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Critiques de Christian Chavassieux (187)
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Mausolées

Si je dois reconnaître une qualité à ce livre, c'est l'écriture. Je dois reconnaître que j'ai passé un bon moment. Enfin, un bon moment de lecture car l'auteur nous plonge dans une ambiance glauque de fin du monde aux remugles de vengeance, aux humeurs aigres de la vie face à l'indifférence du destin, aux relents de l'inéluctable pourriture de l'histoire et de la trahison...



Si Boris Vian a écrit, "J'irai cracher sur vos tombes", ici ce sont les tombes encore ouvertes qui crachent sur les vivants. Il y a dans ce livre une forme de haine de la vie, de la jeunesse et de l'espoir qu'elle représente. Une jeunesse dont le heros ne sait que faire dans ce monde de paix retrouvée certes mais ou l'horreur de la guerre passée et l'inéluctable fin de l'humanité par extinction empêchent tout espoir, tout idéal en dehors d'un épicurisme désintéressé. Le récit n'est cependant pas lugubre et déprimant et porte ses notes d'espoir, ses coins de ciel de bleu et d'arc-en-ciel, un peu comme des bulles de savon irisées de milles couleurs fragiles et émouvantes.



Le livre aborde, suggère des questions face au sens à donner à la vie, à ces idéaux qui nous guident, à la trahison qui nous guette, à la fierté et son corrolaire la vengeance qui nous habitent, à l'inéluctable vieillesse qui nous attend, à la futilité de tout cela face à l'Histoire. Et c'est peut-être là mon bémol, car si tous ces sujets sont au centre du récit, je ne leur trouve aucune conclusion, un peu comme si l'auteur n'avait pas été au bout de ses sentiments, comme si cette conclusion était trop dure à énoncer. Alors, le serpent ainsi raconté se mord la queue et l'Histoire est bouclée, nous laissant nous lecteur dans l'interrogation de la vie et de son sens.



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Mausolées

Dans un futur proche, la population mondiale a baissé de moitié suite aux Conflits et à leurs dégâts collatéraux, les Etats ont laissé la place à des Cités toutes-puissantes, les hommes comme les livres sont atteints de maux mystérieux qui les font tomber en décrépitude... Léo Kargo, jeune écrivain quelque peu désabusé, débarque à Sargonne, recruté par le milliardaire Pavel Adenito Khan, ancien chef de guerre controversé reconverti dans la sauvegarde du patrimoine culturel et scientifique de l'humanité. Malgré l'attrait du défi qui est lancé au jeune homme, s'occuper d'un des dernières bibliothèques au monde, celui-ci est très vite conscient que des vérités lui sont cachées... Est-il vraiment là par hasard ?



Ce récit d'anticipation nous plonge dans un futur où prime la violence, le rejet d'une science qui a dégénéré et celle d'une culture qui n'a été d'aucun secours. Il nous met face à nos pires scénarios de fin du monde : un black-out informatique qui prive la Terre de ses yeux, ses oreilles, sa bouche ; un silence mortel qui est le point de départ à un déferlement de violence sans précédent - ni vu ni connu ; la perte de milliards de données qui plonge l'humanité dans une obscurantisme sans nom ; le recul considérable de la science ; l'explosion des maladies ; une humanité qui se retrouve stérile et affronte, désarmée, le spectre de sa fin imminente...



Dans ce contexte particulièrement noir, un homme tente de percer les mystères qui l'entourent : celui de la bibliothèque et de son savoir qui enivre ; celui de l'homme énigmatique qui l'a engagé et des relations complexes qu'il entretient avec son entourage ; celui de l'étrange Lilith, mi-femme mi-machine, et de sa haine qu'elle couve dans les entrailles de la vieille cité...



Ces questionnements le renvoie à ses propres fêlures. Qui est-il ? Qui sont ses parents ? Quel rôle peut-il jouer dans cet univers chaotique ?



A ce récit d'anticipation s'entremêle un véritable polar. Léo est fasciné par le Palais des Fous, le jeu de stratégie inventé par son employeur, où chaque pièce semble représenter un personnage de la réalité. Le jeune bibliothécaire s'interroge sur le rôle qu'il joue dans cette étrange partie. Tout bascule lorsqu'un meurtre crapuleux survient...



