Christophe Brusset

Il faut aussi savoir que, pour plus d'efficacité, les lobbies avancent masqués. Aucun ne débarque à Bruxelles en claironnant :"Salut, on est les gars du lobby du sucre" ou "Les bons pesticides de la mort, c'est nous." Les lobbies se présentent comme des "instituts", des "centres d'information", ou mieux, des "centres de recherche" et veulent faire passer leur propagande mensongère pour de l'information objective, forcément à haute valeur scientifique, voire carrément officielle.

Pour détruire les grappillons, éclaircir les vignes et réguler la maturation du raisin rouge (mais pour la vinification uniquement sinon ce n'est pas autorisé), vous avez le "Sierra", produit par Bayer, l'autre géant allemand, à base d'éthéphon. Celui-là, toujours selon le fabricant, "provoque des lésions oculaires graves, est corrosif pour les métaux et nocif pour les organismes aquatiques à long terme".

On en est maintenant rendu à simuler des défauts et imperfections sur des produits industriels pour faire croire que le plat vient juste d'être préparé en cuisine, ou que le fondant au chocolat ne sort pas d'un congélateur.

Ne croyez pas que les industriels, même spécialisés, fassent une meilleure nourriture pour vos enfants que vous mêmes. Vous pouvez tout à fait leur cuisiner facilement des biscuits aussi bons et surtout bien plus équilibrés.

Les grandes surfaces appliquent les marges qu'elles veulent sur les produits et pénalisent un maximum les produits de marque, notamment par le système des marges arrière.

Vous avez un pouvoir plus grand que vous ne l'imaginez. C'est votre argent qui intéresse les industriels et les grandes surfaces, donnez-le à ceux qui font de la qualité et l'on vous proposera davantage de qualité.

Sachez que les "bonnes affaires", dans l'alimentaire, n'en sont généralement pas. En tout cas pas pour le consommateur et sa santé.

C'est oralement que mon patron m'a demandé de broyer le piment avec des crottes de rats, d'acheter de l'origan qui n'en était pas, ou du concentré de tomates chinoises moisies.

[...] je ne connais personne qui mangerait la matière première que nous utilisons habituellement s'il la voyait.

Ainsi, il y a quelques années, l'Europe avait décrété un embargo total sur la production animale chinoise à cause de la présence massive d'antibiotiques interdits dans ses produits. [...] Il a suffi qu'un de nos fournisseurs vietnamiens, très futé, achète pour nous de la gelée royale en Chine, et nous la réexpédie avec un certificat d'origine vietnamien. Idem pour l'écrevisse, mais via la Turquie [...]

C'est dans les poudres, pour finir de brosser le tableau, qu'on trouve les supercheries les plus extrêmes. Certains fournisseurs sont sans scrupule, totalement fous. Ils n'hésitent pas à mélanger des ingrédients tels que de la brique pilée, des colorants interdits cancérigènes, des substances minérales ou métalliques, etc., dans des mélanges de poudres impossibles à identifier.

[..] ce n'est pas parce que la marchandise est de mauvaise qualité que nous sommes mécontents. Ce qui nous empêche de dormir, c'est d'avoir payé trop cher !

Faire du business dans la limite floue de la légalité était donc naturel, le seul interdit : se faire prendre.

La règle numéro un du marketing, c'est que tout le monde croit ce qui est marqué sur l'étiquette [...]

Une des règles essentielle du marketing c'est que l'idée que l'on se fait du produit est plus importante que le produit lui-même.

[...] tes cartons recyclés ont été faits en partie avec des emballages, des vieux papiers, des journaux, etc. qui contenaient des vernis, encres et autres molécules chimiques non alimentaires qui ont migré dans le produit.

[...]1991, est adopté le premier règlement européen de l'agriculture biologique alors limité aux productions végétales.
La réglementation sera étendue aux productions animales 24 août 2000.

Notre business pour les oignons et échalotes, c'était de les acheter frais en France, en Hollande, en Allemagne et en Pologne, et de les envoyer par camion dans des ateliers d'épluchage, en Pologne. Éplucher des oignons est un travail qui demande énormément de main d'oeuvre car pour un rendu parfait il ne peut pas être automatisé. Sachez donc que la plupart des oignons et échalotes cultivées en Europe sont envoyés en Pologne pour y être épluché à la main avant de revenir dans leur pays d'origine. Le coût du transport, ajouté au coup de la transformation réalisée en Pologne, est moins élevé que la même prestation faite directement sur les lieux de production, comme en Bretagne. Pas très écolo, mais c'est comme ça. Tous les oignons que l'on retrouve dans nos plats préparés industriels (sauce pizza salade soupe), des milliers de tonnes de bulbes sont épluchés par des petites mains de l'Est

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Nous pouvons aussi collectivement changer nos conportements

Cet exemple des serres chauffées illustre très bien le double jeu permanent de certains politiques. Pour bénéficier de quelques privilèges - financements, visibilité dans les médias, accès à certains cercles, soutiens divers, etc - ils doivent régulièrement satisfaire les lobbies. Cela s'appellent renvoyer l'ascenseur !
Mais ils ne peuvent pas aller trop ouvertement à l'encontre des exigences de leurs électeurs. Ce serait un trop gros risque de perdre sa place au prochain scrutin.