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Critiques de Camilo José Cela (52)
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La famille de Pascal Duarte

Tellement de fatalisme en 150 pages. Pascal Duarte sait que les catastrophes vont arriver, et pourtant il est impossible de les éviter, pire, parfois il les provoque volontairement, pourtant parfaitement conscient qu'elles feront son malheur. Car il est des situations où l'homme doit affronter son destin, quel qu'il soit. Et le destin de Pascal Duarte est rude, marqué dès son enfance par la misère et la violence. Et si, çà et là, surnagent parfois quelques étincelles de bonheur, elles sont éphémères, et n'en font que plus durement ressentir la dure réalité quand on a perdu ce à quoi on tenait le plus. Un livre sombre, dur, aussi aride que la terre séchée d'Estrémadure, un livre qui dévoile sans concession le pire de la nature humaine.
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La famille de Pascal Duarte

La famille de Pascal Duarte

Camilo José Cela (1916-2002)

Prix Nobel 1969.

Dans la prison de Badajoz capitale de l’Estrémadure (Espagne), au début du XXe siècle, un condamné à mort âgé de 55 ans raconte sa vie et celle de sa famille. Une vie tachée de violence et de sang qu’il a couchée sur le papier et dont le manuscrit sera remis aux autorités après sa mort.

Humble paysan, Pascal Duarte a connu une enfance baignant dans la violence et le drame, avec un père qui battait sa femme, et une mère alcoolique, une sœur Rosario fugueuse et voleuse, son petit frère Mario, un peu idiot, mort à l’âge de 10 ans.

« Mes parents s’entendaient mal ; ils n’avaient guère d’éducation, moins encore de vertus et n’observaient pas les commandements de Dieu…Ma mère ne savait ni lire ni écrire, mon père oui, et il était si fier qu’il le lui jetait à la figure à tout bout de champ… Quand je quittai l’école, j’avais 12 ans…Je me suis demandé souvent, et pour dire vrai, je me demande encore maintenant comment j’avais cessé de respecter ma mère, et comment j’avais perdu l’affection et même la retenue qu’elle m’inspirait…Pour la haïr, je dus mettre quelque temps, mais ne pense pas me tromper beaucoup en indiquant l’époque où mourut Mario. »

Plus tard, la rencontre de Lola avec qui il se marie semble être le tournant pour lui qui aspire à la paix depuis toujours, mais le sort s’acharne. Pascal est convaincu qu’il est victime de la fatalité ; à son contact, tout se défait : mort de ses enfants, de sa femme, de ses proches…

Une vraie tragédie antique que cette histoire très racinienne où le héros malheureux est marqué du signe de la mort. Dans un climat passionnel et ardent, les personnages se délitent et courent à leur perte.

Ce récit âpre et noir publié en 1942 est considéré comme le chef d’œuvre de Camilo José Manuel Juan Ramon Francisco de Geronimo Cela, grand romancier espagnol, Prix Nobel de littérature 1969. Un livre culte écrit dans un style sobre et précis.

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Judíos, moros y cristianos

J'avais pense etudier les lettres hispaniques a Salamanque. Mais je ne sais ce qui s'est passe, si je n'ai pas ete recu, ou si on m'a renvoye pour indiscipline, ou si je me suis ennuye des le premier cours. Bref, vivement Madrid prendre le premier avion. Enfin, vivement… vivement… avec quelques haltes en chemin. J'ai quelques idees mais je mets dans ma musette le livre de quelqu'un qui a vagabonde dans la region il y a quelques dizaines d'annees. Il me faut dire que je n'aime pas ce vagabond, ah, non, je ne l'aime pas. C'est Cela, celui qui s'est vendu aux fascistes pendant la guerre civile sans en avoir besoin et sans y etre force, mais bon, son livre a un titre qui m'interroge: Juifs, maures et chretiens.



