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Critiques de Carl Gustav Jung (149)
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Aïon : Etudes sur la phénoménologie du soi

L'archétype du Soi constitue la clé de voûte du système jungien. Il représente la totalité à laquelle est censée conduire l'individuation. Soit, mais personne ne sait représenter, définir ou expliquer la totalité, sinon peut-être de la plus juste façon, c'est-à-dire l'apophatique. Jung ne choisit cependant pas cette voie et le symbole constituant, selon lui, la meilleure forme que puisse prendre une chose inconnue pour se faire comprendre à nous, c'est à travers les différentes occurrences de manifestation symbolique du Soi que celui-ci, par circumambulation, se laissera sinon définir, du moins approcher. L'homme ne peut que tendre vers la connaissance du Soi, sans jamais y toucher. Avec « Aïon », Jung nous propose donc différentes études sur la phénoménologie du Soi.





Les différences culturelles conditionnant les différences représentationnelles, Jung restreint volontairement son étude à l'aire du monde occidental même s'il se permet parfois des incursions dans la spiritualité orientale, supposant qu'au-delà des différences civilisationnelles, il existe un dénominateur commun plus profond – peut-être la possession et la maîtrise du langage, soit dit en passant. S'occupant donc prioritairement de notre civilisation, Jung juge que le Christ en est le maître symbole, organisateur des représentations les plus importantes des deux derniers millénaires. Ce symbole ne serait toutefois pas éternel – les spéculations qui lient la numinosité du Christ à l'ère des Poissons ne datent pas d'hier. Mais comment pouvons-nous comprendre le rapport qui a existé entre le Christ et ses multiples autres variantes symboliques ? Quelles sont les métamorphoses auxquelles doit nécessairement se soumettre un symbole, de son éclosion à sa décomposition ? Et de quelle mort s'éteint donc un symbole ? Ces questions apparaîtront éminemment empreintes de modernité.





Jung évoque la configuration dans laquelle se trouvait la matrice psychique humaine qui aurait permis à la figure du Christ d'être accueillie dans la gloire et de connaître ensuite diverses déclinaisons symboliques. Si le Christ a trouvé sa pleine numinosité dans le cadre de cette configuration mentale spécifique désignée par la prédominance de la symbolique du poisson dans l'Antiquité, notamment auprès des gnostiques, puis dans le cadre de la prédominance de la symbolique de la pierre dans l'alchimie médiévale, Jung s'interroge sur les attentes psychologiques de l'homme moderne qui présideraient à l'incarnation vivante de la numinosité christique à travers un symbole qui lui serait spécifique. Nous devons bien le reconnaître : la figure du dieu vivant décline, les hommes ont perdu la ferveur religieuse, et le sens s'éloigne jour après jour de nos existences.





« On néglige malheureusement de façon totale le fait que l'homme d'aujourd'hui est placé devant des exigences beaucoup plus grandes que celui des temps apostoliques : ce dernier n'avait aucune peine à croire à la naissance virginale du héros et du demi-dieu, et Justin pouvait encore utiliser cet argument dans son Apologie ; de même, l'idée d'un homme-dieu rédempteur n'avait rien d'inouï, (...). Mais nous ignorons tout désormais de la grâce divine qui oignait la personne des rois. Les récits merveilleux des évangiles qui entraînaient aisément la conviction des hommes de jadis seraient une pierre d'achoppement dans une biographie contemporaine, et produiraient le contraire de la foi. La nature merveilleuse et prodigieuse des dieux allait de soi dans le mythe encore vivant, et elle avait une signification toute spéciale et propre à convaincre, dans le raffinement philosophique de celui-ci. (...)

Mais pour l'homme moderne cette croyance est un mystère inaccessible ou une curiosité historique, et le plus souvent cette dernière hypothèse prévaut. L'homme de l'Antiquité ne voyait aucune énormité dans la vertu de l'eau bénite ou la métamorphose des substances, car il y avait aussi des sources médicinales dont les effets étaient incompréhensibles, et des modifications chimiques dont la nature apparaissait comme merveilleuse. »





Jung explique cet état de fait par la moindre naïveté dont serait revêtue notre civilisation par rapport à la civilisation antique quant au fait religieux. Ce désenchantement serait lié à l'attente d'une parousie qui ne s'est finalement jamais manifestée. Avec le recul, nous pouvons regretter le manque de pertinence de Jung dans ses explications – pertinence dont Freud, pourtant, témoignait déjà dans « Malaise dans la civilisation » : si le symbole maître régulateur des autres symboles et des relations des hommes entre eux et avec le divin n'a plus de poids, ce n'est pas en raison de sa dégradation substantielle mais bien plutôt à cause de la pulsion de mort qui, parfois, triomphe des forces de vie, et s'incarne dans certaines nouvelles formes de discours comme force de déliaison. Jung émet pour sa part l'hypothèse que le symbole pourrait être devenu obsolète, comme une voiture diesel à l'heure des restrictions dites écologiques, et qu'il ne flatterait plus ce nouveau penchant, apparu chez l'homme de la période industrielle, pour la découverte de nouveautés se succédant à des vitesses toujours plus effrénées sur le marché. En quelque sorte, l'homme moderne serait déçu par le mauvais produit christique : satisfait ou remboursé. le remboursement, en matière de choses religieuses, se produit de la sorte : l'homme renie inconsciemment la divinité en se créant de nouveaux symboles d'idolâtrie. Evidemment, ceux-ci ne durent pas, puisqu'ils sont profanes et qu'ils s'alignent donc sur l'inconstance des passions humaines, mais ils peuvent se renouveler très rapidement, et leur manque de consistance peut ainsi être dissimulée.





« Mais comme le Christ ne réapparaissait pas, une certaine régression ne manqua pas de se produire. Lorsqu'un tel espoir faiblit et qu'une attente exacerbée est déçue, la libido réintègre nécessairement l'homme, et la conscience de lui-même augmente par l'intensification de ses processus spirituels personnels, c'est-à-dire qu'il passe progressivement jusqu'au centre de son champ de conscience. Il s'établit alors, d'un côté, une certaine séparation de la sphère pneumatique, de l'autre, une certaine approche du domaine de l'ombre. Corrélativement, la conscience morale s'aiguise et parallèlement, le sentiment de la rédemption se relativise. »





Jung explique encore la déliquescence du catholicisme par le refoulement de son ombre – concept appliqué donc indifféremment aussi bien aux hommes qu'à la religion sans tisser le rapport qui relie les deux entités. Contrairement aux idées gnostiques qui reconnaissaient l'existence d'un mauvais démiurge pour jouir de la vie d'une certaine façon, la dogmatique chrétienne aurait selon Jung « contourné le problème » en parlant de la privatio boni, doctrine selon laquelle le mal n'existerait pas en tant que tel mais ne serait qu'une privation de bien. Jung s'insurge contre ce qu'il considère être comme une mutilation du Soi. La force maléfique n'en disparaîtrait pas pour autant, elle serait simplement rejetée ailleurs, par exemple sur la figure de l'Antéchrist. Lorsque la conscience refuse d'accorder de l'attention aux formations de l'inconscient, celles-ci ne cessent de trouver des moyens de plus en plus insistants et de plus en plus totalitaires pour se faire connaître. En voulant se préserver de l'aspect irrationnel qui caractérise l'inconscient, en refusant d'accueillir ses faiblesses, ses manquements et ses défauts, la religion chrétienne aurait exacerbé les forces de l'ombre. Nous remarquons toujours que Jung parle de cette religion comme d'un fait autonome qui serait pourtant structurellement établi sur le modèle humain. Il n'est ainsi ni psychanalyste (car il parlerait des hommes qui ont fait le discours religieux) ni théologien (car il supposerait alors que Dieu, qui n'est pas qu'une unité relative comme l'est l'homme, agit peut-être selon des mobiles et en vertu de fins dont la connaissance et la compréhension nous sont inaccessibles).





