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Citations de Christine Féret-Fleury (411)


- il vous arrive de lire des romances ?
-[...] oui. Parfois
- que se passe t il à la page 247?
Un temps s'ecoula : il semblait réfléchir à sa question. Ou peut-être poursuivre un souvenir. Puis il dit :
- à la page 247,tout semble perdu. C'est le meilleur moment, vous savez.
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Personne ne quitte sa maison à moins que celle-ci ne soit devenue la gueule ouverte d'un requin...
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Kamar

Jusque-là, je n'y avait pas prêté attention, j'étais encore enfermée dans les sons et les odeurs du camp.Je ne savais pas, ou plus, qu'une route pouvait être douce, ni à quel point elle me délivrerait, pendant quelques heures, du fardeau de mon corps. J'ai marché courbée si longtemps, lourde du poids de mon enfant et de celui de ma peur.Pour ne pas être vue, pour échapper aux balles et aux coups, pour me confondre avec la terre. Là, le ronron du moteur me berçait, nous glissions sans effort entre les collines fauves ponctuées d'arbres semblables à des flammes immobiles.Les nuages, très longs, dérivaient doucement.J'aurais pu croire que je volais.Et enfin, l'horizon s'ouvrait devant moi.
L'horizon. Qui ne l'a pas perdu ne peut pas savoir quel trésor renferme ce mot.
( p.157)
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Hana aimait les arbres: elle se blotissait contre eux, caressait leur écorce, collait ses lèvres aux plaies laissées par des promeneurs insouciants, parfois luisantes encore de sève. Leur parlait-
elle ? Leur confiait-elle, en silence, les mots qu'elle ne pouvait plus prononcer à voix haute ?
( p.164)
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Les chats sont comme ça .Le monde leur appartient- enfin, ce qu'ils choisissent.Ils te regardent et tu deviens leur esclave dévouée. Tout en douceur.
- Si seulement...
Je ne termine pas la phrase.il y aurait tout à égrener derrière ce " si seulement", trop de perles sur le collier de la folie humaine. Trop de morts. Trop de maisons où l'amour se croyait à l'abri.
Si seulement, si seulement nous étions capables d'apprendre des chats certaines de leurs stratégies de conquête- et surtout de paix.(p.141)
.
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Pour pleurer, il faut avoir le temps, être seul et laisser le chagrin venir. Et du temps, je n'en avais pas.
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Juliette la dévisagea, comme elle aurait scruté le visage d'une inconnue, son masque de joliesse soudain effacé par l'angoisse et la rancune, et crut la voir telle qu'elle serait trente ans plus tard, quand la vie aurait creusé en elle les voies de cette rancune et de cette angoisse, les aurait alourdies et imprimées, indélébiles, sur ses traits.
Laide. Morne.
Pitoyable.
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- Vous voulez dire que c'est gratuit ?
Il avait l'air stupéfait. Et subitement avide. Avec nervosité, il passa sa langue sur ses grosses lèvres, regarda à droite, à gauche, se pencha un peu vers elle. Une odeur d'after-shave-shave déferla sur Juliette, qui retint sa respiration.
- Un piège, décida-t-il soudain en fermant ses points sur ses cuisses, c'est toujours un piège, le trucs gratuits. Vous allez me demander mon adresse e-mail, et je vais recevoir des spams jusqu'à la fin du siècle.
- vous serez mort, à la fin du siècle, lui fit observer Juliette d'une voix douce. Et je ne veux pas votre e-mail. Surtout pas. Je vous donne le livre, je descends à la prochaine station et vous m'oubliez.
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Juliette se glissait dans chaque histoire comme dans une mue brillante et neuve ; sa peau simprégnait de sel et de parfum, du natron utilisé aux membres de Tahoser, l'héroïne du Roman de la momie, toute leur souplesse, des caresses d'un inconnu rencontré à bord d'un navire, des pollens venus d'arbres poussant à l'autre bout de la terre, parfois du sang jailli d'une blessure. Ses oreilles étaient saturées des clameurs des gongs, de la stridulation des flûtes antiques, du claquement des paumes qui rythmaient une danse ou saluaient un discours, du chuintement des vagues roulant, dans leur ventre glauque, des galets arrondis. Ses yeux brûlés de vent, de larmes, du fard épais des courtisanes. Ses lèvres gonflées par mille baisers. Ses doigts recouverts d'une invisible poudre d'or.
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La respiration paisible de Ludivine ne trouble pas ma solitude. J'ai ici, près de moi, ma part terrestre : ces êtres que je dois protéger.
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Si Ariane, à la nuit tombée, s’approchait d’une fenêtre, son père ou sa mère lui en faisaient aussitôt le reproche. Dévidaient la liste des dangers qui la guettaient. Des bandes de voyous sillonnaient les rues de la ville en voiture. Des règlements de comptes, on en lisait chaque jour le récit dans les journaux. Des seringues jonchaient les pelouses du parc. Des passants étaient tués par une balle perdue.
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Sarah, Sarah, Sarah, Sarah.
Si belle sous ce voile qui proclamait son innocence perdue.
Tu aurais dû être vêtue de rouge, comme cette prostituée qui un jour m’aborda dans une ruelle obscure, marchandant mon plaisir et son abandon.
Tu aurais dû porter, brodée sur ton sein, la lettre écarlate de l’adultère.
Tu aurais dû marcher vers l’autel nue et chargée de chaînes, que j’aurais amoureusement, une à une, ôtées.
Sarah, tu as refusé ta délivrance. Tu as refusé ta rédemption.
Tu vas mourir.
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Se laisser aller, ce n'est pas renoncer à tout mouvement. Se laisser aller, c'est s'abandonner à un courant souterrain qui vous conduit quelque part. Peut-être vers la mort. Peut-être vers la vie. Qui peut savoir ?
Et surtout, qui peut juger ?
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Je veux vivre. Sans avoir tout le temps à me poser la question de savoir si je suis un garçon ou une fille. Est-ce que ça compte vraiment ? est-ce que je ne peux pas être un peu des deux ? S'il y a un problème, ce n'est pas le mien. c'est celui de ceux qui refusent de m'accepter.
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Je me sens vide, c'est tout. Ma vie était remplie de petites choses. Elles ne me plaisaient pas, enfin pas vraiment, mais elles étaient là, elles me suffisaient.
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Karma ( reprenant le récit)

