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Critiques de Carine Joaquim (147)
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Nos corps étrangers

Le coeur de ce premier roman bat au rythme d'un trio familial ordinaire. Un père, une mère, une fille adolescente, nouvellement installés dans une banlieue parisienne banale, un nouveau départ pour un couple fragile.



Avec précision, l'auteure décrit leur quotidien avec une froideur clinique, pourtant non dénuée de chair et de sensibilité grâce à des personnages bien campés. On colle à leur ressenti, leurs émotions, leurs pensées, leurs contradictions et leurs aspirations, dans toute leur complexité. Peut-être moins avec le père, plus monolithique, dont les excès de la réaction finale, plausibles en théorie, ne m'ont pas semblé crédible tel qu'ils ont été avancés dans le récit. Par contre, la fille, qui ne se révèle pas être qu'une adolescente égocentrique et insouciante, et surtout la mère, sont de superbes personnages. Difficile d'oublier Elisabeth dont la caractérisation se construit dans une psychologie très fine, au-delà des clichés de l'épouse victime d'infidélité en détresse.



Nos corps étrangers. Le titre est parfait, il résonne durant toute la lecture en plusieurs strates d'imbrication. Le corps qu'on ne maitrise pas ou plus et qui trahit. Les corps d'un couple qui se sont irrémédiablement éloignés. Le corps d'une jeune fille qui s'ouvre au désir. Le corps trop adulte d'un migrant enregistré comme collégien. Le corps d'une femme fracassée par l'adultère qui se réfugie dans des troubles alimentaires. Chaque personnage devient lentement étranger à l'autre, s'empêtre dans une solitude de plus en plus criante, englué, jusqu'au terrible drame.



Si la tension monte crescendo, jamais je n'ai vu arriver la déflagration finale qui consacre la chute de la famille dont on a suivi progressivement le délitement. Spectaculaire. Brutale, sidérante aussi, elle correspond à la réalité de la situation. Avec le recul, la minutie discrète de l'auteure est révélée, elle qui a semé des indices subtils, judicieusement placés, tellement qu'on ne les avait pas remarqués mais qui nous reviennent en mémoire alors qu'on est sous le choc du dénouement. Dans cette scène, l'écriture est remarquable pour décrire l'insoutenable, à la fois nerveuse et divaguante, précise et intuitive.



Tout prend sens. Et notamment le soin qu'a pris Carine Joaquim à déployer la banalité presque ennuyeuse du quotidien de cette famille. Car c'est dans cette banalité que s'est joué l'engrenage qui mène à la tragédie de fait divers. Cette famille tellement ordinaire qu'on peut aisément s'identifier à eux ou les identifier à des personnes de notre entourage. Tellement qu'on ne peut pas détourner le regard, qu'on ne peut pas se rassurer lorsqu'éclate la « monstruosité » d'un. Les monstres, ce ne sont pas les autres.



Je regrette juste qu'il embrasse trop de thèmes ( l'accueil des migrants, le dépassement par l'art, le handicap, le harcèlement, l'adultère, l'adolescence ... ). Même si je comprends la volonté de l'auteure d'ouvrir l'intime de cette famille en la confrontant à l'altérité du monde extérieur, cela dilue le propos car aucun de ses thèmes ne peut être totalement exploré, ce qui conduit à un épilogue un peu maladroitement conduit pour refermer les portes ouvertes.



Reste que ce premier roman est globalement très réussi, intense et profond dans ce qu'il dit de nous.



Lu dans le cadre du collectif 68 Premières fois

https://www.facebook.com/68premieresfois

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Nos corps étrangers

Le premier roman de cette auteure enseignante me faisait de l’œil au vu des avis dithyrambiques. Un premier roman, ça passe ou ça casse.



Pourtant ici, mon cœur ne balance pas. J’ai commencé ce livre et il m’a été impossible de le lâcher. Lu d’une traite en apnée. Sueurs froides. Palpitations. Nuit blanche.

5h du mat, je claque des dents et je monte le son : Nos corps étrangers. Encore toi. Je te veux, je te bois, je te tiens.



C’est l’histoire d’un tableau familial sinistre et glaçant. Celui-ci renvoie à nombre de couples qui vivent sans se voir, où les silences résonnent comme des cris dans la nuit. Pour ces trois-là, Stéphane et Elisabeth, père et mère, leur fille Maeva, la nuit n’en finit pas. Les violons grincent, les rancœurs grimacent encore et encore, les adolescents partent en vrille pendant que les adultes s’échinent à oublier, à tourner le dos à une rengaine du je t’aime moi non plus. Serge Gainsbourg le scande dans la nuit éplorée, c’est moi qui t’ai suicidé, mon amour. Sorry angel.



On peut en effet reprocher un patchwork fourre-tout à ce roman avec multitude de thématiques : le harcèlement, l’handicap, l’infidélité, l’immigration etc. Ca peut déranger ou bien comme moi, on passe outre et on se laisse emporter par ce tableau abîmé de toute part où les oiseaux y sont pendus à l’acrylique, l’œil narguant. J’ai aimé ce livre. Pour tous les sentiments d’impuissance qu’il véhicule. Pour cette rage sourde qui sommeille un peu partout quand on s’aime moins, quand on n’y croit plus vraiment.

Pour cette réalité qui s’invite partout à nos portes. Les gosses qu’on laisse trop vivre parce qu’on a mieux à penser, les maris qui s’envoient en l’air pour faire passer la pilule de la quarantaine, les mères qui n’en sont plus vraiment. Et puis on reste là et on ne voit pas le gâchis de ce quotidien assis sur des tapis de complaisance.



