AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Barbara Sadoul (124)


Pointant en l'air son long museau, il ferma les yeux et, du fin fond de son gosier, lança son chant sauvage à la déesse des loups, la lune.
Commenter  J’apprécie          40
Elle m'obsédait, me hantait. J'étais heureux et torturé, comme dans une attente d'amour, comme après les aveux qui précèdent l'étreinte.
Je m'enfermais seul avec elle pour la sentir sur ma peau, pour enfoncer mes lèvres dedans, pour la baiser, la mordre. Je l'enroulais autour de mon visage, je la buvais, je noyais mes yeux dans son onde dorée afin de voir le jour blond, à travers.
Je l'aimais ! Oui, je l'aimais. Je ne pouvais plus me passer d'elle, ni rester une heure sans la revoir.
Et j'attendais...j'attendais...quoi ? Je ne le savais pas ?
- Elle.
Une nuit je me réveillai brusquement avec la pensée que je ne me trouvais pas seul dans ma chambre.
J'étais seul pourtant. Mais je ne pus me rendormir ; et comme je m'agitais dans une fièvre d'insomnie, je me levai pour aller toucher la chevelure. Elle me parut plus douce que de coutume, plus animée. Les morts reviennent-ils ? Les baisers dont je la réchauffais me faisaient défaillir de bonheur ; et je l'emportai dans mon lit, et je me couchai, en la pressant sur mes lèvres, comme une maîtresse qu'on va posséder.
Les morts reviennent ! Elle est venue. Oui, je l'ai vue, je l'ai tenue, je l'ai eue, telle qu'elle était vivante autrefois, grande, blonde, grasse, les seins froids, la hanche en forme de lyre; et j'ai parcouru de mes caresses cette ligne ondulante et divine qui va de la gorge aux pieds en suivant toutes les courbes de la chair.
Oui, je l'ai eue, tous les jours, toutes les nuits. Elle est revenue, la Morte, la belle morte, l'Adorable, la Mystérieuse, l'Inconnue, toutes les nuits.
Mon bonheur fut si grand, que je ne l'ai pu cacher. J'éprouvais près d'elle un ravissement surhumain, la joie profonde, inexplicable, de posséder l'Insaisissable, l'Invisible, la Morte ! Nul amant ne goûta des jouissances plus ardentes, plus terribles !
Commenter  J’apprécie          40
Là, les deux amants s'ensevelirent dans l'océan de ces joies languides et perverses où l'esprit se mêle à la chair mystérieuse ! Ils épuisèrent la violence des désirs, les frémissements et les tendresses éperdues. Ils devinrent le battement de l'être l'un de l'autre. En eux, l'esprit pénétrait si bien le corps, que leurs formes leur semblaient intellectuelles, et que les baisers, mailles brûlantes, les enchaînaient dans une fusion idéale. Long éblouissement ! Tout à coup, le charme se rompait ; l'accident terrible les désunissait ; leurs bras s'étaient désenlacés. Quelle ombre lui avait pris sa chère morte ? Morte ! non. Est-ce que l'âme des violoncelles est emportée dans le cri d'une corde qui se brise ?
Commenter  J’apprécie          40
La pendule sonna une heure ; ils s’arrêtèrent. Je vis quelque chose qui m’avait échappé : une femme qui ne dansait pas.
Elle était assise dans une bergère au coin de la cheminée, et ne paraissait pas le moins du monde prendre part à ce qui se passait autour d’elle.
Jamais, même en rêve, rien d’aussi parfait ne s’était présenté à mes yeux ; une peau d’une blancheur éblouissante, des cheveux d’un blond cendré, de longs cils et des prunelles bleues, si claires et si transparentes, que je voyais son âme à travers aussi distinctement qu’un caillou au fond d’un ruisseau.
Et je sentis que, si jamais il m’arrivait d’aimer quelqu’un, ce serait elle. Je me précipitai hors du lit, d’où jusque-là je n’avais pu bouger, et je me dirigeai vers elle, conduit par quelque chose qui agissait en moi sans que je pusse m’en rendre compte ; et je me trouvai à ses genoux, une de ses mains dans les miennes, causant avec elle comme si je l’eusse connue depuis vingt ans.
Commenter  J’apprécie          40
(La Chevelure, Guy de Maupassant)