Certaines descriptions sont particulièrement dérangeantes et plus d'une image m'a maintenue éveillée tard dans la nuit. Pourtant, on est happé par l'histoire, intrigué par ce qui se trame réellement. Les deux premières parties entretiennent à merveille cette tension. Le héros est persuadé d'être à deux doigts de la vérité, frôle la folie, se croit coupable...



Le rythme s'accélère encore dans la 3e partie où les révélations pleuvent. Pourtant ce tiers m'a moins plu au final. Sans doute parce qu'y intervient un personnage extérieur à ce huis clos, un ennemi peu sympathique au demeurant. J'aurais préféré que tout reste "en famille"...



Quant à la fin, elle laisse pantois. Le héros trouve-t-il enfin sa place ? Y a-t-il encore un espoir pour le monde ?



Un dernier mot quant au style de l'écrivain et les idées qu'il véhicule. Tour à tour ciselée, poétique, violente, son écriture ne laisse pas indifférent ! Ses mots suscitent des images d'une force incroyable. On s'y croit, on s'y voit... J'ai particulièrement apprécié tous les passages qui magnifient le livre, la littérature, la culture, tout ce qui fait la mémoire de l'homme.



"Autour de lui, tout un peuple sans figures déployait ses rêves, des armées de signes mêlaient leurs énigmes, des foules de vérités et d'anathèmes vociféraient les unes contre les autres, des dialogues et des imprécations s'élevaient confusément. Un chahut de voix et de paroles repliées dans le secret des pages."



Dans cette histoire, il oppose deux idées, celle des interventionnistes qui veulent tout mettre en oeuvre pour relancer la démographie et sauver l'humanité et celle des démogénistes, comme il les appelle, qui considèrent qu'il faut laisser faire la nature, que l'interventionnisme humain n'est que source de malheurs et de chaos.



"Il s'agissait, pour les démogénistes, de se résigner à voir l'humanité s'éteindre au bout de quelques générations, ou bien de voir stagner sa démographie à un stade proche de celui des origines de l'espèce (c'était d'ailleurs le sens de ce néologisme : "la population de l'origine"). Les démogénistes modérés y voyaient la promesse d'une nouvelle humanité ; les plus extrémistes voulaient empêcher toute tentative de remédier à ce qu'ils voyaient comme un dessein de la nature."



Mais, malgré tout, même si notre destinée semble inéluctablement fatale, l'espoir fait vivre... Et c'est ainsi que j'interprète les incursions de l'auteur dans le récit. Après tout, comme il nous le rappelle, il ne s'agit que d'une fiction et nous pouvons, peut-être, encore, tout changer !



Qui vivra verra...



"- Tous les jours que la vie nous offre ne sont pas destinés à l'urgence. Et pourtant. Nous devrions pour chacun, avoir l'ambition d'un projet. Comme d'autres, j'ai laissé parfois le temps s'écouler sans utilité. Je ne le regrette pas forcément, mais il me semble à présent, à présent que je sais qu'il m'est compté, que j'aurais pu en faire quelque chose."



Dernière info pour les fans, l'auteur prévoit d'écrire une préquelle, histoire de mieux comprendre ce qui a amené le monde à sa perte et de découvrir comme s'est construit un personnage comme Pavel Khan surnommé "le Diable" !
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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Mon très cher cueilleur de roses



L’auteure et le jardinier, réunis dans une belle maison bourguignonne dont le calme et la poésie bucolique vont être sources de confidences et de créations artistiques.

En créant peu à peu une intimité de voisinage avec Antoine, ancien condamné pour féminicide, la nouvelle propriétaire de Malvoisie découvre le drame familial d’un homme attentif et délicat en quête de rédemption. Un parcours dramatique évoqué par petites touches, qui lie celle qui écoute à celui qui se raconte par une similitude de faits en miroir.



Floriane va trouver matière à roman dans les confidences du vieux jardinier, illustrant le processus créatif littéraire dans toute sa complexité, s’arrangeant avec la vérité pour produire une œuvre de fiction. Le drame partagé pointe toute une palette de sentiments, culpabilité, incompréhension, colère. En dépit de l’amitié, les motivations du partage se rejoignent peu, pointant un besoin de raconter sa vérité pour l’un et une opportunité pour l’autre.