Grosse erreur de ma part. L'auteur a parcouru la region de 1946 a 1952, a pied ou en stop, s'arretant a chaque petit village pour exposer en long et en large son entourage geographique, ses cultures agricoles, la disposition de ses rues et de ses maisons, en plus d'anecdotes historiques sur les personnages plus ou moins celebres qui y ont mis les pieds. Barbant. Meme quand il s'entretient avec l'habitant il n'enregistre que des platitudes. Tous de braves paysans, pauvres, la plupart analphabetes, mais braves. L'Espagne de toujours. Comme s'il n'y avait pas eu une guerre fratricide 10 ans avant. Comme si aucun village n'avait souffert. Comme si tout le monde acceptait le regime avec serenite, ou au moins avec fatalite. Cela parcourt et decrit un pays paisible et apaise, et le regime a du l'applaudir chaudement. de toutes facons je suis pratiquement sur que la plupart de ces villages, ou se sont vides, ou ont grandi demesurement pour devenir des quartiers excentres des villes de la region, perdant leur particularisme sinon leur ame.



Et le titre, qui m'avait attire, est aussi un leurre. de juifs et de maures il n'est question que dans quelques remarques, eparses, qu'on peut compter sur les doigts des mains. Et encore avec un biais assez revoltant. A Ayllon il se rappelle que Saint Vicente Ferrer obligea les maures a porter des chapeaux verts et les juifs un signe rouge sang sur leurs tuniques (comment un fanatique aux paroles pleines de haine et mains pleines de sang a-t-il pu etre canonise?). A Avila, visitant le monastere de Santo Tomas, il fremit au souvenir du “Santo Nino de la Guardia", crucifie par les juifs (il croit encore a ces allegations de meurtre rituel?). Devant l'eglise de San Vicente il rappelle qu'elle fut construite par un juif qui se convertit apres que, s'etant moque des reliques du saint, fut attaque par un serpent vengeur. A Sepulveda “le nombre de juifs tuant des enfants ne pouvaient non plus manquer" mais il concede que cette multiplication est quand meme un peu suspecte.

Les maures ne sont pas mieux servis. Ils ne sont mentionnes que quand ils ont perdu une ville ou un bourg, lors de victorieuses avancees chretiennes. Ou alors quant il note l'utilisation du vocable “moro": les nouveaux-nes sont “moros" jusqu'a leur bapteme. “Moro” designe aussi les bruns, contrairement aux goths blonds: “les jeunes filles de Candeleda sont maures. Celles de Guisando gothes". Et “morito" est un nom qu'on donne a un chien ou a un ane. La grandeur des anciens habitants musulmans n'est refletee que dans le plus haut sommet de la cordillere de Gredos: le Almanzor. Il n'est que quand il traverse la “Plazuela de las vacas” a Avila, ou s'eleve l'ermitage de “Notre Dame des vaches", que, invocant le miracle qui permit a des vaches de labourer sans aide humaine, il note que ce mythe chretien est a sa place dans un pays ou les seuls qui montrerent quelque gout pour le travail furent les juifs et les morisques.



La fin du livre, ou il se lance dans une declaration d'amour envers Isabel, la reine qui “accoucha de l'Espagne", finit de me convaincre: je rangerai ce livre au plus profond de ma besace et mon vagabondage se fera sans lui. de toutes facons je suis surtout porte sur les villes et je crois que j'y chercherai autre chose que ce qu'y trouve Cela.



Et me voila, venant de Salamanque, aux portes d'Avila. Avant d'y entrer je m'arrete au mirador des “cuatro postes” admirer la muraille d'enceinte. Une fois dedans je cherche la porte de l'Alcazar, reputee comme la plus imposante. C'est surement vrai mais elle s'ouvre sur la place dite du grand marche, del mercado grande, une place enorme, vide, sans ame, malgre les trottoirs couverts qui l'entourent, malgre la petite eglise romane de San Pedro, ou se tinrent des jugements de l'Inquisition (et qui sait? On y tortura peut-etre aussi). Je bats en retraite et me dirige vers celle “du petit marche", et je decouvre une jolie plaza mayor ou il fait bon s'assoir et deguster des “yemas” avec un café. Pas trop parce qu'elles sont lourdes, de l'oeuf et du sucre. J'arrive quand meme a me lever et marche vers la cathedrale. Elle a des allures de forteresse, gardee par des lions, mais l'interieur est feerique: les colonnes et les arcs sont faits de pierres de differentes couleurs, ou alors c'est une question de rouille, en tous cas cela donne un tableau impressioniste, pointilliste, bluffant.



