecture alors que j'ai l'habitude de me plonger une heure ou deux dans un bouquin. Mais peut-être d'autres que moi s'y retrouveront-ils mieux?

Une belle expérience et une belle plume SF malgré tout.



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Cimqa

Il était une fois… une ouverture dans le monde, un gauchissement d’une porte qu’on ignorait et qui permet d’accéder à une autre dimension. Comme si, d’un coup, sans raison apparente, la largeur avait été raccourcie. Ainsi, certaines personnes se trouveraient capable de faire apparaître, dans notre monde de tous les jours, des êtres issus de leur imagination, même la plus folle, la plus débridée. Quelles possibilités ? Quelles conséquences ?



Dans les premières pages du roman, le monde tel que nous le connaissons subit un bouleversement terrible. Les gens ne peuvent même plus marcher, car ils sont déséquilibrés. On comprend rapidement qu’une dimension a été modifiée. La largeur n’a plus la même taille. Du coup, toutes les perceptions sont modifiées. Mais après quelques jours, les femmes et les hommes s’habituent et tout revient à la normale. Enfin, pas tout à fait. Car Sarah, et d’autres, parviennent à donner vie, pendant onze secondes au maximum, à des créatures totalement imaginaires : dragons, fées, tous ces êtres qui peuplent les esprits des enfants (et des adultes) prennent vie, brièvement, devant les yeux médusés de leur entourage. Ce beau conte de fée peut-il rester dans le domaine du merveilleux ? Quand les adultes et les sociétés vont s’en emparer, que restera-t-il ?



En effet, Cimqa est un roman sur l’enfance, ses rêves, ses espérances et ce que le monde adulte, les sociétés corsetées en font. Une histoire qui veut tenter de croire, encore, à l’émerveillement de la jeunesse face aux compromissions, aux haines, aux bassesses des grands. Le récit suit les pas de Sarah et d’Ada, deux jeunes filles capables de créer des personnages saisissants. Deux jeunes filles qui ont totalement intégré les possibilités de cette nouvelle dimension, la Cinquième, qu’elles préfèrent appeler entre elles le « Pays ». Là encore, on sent bien qu’on est dans l’univers des contes, au pays merveilleux où tout est possible, où seule l’imagination imprime ses limites. C’est à dire aucune, car, surtout à cette âge, elle est débridée, fantasque, infinie.



Mais, comme je l’écrivais plus haut, Cimqa est le récit d’une lutte entre deux visions du monde. On le découvre tout au long de l’histoire de Sarah et d’Ada. Mais aussi en lisant l’axe parallèle. Car un chapitre sur deux nous projette dans un monde : de « Là-bas (Ici) », on passe à « Ici (Là-bas) ». Ce dernier semble être l’avenir, mais on n’en est pas sûr, du moins au début. D’ailleurs le lien entre les deux histoires ne se montrera de façon certaine que sur la fin du roman (même si, bien évidemment, de nombreux indices – voire des faux – parsèment les pages et font sens au fur et à mesure). Sara (sans « h ») et Eva forment un couple solide malgré les différences énormes de passions entre elles : la première vit du et pour le cimqa, le spectacle vivant modelé grâce à l’imagination des artistes. C’est devenu une industrie de masse, avec gros budgets et obligation de réussite. La seconde est ouvrière, solide, syndicaliste engagée dans la lutte contre les inégalités. La première ne s’intéresse que peu aux réalités sociétales, vivant dans son monde imaginaire. La seconde a comme une phobie du cimqa : elle peut paniquer devant certaines apparitions et s’en tient donc éloigné. Par des concessions et beaucoup d’empathie et d’amour, elles vivent bien.



Cependant, tout n’est pas rose. Ici, la découverte de Sarah est devenue monnaie courante. Mais elle est contrôlée par les autorités. On ne peut, sauf à de rares occasions, petits moments de liberté, exposer en public ses créations. Si on veut vraiment créer pour les autres, il faut travailler pour une société de cimqa et participer à de grands spectacles. Le cinéma en vraies 3D. Magique, non ? Sauf que des limites sont imposées aux créateurs. Ils ne peuvent imaginer exactement ce qu’ils veulent. Les goûts présumés des spectateurs, formatés à base de sondage, prévalent sur l’originalité. Et tout cela devient une soupe homogène, sans accroc. Tout le côté rugueux, poil à gratter de certaines idées doit disparaître. Tout ce qui ne correspond pas çà la norme doit s’effacer. Des critiques que l’on peut appliquer à la production publique audiovisuelle actuelle qui n’ose pas souvent et flatte dans le sens du poil un public présumé amorphe et hésitant devant le moindre changement. Et tout cela mine Sara, qui ne supporte plus ce carcan.



