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Citations de Cécile Coulon (1195)


Soudain, on comprend qu’aucune histoire ne finit quand on prononce chaque matin ou chaque soir le prénom de celle ou celui qu’on aime. On comprend les persistances du passé et les promesses de l’avenir : on quitte les maisons qu’on rêve de construire. Soudain, on détache de son cœur des coquilles fêlées : on se demande s’il vaut mieux être moins lourd de peines, ou plus de vérités.
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Il y a des malheurs bien naturels
qui viennent avec le temps et dont nous sommes prévenus :
je ne suis pas triste, je ne suis pas rompue
les choses sont à leur place dans cette vie
où j’ai la joie chaque jour à mes côtés.
Simplement quelque chose en moi est sidéré.
Nous sommes faits pour avancer :
alors je sème sur le chemin
des poèmes qui rappellent
qu’une toute petite partie de moi-même
refuse de bouger.
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On eût dit que ses muscles étaient devenus de chiffes et de coton. Dans ce couloir éclaboussé d'une lumière aveuglante, Blanche, ramassée par le commis, jetait son ombre au sol. Son visage semblait couler sur sa gorge et sa poitrine. Son corps, seul, aurait su tenir debout : mais à l'intérieur, son âme entière, son âme faite de tous ses âges, de toutes ses expériences, implosait.
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Ils souhaitaient être bouleversés, abîmés. Ils auraient pu aimer, haïr, blesser, protéger leurs semblables ; ils en avaient honte. Coupables d'exprimer la profondeur de leurs sentiments. Persuadés qu'une main invisible pointait un doigt sur eux. Leur vérité se cachait dans les événements qu'ils gardaient secrets. A l'intérieur, ils cherchaient un nid pour dissimuler un amour inavouable, étouffer le chagrin d'un deuil, la haine d'une punition injustement infligée.Les Manifestations à Haut Risque déchiraient le rideau : elles offraient un spectacle d'humanité dégueulasse.
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Peut-être que le pire réside
dans cette faculté d'oublier qu'un jour
ce genre de mouvement
magistral ne nous éblouira plus
et qu'il faudra sans doute
chercher dans d'autres ciels ce que le nôtre
contient déjà.
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puisque nous ne sommes pas plus féroces
que les falaises qui nous maintiennent.
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j'aurais sans doute utilisé des adjectifs rares
et des images inattendues
pour te demander
pourquoi as-tu si rapidement
si facilement
refusé d'être heureuse ?
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je t'avais préparé un monde hors du monde
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Il ne faisait pas partie de la famille. Il était employé, ici. On ne lui avait rien dit parce qu'on attendait de lui ce qu'on attendait d'un commis de ferme. Nourrir les poules. Nettoyer la cour. Inspecter la grange. Trier les œufs. Traire les vaches. Il ne faisait pas partie de la famille, il faisait partie de la ferme. Louis avait oublié ce que c'était d'être du paysage sans être de la photo.
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Le Paradis était un endroit maudit tenu par un ange au visage aussi creux qu'une gamelle, aux épaules un peu basses, à la poiteine trop large pour ce corps ramassé.
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Puis très doucement, pour ne pas réveiller Gabriel, elle se hissant sur ses jambes dégraisser à force de travaux, d'allées et venues, d'enfants et de cercueils qu'on porte, et s'engouffra dans la maison, laissant l'arbre pleurer à sa place pour retrouver le sommeil, bien vivant, de Balnche et Louis. Ce sommeil-là, dans cette maison, au fond du paradis, Émilienne en était fière. Plus fière que du domaine lui-même, car elle avait tiré ces petits antres de chagrin où ils setaient enfoncés, Louis cogné par son père, Blanche et Gabriel cognes par la mort de leurs parents.
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Thomas comprit pourquoi Paul avait été séduit. Son assurance vous flinguait au premier coup d'œil. Ses mot dégageaient une bienveillance électrique qui vous donnait envie de faire le tour du monde en sa compagnie, même si, malgré ses airs d angelot tombé d'un cumulus, Calvin avait l' âme plus sombre qu'un sac de charbon frais.
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Très tôt, sa grand-mère avait expliqué que le corps des femmes était "une ville" et celui des hommes "un village". Les formes des femmes changeaient sans cesse, évoluaient, se répandaient à la vue des autres, la peau se gonflait en certains lieux et se creusait ailleurs, tandis que le corps des hommes passé l'adolescence, gardait son aspect et sa taille initiale.
