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Critiques de Carl Gustav Jung (150)
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L'analyse des visions : Le séminaire de 1930-..

Un inédit majeur de Jung, une somme qui réunit les séminaires tenus à Zurich entre 1930 et 1934 par l’ex-disciple de Freud, et constitue une véritable introduction à son œuvre.
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L'énergétique psychique

La lecture de ce recueil d’essais consacré au thème de l’énergétique psychique chez Jung suit assez favorablement la découverte de l’hypothèse critique d’Edward Glover. Ce dernier, dans « Freud ou Jung ? », fait en effet remarquer que la notion d’ « énergie psychique » chez Jung pâtit d’une pauvreté conceptuelle et pratique qui ne peut être imputable qu’à son caractère moniste.





Alors que Freud distingue des processus primaires et des processus secondaires de l’inconscient, Jung esquisse au contraire les contours d’une psychologie qui envisage l’inconscient avant tout comme une forme d’entité extérieure à l’individu et qui choisirait, en certaines circonstances localisables, de faire refluer « ses » matériaux jusqu’à la conscience du sujet. Il ne s’agit donc pas de comprendre le contenu latent dissimulé sous le contenu manifeste, mais de permettre la bonne entente entre le contenu manifeste signe de l’inconscient (qu’on s’imagine volontiers communicant) et le moi du sujet. Le caractère adéquat de cette bonne entente restera à jamais inexploré, laissant plutôt place à des arguments moralisants. S’il se refusait à cette petite sauterie avec l’inconscient, le lecteur risquerait de passer à côté de son destin. Pire encore, il aurait « très peu de chance de devenir un pionnier de l’esprit » mais il aurait par contre « l’indubitable certitude de se trouver en contradiction avec les vérités de son sang ». Cette manière bien imprécise de s’exprimer permettrait de justifier tout et son contraire. Au moins aurait-il convenu de savoir en quoi il est nécessaire de devenir un pionner dans la réflexion, et en quoi consistent les « vérités du sang ».





Les essais regroupés dans ce recueil sont assez disparates. La première partie présente un texte dans lequel Jung cherche à montrer les similitudes qui existent entre sa conception de l’énergie psychique et les conceptions des sciences mécaniques. Le langage exerce une influence magique sur Jung : il semble qu’il lui suffit de trouver de nouvelles connexions conceptuelles à établir entre sa psychologie et la science pour que les concepts eux-mêmes acquièrent une plus grande efficacité pratique. Par exemple, lorsqu’il parle de déplacement de la libido, « je pense », dit-il, « à un déplacement d’intensité ou de valeur psychique d’un contenu vers un autre correspondant à ce qu’on appelle transformation de l’énergie qui, sous forme de chaleur par exemple, est transformée par la machine à vapeur en tension, puis en énergie cinétique. » Ce type de réductionnisme laisse le mystère entier mais confère l’impression fausse qu’il a été résolu.





Au cours de ce premier essai, Jung ne peut s’empêcher de présenter ses idées en opposition à celles de Freud, vantant page après page la supériorité de sa psychologie analytique. Rejetant la définition freudienne de « libido », Jung semble vouloir charmer le lecteur en lui assurant que sa définition est plus holistique et qu’elle intègre aussi bien le sexuel que le spirituel. Ce faisant, il réintroduit le dualisme corps-esprit là où Freud ne songeait pas à une scission.





Cette tendance ne s’observe évidemment pas dans les essais contenus dans la seconde partie puisqu’ils sont antérieurs à la rencontre de Jung et de Freud. « Psychologie et pathologie des phénomènes dits occultes » (la thèse de fin d’études de médecine de Jung) date par exemple de 1902. Dans les essais de cette seconde partie, Jung s’intéresse au lien entre l’inconscient collectif (déjà considéré comme une entité cherchant à transmettre des savoirs qui seront utiles au progrès social de la personne) et la manifestation de phénomènes parapsychologiques (croyance aux esprits, possession spirite, persistance de l’âme après la mort, etc.). Jung cherche à se montrer rationnel et à ramener les phénomènes possiblement occultes à la dimension explicative de la psychologie. Il réussit assez efficacement à nous convaincre ; malheureusement, c’est au prix de la réintroduction de l’occulte là où il était censé s’évanouir, précisément dans l’inconscient, puisque si c’est l’inconscient qui « décide » des images dont il vient frapper la conscience, alors il existe une volonté transcendante dont nous ignorons les projets. Nous pouvons seulement essayer de l’attraper pour nous en différencier (dans le processus de l’individuation) ou alors nous la subirons. Jung propose bien sûr à son lecteur de s’engager dans la première voie, qui est celle de la psychologie analytique. Et celui qui « par manque de courage, par manque d’ampleur de son expérience psychologique, ou par une ignorance irréfléchie » se refuse à cette expérience de rapprochement avec l’inconscient défini comme le transcendant, et résiste encore aux imprécations de Jung, devra en payer le prix cher par l’échec défini selon des critères surmoïques. Voilà comment le discours du maître est réintroduit au sein du discours qui se voulait initialement psychanalytique.