Fidèle des derniers livres de Christian Chavassieux, dont j’ai goulûment apprécié l’écriture et la capacité narrative dans L’affaire des vivants et La vie volée de Martin Sourire, je le découvre ici avec autant de plaisir dans un registre plus intime et introspectif.

A l’image de la sérénité de la bastide, ce livre dégage une douceur agréable et de beaux personnages



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Mon très cher cueilleur de roses

C'est avec gêne, hésitation et appréhension que la narratrice pénètre à Malvoisie, un domaine reçu en héritage. Et elle entre dans une relation compliquée avec Antoine qui entretient les cultures, voire la demeure, avec dévouement. Et ce n'est pas tout : l'histoire de ce vieil homme incarne la face la plus sombre de la tragédie qui l'a cueillie dès l'adolescence. Cependant, écrivaine, elle surmonte son dégoût pour pénétrer le crime par une autre porte. Celle du coupable qui paye chaque jour. Lui aussi. Heureusement, en parallèle se profile une autre rencontre, toute en douceur celle-là.

Le style de l'auteur est précis et coloré. Il ose des mots et des tournures qui donnent une certaine érudition tout conservant sa fluidité. Un enchantement pour parcourir les affres de notre narratrice écrivaine, qui trouve ainsi en la personne d'Antoine un contact salvateur dans sa quête de vérité, ce qui lui permet d'enrichir son expérience d'écriture.

Un livre fort.
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Mon très cher cueilleur de roses

Ce livre m’a surpris car il dégage beaucoup de thématiques difficiles, traités de manière originale, avec une écrite assez fluide. Les différents récits s’entreposent de manière très judicieuse même s’il m’a fallu un peu de temps pour bien m’imprégner de ce roman. Pas toujours évident de bien visualiser tous les personnages mais cela n’empêche pas de bien comprendre l’intrigue principale. En tout cas ce livre démontre parfaitement que chaque événement de notre vie aussi minime soit il a un lien, parfois indiscutable, avec l’ensemble de notre existence.
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Mon très cher cueilleur de roses

Telle une rose, ce roman montre deux visages .



La fleur avec ses pétales élégants et son parfum subtil et la tige avec ses épines traitresses.



Flo, une femme écrivain s'installe à la Malvoisie, un héritage inattendu d'un ancien amant , elle a besoin de quitter la vie parisienne pour écrire son nouveau roman et aspire à la tranquillité de la campagne. A son arrivée, alors qu'elle espérait être seule, elle rencontre le jardinier, Antoine Cervin un septuagénaire dont le jardin est son royaume. Peu à peu, Antoine raconte sa vie à Flo jusqu'à la confession ultime du meurtre pour lequel il a été condamné puis à ses années de prison et le retour à la liberté.



"Malvoisie est propice aux confidences "



L'histoire débute par la découverte de cette vieille bâtisse dont la description a engendré , chez moi, tous les phantasmes de la demeure idéale et d'emblée, comme Flo, je m'y suis sentie à l'aise tellement l'auteur choisit les phrases qui transportent dans le rêve .



Chaque saison est évoquée de façon très poétique , presque mois par mois avec la transformation du jardin et du temps qu'il fait.



C'est cette face du roman que je compare aux pétales de la rose, veloutés et délicats ...



Plus l'histoire avance, plus le lecteur plonge dans le cerveau de l'écrivain , dans le processus de la création littéraire , complexe, torturé et ambigu car Flo se sert du récit d'Antoine, non seulement pour en faire naitre un roman mais également pour avancer sur le propre chemin de son vécu douloureux, grand pouvoir de l'écriture : "ça ressemblait à de la gentillesse; c'était de l'égoïsme ".



"Il est remarquable que nos vies soient davantage sculptées par les chagrins que par les joies. Peut-être que les joies nous comblent, nous emplissent, et que les peines, les blessures, les défaites, viennent buriner la-dedans la silhouette qui convient , creusent en nous ce qu'il faut pour donner forme humaine."



"Les romanciers sont des passionnés de fait divers. Ils en consomment sans arrêt et la vie , pas chienne, en fournit à jet continu . Y grouillent les âmes et leurs secrets, vivier humain que l'on n'aborde pas pour juger; qu'on fouille pour questionner l'humanité . Ensuite la littérature fait le tri la-dedans et éclaire, soulève , énonce ."