J’ai trouvé ce roman terriblement addictif. Un seul regret peut-être, 233 pages. J’en voulais plus.

5h du mat, je claque des dents et je monte le son : Nos corps étrangers. Encore toi. Tu m’as eue. Tu m’as aspirée. Tu me tiens.

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Les rêves échoués

Nos corps étrangers avait été un coup de coeur. J’ai foncé tête baissée vers le nouveau roman de Carine Joachim, Les rêves échoués.



Clarisse est une jeune ado de bientôt quatorze ans, extrêmement difficile et rebelle. Une véritable peste qui donne à plaindre ses pauvres professeurs et à accuser ses parents pour leur éducation défaillante. Derrière chaque ado mal en point se cachent les failles de l’éducation. Tout se joue avant six ans, je suis assez d’accord.



Sur le point d’être renvoyée de son collège, Clarisse fugue et croisera la route de Tony, un jeune homme qui va la prendre sous son aile et l’emmener au Portugal.



Le personnage de Clarisse ne m’a inspiré que peu d’empathie. J’ai vraiment du mal à me faire à ces clichés de l’adolescence où les jeunes ne balancent qu’insultes et grossièretés - mots poubelles- à tout bout de champs.



Les parents m’ont perturbée car bien trop démissionnaires, l’environnement insécurisant au possible alors qu’au 21e siècle, la protection de l’enfance bat son plein.



La fuite de Clarisse et Tony au Portugal ne m’a rien évoqué faute à des envolées géo-historiques qui n’apportent pas grand chose et desservent les personnages trop dans l’ombre.



Ce n’est qu’au dernier tiers que l’histoire m’a attrapée avec du suspens, de l’action, des révélations et un soupçon d’émotion. J’aurai aimé que l’ensemble du roman soit de la même veine avec des personnages qui crient leurs démons, leur rage de vivre. Ne pas ressentir non plus ce décalage omniprésent entre le langage parlé de Clarisse très terre à terre (trop grossier pour moi) et la narration externe plus douce et envolée.



Un avis en demi teinte pour ce livre qui plaira certainement aux amoureux du Portugal, n’ayant pas froid aux yeux devant le visage d’une adolescente qui ne mâche pas ses mots et cherche juste comme beaucoup de jeunes à être libérée de ses démons intérieurs.



Je crois aussi qu’on ressent une histoire selon tout un panel de choses, comme sa propre histoire, ses valeurs, son expérience de vie, son ouverture d’esprit aussi. Je suis souvent très intransigeante avec les histoires d’ado. Dans les livres et dans la réalité, les jeunes je les comprends de moins en moins, leurs parents n’en parlons même pas. Tout ceci explique certainement en partie mon ressenti sur ce livre.
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Nos corps étrangers

Lu d’une traite et quasiment en apnée, cette histoire bien ancrée dans notre réalité se reçoit comme un coup de poing dans le ventre.



Un couple qui survit sur les acquis fragiles des premières années et du bonheur précieux suscité par la naissance de leur fille, Maëva, quitte Paris pour la proche banlieue dans l’espoir de réparer le tissu déchiré de leur union, bafouée par l’infidélité de monsieur. Madame va mal et le bébé qui avait illuminé sa jeunesse, est à présent une ado grincheuse. Autant dire que les fondations s’effritent.

Madame essaie de s’en sortir en s’inventant une passion pour la peinture, tandis que Monsieur s’épuise dans les transports en commun. Et Maëva tombe en amour, avec un camarade de classe, qui cache derrière une carrure de rugbyman un passé lourd de ruptures et de souffrance.



Si on ajoute la présence en classe d’un ado atteint d’une maladie qui l’expose à la bêtise des autres collégiens, tout est en place pour que les drames en chaine se déclenchent, en emportant avec eux les bases instables de ces destins.



L’écriture porte magnifiquement ce récit, noir, bouleversant, révoltant. Pas de jugement, chaque personnage agit avec la sincérité de ses convictions, avec plus de passion que de morale, pour tenter de préserver un semblant de cohérence au sein de ses certitudes. Et pour chacun, on pourra trouver, non une excuse, mais une explication à des comportements odieux.



Magnifique roman, et piste de réflexion sur de nombreux sujets de sociétés .
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Nos corps étrangers

Eux qui n'envisageaient pas de vivre ailleurs que dans la capitale vont pourtant franchir le pas de s'installer en banlieue. Cela a surtout été l'idée de Stéphane qui voulait repartir sur de nouvelles bases. Comme la nouvelle maison dispose d'un atelier où elle pourrait se remettre à la peinture, Élisabeth a accepté cette idée, espérant par là même que cette nouvelle vie allait faire oublier à son mari son incartade amoureuse envers Clara. Seule Maëva, leur adolescente, s'y est opposée, farouche à l'idée de quitter ses amis et d'intégrer un nouveau collège. Dès les premiers jours, le ciel s'assombrit : Stéphane peste contre les retards incessants et autres imprévus du RER, Élisabeth peine à retrouver les pinceaux et Maëva grogne, râle sans cesse. Une ado, en somme, qui va bien vite déraper, et faire alors vaciller cet équilibre familial déjà précaire...