Sans m'attarder, en route pour Segovia! Je laisse aux touristes tout ce qui est recommande par TripAdvisor et vais me recueillir devant la statue de Juan Bravo, un autre des comuneros qui ont defie la royaute au 16e siecle. C'est significatif que Cela ne l'ait meme pas mentionnee, bien qu'elle fut erigee en 1921. Isabelle de Castille ne le lui aurait pas permis.



Je suis quand meme un peu fatigue. Je rejoins Madrid. L'avion. Au revoir, Espagne! Au revoir, Sepharad! Au prochain pelerinage!

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La ruche

"J'aimerais développer l'idée que l'homme sain n'a pas d'idées. Pour faire l'histoire, il faut ne pas avoir d'idées, comme pour faire fortune il est nécessaire de ne pas avoir de scrupules".

Voilà le principe que pose l'auteur en préface de la troisième édition, et qui se décline en effet dans cette ruche : un roman sans idées, peuplé d'hommes et de femmes sans idées, se contentant de s'agiter les uns les autres, sans scrupules souvent, sans orientation, sans guère d'espoir, comme des pièces d'un puzzle mouvant qui en délivre au final quand même une, de grande idée : le tableau d'une société mise à mal, déboussolée, racornie par des années de guerre et d'oppression, une société ayant perdu le sens et le désir et se raccrochant à quelques lambeaux de vie sans joie : qui à un cigare au fond d'un café, qui au bras d'un homme, qui à la piécette mendiée.

L'accès ne m'aura pas été immédiat à ce livre étrange constitué de centaines d'instantanés de vie dans le Madrid de 1942, tous très immersifs mais ne permettant pas de dégager spontanément de lignes de force, d'autant que l'auteur, factuel, cynique, souvent cruel et parfois tendre, ne guide pas la pensée. Et pourtant au fil des pages une sensation surgit et se déploie, celle d'un gâchis, d'une misère dénuée de sens, du spectacle d'une communauté engluée dans un bras mort de l'histoire et que l'on peine à imaginer repartir de l'avant.

En ce sens, cet étonnant roman est un témoignage magistral de la réalité des années franquistes, loin des livres d'histoire.

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La famille de Pascal Duarte

Avec La famille de Pascal Duarte, je découvre le « tremendismo », ce courant littéraire espagnol dont le roman (ou son auteur) en est le précurseur, « une esthétique du terrible » comme l’écrit Albert Bensoussan dans son intéressante préface. Suivant le thème du condamné à mort qui rédige ses Mémoires, Pascal Duarte s’en remet à la fatalité et au déterminisme social pour justifier les actes violents qu’il a commis, racontant son enfance malheureuse auprès de parents brutaux et alcooliques, terreau de la haine qui l’habite, une haine qu’il n’assume pas. Pour ce que j’ai pu lire sur le roman, j’ai eu l’impression que la version originale était peut-être plus représentative des origines du personnage quant au niveau de langage utilisé - très écrit en français -, ce qui ne m’a pas dérangée par ailleurs, l’ayant vu dès le départ comme un narrateur peu fiable cherchant à manipuler et à contrôler son image. Je m’attendais à être davantage choquée des scènes de violence du roman mais ce ne fut pas tant le cas, l’effet du tremendisme peut-être, qui théâtralise et induit une distance ? Un objet littéraire que je suis contente d’avoir lu.
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La famille de Pascal Duarte

Camilo José Cela, né en 1916, prix Nobel 1989, est l’un des grands classiques et des grands narrateurs de la génération espagnole d’après la guerre civile, et c’était l’un des auteurs majeurs de mon cours de littérature espagnole. J’ai eu l’idée de le relire des années plus tard, et je n’ai pas été déçu. Il a le rare talent de conter les évènements de manière expressive, à la fois sensible et réaliste. Pascal Duarte attend son exécution dans une prison et passe en revue toute sa vie, et surtout toute sa famille, d’où le titre du livre. Une famille pauvre dans une région pauvre. Une mère dure, violente, maladive, alcoolique, sale et analphabète. Un père contrebandier, violent et trop vite décédé. Un frère handicapé. Une sœur prostituée. Une scolarité courte car, selon la mère, ce qu’on apprend à l’école ne sert à rien. Un couple raté. Bref, la totale! La faute à pas de chance qui l’a amené à commettre l’irréparable.