Le passé m'attire, le présent m'effraye parce que l'avenir c'est la mort.
Commenter  J’apprécie          30
La mort est aussi soudaine dans ses caprices qu'une courtisane l'est dans ses dédains ; mais plus fidèle, elle n'a jamais trompé personne.
Commenter  J’apprécie          30
Enfin, un sergent de la prévôté, plus hardi que les autres, offrit de pénétrer dans la cave maudite, moyennant une pension réversible, en cas de décès, sur une couturière nommée Margot.
C'était un homme brave et plus amoureux que crédule. Il adorait cette couturière, qui était une personne bien nippée et très économe, on pourrait même dire un peu avare, et qui n'avait point voulu épouser un simple sergent privé de toute fortune.
Mais, en gagnant la pension, le sergent devenait un autre homme.
Encouragé par cette perspective, il s'écria : « qu'il ne croyait ni à Dieu ni au diable, et qu'il aurait raison de ce bruit ».
– A quoi donc croyez-vous ? lui dit un de ses compagnons.
– Je crois, répondit-il, à M. le lieutenant criminel, et à M. le prévôt de Paris.
Commenter  J’apprécie          30
Et puis la nuit dernière, tous les deux, avec elles, dans leur studio… Peur de dire le mot? Imbécile! Adultère.
Pourquoi tout est-il si embrouillé? J’aime Mary. Je l’aime. Et tout en l’aimant j’ai fait cette chose. Et ce qui est pire, j’ai aimé la faire. Jane est tendre, compréhensive, passionnée. Elle est le symbole des bonheurs perdus. C’était merveilleux. Inutile de mentir. Comment le mal peut-il être merveilleux? La cruauté source de Joie? Tout est perversité, confusion, désordre et colère.
Commenter  J’apprécie          30
Un soir, l'improvisation musicale du vieux et illustre maître Angelin nous passionnait comme de coutume, lorsqu'une corde de piano vint à se briser avec une vibration insignifiante pour nous, mais qui produisit sur les nerfs surexcités de l'artiste l'effet du coup de foudre. Il recula brusquement sa chaise, frotta ses mains, comme si, chose impossible, la corde les eût cinglées, et laissa échapper ces étranges paroles :
- Diable de titan, va!
George Sand - L'orgue du Titan
Commenter  J’apprécie          20
L'ironie participe, souvent même, aux pires horreurs. Elle entre parfois directement dans la texture des événements : d'autres fois elle n'intervient que dans leurs rapports fortuits avec les êtres et les lieux.

(La Maison Maudite, Howard. P. Lovecraft).
Commenter  J’apprécie          20
(Véra, Villiers de l'Isle-adam)

L'amour est plus fort que la Mort, a dit Salomon : oui, son mystérieux pouvoir est illimité.
Commenter  J’apprécie          20
(L'orgue du titan, George Sand)

- Ce que vous voyez là, c'est l'effort que firent les titans pour escalader le ciel.
- Les titans ! qu'est-ce que c'est que cela? m'écriai-jevoyant qu'il était en humeur de déclamer.
- C'était, répondit-il, des géants effroyables qui prétendaient détrôner Jupiter et qui entassèrent roches sur roches, monts sur monts, pour arriver jusqu'à lui ; mais il les foudroya, et ces montagnes brisées, ces autres éventrées, ces abîmes, tout cela, c'est l'effet de la grande bataille.
Commenter  J’apprécie          20
Les murs de la cellule étaient nus, peints à la chaux. Une fenêtre étroite et grillée, percée très haut de façon qu'on ne pût pas y atteindre, éclairait cette petite pièce claire et sinistre ; et le fou, assis sur une chaise de paille, nous regardait d'un œil fixe, vague et hanté. Il était fort maigre, avec des joues creuses et des cheveux presque blancs qu'on devinait blanchis en quelques mois. Ses vêtements semblaient trop larges pour ses membres secs, pour sa poitrine rétrécie, pour son ventre creux. On sentait cet homme ravagé, rongé par sa pensée, par une Pensée, comme un fruit par un ver. Sa Folie, son idée était là, dans cette tête, obstinée, harcelante, dévorante. Elle mangeait le corps peu à peu. Elle, l'Invisible, l'impalpable, l'Insaisissable, l'Immatérielle Idée minait la chair, buvait le sang, éteignait la vie.

