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Critiques de Beata Umubyeyi Mairesse (216)
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Le Convoi

Le 18 juin 1994, après 3 mois de massacre des Tutsis par les Hutus et de terreur, Beata Umubyeyi Mairesse et sa mère ont eu la vie sauve grâce à un convoi de l'organisation humanitaire suisse Terre des Hommes qui les a emmenées de Butare à la frontière avec le Burundi. Elle avait 15 ans; sa mère et elle n'auraient pas du être acceptées dans ce convoi car il était réservé aux enfants de moins de 12 ans. Elle arrive dans le nord de la France, est scolarisée, est entourée d'affection et de soutien par sa famille d'accueil, se marie et a des enfants.

le titre de ce livre évoque, souvent, les heures sombres de la deuxième guerre mondiale et la déportation de Juifs vers la mort. Ici, le mot "convoi" se charge d'une image positive car il a transporté des enfants vers la vie.

L'auteure a suivi un long cheminement de trois décennies avant de pouvoir écrire le récit de ces mois d'horreur mais aussi de témoigner pour les autres enfants, pour saluer le courage de celles et ceux qui les ont aidées, sauvées. Elle a commencé par de la fiction avec des romans autour du génocide, puis elle a accepté de témoigner devant des lycéens de 15 ans à partir de 2016 et s'est lancée dans la quête d'une photo qui aurait été prise au moment de son passage de la frontière avec sa mère; son désir était de retrouver les autres enfants du convoi et leur faire parvenir les photos où on les voyait. Cette (en)quête a été semée d'embûches, d'obstacles, d'espoirs déçus mais riche de rencontres, d'échanges, d'amitié.

L'auteure s'interroge sur ce qu'est la responsabilité de témoigner sans trahir ceux qui ont subi le même drame, sans que son propre vécu oblitère la réalité, sans que ses mots soient mal perçus, mal interprétés.

Elle nous livre également une réflexion sur la place des photos prises par des étrangers, dont l'interprétation peut être faussée par le biais occidental. C'est, pour elle, ce qui s'est passé au Rwanda. Elle souligne le sentiment de dépossession que peuvent ressentir ceux qui ont été photographiés. Où s'arrête le droit à la propriété intellectuelle et où commence le droit à l'image alors que les enfants ont été photographiés et sont apparus dans les média occidentaux sans leur consentement? le regard de l'autre. le regard sur l'autre.

On sent que Beata Umubyeyi Mairesse choisit ses mots avec soin pour essayer de rendre compte d'une réalité dont elle est la porte-parole mais qui ne lui appartient pas. Le texte est sobre, précis, sans pathos mais puissant.

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Tous tes enfants dispersés

Blanche, née d'un père français et d'une mère rwandaise, a réussi à fuir le Rwanda juste avant le génocide des Tutsis de 1994. Maintenant installée en France et mère d'un petit garçon, elle se remémore ses souvenirs et son retour au pays pour tenter de renouer avec sa mère Immaculata. Comment se construisent une vie, une culture, des racines ? Peut-on oublier, pardonner quand on a vécu même de loin l'horreur absolue ?



Quel beau livre que ce Tous tes enfants dispersés au titre issu d'une citation de la Bible, qui synthétise à la fois le courage d'une mère et la douleur de l'exil. Dès les premières pages, le ton si juste, le récit si original de l'auteure nous donne envie de savoir la suite et de découvrir l'histoire de ces 2 femmes, Blanche et Immaculata, dont les paroles se répondent au fil des chapitres. C'est un tout petit roman et pourtant si riche et si profond que j'ai souvent eu envie d'arrêter ma lecture, de ralentir, de savourer chaque ligne et chaque phrase, tellement l'auteure trouve le mot juste, la formule parfaite pour résumer un sentiment, une situation, dire tellement en si peu de mots.



Un tout petit roman et pourtant tellement riche, brassant de si nombreux thèmes, l'air de rien, sans y toucher : l'exil et la douleur d'avoir dû quitter son pays, d'être à tout jamais une étrangère ici et là bas, les racines, celles que l'on hérite de ses parents, celles que l'on se construit, celles que l'on possède sans même le savoir comme le jeune Stokely, fils de Blanche, né en France et pourtant tellement attaché au Rwanda ou celles que le mari de Blanche se donne, lui qui est né en France d'un père martiniquais qu'il n'a jamais connu et qui veut à tout prix cultiver son héritage en glorifiant les grands héros noirs de la lutte pour l'indépendance ou contre la ségrégation. Un tout petit roman qui reste toujours pudique, qui refuse de faire du sensationnalisme ou de déclencher l'émotion facile avec l'horreur du génocide et qui pourtant par quelques courtes phrases arrive à dire l'abomination, la violence destructrice, la culpabilité des survivants et le fait que rien, jamais ne pourra être pareil. Plus que tout c'est un roman qui arrive à être lumineux et rempli d'amour avec des thèmes aussi forts et graves, à nous passionner pour l'histoire de deux femmes "ordinaires" presque banales si ce n'est qu'elles ont croisé l'indicible.