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L'Homme à la découverte de son âme

Pour Jung, l’homme qui part à la découverte de son âme, c’est un peu comme Jonas qui se fait bouffer par la baleine. Au début, il se dit DAMNED, j’aurais mieux fait de rester tranquille, et il morfle. Il paraît que c’est nécessaire. Depuis que le christianisme s’est instauré avec son homme sur la croix, on imagine toujours qu’il faut qu’il y ait quelque chose qui paie pour le bonheur (enfin, c’est approximatif) du reste.





« On ne se sent pas tout à fait à son aise tant qu’on ne s’est pas rencontré avec soi-même, tant qu’on ne s’est pas heurté à soi-même ; si l’on n’a pas été en butte à des difficultés intérieures, on demeure à sa propre surface ; lorsqu’un être entre en collision avec lui-même, il en éprouve, après-coup, une impression salutaire qui lui procure du bien-être. »





Si vous lisez bien vous comprendrez qu’en fait, la baleine n’est pas une baleine, ce qui s’explique très naturellement par le petit guide des projections appliquées, que vous trouverez également à l’intérieur de l’ouvrage. On parle en langage symbolique bordel, décollez de terre cinq minutes voulez-vous.





« Ou nous connaissons notre ombre ou nous ne la connaissons pas ; dans ce dernier cas, nous avons fréquemment un ennemi personnel sur lequel nous projetons notre ombre, dont nous le chargeons gratuitement, qui la détient à nos yeux comme si c’était la sienne, et auquel en incombe l’entière responsabilité […] »





On peut tuer le monstre avant de s’être laissé bouffer par lui, et on est content. Enfin, bof. Le mieux, comme l’avait dit Jonas, c’est quand même de se laisser bouffer par le monstre et de le trucider de l’intérieur, après être remonté le long de sa caverne pleine de remugles.





« Lorsque le personnage englouti est un héros authentique, il parvient jusque dans l’estomac du monstre [...]. Là, il s’efforce, avec les débris de son esquif, de rompre les parois stomacales. […] Puis, il allume un feu dans l’intérieur du monstre et cherche à atteindre un organe vital, le cœur ou le foie, qu’il tranche de son épée. […] Il ne quitte pas seul la baleine, à l’intérieur de laquelle il a retrouvé ses parents décédés, ses esprits ancestraux, et aussi les troupeaux qui étaient le bien de sa famille. Le héros les ramène tous à la lumière ; c’est pour tous un rétablissement, un renouvellement parfait de la nature »





C’est que le Jonas n’avait pas oublié la part de crevette qui dormait en lui dans la partie sympathique de son système nerveux, en cohabitation pacifique avec le saurien de la moelle épinière. Mais parce que la plupart d’entre nous ne vit que dans la couche supérieure de sa psyché, nous sommes « tels des êtres pétris seulement de conscience, ressemblant à ces angelots dont la corporalité est réduite à une tête et à deux ailes, comme si le restant de notre corps et de notre organisme psychique était inexistant, alors qu’en réalité il est seulement tabou ».





Ce que Jung veut dire, c’est que c’est pas la peine d’aller vraiment se faire buter par une baleine ou par un dragon. On peut communiquer avec la part inconsciente de son âme en observant les rêves, en analysant les phénomènes d’association, ou plein d’autres trucs encore qui seront précisés ici. Le mal comme le bien seront intégrés afin de redevenir enfant, pas comme le trentenaire mal dégrossi qui se pose devant ses séries tous les soirs avec des fraises tagadas. Celui-là ne fait qu’attendre son heure, c’est tout.