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N'ayant plus une larme à pleurer, l'orpheline se mordit l'intérieur des joues jusqu'à ce que le sang coule dans sa gorge ; son goût l'apaisa instantanément, elle en aimait la texture, l'épaisseur, la chaleur aussi. Depuis des semaines elle avait si froid, ce sang ravivait sa mémoire, ses muscles et son désir.
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C'est donc cela, les pleurs, les vrais. Des blessures en avalanche, les muscles, la peau, les os, le sang, qui tentent de sortir par les yeux, qui fuient ce navire à la dérive, cette épave incapable d'accueillir d'autres matelots que ceux du passé, dont le pont s'est depuis longtemps écroulé sous le
poids de ce grelot, énorme à présent, monstrueux, une gigantesque boule qui grossissait encore. C'est donc cela, les pleurs : le sacre du désespoir.
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C'est donc cela, les pleurs, les vrais. Les sanglots déferlaient, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, remontaient les profondeurs de son cœur, noyaient tout sur leur passage, écrasaient ce corps que les travaux des champs avaient rendu solide, dévastaient méthodiquement toute pensée claire. Ils irriguaient le visage en laissant derrière eux des lits de rivières salées, où les souvenirs de
Blanche se couchaient tels des chiens qu'on affame pour qu'ils cessent d'aboyer. C'est donc cela, les pleurs, les vrais.
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Nourrir les poules. Nettoyer la cour. Inspecter la grange. Trier les œufs. Traire les vaches. Il ne faisait pas partie de la famille, il faisait partie de la ferme. Louis avait oublié ce que c'était d'être du paysage sans être de la photo.
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Il jeta un coup d'œil rapide : manifestement, Blanche s'était levée tard. Il sentait l'odeur de son parfum du matin, l'odeur de la peau qui a macéré des heures dans le linge, cette odeur que l'on supporte seulement quand on aime.
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Son père. Louis, Alexandre. Elle n'avait connu que ces hommes-là. L'un l'avait quittée tôt, il lui arrivait d'oublier les traits de son visage. L'autre vivait à ses côtés en animal qu'elle dressait constamment à ne pas se jeter sur les choses et les gens, et le troisième, Alexandre, lui avait déchiré le coeur comme on craque le papier d'un premier cadeau d'anniversaire.
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À quelques centimètres de la bête, la main de Blanche tremblait. Elle n'avait pas peur. Elle ne craignait pas les huit « aiguilles à tricoter », les poils qui les couvraient, la vitesse à laquelle la bête apparaissait et disparaissait, non, mais sa main tremblait de plus en plus fort, prise d'une convulsion inattendue. Blanche l'approcha des pattes et, au lieu de souffler dessus ou de la déloger gentiment, la fille Émard saisit l'araignée, ses doigts se refermèrent sur le corps rond qui s'agita fiévreusement. Elle la devinait contre sa paume, la bête se débattait, dans ce piège refermé sur elle.
Les frissons de l'araignée parcoururent son corps à elle, et ses paupières battirent légèrement avant qu'elle ne revienne à la réalité. Alors, elle porta sa main à sa bouche, les pattes entre ses lèvres fines se raidirent une dernière fois avant d'être mâchées, fruit pas mûr que l'on mord, encore et encore. Blanche gardait les yeux ouverts tandis qu'elle la dévorait.
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Normandie : 1870

"Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d’armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n’était point de la troupe, mais des hordes débandées. Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils avançaient d’une allure molle, sans drapeau, sans régiment. […] Les Prussiens allaient entrer dans Rouen, disait-on." [...] Il y avait cependant quelque chose dans l'air, quelque chose de subtil et d'inconnu, une atmosphère étrangère intolérable, comme une odeur répandue, l'odeur de l'invasion. Elle emplissait les demeures et les places publiques, changeait le goût des aliments, donnait l'impression d'être en voyage, très loin, chez des tribus barbares et dangereuses." La débandade de l'armée française, l'occupation prussienne en Normandie, le cortège des horreurs de la guerre de 1870 servent de motif à de nombreux contes et nouvelles de Maupassant où sa férocité s'exerce avec maestria dans la plus connue et réussie de toutes dont le titre est le sobriquet de l'héroïne principale : "Boule de Suif". Mais quel est l'état-civil de Boule de suif dans le récit ? 👩‍🦰👩‍🦰👩‍🦰

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Thèmes : guerre , Guerre franco-allemande (1870-1871) , littérature , nouvelles réalistes , contesCréer un quiz sur cet auteur

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