Guy de Maupassant, La chevelure (p.113)
Commenter  J’apprécie          20
-Satan, peux-tu arrêter une vague ? peux-tu pétrir une pierre entre tes mains ?

-Oui

-Satan, si je voulais, je te broierais aussi entre mes mains. Satan, qu'as-tu qui te rende supérieur à tout ? Qu'as-tu ? est-ce ton corps ? Mets ta tête au niveau de mon genou et de mon pied, je l'écraserai sur le sol. Qu'as-tu qui fasse ta gloire et ton orgueil, l'orgueil, cette essence des esprits supérieurs ? Qu'as-tu ? Réponds !

-Mon âme.

-Et combien de minutes dans l'éternité peux-tu compter où cette âme t'ait donné le bonheur ?

-Cependant, quand je vois les âmes des hommes souffrir comme la mienne, c'est alors une consolation pour mes douleurs, un bonheur pour mon désespoir. Mais toi, qu'as-tu donc de si divin ? Est-ce ton âme ?

-Non ! c'est parce que je n'en ai pas.

-Pas d'âme ? Eh quoi ! c'est donc un automate vivifié par un éclair de génie ?

-Le génie ! oh ! la génie ! dérisoire et pitié ! À moi le génie ? Ah !

-Pas d'âme ? Et qui te l'a dit ?

-Qui me l'a dit ? Je l'ai deviné... Écoute, et tu verras...
Commenter  J’apprécie          20
– Je me suis endormi lundi soir, je me suis réveillé mercredi et je cherche mardi.
– Que voulez-vous que j'y fasse ?
– Euh... Vous ne pourriez pas me dire comment faire pour retourner là-bas ? J'ai du travail qui m'attend.
Commenter  J’apprécie          20
Un clocher domine la ville, le clocher carré de Sainte-Philfilène, avec cloches suspendues dans l'entrefend des murs, et que l'ouragan met quelquefois en branle. Mauvais signe. Alors on a peur dans le pays. Telle est Luktrop. Puis, des habitations, des huttes misérables, éparses dans la campagne, au milieu des genêts et des bruyères, passim, comme on dit en Bretagne. Mais on n'est pas en Bretagne. Est-on en France? Je ne sais. En Europe? Je l'ignore.
En tout cas, ne cherchez pas Luktrop sur une carte - même dans l'atlas de Stieler.
Commenter  J’apprécie          20
Sans doute, vous êtes tous remplis d'inquiétude, car il y a bien longtemps que je ne vous ai écrit. Ma mère se fâche, Clara pense que je vis dans un tourbillon de joies,et que j'ai oublié entièrement la douce image d'ange si profondément gravée dans mon cœur et dans mon âme. Mais il n'en est pas ainsi; chaque jour, chaque heure du jour, je songe à vous tous, et la charmante figure de Clara passe et repasse sans cesse dans mes rêves....
Commenter  J’apprécie          20
Ils sont tout ce que je connais; ma famille. Je devrais les quitter un jour ou l'autre, bien sûr. A sa naissance. L'enfant ne leur ressemblera pas non plus. Et ils auront toujours aussi faim.
Commenter  J’apprécie          20
Neuf mois après, la couturière accouchai d'un petit monstre, entièrement vert, avec des cornes rouges sur le front.
Commenter  J’apprécie          20
Peut-être réussirai-je, comme les bons peintres de portrait, à marquer maint personnage d'une touche expressive, de manière à le faire trouver ressemblant sans qu'on ait vu l'original, à éveiller le souvenir d'un objet encore inconnu ; peut-être parviendrai-je à persuader à mon lecteur que rien n'est plus fantastique et plus fou que la vie réelle et que le poète se borne à en recueillir un reflet confus, comme dans un miroir mal poli.

[Hoffmann, "L'Homme au sable"]
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Barbara Sadoul (797)Voir plus

Quiz Voir plus

Jouons avec Clark Gable

D'après le roman Night Bus de Samuel Hopkins Adams, Gable triomphe dans l'un des premières comédies loufoques (screwball comedy) du cinéma. Ce film américain réalisé par Frank Capra en 1934 avec Claudette Colbert s'intitule:

Paris Roubaix
New-York Miami
Los Angeles San Francisco

8 questions
10 lecteurs ont répondu
Thèmes : acteur , hollywood , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littérature , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}