A travers le récit d'Antoine, celui de son enfance à la campagne avec des parents métayers , son sens du devoir vis à vis d'eux , puis une fois adulte, le drame familial qui le cristallise dans un chagrin qui lui colle à la peau et transforme profondément son être jusqu'à le rendre meurtrier , le lecteur s'interroge sur la possibilité du pardon et de la rédemption .



Une question à laquelle il est difficile de répondre et il faut se garder des certitudes vite acquises et que l'on prendrait pour préceptes : le personnage d'Antoine , et c'est la volonté de l'auteur qu'il précise dans ses remerciements attire la sympathie du lecteur . Alors ?



lu en Juin 2022
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Mon très cher cueilleur de roses

Christian CHAVASSIEUX. Mon très cher cueilleur de roses.



Saskia, une autrice parisienne reçoit en héritage, d’un ancien amant, Jacques Royan, une immense demeure, La Malvoisie, située en Bourgogne, sur la rivière la Roncine. Elle accepte ce legs et quitte Paris. Cette bâtisse constitue une refuge pour notre écrivaine. Elle va, dans ce cadre buccolique, se consacrer à l’écriture. Autour de cette propriété, un jardin, un verger, un rucher. Tous les ingrédients pour vivre en autarcie.Quelle joie de constater que ces lieux sont bien entretenus et donnent des fruits, des légumes, du miel et les poules alimentent notre héroïne et lui fournissent de nombreux œufs… Très rapidement, Saskia va partager des conversations avec son « jardinier », apprendre à le connaître et sympathiser avec ses voisins et voisines, Michèle, un couple d’anglais, Marcelle, la compagne d’Antoine, une femme au grand cœur, sans oublier Claire, la précédente occupante de la Malvoisie.



C’est un voisin, Antoine Cervin qui entretient avec amour ce site : c’est lui qui bêche, sème, plante, taille, récolte et porte des paniers garnis de fruits, de légumes et de roses à l’heureuse propriétaire. Il demeure secret et ne se confie que rarement à notre héroïne. Peu à peu il va lui livrer quelques confidences sur son enfance, son adolescence et sa vie heureuse près d’Apt. Il s’est exilé en bourgogne à la suite d’un terrible drame dont il a payé sa dette à la société. Il a tué son épouse et purgé sa peine avec une quinzaine d’années de prison… Il s’est réinsérer dans la vie sociale, s’est reconstruit tant bien que mal. Mais les êtres chers rôdent !



Les aveux de cet homme font ressurgir les ombres qui hantent Saskia. En effet, alors qu’à l’âge de douze ans, en rentrant de l’école, elle a découvert que son père venait d’assassiner sa mère. Elle n’a jamais pu lui pardonner. Toujours, elle a refusé de lui rendre visite en prison, n’a jamais lu les lettres qu’il lui a adressé, ouvert les cadeaux qu’il lui a offert. Comment pardonner un tel geste ? Elle ne l’a jamais revu. Antoine est un féminicide, comme son père… Dans son livre, en gestation, elle tente son introspection, mettant en parallèle les deux meurtres. Antoine lui donne son accord : son histoire peut servir de canevas pour un récit. Saskia nous révèle sa véritable identité, elle est Floriane. Pour l’écriture, elle a pris une nouvelle identité afin de fuir, d’ensevelir son passé derrière elle. Saskia, Antoine, chacun nous dévoile l’inventaire de leurs vies, leur passé douloureux, leurs espoirs.



Ce roman appréhende la rédemption, le pardon, la résilience. C’est un récit intimiste. Comment peut-on se reconstruire, vivre, revivre, survivre après une vie brisée, suite à un meurtre ? A-t-on le droit de juger ses semblables ? Il faut tout réapprendre pour s’intégrer à nouveau dans la société, que l’on soit meurtrier ou victime collatérale d’un tel geste. Et dans cette quiétude, notre romancière écoute son voisin, juge, en son âme et conscience. Une amitié naît entre eux. l’alternance des chapitres narrant les histoires parallèles des deux héros procure une fluidité dans leurs histoires De plus l’amour qu’éprouve Saskia pour Claire lui ouvre de nouveaux horizons, une sérénité, un bonheur, une renaissance. l’analyse psychologique des personnages est bien menée. De plus, n’oublions pas que c’est un homme qui écrit et s’approprie les caractères de son héroïne.

(19/01/2023).


