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Critiques de Christian Gailly (132)
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Un soir au club

Un club, sur la scène « trois instruments. Piano, basse, batterie. La plus belle formation selon Simon ». Il s'y connait lui dont la « manière de jouer avait pas mal chamboulé la pratique du piano en jazz ». Mais sa vie d'alors avait un tempo particulier : « nuit, jazz, alcool, drogue, femme, jazz, nuit. » Suzanne, sa femme, un soir « a entendu le danger. Elle est allée le chercher. Elle l'a ramené, enfermé, soigné. »



Dix ans qu'il n'a pas touché un piano. Ni un verre d'alcool. Ni même écouter un morceau de jazz. Maintenant c'était « la belle, la grande, la classique, la savante. Il s'y était mis après sa désertion. Le swing lui manquait mais à défaut swing il se gavait de beauté. »



Il devient technicien, s'occupe d'ajuster la température d'une usine, d'un entrepôt. Suite à un incident, avec l'ingénieur, ils travaillent une partie du week-end dans cette entreprise située au bord de mer. Il ne rentrera pas à Paris ce soir. Il ne rentrera pas chez lui. Suzanne attendra.



L'ingénieur souhaite le remercier pour son aide, il l'emmène « un soir au club ». Scène piano jazz alcool... tout y était. Debbie aussi. « Il oublia le clavier. Il jouait pour elle ». Ils ont improvisé un petit blues « pendant au moins 96 mesures en si bémol ».



« Quand Simon m'a raconté cette scène d'amour j'ai trouvé ça charmant, s'agissant d'un homme et d'une femme vieillissants qui sans doute ne connaîtront plus jamais une émotion de cette qualité, aussi intense, aussi belle dans sa fulgurance. »



Un nouveau trio piano, une nouvelle formation entre en scène : Suzanne, Debbie, Simon. Et...



«Softly as a morning sunrise » !



Ce livre swingue tant sur le fond que sur la forme. L'écriture est syncopée, rythmée. Christian Gailly, que je découvre avec ce roman, aime autant la mer que le jazz et le rend à merveille avec ses choix de mots, et ses harmonies. Les phrases parfois écourtées à l'extrême, aspirant le sujet, pour ne laisser que plus de rythme au récit. Ça swinguait !



Une jolie histoire. J'ai beaucoup apprécié cette lecture.



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Un soir au club

Un soir au club



Jam session : vague à l'âme, variations.



Il y a plus ou moins une semaine Ambages m'a balancé : un soir au Club, super ! Comment refuser son invitation ? Christian Gailly, je ne connais pas. Alors, j'y vais ... ou j'y vais pas ? Avec ou sans Ambages ? Avec ! Avec sinon, non. Avec sinon rien. Samedi.



Evidement, je rate mes trains de 10h12 et de 13h21. Foutue chute ! Erreur d'aiguillage. J'entends Passer les wagonnets.

*"Les wagonnets

Qui nous éloignent l'un de l'autre

Erreur du destin qui choisit.

Les wagonnets"



Hagard, j'attends au buffet. J'attends le prochain, tiens ! Il a du retard ... le prochain train, je l'attends au buffet de la gare. Pour passer le temps, je prends un demi et puis encore un. Marrant, total cela ne fait qu'un. Pas de quoi être bourré. Pas avant le club, qui le sera c'est certain. Après on verra bien. le train démarre, accélère son tempo. "Locomotive d'or" Top, top, top ... Un autre air me vient.

** "Ca fait des siècles que j'attends

Sous le paravent

Le vent du désert m'allonger

M'allonger sous le paravent

Sous le sable blanc

Tout près de la mer à côté



Un palais un palace

Pour voir le temps qui passe

Je ne suis pas sur la photo

Je suis au bord de l'eau

Être en vie n'est pas assez ni trop"



Sûr, il fera nuit. Ciel noir, nuit blanche ! Ciel noir, nuit blanche ? ... noir, ...blanche. Dans la nuit flotte comme la promesse de ^^ "Dur réveil." Belle aventure. Je suis tendu d'être attendu. Il y a si longtemps. Je vivais en dormant. Je rumine comme un veau, attendri : m'attendra-t-elle ? Bref, enfin.

* "Un peu parti un peu naze

J'descends dans la boîte de Jazz

Histoire d'oublier un peu le cours de ma vie"



Comme prévu, rien qu'à voir le nombres de critiques, c'est bourré. Un geste, cela doit être Ambages. Eh oui ! Je la reconnais à ^ "ce geste qui veut dire : viens, il est encore temps. Et c'est à ce moment précis, que moi je le vois comme un diamant." Il y a une ambiance de feu avec ce trio. Feu Michel Petrucciani au piano, feu Henri Salvadore à la basse et la guitare, feu Raymond Devos à la batterie. Ambages s'approche. Mes mains qui tremblent. Il y a si longtemps. Si longtemps que je n'ai plus joué.