« Si un fait intérieur n'est pas rendu conscient, il se présente de l'extérieur, comme destin. Autrement dit, si l'individu demeure monolithique et ne devient pas conscient de son opposition interne, il est probable que l'univers devra figurer le conflit et être scindé en deux. »





Jung estime donc que la religion chrétienne, si elle veut toujours figurer dans les meilleures ventes sur le marché de la spiritualité, doit permettre au symbole christique de se rabibocher avec l'ombre, the dark side of the soul. Les hommes modernes ne voudraient plus de la perfection (mais qui a jamais cru que le Dieu chrétien était parfait ?), ils veulent désormais de la totalité, comme le laisserait bientôt présager la vitalité croissante du New Age avec ses idées-bonbons vite mangées, mal digérées. La conjonction des opposés, la voie du tiers inclus, le neti-neti – idées déjà toutes suggérées dans la Bible, mais sans doute pas assez explicitement, sans doute plus assez spectaculairement pour l'homme moderne. Il faut du clinquant, un combat apparent entre les forces du bien et du mal. Heureusement, Star Wars allait bientôt être créé mais en attendant, il fallait bien exprimer le besoin ressenti par quelques-uns de représenter cet affrontement. Besoin qui tient peut-être moins de la spiritualité que de la simple jouissance à voir le mal et le bien faire semblant de s'affronter. L'ombre n'étant pas intégrée, le Diable reflue sur terre, nous dit Jung, et il prend pour cette apparition les apparences les plus fourbes pour que les hommes, insouciants, le confondent avec le bien.





« Il [le Diable] est d'autant plus redoutable qu'on sait moins le reconnaître. Mais qui pourrait le soupçonner sous des noms aussi bien sonnants que prospérité générale, sécurité de l'existence, paix des peuples, etc ? Il se camoufle sous les idéalismes et sous tous les -ismes dont le pire est le doctrinarisme, cette manifestation la moins spirituelle de toutes les manifestations de l'esprit. »





L'ombre provoquerait donc la domination du Diable sous la figure du faux bien. Ce sont les bonnes intentions des « belles âmes ». le Christ ayant déjà beaucoup dit et montré à propos de ça, rien n'est besoin de rajouter ou de soustraire.





Cet essai, bien qu'il se propose comme une analyse extrêmement érudite, fouillée et originale des sources du christianisme, interroge par ses raccourcis et étranges condensations de l'homme au Christ/christianisme et du Christ/christianisme à l'homme. Parlant du Christ, il nous semble parfois que Jung ne parle que de l'homme, mais qu'il ne le sache pas lui-même. Finalement, ce n'est pas le Christ qui a besoin d'être updaté mais l'homme à qui il profiterait peut-être de prendre du recul sur certaines formes calcifiées de discours et sur certaines pensées-réflexes qui le dispensent de toute réflexion circonstanciée.


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Commentaire sur Le Mystère de la fleur d'or

Dans «Le Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or», Jung propose une approche qui déplace la métaphysique vers la psychologie.

Il décrit une méthode d’investigation de l’esprit, qu’il faudrait d’abord assimiler avant de lire ses autres écrits.

Jung considère les religions ou les spiritualités comme représentant des manifestations fondamentales de la psychè humaine. Elles reflètent les interactions entre l’inconscient et le conscient qui pour lui sont le propre de la vie mentale de tout être humain.

Comment Jung les décrit-ils :

- L’inconscient est collectif, c’est une matrice qui contient ou génère les «archétypes», objets mentaux inconscients qu’il suppose communs à tous les hommes. Ces objets sont sans clivage, ils sont en tant que symboles avec deux faces, ils apparaissent dans les rêves, les religions, les mythes.

- La conscience donne une interprétation, un sens aux contenus qu’offrent le monde extérieur et le monde intérieur. Le monde devient compréhensible mais au prix d’un clivage des objets mentaux, il y a séparation des contraires bien/ mal, vrai/faux, beau/laid.

Interpréter les croyances religieuses ou les textes métaphysiques comme des contenus symboliques est doublement enrichissant : on accède à un sens clair pour des croyances qui, considérées en elle mêmes, paraissent obscures et arbitraires; ce sens est celui d’un processus d’échange dans un langage symbolique entre l’inconscient et le conscient. De plus ce sens éclaire des possibilités individuelles concrètes de compréhension, de guérison ou d’accomplissement.

Dieu… C’est remarquablement un symbole de l’archétype «Inconscient», une image qui convient pour représenter notre partie mentale cachée qui nous détermine. Dieu se manifeste à la conscience individuelle mais il ne peut être saisi entièrement. Le symbole met ensemble, l'antonyme littéral du «symbolique» est le «diabolique», ce qui divise.

Autre tradition… Jung interprète le Tao chinois comme une description symbolique d’un processus de transformation pour atteindre une réalisation psychologique : la découverte d’un point d’équilibre pour l’esprit entre l’inconscient et le conscient, Jung l’appelle la réalisation du Soi.



Avec son approche, Jung dessine un brillant rapprochement entre les traditions de l’Orient et celles de l’Occident. Si l’on tentait une synthèse métaphysique, on n’irait pas très loin. Jung permet d’aborder les deux systèmes avec une même grille de lecture, celle de la psychologie analytique.

L’Orient part de l'inconscient, ou plutôt est parti depuis bien longtemps de l’inconscient, il peut reconnaître dans la conscience les figures, les complexes autonomes qui viennent de l’inconscient. Cela fait écho à la classique critique du moi des spiritualités orientales (qui déroute tant les occidentaux). Trouvez comment relâcher l'emprise qu'ils ont sur la conscience peut mener à l'accomplissement que le Tao désigne métaphoriquement par «le corps de diamant». Les objets venant de l’inconscient sont identifiés et les contraires ne sont pas séparés, c’est le principe du yin et du yang. Ainsi la conscience ne nie pas l’inconscient et peut trouver un point s’équilibre.



L'Occident moderne part de la conscience et nie fanatiquement l’inconscient et donc sépare les contraires. Il y a menace individuelle ou collective que cette négation ravage le moi en le submergeant de contenus refoulés. Le salut serait de réintégrer, en les comprenant les avatars de l’inconscient, ils libèreraient la conscience et permettraient de se replacer sur le point d’équilibre (désigné par le Tao).

Quand le christianisme pouvait encore être une évidence individuelle… Dieu s’incarnant, était le symbole de l’intégration de l’inconscient au conscient. L’Eglise puis nos sociétés scientistes ont produits une morale qui a promu le bien, une réflexion rationalisé qui a promu le vrai, auxquelles nous adhérons sans comprendre que les contraires qui ont été niés peuvent resurgir incompréhensibles et dangereux dans la réalité.



Jung le dit mais et n’y insiste peut être pas assez dans ce texte : les métaphysiques parlent un langage symbolique très simple et très puissant qui nous dit qui nous sommes et comment le vivre.

La symbolique autour de Dieu nous parle de notre nature psychique profonde.

Le Tao nous guide vers un point d’équilibre possible et protecteur.

Ce point d’équilibre existe, il devrait être notre foi. Et si le thérapeute peut aider à le trouver, sa recherche et sa découverte ne peuvent être qu’œuvre individuelle. À ce point la vie de chacun peut se transfigurer. Jung décrit une sorte de processus d’illumination où, on ne résout pas le problème mais où,on le dépasse, c’est à dire qu’on parvient à un nouveau niveau de conscience induit souvent par un événement extérieur ou par une expérience intérieure fortuits.



La pensée peut aussi guérir.



Il y aurait aussi beaucoup à dire sur l’autre préface de ce livre, sur le Yi King et cette idée très originale de Jung, la synchronicité… A voir dans un autre commentaire…

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Commentaire sur Le Mystère de la fleur d'or

quelques pages de génie mais un ensemble un peu lourd, pas toujours clair, à mon goût.
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Commentaire sur Le Mystère de la fleur d'or



Un livre qui n'est absolument pas un livre pratique, vous n'en tirerez rien sur ce plan.



Il ne décrit pas spécifiquement ce qu'il aborde, il n'est pas un manuel.



Il s'agit effectivement de commentaires et de contextualisation sur la vision orientale et singulièrement chinoise de... tout. De tout ce qui est. Les mandalas et le Yi King sont à l'honneur. Et Jung nous invite, occidentaux, à ne pas singer les sages orientaux, mais au contraire, d'être fier de notre scientificité qui a tout son intérêt et sa grandeur et à de faire place, intégrer d'une certaine manière, la sagesse orientale tout en nuances et en subtilités parfois impossible d'appréhender pour des cerveaux trop pensants.