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Mon très cher cueilleur de roses

A plus de cinquante ans, une écrivaine hérite d'un gigantesque domaine nommé Malvoisie dont elle tombe aussitôt amoureuse tout comme elle le fut, dans sa jeunesse, de l'homme dont elle recueille aujourd'hui l'héritage.

Très vite elle fraye avec ses voisins et notamment avec le vieil Antoine qui entretient son jardin et son verger, Antoine qui fut condamné à une longue peine de prison avant de s'installer chez sa correspondante de prison.

Quand il apprend que Floriane est auteure, il accepte de lui livrer l'histoire de sa vie et du meurtre qu'il commit.

Secrètement Antoine espère trouver une rémission et même une forme d'absolution de son crime une fois ce dernier transposé, illuminé par les mots de l auteure.



Mais pour qu'elle y parvienne, il faudrait que Floriane retraverse son propre passé, ce fond d'elle chargé de colère et de rancune que les confidences d'Antoine ravivent, et qu'elle puisse se réconcilier avec les drames de son passé.

De ce pardon dépendra l'avenir du jardinier, celui du livre, et le sien propre.

L'écriture superbe de Christian Chavassieux et sa pénétration de l'âme féminine m'ont stupéfiée, L'auteur aborde des thématiques extrêmement graves et tragiques, dont la violence conjugale, avec une délicatesse et une pudeur qui renforcent leur impact et nous laissent cloués au sol.


Lien : https://trancheslivres.wordp..
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Mon très cher cueilleur de roses

Par un de ces hasards que l'on croit heureux, la narratrice, auteure parisienne, hérite d'une propriété rurale et y voit l'occasion d'une nouvelle vie. Sur place, elle rencontre Antoine Cervin, qui s'occupe des roses et du potager. Alors qu'elle voulait d'abord congédier cet homme taciturne, elle voit bientôt dans son histoire un écho à la sienne, et la matière de son prochain roman. Les chapitres alternent entre récit d'Antoine et vie de Floriane, qui tombe amoureuse de l'ancienne locataire des lieux, artiste peintre. Le roman devient aussi le lieu d'une réflexion sur la création, ses sources, ses limites et son lien éventuel avec la vie réelle, elle aussi romanesque. La lecture est agréable, mais peut-être pas inoubliable.
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Mon très cher cueilleur de roses

Une auteur parisienne reçoit en héritage une vaste propriété entretenue par Antoine, un septuagénaire qui prend soin du potager, des ruches et des rosiers. Entre eux va s'établir un marché, Antoine va lui proposer de lui raconter le drame de sa vie qui constituera la matière de son prochain roman. Elle ignore alors que certains événements vont comme une onde de choc faire écho à ce que fut sa jeunesse.



Christian Chavassieux nous emmène sur les chemins de la création littéraire. Peut-on prendre de la distance par rapport à ce que l'on entend, comment l'intégrer et le retranscrire, comment écrire un roman qui soit à la fois le reflet de la vérité mais surtout une histoire qui dépasse l'histoire personnelle, cet écrit autorise-t-il le jugement. En filigrane se superpose la voix de la société qui a jugé un coupable et exige réparation mais n'accepte ni pardon ni rédemption.



Un roman de l'intime qui ne laisse pas indifférent.





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Mon très cher cueilleur de roses

« J'oublie des choses, j'en recrée. Je ne sais plus exactement comment se sont déroulées ces premières heures, à Malvoisie. Malvoisie, ma maison. » Dès les premières phrases, la narratrice, une écrivaine, la petite cinquantaine, nous apprend qu'elle a hérité cette belle et grande bâtisse d'un amant et amour de jeunesse qui lui a aussi légué suffisamment d'argent pour entretenir la propriété. Elle quitte donc son loft parisien avec plaisir et s'installe en Bourgogne. Antoine, 70 ans, s'occupe de l'entretien courant de Malvoisie, du verger, du potager, des rosiers, comme il le faisait déjà pour l'ancien propriétaire. Va-t-elle le garder ? Elle hésite : il pourrait se montrer envahissant, la déranger… Ils trouvent facilement un arrangement qui leur convient à tous les deux et, au fil du temps et des confidences, ils vont apprendre à se connaître.