** "Je n'en peux plus de l'attendre

Les années passent

Qu'il est loin l'âge tendre

Nul ne peut nous entendre"



Elle m'enchante, elle me chante, très fort pour que je l'entende.

* "Touchez mes blanches caressez mes noires

dit-elle en venant se coller sur ma peau

c'est le début me suis-je dit d'une histoire

j'acceptais l'invitation illico



On a dansé toute la nuit avec ma guitare

qui ressemblait de plus en plus au piano

de l'homme dont on fêtait la mémoire"



Je voudrais lui parler vraiment du livre. du souvenir que je garderai. Ce duo doré sur le sol sablonneux, dans l'été indien de leur vie. Avec dans mon imaginaire, en toile de fond Mélodie pour un meurtre, Al Pacino et sa chanson Sea of Love. Mais je me souviens p.70 "Un club de jazz n'est pas un endroit ou parler, même de jazz ou d'amour. On se tait, on écoute."



Et à ce moment très précisément, Raymond Devos se lève prend sa clarinette. Nous offre "Petite Fleur". Silence absolu. Ciel noir, nuit blanche. Et puis :

*** " Sur une mer imaginaire , loin de la rive...

L'artiste en quête d'absolu,

joue les naufragés volontaires...

Il est là debout sur une planche qui oscille sur la mer.

La mer est houleuse et la planche est pourrie.

Il manque de chavirer à chaque instant.

Il est vert de peur et il crie:

"C'est merveilleux!

C'est le plus beau métier du monde!"

Et pour se rassurer il chante :"



Jonaz monté sur la scène :

* "Tous ces désirs inassouvis qui s'amoncellent

on voulait s'endormir à l'ombre d'une immortelle

se glisser sous un arc en ciel

comme un oiseau sous un arc en ciel

où vont les rêves où vont les rêves

où vont les rêves où vont les rêves"



* Michel Jonaz, Bonsoir

** Henri Savaldore, A la guitare et à la basse .... Henri Salvadore, Mesdames et Messieurs

*** A la batterie ... et à la clarinette ... de Belgique ... RAYMOND DEVOS, applaudissez

ET AU PIANO... petit par la taille, mais combien grand par le talent : Michel Petrucciani, MICHEL PETRUCCIANI, MESAMES ET MESSIEURS.



Rem : Les personnages d'Ambages et Krout sont purement imaginaires dans ce texte J'espère qu'elle ne m'en voudra pas de mes longues digressions par rapport au thème principal dont ne reste plus que quelques touches ci et là disséminées dans mon interprétation, très libre. Question de style, sorte de signature. Comme partager la scène, très jazz aussi. Je vous invite à rejoindre sa critique beaucoup plus respectueuse et proche du texte originel. Je tenais à la remercier pour cette très belle découverte. Que de belles émotions !
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Un soir au club

Quel charmant roman !

Il est très court mais me laisse une forte impression.

C’est sensible, délicat, tout en nuance et en pudeur.

La manière de procéder est intéressante. C’est un ami qui raconte ce qui est arrivé à Simon Nardis, ancienne gloire du jazz. Un ami proche et compatissant, tendre et attentif.

Franchement une belle découverte. Je ne connaissais pas Christian Gailly. Je vais creuser de ce côté là

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Les oubliés

Deux amis. Deux journalistes qui partent en mission. Albert Brighton et Paul Schooner.

Schooner et son nom de goélette élégante, Brighton avec son patronyme de station balnéaire anglaise.

Une chronique hebdomadaire dans un journal, « Que sont-ils devenus ? », à la rencontre d’artistes oubliés, écrivains, peintres, musiciens.

Un rendez-vous avec Suzanne Moss, grande violoncelliste, carrière précoce brusquement interrompue.

Il n’aura pas lieu, ce rendez-vous. Pas ce jour-là. Pas avec Schooner. Avec Brighton oui. Un peu plus tard. Mais pas ce jour-là.

Un accident de voiture sur le trajet. « Le choc fut très violent ». Voiture entièrement détruite. « L’avant écrasé. L’arrière enfoncé ». Schooner, mort quelques heures plus tard des suites de la collision. Dans le TGV qui les rapatriait sur Paris. Et Brighton seul désormais, égaré, perdu, le contrecoup, le deuil, les souvenirs.