Bref, c'est plus un livre qui donne une impulsion, une invite à s'ouvrir. Rien de plus, rien de moins.





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Commentaire sur Le Mystère de la fleur d'or

les mandalas selon jung
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Correspondance 1906-1914 : Sigmund Freud / ..

La relation épistolaire entre Freud et Jung n’est pas particulièrement consacrée aux échanges d’idées qui se produisaient plutôt lors de leurs rencontres. Nous lirons leur correspondance moins pour y observer des joutes intellectuelles que pour constater les progressions et régressions d’une relation pour le moins houleuse.





Dès les premières lettres, les signes annonciateurs de la future discorde apparaissent assez clairement. Jung essaie de faire revenir Freud sur sa manière de concevoir la libido du point de vue de la sexualité, jouant sur la mauvaise presse que suscite une telle conception dans le milieu de la psychiatrie. Par ailleurs, l’investissement épistolaire n’est pas équivalent, Freud répondant presque immédiatement aux lettres de Jung tandis que Jung le fait parfois attendre un mois, mettant sa lenteur sur le compte de son « complexe d’autoconservation ». Les échanges restent cependant amicaux, chacun s’efforçant de faire preuve du plus grand esprit de conciliation et d’autocritique.





Cette correspondance nous prouve, si besoin était, que les rencontres entre les deux hommes furent également intenses – en témoigne l’enthousiasme de Freud qui écrit à Jung, après leur première rencontre : « votre personne m’a rempli de confiance en l’avenir, je sais à présent que je suis remplaçable comme tout autre, et je ne souhaite pas d’autre et de meilleur continuateur que vous pour achever mon travail, tel que j’ai fait votre connaissance. » Ces rencontres, sans doute, furent également propices à des échanges plus profonds que ce dont témoignent ces lettres, surtout consacrées à la stratégie de déploiement de la psychanalyse sur le territoire européen, à l’information sur la publication des derniers textes consacrés à la psychanalyse, et à divers ajustements théoriques et pratiques.





Dès la fin de l’année 1909, Jung se consacre de plus en plus amplement à l’étude de la mythologie, espérant éclaircir par ces matériaux les recoins les plus hermétiques de la psychologie. Freud l’encourage mais tempère aussi son enthousiasme : ce qu’il nous reste des mythologies antiques doit souvent être reconstitué, le temps agissant sur eux comme les processus de l’inconscient sur le rêve (condensation, déplacement, etc.).





Freud se montre d’ailleurs assez peu empressé à lire les premières ébauches de l’œuvre essentielle à laquelle se consacre Jung en ces années (Métamorphoses de l’âme et ses symboles). Et pour cause puisque, à travers cet ouvrage, Jung remet radicalement en question la nature sexuelle de la libido telle que la conçoit Freud. Autrement dit, Jung cherche à refluer vers l’unité lorsque Freud pose comme principe de la psychanalyse la sexuation (la division subjective). Il faudra quelques lettres catastrophées d’Emma Jung pour que Freud se décide enfin à adresser à C.G. quelques encouragements formels.





Les lettres se font plus courtes, plus espacées. C. G. est atteint d’une bougeotte frénétique qui le pousse à élargir son cercle de connaissances dans le monde de la psychiatrie/psychanalyse d’un coin à l’autre du monde et jusqu’en Amérique, comme s’il s’agissait de prouver la validité de ses idées naissantes en dépit de la trahison faite à une voie d’orthodoxie freudienne. Les lettres de rupture témoignent de la part de Jung d’un certain orgueil, de l’envie peut-être de maintenir la relation sous le mode de la perversion (« Je me tiendrai publiquement de votre côté, en gardant mes opinions, et je me mettrai en secret à vous dire toujours dans mes lettres ce que je pense de vous. Je tiens cette voie pour la voie honnête »). Il estimait n’être plus du tout névrosé, c’est-à-dire qu’il s’estimait plein, sans faille, sans manque, et il l’était d’une certaine manière puisqu’il avait rejeté le discours de la psychanalyse, navigant en eaux troubles dans cette voie de dissolution qui dérive du discours du maître au discours capitaliste.



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Dialectique du moi et de l'inconscient

Je suis plutôt content.

Content car finalement Jung a une vision qui me plaît bien de son travail et redore un peu la psychanalyse. Il a réellement abandonné Freud à ses bêtises, son complexe oedipien à la ramasse, son transfert limité, son analyse des rêves tout aussi limitée...

Jung a hélas pour lui un côté théoricien et philosophe. Hélas car il se dit vouloir rester dans le clinique, dans le "concret" et tente de donner corps à ses préceptes théoriques. Ca ne marche pas trop dans ce livre.

Dans ce livre, il y a aussi un peu trop de répétitions, mais sans doute ce n'est qu'à ce prix qu'il juge qu'on puisse arriver à comprendre ce qu'il souhaite communiquer... Il n'a sans doute pas tort.

Les concepts qu'il met en avant : le Moi, le Soi, l'animus et l'anima, la persona et la personnalité mana, sont assez clairs. Compréhensibles à mon sens et relativement praticables. Et qui correspondent fort à tout un pan dans la philosophie et dans les spirituelles qui se taillent actuellement une bonne part du lion... On sort de l'homo occidentalus qui n'a rien comprus en terme de spiritus à la vision plus complète et harmonieuse (ou tendant vers l'harmonie) de nos chers amis orientaux. Ca fait du bien. On le sent précurseur. On le sent ouvert. Je me réconcilie avec lui, que j'avais un peu hâtivement classé dans les bêtes psychanalystes... Je suis donc content.

Attention c'est un homme du début du 20e siècle et donc concernant les différences homme-femme, on peut parfois grincer des dents ou doucement rigoler, tellement cliché parfois... Mais bon, c'est de son époque. (Mais en est-on sorti ? Vraiment ??)



Bon, ben Finalement, Jung : j'aime bien.
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Dialectique du moi et de l'inconscient

Un essai très intéressant sur le Moi et l’inconscient, mais qui nécessite quand même d’avoir une base en psychologie pour comprendre tous les préceptes exposés ici. Toutefois il est une formidable mine d’informations pour qui veut faire l’effort de le lire. Le but à l’époque était de se faire comprendre par ses pairs et non pas en vulgarisant pour le grand public, j’avais déjà lu Essai de l’exploration de l’inconscient du même auteur qui m’avait bien plu aussi.

Ici donc, nous explorerons le rapport qu’il y a entre le Moi et l’inconscient, et c’était fort enrichissant. Déjà car comprendre comment le début de la psychologie a fait pour trouver toutes ses informations est toujours intéressant, ensuite parce que les propos sont toujours en grande partie valable de nos jours. C. G. Jung va à l’essentiel, il ne digresse pas et ça me plaît toujours, surtout quand je dois m’accrocher pour comprendre de quoi il est question.

C’est la partie sur l’inconscient, même si indissociable du Moi, qui m’intéressait le plus, celle qui recèle des messages essentiels. C’était passionnant à lire et à comprendre, je pense aller plus loin par la suite pour mieux me concentrer sur l’inconscient. Très enrichissant.

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Dialectique du moi et de l'inconscient

Ainsi que la plupart des critiques s'accordent à le dire, ce livre constitue une bonne base afin de découvrir la pensée de Carl Jung.



Les différents chapitres permettent une première approche des principaux concepts qui structurent l'œuvre du penseur suisse : le Moi, le Soi, l'ombre, le persona, l'anima et l'animus, les archétypes, ou encore l'individuation.



Pionnier de la psychologie des profondeurs, Carl Jung développe une science qui vise à explorer l'inconscient et ses interactions avec la conscience. Nous retrouvons là les fondements du développement personnel, dans une version plus scientifique, au carrefour de la psychologie et de la philosophie.