Tous tes enfants dispersés est une lecture qui marque et un livre que j'aimerais relire pour en profiter et le savourer maintenant que je sais tout de l'histoire de Blanche et Immaculata et que tous les mystères ont été résolus. Une très belle découverte et j'espère un premier roman qui en appellera de nombreux autres tant l'auteure possède une plume hors du commun !
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Le Convoi

Le 18 juin 1994, Beata Umubyeyi Mairesse a 15 ans lorsqu'elle fuit son pays et le génocide des Tutsis au Rwanda avec sa mère. Grâce à un convoi humanitaire organisé par l'ONG suisse « Terre des hommes », les deux femmes passent entre les mailles du filet et échappent à une mort certaine. Dans les jours qui suivent, des gens disent les avoir vues dans un reportage de la BBC au moment où le convoi passe la frontière avec le Burundi.

Les années passent… le vie continue. En 2007, Beata réussit à entrer en contact avec l'équipe de tournage de la BBC. Elle et sa mère ne sont pas sur la fameuse vidéo mais un des journalistes lui envoie quatre photos du convoi du 18/06/1994. Ces photos sont le point de départ d'une enquête qui va durer 15 ans. Beata, détentrice de ces photos, veut les rendre accessibles aux enfants qui y apparaissent. C'est leur histoire. Beata va alors tout mettre en oeuvre pour retrouver ces enfants, une quête qui va la mener à parler des sauveteurs, des simples citoyens aux humanitaires qui ont risqué leurs vies pour les sauver.

Alors que l'écrivaine avait toujours refusé de parler de son expérience personnelle et intime, préférant parler de son rapport à la littérature et de son expérience de survivante qui écrit de la fiction, une évidence s'impose à elle. Parler de ce convoi qui a sauvé ces enfants, c'est aussi parler d'elle.



1994-2024. Cette année aura lieu la commémoration des 30 ans du génocide des Tutsis au Rwanda, le dernier génocide du 20 e siècle.

J'ai lu un certain nombre d'ouvrages sur le génocide des Tutsis au Rwanda, fictions, documentaires, récits… et celui de Beata est intéressant et bouleversant à bien des égards.

La première chose qui m'a touchée dans ce récit est la réflexion que livre Beata sur son statut de survivante. A quel titre peut-elle écrire sur ce convoi et sa propre expérience, elle qui n'a été ni violée, ni coupée ? Quelle est sa légitimité ? Question pour nous totalement fortuite mais révélatrice d'une immense honnêteté de la part de l'auteure.

Souhaitant rester la plus fidèle possible à ce qu'il s'est passé, l'écrivaine se pose énormément de questions sur sa quête et enquête, s'interrogeant sur la forme d'écriture que doit prendre ce récit, s'inquiétant des défaillances de la mémoire, s'échinant à parler de tous tout en parlant d'elle-même... cette jeune fille métisse, amoureuse des livres déjà, que de nombreux « deus ex machina » ont sauvé à plusieurs reprises. L'enquête est minutieuse, parsemée de nombreux vides, mais de fil en aiguille, Beata recolle les morceaux.

Ensuite, il s'agit pour moi du premier récit qui aborde cet épisode du génocide, le sauvetage des enfants par les organisations humanitaires. Beata rend un hommage bouleversant à ces gens, qui à force de courage, de culot, de diplomatie et de ténacité, ont réussi à soustraire à la barbarie des miliciens hutus des enfants destinés à une mort certaine et nous fait découvrir tout un pan du « travail humanitaire ».

Enfin, la toute dernière partie du livre m'a beaucoup interpellée lorsque l'auteur revient sur ces fameuses photos. Des milliers de photos ont été prises lors du génocide des tutsis au Rwanda par les journalistes occidentaux. Des journalistes, qui bien souvent malheureusement, ne connaissaient rien à l'histoire de ce petit pays si ce n'est les stéréotypes habituels que l'on trouvait dans les journaux justement ou dans les paroles des politiques français qui, on le sait maintenant, n'étaient pas du tout neutres dans le conflit… D'où des interprétations totalement erronées de ces photos où la vérité était bafouée, où les victimes se retrouvaient une fois de plus trahies...



Cette enquête sur les archives est dense, passionnante, bouleversante, nourrie de multiples réflexions sur travail de la mémoire collective et de l'écriture de soi. C'est aussi une écriture sobre et très belle qui révèle toute l'exigence de l'auteure dans la narration de ce récit. Un récit essentiel qui s'ajoute à la littérature déjà existante sur génocide des Tutsis au Rwanda.