Et puis Suzanne Moss. La musique de Suzanne Moss. La beauté sublime de ses Suites de Bach. Ecoutées en boucle. Le besoin viscéral de la rencontrer. Comme prévu. Pour Schooner. Pour lui. Pour l’amour au bout du chemin…



Un drôle de bonhomme que ce Christian Gailly. Plutôt, un drôle d’écrivain. Singulier. Surprenant. Minimaliste.

Pour un lecteur habitué aux phrases longues, ce « mini mini » minimalisme est un peu déstabilisant au départ.

Des lignes brisées, des phrases clarifiées, un style épuré à l’extrême…Gailly fait bien partie du clan des Editions de Minuit ! Echenoz, Toussaint, Duras, Beckett…et Christian Gailly…

La marque de ceux qui refusent de s’embarrasser d’ornementations et de vaines fioritures ; cet art de l’écriture qui réduit ses moyens d’expression au maximum, purgée de tout superflu, centrée vers l’essentiel, recroquevillée sur le mot choisi, en équilibre sur la seule courbe de l’harmonie.



Christian Gailly, on a aussi envie de l’appeler Monsieur Point. A cause de son écriture qui dissémine ces signes de ponctuation comme autant de petits cailloux sur le chemin des lignes.

Une façon ambigüe, comme aléatoire, de les utiliser, de les poser comme ça, de manière subite, comme une multitude de petits coups de poinçon sur le tracé du texte, comme un coup de canif sectionnant la phrase, venant heurter le débit, lui donner une forme discontinue, alternative, un mouvement saccadé, comme les sursauts d’un cœur que l’émotion ferait battre trop vite.



« Cette fois. Elle avait les bras croisés. S’était appuyée. Epaule contre chambranle. Aucun doute. Ca y était. Elle était en colère. »



Mais plus le rythme du récit s’impose à nous et plus on y réfléchit, plus on se dit que finalement, ils sont bien là où ils sont, ces points. Ils sont comme les heurts de la pensée lorsque l’on cogite, ces mots qui jaillissent brusquement et que le cerveau complète presque inconsciemment, hachant le réel à coup d’observations fugitives, d’émotions fugaces, de signaux de détresse ; morcelant les choses de la vie sous les silences maladroits, les moments d’égarement, les plages d’incertitude.

Et peu à peu, au gré des scansions et des mots figés sur l’instrument du style, la petite musique de cet ancien jazz man reconverti dans l’écriture se fait entendre, douce, légère, faite de phrases musicales suspendues, écourtées, comme un staccato mélodieux et contrit.

Les notes détachées appuyant chaque tronçon de phrases, dessinent alors les contours ordinaires de l’existence, ce qu’elle peut offrir de tragique ou de drôle, de terrible ou de beau, de remarquable dans son insignifiance, d’unique dans son impersonnelle et commune singularité.

La mort, le souvenir, la vieillesse, la musique et l’amour composent alors, à travers la maladresse et le désarroi de Brighton, le refrain à la fois ordinaire et exceptionnel de la vie ; une vie que vient parfois illuminer le bonheur d’une rencontre que l’on n’attendait plus.



Et puis, il y aussi cette dédicace du roman « à Franklin », le chat qui dit « mia-mia » pour dire « je t’aime » et qui lisse de sa petite râpe rose les cheveux de Brighton… On se souvient alors que dans « Un soir au club », son précédent ouvrage, un chat parcourait une centaine de kilomètres pour se coucher contre le flanc de sa maîtresse, allongée dans la morgue d’un hôpital de province après un accident de voiture.

Passion de la musique et de la littérature, amour des chats, humilité, discrétion… les textes de Christian Gailly sont à son image. Une petite mélodie, comme un prélude de Bach, qui se fait entendre derrière la simplicité des mots et la brièveté des phrases.

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Les fleurs

Voilà un roman déroutant, c'est un livre où il ne se passe rien ou quasiment rien si ce n'est la vie ordinaire. C'est plus un livre d'exercice de style. L'auteur saisit les pensées, les réflexions des personnages. Il s'arrête sur des détails il les détaille, on sourit ou pas. En tout cas, l'auteur a dû se faire plaisir à jouer avec les mots. Je ne suis pas étonnée d'apprendre que Christian Gailly était aussi un musicien, il y a une recherche dans les mots choisis pour former une musicalité.

Il est difficile de dire si j'ai aimé ou pas. Le livre est vraiment particulier et ne ressemble à rien à ce que j'ai pu lire jusqu'à maintenant.
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Un soir au club



Simon était jazzman. Pas n’importe quel jazzman : un grand, avec un style reconnaissable entre tous. Mais le jazz, c’était aussi l’alcool et la drogue. Alors Suzanne n’a pas accepté, il a dû choisir. Il est devenu un bon mari et un bon père de famille.