Un ouvrage particulièrement intéressant pour appréhender la psychologie jungienne appelée aussi psychologie analytique.
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Dialectique du moi et de l'inconscient

Avant de parvenir à la dialectique du Moi et de l’inconscient, foutons à la poubelle la persona. La première étape que nous devons franchir est celle de la distinction entre le Moi et ce masque que nous revêtons à chaque fois que nous devons survivre aux épreuves de la vie sociale. Jung définit la persona comme étant « le masque d'un assujettissement général du comportement à la coercition de la psyché collective». Le surpassement de cette épreuve nécessite de comprendre la différence qu’il existe entre l’inconscient personnel et l’inconscient collectif. Nous partons de cette simple petite remarque, que chacun a pu ressentir un jour ou l’autre dans une sorte d’ « inquiétante étrangeté » : « L’inconscient semble détenir des éléments autres que les simples acquisitions de la vie personnelle » avant d’expliquer, à une autre échelle, les similitudes qui existent entre les différentes civilisations et systèmes religieux. L’inconscient collectif irrigue les individus et nourrit leurs constructions à la manière d’un champ morphique. « C'est cet état de choses qui explique, par exemple, le fait que l'inconscient des races et des peuples les plus éloignés les uns des autres présente des analogies, des correspondances remarquables, analogies qui se manifestent entre autres dans le phénomène, déjà souvent mis en évidence, de la concordance extraordinaire des formes et des thèmes mythiques autochtones, sous les latitudes les plus diverses. »





Cette première étape de différenciation est importante mais ce n’est pas celle qui retient le plus l’attention de Jung. Lorsque la persona est tombée, il faut s’attaquer à l’anima. L’anima, voilà ce qui intéresse Jung !





L’anima est inconsciente, mystique, introvertie. Dans Ma vie, Jung parlait de sa jeunesse qu’il avait sentie partagée entre deux personnalités : la personnalité A, extravertie, curieuse et sociale, et la personnalité B, renfermée, introvertie et intellectuelle. Cette expérience aura certainement encouragé Jung à développer cette étrange dualité qu’il a très tôt sentie en lui pour lui donner le nom d’anima. S’il est possible de liquider rapidement la persona sitôt les mondanités terminées, l’anima se montrera plus coriace à surmonter. Alors que la persona est en grande partie consciente, l’anima est inconsciente et se fait facilement passer pour la partie la plus authentique de nous-mêmes. Elle est celle qu’on pense être notre personnalité profonde, notre petit secret dorloté au plus profond de notre être… un gros bluff !





L’individu qui reste trop loin de son anima risque de mal la connaître. La prenant pour ce qu’elle n’est pas, il deviendra névrosé. Il imagine que son Moi revendique les ambitions vilipendées par la société ou l’entourage ou qu’il se caractérise par les jugements rapides que les autres émettent à son sujet sans y penser vraiment. L’individu a cru entendre son anima parler à travers une cloison mais parce qu’il n’a pas le temps, parce qu’il n’est pas assez courageux ou parce qu’il ne voit pas la cloison, il n’approche pas son oreille pour vérifier que celle-ci ne l’a pas trompé. L’anima est délaissée, personne ne l’écoute, ou personne ne l’écoute bien. Elle sanglote et rend l’individu morose, déprimé, névrosé. C’est ce stade qu’il faut dépasser, et c’est pour cela que Jung propose de converser dans sa Dialectique du moi et de l’inconscient. Encore une fois, si on a luMa vie, on se souviendra de la période dépressive traversée par Jung au cours de sa carrière : au lieu de fuir sa dépression dans le travail ou la distraction, il l’avait prise à bras-le-corps et lui avait fait subir un interrogatoire : qui es-tu ? que veux-tu de moi ? que fais-tu en moi ?





« Poser la question [à l’anima] sur [un] mode personnel a un gros avantage : ainsi, en effet, la personnalité de l’anima se trouve reconnue et acceptée et une relation entre le Moi et l’anima devient possible. […]"





Il faut élever ce dialogue avec l’anima à la hauteur d’une véritable dialectique. Chacun, on le sait, a la particularité et aussi l’aptitude de pouvoir converser avec lui-même. Chaque fois qu’un être se trouve plongé dans un dilemme angoissant, il s’adresse, tout haut ou tout bas, à lui-même la question (qui d’autre pourrait-il donc interroger ?) : « Que dois-je faire ? » ; et il se donne même (ou qui donc la lui donne en dehors de lui ?) la réponse. »





Pour rendre cette méthode plus concrète, Jung cite cet exemple de dialectique entre un homme dépressif et son anima :

« Lorsqu’une dépression s’emparera de lui, il ne devra plus s’astreindre soit à travailler, soit à telle ou telle contrainte pour oublier et fuir, il devra au contraire accepter sa dépression et, en quelque sorte, lui donner la parole. […] Ce n’est ni une faiblesse, ni un relâchement sans consistance, c’est au contraire une tâche difficile qui exige le grand effort de conserver son objectivité en dépit des séductions du caprice : on transforme ainsi l’humeur en objet observable, au lieu de la laisser s’emparer du sujet qu’elle domine. Le malade aura à faire en sorte que son état d’âme dialogue avec lui : son humeur devra lui révéler et lui préciser comment et de quoi elle est faite, et en fonction de quelles analogies fantasmatiques on pourrait tenter de la cerner et de la décrire. »





Non dogmatique comme toujours, Jung rappelle cependant qu’il n’existe pas une seule méthode qui serait universellement efficace. De même, l’anima ne donne pas une réponse unique et durable. A chacun de l’explorer personnellement. En d’autres termes, Jung propose une approche qui doit se montrer à chaque fois originale. En renouant avec son anima, l’état névrotique s’éloigne. On peut presque dire que cette méthode mobilise toute notre capacité d’attendrissement. Il faudrait se reculer, regarder l’anima, la bercer du regard et la questionner sans animosité. Il ne suffira pas d’une seule conversation qu’on mène à l’arrache sans considération pour son interlocuteur. La dialectique n’est pas un interrogatoire de justice biaisé qui doit conduire à la condamnation sans appel mais doit plutôt s’envisager comme une suite longue et progressive de dialogues nocturnes, menés loin de l’agitation extérieure, pour découvrir qui est cet étrange squatteur avec qui on cohabite depuis des années dans le silence et la méfiance.





Cependant, nous devons rester sur nos gardes. L’anima, dans la mesure où elle est inconsciente, peut devenir un adversaire redoutable au cours de la conversation. Elle peut nous berner pour se venger des longues années de silence auxquelles nous l’avons contrainte, nous faisant par exemple croire que nous avons réussi à la mater et que nous sommes parvenus à un niveau de conscience supérieur. C’est le phénomène de l’inflation. Le Moi croira ainsi connaître tous les petits secrets bien cachés de l’Univers. Jung parle alors de personnalité-mana :





« La composante mana de la personnalité est une des dominantes de l’inconscient collectif, l’archétype bien connu de l’homme fort, qui s’est manifesté à travers toute la vie de l’humanité sous les multiples aspects du héros, du chef, du magicien, du medicine-man, du saint, du souverain, qui règne sur les hommes et les esprits, du roi, de l’ami de Dieu. »





Jung va plus loin que Nietzsche et son Zarathoustra, que tous les grands prophètes et initiateurs qui se sont laissés griser par la connaissance acquise –comme si une connaissance ne pouvait jamais être fausse !





« La connaissance plus approfondie, le rapprochement cohérent d'éléments précédemment séparés et dissociés de soi-même, l'impression d'avoir ainsi, semble-t-il, surmonté le conflit moral, donnent à une certaine catégorie de sujets un sentiment de supériorité pour lequel le terme de "ressemblance à Dieu" ne semble pas excessif. »





Liquider la persona, reconnaître l’anima et ne pas se laisser griser par la mana : telles sont les étapes que devra surmonter l’individu pour dépecer son Moi de tous les parasites encombrants, scories d’une vie sociale mouvante et souvent contradictoire. La raison de l’existence de ces entités semble un peu rapidement éludée, mais il ne relève sans doute pas de notre fonction de les expliquer (à la limite, ce serait peut-être une tâche qui plairait à celui qui a confondu son Moi avec la mana). Peu importe, gardons cette problématique sous le coude pour une prochaine réflexion. Une fois que ces étapes ont été franchies (Jung n’affirme pas qu’un être humain a déjà réussi cet exploit, on ne saura d’ailleurs pas si cette ambition est réaliste), le Moi peut alors s’acheminer tranquillement vers le Soi, version psychanalytique de l’Absolu.