Un grand merci à Babelio pour l'envoi de ce livre.
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Tous tes enfants dispersés

Blanche a fui le Rwanda en 1994, à la demande de sa mère, Immaculata, puisqu’elle a les papiers nécessaires pour le faire : elle est en effet la fille d’un blanc, dont elle ne sait que peu de choses. Immaculata, quant à elle, reste, attendant son fils Bosco, né d’une autre union, aux origines également tues, parti rejoindre les forces du pays pour se battre. C’est par l’intermédiaire de Blanche, de sa mère, et également de Stokely, fils de Blanche qui naîtra bien plus tard en France, que l’histoire de la famille nous sera contée, à partir du retour de la jeune femme chez elle, à Butare, pour revoir, enfin, sa mère et son frère, de nombreuses années après son départ.



Ce retour signera le début des révélations, faites au compte-gouttes, pour la jeune femme, quant à ses origines, à celles de son frère, à ce qui s’est réellement passé durant le génocide auquel elle a échappé. Révélations progressives, parfois délicatement concédées, parfois brutalement assénées lorsqu’il n’est pas possible de taire ou d’atténuer la violence qui en est à l’origine, dans tous les cas magnifiquement transmises via une plume sensible, à la rythmique souvent poétique, qui choisit ses mots pour donner toute sa force d’évocation à ce qui a été, pendant si longtemps, tu, dans la famille.



Révélations qui permettront à la jeune femme de mettre des mots sur son statut d’exilée franco-rwandaise, de donner corps à ce qu’elle n’a pas vécu, pour mieux comprendre ceux qu’elle a laissés, malgré elle, de permettre, enfin, à son fils, de connaître son histoire. Et à travers l’histoire de la famille, en partie autobiographique, qui nous est ainsi narrée, c’est la mémoire du génocide rwandais qui se rappelle à nous, magistralement.



Superbe roman en somme, que j’ai trouvé d’une grande justesse, et que j’ai lu d’une traite.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Consolée

Ramata, après un burn-out, se reconverti ; elle veut être art-thérapeute.

Son premier stage se déroule dans un EPHAD et elle est intriguée par une vieille dame métisse qui perd l'usage du français et qui utilise des mots d'une langue que personne ne comprend.

Dans un style poétique et une narration qui alterne entre 1954 au Rwanda à aujourd'hui, l’auteure va nous conter le destin de cette femme mais aussi de celle qui la prend sous son aile.

Il est question d'identité, de colonialisme, de racisme, d'intolérance, de tolérance, des souffrances de l'abandon et de religion.

Beata Umubyeyi Mairesse aborde les raisons qui font que l'on se perd parfois sois même pour s'intégrer, pour se faire une place.

Ces sujets sérieux, difficiles et peu gais sont le cœur du récit.

Les personnages sont esquintés par le vie et attachants.

Un joli roman nostalgique.

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Consolée

La mémoire des mots

Ramata est en reconversion professionnelle : elle qui occupait un poste à très hautes responsabilités, se destine maintenant à l’art thérapie. Il ne lui reste qu’un stage à faire pour valider sa formation, et c’est dans l’Ehpad « Les Oiseaux » qu’elle va l’effectuer. Accueillie très fraîchement par la directrice, Ramata a bien l’intention de mettre en place des ateliers avec les résidents, notamment ceux qui sont atteints de la maladie d’Alzheimer et qui perdent, peu à peu, la mémoire. Lors du premier atelier, l’attention de Ramata est attirée par l’une des pensionnaires : Madame Astrida. Peut-être parce qu’Astrida est la seule de l’Ehpad a ne pas avoir la peau blanche… Ramata est elle-même noire, d’origine Sénégalaise. Astrida semble être un mystère pour tout le monde aux Oiseaux. Elle est très calme, reste des heures assise à l’extérieur, et s’exprime dans une langue que personne ne comprend. D’ailleurs, Astrida perd peu à peu l’usage du français qu’elle parlait pourtant parfaitement à son entrée dans la résidence. Avec l’aide de Claude, la psychologue de l’établissement, Ramata va peu à peu tenter de percer l’énigme Astrida et de remonter le fil du temps, jusqu’aux années 50 au « Ruanda-Urundi ».

L’histoire de Madame Astrida est tragique. Dans les années 50, le Rwanda était une colonie belge. Les enfants nés de pères blancs et de mères noires étaient on ne peut plus gênants… Ces petits métisses (qu’on appelait « mulâtres ») trop blancs pour leurs familles maternelles vivaient souvent cachés, jusqu’au jour où ils devaient brutalement quitter les leurs pour un orphelinat catholique (https://information.tv5monde.com/international/ni-noirs-ni-blancs-les-enfants-metis-durant-la-colonisation-belge-1521). Un comble pour ces enfants qui n’étaient nullement orphelins… On leur vole tout, leur famille, leur culture, leur langue, jusqu’à leur nom… A la veille de l’indépendance, ces enfants sont exfiltrés en Belgique où certains seront adoptés.

En alternant habilement les temporalités, les histoires de Consolée-Astrida et de Ramata s’entremêlent, car toutes deux ont en commun plus qu’on pourrait le croire.

