Citations de Carl Gustav Jung (2497)
Ce fait étrange qu'une réaction productrice de sens naisse d'une technique excluant apparemment toute signification depuis le début est le grand titre de gloire du Yi King. [...] les réponses sensées sont la règle.
... je n'ai jamais été choqué par l'étrangeté des illusions pathologiques ou des superstitions primitives. Je me suis toujours efforcé de demeurer l'esprit libre et curieux - rerum novarum cupidus. Pourquoi ne pas tenter un dialogue avec un ancien livre qui se déclare animé ? Il ne peut y avoir de mal à cela, et le lecteur peut ainsi observer une procédure psychologique qui a été utilisée d'âge en âge à travers les millénaires de la civilisation chinoise, représentant pour un Confucius et un Lao Tseu à la fois une expression suprême d'autorité spirituelle et une énigme philosophique.
Dans le Yi King, le seul critère de validité de la synchronicité est l'opinion de l'observateur constatant que le texte de l'hexagramme correspond fidèlement à sa condition psychique.
... l'inventeur du Yi King, quel qu'il ait pu être, était convaincu que l'hexagramme obtenu à un certain moment coïncidait avec ce dernier en qualité aussi bien chronologiquement. Pour lui, l'hexagramme était l'exposant du moment où il était tracé, et même plus que ne pouvaient l'être les heures de l'horloge et les divisions du calendrier - dans la mesure où l'hexagramme était entendu comme indiquant la situation essentielle qui prédominait au moment de son origine.Cette affirmation présuppose un certain principe curieux que j'ai nommé synchronicité, concept qui formule un point de vue diamétralement opposé au point de vue causal.
Tandis que l'esprit occiental trie, pèse, choisit, classe, isole avec soin le tableau chinois du moment embrasse tout, jusqu'au détail le plus mince et le plus dépourvu de sens, parce que le moment observé est fait de tous les ingrédients.
L'esprit chinois, tel que je le vois à l'œuvre dans le Yi King, semble être exclusivement préoccupé de l'aspect fortuit des événements. Ce que nous nommons coïncidences semble être le souci principal de ce genre d'esprits et ce que nous appelons causalité passe presque inaperçu.
Rien ne peut être sacrifié pour toujours. Tout revient plus tard sous une forme modifiée. Et là où un grand sacrifice a eu lieu, lorsque la chose sacrifiée revient, il faut qu'un corps plus sain et plus résistant encore soit là pour pouvoir supporter le choc d'une grande révolution. C'est pourquoi une crise spirituelle de cette dimension signifie souvent la mort, lorsqu'elle se produit dans un corps affaibli par la maladie. Car désormais le couteau sacrificiel se trouve dans la main de celui qui avait naguère été sacrifié et une mort est exigée de celui qui était naguère le sacrificateur.
L'instinct humain sait que toute grande sagesse est simple et c'est pourquoi ce qu'il y a d'infirme dans l'instinct soupçonne la présence de la grande vérité dans toutes sortes de simplifications à bon marché et de platitudes ; à moins qu' la suite de déceptions qu'il a éprouvées, il ne tombe dans l'erreur opposée et croie que la grande vérité doit être aussi obscure et aussi compliquée que possible.
Je suis médecin et j'ai affaire à des gens ordinaires. C'est pourquoi je sais que les universités ont cessé d'œuvrer comme porteuses de lumière. On est las de la spécialisation scientifique et de l'intellectualisme rationaliste. On veut entendre parler d'une vérité qui ne rétrécit pas mais élargit, qui n'obscurcit pas mais éclaire, qui ne glisse pas sur l'être comme de l'eau, mais le saisit et le pénètre jusqu'aux moelles.
Au point où nous en sommes parvenus, le Yi King touche au besoin d'évolution qui se manifeste en nous.
Dans la mesure par conséquent où il existe des diagnostics astrologiques effectivement justes, ceux-ci ne reposent pas sur l'influence des constellations, mais sur nos hypothétiques qualités du temps ; en d'autres termes, ce qui est enfanté ou créé à ce moment du temps a la qualité de ce moment.
(La psychologie ne fait pas de difficulté à tenir l'astrologie pour assurée, car cette discipline représente la somme de toutes les connaissances psychologiques de l'antiquité.)
... le principe de causalité me paraissait insuffisant pour éclairer certains phénomènes remarquables de la psychologie inconsciente. Je découvris en effet l'existence de phénomènes psychologiques parallèles entre lesquels il n'est absolument pas possible d'établir de relation causale, mais qui doivent être placés dans un autre ordre de connexions. Une telle connexion me parut consister essentiellement dans la simultanéité relative, d'où le nom de "synchronicité".
La science du Yi King repose en effet, non sur le principe de causalité, mais sur un principe non dénommé jusqu'ici - parce qu'il ne se présente pas chez nous - auquel j'ai donné, à titre provisoire, le nom de principe de synchronicité.
Si j'admets que Dieu est absolue et au delà de toute expérience humaine, cela me laisse froid ; je n'agis pas sur lui et il n'agit pas sur moi. Si au contraire je sai qu'un dieu est une puissante impulsion de mon âme, il me faut alors tenir compte de lui, car à ce moment, il peut devenir puissant à un point désagréable et jusque dans la pratique, ce qui rend un son terriblement banal, comme tout ce qui apparaît dans la sphère de la réalité.
Mon admiration pour les grands philosophes orientaux est aussi indubitable que mon attitude à l'égard de leur métaphysique est irrespectueuse.
... je dépouille les choses de leur aspect métaphysique pour en faire des objets de psychologie. Je puis ainsi en extraire au moins quelque chose de compréhensible et le faire mien, et j'apprends en outre à partir de là les conditions et les processus psychologiques qui étaient auparavant voilés dans des symboles et soustraits à la prise de ma compréhension.
Je veux de la façon la plus délibérée attirer les réalités d'allure métaphysique à la lumière diurne de la compréhension psychologique et faire tout mon possible pour empêcher le public de croire à d'obscurs mots de puissance.
... toutes les religions sont des thérapies pour les désordres de l'âme.
... je fis tous mes efforts en tant que médecin pour renforcer la croyance en l'immortalité, spécialement chez mes patients âgés pour qui ces questions sont d'un intérêt immédiat et brûlant. La mort est en effet, si on la considère correctement du point de vue psychologique, non une fin, mais un but, et c'est pourquoi la vie en vue de la mort commence dès que le zénith est franchi.