Peut-on décemment espérer rebâtir une nouvelle vie et faire table rase du passé juste en déménageant à 40 kilomètres de chez soi ? La réponse est clairement non lorsque l'on se plonge dans ce roman de Carine Joaquim. Le mari peut-il oublier les caresse de sa maîtresse, sa femme, son infidélité ? Si le couple fait tout son possible pour commencer une nouvelle vie, leur fille, en pleine rébellion, va commettre un acte répréhensible et va s'enticher d'un gars peu recommandable aux yeux de son père. La famille, les secrets, l'(dés)amour sont l'épicentre ? de ce roman au cœur duquel l'auteur aborde également d'autres thèmes tels que l'exclusion, les sans-papiers, le handicap, la tolérance, l'anorexie, le harcèlement... Si quelques invraisemblances et caricatures entachent ce récit, l'ensemble convainc globalement tant l'auteure réussit à nous plonger dans une ambiance glaçante, glauque parfois, et nous entraîne dans une histoire poignante au final percutant.



Une auteure à suivre, assurément...
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Nos corps étrangers

Une grande maison, un jardin, un atelier de peintre pour madame, loin du tumulte parisien...



Mais est-ce vraiment la maison du bonheur ? Du bonheur retrouvé, on l’espère, mais dès le départ, le ton est donné : Stéphane a trompé Elisabeth, et l’amour semble bien avoir fui ... Et Maeva ? Maeva se cherche, Maeva se rebelle, Maeva transgresse, Maeva oscille entre un père plutôt sectaire et une maman compréhensive et bienveillante mais qui n’a pas elle-même résolu ses problèmes et qui a d'autres préoccupations.



Déséquilibre familial, malaise croissant qui pousse le lecteur à aller plus loin pour savoir... pour connaître le dénouement surprenant de ce récit, une fin qui m’a surprise et qui m’a laissée bien pensive.



Si le sujet dominant semble être le couple et la famille, on y évoquera le problème des migrants, des sans-papiers, le racisme et l’intolérance. Un ensemble bien écrit et très fluide.



Un roman qui m'a happée !
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Les rêves échoués

Clarisse 13 ans, collégienne vit en alternance chez sa mère et son père suite à leur séparation. Seulement, la jeune adolescente ne trouve sa place nulle part et encore moins au collège où, diagnostiquée haut potentiel, elle est différente des autres. Seule échappatoire à cette société qui décide de tout pour elle, les discussions avec Sergio, rencontré sur le net qui lui promet une évasion en scooter. Quand elle décidera de le rejoindre pour vivre le road movie promis, c’est à l’encontre d’un bouleversement complet de sa vie qu’elle se rend.

Sa rencontre avec Tony lui permettra de partir au Portugal, loin de chez elle, c’est là qu’elle se sentira le mieux. Mais, à 13 ans, on ne disparaît pas comme cela..

Quel plaisir de retrouver la plume de Carine Joaquim qui voile d’une tendre sensibilité des mots durs, crus. L’autrice comme dans son précédent ouvrage renoue avec un récit dans lequel elle sème petit à petit les éléments qui nous confrontent à une sombre réalité. A travers Clarisse, nous pouvons aisément imaginer ces tas d’adolescents torturés que nous fréquentons parfois sans imaginer ce que cachent leurs fêlures.

Merci à La Manufacture de Livres, particulièrement Pierre Fourniaud et à Carine Joaquim pour ce bouleversant voyage.
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Nos corps étrangers

Parce que le couple d'Elisabeth et Stéphane bat de l'aile, ils décident de quitter Paris pour une lointaine banlieue, malgré les récriminations de leur fille adolescente qui se lamente d'aller dans un collège de « péquenots ». Ils pensent repartir sur de nouvelles bases, dans un environnement plus aéré et d'après eux plus propice au bonheur : sera-ce le cas ? ● Comme souvent les premiers romans, celui-ci embrasse trop de thèmes : adultères, anorexie, migrants, amours adolescentes, handicap, harcèlement, difficulté de la création artistique, et j'en passe. Pourtant, il fonctionne plutôt pas mal (malgré un premier quart très poussif) jusqu'à une fin grand-guignolesque complètement ratée en décalage total avec ce qui précède.
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Les rêves échoués

Le premier roman publié de Carine Joaquim, « Nos corps étrangers », m'avait beaucoup touchée, j'en garde d'ailleurs un souvenir prégnant. le genre de lecture qui marque, mais surtout le genre qui démontre que la littérature blanche se joue des codes et qu'elle peut être très noire aussi…



J'étais impatiente de voir publié ce roman, que j'ai eu la plaisir de découvrir, dans sa version auto éditée. Clarisse est toujours Clarisse et ses rêves sont toujours là, à porté de main.



Carine manie avec dextérité les mots, pour faire ressortir toutes la profondeur des sentiments, des tourments par lesquels l'être humain peut passer. Comme a son habitude, la psychologie des personnages est finement décortiquée, pour le grand bonheur des lecteurs, qui arrivent à s'immerger complètement dans les intrigues sombres mais tellement lumineuses dont l'auteure a le secret.

Alors certains peuvent penser que c'est brutal, mais la plume fait ressortir toutes les apérités de la vie, en passant par une palette psychologique richement travaillée, grâce à une plume travaillée, elle nous entraîne dans les méandres de l'âme humaine.



L'adolescence est un période que Carine Joaquim affectionne particulièrement, puisque son personnage principal est une ado de 14 ans. Peut-être que le fait d'être professeur lui donne cette capacité de se glisser dans la peau de son personnage principal… En tout cas, on sent un don d'observation, qui vient creuser au plus profond de nous, pour y déceler les blessures… Un fond de vérité… Une vérité que l'on croit toucher du doigt, mais que l'auteure ne divulgue que peu à peu…



Clarisse va mal… Elle n'aime ni sa vie de collégienne, ni la vie qu'elle mène chez chacun de ses parents… Une mère, que l'on devine dépassée, dont la vie quotidienne pèse au point de ne plus avoir envie d'y prendre part, le tout au détriment de sa fille… Enfin, elle ne veut plus rien maîtriser… Ce père, qui préfère laisser sa fille faire ce qu'elle veut, histoire d'avoir la paix, les semaines où elle est chez lui…

A sa manière, l'auteure met l'accent sur l'absence parentale durant l'adolescence, mais surtout sur leurs fragilités psychologiques, lorsqu'ils doivent, eux-mêmes faire face à leurs propres doutes.



