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Citations de Claire Keegan (308)


Tu n'es pas toujours obligée de dire quelque chose, reprend-il. Pense que la parole n'est une nécessité en aucune circonstance. Nombre de gens ont beaucoup perdu pour la seule raison qu'ils ont manqué une belle occasion de se taire. (p. 75)
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J'entends la voiture freiner sur le gravier dans le chemin, la portière s'ouvrir, et me voici en train de faire ce que je fais de mieux. Je n'ai pas besoin de réfléchir. Je pars comme une flèche et dévale le chemin. J'ai l'impression que mon coeur est entre mes mains plus que dans ma poitrine, et que je le transporte à toute vitesse, comme si j'étais devenue la messagère de ce qui se passe à l'intérieur de moi. Plusieurs images me traversent l'esprit : le garçon sur le papier peint, les groseilles, ce moment où le seau m'a entrainée sous l'eau, la génisse perdue, le matelas suintant, la troisième lumière. Je pense à mon été, à maintenant, surtout à maintenant.
Alors que je prends le virage, que j'atteins l'endroit où je n'ose pas lancer un regard, je le vois là-bas, qui replace l'attache sur la barrière, la referme. Ses yeux sont baissés, et il semble regarder ses mains, ce qu'il fait. Mes pieds frappent le gravier raboteux, la bande d'herbe abîmée au milieu de notre chemin. Il n'y a qu'une chose dont je me soucie maintenant, et mes pieds me mènent. Dès qu'il m'aperçoit, il s'interrompt et se fige. Je n'hésite pas mais continue à courir vers lui et le temps que je le rejoigne la barrière est ouverte et je me jette contre lui et il me soulève de terre. Longtemps, il me tient serrée Je sens le martèlement de mon coeur, ma respiration précipitée, puis mon coeur et ma respiration prendre des rythmes différents... J'ai les yeux fermés et je le sens lui, je sens sa chaleur à lui passer au travers de ses beaux habits. Quand je rouvre enfin les yeux et regarde par-dessus son épaule, c'est mon père que je vois, qui s'approche d'un pas résolu et régulier, son bâton à la main. Je me cramponne comme si j'allais me noyer si je lâchais prise, et j'écoute la femme qui semble, au fond de sa gorge, sangloter et pleurer tour à tour, comme si elle pleurait non pas pour un, mais pour deux.
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Pour obtenir le meilleur des gens, il faut toujours bien les traiter, avait coutume de dire Mrs Wilson.
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Les saisons ont passé et l'hiver est revenu. Ils sont partis en excursion, ont roulé vers le nord jusqu'à la Silent Valley et logé dans une petite pension de famille près de Newry. Ce soir là, pendant le dîner, elle a caressé le pied de son verre et lui a dit qu'elle ne pouvait plus supporter cette situation. S'il ne quittait pas la prêtrise, elle refusait de continuer à le voir de cette façon. Ils sont allés dans un musée de plein air le lendemain matin sur le trajet du retour, ont remonté les époques, de la cour et de la maison vikings aux crannogs* , et ont terminé par une tombe néolithique. Là, ils se se sont tenus au bord d'un lac artificiel où un bateau en bois rudimentaire était à moitié immergé. Des graines de pissenlit jonchaient la surface de l'eau. Une brise froide sifflait dans les roseaux, mais ils sont restés silencieux, enfermés dans la conscience que rien ne serait plus jamais pareil.

* Habitations fortifiées lacustres, en Irlande et en Ecosse, dont les plus anciens remontent à la préhistoire.
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Quand le vent souffle, des zones d'herbe haute se courbent, prennent des reflets argentés. Sur une bande de terrain, de grandes vaches frisonnes broutent tout autour de nous, tranquilles. Certaines lèvent la tête à notre passage mais aucune ne s'éloigne. Elles ont des pis gonflés de lait et de longs trayons. Je les entends arracher l'herbe à la racine. La brise, qui frôle le bord du seau, chuchote pendant que nous marchons. Nous ne parlons ni l'une ni l'autre, comme les gens se taisent parfois quand ils sont heureux.
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Maintenant, le prêtre se tient dehors et considère les alentours de la chapelle. C'est une journée fraîche, que le vent rend lumineuse. Des confettis ont volé sur les pierres tombales, le pavage, le long du sentier du cimetière. Sur l'if, un lambeau de voile frémit. Le prêtre lève le bras et le retire de la branche. Il lui semble raide, plus étrange qu'une soutane. Il aimerait, à présent, changer de vêtements et aller sur la route de campagne, franchir l'échalier et descendre en direction de la rivière. Là, dans la zone marécageuse entre les champs, sa présence ferait se disperser les canards sauvages. Plus loin au bord de la rivière, il se sentirait calme, mais, dès qu'il tourne la clé dans la porte de la chapelle, il affronte la rue où son devoir l'attend.
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Before long he caught hold of himself and concluded that nothing ever did happen again; to each was given days and chances which would’nt come back around. And wasn’t it sweet to be where you were and let it remind you of the past for once, despite the upset, instead of always looking on into the mechanics of the days and the trouble ahead , which might never come.