Citation «Ma mère avait dans la bouche un langage que Dieu lui aura pardonné car elle blasphémait les pires choses à chaque moment et pour les motifs les plus futiles. Elle s’habillait toujours de noir et était peu amie de l’eau, si bien qu’à la vérité, pendant toutes les années que j’ai vécu avec elle, je ne l’ai vu sa laver qu’une seule fois... Mes parents… manquaient de conformité avec ce que Dieu nous ordonne, défauts dont pour mon malheur, j’ai eu à hériter».

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La famille de Pascal Duarte

Premier roman, écrit en 1942, de l'écrivain espagnol Camilo José Cela, prix Nobel de littérature 1989.



Je n'ai pas du tout aimé ce livre. Premier roman de l'auteur, il m'a fait pensé à un bon exercice de style, débordant de violence gratuite pour accrocher le lecteur.



Le narrateur, qui écrit pourtant si bien (dites-moi où est l'erreur ?!) est pourtant un moins que rien, fils d'un couple de paysans ignares et ivrognes. de toute la lecture, on ne sait absolument pas s'il a un métier quelconque ou cultive quelque terre. Par contre, il est clairement indiqué qu'il ne fréquente pas l'école très longtemps. Pourtant l'écriture est soignée, léchée, classique, pour donner une lecture agréable, sans fausse note, sans argot, sans aucune erreur de grammaire. Les temps sont accordés, les adverbes à leur place, les adjectifs choisis. Pour moi, c'est une imposture.



Vous aimez la violence gratuite ? les effets sanglants des coups de couteaux ? les malades mentaux qui tuent "sans savoir pourquoi", ben ce livre est pour vous ! Cela me donne plutôt la nausée et j'ai eu du mal à finir le livre.



Précisons que contrairement à ce qu'indique la quatrième de couverture, tous ces meurtres (la jument, le chien, sa mère, l'amant de sa femme...) ont lieu bien avant la guerre civile. Seul celui du riche propriétaire voisin a lieu au début de la guerre mais il est à peine mentionné à la fin du récit, et encore, par quelqu'un d'autre que le narrateur.



Mais il faut croire que le livre a rempli son effet car en 1942, il a été interdit de publication pendant un temps, autant dire qu'il ne fallait que cela pour le transformer en best-seller.



Tout le monde ne peut pas être Victor Hugo, pour moi ce livre est un torchon, écrit avec la flagrante volonté de choquer et de dégoûter, et ainsi se faire une place dans le milieu des écrivains.









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La famille de Pascal Duarte

Atavisme et hérédité, fatalité et circonstances, Pascal Duarte jette ses horrifiques et poignantes mémoires sur une liasse de feuillets, en tentant de démêler, de comprendre et de faire comprendre.

Parce que, pour Pascal Duarte, la partie est finie! Bien triste partie, en vérité, de rares éclats de bonheur noyés dans la grisaille brûlée d'un malheur tenace.

Alors, Pascal Duarte raconte, dit tout ou presque puisqu'il en manque un bout: Son terrible père, son horrible mère, sa jolie sœur, son frère martyrisé, son autre frère innocent... Quelle famille!

Pascal Duarte va se marier, fuir, revenir, tuer, être emprisonné, se re marier... Rien n'y fera: Pas moyen de trouver la tranquillité à laquelle son être aspire! Ironie du sort, la libération anticipée pour bonne conduite de son premier emprisonnement, va le précipiter vers encore plus de malheur!