Roman poignant sur l’immigration, l’exil, la mémoire, Consolée est aussi une histoire passionnante que l’auteure a su ancrer dans le passé à travers le destin de Consolée-Astrida et inscrire dans le présent, avec le personnage de Ramata qui a fait de l’intégration un emblème.

Beata Umubyeyi-Mairesse nous fait également visiter l’envers du décor de ces Ehpad, appelés pudiquement « maisons de retraite » où nos anciens terminent leurs jours (enfin, s’ils en ont les moyens).

J’ai beaucoup aimé ce roman écrit avec une grande sensibilité, les passages les plus touchants étant ceux qui racontent l’enfance de Consolée.

Ce livre m’a bouleversée, à plus d’un titre et j’ai eu plusieurs fois la larme à l’œil…

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Consolée

Avec Consolée, Beata Umubyeyi Mairesse remonte encore davantage le temps qu'avec Tous tes enfants dispersés, et nous conte cette fois une autre part sombre du Rwanda, faisant partie à l'époque, en 1954, de la colonie belge nommée Ruanda-Urundi, dans laquelle les enfants issus de femmes rwandaises et d'hommes principalement belges, mais aussi grecs, italiens..., étaient retirés à leur mère pour être envoyés dans des institutions destinées à les éduquer à la mode occidentale.



Ainsi de Consolée, petite fille qui devra quitter subitement sa mère, plus encore son grand-père adoré, pour devenir l'une de ces enfants mulâtres sans famille, qui va découvrir un autre univers, bien plus dur, et plus que déshumanisant. Dans le même temps, soixante-cinq ans plus tard, Ramata, devenue depuis peu art-thérapeute suite à un burn-out alors qu'elle était cadre dans une administration, rencontre dans l'EHPAD où elle réalise son stage Astrida, vieille dame à la maladie d'Alzheimer, qui parle de plus en plus en raison de sa maladie une langue inconnue, et qui va rapidement l'intriguer.



Avec ce nouveau roman, j'ai été une fois de plus bercée par la beauté poétique dont sait si bien faire preuve l'autrice pour nous conter pourtant tout sauf la beauté, du moins dans le sort qui a été réservé à ces enfants, car ce roman, au contraire du précédent, est profondément moins violent : la douceur d'Astrida, contrebalançant une partie de la vie volée de Consolée, y est peut-être pour quelque chose. De même que l'alternance des voix entre les trois femmes/enfant centrales de celui-ci, qui décrit avec beaucoup de justesse la condition noire - Amata est d'origine sénégalaise - ou métisse, soulevant les mêmes préjugés, les mêmes remarques, les mêmes comportements plus ou moins consciemment racistes, au fil des époques, aborde toutes ces thématiques avec une certaine douceur paradoxale, et invite à la réflexion avec beaucoup de justesse et de sagesse.



Troisième lecture, troisième superbe découverte. Vivement le prochain !



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Lézardes

Merci à Babelio et aux éditions La Cheminante de m'avoir envoyé cet ouvrage dans le cadre de la Masse critique. J'ai lu que certains n'aimaient pas qu'on commence ainsi notre critique... et pourtant, quel rebelle, je continue.



Je continue parce qu'en effet il faut remercier Babelio. Les remercier pour ces Masse critiques qui nous permettent de découvrir des livres que nous n'aurions sans doute pas acheté, croulant sous la masse assez critique des sorties en littérature. Les remercier parce qu'en me permettant d'échanger avec les autres lecteurs, ils m'ont donné, notamment via les challenges du forum, l'envie de découvrir d'autres formes que le roman que je chérissais, et de me laisser emporter aussi par les recueils de nouvelles.



Remercier La Cheminante, et toutes ces "petites" maisons d'édition qui donnent leur chance à des auteurs que n'auraient pas pu ou voulu retenir des structures plus importantes.



Et que cela aurait été dommage de ne pas découvrir la plume de Beata Umubyeyi Mairesse. Ce qui m'a fait sélectionner son ouvrage est sans doute une curiosité morbide en voyant qu'il s'agissait de courtes histoires sur le Rwanda. On veut savoir, se faire inviter à l'horreur tout en la redoutant. J'ai lu ces histoires, une à deux par soir, à voix haute avec ma compagne. Je craignais le voyeurisme, je n'y ai découvert que des émotions. Subtiles mais fortes. J'ai ri aux éclats sans pouvoir me contenir et j'ai pleuré à sanglots pour la première fois en lisant un livre (en lisant la terrible nouvelle "Ready or not").