Clarisse, n'est pas tendre lorsqu'elle les évoque, il y a une telle rage en elle, que l'on ne s'explique pas au départ, puis l'auteure distille les informations et on comprend enfin la soif de vivre, d'amour et d'attention de Clarisse.. Elle ferait n'importe quoi, pour que l'on s'intéresse à elle, en tant qu'individu, sans tenter de la faire rentrer dans un moule…



On ressort, un peu sonné, comme Clarisse, qui décide de tout plaquer tellement elle en a marre… Elle craque et décide de fuir… Elle décide de fuir pour enfin vivre ce rêve qui la dévore… Elle va le vivre jusqu'au bout, jusqu'à ce que la réalité la rattrape et qu'elle s'éveille. Son rêve, lui permettra de grandir et enfin s'affranchir de son histoire…



Une histoire tragique mais qui lui donnera la force de vivre…

Ce livre se découvre, se dévore grâce à une trame dont la construction est telle que tout s'imbrique et prend son sens au fil des révélations.



J'ai été émue, par l'histoire de Clarisse, telle une chrysalide elle se transforme en papillon au fil des pages, elle s'apaise…



Carine Joaquim a l'art de poser les situations pour permettre au lecteur de s'approprier l'intrigue. Sans jugement, elle dépeint les sentiments qu'elle pose avec finesse. Elle aurait pu tomber dans la facilité et à travers Clarisse, juger ces parents toxiques, nombrilistes et qui ne savent pas écouter… Qui ne veulent pas écouter… Pourtant, elle ne juge pas… Elle expose…Au lecteur de se faire son avis.



L'adolescence est loin d'être un long fleuve tranquille, Clarisse s'exprime de manière crue, cruelle, c'est à l'image de sa rage.



J'ai pu lire sur les réseaux quelques retours, qui disent que ce livre est vulgaire, pourtant ce n'est pas le cas ! Oui c'est crue, mais ne nous voilons pas la face, l'adolescence est dure, la vie est dure.



Il faut dépasser les préjugés et même si une lecture se fait sous le prisme de son vécu, il faut savoir voir plus loin que ses oeillères.



Il faut aussi se rappeler qu'un livre c'est de la fiction...


Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Nos corps étrangers

Appuyer là où ça fait mal…



Belle révélation de cette rentrée, Carine Joaquim raconte comment un trio familial, le père, la mère et leur fille adolescente, va peu à peu se désagréger. Explosif!



Maëva est à l'image de beaucoup d'adolescentes, irritable et perturbée par tout ce qui va heurter ses habitudes. Obligée de suivre Élisabeth et Stéphane, ses parents, aux obsèques de sa grand-mère, elle va aussi manquer la rentrée dans son nouveau collège. Un collège de merde, comme elle dit. Car avant même de le fréquenter, son opinion était faite. Rien ne pouvait être mieux que l'établissement parisien où elle avait ses amis, à fortiori dans ce coin perdu en grande banlieue.

Pourtant Stéphane avait misé beaucoup sur ce déménagement. Davantage de place dans un meilleur environnement et une dépendance où Élisabeth pourrait installer son atelier et se remettre à la peinture. Mais alors que son RER est arrêté pour un grave "incident de personne", il doit bien reconnaître son échec, y compris dans sa tentative de rachat après avoir trompé son épouse avec la sensuelle Carla. L'harmonie familiale a bel et bien volé en éclats, se doublant d'un fort sentiment de culpabilité. «Il avait ensuite assisté à l'effondrement de Carla, tandis que le naufrage d'Élisabeth se poursuivait malgré son retour. Les voir souffrir toutes les deux à ce point, à cause de lui, lui fit même envisager plusieurs fois le suicide. S'il était capable de répandre autant de malheur, disparaître serait bénéfique pour tout le monde. Mais il se reprenait toujours à temps.»

Sauf que son mal-être, comme celui des autres membres de la famille va empirer après la convocation d'Élisabeth au collège pour une vidéo mise en ligne par Maëva et montrant un camarade de classe handicapé dans les toilettes au moment où il essaie de nettoyer ses fesses.

Le conseil de discipline va décider une exclusion avec sursis. L'intervention d'Élisabeth auprès du père de la victime réussira bien à le convaincre de ne pas porter plainte et Maëva se dit qu'elle l'a échappé belle. Elle va pouvoir continuer son idylle avec le grand Ritchie. Et de fait, l'incident semble clos. Si ce n'est qu'Élisabeth va revoir Sylvain, le père de Maxence. Ils vont se découvrir une passion commune pour la peinture, avant que cette passion ne se transmette à leurs corps: «ils se sautaient dessus sitôt la porte fermée, se dévoraient littéralement, comme s’il n'y avait rien d'autre à attendre de la vie que ce contact-là, d’abord la moiteur de la peau, puis leurs sexes malades de désir, qui appelaient l’autre d'une plainte humide et presque douloureuse.»