Simon est devenu ingénieur chauffagiste et a oublié tout le reste.

Lors d’un déplacement professionnel dans une station balnéaire sur la Côte Normande, à cause d’un train raté, il rentre par hasard dans un club de jazz et pendant la pause des musiciens il s’assied devant le piano et se met à jouer.

"Il faut imaginer ces mains, au-dessus du clavier, qui tremblent, et Simon qui, toutes les quinze secondes environ, les cache derrière son dos, puis les montre à nouveau, les offre au piano, les lui propose, l’air de lui dire : Je t’ai abandonné mais je reviens »

Une femme a pris le micro pour mêler sa voix à la musique.

« Le micro sur les lèvres, reprenant au vol la mélodie, elle chanta tout près de lui : Vous n’avez pas changé. Simon leva le nez, regarda Debbie, puis, sans cesser de jouer, répondit : Vous non plus. Simon ne l’avait jamais vue. »

Le texte de Christian Gailly est magnifique, l’écriture est somptueuse, d’une grande musicalité.

Un texte court mais un grand roman sur le thème de l’éternel retour de la passion et de l’amour.







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Dernier amour

Encore un roman. Dernier Amour. Beau et tendre à la fois. Un couple séparé. Certes quelques beaux restes, ils s'aimaient pourtant. Oui mais la mort inéluctable. Surtout ne pas la voir au travers des yeux de l'être aimé. "Il y aura encore des jours. Personne ne sait combien. Au moins un. Celui-ci. Un autre nouvel aujourd'hui. Il commençait. Etait commencé. Déjà bien entamé. Il était onze heures du matin. L'heure la plus lumineuse. La plus douce, la plus agréable quand il fait beau. Il faisait beau." p.90 Encore une critique.



J'avais vraiment aimé Un soir au club. Je crois avoir préféré celui-ci. Qui vient le compléter. En quelque sorte car ce n'est pas une suite. Mais quel plaisir de retrouver par hasard Simon et Debbie. Bien des années plus tard. Ce n'est plus le feu ravageur de la passion. Enfin ils sont mariés. Ont un club. Lui joue du piano. Elle chante. Belle surprise de les retrouver ainsi à la fin du périple de Paul. Quel bonheur d'avoir suivi le conseil avisé de les lire dans cet ordre.



Mais ce récit est bien celui de la vie de Paul Cédrat. Le flop de son quatuor à cordes. L'interruption par les huées lors de sa première à Zurich. Il est déjà au-delà. Avec Christian Gailly tout se devine. Se révèle peu à peu. La montée dans l'ascenseur du Grand hôtel international avec une jeune femme aux yeux injectés de sang. Susurre à mon subconscient Ascenseur pour l'échafaud. Puis vient la confirmation : deux ou trois jours. Sauf erreur médicale. Dans un sens comme dans l'autre. L'auteur assume la narration, parfois hors champ. Forte impression de cinéma. Et comme Hitchcock vous le reconnaîtrez peut-être. Très furtivement.



Les thèmes se répètent et d'avoir lu l'un avant l'autre se font échos à distance. Sur des rythmes différents ils font vibrer les mêmes cordes. Sensibles tout autant. Les mêmes thèmes d'autres temps.

Désormais hors propos le swing. Et même le vibrato. Les mêmes images. Un homme marche en tenue de ville sur une plage poussé par le destin. Un peu hagard mais très digne. Une curiosité.



Debbie s'installe toujours en bout de plage. A droite là où commencent à s’amonceler les rochers. Elle nage. "Elle fait partie de ces femmes qui s'en vont loin nager longtemps. Elle est mince, grande, elle ruisselle. Athlétique, non, pas spécialement." p.65

Et les souvenirs s'ajoutent aux souvenirs. De loin en loin les ricochets ont laissés des traces à la surface de l'eau. Autrement paisible. Et je finis par entendre tout là-bas ... La Fanette.

"Faut dire qu'on ne nous apprend pas

Mais parlons d'autre chose." (*)



Tout le monde n'aimera pas. C'est certain. Voilà pourquoi : " Le quatuor de Paul comprenait six mouvements. Tous très lents. Que des adagios. Une élégie. Une sérénade. Un intermezzo. Un nocturne. Une marche funèbre. Un épilogue." p.15 A moins de le lire dans la douceur d'un début d'automne. C'est si beau. L'automne. Et celui de la vie. Toujours trop courte la vie. Une belle mélodie à la portée de tout un chacun. Que l'on retient. Que l'on voudrait toujours retenir. Encore une petite minute.



Bye bye blackbird.



