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Citations de Christine Angot (354)


Le lendemain, on est parties à Gérardmer. Il faisait beau. On roulait vitres ouvertes. Je portais un jean et une chemise indienne. Mes pieds nus posés sur le tableau de bord, j'avais les cheveux au vent.

page 15
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Je suis chez moi. Je fais ce que je veux. J'ai même le droit de ne pas reconnaître la réalité. Je nie ce qui est. J'ai même le droit de ne pas reconnaître ma fille comme ma fille. Je me l'accorde, j'ai le droit de faire ça. Je signe le papier de reconnaissance pour la galerie. Je fais tout en douce. Je me fais plaisir en douce. Je suis au dessus de la loi, en douce.
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ma vie amoureuse était saccagée. Je le savais. Il n'y avait plus rien à faire. Un peu plus, un peu moins .ce n'était qu'une différence de degré. Je ne m'intéressais plus à moi-même. Je n'avais plus d'importance à mes propres yeux. j'étais allongée sur le dos . je n'avais plus rien à perdre. Je n'avais plus peur . j'avais l'impression de participer à ma vie en participant à ma propre négation. Ma vie telle qu'elle était, non pas dans mes rêves, mais en réalité. telle qu'elle s'imposait à moi dans les faits. j'ai pensé qu'il valait mieux en prendre acte avec lucidité. que d'assister à l'échec répété des moyens que je mettais en œuvre depuis des années pour y échapper. j'étais indifférente à moi-même, à ma vie, à mon avenir. Ça me rendait triste. j'étais triste. Ça n'avait plus d'importance. puisque faire autrement etait impossible. que c'était inexorable. Je n'avais plus d'arguments à opposer à mon père.
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J'ai rencontré mon père dans un hôtel à Strasbourg, que je ne saurais pas situer. L'immeuble faisait environ quatre étages. Devant, il y avait quelques places de parking. On entrait par une porte vitrée. La réception se trouvait sur la gauche. Il y avait un ascenseur au fond. Un escalier en bois avec un tapis qui parcourait les marches, et assourdissait les pas. La façade était plutôt moderne. La pierre, blanche. Il y avait des bas-reliefs de forme géométrique. Je crois. C'était pendant les vacances d'été. J'avais treize ans. Je venais de finir ma cinquième. Ma mère avait eu l'idée d'un voyage dans l'est de la France. On a quitté Châteauroux au début du mois d'août. On s'est arrêtées à Reims, à Nancy et à Toul. On est arrivées à Strasbourg un jour de semaine, en fin de matinée.

Ma chambre se trouvait au deuxième étage, et donnait sur la rue. Celle de ma mère à l'étage du dessus, dans la partie latérale. La mienne devait être à l'est ou au sud-est. Car il y avait une très forte lumière. Le papier peint était jaune. J'avais ma salle de bains, mes toilettes. Ma mère et moi partagions habituellement la même chambre. Mon père avait fait la réservation et téléphoné. Elle me l'avait passé. J'avais éclaté en sanglots en entendant la voix.