Élisabeth reprenait ensuite sa vie de mère de famille, accueillant sa fille après sa journée de cours, son mari de retour du travail, de plus en plus souriante, avenante, de plus en plus «épanouie» disait Stéphane avec satisfaction, persuadé d'être à l'origine de ce bonheur retrouvé et auquel il ne croyait plus. Bonheur éphémère, car cette nouvelle harmonie n'est qu'une façade. Stéphane aimerait tant revivre les jours intenses avec la maîtresse qu’il a quitté, Élisabeth veut partager bien plus avec Sylvain que leurs rendez-vous clandestins et Maëva entend se battre pour se construire une avenir avec Ritchie qu’elle sait menacé depuis qu’elle a appris qu’il n’y pas de papiers.

Carine Joaquim, en détaillant parfaitement les failles et les fêlures du trio familial durant une année scolaire pose les jalons d'un épilogue explosif qui vous laissera pantois. Et quand vous vous serez un peu ressaisi, alors vous admettrez que cette néo-romancière a un sacré talent. Il faut dire que c'est un peu la spécialité de La Manufacture de livres de dénicher de tels diamants bruts!


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Les rêves échoués

Elle a treize ans. Elle est odieuse, en classe, à la maison. Elle profère des insultes d’une violence étonnante pour une si jeune fille. Et cela, depuis de nombreuses années, alors que les tentatives de résolution du problème chez différents psychologues ont juste abouti à la cataloguer comme enfant précoce. Précoce, intelligente, mais ingérable.



Séduite par quelques échanges avec Sergio, sur Internet, elle se sauve. Pour aller au devant d’une rencontre à mille lieues de ses rêves : le séducteur au scooter rouge n’est qu’un vieux pervers, et elle doit son salut à l’intervention d’un passant, présent au bon moment. Il s’agit de Tony. Clarisse s’accroche au jeune homme, qui la recueille. Mais elle est recherchée et tous les deux s’enfuient au Portugal où Tony a un appartement.



On parviendra peu à peu les écueils de la vie familiale de Tony. Malgré la différence d’âge, quelque chose de fort se crée entre les deux et l’amour détruit les barrières du convenable.



Malgré tout, les hasards de l’existence les feront émerger de leur idylle et de leur rêve d’absolu.





Histoire forte, violente, avec des personnages blessés par la vie. On se laisse emporter par la narration, bousculé par la sincérité des deux jeunes gens mais conscient de l’impasse dans laquelle ils se sont engouffrés.



Quelques invraisemblances mais qui ne nuisent pas au récit.



Après Nos corps étrangers, un deuxième roman marquant, avec un sujet sensible, qui devrait susciter des réactions très diverses.



240 pages La manufacture des livres 2 juin 2022


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Nos corps étrangers

Pour moi, ce sera non.



C’est sans état d’âme que j’emprunte cette sentence lapidaire d’une émission TV autrefois à la mode, en réaction – certes bien faiblarde - à la lecture de Nos corps étrangers de Carine Joaquim. Mon propos n’est pas ici de faire le buzz (pas le genre de la maison…), et encore moins de fustiger l’auteure, ayant bien trop de respect (et même une certaine admiration) pour celles et ceux qui se livrent aux autres par le biais de l’écriture.



Donc je n’ai pas aimé. Ça arrive et ça n’est finalement pas très grave au regard du nombre de lecteurs qui l’ont, au contraire, beaucoup apprécié. Mais à vrai dire, cette lecture m’a profondément agacé.



Côté histoire, il y avait, me semble t-il, une très bonne base pour faire un énième roman social et dramatique, qui aurait gagné en sensibilité ce qu’il n’aurait peut-être pas eu en originalité. Encore aurait-il fallu que cette histoire se recentre davantage sur son propos. Car ajouter à ce bovarysme de banlieue parisienne, l’infidélité, le handicap, le harcèlement, les migrants, les sans-papiers, et j’en passe pour ne pas spoiler… Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice !



Se recentrer sur quelques thèmes donc, et peut-être aussi se concentrer, pour faire de ce court roman, une longue nouvelle, une novella comme on aime dire aujourd’hui. Un genre idéal pour un premier roman édité, qui laisse entrevoir le potentiel d’un auteur et rentre parfaitement dans les codes marketing actuels d’un certain segment éditorial.



Mais surtout, c’est l’absence d’harmonisation du style qui m’a le plus dérangé, semant en permanence au milieu d’une écriture agréable et fluide, des clichés et expressions trop convenues, et abusant de tournures stylistiques trop répétitives : omniprésence d’adjectifs qualificatifs, comme si un mot ne pouvait jamais se suffire à lui-même ; usage régulier de métaphores sur tous les sujets, comme si le lecteur n’était pas mâture pour comprendre seul ce qu’on lui évoquait ; usage répété de la forme du questionnement introspectif, points d’étapes réguliers mais inutiles des états d’âme de chaque personnage.



Idem pour les scènes d’amour, dont certaines semblent extraites d’un roman-photo des années 70. Sérieusement, quiconque prend matin et soir un Transilien aura du mal à se projeter dans ce passage : « …le matin…dans le train, lorsque les secousses du wagon lui rappelaient la vigueur de leurs ébats, les coups de reins, les gémissements et les cris, qui se confondaient soudain avec le hurlement du métal sur les trains ». Waow ! Je veux ce train chaque matin !



Bref je n’ai pas aimé. Et si je respecte l’auteure, je m’interroge à la fin de cette lecture sur l’accompagnement éditorial de ce livre, ou plutôt sur son apparente absence. Ce regard extérieur de l’éditeur qui complète si utilement le travail de tout auteur n’aurait-il pas permis de déceler et de corriger certaines des faiblesses stylistiques évoquées précédemment ? On notera sur ce point que, contrairement à la plupart des premiers romans, aucun remerciement ne figure envers quiconque pour l’aide apportée.