(*) Jacques Brel
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K. 622

Amusant et profondément humain, un petit texte qui me touche beaucoup. Je vous ai suivi Monsieur Gailly, dans tous ces méandres et à chaque fois vous faites mouche avec toute la sensibilité -et votre humour- qui se dégagent de vos mots.



Je me suis bien amusée, j'ai ri et j'ai même eu un peu peur... "Avant d'aller plus loin je vous préviens, ce qui va suivre est une épreuve, un supplice lent, extrêmement pénible, mais ne vous plaignez pas, moi j'ai déjà fait le chemin une fois, tout le chemin, et je recommence pour vous faire plaisir."



Alors dites-moi... Etait-ce la même émotion ?



"Les conditions de l'émotion ne sont pas l'émotion, les conditions de l'émotion ne sont que le décor de l'émotion, et s'il est possible, toujours possible de reproduire le décor extérieur, le décor intérieur, lui, n'est pas reproductible, il change à vue"

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Un soir au club

Il suffit d'une fois, d'un jour, d'un soir, pour voir tout basculer. Dix ans que la femme de Simon lui a sauvé la vie. Elle ne l'a pas laissé chavirer plus dans la déchéance, l'alcoolisme. Simon aurait certainement fini par se suicider. Depuis Simon, ancien musicien, n'écoute plus de jazz mais de la musique classique. Dix ans qu'il est devenu un autre homme menant une vie pépère faite d'habitudes.



Il ne pouvait pas savoir cet ingénieur qui l'invite dans une boite de jazz pour le remercier et le faire patienter jusqu'à son horaire de train.



Simon est rentré dans ce club et ses anciens démons sont revenus de suite. L'envie de boire un verre, de toucher les instruments de musique, puis de jouer avec les musiciens. Dix ans, dix minutes qu'il attendait ça. Et cette femme si belle dont il tombe amoureux dans la seconde.



C'est son ami qui nous raconte cette histoire tragique et si belle. La vie a fait un pied de nez au destin, elle est plus forte que tout. La mort a fait un pied de nez à la vie, c'est comme ça.



Je n'en raconterai pas plus, c'est une très belle histoire, et il s'en passe des choses dans cette petite ville du bord de mer.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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La roue et Autres nouvelles

La Roue et autres nouvelles est composé de six récits, six histoires avec des personnages différents. Tout tourne autour des femmes, celles qu’on croise, celles que l’on quitte où qui vous quittent, celles qu’on retrouve des années plus tard. Dans chaque histoire, une situation alambiquée, voire un malentendu, plonge le narrateur dans les affres du doute ou des regrets. Certaines sont déjantées comme « Mon client de quatre heures », qui met en scène deux agents du fisc et un soi-disant psychiatre, c’est surréaliste et hilarantes. D’autres plus poétiques comme « Le lilas lie de vin » qui raconte une rencontre fantasmée.

Il faut savoir entrer dans l’univers particuliers de Christian Gailly pour en apprécier toute l’absurdité et l’ironie douce-amère. Les situations sont toujours banales, un cadeau d’anniversaire pour une femme qu’on aime, une inconnue qui vient demander de l’aide pour sa roue crevée, ou bien un gâteau préparé et offert à la voisine, mais de ces situations somme toute banales, Christian Gailly tire de petites histoires saupoudrées d’irrationnel avec sa petite dose de dinguerie.

Christian Gailly nous fait pénétrer l’intimité de l’écriture, nous plonge au cœur de la vie de ses personnages et c’est saisissant. Pas facile de raconter une histoire en peu de pages, trouver le ton juste, savoir créer des ellipses sans perdre le lecteur, et dans cet art, l’auteur excelle.

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Un soir au club

Un style bref, syncopé et jazzy.

Le narrateur nous raconte une histoire sur un mode oral avec des retour en arrière des évocations du futur... C'est très particulier mais totalement prenant.

L'histoire pourrait être simple : un ancien pianiste de jazz qui est revenu à son ancien métier (chauffagiste) après avoir risqué la mort (alcool, drogue, femmes, jazz) et n'écoute plus que du classique va rentrer dans une boite de jazz parce qu'il a une heure à perdre.... et là tout le passé va revenir.

C'est "un singe en hiver" à la mode jazzy.

Je vous en recommande la lecture surtout si comme moi vous ne connaissez pas cet auteur, c'est un très bo moyen de la découvrir.

Bonne lecture!
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Nuage rouge

« Il y a en vous quelque chose de pourri, me dit-elle. Très bien, dis-je, je me tais. Continuez. Elle : Que vouliez-vous dire ? Qu'entendiez-vous par : Pour le compte d'un ami ? »



De Christian Gailly j'avais lu il y a longtemps « Be-Bop » et j'avais été enthousiasmé par son style si proche des improvisations jazzistiques. J'ai eu envie de revenir à cet auteur et j'ai mis ce « Nuage Rouge » dans ma PAL sans trop savoir de quoi il serait question.