« Ainsi le Soi est aussi le but de la vie, car il est l'expression la plus complète des combinaisons du destin que l'on appelle un individu ; et non pas seulement le but de la vie d'un être individuel, mais aussi de tout un groupe au sein duquel l'un complète l'autre en vue d'une image et d'un résultat plus complets. »





Il semblerait donc que le Soi n’attende pas qu’on se prenne la tête avec nos névroses, ni qu’on cherche le pouvoir absolu par la maîtrise d’un quelconque savoir illusoire : le Moi peut se rapprocher le plus possible du Soi à condition qu’il s’accepte comme une donnée provisoire et contingente. Il va falloir faire avec ce joujou dans cette vie, sans mater la vie des autres pour voir comment ils se débrouillent, sans rester matériellement attaché aux expériences vécues et aux expériences à venir. Quasi-ode à l’insignifiance qui laisse toutefois un peu sceptique car, après tout, Jung s’est peut-être laissé prendre lui aussi au piège d’une mana margouline, avide de connaissances, rusant pour faire croire qu’elle snobe le pouvoir et qu’elle est autre chose qu’une mana distrayante. Et si ce n’est pas le cas, Jung peut-il prétendre être le philosophe de génie que nous attendons tous, à chaque génération ?





« ... seul est philosophe de génie celui qui parvient à élever une vision primitive, qui n'est qu'un déroulement naturel, à la dignité d'une idée abstraite, et à en créer un patrimoine conscient de la collectivité des hommes. C'est en promouvant cette élaboration qu'il oeuvre de façon personnelle ; et c'est dans cette élaboration individuelle de son esprit que réside la valeur personnelle qu'il peut légitimement se reconnaître, sans basculer dans une inflation. »





Au-delà de l’inconscient collectif et de la mana, on ne peut pas affirmer qu’il n’y ait rien. Mais si ces trois stades nous permettent déjà de nous dépouiller et d’avancer, alors ils sont suffisants. La suite au prochain épisode.
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Dialectique du moi et de l'inconscient

Concepts intéressants sur la structure de la psyché, la naissance d’idée avec pour base une vision primitive, et la formation de la personnalité comme nécessité moderne face aux déséquilibres générés par de sérieux changements de notre développement traditionnelle.
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Dialectique du moi et de l'inconscient

Jung nous propose dans «Dialectique du moi et de l’Inconscient» un schéma général qui semble bien couvrir toute la diversité de la psyché humaine.

Il distingue trois états de conscience, on pourrait les représenter sur un axe :



INCONSCIENT COLLECTIF__INCONSCIENT PERSONNEL___MOI



- L’INCONSCIENT COLLECTIF dont les contenus, supposés communs à tous les hommes, sont les ARCHÉTYPES, sont pensés dans un mode qui est celui du DÉLIRE. C’est par une capacité innée d’IMITATION, que l’on récupère probablement très jeune ces repères qui restent inconscients tout simplement parce qu’ils n’ont pas pu passer par une phase conscience qui n’existait pas encore. Les contenus sont riches, autonomes, puissants et non maitrisables. En fait, c’est ce bon vieux monde des esprits identifié depuis longtemps.



- A l’opposé LE MOI est l’image consciente de soi que l’on construit et qu’on mémorise, toujours disponible pour se définir. Cette image ignore complètement les archétypes même s’ils l’influencent fortement. Elle bâtit une explication du monde fabriquant des SAVOIRS élaborés à partir du RAISONNEMENT. C’est la capacité LOGIQUE qui assure la permanence de la représentation.



- L’INCONSCIENT PERSONNEL serait le réservoir qui s’alimente par le débordement des trop-pleins qui se créent dans l’INCONSCIENT COLLECTIF et dans le MOI. D’un côté les archétypes deviennent visibles sous formes de MYTHES, ils se développent dans les REVES qui peuvent pénétrer la conscience qui entraperçoit leur fonctionnement sur le principe de l’ANALOGIE.



- De l’autre côté, L’INCONSCIENT PERSONNEL se remplit des pensées du MOI qui deviennent inconscientes sans que cela soit forcément irréversible. Les contenus sont proches de l’ART, ce sont des CRÉATIONS qu’un pouvoir d’INVENTION fait affleurer juste à la surface du MOI.



Jung appelle SOI la totalité du psychisme d’un individu.

Son idée clé est que chacun se construit mentalement par un processus d’individuation qui est : l’élaboration du SOI par intégration des trois états de conscience.

Par ailleurs, il semble naturel que chez chacun, il y ait un positionnement préférentiel sur l’axe inconscient/conscient, pourtant l’individuation n’est absolument pas une sorte de progression qui irait du négatif inconscient au positif conscient. A ce positionnement le cerveau fonctionne à un régime particulier qui convient bien pour certains contenus et certains modes d’être, par contre il est ignorant et aveugle pour d’autres contenus et d’autres modes d’être qui sont privilégiés pour d’autres positionnements. Par exemple, positionné sur le MOI, l’intégration du rationnel se fait bien, par contre l’intégration des contenus de l’INCONSCIENT COLLECTIF est facilement niée, ce qui crée un déséquilibre nuisant au processus d’individuation.

Intégrer les contenus des trois modes est bien sûr extrêmement problématique, tout simplement : les contenus inconscients sont illisibles pour le conscient et vice versa.

En déclinant quatre positionnements sur l’axe des états de conscience, on saisit mieux comment l’individu est enfermé dans un type de SOI, ignorant parfois totalement les autres modalités, ce que Jung diagnostique comme un effacement de l’individu dans le collectif.



1/ Si le SOI est positionné très près de l’INCONSCIENT COLLECTIF :

Le monde est fortement irrationnel se développant par la faculté d’IMITATION.

Le mode de pensée est le DÉLIRE ayant la SENSATION des ARCHÉTYPES.

Le mode d’être est la FOLIE, son style est PROPHÉTIQUE.

Exemples : + Les prophètes, les gourous… Aussi les philosophes théoriciens du monde - Les délirants.

Privilèges : Visions totales intriquées avec des émotions.

Difficultés : Le simple bon sens est problématique, le vrai et le faux, la réalité et la pensée deviennent indiscernables.



2/ Si le SOI est positionné entre l’INCONSCIENT COLLECTIF et L’INCONSCIENT PERSONNEL :

Le monde est faiblement irrationnel se développant par la faculté d’ANALOGIE.

Le mode de pensée est le RÊVE ayant l’INTUITION des MYTHES.

Le mode d’être est la POSSESSION, son style est l’ADORATION.

Exemples : + Les héros, les chevaliers - Les disciples, les suiveurs, les fans.

Privilèges : Visions où les archétypes se personnifient sous forme de croyances mythologiques ou religieuses.

Difficultés : Impossibilité de comprendre la causalité sans y adjoindre des croyances superstitieuses.



3/ Si le SOI est positionné entre L’INCONSCIENT PERSONNEL et le MOI :

Le monde est faiblement rationnel se développant par la faculté d’INVENTION.

Le mode de pensée est la CRÉATION appréhendant par le SENTIMENT l’ART.

Le mode d’être est la SOLITUDE, son style est celui du MEDIUM.

Exemples : + les Artistes - Les originaux, les rêveurs.

Privilèges : Découverte des valeurs esthétiques, révélation du beau.

Difficultés : Fuite dans un monde incommunicable.



4/ Si le SOI est positionné près du MOI :

Le monde est fortement rationnel se développant par la faculté de la LOGIQUE.

Le mode de pensée est le RAISONNEMENT donnant des EXPLICATIONS des SAVOIRS.

Le mode d’être est l’ALIENATION, son style est DOGMATIQUE.

Exemples : + Les scientifiques - Les matérialistes

Privilèges : Vivre les illusions d’un monde totalement compréhensible.

Difficultés : Les archétypes sont niés par la logique et ressurgissent de manière incontrôlable. La dimension spirituelle est minimisée ou supprimée.



Cet essai de Jung présente une théorie très puissante, son seul défaut, qui est aussi un danger est qu’elle nous incite à douter de notre représentation du monde et à nous remettre en cause de façon assez radicale. Sauf à la rejeter complètement, on ne peut guère l’appréhender d’un point de vue passif, elle agit sur nous.