Les histoires n'auront forcément pas le même effet sur chacun mais on ne peut dénier la force de cet ouvrage, à mettre entre toutes les mains car il n'y transparait aucune haine, juste une peine et une douleur immense, et beaucoup d'espoir en un meilleur avenir pour tous. C'est dérisoire parce que c'est ce que chaque génération a tenté de sauvegarder après chaque drame terrible traversé. Mais c'est essentiel parce que c'est tout ce qui reste après que le réservoir des larmes se soit épuisé.
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Tous tes enfants dispersés

Butare, Rwanda.  Nous sommes en 1997, trois ans après le génocide.  Blanche, qui vit à Bordeaux avec son mari et son fils, revient pour la première fois au pays depuis les massacres de 1994, pour y revoir sa mère Immaculata (peut-être les pages qui m’ont le plus intéressée) et son frère Bosco. Du fait de sa double nationalité, elle a pu être évacuée en France au moment du génocide, contrairement à sa mère et à son frère qui ont été des témoins plus directs des événements. Tout y était pour que ce roman me plaise, la construction chorale, la qualité de l’écriture, les thèmes abordés, l’envie de me faire parler du génocide rwandais et de la fracture sociale qui en a résulté, abordée d’un point de vue intrafamilial, et pourtant, un certain ennui m’a accompagné tout au long de ma lecture. Je m’attendais à plus de fracas alors que l’auteure semble vouloir nous ménager. Comme il s’agissait de son premier roman, je reste curieuse de ce qu’elle a écrit par la suite.
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Le Convoi

L’autrice a pu échapper au génocide Rwandais de 1994 en compagnie de sa mère grâce à un convoi humanitaire suisse.

13 après, elle décide de mener une enquête pour retrouver la trace de compagnons d’infortune. Une grande volonté d’aboutir entraîne une grande richesse de détails de cette opération qui est presque fastidieuse à découvrir. La forme du récit adopté, si il a le mérite d’une grande exhaustivité ne peut-être appréhendé à sa juste valeur que par les protagonistes de cette aventure, les autres seront malgré tout informés d’un des épisodes de cet épouvantable désastre humain raconté avec force.
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Le Convoi

Cet essai m'a appris bien des choses sur le génocide rwandais vu, de l'intérieur, par une jeune fille tutsi qui a été miraculeusement épargnée. Les explications qu'elle nous donne sur son pays nous permettent de mettre à distance l'image que les médias européens, et spécialement français, ont véhiculée des événements.



La voix de l'autrice est singulière et attachante. Elle se pose beaucoup de questions, sa démarche est traversée par le doute, ce qui nous incite à nous questionner à notre tour dans une lecture active et critique.



J'ai aimé aussi que sa démarche ne soit pas autocentrée, qu'elle cherche à retrouver les enfants de son convoi pour leur rendre les images qui les représentaient lors de l'évacuation vers le Burundi qui leur a sauvé la vie. Elle leur offre ses recherches, ses efforts. Sa parole devient collective et résonne bien plus fort.



Et puis sa quête est émouvante. On la suit dans ce parcours frustrant pour rechercher les « images manquantes » du convoi de réfugiés dont elle et sa mère faisaient partie, comme si elle cherchait à valider ses souvenirs, à se réapproprier quelque chose qui lui a été confisqué. En effet, on comprend que les récits de ceux qui ont assisté au massacre ou qui ont tenté de l'expliquer dans les médias, que les photos qui ont été prises, sont le fait d'occidentaux qui ont oublié les victimes en chemin, notamment les victimes tutsis. Retrouver ces images participe donc de leur reconstruction. Il y a un enjeu ontologique fort dans cette quête et elle ne peut se faire sans émotions. Son aspect bouleversant nous rend l'expérience encore plus sensible.



La réflexion est donc très riche, explorant de nombreux thèmes plus larges que le seul génocide rwandais. Comment témoigner ? Qui est légitime pour le faire ? A quoi sert le témoignage ? Quelle est la valeur des traces ? Comment transmettre une mémoire collective ? Ce livre devrait être inscrit au programme de toutes les écoles de journalisme !



Cependant, j'émettrais une petite réserve qui réside dans l'aspect laborieux du récit, parfois trop détaillé ou redondant dans la dernière partie. Si l'on comprend l'entêtement de l'autrice à traquer la vérité, on peut aussi le trouver un peu mince comme fil rouge narratif. Notre curiosité se fatigue à attendre une révélation qui ne vient pas, des images qui ne seront jamais retrouvées. Cela nourrit la réflexion mais dessert un peu le dynamisme de la lecture.



Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2024



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Tous tes enfants dispersés

C'est l'histoire d'une famille marquée par le génocide des Tutsi, au Rwanda en 1994, un génocide perpétré par les Hutu, qui allait faire un million de morts en quelques mois.

Immaculata la mère et Blanche la fille qui a été envoyée en France avant les événements, tentent de renouer le dialogue sans réussir pour autant à se dire l'essentiel...

La mère restée au pays ne doit sa survie qu'à un libraire qui l'a cachée dans sa cave.

Bosco, le frère s'est enrôlé dans l'armée de rébellion. Il en est revenu meurtri lui-aussi...d'avoir vu les horreurs de la guerre et ce que l'homme est capable de faire à son semblable.