(A propos de Nebbe)

Moi aussi, j'aime cette femme. Je viens juste de le comprendre, comme si je sortais d'une longue hébétude.J'aime ce drôle de personnage crocheté à son fauteuil, sa générosité sans phrases, ses mimiques, même ses piques; j'aime son humeur bougonne, et sa façon de ponctuer ses phrases quand elle s'adresse à Acia ou à moi, fille, gamine, fillette.Ces mots-là ressemblent à des bras dotés d'une prodigieuse élasticité, elle les lance, ils nous capturent et nous ramènent à elle, tout près, en sécurité. (p.197)
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Le chat s’est installé sur la marche supérieure pour faire sa toilette. Son poil roux, hérissé, et une oreille mutilée lui donnaient un air bagarreur. Un chat des bas quartiers, expert dans l’art de fouiller les poubelles et de défendre son territoire contre les autres matous. Un chat qui en avait vu des vertes et des pas mûres, qui avait sorti ses griffes quand il le fallait et encaissé les coups. Et pourtant il trônait sur la pierre lézardée comme si celle-ci avait été le socle d’une statue antique. Les yeux mi-clos, il léchait sa patte, puis la promenait avec soin sur son museau, sur sa tête et même sur son oreille fendue. Je me souvenais vaguement d’un conte où la pluie avait cessé de tomber sur la campagne parce qu’un chat vexé avait décidé de ne plus jamais passer sa patte par-dessus son oreille. Jusqu’à ce que les fermiers, affolés par la sécheresse persistante et la perte de leurs récoltes, lui fassent les excuses appropriées, il s’était obstiné.
Il n’y a pas plus obstiné qu’un chat.
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Mais les vagues sont douces comme des tigres, elles passent en faisant le gros dos et laissent derrière elles une écume blanche qui ressemble à de la dentelle. Elles crachent contre la pluie; elles pourraient m'emmener.
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Il y a tant de façons de dire adieu, celle-là était la pire, rester muette, mon enfant serrée contre moi, ne pas trouver un seule larme à lui offrir, pas un mot, même pas un semblant de sourire... J'ai peut-être posé le front sur la toile rêche de sa veste, respiré une dernière fois son odeur de vinaigre et de cumin, l'odeur de ma cuisine et celle de ma tante; j'ai peut-être trouvé là, dans ce souvenir des jours heureux, de quoi mouiller mes yeux.
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On ne vit plus, on vivote. Citation qui m'a marquée,je vous la partage...
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