C'est une sorte de thriller. le narrateur, dont on ne connaîtra le prénom et le nom qu'à la toute fin, sans que cela apporte réellement grand-chose à l'intrigue, paraît bien mériter ce qualificatif de pourri. Rien de bien concret n'est pourtant offert au lecteur pour confirmer cette impression diffuse.



L'«elle» de la citation est une certaine Rebecca Lodge. Elle est danoise. Quelques années plus tôt elle a été victime d'un viol, alors qu'elle était en France, commis par un certain Lucien, que le narrateur connaît. C'est à sa demande qu'il est venu à Copenhague, tous frais payés. Lucien lui a fait du chantage émotionnel pour qu'il accepte de la rencontrer et de lui parler de sa triste vie. Il faut dire que Lucien, lorsqu'il l'a violée, se servait d'un couteau à cran d'arrêt pour la convaincre de coopérer, arme qui s'est retournée contre lui car la belle l'a proprement débarrassé de sa virilité, jetée aux poissons du lac tout proche…



On le voit, l'intrigue paraît plutôt être celle d'un film d'Almodovar que celle d'un roman des éditions de Minuit. L'humour n'est pas absent de cette drôle d'histoire pince-sans-rire. Echenoz et Toussaint, de la même maison, ont écrit des romans dans la même veine faussement policère. Mais Christian Gailly, disparu en 2013, garde son ton bien à lui, même si ici on est loin des circonvolutions musicales du jazz.

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Les fleurs

A la librairie, l'homme est troublé. Il laisse son tour à cette femme, cette femme en jupe rouge imprimée à fleurs. L'animal est ferré.

- Vous désirez monsieur ? demande la vendeuse.

- Berlebeubeu, s'entend-t-il répondre.

Car que voulez-vous quand une femme nous fait perdre la tête, nos dix neurones ne répondent plus présents. Ils sont tous tendus dans un seul but. Quel trésor d'imagination vais-je déployer pour aborder cette dame et quel parade amoureuse vais-je mettre au point pour la séduire ? Faut dire que chez les mecs sur les dix neurones, neuf sont réservés à la sexualité, le dixième lui permet de s'ébahir devant sa voiture, sa télé ou son équipe de foot.

Elle désire une cartouche de stylo à encre, lui un livre mais ne sait plus lequel. Le mystère de quelque chose …

Elle a rendez-vous, à Paris. Lui va voir un vieil ami. Ils vont se recroiser à plusieurs reprises : dans le métro, dans la rue …

Christian Gailly, dans ce très court roman nous apporte des touches de descriptions, d'émotions pour nous dépeindre un homme hésitant qui aimerait entreprendre une femme à l'allure parfaite. Tout est suggéré comme un œil indiscret qui s'invite à cette rencontre. Nous encourageons cet homme à oser, cette femme à le regarder. Voyez-le, ce triste animal, s'empêtrer dans ces sentiments. Allez ... Vas-y ... Aborde-l

- Hé dom on y va ?

- Hein ? Quoi ? ... Oui oui j'arrive …

- Qu'est-ce que je mets ? … Je n'ai plus rien à me mettre !!

- Mais si, mets ta petite jupe noire …

- T'es sûr qu'il fait assez chaud ? … Et je mets quoi d'autre …

- Rien …

- Je voulais dire en haut …

- Ah ! Peut-être ton chemisier blanc en dentelle? Celui qui a un si joli décolleté …

C'est bien cette matière, cette couleur : gage de désir, art de séduire, de montrer sans laisser voir.

- Dom t'es sûr que ça va ? … T'as la voix bizarre …

- Oui oui … Ça va.

- Oh et puis t'as l'œil vitreux ... On dirait un poisson mort …

- Viens … On ira plus tard …

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Dernier amour

Paul est compositeur mais ce soir le public du festival d’été de Zurich a conspué sa dernière œuvre. Il rentre à l’hôtel se reposer avant de rejoindre Les flots bleus, sa maison au bord de la mer. Il ne lui reste que quelques jours à vivre. C’est un homme élégant, digne face à la maladie qui a décidé s’éloigner de sa femme Lucie, pour s’éteindre seul.



C’est un joli peignoir gris trouvé sur la plage qui va colorer une dernière fois son existence. Et qu’importe si c’est porté par les circonstances, il décide d’aimer une femme rencontrée par hasard, ce sera son « dernier amour ».