***

D'emblée, un regret : le bandeau qui annonce « La délicatesse d'un assassin » alors que le lecteur n'apprendra le crime d'Antoine qu'à la page 123. J'aurais aimé qu'on me laisse découvrir par moi-même l'enchaînement des faits… Cette pratique éditoriale devient la norme et je le regrette. Comme le laisse présager l'incipit, la mémoire, ses manques, la modification et la transformation du souvenir occupent une place importante dans les récits des traumatismes des personnages principaux. J'ai du mal à parler de la structure du roman sans en dire trop sur l'intrigue et l'évolution des personnages tant ces aspects sont imbriqués. Saskia prévient Antoine : ce qu'il lui confiera pourra faire l'objet d'un roman, loin ou près de la réalité des faits, et Antoine donne son accord à la romancière. Christian Chavassieux nous propose donc d'accompagner une écrivaine et de partager les fruits de son travail, ses interrogations, son introspection, sa progression, ses réticences, bref une réflexion métalittéraire soignée, mais qui n'affaiblit pas la force du récit. La démarche prend tout son sens quand on lit les remerciements. J'ai été sensible aux progressives confidences d'Antoine à la narratrice, récit parfois hésitant, parfois naturel, qui dévoile un homme sensible et tourmenté, à mille lieues de la figure du paysan bâtie par les préjugés de la Parisienne : « Qu'est-ce qu'une histoire comme ça a à voir avec le malheur ? » J'ai suivi avec compassion la sincère et douloureuse introspection de la narratrice dont on apprendra le prénom dans un moment bouleversant. Je me suis interrogée sur le rôle d'exutoire qu'elle attribue à l'écriture et j'ai apprécié le souci qu'elle avait de son interlocuteur, sa crainte de se comporter égoïstement et de privilégier son travail au détriment des sentiments d'Antoine. J'ai aimé côtoyer ces deux personnalités complexes et attachantes. Et puis comme toujours, il y a l'écriture de Christian Chavassieux, le mot inattendu mais juste, l'écho poétique, le rythme… Bref, j'ai beaucoup aimé ce Très cher cueilleur de roses.

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Mon très cher cueilleur de roses

Très belle découverte pour moi qui ne connaissais pas cet auteur. L'écriture est poétique et belle, avec toujours ce mot inattendu qui nous fait dire... wahou ! Floriane est écrivaine et hérite, de la part d'un amant de jeunesse qu'elle n'a pas vu depuis des années, d'une superbe bâtisse à la campagne dont elle tombe vite amoureuse. Elle hérite en même temps du jardinier, Antoine, dont elle va petit à petit découvrir l'histoire, et qui va nourrir son inspiration. Ce livre nous fait entrer dans l'intimité d'un écrivain, ses doutes, ses (im)pudeurs, ses moments de grâce et ses réticences. Mais il pose également la question du pardon et de la rédemption. Très beau.

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Mon très cher cueilleur de roses

Mon très cher cueilleur de roses rapproche la terre et le papier, la création littéraire et la vie paysanne, Paris et la province, une romancière et un jardinier.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Mon très cher cueilleur de roses

Une auteure vient d'hériter une maison d'un ancien amant. C'est l'occasion de quitter la ville et d'investir Malvoisie qui lui plaît au premier coup d'œil. Mais la maison et le jardin sont grands pour une personne seule. Heureusement Antoine, le voisin, s'occupe déjà du jardin et peut l'aider pour l'entretien de la propriété. Peu à peu l'auteur découvre cet homme et son histoire. une histoire qui la replonge dans un passé douloureux comme un jeu de miroir. Christian Chavassieux tisse une histoire et des relations entre ses personnages et soudain le livre qu'on tient entre les mains est celui de cette auteure par la magie de la fiction.
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Noir canicule

Ce court roman qui raconte le long trajet d’une conductrice de taxi avec à son bord un couple âgé dont le mari est sur le point de succomber, chaque personnage avec son histoire, ses doutes, ses craintes et ses secrets. Un livre qui a le mérite de nous faire nous rappeler que tout peut rapidement basculer et surtout que demain peut ne plus être.
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Noir canicule

Lily est taxi et emmène un couple de petits vieux à Cannes, un très long trajet. On est en 2003 et la chaleur est redoutable.



Contrairement au macaron collé sur la couverture, je n'ai pas trouvé que c'était une lecture coup de poing. Je n'ai pas été surprise et la fin était attendue. En soit, pas une mauvaise lecture, mais j'attendais quelque chose de plus punchy, prenant, surprenant... et bof...