« L’être, en grandissant, oublie le secret de la totalité enfantine, de l’enfant qui sait laisser vivre en lui tout un monde sans le paralyser de réflexions, de jugements, de condamnations »





Que dire de plus ? C’est tout.

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L'Homme à la découverte de son âme

Il s'agit d'un livre fort instructif et intéressant cependant ne vous leurrez pas, le propos de M. Jung est très technique et je le confesse volontiers, j'ai eu du mal les 3/4 du livre car son propos érudit et pointu m'a perdue et j'étais fort tentée à plusieurs reprises de battre en retraite, tant je me sentais nulle et lire dans le vent car ses mots, ses phrases revêtaient une opacité singulière et frustrante. M. Jung est passionné et cela transparaît de manière évidente à chacune des pages que constituent ce livre, toutefois il a oublié l'accessibilité de son propos, il entraîne souvent le lecteur dans des argumentaires explicatifs très pointus et je me sentais bête car il ne s'agit pas d'une page mais parfois tout un chapitre où l'auteur se perd dans son monde de connaissances hermétiques à ceux qui ne sont guère initiés. Sur le propos et sa passion j'aurai mis facilement 4.5 en étoiles mais l'opacité de son propos la majeure partie du livre a fait baisser drastiquement la note. Quand on écrit, surtout un essai, il faut penser à l'écrire à un individu qui a besoin de lumières dans le sujet et pas nécessairement à des personnes ayant les mêmes connaissances, surtout quand le sujet traité est de universellement serviable à l'humanité toute entière.
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L'Homme à la découverte de son âme

Recueil d'articles sur l'inconscient, le rêve et l'âme par l'un des pères de la psychologie. Parfois ardu mais assez intéressant pour mieux comprendre ce qui constitue l'humain.
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L'Homme à la découverte de son âme

il fait partie des indispensables de jung
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L'Homme à la découverte de son âme

livre interessant
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L'Homme à la découverte de son âme

Nous retrouvons ici une première approche des types psychologiques de Jung, ainsi que sa façon propre de comprendre et d'utiliser les rêves en analyse.

Mais le chapitre le plus convainquant et le plus interessant est certainement celui consacré aux complexes en général et au complexe du moi en particulier.
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L'homme et ses symboles

le plus beau des livres sur Jung
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L'homme et ses symboles

Ce gros livre est une bible de la pensée de Jung afin de mieux se comprendre en tenant compte des symboles que nous rencontrons dans nos rêves, symboles de l'inconscient individuel,mais aussi dans les arts,symboles d'inconscient collectif .

Il comporte près de 310 pages et une iconographie très riche et très variée de plus de 500 illustrations.

Il a été conçu,pour sa construction,par Jung lui même à la fin de sa vie,mais comporte des chapitres écrits par ses proches collaborateurs ( disciples ?): Marie Louise van Frantz, Henderson,Jacobi,aniela jaffé.

Le livre s'articule ainsi après la préface :

Essai d'exploration de l'inconscient

Mythes primitifs et homme moderne

Symbolisme dans les arts plastiques

Symboles à l'intérieur d'une analyse individuelle

Conclusion : science et inconscient



J'ai emprunté ce pavé passionnant à la médiathèque,j'ai pu en renouveler le prêt une 2 ème et dernière fois, c'est vraiment,si les travaux de Jung vous passionnent,le livre référent à avoir chez soi tant il est dense.

Il va falloir que je sois d'une sagesse exemplaire pour que le père Noël le l'apporte car il coûte un bras mais c'est une mine de réflexions extraordinaire.
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L'homme et ses symboles

Sans doute le plus "abordable" de tous les livres où Jung a écrit quelque chose, car il a tenté de "vulgariser" et simplifier ses théories, dans les pages qui lui sont réservées, afin de les rendre accessible au commun des mortels.

Et comme beaucoup de choses à la fin de sa vie, ceci lui avait été "conseillé" par son inconscient dans un rêve très parlant...



Les différents articles par d'autres auteurs apportent chacun une pierre explicative à l'édifice, animus/anima/ombre, symbolisation, archétypes, exemple d'analyse, extension vers "plus grand" encore, car Jung était un esprit ouvert pour qui le travail n'était jamais "fini".