L'incompréhension est totale quand elles se retrouvent après plusieurs années de séparation.

Blanche culpabilise de n'avoir pas pu être là, près de sa famille, de ne pas avoir vécu les événements traumatisants, de n'avoir pas vu l'horreur, la famille et les proches couverts de sang...Immaculata, elle, s'est enfermée dans le silence.

La maison est pourtant toujours debout, les odeurs, les couleurs, le banc, sous le jacaranda en fleurs, sur lequel son frère et elles s'asseyaient pour écouter les histoires que leur contait leur mère et avant elle leur grand-mère.

Comment réparer les cœurs abîmés quand la séparation a creusé un tel fossé d'incompréhension ?

Peut-on rassembler ceux que l'histoire a dispersés ?

Comment reprendre la vie là où on l'a laissé, lorsqu'on en a commencé une autre, ailleurs ?

Comment Blanche peut-elle expliquer à Stokely, son fils né en France, ce que sa grand-mère a vécu au Rwanda ?

Il faudrait d'abord qu'elle même arrive à le savoir...

Car il n'y a pas que la guerre qui a marqué les esprits, il y a aussi tous les non-dits qu'Immaculata n'a jamais voulu leur révéler sur leur père respectif.

Le père de Bosco était un démocrate hutu, emprisonné puis assassiné alors qu'Immaculata était enceinte, celui de Blanche, un français expatrié obligé de quitter précipitamment le pays...



Voici un premier roman émouvant qui mérite qu'on s'intéresse de près à cette jeune auteure franco-rwandaise.



C'est un roman choral bouleversant qui donne la parole à chacun des personnages, chacun expliquant son propre point de vue et s'adressant à un de ses proches. Il met en avant trois générations qui cherchent à se comprendre...et tentent de réunir leur cœur "en lambeaux" (presque quatre en fait, car Immaculata nous parle aussi de sa propre mère).

Dans ces pages, l'auteur ne parle que très peu du génocide. Si vous voulez en apprendre davantage sur cette page noire de l'histoire, passez votre chemin.

Mais le génocide est bien présent dans chacun des personnages puisqu'il y a un avant, et un après. Tout est dans l'émotion, le ressenti, les non-dits, dans les blessures non refermées, simplement étouffées...

C'est donc un roman plutôt intimiste sur le traumatisme, sur l'importance de la transmission pour les générations futures, pour savoir d'où on vient, trouver un sens à sa vie, se construire une identité métisse qui permette de découvrir sa propre voie (voix), faire la paix avec le passé...et trouver sa place dans le monde d'aujourd'hui.

"Tous tes enfants dispersés" est le début d'une prière et devient ici le roman de tous les exilés, ceux qui ont quitté leur pays et qui tentent de se construire entre deux mondes, entre deux cultures, entre deux langues...



L'auteur, née à Butare au Rwanda en 1979, a survécu au génocide des Tutsi.

Elle trouve ici le ton juste pour nous parler de ces vies coupées. Sa plume poétique et emplie de sensibilité est une belle découverte.

Ses nouvelles que je n'ai pas encore lues "Ejo" et "Lézardes", parues en 2015 et 2017, ont reçu le Prix François-Augiéras, le Prix de l'Estuaire et le Prix du livre Ailleurs.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Lézardes

Merci à Babelio et aux Editions La Cheminante situées dans le Pays Basque pour l’envoi de ce livre dans le cadre de masse critique.



Ce fut une découverte, une incursion dans un domaine que je n’ai pas encore exploré par le moyen de la littérature, celui du génocide qui a tragiquement marqué le Rwanda il y a vingt ans. Ce recueil de nouvelles est élaboré autour de ce pays d’Afrique, appelé pays aux mille collines. Ce que le peuple Rwandais a connue est mis en perspectives au travers de l’histoire de plusieurs enfants, par le mélange de cultures. Le monde de l’enfance nous évoque l’innocence, mais aussi beaucoup de souffrance (des souvenirs de morts, l’abandon des parents, l’absence…). La mort est présente, elle imprègne la narration. Les nuances

sur leur chagrin sont multiples.



La misère, l’oppression gangrène leur univers, et cela empêche les êtres de communiquer, les isole les uns des autres. Quelques-uns de ces récits sont des fables, des contes, ou bien y ressemblent, grâce aux messages qu’ils portent. Des paraboles, des allégories sont construites autour d’animaux.



Le lyrisme est présent et nous retrouvons cette manière toute typique qu’on les africains de narrer les choses, ce phrasé particulier, plus marqué à certains endroits qu’à d’autres. La narration ciselée, fait de ce moment de lecture une pause choisie. On ne lit pas de façon fluide, mais peu à peu et lentement. Le Rwanda, ainsi que son histoire se dévoile peu à peu avec toute la dimension que l’on connaît, mais bien plus encore.



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Tous tes enfants dispersés

Il est parfois difficile d’écrire la critique d’un roman qu’on a beaucoup aimé parce qu’on veut convaincre qu’il faut le découvrir sans pour autant dévoiler son charme.