Comment Auriane Velten parvient-elle à lier ces deux trames ? Pour le savoir, une seule solution, se plonger dans ce roman prenant, qui sait nous ramener en enfance sans nous prendre pour des gosses. Qui sait jouer avec nos rêves tout en nous faisant réfléchir au monde dans lequel nous vivons. Une belle histoire aux doux accents de rêves enfantins qui tentent de jouer leur mélodie dans la partition plus normée des adultes.
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After®

J'ai tout de suite craqué pour ce livre : un titre intrigant par la présence du symbole d'une marque déposée, une belle couverture, atypique pour un roman de science-fiction et une quatrième de couverture tentante.

Pour les besoins de l'univers qu'elle dépeint Auriane Velten invente une variante de l'écriture inclusive, c'est malin, parce qu'au début on est gêné mais on ne s'interroge pas plus que ça sur les raisons de la présence de cette écriture. On s'y habitue assez bien, par contre elle abuse à outrance des pronoms (ou plutôt du pronom ile – pour il/elle) : très vite elle fait alterner deux narrateurs à la première personne, Cami et Paule. Ces deux personnages sont souvent seuls ensemble, donc quand je, c'est Cami, iles, c'est Paule, et vice-versa. le problème c'est que quand il y a plusieurs pages sans aucun prénom, avec en plus des dialogues, le lecteur est perdu. Parfois c'est certainement volontaire, pour créer un doute, mais c'est aussi un tic d'écriture, un peu plus d'emploi des prénoms n'aurait pas été un luxe.

La deuxième partie m'a paru bâclée, avec des événements qui s'enchaînent de façon confuses ou trop faciles, une vision un peu trop manichéenne, une absence totale de la description du cataclysme, beaucoup de raccourcis et de facilités. Les personnages ont gagné en épaisseur, mais tout cela aurait mérité bien plus de pages.

Quel dommage parce que la première partie était très réussie. Je ne voudrais pas divulgacher mais c'est une sorte de croisement entre Un cantique pour Leibowitz, le temps d'un souffle, je m'attarde et le premier tome de Nous sommes Bob. Rien de très nouveau pour la thématique mais très habilement mis en scène, avec une société originale qui en plus a des airs utopiques, reposant sur la paix, l'égalité et le partage. Utopique mais très dogmatique, et qui se révélera toute autre et de ce que le lecteur croyait et de ce que ses propres membres pensaient. On ne comprend vraiment l'univers futur qu'en creux, par déduction, à la suite des réflexions, des actions et des interprétations de notre monde lorsque Cami et Paule jouent aux archéologues. Cette partie là est vraiment bien réussie avec une écriture très intelligente. Pour un premier roman c'est plutôt prometteur.
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Cimqa

Merveilleux. Voilà un qualificatif qui sied parfaitement au deuxième roman d’Auriane Velten, dans tous les sens du terme. Cimqa, derrière ce nom étrange se cache un bijou de la littérature dite de genre, qui mérite que tous les yeux s’y posent.



Savez-vous ce qu’est la cinquième ? Non pas l’ancienne chaîne de télévision française, mais une nouvelle dimension qui apparaît subitement un jour. Le monde en est chamboulé, et se doit de rechercher son nouvel équilibre avec cette faille qui bouscule les quatre premières, longueur, largeur, hauteur et temps.



Deux points de vue dans ce roman, celui d’une jeune fille qui trouve rapidement sa place dans ce nouvel espace et celui d’une femme dans la cinquantaine qui peine à trouver la sienne. Deux époques ? Deux branes ? Le mystère sera levé petit à petit.



Le récit va développer une histoire d’espace et de temps, en jouant avec poésie sur leurs déformations. Pour mettre en avant cette dimension qui vient prendre sa place en poussant les autres du coude : l’imagination.



L’idée est particulièrement originale, sa manière de la mettre en scène habillement pensée et son développement magnifiquement abouti. Pour parler d’imagination, pour la mettre ainsi au centre de tout, il fallait être capable d’en faire preuve.



L’autrice éblouit le lecteur, illumine de son talent chaque chapitre pour un des romans les plus singuliers et les plus maîtrisés que j’ai pu lire ces derniers temps.