J'ai trouvé tout particulièrement intéressant l'article qui, de prime abord, m'intéressait le moins, à savoir les archétypes dans les arts plastiques... L'éclairage symbolique apporté par l'auteure aux différents courants et ses points particuliers sur les oeuvres de certains artistes "caractéristiques" m'a beaucoup éclairée sur mes "aversions/affections" inconscientes envers l'un ou l'autre, c'est amusant de se découvrir à partir de ses affinités artistiques, lol !



Abondamment illustré, ce très beau livre (que j'ai acheté d'occasion il y a très très longtemps, quand je pratiquais la symbolisation avec ma première "psy" qui était une manipulatrice tarée et qui m'a fait beaucoup grandir malgré elle, mdr, mais je ne l'avais pas "lu" réellement) apporte un très grand soutien à la chercheuse intérieure indécrottable que je suis, et va devenir non pas mon livre de chevet (grand format pas tellement adapté), mais sans aucun doute ma bible sur les "images" de l'inconscient.



Bref, un must have dans le domaine de la psychologie des profondeurs.

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L'homme et ses symboles

Un livre bien iconographié. Jung n'en a écrit qu'une petite partie, le reste a été écrit par des collaboratuers qu'il avait choisi juste avant sa mort dans le but de vulgariser ses idée malgré sa farouche opposition initiale. Cet ouvrage est donc destiné au "lecteur moyen". Très interessant pour découvrir l'univers jungien, celui du rêve, de l'animus et l'anima.
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L'homme et ses symboles

Pour découvrir l'inconscient humain, Jung est l'homme qu'il nous faut. Ce livre fait appel à plusieurs auteurs pour la rédaction de son contenu. Mention spéciale à Marie-Louise Von Frantz pour sa partie sur l'individuation. L'homme et ses symboles est un ouvrage charnière pour commencer à se découvrir au-delà et à créer une alliance avec soi-même. Il faut oser le vouloir, mais écouter son inconscient est probablement le gage de richesse le plus bénéfique pour la compréhension de l'homme. En plus, il nous est accessible toutes les nuits par l'entremise des rêves!
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L'homme et ses symboles

Un excellent point d’entrée dans la psychologie Jungienne. Chacun des concepts essentiels sont présentés et expliqués en détail, permettant d’avoir une bonne vue d’ensemble de ce qu’est l’inconscient et de son rapport avec le conscient. Si certains essais dans ce recueil s’étendent sur trop de pages, le tout demeure compréhensible et aucun des auteurs qui figurent dans cet ouvrage ne s’éloigne de l’angle vulgarisateur qui est à la base de cet ouvrage.
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Le Livre Rouge

Il s'agit d'un livre inédit de Carl Gustav Jung dans lequel le célèbre psychanalyste livre une image unique de son inconscient. Le livre est superbe, il ressemble aux livres enluminés du Moyen-âge.
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Le Livre Rouge

Bertrand Eveno, éditeur du Livre Rouge en langue française, souligne la richesse de ce somptueux manuscrit calligraphié, enluminé et illustré de la main de C. G. Jung.
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Le Livre Rouge

Un ouvrage de référence qui nous plonge dans la psyché de C. Jung, pionnier de la psychanalyse, qui nous relate ici son voyage intérieur à la découverte des profondeurs de son inconscient. Avec ce récit, C. Jung nous invite à explorer à notre tour ce qui demeure dans l'ombre de notre conscience, et à écouter notre voix intérieure, notre anima c'est-à-dire notre âme; ce travail doit nous permettre de réintégrer ces fragments de notre inconscient, dans la perspective de mieux nous connaître et par la même d'acquérir une meilleure compréhension d'autrui ainsi que de notre environnement.
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Le Livre Rouge

Le Livre Rouge a failli ne jamais être publié. Jung voulait le garder pour lui seul car cette oeuvre ne ressemblait à aucune de ses autres productions qui, bien que toujours profondément originales et dérangeantes, ne dérogeaient jamais à la règle de l'argumentation rationnelle et rigoureuse. Dans le Livre Rouge, Jung écrit avant tout pour lui-même et on découvre ses idées sous un nouveau jour. C'est comme si vous rencontriez quelqu'un que vous avez l'habitude de croiser tous les jours au boulot un soir d'été, dans un coin abandonné, avec une bouteille de vin pour rendre les idées plus colorées, décousues et authentiques. Au lieu de l'entendre parler de ce qui se passe dans le monde, vous l'entendriez enfin parler de ce qui se passe dans son monde.