Alors, Pascal Duarte écrit, écrit pour rassembler ces souvenirs de misère.

Pour conter ce bonheur entrevu avec son enfant prématurément disparu.

Trop d'amertume, de haine, de tourments: La ronde de Pascal Duarte va s'achever, comme si le Monde ne voulait décidément pas de cet être-là!

La famille de Pascal Duarte? Un livre bref, mais tellement lourd de malheur.
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La ruche

Ecrit en 1950 par le futur Nobel espagnol Camilo José Cela, ce roman porte bien son nom car il "bourdonne" d'une multitude de personnages,

160 nous dit la préface. C'est le grand intérêt de ce roman, une prouesse d'écriture. On suit les interactions de ces différents personnages sur quelques jours par de courts dialogues les uns avec les autres.



On est à Madrid, en 1942, dans un quartier populaire. Les saynètes ont lieu principalement dans le café de Dona Rosa mais aussi aux domiciles, dans des commerces, et chez les prostituées. Les personnages ne sont pas très reluisants, ils font pitié ou nous rebutent. Leurs préoccupations sont très terre à terre : manger, coucher, obtenir de l'argent.



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La ruche

Autour d'environ trois cent personnages et d'une action diffractée, sur un ton journalistique et documentaire souvent très cru, cette oeuvre de Cela, proche d'un point de vue formel de Manhattan Transfer de Dos Passos, est une série d'apparitions de personnages pris sur le vif, sorte de portraits de la vie urbaine madrilène sur lesquels l'auteur va projeter ses obsessions. Quasi impressionniste, le récit est sans progression ni intrigue,mais la prose reste intense.



L'immense ruche aliénante qu'est Madrid semble diluer toute forme d'identité individuelle ou collective. Concentré, l'espace de ce roman est volontairement étriqué, n'allant jamais plus loin qu'un quartier, quelques rues et un café.

Dans une réalité dominée par l'indigence matérielle et morale, celle de l'après guerre civile régie par la rigidité franquiste, Cela mêle avec férocité toutes les couches sociales, uniformisant leurs choix, leurs expériences et leur destinée pour mieux désigner les tabous et démasquer la société espagnole. Le tout est un livre d'une admirable férocité, précurseur du roman social.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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La famille de Pascal Duarte

Coup de tonnerre dans un ciel serein! Je viens juste de découvrir ce roman, dont on peut comprendre qu'il ait ébranlé le monde littéraire espagnol à sa sortie.



Un des plus forts livres sur la psychologie du meurtrier, qu'il m'ait été donné de lire. Je n'ai pas pu ne pas penser à Hygiène de l'assassin, brillant exercice, qui rétrospectivement m'a paru bien fade en comparaison.



On navigue quelque part entre le réalisme à la Zola et la noirceur de Dostoïevski. Avec le mérite de dépeindre le monde paysan tel qu'il est. On est loin des ploucs simplets et de la vie idyllique que certains citadins en mal d'évasion post-Covid croient encore possible de nos jours.



Le contraste est violent entre les sentiments complexes et profonds qu'exprime Pascal Duarte dans son journal, du fond de sa prison, et les dialogues pauvres de mots qu'échangent les protagonistes (y compris Pascal Duarte lui-même). Mais cela ne les empêche pas d'y faire passer des sentiments sincères.



La clé du roman est peut-être dans le fait qu'à force de haïr d'autres personnes, y compris sa propre mère (crime des crimes, s'il en fut) on en vient à se détester soi-même. À accepter cette fatalité implacable. La suite de malheurs qui semble pourchasser le 'héros' est cependant illuminée à de brefs moments par quelques éclairs de bonheur. La vie, en somme? Il nous avoue qu'il n'éprouve aucun remords pour les assassinats qu'il a commis. On doit regretter l'injustice, nous explique-t'il: battre un enfant, tuer une hirondelle. Mais pas les actes auxquels la haine nous a poussé.