Nous sommes aux alentours de l’an 2050 quand le merveilleux s’incruste subitement dans le quotidien. A une place laissée en partie libre par la largeur. Dit comme ça, on pourrait penser à un concept fumeux, mais l’idée est au contraire aussi étonnante que bien réfléchie.



Je ne peux concevoir plus belle ode à l’imagination, à son pouvoir, à ses bienfaits, que ce roman. Une lecture fascinante qui crée elle-même des images mentales fortes, aussi parlantes que des dialogues.



Un roman tout en finesse, pas le genre à mettre l’action en avant, mais au contraire à développer le récit en émotions. Et pourtant, les surprises s’accumulent, croyez-moi, s’en est fascinant.



La puissance de ce texte est encore décuplée grâce à de nombreuses thématiques qui le traversent, toujours amenées avec subtilité et sensibilité.



On y parle de la place de l’art et de la création, de responsabilité collective, d’un vivre ensemble autrement. Mais aussi de la difficulté de communiquer, d’avidité du système, de déréliction, de traumatisme aussi. Et même, en creux, de la place que prennent les sensibility readers dans ce futur pas si lointain. Espoirs et craintes entremêlés.



Des thématiques à la fois intemporelles et très actuelles, toujours amenées pour nourrir l’histoire, avec une délicatesse vraiment touchante. Des sujets développés de manière très imagée, dans un équilibre parfait.



Merveilleux, fantastique, les qualificatifs s’accumulent, s’envolent, tous les sens en éveil.



Cimqa d’Auriane Velten est, pour moi, l’un des romans les plus enthousiasmants de ces derniers mois, une merveille offerte à tous ceux qui savent à quel point l’imagination est aussi vitale que l’air que l’on respire.
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After®

Encore un roman post apo ?

Oui, mais tellement différent et finalement plus doux que les autres.

On se situe très loin dans le futur, et seuls quelques milliers "d'humains" vivent encore en harmonie et en respectant le Dogme : pas d'écart, pas de questionnement, pas de rivalités.

Bien sûr une personne se démarque : Cami.

Et trois personnes du Conseil lui demandent quand même d'aller explorer les "terres renoncées" avec une autre pour la surveiller : Paule.

Ces deux êtres sont totalement différents : Cami bouillonne de curiosité, Paule respecte les lois et surtout le Dogme.

Ils vont aller de découvertes en découvertes sur le passé de l'humanité qui va les bouleverser tant ils n'en savent rien.

Et Paule petit à petit va évoluer, va changer.

Au delà des connaissances de leur passé qui vont ébranler et chambouler leur monde si lisse, c'est surtout un roman sur deux personnes que tout opposait, et qui vont s'entraider l'une et l'autre.

Comme une immense, forte et profonde amitié.

Et s'ils réussissent, ce sera grâce à leur volonté inébranlable.

L'écriture inclusive (que je déteste) est pour une fois pas trop gênante car le doute persiste sur leur sexe, je ne peux en dire plus.

Une belle réflexion philosophique que ce roman.

Que de "Jolisons" (on dira une sorte de Musique ici) ...




Lien : https://laniakea-sf.fr/
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After®

De l'importance du titre. Lors de la sortie de ce roman, je l'ai complétement zappé à cause du titre qui me faisait penser à la saga After. Résultat : Je n'ai même pas regardé de quoi ça parlait.

Et puis La science CQFD (SF, c'est la rentrée ! du vendredi 16 septembre 2022) a invité l'autrice (qui s'excusait presque d'être autrice) et ce qu'elle en a dit à éveiller mon intérêt. De là...



Deux personnes sont envoyés trouver des éléments sur le monde d'avant. Ils sont issus d'une communauté qui pratiquent la bienveillance et l'égalité, mais de manière stricte. Il y a des choses interdites. L'un d'eux est empli de curiosité, l'autre veille au respect de la lettre, le savant et le religieux.

Des premières pages, en résultent un post apo que l'on pense classique, un de plus sur la haute pile. En outre, quelques bizarreries émaillent le récit me faisant sourciller. Ce roman a tout de même remporter le prix Utopiales 2021, ces erreurs sont étranges...



Et tout d'un coup, tout s'explique, le roman prend une tournure résolument autre, les bizarreries étaient des indices. A partir de là, ferré je suis, il me faut savoir comment nous en sommes arrivés là et surtout pourquoi. Autre point positif, nos deux gaillards vont redécouvrir le monde d'avant et leur regard candide sur nos objets du quotidien apportent de l'humour et j'essayais de trouver ce que c'était avant le dévoilement.



