Autant vous le dire tout de suite, je ne sais pas trop quoi penser de ce roman. J’ai dévoré ses 640 pages (!) comme j’aurais binge-watché un drama familial à la télé, mais je n’ai pas aimé les personnages, et l’accumulation de tragédies, de névroses et/ou de comportements mesquins m’a franchement gonflée par moments.
Le sujet, pourtant, était intéressant ; j’ai toujours pensé qu’il est plus facile de se construire en opposition par rapport à ses parents (parce qu’on n’a pas les mêmes valeurs, par exemple) que de les mettre sur un piédestal. Ici, les quatre filles Sorenson peinent à s’épanouir dans leur maternité ou dans leur couple parce qu’elles croient qu’elles n’arriveront jamais à la cheville de leur mère, qui a abandonné ses études pour les élever, ou qu’elles ne pourront jamais connaître le même bonheur que leurs parents qui continuent de de se désirer au bout de 40 ans.
Ce pourrait être valide et, encore une fois, intéressant, sauf que les 4 sœurs réagissent de manière hyper puérile et égocentrique, ce qui m’a souvent empêché de ressentir de l’empathie ou de la compassion pour elles. Le pire, c’est que nous, lecteur.ices, nous savons que le couple de David et Marylin est loin d’être parfait et a connu son lot de difficultés, car l’autrice nous emmène au cœur de leurs pensées et de leur intimité. Mais alors même qu’ils se prennent en pleine figure les reproches de leurs filles, ils ne protestent pas, ils encaissent en silence. J’ai trouvé ça frustrant. Tout comme j’ai trouvé frustrante la manière dont chacune des filles torpille sa propre vie.
Malgré tout, j’ai mis trois étoiles (sur cinq) à ce roman parce que l’histoire reste suffisamment prenante pour qu’on ait envie d’en connaître la fin. Je l’ai lu dans le cadre du book club de ma copine Armalite et, comme elle, j’ai davantage apprécié la fin. Je suis d’accord aussi avec les commentaires des autres lectrices. Comme Elmaya, j’ai beaucoup aimé la construction de ce récit à plusieurs voix qui se déroule sur plusieurs époques. Etant quasiment du même âge que Wendy et Violet, j’ai eu des flashbacks de mon enfance et de mon adolescence, et ça, c’était plutôt agréable. Et comme VéroZéroSept, j’ai apprécié que tous les personnages soient très attachés à leur famille et que cette profonde affection leur permette de surmonter les rancœurs et les coups de gueule. C’est précisément ce qui manque à ma famille d’origine et ce que j’espère arriver à cultiver au sein de celle que j’ai construite. (Je ne voudrais pas trop m’avancer mais, au vu de notre complicité avec nos deux ados, j’ai l’impression que c’est bien parti.)
Pour conclure, on ne peut pas dire que Tout le bonheur du monde soit un mauvais livre, loin de là, mais ses qualités peinent à compenser ses défauts, et c’est bien dommage.
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