On notera aussi que le roman donne la parole aux quelques personnes qui ont hérité des écrits du prisonnier. Un procédé littéraire qui en renforce le réalisme, et souligne le tragique de cette destinée.
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La famille de Pascal Duarte

Pascual Duarte est un personnage très violent qui cherche à justifier son comportement tout au long du roman. Il raconte son histoire depuis la prison, ce qui ajoute encore plus de dureté à son récit. Il se sent victime d'une société qui le condamne à être un raté et la violence est la seule réponse qu'il trouve. C'est donc un livre très dur. L'histoire est racontée de façon si réelle que l'on réussit à sentir ou à comprendre comment se sent Pascual. C'est justement cette façon de raconter l'histoire que j'ai beaucoup aimé. L'auteur n'omet aucun détail.
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La famille de Pascal Duarte

Cela commence par la mort d'un chat, tombé sous la balle d'un homme, Pascal Duarte.

Et ce n'est que le début, car la mort n'en finit pas de faucher ses victimes autour de Pascal Duarte, paysan miséreux né sur une terre sèche et sans avenir d'une brute de père et d'une mère taiseuse et mal aimante. C'est ce parcours de mort que Pascal confesse du fond de sa cellule, en attendant la mort.

Il y a quelque chose qui vous happe dans ce récit violent, hyper réaliste, où la terre d'Extrémadure vous dessèche les yeux, l'atrocité du sort réservé aux innocents, le frère handicapé de Pascal puis son propre fils, vous tire des larmes, sa bestialité des cris et sa mauvaise fortune des larmes. L 'auteur vous place dans la position inconfortable d'un juge dans l'incapacité de juger mais tenu de regarder en face, à travers le personnage de Pascal Duarte, la réalité d'une misère indicible et absolue.

Belle découverte pour moi par ce roman d'un nouvel auteur nobellisé, dont je ne suis paradoxalement pas sûre d'avoir envie de recroiser la plume.

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Le joli crime du carabinier



Cuentos para leer despuès del baño - CELA ... est publié en France en 1991 sous le titre "Le joli crime du carabinier et autres anecdotes". Ce recueil contient 19 nouvelles toutes plus réussies les unes que les autres. Le hasard a guidé mon choix de lecture et je suis ravie d'être entrée dans l'univers de Camilo Jose Cela avec ces textes à la fois drôles, abscons, émouvants, cruels souvent absurdes mais tellement humains! Je vous recommande La terre promise ou de l'avenir d'un pou...

Il ne me reste plus qu'à me plonger dans d'autres livres de Cela, je pense bien sûr à La famille de Pascal Duarte son premier roman devenu un fleuron de la littérature espagnole.
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Nouvelles aventures et mésaventures de Lazari..

La vie de Lazarillo de Tormès est une œuvre anonyme du XVIe siècle, précurseur du roman d’aventure, fier représentant de la littérature picaresque. Malheureusement, il est aussi resté incomplet. Plus récemment, au milieu du siècle dernier, le grand écrivain Camilo José Cela s’est attaqué à ce pilier en le réécrivant. Ancré dans une Espagne du début du XXe siècle, décidément moderne, le roman garde tout de même l’esprit de l’original qui se voulait une dénonciation de la société de l’époque tout en constituant un divertissement facile et agréable.



D’emblée, on y découvre un Lazarillo adulte, devenu apprenti. Toutefois, il a le regard tourné vers le passé. Il raconte son enfance, sa mère (probablement prostituée), son abandon. Laissé à lui-même, il devra se montrer fort et débrouillard. Pour survivre, il se trouve une place auprès de maitres, neuf, chacun au centre d’un chapitre. Brigand, hidalgo, musiciens, voyageurs, philosophe itinérant, etc. Tous plus colorés les uns que les autres. Et drôles ou risibles, bien souvent malgré eux, pour notre plus grand divertissement. Ceci dit, ces maitres sont surtout soit cruels, soit stupides. Ou naïfs. J’ai eu espoir que le sort du garçon s’améliore auprès de certains d’entre eux mais, dans ces rares cas, c’est le destin qui s’est chargé de séparer l’orphelin et son mentor.