Autre particularité, le roman emploie l'inclusif, mais une version différente de ce que je connaissais (le fameux iel) qui s'explique, je pense, par l'univers du livre. J'ai trouvé cela plutôt bien vu et je me suis fait très rapidement à ces nouveaux pronoms et autres. Seule la fin m'a laissé un peu sur ma faim, m'attendant a être surpris. 



Quoiqu'il en soit, une lecture agréable, lente mais pas chiante. Plutôt une bonne réussite pour un premier roman. Sur une idée assez traitée en SF, qu'est ce que l'homme, Auriane s'en sort admirablement et m'a rappelé l'atmosphère de L'Oiseau d'Amérique (Le nouveau titre est "L'oiseau moqueur" ) de Walter Tevis, ce qui est une très bonne chose.
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After®

Auriane Velten fait son entrée sur la scène de l’imaginaire francophone avec « After », premier roman atypique s’interrogeant sur l’humanité et ce qui la caractérise. La jeune autrice y met en scène une Terre régénérée, bien des années après un cataclysme qui faillit mettre fin à toute vie sur notre planète. Notre vision de ce monde post-apo est toutefois extrêmement étriquée puisque l’histoire se concentre sur une seule communauté comptant relativement peu de membres et n’ayant aucun contact avec d’autres potentiels humains. D’apparence utopique, la société telle que dépeinte ici vit en harmonie totale avec la nature et ses habitants et a érigé la modestie et l’égalité au rang de vertus suprêmes. Obéissant scrupuleusement au « Dogme », credo qui rythme leur vie depuis toujours, les membres de cette curieuse tribu partagent ainsi leur temps entre des activités essentielles à leur survie et de longues phases d’introspection, exercice qui leur permet de s’assurer de vivre conformément au Dogme et à ses règles (ne pas s’estimer supérieur aux autres, respecter son environnement, ne pas chercher de gloire personnelle…). Présenté ainsi, le quotidien de ces humains post-apo ne paraît guère passionnant, et force est de reconnaître que c’est bien le cas, sans qu’aucun d’entre eux n’en paraisse aucunement troublé. Aucun sauf Cami, personnage qui sera notre principal guide tout au long du récit et qui se démarque de ses congénères par des pensées souvent en décalage avec le Dogme et une curiosité insatiable pour tout ce qui concerne l’humanité avant le cataclysme. Et cela tombe bien, car les trois membres du Conseil chargé d’administrer la communauté lui confie une mission extraordinaire qui va lui permettre d’assouvir quelque peu sa soif de connaissance : pénétrer dans les « terres renoncées » sur lesquelles s’étaient implantés les humains avant la catastrophe afin de tenter de comprendre un peu mieux qui ils étaient et les causes de leur disparition. Sans doute conscient des failles dogmatiques de leur envoyé, le Conseil lui adjoint un autre membre de la communauté, Paule, deuxième personnage phare du roman dont la tâche consiste à aider Cami tout en surveillant son comportement afin d’éviter toute entorse au code qui régit la vie de la tribu.



Le monde post-apo tel que dépeint ici par l’autrice n’a pas grand-chose à voir avec ce que l’on trouve traditionnellement dans ce type de roman. L’humanité d’Auriane Velten n’a aucun souvenir du monde avant le cataclysme qui semble avoir détruit tout ce qui pouvait nous paraître familier, si bien qu’on pourrait presque être sur une planète totalement différente, voir dans un autre monde. Le voyage des deux protagonistes sur les terres renoncées nous offre malgré tout quelques points de repères qui nous permettent de comprendre que l’action se passe dans ce qui était autrefois Paris et sa périphérie, puisque Cami se base pour son exploration sur d’anciennes cartes faisant notamment mention de noms de musées. L’univers de l’autrice est donc très dépouillé, et il en va d’une certaine manière de même de l’intrigue qui, loin de privilégier l’action, repose en grande partie sur l’introspection des deux protagonistes et l’évolution de leur mentalité. Cela influe évidemment sur le rythme du récit qui se révèle parfois un peu trop monotone. Certes, les découvertes réalisées par Cami et Paule vont constituer des étapes narratives importantes, mais, si les objets découverts ont pour les personnages l’attrait de la nouveauté, ce n’est pas le cas des lecteurs qui peuvent parfois être déçus de voir l’histoire prendre autant son temps ou au contraire frustré du caractère très ordinaire des artefacts retrouvés. Il serait toutefois erroné de croire que le récit ne comporterait aucun rebondissements : ces derniers sont présents et l’un d’eux (de taille !) va complètement remettre en cause la façon dont le lecteur perçoit les personnages. La construction narrative est donc intéressante et permet de peu à peu passer outre la lenteur et le manque d’entrain apparent des personnages. Ces derniers constituent en effet un autre aspect très particulier du roman et ne facilitent pas vraiment l’implication émotionnelle du lecteur. En effet, bien qu’apparemment utopique, la société mise en scène ici repose sur un certain nombre de valeurs et de règles qui rendent très difficile l’identification aux protagonistes dont on est parfois tenté de remettre en cause l’humanité.



