Citations de Claire Keegan (309)
" [Soeur supérieure du couvent ] Vos bateliers étaient-ils en ville cette semaine ?
-Ce ne sont pas mes bateliers, mais oui, nous avons eu l'arrivée d'une cargaison sur le quai.
-Vous ne voyez pas d'inconvénients à attirer des étrangers.
- Il faut bien que chacun naisse quelque part, dit Furlong.Jésus n'est-il pas né à Bethléem ?
- Je ne comparerais pas une seule seconde. Notre Seigneur avec ces individus-là."
"Les sœurs"
"Je vais te donner un conseil. Tu devrais essayer de ne pas sourire. Tu as une tête affreuse quand tu souris."
Betty n'a plus souri pendant des années, en ayant oublié cette remarque. Elle n'a jamais eu le sourire blanc de Louisa. Enfant, elle a souffert de bronchite et le sirop pour la toux lui a abîmé les dents. Tant de souvenirs affluent à sa mémoire. Maintenant elle peut penser par elle-même. Elle a mérité ce droit. Son père est mort.
Je suppose que j’ai mes raisons personnelles pour venir ici. Peut-être que j’ai besoin d’un peu de ce qu’a ma mère. Juste un peu. Juste une dose afin de m’immuniser. C’est comme une vaccination. Les gens ne comprennent pas, mais il faut regarder le pire en face pour être paré contre tout.
Je suis dans une situation où je ne peux ni être ce que je suis toujours ni devenir ce que je pourrais être.
Il est très rare que deux personnes veuillent la même chose à un moment précis de l existence. Quelque fois c est l aspect le plus dur de la condition humaine.
Elle disait que, si elle avait pu tout recommencer, elle ne serait jamais remontée dans la voiture. Elle serait restée et se serait prostituée plutôt que de rentrer. Neuf enfants, elle a mis au monde. Quand il lui a demandé ce qui l'avait poussée à remonter dans la voiture, elle a répondu : "L'époque l'imposait. C'est ce que je croyais. Je pensais ne pas avoir le choix."
"Au début, je n'arrivais pas à déchiffrer certains mots compliqués mais Kinsella plaçait son doigt sous chacun d'eux, patiemment, jusqu'à ce que je les devine, puis je l'ai fait toute seule jusqu'au jour où je n'ai plus eu besoin de deviner, et où j'ai continué ma lecture. C'était comme apprendre à faire du vélo : j'ai senti le mouvement, la liberté d'aller à des endroits où je n'aurais pas pu aller avant, et c'était facile".
Il semble opportun de chercher un souvenir heureux pour rendre la séparation plus difficile, mais rien ne se présente à ton esprit.
« Oh, n’est-elle pas là pour qu’on la gâte ? » (p. 54)
Le jour où on découvre que l'on a gâché dix ans de sa vie n'est pas une partie de plaisir. Et elle n'avait même pas envie de le frapper; elle voulait juste se gifler, elle.
Je parcours les marches jusqu'à l'eau. Je respire et j'entends le son que fait ma respiration à la surface immobile du puits, alors je respire plus fort un moment pour sentir ces sons revenir vers moi. Dans mon dos, la femme ne semble pas être dérangée par les respirations qui reviennent, comme si c'étaient les siennes.
[Monsieur] Kinsella prend ma main dans la sienne. Dès qu'il la prend, je me rends compte que mon père ne m'a absolument jamais tenu la main, et une partie de moi voudrait que Kinsella me lâche pour que je n'aie pas à éprouver cette sensation. C'est une sensation pénible mais progressivement je m'apaise et ne me préoccupe plus de la différence entre ma vie à la maison et la vie que j'ai ici. (p. 72)
Etre pêcheur c'est à peu près comme être serveuse. Des inconnus vous racontent toutes sortes de choses.
C'était le problème avec les femmes qui cessaient de vous aimer : le voile de l'enchantement se dissipait et elles voyaient clair en vous.
« À quoi nous mène la réflexion ? dit-elle. Réfléchir ne réussit qu’à nous décourager »
"La salope", a-t-il dit. Même s'il ne pouvait associer exactement ce mot à ce qu'elle était, c'était une chose qu'il pouvait dire, un nom dont il pouvait la traiter.
[...]
"Les foutues salopes." Ça sonnait mieux au pluriel, avec plus de force.
"Tu crois que je roule sur l'or ?" avait-il dit - et aussitôt senti la grande ombre du langage de son père traverser sa vie, en ce qui aurait dû être une bonne journée, voire l'une de ses plus heureuses.
- Les soucis de Mrs Wilson n'étaient-il pas éloignés des nôtres ? dit Eileen. Installée dans cette maison de maître avec sa pension et des pâturages et ta mère et Ned qui travaillaient sous ses ordres. N'était-elle pas l'une des rares femmes sur cette terre qui pouvaient faire comme elles voulaient ? »
Etait-ce possible de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s'opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétien, et se regarder en face dans le miroir ?