Une tentative de réfutation pourrait dire : oui, mais moi je suis proche d’un de vos types et je veux bien admettre qu’il y a d’autres types, mais ils n’ont rien à voir avec moi. C’est justement ce que Jung pointe : alors, vous n’êtes pas capable d’intégrer vos différentes composantes, vous vous croyez un individu, vous n’êtes qu’un clone de votre type.

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Dialectique du moi et de l'inconscient

à lire et relire
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Dialectique du moi et de l'inconscient

Dialectique du moi et de l’inconscient est une œuvre pivot de la psychologie analytique. Carl Gustav Jung y décrit les mouvements à première vue désordonnés et chaotiques des différents éléments de la psyché qu’il a découverts et développés au cours de sa carrière, pour les rendre signifiant dans le cadre de la dynamique du processus d'individuation.



La première partie de l'ouvrage pose les fondements des forces en présence : Jung définit ce qu’est le Moi, l’inconscient individuel et l’inconscient collectif (qui est l’une de ses découvertes majeures), et expose l’originalité de sa théorie en la positionnant par rapport aux théories psychanalytiques de l’époque (notamment celles de Freud et d’Adler). Il décrit un Moi inscrit dans une dynamique impossible à tenir, tiraillé entre les exigences du monde extérieur et pour lequel il se cache derrière la Persona (c’est la personnalité sociale, archétype issu de l’inconscient collectif et personnel et soumise au type de société dans lequel on vit, à ce qu’elle valorise, à la liberté et la responsabilisation qu’elle propose aux individus), et les exigences du « monde intérieur », de l’inconscient, présenté dans l’ouvrage comme étant l’Anima (ou l’Animus pour les femmes). Il explique très clairement pourquoi plus les éléments de l’inconscient les plus niés et ignorés par l’individu sont ceux qui ont le plus de puissance sur le Moi, et donc dans la vie de tous les jours. Jung pose comme fondements de la libération du Moi sa confrontation avec ces archétypes, en expliquant les enjeux de ce qu’il appelle la libération de l’individualité ou processus d’individuation, sujet principal de la seconde partie de l’ouvrage.



L’individuation consiste à déplacer le centre du Moi de façon à y incorporer des éléments de l’inconscient, c’est-à-dire à tendre vers l’archétype du Soi. De façon pragmatique, il s’agit de transformer les complexes autonomes (les archétypes de l'Anima et celui de la personnalité mana) en fonctions support (c’est-à-dire en force dans laquelle le Moi peut puiser), en reconnaissant leur existence, puis en se confrontant à eux, et enfin, en les assimilant. C’est la description de cette dialectique qui a donné son nom à l’ouvrage.



Le chemin de l’individuation est long et semé d’embuches. Jung explique pas à pas les différents risques liés à l’exploration et la mise au grand jour des ressources de l’inconscient.

L’individuation est réservée à quelques uns, poussés par une nécessité intérieure à explorer toujours plus en avant ce qu’ils sont. Il est d’ailleurs difficile d’ignorer les appels de l’inconscient : ce dernier se rappelle à notre bon souvenir au travers de tocs, d’obsessions, d’angoisses, bref, de symptômes généralement associés aux névroses, qui sont finalement, et avant tout, des invitations directes de notre inconscient à entamer le dialogue.

Ceux pour qui l'individuation n'est pas une nécessité sont également invités à prendre conscience de leurs courants intérieurs contraires, en vue de ne plus se faire balloter au gré des pulsions inconscientes et ce, quelle que soit l’étape à laquelle ils se trouvent ou choisissent de s’arrêter. Finalement, Jung nous invite à devenir responsable de notre vie en prenant conscience de nos actes, et à interagir de façon vraie avec les autres, notamment en arrêtant de projeter sur tout un chacun les fantasmes issus de nos archétypes.



Ce que j’aime particulièrement chez Jung, c’est ce message qui nous exhorte à être acteur et responsable de sa vie, à être autonome et vrai dans sa relation avec l’autre. Nul besoin de 20 ans de psychanalyse (même si une « petite tranche » peut aider), la prise de conscience de ce qui est caché et la prise en considération de ce dont il s’agit permet d’avoir une meilleure connaissance et une meilleure maitrise de ses actes. C’est un message plein d’espoir, qui invite chacun à se repositionner non seulement par rapport à ce qu’il est ou par rapport à l’autre, mais également par rapport à sa place dans la société, au regard qu’il porte sur le monde.



Cet ouvrage est riche et complexe : on y apprend ou comprend toujours de nouvelles choses, même lors d'une seconde ou d’une troisième lecture. Le développement proposé par Jung est ardu : il n'a pas une approche directe des messages qu'il passe, des développements qu'il fait, des concepts qu'il aborde. Il a plus tendance à aborder différents sujets, et à laisser le lecteur faire ses propres rapprochements.

Il ne s’agit pas d’une introduction à la théorie Jungienne : comme l’ont dit Saule et Eric Eliès, cet ouvrage est à déconseiller à ceux qui ne connaissent pas les principaux fondements et éléments de la « psychologie des profondeurs ». En effet, Jung fait appel aussi bien aux différents archétypes qu’à la notion de complexes autonomes, aux symboles de l’âme, à la typologie des individus, etc… qui ont fait l'objet d'ouvrages dédiés.



Si j’avais un reproche à faire à ce livre, ce serait peut-être sa légèreté vis-à-vis des processus liés à l’Animus (thématique souvent reléguée à un « identique que pour l’Anima »), et l’absence quasi-totale de référence à un archétype qui me semble pourtant bien nécessaire à l’approche de l’individuation : l’Ombre.
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Dialectique du moi et de l'inconscient

Parfait pour débuter si l'on veut se lancer sans être trop averti...
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Dialectique du moi et de l'inconscient

J'ai lu de très nombreux livres de Freud, quelques-uns de Lacan, je laissais une dernière chance à la psychanalyse avec Jung.

Décidément ce n'est pas pour moi.

Je ne comprends pas non plus qu'il soit tant conseillé de les lire, de les maîtriser, ces livres n'ont (quasiment?) aucune utilité dans la relation d'aide et ont même une orientation malsaine et toxique. Comment des professeurs de psychologie (dont certains sont aussi des femmes) cautionnent-ils ce genre de choses ? :

« La femme est la compagne de l'homme; elle fait partie de sa vie et lui appartient. »

« Dans la mesure où la femme est jolie, les opinions de son animus ont pour l'homme quelque chose d'enfantin et de touchant qui l'incite à une attitude bienveillante de guide et d'éducateur paternel ; mais, dans la mesure où le côté sentimental de l'homme ne se sent pas concerné par le charme de la femme en question, dans la mesure où le charme féminin ne constelle pas la disponibilité sentimentale chez l'homme, celui-ci escompte chez la femme compétence et aide valable et non plus incapacité touchante et bêtise solennelle ; dès lors les opinions toutes faites de l'animus de la femme ont, aux yeux de l'homme, quelque chose de suprêmement irritant, surtout à cause de leur manque de fondement […]

Chez les femmes intellectuelles, l'animus suscite des arguments et des raisonnements qui voudraient être logiques et critiques, mais qui, pour l'essentiel, se bornent la plupart du temps à ceci : un point faible qui est secondaire sera transformé, au prix d'un contresens, en la thèse principale. […] A leur insu, de telles femmes ne poursuivent qu'un seul but : irriter l'homme et le faire sortir de ses gonds [...] »

Rappel : l'anima est la part « féminine » chez l'homme (comprendre hystérique), et l'animus la part masculine chez la femme (comprendre rationnelle).

En gros une femme intellectuelle est donc malade et croit dire des choses censées mais en fait non (bien sûr son animus ne donne qu'une apparence de rationalité) et en plus elle fait ça pour faire chier les hommes (c'est bien connu, y'a rien de plus chiant qu'une femme qui pense).

« Une femme possédée par son animus est toujours en danger de perdre sa féminité, son personnage féminin adapté, exactement comme l'homme, dans des circonstances analogues, risque de devenir efféminé. »

Femme qui pense = malade = pas féminin (féminin = sois belle et tais toi. Je ne sais pas ce qu'il fait des moches) = mal

Homme qui ressent des trucs = malade = pas masculin = mal.