Et c’est justement là le propos central du roman de l’autrice : qu’est ce qui fait de nous des humains ? Une simple enveloppe physique ? Une manière d’appréhender et d’habiter le monde ? Un mode de pensée ? Auriane Velten s’interroge en profondeur sur le sujet, et questionne astucieusement notre rapport au monde et aux autres, nos envies de création ou encore notre perception de l’art et du beau. Au fur et à mesure de leurs découvertes, les deux personnages vont ainsi voir leurs certitudes constamment remises en question, ce qui va enfin leur permettre de se « dégeler » un peu, et de laisser libre court à de vraies émotions. Cami, de part son hostilité incontrôlée mais manifeste au Dogme, se montre rapidement attachante mais il faut au lecteur davantage de temps pour appréhender Paule qui finit toutefois par se révéler très touchant. Reste à aborder la question de l’écriture et, là encore, l’autrice opte pour un pari audacieux puisque l’ensemble du roman est écrit en écriture inclusive. Or, si je trouve la démarche tout à fait pertinente et intéressante, il faut admettre que ce n’est pas toujours simple pour le lecteur qui aura dans un premier temps un peu de mal à lire le texte de manière fluide. En effet, si beaucoup d’entre nous sont aujourd’hui assez familiers de l’emploi du pronom « iel » (ou ici « ile »), d’autres formulations peuvent parfois s’avérer plus difficiles à appréhender (je pense notamment à l’emploi du « a » comme marque du neutre, ce qui donne « chacan » au lieu de chacun/chacune ; « al » au lieu de le/la ; « man » au lieu de mon/ma…). Loin de n’être qu’une posture, le choix de ce type d’écriture fait toutefois parfaitement sens ici puisqu’il est étroitement lié à l’intrigue elle-même, si bien qu’on finit par s’y faire après un temps d’adaptation qui variera en fonction des lecteurs.



Auriane Velten signe avec « After » un premier roman très atypique qui interroge sur ce qui fait un être humain et sur notre rapport au monde. Bien qu’au premier abord difficile d’accès en raison d’une intrigue misant essentiellement sur l’introspection, un mode d’écriture déroutant et des personnages en apparence très rigides, l’ouvrage possède malgré tout de solides atouts, que ce soit en terme de construction ou de réflexion, et mérite, à ce titre, le détour.
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After®

L'ingéniosité de l'écriture inclusive, la lenteur poétique de cette dystopie, l'interrogation philosophique sur la nature humaine ont déjà été saluées par les critiques précédentes.

Pour ma part, j'ai également apprécié que ce soit grâce à une bibliothèque, dernier vestige de l'ancienne humanité, que Cami se soit nourri et qu'il ait ainsi pu cultiver sa différence, la curiosité.

Que l'auteure ait choisi de leur fournir une carte des muzes ( musées) pour leur exploration des terres renoncées constitue un formidable hommage à l'Art, reconnu comme fondateur de l'humanité. La tentation, pour ce genre de romans dystopiques, étant davantage de confronter les survivants à une technologie ancienne, à un site scientifique ou aux vestiges d'une ville détruite.

Ce choix est particulièrement judicieux puisqu'il permet aux deux explorateurs de découvrir les représentations de la race humaine et de s'en étonner.

" Tu comprends ce que ça veut dire ? poursuit implacablement Cami. Nous avions un corps. Les humains pré-cataclysmiques avaient un corps physique. Peut-être même… organique.

— Mais… Non. »

Ce n’est pas possible."