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Noir canicule

✔️Mon ressenti : Je ne connaissais pas l’auteur de ce roman, je remercie vivement les éditions Phébus et Babelio pour cette lecture en avant première par le biais de la masse critique.



Eté 2003, la canicule est là. Marie et Henri sont un vieux couple d’agriculteurs. Henri semble diminué. Ils ont fait appel à Lily pour un aller- retour à Cannes dans la journée.

Ce voyage sera l’occasion pour chacun des personnages de nous laisser entrer dans leur tête et dans ce de leurs proches pour savoir ce qui les a amenés où ils sont aujourd’hui.



L’atmosphère lourde et chaude transpire entre les lignes de ce récit. Les dialogues sont peu nombreux et intégrés aux pensées des personnages. Cela m’a donné un sentiment de voyeurisme, j’avais l’impression d’entrer dans leur intimité sans qu’ils soient au courant.

La plume de l’auteur est fluide et l’accent est mis sur la psychologie de chacun des personnages. Ils sont assez nombreux, mais tous plus où moins reliés.

Je l’ai lu rapidement et cette lecture m’a remuée.

Roman difficilement classable mais assez noir dans son ensemble. Une belle découverte.



🎯Mots Clefs : Voyage / Taxi / Surprises / Personnages / Vie



🏆Ma note : 18/20
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Noir canicule

Bonsoir aujourd'hui je vous parle de "Noir Canicule" aux éditions @jailu_editions



Mon avis : Quelle déception 😱😭

Généralement les coups de poing sont exceptionnels mais la .... soit c'était pas le moment pour moi soit bah j'ai tout simplement pas adhéré au genre littéraire.



L'ambiance est posée elle est pesante, lourde une vraie canicule et nos personnages sont dans une voiture, ce lieu clos qui vient accentué la lourdeur de l'ambiance.



Lily et ses clients vont s'observer et par cette observation on connaîtra leurs proches et leurs pensées.

Et toutes ces histoires personelles sont toutes autant glauques et noires les unes que les autres.

J'ai trouvé que c'était juste des histoires sordides qui se succédaient sans forcément qu'il y est un suivi entre elles. Elles sont posées la et bonjour l'horreur.

Je n'ai pas tout compris et ai été vite lassée malgré que le livre ne fasse que 200 pages en revanche on ne peut pas lever à l'auteur son écriture car celui ci est plutôt bien écris.



Et vous l'avez vous lu ? Qu'en avez vous pensé ?

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Noir canicule

Merci à l’opération Masse critique de Bablio et aux éditions Phébus pour la découverte de ce roman enthousiasmant et de cet auteur que je suivrai dorénavant dans ses nouvelles parutions et sur son blog (Kronix Haut et fort). Je suis maintenant moi aussi un « infortuné lecteur », ou plus exactement une infortunée lectrice, à jamais marquée par le post du 02/02/2020…

***

Dans Noir Canicule, tout commence avec Henri (l’Henri) qu’on devine très malade. Sa femme Marie (la Marie) n’est pas encore réveillée. Henri a demandé un taxi climatisé pour faire les mille kilomètres qui les attendent en cette journée de canicule. Nous sommes en 2003. Ce couple de vieux paysans habite dans les monts de la Madeleine, pas très loin de Roanne, et va se rendre dans le Sud, à Cannes. C’est Lily, qu’on rencontre au deuxième chapitre, qui conduit le taxi et qui a mis un point d’honneur à arriver à l’heure. Dans ce même chapitre, on fait connaissance avec un autre couple, Pierre et Danielle. Lui subit un malaise à cause de la canicule ; elle ne sait trop quelle décision prendre et hésite, comme d’habitude, semble-t-il. Ces deux-là sont les parents de Nicolas et de Livia, que l’on rencontrera plus tard. Au fait, Nicolas, c’est l’ex de Lily, celui qui apprécie les jeux érotiques assez poussés. On fera encore la connaissance de Bernard, agriculteur, qui prendra la suite de ses parents à la mort de son père, Henri. L’autre fils est viticulteur. Il a réussi, lui… Qui d’autre ? Carine, qui couche avec Bernard quand ils peuvent se rencontrer. Et Mélanie. Mais Mélanie, c’est la boulette…