Alors je dirai simplement que j’ai beaucoup aimé ce roman dans lequel toute l’histoire ne se devine que par les sous-entendus des personnages. L’écriture de l’auteure est surprenante de simplicité qui masque toute une complexité, celle de raconter une histoire émotionnellement intense mais tout en sobriété. Tout au long de ma lecture j’ai été impressionnée par le talent d’écrivain de l’auteur. On sent qu’elle raconte une histoire très personnelle, qui lui tient beaucoup à cœur, mais ce roman ne prend pas la forme d’une confession comme on pourrait s’y attendre.

Trois générations, la grand-mère, la mère et le petit-fils esquissent le destin du peuple rwandais. L’auteure alterne ces trois points de vue permettant ainsi au lecteur de bien saisir les différents thèmes abordés, leur importance et l’influence qu’ils ont sur les personnages.

Bien sûr, le génocide des Tutsi au Rwanda est présent mais ce n’est pas un roman qui aborde frontalement ce thème. Et c’est ce que j’ai beaucoup aimé. Il n’est jamais raconté brutalement, mais il sert de toile de fond et il transparaît en filigrane dans toute l’histoire.

Je ne veux pas en dire plus si ce n’est que je ne peux que vous conseiller de découvrir ce court roman et de vous laisser séduire par l’écriture poétique et pleine de justesse de son auteure.
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Lézardes

Récits sous forme de nouvelles aux origines rwandaises. Il y est question de passé, d'ici et maintenant , des demains incertains.

Les lézardes du temps viennent colmater des plaies béantes où hommes, femmes et enfants résonnent en résilience des événements de 1994. Certains personnages sont retrouvés à différents moments de leurs existences, fissurées par mélancolie et nostalgie , ingrédients d'un terreau infertile d'insouciance perdue.

Trois contes viennent ponctuer des tranches courtes d'existences enchainées aux souvenirs ou regardant vers l'avenir.

Lecture suspendue, vaporeuse qui s’appréhende sur un rythme qu'il m'a fallu stopper puis reprendre car l'écrit se livre à une oppressante sensibilité des conséquences génocidaires.

Une découverte de cette écrivaines qui appellera à d'autres lectures , c'est certains.
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Ejo

Le titre de ce livre résume tellement bien ce livre qu'il pourrait suffire à une critique... sauf pour ceux qui ne parlent pas kinyarwanda, ce qui représente tout de même une partie non négligeable de la population mondiale !

En kinyarwanda, Ejo signifie à la fois hier et demain. Drôle de façon de combiner passé et futur, mais c'est ce que parvient à faire Beata Umubyeyi Mairesse. Parler du passé de tout ce qui a amené à ce que cette tragédie survienne, parler du futur à construire après le massacre, le drame, mais finalement ne jamais parler de ce qui est toujours présent à l'esprit: l'horreur de ce génocide. Sans doute parce qu'on en a trop parlé, parce que se complaire dans la description de l'horreur est sans doute inutile ou en tout cas risque de ne laisser que s'exprimer les rancœurs sans trouver de solutions pour l'avenir et sans retenir les leçons du passé.

Ce qui est étrange c'est qu'Ejo résume aussi mon expérience de lecture, puisque j'ai d'abord découvert Lézardes, le futur de ce premier livre, avant de lire Ejo, le passé de ma première lecture. Expérience intéressante que de découvrir ces recueils de nouvelles dans un ordre différent que celui conçu par l'auteur. J'ai écorné d'une demi-étoile ma note car j'ai trouvé - et ce n'est que logique - plus de maîtrise dans Lézardes, un plus grand art dans la façon de faire naître des émotions très fortes.

Les deux recueils sont malgré tout très proches dans leur conception, des nouvelles qui ici tournent chacune autour d'une femme qui démarre le titre, et essaient de saisir l'essence d'un pays avant la tempête ou d'êtres en cours de reconstruction. Mentions spéciales pour Spesioza - Missing person (récit très touchant où le narrateur est pour la seule fois un homme, mais avec une seule femme en tête) et pour la nouvelle épistolaire Soeur Anne - Ne vois-tu rien venir ? qui épingle cruellement nos aveuglements occidentaux.

Je suis en tout cas particulièrement touché par la simplicité apparente de l'écriture de cette auteure qui cache une complexité foisonnante d'impressions, de sentiments, de réflexions profondes et troublantes, d'émotions très fortes. Tout comme la simplicité du prénom Beata ouvre à la complexité d'une identité double Umubyeyi Mairesse qui amène à une richesse extraordinaire.
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Consolée

Très bon livre à 3 voix: celle de Consolée, jeune métisse rwandaise qui en 1957 est retirée de sa famille noire pour être placée dans une institution avec d'autres enfants "mulâtres", cette même personne qu'on retrouve sous le nom de Madame Astrida dans un Ehpad en France et enfin Ramata, d'origine sénégalaise qui effectue un stage dans ce même Ehpad.