Au regard de ce que j’ai lu ailleurs sur ce livre, il est très apprécié. Tant mieux. Mais dans ce filet d’eau tiède qu’est parfois Bookstagram, il convient aussi parfois d’oser aller à contre-courant quand le compte n’y est pas. Avec sincérité, modération et respect.



Mais donc pour moi, ce sera non.
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Nos corps étrangers

Est-il judicieux, pour un couple qui bat de l'aile, de déménager pour repartir sur de bonnes bases ? Plus précisément, ici, on a l'impression que Stéphane, l'époux infidèle, cherche à se faire pardonner ses incartades passées. Leur petite maison parisienne leur plaisait, à tous, mais vivre à la campagne à moins de 40 km de Paris, c'est le rêve, non ? Un grand terrain, et même une annexe de 60 m2 dans laquelle Elisabeth pourra installer son atelier de peinture.

♪♫ Ce serait la maison du bonheu-eu-eur... ♪♫

Dans un premier temps, c'est Maëva, leur fille de 14 ans qui rechigne le plus. Aller au collège avec des 'bouseux', des 'péquenots' (sic), non merci. Puis Stéphane prend conscience des joies du RER avec foule, promiscuité, retards...

La cellule familiale, loin de se recomposer, risque de se désagréger...



J'étais impatiente de découvrir ce roman après avoir perçu de loin l'enthousiasme d'un libraire vendéen dont je suis les conseils quasi aveuglément. En plus, j'aime les premiers romans choisis par cette maison d'édition (Franck Bouysse, Laurent Petitmangin, Séverine Chevalier...).



Déception : j'ai eu l'impression d'avoir déjà lu maintes fois ce livre, notamment via des thrillers 'domestiques'.

Crises conjugale et familiale et autres ingrédients rebattus.

L'histoire rebondit lors d'une certaine action paternelle, mais de nouveau, l'auteur m'a semblé trop charger la barque, surfant sur un autre sujet d'actu brûlant.

Je sais que le cumul de poisse, ça arrive, mais...

La fin est sûrement 'choc', mais je venais de lire sur le même sujet, je n'ai pas réussi à m'émouvoir.



Moralité : alterner les sujets de romans, mais cela suppose de lire les 4e de couv', ce que j'évite pour l'effet surprise.



J'aime beaucoup le titre dont on perçoit toutes les significations à la fin de la lecture.



• Merci à Babelio et à la Manufacture de Livres.
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Nos corps étrangers

A Paris, rien n’allait plus vraiment dans leur couple. Alors Stéphane et Elisabeth ont décidé de s’exiler à la campagne : l’air pur, une belle maison, un grand jardin, un atelier pour que Elisabeth puisse laisser cours à sa passion de la peinture. Seule Maëva, leur fille, est dépitée de ce changement : A 14 ans quitter ses amies, son collège pour aller vivre chez les « péquenauds », très peu pour elle. Et ce déménagement va t’il vraiment donner un nouvel essor à leur vie ? Pas sûr...

Pendant le temps d’une année scolaire riche en événements, on suit cette famille empêtrée dans ses obligations, ses choix hasardeux, ses non-dits. Et c’est palpitant (même si j’ai appréhendé assez rapidement quelques ressorts de l’histoire). La plume est fluide, agréable, addictive. Les personnages pourraient être vous ou moi. Les sujets évoqués sont multiples : l'adolescence et ses excés, l'adultère, les migrants, les troubles du comportement alimentaire. L’histoire pourrait être celle de vos voisins. C’est plutôt sombre. On pressent bien sûr les drames à venir. On sent le tragique sous les sourires.

Mais on se laisse tout de même embarquer.
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Les rêves échoués

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A 14 ans, à peine, Clarisse étouffe, submergée par une colère indescriptible. Elle est en conflit permanent, avec les gens, les choses, les émotions. Elle rejette toute main tendue, tout pas en avant. Au collège, les insultes fusent, et les insubordinations également. Alors, un matin, elle s’enfuit, voir si l’ailleurs est plus fort, plus épanouissant, plus vibrant. Et elle devient Nina…



Quand j’ai ouvert le deuxième roman de Carine Joaquim, je l’aimais déjà. Parce que l’histoire qu’elle nous avait raconté dans Nos corps étrangers étaient forte, émouvante, juste… Avec Les rêves échoués, elle nous offre une fois de plus un récit haletant et touchant.



A l’image de son héroïne, Clarisse, une adolescente à la carapace dure et épaisse, l’écriture est vive, rythmée, ciselée. Mais, au-delà de sa violence et de ses injures, les fissures et les fragilités de cette jeune fugueuse nous bouleversent.

Parce qu’on ne lui a pas donné la place qui lui revenait, quant à 4 ans elle a été le témoin d’une scène d’adultes, Clarisse n’a jamais réussi à se sentir là où elle devait être. Elle cherche pourtant, dans le regard de ses parents, totalement absents et effacés, la façon de réagir adaptée à ce qu’elle ressent.

Parce qu’on lui a ordonné le silence, les mots aujourd’hui sortent comme des coups, des poings serrés, des flèches blessantes.