***

Christian Chavassieux nous propose ainsi tout une galerie de personnages dont les destins se frôlent ou… se télescopent, et dont Lily est l’épicentre. Nous aurons accès à leurs pensées, à leurs états d’âme, à leurs sentiments nobles et médiocres. J’ai eu l’impression de les avoir connus, tous, de la petite chipie à l’ado avide de découvertes, subjuguée par un jeune connard riche et prétentieux en mal de reconnaissance et d’amour, aux femmes qui se débattent dans un quotidien décevant, espérant qui le retour d’un mari s’en étant allé voir si l’herbe était plus jeune ailleurs, qui une autre vie, avec un autre amant, plus attentionné ou plus original, on ne sait trop. Christian Chavassieux excelle à faire ressortir les petites faiblesses, les compromissions, mais aussi l’empathie et la générosité des figures qu’il nous présente. Amateurs de thrillers plein de clifhangers, vous serez déçus ! On comprend vite le but du voyage, on comprend aussi que Lily a un problème, et on devine relativement rapidement ce dont il s’agit. Ce qu’on ne sait pas encore, c’est qui et comment…

***

Bien sûr, l’intrigue est bien ficelée, les personnages solidement campés, leur psychologie crédible et les liens qui les unissent comme les divergences qui les font souffrir parfaitement observés. Mais ce qui m’a bluffée, ce que j’ai vraiment aimé, c’est le style : les rythmes binaires ou ternaires, souvent, les longues gradations d’adjectifs, la précision d’un vocabulaire simple, mais dont l’emploi est parfois original dans telle ou telle situation, le mot rare, aussi, mais qu’aucun autre n’aurait pu remplacer dans ce cas (voir les citations). J’ai adoré ce roman et je le recommande… chaudement !
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Noir canicule

Un roman reçu dans le cadre de la masse critique de Babélio.



On va suivre simultanément quatre scènes qui vont finir par se rejoindre de manière assez étrange.



Dans la première on est aux côtés de Lily, taxi qui prend en charge un couple de personnes âgées qui a décidé de faire un aller retour dans la journée pour se payer les services d'un guérisseur.



Dans la deuxième on suit les deux filles de Lily, restées chez elles pendant l'absence de leur mère. Mais Jessica la plus grande va décider de sortir de chez elle pour expérimenter quelque chose.



Dans la troisième, on assiste à un malaise du beau-père de Nicolas, ex conjoint de Lily, et de son transport à l'hôpital.



Et dans la dernière, on va retrouver Bernard le fils des deux personnes âgées présentes dans le taxi, resté à la ferme et qui va en profiter pour rencontrer sa maîtresse.



Le tout sur fond de canicule.



On passe de l'un à l'autre des personnages et de l'une à l'autre des scènes, sans vraiment de surprises ni de rebondissements quelconques.



Heureusement vers la centième page, on arrive à un tournant, et on découvre l'horreur.



Puis on reprend le petit train-train en gardant en tête cet événement.



Les personnages vont tour à tour subir la canicule et chacun à leur manière vont apprendre de la vie.



- Jessica, en assistant à une scène qu'elle n'oubliera jamais et qu'il la transportera dans le monde adulte malgré elle.



- Les personnes âgées malgré leur bonne volonté ne vont pas réussir ce qu'ils souhaitaient



- Nicolas va devoir affronter une situation assez difficile 



- Bernard s'interrogera sur sa relation,



Et surtout Lily va avoir le rôle principal et va se dévoiler comme personne ne la connaissait.



Bref, un roman assez particulier, à l'écriture un peu monotone et monocordes, où il faut prendre au vol les quelques bons passages.



L'écriture est simple mais fluide. Par contre, peu de paragraphes provoquent une certaine lenteur de l'histoire.



La liaison entre chacune des scènes est agréable et on a à coeur de découvrir ce qu'il advient des personnages. Il est vrai que l'auteur ne cesse de détailler la psychologie et la personnalité de chacun d 'eux.



C'est le premier livre que je lis de cet auteur, et j'espère en découvrir d'autres pour me forger une meilleure idée.







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Mon ressenti : j'ai eu un peu de mal à accrocher à ce roman, mais je ne doute pas qu'il puisse plaire à de nombreux lecteurs.



Le petit plus : la couverture que je trouve intrigante et surtout le côté noir qui nous suit dès la moitié du livre et jusqu'à la fin.
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