Pour cette dernière partition, tout son être goûte et savoure encore chaque seconde, amplifie chaque émotion, tous ses sens sont en éveil. Christian Gailly détaille chaque scène, les couleurs, les odeurs, les sensations sont à fleur de peau. L’auteur est un musicien de jazz, son écriture est rythmée, elle sonne juste, comme dans « Un soir au club » que j’avais déjà beaucoup apprécié.



Ce roman suggère de magnifiques plans cinématographiques. J’imagine très bien Stéphane Brizé filmé André Dussolier tombant amoureux d’Isabelle Huppert, un brin mystérieuse.



Ce livre court se lit avec plaisir, le temps d’une séance au cinéma …

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Un soir au club

Simon a raté son train... le premier parce qu'il n'avait pas pu réparer à temps l'installation de chauffage. Ouf! c'est réparé tout fonctionne. L'ingénieur l'invite à diner et lui propose un petit tour vite fait dans un club de jazz de la ville .. et là Simon "renait" . Ses mains tremblent au-dessus du piano , se poseront elles sur le clavier? Les secondes s'égrainent et ... le sang circule dans ses veines. Dix ans et dix minutes qu'il n'avait pas joué, qu'il n'avait pas swingué. Lui le grand Simon Nardis.

Et le train ne l'a pas attendu , Debbie a chanté et il l'accompagnée . Suzanne l'attend mais il n'y a plus de train... demain elle le rejoindra ou pas.

J'ai eu envie de replonger dans ce roman de Christian Gailly.J J'avais gardé le souvenir d'un texte délicat, plein de pudeur et de retenue, un texte où le jazz s'insinue dans toutes les fibres de votre âme . Le choix d'un narrateur extérieur mais ami très proche de Simon et de Suzanne est le gage de l'impartialité des propos. Et le jazz est là ...
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Un soir au club

Quand le destin vous fait un clin d'oeil. Simon Nardis, alors qu'il effectue un dépannage dans une usine en province, rate le train qui doit le ramener vers sa petite vie étriquée auprès de Suzanne. Ancien jazzman, mais aussi ex-alcoolique, Simon pénêtre dans un Club, un petit verre, un seul, et puis une double rencontre, celle de trois jeunes musiciens de jazz et celle d'une femme idéalisée qui reconnait Simon.

Il ne faut pas en savoir plus, nous suivont Nardis, et comme lui une fois la porte de cette boite entrouverte, nous sommes happés, sous le charme de cette ambiance feutrée. Le style de Gailly est inimitable, incroyablement musical, chaque mot semble pensé comme une note sur une partition d'une musique qu'il aime et qu'il a pratiqué. Il n'a pas son pareil pour amener l'émotion, à travers un geste, un regard, un silence. Et cet homme qui a remisé sa vie d'avant, va renaitre le temps de cette soirée et redécouvrir les palpitations musicales et affectives qu'il avait abandonné. Un bouquin envoutant qui se lit d'une traite. Gailly travaille comme un artisan, pas d'aspérités, tout est clean, pas de fausses notes. Un vrai coup de coeur.
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Be-Bop

C'est l'histoire de deux hommes, un jeune qui se cherche un job, un plus agé qui est en vacances, leur chemin ne devrait pas se croiser mais Basile trouve du boulot dans une boite d'assainissement et Paul fait appel à ces services. Fan de musique tout les deux, la rencontre sera riche.

Il y a chez Gailly un sens évident de jouer avec les mots comme les jazzmen jouent avec les notes, et cela donne une musicalité incroyable à son texte. Mais Gailly semble plus apaisé dans ce roman que dans ces précédents, moins mélancolique, plus dans la vie et dans l'espoir. Quand le jazz devient une thérapie et que la langue se fait belle, le lecteur se laisse entrainer et apprécie un auteur bigrement original. Travailler la langue comme une partition, peu en sont capable, Gailly le fait. Et ç'est drolement agréable.
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K. 622

