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Citations de Cécile Coulon (1189)


j'aurais sans doute utilisé des adjectifs rares
et des images inattendues
pour te demander
pourquoi as-tu si rapidement
si facilement
refusé d'être heureuse ?
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je t'avais préparé un monde hors du monde
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Il ne faisait pas partie de la famille. Il était employé, ici. On ne lui avait rien dit parce qu'on attendait de lui ce qu'on attendait d'un commis de ferme. Nourrir les poules. Nettoyer la cour. Inspecter la grange. Trier les œufs. Traire les vaches. Il ne faisait pas partie de la famille, il faisait partie de la ferme. Louis avait oublié ce que c'était d'être du paysage sans être de la photo.
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Le Paradis était un endroit maudit tenu par un ange au visage aussi creux qu'une gamelle, aux épaules un peu basses, à la poiteine trop large pour ce corps ramassé.
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Puis très doucement, pour ne pas réveiller Gabriel, elle se hissant sur ses jambes dégraisser à force de travaux, d'allées et venues, d'enfants et de cercueils qu'on porte, et s'engouffra dans la maison, laissant l'arbre pleurer à sa place pour retrouver le sommeil, bien vivant, de Balnche et Louis. Ce sommeil-là, dans cette maison, au fond du paradis, Émilienne en était fière. Plus fière que du domaine lui-même, car elle avait tiré ces petits antres de chagrin où ils setaient enfoncés, Louis cogné par son père, Blanche et Gabriel cognes par la mort de leurs parents.
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Thomas comprit pourquoi Paul avait été séduit. Son assurance vous flinguait au premier coup d'œil. Ses mot dégageaient une bienveillance électrique qui vous donnait envie de faire le tour du monde en sa compagnie, même si, malgré ses airs d angelot tombé d'un cumulus, Calvin avait l' âme plus sombre qu'un sac de charbon frais.
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Très tôt, sa grand-mère avait expliqué que le corps des femmes était "une ville" et celui des hommes "un village". Les formes des femmes changeaient sans cesse, évoluaient, se répandaient à la vue des autres, la peau se gonflait en certains lieux et se creusait ailleurs, tandis que le corps des hommes passé l'adolescence, gardait son aspect et sa taille initiale.
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N'ayant plus une larme à pleurer, l'orpheline se mordit l'intérieur des joues jusqu'à ce que le sang coule dans sa gorge ; son goût l'apaisa instantanément, elle en aimait la texture, l'épaisseur, la chaleur aussi. Depuis des semaines elle avait si froid, ce sang ravivait sa mémoire, ses muscles et son désir.
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C'est donc cela, les pleurs, les vrais. Des blessures en avalanche, les muscles, la peau, les os, le sang, qui tentent de sortir par les yeux, qui fuient ce navire à la dérive, cette épave incapable d'accueillir d'autres matelots que ceux du passé, dont le pont s'est depuis longtemps écroulé sous le
poids de ce grelot, énorme à présent, monstrueux, une gigantesque boule qui grossissait encore. C'est donc cela, les pleurs : le sacre du désespoir.
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C'est donc cela, les pleurs, les vrais. Les sanglots déferlaient, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, remontaient les profondeurs de son cœur, noyaient tout sur leur passage, écrasaient ce corps que les travaux des champs avaient rendu solide, dévastaient méthodiquement toute pensée claire. Ils irriguaient le visage en laissant derrière eux des lits de rivières salées, où les souvenirs de
Blanche se couchaient tels des chiens qu'on affame pour qu'ils cessent d'aboyer. C'est donc cela, les pleurs, les vrais.
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Nourrir les poules. Nettoyer la cour. Inspecter la grange. Trier les œufs. Traire les vaches. Il ne faisait pas partie de la famille, il faisait partie de la ferme. Louis avait oublié ce que c'était d'être du paysage sans être de la photo.