« Lorsqu'on cherche à se faire une image de la personnalité qui s'exprime par ces complexes, on est contraint parfois à la conclusion qu'il ne peut s'agir que d'une femme hystérique – d'où la dénomination d'anima ! »

Hum...

J'ai acheté deux livres de Jung, je le regrette. Je vais survoler l'autre mais franchement, je déconseille. J'en ai tellement eu marre que je n'ai pas lu les 10 dernières pages).

Le plus flippant dans ce livre ? C'est qu'on enseigne encore ce genre de choses en psycho...

J'ai été assez dure dans ma critique, surtout que j'ai trouvé Jung moins mauvais que Freud et Lacan, il y a tout de même quelques concepts plutôt intéressants (voir utilisables), mais franchement on trouve bien mieux dans des livres plus récents.
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Essai d'exploration de l'inconscient

« Beaucoup de crises, dans notre vie, ont une longue histoire inconsciente. Nous nous acheminons vers elles pas à pas, sans nous rendre compte du danger qui s'accumule. Mais ce qui échappe à notre conscience est souvent perçu par notre inconscient, qui peut nous transmettre l'information au moyen d'un rêve. »





De même, ce livre intervient à point nommé et sa forme se laissait deviner comme une intuition. J’ai trouvé Carl Gustav Jung à travers Freud mais la référence ne m’intéressait pas encore ; puis je l’ai retrouvé à travers la mythologie, et il m’a semblé plus intrigant ; enfin je l’ai redécouvert par le biais de la conception de synchronicité, et je devais le lire. Bien qu’il soit abrégé et constitue une vulgarisation de l’ensemble de son œuvre, ou peut-être en raison de ces caractéristiques, Essai d’exploration de l’inconscient se révèle dans une forme qui n’aurait pas pu être différente. Ses idées sont celles que de nombreuses expériences et lectures personnelles m’avaient fait prendre pour des intuitions ; celles-ci s’éclairent ici et s’apaisent dans une reconnaissance mutuelle. Cette rencontre avec Carl Gustav Jung est un soulagement.





S’il ne fallait retenir que deux idées majeures résumées dans cet Essai, il faudrait déjà mentionner ce retournement de pensée renversant que constitue l’émergence de concepts extérieurs dans l’inconscient. La question du big-bang s’applique à la psyché et découle des illuminations incroyables qui nous assaillent parfois et qui trouvent leur illustration la plus convaincante dans les intuitions féroces de certains génies philosophiques ou scientifiques. Comment du rien peut-il soudain naître quelque chose ? D’où nous viennent certaines idées qui ne trouvent aucun point d’appui avec notre expérience quotidienne ou nos références culturelles ? Car Gustav Jung nous cite l’exemple d’une petite fille dont les rêves, peuplés de symbolique religieuse, ne pouvaient s’expliquer par son éducation ou par son environnement quotidien, athée et épuré de toute référence de la sorte. Existerait-il un inconscient collectif dont nos inconscients individuels ne sont qu’une parcelle ? La noosphère –la sphère des idées- se laisse lentement apercevoir…





« Cependant, de même que les contenus conscients de notre esprit peuvent disparaître dans l’inconscient, de nouveaux contenus qui n’ont jamais encore été conscients, peuvent en émerger. On peut avoir l’impression, par exemple, que quelque chose est sur le point de faire irruption dans la conscience, qu’ « il y a quelque chose dans l’air », ou « anguille sous roche»»





Les phénomènes de synchronicité s’éclaireraient alors à leur tour et se comprendraient comme une communication consciente d’une inconscience individuelle à l’inconscience collective, permise dans tous les cas où l’homme reprend contact avec ses sens et ses intuitions, acceptant la part primaire de sa constitution et rejetant par la même occasion la primauté absolue de la raison moderne.





Carl Gustav Jung éclaire également la notion d’archétype et la seconde idée majeure résumée dans cet Essai consiste à rendre vivant l’archétype en lui conférant une énergie propre :





« Comme les instincts, les schèmes collectifs de la pensée humaine sont innés et hérités. […] Si le caractère inné des archétypes étonne, que dire alors des insectes et de la complexité de leurs fonctions symbiotiques ? Car enfin, la plupart d’entre eux ne connaissent pas leurs parents, et ils n’ont reçu d’enseignement d’aucune sorte. Pourquoi faudrait-il alors supposer que l’homme soit le seul être vivant dénué d’instincts spécifiques, ou que sa psyché ne comporte plus aucune trace de son évolution ? »





Ce sont ces mêmes archétypes qui, en évoluant à leur guise dans les directions que nous leur permettons d’emprunter, pourraient expliquer certains troubles psychologiques et l’ambivalence du malade à l’égard de sa maladie –à la fois désireux de s’en défaire mais affligé s’il s’en défaisait :





« Les archétypes sont donc doués d’une initiative propre et d’une énergie spécifique. […] A cet égard, ils fonctionnent comme des complexes. Ils vont et viennent à leur guise, et souvent, ils s’opposent à nos intentions conscientes ou les modifient de la façon la plus embarrassante. On peut percevoir l’énergie spécifique des archétypes lorsque l’on a l’occasion d’apprécier la fascination qu’ils exercent. Ils semblent jeter un sort. »





Beaucoup mais trop peu, cet Essai d’exploration de l’inconscient ne se suffit pas à lui-même. Carl Gustav Jung y révèle quelques-uns de ses secrets mais se livre trop peu pour satisfaire les nouvelles questions qu’il nous contraint de nous poser. Il convainc toutefois par l’exemple archétypique qu’il endosse, se montrant lui-même individu connecté à la sphère, renouant avec les mythes primaires de l’homme instinctif sur lequel il aurait greffé les archétypes issus de millénaires d’évolution. Sa méthode thérapeutique, brièvement résumée, n’est pas seulement scientifique –elle se veut aussi éthique et exacerbe la puissance de combat tribale de l’homme véritablement moderne, c’est-à-dire de l’homme devant se battre contre les chimères de la modernité.





« Les anthropologues ont souvent décrit ce qui se produit lorsque les valeurs spirituelles d’une société primitive sont exposées au choc de la civilisation moderne. Les membres de cette société perdent de vue le sens de leur vie, leur organisation sociale se désintègre et les individus eux-mêmes se décomposent moralement. Nous nous trouvons actuellement dans la même situation »





Ce n’est peut-être qu’un mythe de plus –celui que j’attendais précisément.
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Essai d'exploration de l'inconscient

J’ai fait un petit junging au pays des rêves, dans l’inconscient boudé par l’homme moderne enfermé dans sa raison formaté par ses préjugés, sans réflexion sur le pourquoi du MOI…



Et puis crevé par peu de répit d’un enfant de moins deux ans, j’ai songé dans les profondeurs de mon âne et de mon esprit, habité par un inconnu, qui quoi qu’on en crois pas, te raconte des tas de trucs sur un tas de merdes qui te peuplent la tête à ton insu… parfois inné et primitif, collé à ton Toi depuis l’époque primitive, mais souvent personnel, suivant ton environnement, ton éducation et ta vie de branlos…



Il blablate sur les symboles, les archétypes, et plein de machins, il parle de son pote Freud qui n’était Plus vraiment son pote et il évoque Nietzsche… bref le gars vulgarise son oeuvre à travers cet Ouvrage qui donna raison à quelques unes de mes petites réflexions sur le sujet, puisque j’aime Interpréter mes rêves, genre tout seul dans ma tête sans intervention extérieure…



Me voilà endormi sur ma main engourdi

reposant sur mon coude attabler à mes rêves

Les yeux fermés salivant du bout des lèvres

Je m’enfonce paisiblement dans ce monde insoumis

A toute raison et logique d’un homme sain d’esprit



Rêves Rêve ouvre toi et raconte moi mon histoire….