J'ai emprunté cet ouvrage lors de la dernière réunion du club-lecture auquel j'appartiens et qui, pour ce mois de juin, était consacré à la Musique. Quel dommage, en ce mardi 21 juin, fête de la Musique, j'aurais tellement voulu apposer une critique qui m'aurait emballée, dans laquelle j'aurais entendu la musique vibrer au son des pages mais malheureusement, avec cet ouvrage, il n'en est rien. Comme je regrette car j'avais gardé une très bonne impression de ma découverte de cet auteur lorsque je faisais mes études avec son ouvrage "Un soir au club". Peut-être était-ce moi à l'époque qui était mieux disposée pour lire ce genre d'ouvrage, je ne sais pas mais toujours est-il avec K.622, l'alchimie n'a pas fonctionné. Il y est question d'un homme qui en entendant le concerto de Mozart pour la première fois à la radio, en est tombée des nues. De lors, va commencer pour lui sa lente recherche pour retrouver ce même sentiment. Il a beau acheter plusieurs versions de ce concerto pour clarinettes et se mettre dans les mêmes dispositions, rien n'y fait, la magie n'opère plus. Puis, vient un événement qui va bouleverser sa vie comme il ne l'aurait jamais imaginé. en se rendant au concert donné de ce dit adagio, et après moult déambulations dans la ville afin de trouver un costume puis les chaussures qui vont avec sans oublier la chemise et le traditionnel nœud papillon (ce qui prend bien la moitié du roman car si le costume ne va pas avec les chaussures, il faut tout recommencer et inversement) , il va faire la rencontre d'une femme aveugle et...Et bien oui, c'est tout ou presque §



Grande déception donc pour cette découverte mais qui m'a néanmoins donné envie d'écouter ce fameux concerto qui a tant bouleversé le protagoniste. A découvrir pour les plus curieux, autant pour l'œuvre musicale (de cela au moins, je suis certaine que vous ne serez pas déçus) que pour ce roman (à vous de me dire par la suite ce que vous en aurez pensé, peut-être ai-je raté quelque chose et il me serait de savoir quoi !).
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Dernier amour

Quelle joie de retrouver Simon Nardis et Debbie ! Je ne m'y attendais pas. Mais quelle bonne surprise... je ne sais pas pourquoi j'ai eu un flash en lisant ce paragraphe : « entre les deux transats un livre avait été abandonné à même le sol. Mélange de sable et d'herbe rase. Posé comme ça, pas refermé, ouvert et retourné. A en juger par le titre il devait s'agir d'une soirée mémorable dans un night-club. » Là je me dis, ouuuh Monsieur Gailly, je vois qu'on s'amuse bien ! Et j'adore ça ! Et puis voilà que Debbie pointe le bout de son nez, ou plus exactement, elle toque à la porte de Paul pour récupérer son peignoir de bain laissé au bord de la mer...

Et la magie de l'auteur est intacte : « En tout cas ce peignoir est à moi, dit-elle. Et je peux le prouver. J'ai un témoin. Ah bon ? dit Paul. Cause toujours, pensait-il. Tant que tu es là, libre à moi de penser que tu l'es pour moi. D'ailleurs je l'aime déjà. C'est trop tard mais je l'aime déjà. Peu importe pourquoi. Hypersensibilité. Hyper ceci, hyper cela. Cœur hypertrophié. Appelons ça comme on voudra. Ou un sixième sens. Celui de l'urgence. Quoi qu'il en soit. Ça risque de faire mal. C'est sûr. Ça va faire mal. C'est bien simple, j'ai déjà mal. Ne cherche pas à l'éviter. Ce mal-là c'est le plus beau. » Debbie vous faites à nouveau une victime !

J'aime ce style haletant, éprouvant, qui puise au fond des tripes pour dire des vérités essentielles et si simples qu'elles font peur. Cette manière hachée d'écrire est très particulière. Je trouve qu'elle correspond tellement bien à l'état physique et psychique de Paul. Pourquoi je ne parle pas plus du personnage principal, Paul ? C'est difficile parfois quand des sons vibrent trop fort, trop doucement. Alors j'écoute Peggy Lee chanter Bye bye blackbird, et j'entends Debbie fredonner bye bye tout doucement aux oreilles de Paul. J'ai adoré ce court roman, j'ai retrouvé les thèmes qui me plaisaient dans Un soir au club : musique mer mort passion, des histoires contrariées de couples. Et je souffre pour Lucie, « Il est en vie. Merci. »

Une jolie impression de travelling, comme au cinéma dans ce roman. « Pour nous tout à l'heure les hortensias bleus étaient à gauche. Pour elle ils sont à droite. ... De même qu'elle voit à gauche le salon de jardin. Le grand parasol écru. Elle voit même le livre abandonné face contre terre entre les deux transats. Elle voit tout ça mais l'émotion. Une crainte confuse. »
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Un soir au club

J'y connais rien au jazz mais ce Simon m'a ému, ce Simon qui après 10 ans et dix minutes attend la pause, la sortie des musiciens, hésite, monte sur scène, pose les doigts sur le piano et enchante la salle qui se demande si c'est vraiment le Simon Nardis qui avait disparu?



La patronne Debbie l'accompagne alors au chant, le séduit, Simon rate le dernier train, prévient sa femme Suzanne.



J'aime bien l'écriture de Christian Gailly, délicate, même si un peu démodée.



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