J'étais assise sur le lit, anxieuse. On a frappé à la porte. Ma mère est entrée.
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Je lui disais que j'étais la victime de leur égoïsme à tous les deux. Qu'ils étaient pareils sur ce plan-là. Uniquement préoccupés de leur regard l'un sur l'autre. Que la fameuse photo prise dans la campagne, dans la même position, en appui sur le même poteau, en témoignait. Qu'ils s'étaient pris chacun comme le miroir de l'autre. Que j'avais été sacrifiée à ça. (p.176)
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Se taire. ça permettait de ne pas avoir d'images dans la tête, de continuer à faire semblant. De ne pas savoir vraiment, de ne pas avoir peur, de ne pas donner corps à l'inquiétude, de ne pas donner de réalité à l'impression d'avoir une vie gâchée.
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P212
Je présentais Jean à mon père, pour qu'il lui dise d'arrêter, moi j'avais échoué. Quelques jours plus tard, sur le ton des choses qu'il fallait que je sache, mon père me disait que "sur le marché des amants un Noir vaut moins qu'un Blanc. Que c'était une évidence, c'était presque son rôle de père, éducatif, de me prévenir. Je le racontais à Bruno. Il me disait : ah bon que sur le marché des amants ? Je savais pas que il y avait que sur le marché des amants, ça va bien alors.
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P181
Vous vous êtes rencontrés parce que les contraires s'attirent, mais vous êtes trop différents, vous ne resterez pas ensemble. Les différences ça attire mais c'est pas durable.
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P163
Elle dit que c'est moi qui lui ai fait du mal, mais elle sait que c'est le contraire. Elle ne sait sans doute pas qu'elle m'a fait ce mal qu fait que je me venge sur les autres, mais même moi je ne le sais pas. Je ne veux pas le savoir.
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P16
Je partais à Rome avec ma fille pour son anniversaire. Bruno n'aimait pas quand je quittais Paris, pour quelques jours de ne disais rien. Marc voulait savoir quand je rentrais pour reprendre la conversation. Je préférais qu'on se parle avant au téléphone.
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Je me suis remise à l'appeler maman au cours de cette semaine-là. Et même, à utiliser le mot sans nécessité. Pour l'avoir dans la bouche. Et pour le faire résonner à son oreille comme une petite clochette enfin réparée.
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Ce qui s'est passé ensuite a été une surprise.
Des sentiments très anciens, qu'on croyait perdus, qui dataient de sa jeunesse à elle et à moi, de mon enfance, ont commencé à réapparaître. On ne s'y attendait pas. On ne les espérait plus.
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Elle m'a embrassée. Et elle m'a caressé les cheveux.
- Ah la la ma petite bichette.
Le timbre de sa voix n'était pas le même qu'avant. Les mots avaient l'air de sortir d'une boîte ancienne, d'y avoir été conservés plusieurs années, d'en sortir un par un, détachés les uns des autres, sans fluidité, comme de vieux papiers qui s'effritaient entre ses doigts à la lumière.
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Elle me parlait de lui. Tous les enfants avaient un père. Le mien était un intellectuel. Il connaissait plusieurs langues. Ils s'étaient aimés. Ç'avait été un grand amour. J'avais été désirée. Je n'étais pas un accident. Elle avait été fière de me porter pendant neuf mois. Malgré les quolibets, et les phrases dites sans son dos. Maintenant j'étais là. Elle en était heureuse. Où était mon père, ce qu'il faisait, ne regardait pas les gens. Si on me posait la question, il était mort, ou en voyage.
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Elle n'aime pas l'odeur de la cigarette dans la voiture. Ça lui donne mal au cœur. Mais elle aime qu'il y ait un allume-cigare sur le tableau de bord. Parfois c'est elle qui appuie dessus. Il y a aussi une radio cassette. Il y a deux cassettes enregistrées dans la boîte à gants. L'Adagio d'Albinoni et une de Mozart.
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La passion amoureuse, elle, est liée au surgissement. Elle brouille l’ordre, elle surprend. Il y a une troisième catégorie. Moins connue, que j’appellerai… la rencontre inévitable. Elle atteint une extrême intensité, et aurait pu ne pas avoir lieu. 
[...]
Le rêve des filles de l'époque était d'épouser quelqu'un qui leur permettrait de rester chez elles. De ne pas être obligées de travailler.
[...]
Il est là mon plus beau collier. c’est les deux bras de ma petite fille.
[...] Tout le monde en a un [un père]. [...] Tout le monde en a un.
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Elle me parlait de lui. Tous les enfants avaient un père. Le mien était un intellectuel. Il connaissait plusieurs langues. Ils s’étaient aimés. Ç’avait été un grand amour. J’avais été désirée. Je n’étais pas un accident. Elle avait été fière de me porter neuf mois. Malgré les quolibets, et les phrases dites dans son dos. Maintenant j’étais là. Elle en était heureuse. Où était mon père, ce qu’il faisait, ne regardait pas les gens. Si on me posait la question, il était mort, ou en voyage.
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« J'ai raté ma vie amoureuse par manque de courage. Tous ceux qui m'ont vraiment plu, je les ai fuis. J'ai essayé de compenser par l'écriture. J'ai mis toute ma libido là-dedans. Je peux plus supporter cette vie. Combien de temps ça va encore durer. »
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C'est quelqu'un que j'ai beaucoup aimé Vincent. Tu le sais. Ça me ferait peut-être bizarre de le revoir. Parce que quand on aime quelqu'un, ça disparaît jamais complètement. J'ai un sentiment particulier pour lui, c'est vrai. Je vais pas te dire le contraire. Ç'a été quelqu'un de très important pour moi. Déjà parce que si je l'avais pas connu, je t'aurais pas connu. Mais mon histoire avec lui est finie.
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C'était merveilleux à son âge de ressentir autant de désir pour une femme qui n'était pas une pute, que ce désir se renouvelle à chaque rendez vous, et que ce soit réciproque. Mais toute sa personne se transformait après la décharge comme un rideau de théâtre qui se fermait. Ce n'était pas un joli spectacle.
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