Me voilà bien assis au bord d’une rivière,

Ou je tiens dans ma main une canne à paresse

Et ma ligne qui dérive dans les courants incompris

Et mon bouchon qui s’enfonce dans les profondeurs du mépris

Emportant avec lui mon désir inassouvi



Il n’y a plus de sens, là ou tout se mélange

Dans ce tourbillon infernal d’un esprit perverti

Par cet inconscience troublante la journée endormie

Mais qui donne tout son sens au Toi qui t’habite

Depuis for longtemps dans ton Moi si étrange



Alors perdu dans mes songes incessants

Ou les chimères oniriques se mélangent et dansent

Dans une déferlante inconsciente d’une conscience assouvi

Qui par tant folie veut revenir à la vie

Alors dans un élan serein ou un cri dans la nuit



L’homme se réveille dans l’oubli onirique

D’une envie qui se presse au bout du fusil

Alors à moitié endormi et au pied de son lit

Il s’empresse aux chiottes pour cracher son pipi…



A plus les copains…
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Essai d'exploration de l'inconscient

"Essai d'exploration de l'inconscient" a les grandes mérites d'être bref et claire. Écrit quelques mois avant sa mort, il a aussi peut-être une troisième mérite de représenter les idées définitives de Jung sur les sujets abordés. Néanmoins ce petit livre laisse le lecteur sur sa faim. Bien des concepts majeures de Jung ne sont pas traités.

D'après Jung chaque être humaine a deux personnalités. La personnalité consciente qui se veut rationnelle doit s'accorder avec la personnalité inconsciente qui fonctionne sur un système différent. L'inconscient se sert des archétypes qui vient de la culture de l'individu, des symboles qui sont de provenances diverses, et des expériences de vie l'individu. L'essentiel c'est que l'individu choisit ses archétypes et donne ses propres sens aux symboles. Donc, un symbole tel qu'un taureau a un sens pour un individu et un autre sens chez un autre. Jung insiste que Freud avait tort de penser qu'un symbole avait un sens universel que l'on pouvait appliquer à tout le monde. Par conséquence, le travail de l'analyste était plus long pour Jung parce que l'on devait d'abord créer le système inconscient de chaque individu.

Aussi Jung critique Freud sévèrement d'avoir donner trop d'importances à la pulsion sexuelle comme le facteur déterminant dans la personnalité inconsciente. "La psyché inconsciente est devenue chez Freud un dépôt à ordures morales." (p 181)
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Essai d'exploration de l'inconscient

Dernier livre d'une longue liste bibliographique, celui-là représente une synthèse de tous les précédents pimentée par un testament marquant. Je m'essaie à un bref résumé du résumé.



L'homme ne perçoit jamais rien pleinement. Il peut voir, entendre, toucher, goûter, mais de façon très limitée. Il a besoin d'outils scientifiques pour pouvoir percevoir des choses trop petites, trop grandes, trop éloignées, trop faibles ou trop subtiles pour ses sens primaires : jumelles, amplificateur électrique, etc. Cette perception consciente limitée par nos sens comporte des aspects inconscients : il y a des événements dont nous n'avons pas pris note consciemment mais que notre inconscient a bien enregistré, subliminalement, à notre insu. Ces événements reviennent dans notre esprit conscient via une intuition, une réflexion profonde, une pensée secondaire, un rêve ou des agissements car l'inconscient influe nos actes quotidiennement.

Les idées, images et sons sont relégués à notre inconscient quand on ne leur accorde plus d'intérêt, plus d'énergie affective, plus d'attention consciente.

L'inconscient est une puissance qui influe nos actes conscients de manière de moins en moins visible chez l'homme moderne. Alors que la volonté de l'homme primitif se heurtait aux superstitions, aux peurs et aux obstacles invisibles, celle de l'homme moderne semble ne se heurter à rien. Il est tout à fait capable de traduire ses volontés en actes à tel point qu'il pense être maître de lui-même et ne dépendre d'aucune puissance autre que celle de sa volonté et de sa conscience. “Vouloir c'est pouvoir” non ? Eh bien non, pas vraiment, pas si on fait preuve d'un minimum d'introspection, pas si on est incapable de dominer nos humeurs et nos émotions. Nos dieux et démons intérieurs n'ont pas disparu, ils ont juste changé de nom : alcoolisme, tabagisme, hyper-médicalisation, abus de pilules, alimentation impulsive et excessive, somnambulisme, oublis, lapsus, humeurs, inquiétude, appréhensions, problèmes psychologiques, névroses, tics, etc.



Concernant les rêves : il existe des symboles oniriques typiques et fréquents chez les gens : rêver de chute, de vol, d'être poursuivi par des hommes hostiles ou des animaux sauvages, d'être nu ou ridiculement vêtu en milieu public, d'être pressé, perdu dans la foule, en combat avec des armes inutilisables ou sans défense, en train de courir sans arriver nulle part, de devenir très grand ou très petit (pour les enfants surtout), etc. Dans tous les cas, une bonne interprétation du rêve doit se faire avec intelligence, avec minutie, en ne négligeant aucun détail, en gardant à l'esprit leur charge affective et en usant de beaucoup d'intuition. Car c'est l'intuition qui dit au rêveur quand son interprétation est bonne. Il “sent” quand le message a été saisi, compris, quand les symboles ont bien été révélés. A ce sujet, les objets inanimés coopèrent souvent avec l'inconscient dans la fabrication de symboles : les pendules qui s'arrêtent, les miroirs qui se brisent, les tableaux qui tombent quand leur propriétaire décède par exemple.

Il y a cependant un tas de symboles qui ne sont pas produits par notre inconscient et qui sont le bagage historique qui nous a été transmis par nos ancêtres primitifs et avec lequel on vient au monde. Ce type de contenu onirique a été baptisé par Freud “les résidus archaïques” alias “les archétypes” pour Jung. Cet héritage est en chaque humain, cultivé ou analphabète, intelligent ou stupide. Ce contenu historique est le lien entre le monde rationnel objectif et le monde de l'instinct.

Les rêves nous disent quand notre conscience est influencée par les préjugés, les erreurs, les fantasmes, les désirs puérils. Ils nous alertent quand notre vie devient artificielle et éloignée de l'instinct, de la vérité, de la nature. Mais leur fonction est moins de nous faire la morale que de rétablir notre équilibre psychologique, combler les manquements de notre conscience, nous dire les choses vitales que notre conscience ne nous dit pas. Il compense les déficiences de personnalité et peut avertir du danger d'une démarche, montrer un événement de façon prémonitoire, pour avertir ou pour annoncer. Ils sont parfois inspirés d'une attention bienveillante, parfois pas.



Pour finir, C.G. Jung boucle sa doctrine en se faisant très critique sur le conservatisme inné de l'homme moderne face à la psychologie, le refoulement de son intérieur, la peur profonde et superstitieuse de l'inconnu et de la nouveauté. C'est très caractéristique des sociétés modernes rationnelles qui ont dressé des frontières psychologiques solides entre la conscience objective et les racines primitives de l'humain logées dans l'inconscient. Elles rejettent tout ce que le bon sens ne parvient pas à expliquer, et s'éloignent du même coup toujours un peu plus de l'instinct. L'homme moderne est tellement préoccupé par ses pensées conscientes qu'il a oublié de se demander ce que son inconscient pense de lui. Il pense encore que la conscience est Raison et que l'inconscience est Déraison. S'il s'agissait d'une autre science, ce concept serait pris pour ridicule : Les microbes seraient-ils Raison ou Déraison ? L'inconscient est un phénomène tout aussi naturel, sérieux et aussi digne d'attention que les microbes. Il n'est ni stupide ni dénué de sens, il est même intéressant et intriguant. Il contient tous les aspects de la nature humaine : le bien et le mal, la lumière et l'ombre, la beauté et la laideur, la profondeur et la sottise. Un homme qui n'a jamais regardé un microbe au microscope n'est pas crédible. de la même façon, les hommes qui n'ont jamais approché l'inconscient ne peuvent rien en dire de pertinent. Et pourtant le monde voit l'inconscient comme un dépôt à ordures morales, un amas de bêtises indigne d'attention.

Avec tous les signaux et symboles oniriques qui s'élèvent toutes les nuits des dormeurs de la planète, on reste indifférent et désintéressés. Pourquoi personne ne veut les déchiffrer ? Sans doute parce que ce domaine a peu à voir avec les problèmes de ce monde : la vente et l'achat. Mais le sens de la vie et le désir du coeur humain ne se trouve pas dans la possession d'un compte bancaire. On est en plus à une époque où les sciences étudient la nature sous toutes ses dimensions, à l'exception du psychisme de l'homme. Pourquoi ?
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