Toute en subtilité, Aurore Velten nous révèle alors la nature physique des survivants. Leurs corps sont purement mécaniques, alimentés par des batteries, mis en veille à la nuit tombée, mais capables de projetter des hologrammes à forme humaine, ce qui semble par ailleurs provoquer un certain malaise tant cette projection est intime. On est donc face à des êtres humains mécanisés, et l'on s'inquiète à juste titre de savoir si ces formes géométriques ne seraient pas des robots persuadés d'être des humains ( question classique en SF).



La réponse se trouve dans leurs réactions face aux découvertes dans les musées, ceux de Cluny, du Louvre, mais aussi celui des Arts et Métiers. Leur fascination et leur émerveillement devant les "joliesses", même si Paule affirme que la beauté et l'art constituent une hérésie pour le Dogme, sont les symptômes même de leur humanité.

Par ailleurs, Paule, avant même son expédition, possédait un talent caché qui engendrait une énorme culpabilité : elle composait en secret de la musique, les jolissons, en utilisant les sons de la nature. Ce don, en totale contradiction avec les impératifs du Dogme, de même que l'inlassable curiosité de Cami, étaient déjà les manifestations de leurs capacités à s'émouvoir et de leur intelligence propre, en dépit de l'aliénation imposée dans leur communauté.

Ce joli premier roman fait preuve d'intelligence, d'originalité et d'une belle maîtrise.

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After®

J'ai reçu ce livre dans le cadre de la dernière Masse-Critique "Mauvais genre" du mois d'octobre.



J'avais sélectionné ce titre, suite à la lecture de son résumé, qui me semblait assez intéressant. Un monde post-apocalyptique, un avant inconnu, un après parfait : une communauté soudé, bienveillante...le rêve non ?!



Vous vous en doutez, un grain de sable va venir gripper ce monde parfait !



Ma lecture a très très mal commencé. En effet, dans cette société "égalitaire", il n'y a plus de genre. Si bien que cela a donné lieu a des choix d'orthographe qui ont gêné ma lecture. Au début, j'ai pensé à des coquilles, avant de comprendre que c'était volontaire.

"Illes", "an ouvrièr", "al personne", "man compagnant" etc... Je n'ai pas réussi à m'y faire. Et en même temps, pour les accords, c'était quand même le masculin qui l'emportait et heureusement que l'on nous a épargné les

".e.ée" etc... le texte aurait été illisible.



J'ai mis du temps à entrer dans ce récit, du temps à bien comprendre qui étaient Cami et Paule et tous les autres, à comprendre le fonctionnement de cette société qui se veut parfaite. Pourtant, je l'ai lu vite, parce qu'on souhaite savoir et comprendre cet avant qui a donné cet après. On découvre d'ailleurs que l'on est pas très loin de Paris, puisqu'on y parle de muzé* ! Celui du Louvres, celui de Cluni* et celui des Arts et Métiés*.



Le récit est intéressant dans les thèmes abordés, même si je trouve qu'il soulève plus de questions que de réponses ou que les réponses apportées sont trop peu développées. C'est donc une lecture en demi-teinte pour ma part, avec un sentiment de malaise qui domine.





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Cimqa

Nous sommes transportés dans une autre dimension, une dimension faite non seulement de paysages et de sons, mais aussi d’esprits. Un voyage dans une contrée sans fin dont les frontières sont notre imagination : la cinquième dimension !



Dès les premières lignes, la catastrophe est là, la grande majorité de population est victime de vertiges, de perte de la notion de distance et de vision altérée. Plutôt que de nous faire des vignettes sur les conséquences mondiales de ces troubles, l'autrice se concentre sur une mère, tentant désespérément de rejoindre la chambre de sa fille. Me voila ferré ! L'histoire se dédouble alors en deux points de vue, l'une Là-bas (ici) et l'autre Ici (Là-bas), avec deux protagonistes Sara et Sarah...



Un roman atypique, loin des codes du genre et qui fait écho à l'histoire où Sarah doit produire des films selon les attentes du public et non pas selon son imaginaire, son art depuis que l’Événement a bousculé l'humanité. Blockbuster contre film indépendant. L'art est-il mort dès que l'argent entre en jeu ? Alors que bien souvent le traitement du sujet de l'art sans la SF m'emmerde profondément, j'ai pris plaisir à parcourir ses pages qui se concentrent sur ces personnages plutôt que de démontrer au forceps son sujet. Et comme j'adore les récits où l'Histoire nous est contée par les histoires individuelles, j'ai été comblé.