Toute pensée est la ruine d'un sourire, écrivait Cioran. Il fallait bien qu'un raz-de-marée le submerge pour que Jung prenne le risque d'une création aussi personnelle où l'individuel répond à l'universel, à moins que ce ne soit le contraire.





« J'étais alors dans ma quarantième année et avais obtenu tout ce que j'avais souhaité. J'avais obtenu célébrité, puissance, richesse, savoir et tous les bonheurs humains. C'est alors que mon désir de voir ces biens se multiplier s'arrêta net ; ce souhait fut relégué au second plan et l'horreur m'envahit. La vision des flots diluviens s'empara de moi et je sentis l'esprit des profondeurs, mais je ne le compris pas. »





Dans le Livre Rouge, c'est son mythe personnel que Jung écrit. C'est un mythe qui emprunte à beaucoup d'autres histoires universelles de l'humanité mais ses éléments s'hypostasient sur la scène de sa conscience. On retrouvera des personnages archétypiques tels que Salomé, Philémon, le Serpent ou le Magicien. Leurs figures sont aussi changeantes que le paradigme qui gouverne l'âme de Jung au moment où il écrit. Leurs traits se délacent et s'enlacent sous d'autres apparences, sous l'influence du jeu toujours obscur des relations entre le conscient et l'inconscient – inconscient dont on ne peut rien savoir mais qui se laisse deviner à travers ses manifestations.





Ce travail d'écriture a été accompagné par un autre travail créatif que Jung a découvert par l'intermédiaire des patients schizophrènes dont il avait la charge. En effet, certains d'entre eux se livraient spontanément à la création spontanée de dessins dont les motifs symboliques rappelèrent à Jung l'expression du mandala. Dans les traditions chamanique et orientales, le mandala sert de support de méditation ; il permet de canaliser sa conscience sur des motifs dont la progression semble évoquer celle de l'individuation à la recherche du Soi. Se pourrait-il que le mandala soit une tentative créatrice de mener cette quête ? de revenir aux origines transfigurées par le chemin parcouru ? C'est avec prudence que Jung commit son premier mandala en 1916 avant d'en faire de nombreux autres, qui sont réunis dans la version luxueuse du Livre Rouge (quelques-uns sont aussi présents dans la version de poche). le parcours de création de ces mandalas soutient le parcours symbolique des rencontres de Jung avec les figures de son âme.





Il faut forcément connaître un peu l'oeuvre de Jung pour partir à l'aventure de ce Livre Rouge sous peine de ne pas en saisir toutes les subtilités. Ici, l'oeuvre et la vie s'entremêlent d'une façon dérobée. Les motifs conceptuels se devinent derrière les phrases poétiques, derrière les rêves, derrières les mythes, derrière les réflexions gnostiques. le Livre Rouge éclaircit la démarche de Jung. Ce qu'il préconise dans ses écrits, ce qu'il semble recommander à son lecteur, il l'a d'abord vécu lui-même, dans le face-à-face des années de solitude et de dépression. On a souvent dit que Freud avait lui-même mené son auto-analyse mais Jung n'en a pas fait moins, sous une forme différente, inventant par-là une approche originale de la rencontre du conscient et de l'inconscient.





« [Moi] : Je sens qu'il faut que je te parle. Pourquoi ne me laisses-tu pas dormir alors que je suis fatigué ? Je sens que c'est toi qui me déranges. Qu'est-ce qui t'incite à me maintenir éveillé ?

[Ame] : Il n'est pas l'heure pour toi de dormir, mais celle de veiller et de préparer, au cours d'un travail nocturne, des choses importantes. La grande oeuvre commence.

[Moi] : Quelle grande oeuvre ?

[Ame] : L'oeuvre qui doit être accomplie maintenant. C'est une oeuvre vaste et difficile. Pas le temps de dormir si, pendant la journée, tu ne trouves pas le temps de t'occuper de cette oeuvre.