Bientôt, il se reprit et conclut que plus rien ne se répétait, jamais ; chacun recevait des jours et des chances qui ne reviendraient pas. Et n'était-ce pas agréable d'être là où l'on était , se laissant se rappeler pour une fois le passé , malgré les aléas , au lieu de toujours regarder la mécanique des jours et les problèmes à venir, qui pourraient ne jamais survenir.
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Était-ce possible de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s’opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétien, et se regarder en face dans le miroir ?
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Ta mère ne voulait pas une grande famille. Parfois, quand elle perdait patience, elle te disait qu'elle allait te fourrer dans un seau et te noyer. Petite, tu imaginais qu'on t'emmenait de force sur la rive de la Slaney, qu'on te mettait dans un seau et qu'on jetait le seau, qui flottait une minute avant de sombrer. Plus tard, tu as su que c'était seulement une figure de style, puis tu as pensé que c'était juste une chose horrible à dire. Les gens disaient parfois des choses horribles.
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Je suis dans une situation où je ne peux ni être ce que je suis toujours ni devenir ce que je pourrais être.
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Pense que la parole n’est une nécessité en aucune circonstance.
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Où est Dieu ? a-t-il demandé, et ce soir Dieu lui répond. Tout autour l'odeur âcre des groseilliers sauvages rend l'air piquant. Un agneau sort d'un profond sommeil et traverse le champ bleu. Là-haut, les étoiles nt pris leur place. Dieu est la nature.
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La voix de la jeune fille a changé lorsqu'elle a parlé de son pays. Elle parlait comme si elle pouvait tendre le bras à travers le passé et le toucher du doigt.
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« Là où il y a un secret […], il y a de la honte, et nos n’avons pas besoin de honte. » (p. 19)
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Tant de choses avaient une façon de paraître belles quand elles étaient un peu à distance.
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La marée haute avait échoué des débris, mais alentour ce n'étaient qu'épaisses couches de pierres luisantes, blanchies. Jamais elle n'avait vu des pierres aussi belles, cliquetant comme de la faïence de Delft sous ses pieds chaque fois qu'elle bougeait. Elle s'est demandé depuis combien de temps elles s'entassaient là et quel genre de pierres c'était; mais quelle importance ? Elles étaient ici, maintenant, de même qu'elle.
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Depuis peu, il avait tendance à se figurer une autre vie, ailleurs, et se demandait si ce n'était pas quelque chose dans son sang : ne se pouvait-il pas que son propre père ait été l'un de ceux qui avaient fichu le camp, soudain, et pris le bateau pour l'Angleterre ? Cela semblait à la fois approprié et profondément injuste qu'un pan aussi large de la vie dépende du hasard.
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Ils restent immobiles un moment à regarder la cour, et les voilà qui parlent de la pluie : la pluie manque, les champs ont besoin de pluie, le prêtre de Kilmuckridge a prié pour la pluie ce matin même, on n’a jamais connu un été pareil. Il y a une pause pendant laquelle mon père crache puis la conversation s’oriente vers le prix du bétail, la Communauté européenne, les montagnes de beurre, le coût de la chaux et des bains traitants pour les moutons. C’est une chose dont j’ai l’habitude, cette manière qu'ont les hommes de ne pas parler : ils aiment détacher une motte de terre d’un coup de talon dans l’herbe, donner une tape sur le capot d’une voiture avant qu'elle démarre, cracher, s’asseoir les jambes bien écartées, comme si ça leur était égal.
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Je porte mes yeux vers le large.Les deux lumières y clignotent comme avant, mais une autre, constante, brille entre elles.
" Tu la vois? demande-t-il.
- Oui, dis-je.Elle est là.
Et c'est alors qu'il me prend dans ses bras et me serre comme si j'étais à lui.
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"Tu n'es pas obligée de dire quelque chose, reprend-il. Pense que la parole n'est une nécessité en aucune circonstance. Nombre de gens ont beaucoup perdu pour la seule raison qu'ils ont manqué une belle occasion de se taire."
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