À force de fréquenter des maitres malhonnêtes ou profiteurs, et de faire son apprentissage de la vie auprès d’eux, le jeune Lazarillo ne pouvait que devenir un peu fripon lui-même. Toutefois, on lui pardonne tout. C’est que, au fond de lui, il n’est pas réellement méchant : il n’a connu que la misère, il est en mode survie. Mieux, on en vient à penser que ses maitres méritent les petites vengeances qu’il se permet. Après tout, ce sont ceux-là les vrais méchants. Ils représentent les travers de la société espagnole du début du XXe siècle, l’apathie, les inégalités, les injustices. Comme quoi certaines choses ne changent pas (ou si peu) avec les années, les époques.



À la fin, on retrouve un Lazarillo un peu plus âgé, sa situation est un peu plus stable mais il semble toujours au service d’un maitre égoïste, un pharmacien. Va-t-il s’enfuir à nouveau et continuer à bourlinguer dans la vie? Ses derniers mots laissent espérer qu’il y aurait une deuxième partie. Souhait ou réelle intention? Malheureusement, Camilo José Cela est mort et on n’a pas trouvé dans ses papiers la suite.
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La famille de Pascal Duarte

Que dire de ce livre ? Si ce n'est qu'il m'aura fallu 3 heures après l'avoir terminé pour me remettre complètement de l'expérience émotionnelle qu'il représente.

Pendant le premier 3/4 du livre, tout se déroule relativement tranquillement, agréable à lire, mais sans scène de violence outre mesure. Pour en venir à la fin du livre, à LA scène. le moment ou il commet le meurtre en question. Une scène et un moment décrit dans le détails, avec une fidélité et une honnêteté qui déstabilise.

Imaginez-vous un homme, debout dans la chambre à coucher de sa mère, sur le point de commettre ce crime inqualifiable. Et il nous décrit tout. Pascal Duarte nous amène dans sa tête, avec chacune de ses pensées et émotions. Une scène troublante.

Ce que j'ai le plus apprécié du livre, c'est l'authenticité. C'est-à-dire que, comme ça a été écrit par quelqu'un qui allait mourir très prochainement et qui le savait, il n'avait rien à perdre, plus rien à défendre, plus d'ego ou d'image à maintenir. le livre, pour moi, ressemble davantage à un journal intime d'un homme avant de mourir qu'un roman.

Au final, un livre d'une grande intensité émotionnelle. Un livre que j'ai terminé en sachant que j'allais m'en rappeler pour toujours.

Je lui attribue la note de 8/10, une note qui reconnaît et félicite l'aspect unique de ce livre. Mais une note qui ne s'emballe pas trop puisque ça demeure un livre avec une histoire linéaire plutôt simple du point de vue littéraire.



Le lien en dessous est une vidéo que j'ai fait sur le livre


Lien : https://www.facebook.com/100..
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La famille de Pascal Duarte

Parole, une bien navrante famille que celle de Pascal Duarte! Un père violent, alcoolique, qui agonisa de la rage, enfermé dans une armoire. Une mère illettrée, que l'amour maternel n'étouffait guère, la carne! Une sœur de mauvaise vie, et un bâtard comme frère, avorton et idiot, mort noyé dans un récipient d'huile. Bien triste en vérité. Duarte livre sa confession, un peu pour soulager sa conscience mais surtout à des fins édifiantes. Il narre son désolant chemin dans la vallée de larmes, qui l'a conduit de l'humble masure familiale en bordure d'une route, en Estrémadure, région espagnole frontalière avec le Portugal, jusqu'à la prison, antichambre de la mort.



La Famille de Pascal Duarte est l'œuvre la plus connue de Camilo José Cela, prix Nobel de littérature 1989. Elle a initié une nouvelle esthétique littéraire de la littérature espagnole, fruit et sublimation des souffrances endurées par les auteurs de cette période durant la Guerre Civile : le Tremendisme. C'est un roman relativement cours qui se lit aisément en une journée; c'est très empreint de pathos, de religiosité et ça laisse libre cours à la violence sous toutes ces formes. Je ne m'avance guère en disant qu'il laissera un souvenir proportionnel au temps qu'il a fallu pour le lire.
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La famille de Pascal Duarte

Quand on évoque les précurseurs de la forme romanesque, le nom de Cervantes fait à coup sûr partie des tout premiers. L'Espagne peut donc s'enorgueillir d'avoir donné naissance au premier romancier moderne.