[Moi] : Mais je ne savais pas que pareille chose était en marche.

[Ame] : Mais tu aurais dû t'en rendre compte puisque cela fait longtemps que je trouble ton sommeil. Cela fait longtemps que tu es trop inconscient. A présent, il te faut accéder à un échelon de conscience supérieur. »





Jung s'était intéressé à « Aurora Consurgens » que Thomas d'Aquin, ce grand théologien qui souhaitait réunir la foi et la raison, avait écrit à la fin de sa vie. Il s'y était intéressé pour des raisons essentiellement psychologiques, parce que ce texte dérogeait à tous les autres écrits de Thomas et parce qu'il remettait même en question son attitude éminemment rationnelle et consciente. L'Aurora aurait constitué un exutoire compensatoire à l'attitude unilatérale de Thomas d'Aquin. Jung et sa condisciple, Marie-Louise von Franz, avaient émis l'hypothèse que cette écriture l'aurait sauvé, contrebalançant une attitude trop intellectuelle, rongée par les limites de la logique, en provoquant une décharge des énergies bloquées par l'étroitesse de la conscience. Et si le Livre Rouge avait eu la même puissance compensatoire pour Carl Gustav Jung ? Si, dans ses textes officiels, il sait se montrer rigoureux et méthodique, il a réussi à laisser s'exprimer sa tendance la plus hermétique et la plus poétique dans ce Livre Rouge, permettant ainsi de libérer son âme des tendances qu'il rejetait peut-être pour la publication de ses écrits officiels et qui l'emprisonnaient dans un rôle qui n'était que celui que revendiquait sa conscience.


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Le Livre Rouge

Resté secret pendant presque 100 ans, enfin accessible à tous, dans son format original, le Livre Rouge est un grand livre calligraphié, enluminé et illustré, de la main de Jung. De 1913 à 1930, Jung a travaillé à ce livre, qui est la matrice de son œuvre future. Il lui a fallu d’innombrables heures de travail pour écrire le texte original, le recopier à l’encre de Chine, en écriture gothique, l’enluminer de lettrines et de cabochons, insérer entre les pages des gouaches.



Avant cette publication, à peine une vingtaine de personnes au monde, en près d’un siècle, avaient posé les yeux sur les pages intérieures du Livre Rouge de Jung !



Entre textes calligraphiés, images, peintures, mandalas et une richesse étonnante de personnages de l’imagination, de la mythologie et de la culture, Liber Novus, raconte l'histoire d'un homme qui a perdu son âme et part à sa recherche. Les différents chapitres sont conçus selon un plan particulier : ils commencent par l’exposition de fantasmes visuels, dans lesquels le "moi" de Jung rencontre les personnages les plus divers dans les décors les plus variés. Le dialogue s’instaure entre eux. Puis Jung interprète et approfondit la relation entre l’individu et la société, entre chacun d’entre nous et la communauté des morts. Il questionne le christianisme. Il se relie aux autres religions. Une nouvelle image de Dieu renaît.



Le Livre Rouge nous rappelle l’importance de l’introspection et de la vie intérieure, à une époque où les distractions et les dispersions n’ont jamais été aussi fortes. La distance de près d’un siècle entre sa rédaction et sa publication n’affaiblit pas l’ouvrage.



Nous sommes juste avant la première guerre mondiale, en 1913, C.G. Jung, psychiatre déjà renommé, sombre dans une profonde crise. Le Livre Rouge est le journal de bord de la traversée entreprise par Jung dans les profondeurs de sa psyché, le compte-rendu extraordinaire de "sa confrontation personnelle avec l’inconscient". Le dialogue intense avec les profondeurs et ce débat avec l’inconscient seront pour C.G. Jung l’inspiration fondamentale pour essayer de déchiffrer la complexité de la psyché, ainsi qu’une source vitale pour la réalisation de son œuvre. Jung travaille au Livre Rouge pour plus de 16 ans, jusqu’en 1930 lorsqu’il décide d’interrompre le texte au milieu d’une phrase.


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Le Livre Rouge

Ce "Liber novus", ainsi qu'il est sous-titré fort à propos, ne relève d'aucun genre. Disons que c'est le journal de voyage intérieur de sa cosmologie et de sa confrontation avec l'inconscient, tenu entre 1913 et 1928.
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