Même si j'aurai préféré en connaître plus sur ce monde, même si j'aurai préféré un peu plus d'explications scientifiques, il faut bien reconnaître que chaque lecteur a son rôle à jouer dans un roman, imaginer les blancs laissés par l'auteur...



L'idée du "repli" m'a rappelé la SF de jadis, celle du merveilleux avec un traitement contemporain. Pour tout vous avouer, j'avais attaqué ce roman il y a quelques mois et il m'était tombé des mains. Cependant, l'histoire continue de faire son chemin dans ma tête, alors... Chaque roman doit être lu au bon moment !



Après son premier roman After®, Auriane Velten me confirme son talent, ainsi que sa vision personnelle de la science-fiction. Vivement son prochain texte.
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After®

Le résumé m'avait intrigué : une société utopique au beau milieu de la nature et dont les règles semblaient promouvoir l'idée d'égalité ; il ne m'en fallait pas plus pour acheter ce livre.



En débutant ma lecture, j'ai d'abord été assez décontenancé, il faut bien le dire, par l'écriture inclusive peu orthodoxe (elle ne correspondait à aucune norme connue jusqu'ici). Mais finalement, on s'y habitue très vite. L'intrigue se focalise autour de deux personnages centraux : Paule et Cami dont l'alternance de la narration a été très bien gérée selon moi. L'ambiance détonne aussi des romans postapocalyptiques traditionnels : rien de lugubre, rien d'alarmant, bien au contraire, tout semble merveilleusement bien fonctionner dans ce monde, avec des paysages où la nature domine et où les humains semblent n'être réduits qu'à une poignée d'individus.



On entre et s'intègre parfaitement bien à la trame narrative. Le récit est assez imagé, on s'y projette bien. J'ai particulièrement aimé la première partie où les deux protagonistes partent explorer Paris pour y chercher des réponses sur leur origine. J'aurais cependant apprécié un petit peu plus de description de la ville telle qu'elle était dans cet imaginaire. J'ai trouvé certains passages un peu rapide.







Une science-fiction qui se lit donc très vite (peut-être même un peu trop ?) et qui permet de s'évader un moment tout en s'interrogeant sur des aspects et enjeux importants de notre époque.
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After®

Oublier tout car nous sommes dans le monde d'après. Après le cataclysme qui a eu raison de la race humaine comme nous la connaissons. Les êtres ne sont plus définis par leur sexe ou leur personnalité. Ils suivent tous la même routine quotidienne régie par des règles strictes mais aussi bienveillantes en suivant les préceptes du Dogme. Pourtant Cami se démarque des autres même s'il ne le montre pas, ses pensées sont souvent en dehors du Dogme. Il veut comprendre, savoir et se pose des questions.

Un jour, il se voit confier une mission qui va tout changer et mettre à mal tout ce qu'il connaît depuis des siècles.



Ce roman de SF nous invite à voyager dans un monde d'après où tous nos repères sont chamboulés dans ce Paris dévasté. La promesse était alléchante pourtant j'ai eu du mal à rentrer dans le récit, dans l'écriture. J'ai aussi eu du mal à m'attacher aux deux protagonistes Cami et Paule et à leur représentation physique/holographique qui n'était pas clair pendant ma lecture. C'est un ovni de la littérature de science-fiction avec un vrai parti pris dans l'écriture. C'est à lire même si pour moi ce ne fut pas le coup de coeur escompté.
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After®

Le monde d'après, où semble régner une vie utopique et égalitaire. Vraiment ? Car un des membres de cette communauté, nommé Cami, se pose d'innombrables questions. Que ce soit sur le mode de vie de la communauté, sur comment était le monde avant, et pourquoi il est devenu ainsi. Les sages de la communauté estiment que cette manière de sortir du moule de la société peut être un avantages et décident d'envoyer Cami en exploration. C'est avec l'aide de Paule que Cami part à la découverte d'une zone inhabitée, en quête de souvenirs oubliés.

Mais Cami, Paule, les sages et la communauté sont-ils vraiment tous prêts à entendre la vérité ?

Lorsque j'ai reçu ce livre, j'avoue que j'étais curieuse. Je n'avais pas encore lu de critiques dessus, mais le résumé me tentait énormément. Et après lecture, je dois dire que j'ai passé un excellent moment ! Pas un coup de cœur, mais une lecture que je recommande (plus que) vivement malgré tout.