Quand elle rencontre Tony, c’est une page blanche qui s’ouvre à Clarisse. Elle peut être elle-même. Elle a enfin un rôle à jouer, une place à prendre…



Ce roman est juste sublime… Il est aussi tendre que percutant, drôle que bouleversant. Il met en lumière une jeune fille perdue qu’un garçon rassurant ramène doucement à la vie… Mais la réalité rattrape leurs doux rêves, et la claque tombe, cinglante, abrutissante…

Parce que Carine Joaquim est une conteuse, elle nous entraîne sur les chemins sinueux de la vie, de l’amour et des coups qui vous mettent à terre…Elle nous enveloppe de son écriture envoûtante, nous fait voyager, et nous ramène, sans ménagement, dans notre réalité… Mais ce sont nos rêves et nos souvenirs qui nous permettent de l’affronter…
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Nos corps étrangers

Eh bien pour moi, ce roman est une déception. Le style est froid, plat,sans affect .l'histoire est banale, une histoire de couple qui ne tourne plus rond. L'autrice nous fait un inventaire de tous les problèmes societaux que l'on peut rencontrer. Adultère, troubles alimentaires, anorexie, harcèlement à l'école, migrant sans papier, jeune handicapé, et je tairai le dernier pour ne pas spoiluer la fin. Mettre tous ces problèmes dans le même roman c'est un peu forcer la dose, on sort de l'un pour tomber dans l'autre et tout est effleuré, rien n'est approfondi. Ce qui laisse une sensation d'inachevé, de superficiel.

Je n'ai pas été embarquée, ni par le style, ni par le sujet, je suis restée sur le quai. Ce roman ne sera pas inoubliable pour moi , vite lu et vite oublié.
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Nos corps étrangers

Je suis ces corps… J’ai été… Nous pouvons toutes et tous être les personnages qui jalonnent ce récit…



Ce livre m’a énormément touché, il m’a parlé, il m’a remué. Certaines phrases sont un coup de scalpel, sous la plume de Carine Joaquin, ce scalpel qui veut tailler dans ces corps… L’image de ce corps qui devient notre pire ennemi, lorsque l’on ne l’écoute pas ou plus….



‘Les corps étrangers » est un titre qui colle au texte, on les imagine qui suintent l’amour, le désir, on peut s’imaginer aussi une certaine acceptation…



Pourtant, nos corps sont l’expression de nos joies autant que celle de nos peines… Nos joies gravent des sillons facilement reconnaissables, alors que les peines le creusent, fouillent, crient sous toutes les formes. Crient ces silences, ces non-dits, ces abstractions que l’on fait de sa personne, de ses désirs les plus enfouis… Nous pouvons toutes être cette femme, cet homme, dont les silences sont perçus comme une acceptation, alors même qu’ils ont la capacité d’être ce qu’ils souhaitent. Il y a une paralysie, qui annihile toute décision, toute prise de position qui, pensent-ils feraient éclater la douleur, alors même qu’elle serait salvatrice.



Carine Joaquin s’est inspirée de toutes ces souffrances qui traversent une vie, pour poser la souffrance la plus difficile, celle incompréhensible… Beaucoup ne liront ce livre qu’à travers une intrigue, une fiction, ce qu’il est en effet. Mais d’autres, le liront à travers le prisme de la vie, à travers le prisme de leur histoire. De leurs histoires… Certaines personnes basculeront au point de non-retour et d’autres, prendront les choses en main, ou devrais-je dire, prendront leur vie en main.



L’enfer est sur terre, l’enfer, c’est les autres, mais l’enfer, c’est surtout nous. Nous sommes notre propre enfer… Être acteur de sa vie, être l’artisan de son bonheur, peut passer par la douleur, il suffit de faire un choix, un seul et notre vie peut changer. Il suffit de ne pas accepter ces silences, d’accepter les échecs.



A quel moment ne s’aime-t-on pas assez pour accepter la souffrance ? À quel moment décide-t-on que notre vie doit être un sacrifice ? Pourquoi certaines personnes acceptent et d’autres refusent ? Tout cela tient à peu de choses, elle vient de lover dans nos entrailles au plus profond de notre être, au point qu’elle est familière et que son contact est doux. C’est un contact que l’on reconnaît, qui nous berce… Mais qui éteint la flamme de la vie jusqu’à l’extinction. Jusqu’à tout perdre, jusqu’à se perdre…



Nous pouvons être cette femme…. Cet homme, dont les souffrances habitent le quotidien au point de les paralyser.



Même si la souffrance d’Elisabeth est palpable, celle de Stéphane n’en est pas moins présente. Elle s’exprime de manière différente, plus latente, plus enfouie, mais avec une résonnance particulière. La pardon reste inaccessible, alors même qu’il est désiré, chacun s’enfermant un peu plus dans ses propres doutes. Maëva, ado de 15 ans, est la spectatrice privilégiée de la déchéance familiale, alors même qu’elle est confrontée à son premier grand amour, premières incompréhensions du monde qui l’entoure. Chaque personnage, apporte sa pierre à la construction narrative. Ceux en second plan, sont tout aussi, porteurs de messages importants.



S’oublier, se perdre, ne fait que distiller le poison des secrets, des non-dits, ce poison qui va pourrir ce que l’on pensait protéger. Dire la vérité, peut être douloureuse, mais elle est aussi le baume sur cette douleur. La parole libératrice malgré toute la souffrance que l’on ressent lorsque les mots jaillissent.