Ramata va chercher à connaitre l'histoire d'Astrida, qui atteinte de la maladie d'Alzheimer, n'arrive plus à s'exprimer en français mais uniquement dans une langue inconnue.



Ce roman est magnifique par sa douceur tout ne traitant de sujets graves comme la colonisation, le déracinement violent des enfants métis et du problème de dialogues des personnes immigrées qui sont atteintes de maladie neuro-dégénérative et qui ont plus de facilité à échanger dans leur langue d'origine.



Ce livre décrit également les différents générations d'immigration et leurs différences de vision d'une intégration plus ou moins réussie.



C'était donc une très belle découverte et je me ferai un plaisir d'acheter d'autres livres de cette autrice.
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Tous tes enfants dispersés

Blanche est née au Rwanda, et depuis 1994, vit à Bordeaux où elle a fondé une famille. Immaculata, sa mère, vit toujours dans son pays, avec ce qu’il lui reste de famille. Quant à Stokely, le fils de Blanche, il ne connaît pas le Rwanda de sa mère, ni sa grand-mère. Leurs trois voix interviennent tour à tour pour tenter de renouer le lien familial, distendu par l’éloignement. Il y a aussi la présence muette de Bosco, le frère de Blanche…

Je ne sais pas si cela vient d’une lecture un peu trop fragmentée ou inattentive, mais j’ai ressenti une certaine difficulté à entrer dans le roman, et à me situer dans la chronologie au début… Blanche est-elle revenu au Rwanda une seule fois en 1997 ou une autre fois ensuite, et raconte-t-elle un ou deux retours ? À partir du milieu du roman, j’ai pris mes marques et trouvé la fin très belle, et justifiant le chemin un peu ardu pour en arriver là.



Si j’essaye de voir ce qui m’a tenue à distance, cela vient sans doute de ce que j’ai pas mal lu sur le thème de l’exil et qu’au début, ce texte ne m’a rien apporté de plus par rapport à ces autres lectures, de même que sur le thème des relations mère-fille. Par contre, tout ce qui concerne le génocide de 1994 au Rwanda, et les traumatismes qu’il a engendrés, garde une force terrible par rapport aux autres sujets abordés.

J’ai noté aussi que ce qui concerne les noms (Blanche, Immaculata) ou la signification des prénoms dans la langue maternelle des deux femmes m’a semblé un peu lourdement appuyé, leur donnant un poids trop important dans le cours des vies. Par contre, lorsque l’auteure insiste sur le thème de la parole, ou des langues, cela se justifie, et présente un aspect très intéressant du roman.

Si je suis passée par des hauts et des bas avec ce roman, que cela ne vous empêche pas de le lire si le sujet vous intéresse et que vous en avez l’occasion !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Tous tes enfants dispersés

Prix des cinq continents 2020, ce roman est l'histoire de trois générations qui ont survécu chacune à leur manière au génocide du Rwanda.

Immaculata, la grand-mère qui a vu son pays s'enfoncer dans cette horreur, Blanche, la fille, qui a pu s'enfuir en France et Stokely, le petit-fils qui ressent cette histoire par les non-dits des deux premières.

Le génocide demeure en toile de fond.

Il est surtout question des origines, de quête d'identité, de filiation et de transmission.

L'écriture est soignée et élégante.

Il y a un vent de poésie malgré la complexité, la dureté des thèmes abordés.

Un beau roman bouleversant.
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Tous tes enfants dispersés

Il y a la terrible histoire rwandaise, la dispersion des Rwandais en une diaspora qui se reconnecte à ses racines (perdues ou enfouies), les traumatismes encore bien vivaces et qui ne demandent qu'à resurgir, les récits familiaux, les constellations, les liens distendus... Tout cela est dramatique, fruit d'une colonisation aveugle (pléonasme?), héritage de la présence belge dans la région.



Avec pudeur, Beata Umubyeyi-Mairesse raconte plusieurs générations de femmes (et d'hommes) aux prises avec ce passé bien présent. Avec cet héritage lourd et envahissant. Beaucoup d'humanité, de pudeur et d'empathie. Beaucoup de non-dits. Des douleurs cachées. Ou fantômes... un peu comme les membres amputés.



Si j'ai été sensible au récit, j'ai -par contre- eu beaucoup plus de mal avec le style. Je ne suis pas en phase avec ces longues phrases entrecoupées, hachées. J'ai trouvé qu'elles perdaient leur rythme. Avec une langue parfois très froide, comme s'il s'agissait de cacher les sentiments, les femmes se racontent, se dévoilent à demi (et encore!). Mais cela m'a parfois perdu.



Il reste un récit sur plusieurs générations, un récit qui fait frémir, même s'il est parfois raconté "en creux", quand l'autrice ne dévoile que la partie visible d'un iceberg génocidaire.
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