After® se déroule dans un monde post-apocalypse, avec une nature et une Terre régénérée et où nous suivons une seule communauté, à priori la dernière restante sur la planète. Cette société est dépeinte comme utopique et idéale, en totale harmonie avec la planète, et qui prône la modestie et l'égalité comme valeurs suprêmes.

Pour un premier roman, Auriane Velten frappe fort ! After® me fait un peu penser à Becky Chambers et à son livre L'espace d'un an. Dans ce roman, on a énormément de réflexions, notamment sur ce qui fait de nous des êtres humains, sur comment est perçu la beauté, sur les émotions en général, la création... Il y a une critique également de cette société utopique, étant donné que les citoyens ne peuvent aucunement se démarquer les uns des autres, étant donné que le Dogme auquel ils sont soumis les empêchent d'exprimer leurs personnalités.

Avec ces thèmes déjà forts, Auriane Velten aurait déjà un roman percutant. Mais ce n'est pas fini ! Car, pour moi, l'un des principaux points forts de After® est l'utilisation d'une écriture inclusive, destinée à effacer les distinctions de genre entre les personnages. Ainsi, l'autrice utilise des termes comme « eulx », « villageoies », et bien d'autres. Comme quoi, CE N'EST PAS DUR d'utiliser des pronoms ou des formes neutres : il faut peut-être s'adapter un chouïa au début, mais le tout est parfaitement clair et cohérent, et cela permet d'inclure tout le monde !

Je vous conseille donc vivement After®, c'est un roman qui frappe fort et à lire de toute urgence !



(Voir mon avis sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Cimqa

Un deuxième roman aussi bon que le premier !



Nous sommes dans un registre un peu différent d’After, avec un côté davantage fantastique, mais toujours dans le futur. Nous suivons chacune leur tour Sarah, de petite fille à jeune adulte, qui découvre en même temps que le reste du monde l’apparition de la cinquième dimension, et Sara, qui travaille dans la création de spectacles grâce à la cinquième, la cimqa.



Du côté de Sarah, Auriane Velten utilise un registre assez courant, en accord avec son jeune âge. Nous vibrons aux côtés de la petite fille lors de son exploration et son appropriation de la cinquième, et dans ses relations aux autres, surtout avec sa mère (quelle belle relation mère-fille, d’ailleurs !) et avec Ada, sa meilleure amie. Pour Sarah, nous avons une vue sur son travail, qui la passionne tout en la stressant à des niveaux très élevés, et sur sa relation amoureuse avec Eva, qui ne veut pas entendre parler de la cimqa.



Pour moi, tout a fonctionné ! Le seul petit bémol, je crois, est la proximité des prénoms Sara – Sarah. J’ai lu un bon morceau de roman avant de comprendre que non, ce n’était pas la même personne mais bien deux humains différents en relisant la quatrième. Bien sûr, cette similarité des prénoms a un sens (et c’est franchement malin), mais je me suis sentie très bête de ne pas remarquer l’absence -ou la présence- du H. Bref, c’est ma seule trébuche dans ce roman.



L’autrice crée une intimité forte avec ses personnages. Nous les approchons de très près, lisons leurs pensées, leurs rêves, leurs aspirations, leurs espoirs… J’ai ressenti tout l’amour qu’elle avait porté à ses créations. Et toute l’empathie aussi : s’il n’y avait pas autant d’implication personnelle dans les protagonistes, ils sembleraient bien moins réels.



Et puis, bien sûr, l’aspect science-fiction : en parlant du roman avec mon compagnon, il m’a dit que la réflexion autour des dimensions manquait de fondement scientifique. J’ai défendu l’ouvrage, qui, même si je reconnais que ce n’est pas entièrement faux, ne s’intéresse pas tant que ça à la science. Oui, on va en parler, mais l’aspect SF (ou fantastique) sert surtout un propos. Comme dans son précédent roman, Auriane Velten s’engage, cette fois surtout contre le capitalisme. Et c’est à la fois violent et doux. Elle en profite aussi pour écrire de touchantes relations amoureuses lesbiennes, tout en parlant du refus de la société. Bref, ses engagements sont aussi les miens, ça me parle.



C’est donc un roman que j’ai suggéré en achat à ma bibliothèque départementale ainsi qu’à ma collègue référente d’acquisitions sur le rayon. Et vous savez quoi ? Les deux ont dit oui !
Lien : https://folitteraires.wordpr..
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