année après année
le singe arbore
son masque de singe
En matière d'art il importe de suivre la nature créatrice, de faire des quatre saisons ses compagnes. Dans ce qu'on voit rien qui ne soit fleur, dans ce qu'on ressent rien qui ne soit lune. Quand dans les formes on ignore la fleur on est pareil à un barbare, quand dans le cœur on ne ressent pas la lune on est de la même espèce que la bête. Pour chasser le barbare, pour éloigner la bête, il faut retourner à la nature créatrice, s'accorder à la nature créatrice.
C'est le début du Mois sans dieu (le dixième mois), le ciel est incertain. Mon corps, comme une feuille dans le vent, est promis à un destin imprévisible.
à ce goutte à goutte de rosée
des souillures du monde flottant
puissé-je me laver
La cigale.
Rien ne révèle dans son chant
Qu'elle doive bientôt mourir.
Un éclair.
Dans l'ombre
vibre le cri du héron.
uki ware o sabisbigaraseyo kankodori
Il n'y a rien de plus agréable que de vivre seul. L'ermite Chösho a dit : "Quand un visiteur gagne une demi-journée de liberté, un hôte perd une demi-journée de liberte. Sodó approuve toujours ces paroles, et moi aussi...
Mélancolique,
Rends-moi plus triste
coucou!
"En matière d'enchaînement , il est certes mille variantes et dix mille nuances , mais en fin de compte ,il suffit de bien observer trois conditions , à savoir ,allusion,cohérence et ambiance"disait le Maître...
Sabishisa o tôte kurenu ka
kiri hitoha
Cette solitude
viendrais-tu la partager ?
feuille de paulownia*
* Le paulownia, arbre ornemental à fleurs bleu -violacé, se caractérise notamment par ses larges feuilles qui se détachent et tombent une à une.
Iru tsuki no ato wa tsukue no
yosumi kana
La lune couchée
il ne reste que la table
et ses quatre coins !
Furazu tomo
take ueru hi wa
mino* to kasa
Qu’il pleuve ou non
le jour où l’on plante les bambous
manteau et chapeau de paille
*Le mino est une sorte de manteau ample et le kasa un large chapeau ; les deux, confectionnés en paille, sont portés les jours de pluie. Nombre d’estampes, en particulier celles de Hiroshige, spécialiste de scènes d’averses, nous ont rendu familiers ces accessoires.
Sumadera* ya fukanufue kiku
koshitayami
Temple de Suma
J’entends la flûte qui s’est tue
dans l’ombre des arbres
* Au temple de Suma (Sumadera), Bashô croit entendre le son de la flûte dont jouait autrefois au château le jeune Toira no Atsumori. Bashô est ému par l’histoire poignante de ce jeune homme tué dans la bataille de Ichi-no-tani qui a opposé le clan des Taira (les Heike) à celui des Genji. Le vainqueur, Kumagi Naozane, ayant été contraint de décapiter le jeune général Atsumori à peine âgé de seize ans, qui lui rappelait son propre fils, a fait envoyer la flûte d’Atsumori à son père avant de se retirer dans un monastère où il a fini ses jours en prière.
Le papillon
parfumant ses ailes
amoureux de l’orchidée
Des tréfonds de la pivoine
Comme elle tarde l’abeille
À s’extirper
Elle rampe en bas
lorsque je suis à cheval
mon ombre glacée !
Froide, la couverture ouatée
où vous vous glissez --
Nuit de solitude