Et pourtant, quand on regarde la liste des lauréats espagnols du prix Nobel de littérature, on trouve d'abord deux dramaturges (José de Echegaray en 1904 et Jacinto Benavente en 1922), puis deux poètes (Juan Ramon Jimenez en 1956 et Vicente Aleixandre en 1977). C'est donc finalement Camilo José Cela qui fut le premier (et le seul si on exclut le Péruvien naturalisé ensuite espagnol Vargas Llosa) romancier espagnol honoré par le Nobel de littérature.



A travers Cela, c'est sans doute tout le tremendisme que l'

Académie a voulu honorer en récompensant son précurseur. Le tremendisme, ce mouvement littéraire espagnol né des souffrances de la guerre civile et utilisant le sexe, la violence et le drame pour dépeindre la société espagnole, souvent par le prisme de personnages déficients ou issus des milieux les plus défavorisés. L'exagération de certaines scènes peut faire penser d'ailleurs à Cervantes ou aux littératures sud-américaines modernes qui sont un peu filles de ce mouvement.



Ce roman est d'ailleurs le premier de Cela et coche bien toutes les cases du mouvement littéraire. On remarquera également l'astuce du récit apparemment récupéré par hasard, retranscrit tel quel sans ajout, comme s'il s'agissait d'une confession réelle d'un homme arrivé au bout de sa vie et cherchant l'absolution auprès d'un notable de son village.



En s'adressant au destinataire de son témoignage, le personnage principal de Duarte prend à parti le lecteur et l'invite dans son récit de vie. Il cherche à lui expliquer en quoi cette famille, ce terreau où il a grandi, n'a pu que le mener où il finit. Les portes de sortie que le narrateur ouvre ne sont là que pour confirmer le destin inéluctable: il aurait pu devenir plus sage, plus raisonnable... si les leçons que toute sa vie lui a appris lui avaient été données à la naissance. C'est donc bien le pardon que le personnage vient nous demander, conscient que la confrontation avec Dieu est proche et que la violence ne lui permettra pas de se sortir de cette rencontre là.



Malgré toute la noirceur bien évidemment présente dans le récit, on ne peut s'empêcher de sourire à de nombreux moments de la naiveté de Duarte. Elle est admirablement rendue dans des phrases simples mais fortes à l'image de "Je voulais me calmer, parce que je me connaissais et que, d'homme à homme, il n'est pas bon de se disputer un fusil à la main, quand l'autre n'en a pas". Quel fatalisme ironique se cache dans cette phrase si prémonitoire quand on connait la suite de l'histoire.



Une vraie belle découverte que ce Nobel pour lequel une lecture d'un deuxième opus ne sera pas une contrainte mais un réel plaisir.
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La famille de Pascal Duarte

Terminé il y une semaine et j'avais déjà du mal à me souvenir de l'histoire autant dire que cette famille Duarte ne me laissera pas un souvenir impérissable, sûrement pas de souvenirs du tout dans quelques semaines.

Un roman sombre d'une noirceur indicible symbole du tremendismo mais que no es tremendo para mi : une immense déception.



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La famille de Pascal Duarte

Une histoire sur la misère, et la fatalité qui s'abat sur une famille au début du XXè siècle.

Comme tant d'autres romans, ceux de Victor Hugo, Zola, Steinbeck et tous les autres peintres de la vie brossant des destinées pitoyables, de mauvais choix guidés par l'ignorance et la violence, ce récit met en scène un paysan Espagnol né dans une gueuse famille, entouré de piteux autres personnages.

Dans ce décor sordide se traîne Pascal Duarte qui aurait pu vivre humblement mais qui provoque des situations inextricables dont seul le meurtre peut en faire sortir.

Une famille d'affreux, sales et méchants.
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