J’ai tout aimé dans ce roman, la plume qui ne laisse pas indifférente, où la psychologie de chaque personnage est finement travaillée, le final d’une noirceur absolue, mais j’ai aussi aimé le message, porteur d’espoir que porte en elle Maëva. Tout est minutieux, minutieusement décrit, sans jamais tomber dans les travers de leçons de vie que certains livres pondent. A travers la plume, on comprend que la solution est en nous… Un final qui ne laisse pas indifférent…
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Nos corps étrangers

Avec Nos corps étrangers, Carine Joaquim nous offre un premier roman court, noir, d’une extrême finesse psychologique, un bouleversant récit sur ces vies parfois si banales en apparence et pourtant…



Elisabeth, Stéphane et Maeva 15 ans, forment une famille d’apparence modèle comme il en existe des milliers d’autres. Seulement, derrière d’idylliques apparences, se cachent souvent une réalité moins reluisante et malheureusement tellement banale. Leur réalité, c’est celle d’un couple qu’a fui l’amour, abîmé par la routine, les rêves inaccomplis et brisé par l’adultère de l’époux. Pour se reconstruire, ils décident de fuir cette réalité, de l’abandonner, quittant Paris, pour se donner une nouvelle chance en banlieue, à quelques dizaines de kilomètres. Seulement vingt ans ne s’effacent pas comme cela.



Ils rêvent d’un nouveau départ, s’offrent une jolie maison avec jardin et atelier. C’est là qu’Elisabeth souhaite se mettre à la peinture, une passion enfouie au fond d’elle, de ce corps devenu étranger, traumatisé par la trahison de Stéphane et qui n’accepte plus d’être nourri. Elle espère que la peinture sera une thérapie, une renaissance.



Maeva quant à elle est jeune fille qui devient femme, et doit faire connaissance avec un corps changeant, découvre les sentiments amoureux et cette nouvelle vie, loin de ses amis d’enfance tout en se remettant de la perte de sa grand-mère.



Pour Stéphane seul l’augmentation du temps passé dans les transports sera un changement notoire dans cette nouvelle vie qui ne fera pas illusion longtemps.



Carine Joaquim signe un brillant premier roman qui doucement, nous emporte jusqu’à nous happer complétement, le final est brutal, bouleversant. L’auteur aborde avec finesse de nombreux sujets tels que le handicap, l’immigration, le harcèlement, l’adolescence, l’adultère, la parentalité, le rapport du corps et de l’esprit… Beaucoup de sujets pour un court roman rythmé par une année scolaire de la vie de cette famille. Seulement, comme la vie nous le prouve trop régulièrement, le sort a tendance à s’acharner.



J’ai une nouvelle fois été bluffé par un premier roman dont la lecture dès les premières lignes m’a émotionnellement bouleversé tant ce premier chapitre résonnait en moi pour des raisons très personnelles. Néanmoins, la plume sensible de Carine Joaquim aura su transformer cette lecture en une nouvelle passionnante expérience. Comme lecteur, j’ai souvent l’impression de grandir un peu après chaque roman publié chez La Manufacture de Livre que je lis.



Un grand bravo Carine, hâte de découvrir le prochain et merci à Pierre Fourniaud de faire vivre une si belle maison et de nous permettre de découvrir autant de talents.
Lien : https://imaginoire.fr/2021/1..
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Nos corps étrangers

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Elisabeth et Stéphane forment un couple fragile. Il l'a trompé, elle s'efface. Tentant le tout pour le tout, ils décident de quitter Paris pour la banlieue, entre champs et grande maison. Maëva, leur fille de 15 ans, a du mal à accepter ce déménagement. Pour elle, rien ne vaut Paris et ses amies. Mais sa rencontre avec Ritchie va bouleverser sa vision des choses. Chacun d'entre eux idéalisait cette nouvelle vie, mais rien ne va se passer comme prévu...



Ce premier roman de Carine Joaquim est parfaitement maîtrisé. A l'image des personnages, on est aveugle et sourd aux messages adressés par ces êtres - et ces corps - blessés, humiliés, effacés ou effervescents.



Chacun, avec son vécu, son histoire, ses rêves et ses doutes, va abandonner son corps.

Elisabeth profite de ce nouvel espace pour renouer avec sa passion pour la peinture. Mais sa solitude ne fait que croître. A-t-elle eu raison de suivre son mari ? Va-t-elle réussir à pardonner ?

Stéphane lui, fait le sacrifice de ses heures perdues dans les transports. Il a tellement de trahisons à effacer. Mais a-t-il fait le bon choix ? S'oublier est-il si raisonnable ?



Chacun s'isole, se tait, s'enferme. Chacun s'accroche à d'autres solitudes, d'autres désespoirs. Leur corps eux ne mentent pas, mais personne ne les écoute, ne les regarde, ne les comprend.



Carine Joaquim signe un roman qui bouleverse autant qu'il secoue, qui touche autant qu'il heurte. La tension est palpable, elle s'épaissit jusqu'à la scène finale, explosive et sidérante.



Un roman qui sans conteste me marquera longtemps... Corps et âme...



Une nouvelle découverte percutante des 68...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Nos corps étrangers

Le roman est découpé en trois trimestres : les trois trimestres d’une année scolaire ?



Élizabeth et Stéphane ont quitté la vie citadine pour s’installer à la campagne avec leur fille adolescente Maëva. Ils n’ont pas seulement quitté la ville, ils ont laissé derrière eux « leur vie d’avant » pour « un nouveau départ ».



Ce changement de cadre de vie va être propice à une redistribution des cartes. Elizabeth, qui se consumait d’amertume suite à une trahison de son mari, va s’ouvrir à de nouveaux horizons. Parenthèse enchantée de courte durée. Stéphane continuera à courir après un passé qui lui échappe et à saccager ce qui aurait peut-être pu être préservé de l’harmonie familiale. Maëva quant à elle découvrira l’amour et ses tourments, ainsi que la dureté implacable du monde des adultes. 



La fin du roman est brutale, inattendue. Volontairement je n’en dirai pas plus.

A découvrir sans attendre…
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