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Il jeta un coup d'œil rapide : manifestement, Blanche s'était levée tard. Il sentait l'odeur de son parfum du matin, l'odeur de la peau qui a macéré des heures dans le linge, cette odeur que l'on supporte seulement quand on aime.
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Son père. Louis, Alexandre. Elle n'avait connu que ces hommes-là. L'un l'avait quittée tôt, il lui arrivait d'oublier les traits de son visage. L'autre vivait à ses côtés en animal qu'elle dressait constamment à ne pas se jeter sur les choses et les gens, et le troisième, Alexandre, lui avait déchiré le coeur comme on craque le papier d'un premier cadeau d'anniversaire.
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À quelques centimètres de la bête, la main de Blanche tremblait. Elle n'avait pas peur. Elle ne craignait pas les huit « aiguilles à tricoter », les poils qui les couvraient, la vitesse à laquelle la bête apparaissait et disparaissait, non, mais sa main tremblait de plus en plus fort, prise d'une convulsion inattendue. Blanche l'approcha des pattes et, au lieu de souffler dessus ou de la déloger gentiment, la fille Émard saisit l'araignée, ses doigts se refermèrent sur le corps rond qui s'agita fiévreusement. Elle la devinait contre sa paume, la bête se débattait, dans ce piège refermé sur elle.
Les frissons de l'araignée parcoururent son corps à elle, et ses paupières battirent légèrement avant qu'elle ne revienne à la réalité. Alors, elle porta sa main à sa bouche, les pattes entre ses lèvres fines se raidirent une dernière fois avant d'être mâchées, fruit pas mûr que l'on mord, encore et encore. Blanche gardait les yeux ouverts tandis qu'elle la dévorait.
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Le lit de Gabriel ressemblait au frère de Blanche : défait mais accueillant. Maintenant qu'elle y passait ses nuits, Aurore comprenait qu'elle ne soignerait pas Gabriel, qu'il y avait en lui un arbre noir depuis l'enfance, que la mort de ses parents avait arrosé la colère ; elle ne pouvait pas le tomber, cet arbre, seulement couper quelques branches quand elle devenaient trop encombrantes. Elle le rafraichissait, le frictionnait de ses mots et de son sourire, elle le secouait pour que tombent de son âme des feuilles mortes et des fruits empoisonnés.
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Après la mort de son mari, on considéra, au village, qu'Émilienne avait souffert plus que quiconque, que cette souffrance l'avait étoffée. Après tout, les ordures nourrissent les porcs et les rendent plus forts. Les deuils répétés avaient fait d'elle une puissance humaine dont le pouvoir grandissait dans l'imagination de ceux qui la côtoyaient. Émilienne avait toujours été une vieille femme. Pas une vieille dame, une vieille femme. De celles qui continuent, sans relâche, à consolider leur petit empire, à la seule force de leur âme, qui est si grande, habitée de miracles et d'horreurs, si grande.
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Ce qu’il a fallu de violences pour admettre
que cette existence serait bien vite froissée,
comme les draps du matin quand le corps tiède
peine à se réveiller,
qu’elle ne recommencerait sans doute jamais,
ni avec toi, ni avec une autre,
qu’il est temps de passer à la prochaine vie,
à la suivante,
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Elle se tient là, prostrée devant ce petit bouquet de campagne, si joli au milieu de cette fosse que sa grand-mère, Emilienne, a fait creuser pour ses cochons. C’était il y a longtemps. Elle se souvient de tout.
Car si aucun animal n’habite plus cette arène de planches et de terre, une bête s’y recueille chaque matin.
Blanche
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« Je voudrais que la poésie soit aussi naturelle à ceux / qui m’entourent que l’émotion / qui jaillissait cette nuit-là, devant cette place, / avec cette facilité improbable des moments / qui n’auraient pas dû être, / qui furent tout de même, mal fichus, débordants / de grâce et de paroles impassibles. » (p. 15)
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Nous avons trois familles.
Celle que l'on rêve d'avoir, celle que l'on croit avoir et celle que l'on a vraiment.
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