Citations de Claude Arnaud (139)
Empêchée de jaillir, la sève s'écoule en moi, inonde mon organisme, empoisonne mes pensées. Je suis bon pour les conseils d'un psy et l'amour d'une mère, mais la mienne n'est plus. J'ai tout perdu.
Il aura été bien utile, l'art du portrait. (...) C'est en partie grâce à lui si nous sommes susceptibles d'empathie : en éclairant notre intériorité, il nous a constitués en tant qu'espèce sensible.
On a parfois l'impression, lisant Hugo, de voir un peintre écrire ou un sculpteur oeuvrer. Sa plume tourne au pinceau avant de revenir graver son modèle : tout prend couleur et relief, sous sa main, l'être d'encre et de papier se fait chair et muscles.
On lit sans déplaisir Custine, car son ouvrage (La Russie en 1839) donne l'illusion d'une unité à défaut d'un savoir : plus le portrait est riche en clichés, plus il exerce une force d'attraction sur notre ignorance. Mais Paris ne se résume pas à la Tour Eiffel, ou à l'agressivité de ses habitants.
Il est du bonheur comme les montres, les moins compliquées sont celles qui se dérèglent le moins, disait Chamfort.
Il est plus aisé de connaître l'homme en général que de connaître un homme en particulier. (La Rochefoucauld)
Monsieur de Chateaubriand croit qu'il devient sourd parce qu'il n'entend plus parler de lui. (Talleyrand)
On peut quitter le monde à condition que le monde le sache. (Sainte-Beuve)
La foule est trop légère, trop inattentive pour se donner le temps, lorsqu'elle n'est pas avertei, de voir les individus tels qu'ils sont. (Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand)
(...) mais on disait que j'étais un homme immoral, un homme peu sûr, deux épithètes heureusement inventées pour insinuer les faits qu'on ignore, et laisser deviner ce qu'on ne sait pas. (Adolphe, Benjamin Constant)
Les sots font de leur morale une masse compacte et indivisible, pour qu'elle se même le moins possible avec leurs actions, et les laisse libres dans tous les détails.
(Adolphe, Benjamin Constant)
En sachant dire sa nature floue, changeante, irréductiblement rétive au dressage, Montaigne aura ouvert la porte au doute intellectuel et au scepticisme religieux.
Mon opinion est qu'il faut se prêter à autrui et ne donner qu'à soi-même. (Montaigne)
Pages 181-182
« J’entrais dans le vaste bureau. Je le trouvais, comme d’habitude, à la fois prodigieusement endormi et éveillé, voix toujours douce et bon sourire. Éternel Gaston. J’ai vu, dans les couloirs et bureaux de l’auguste NRF, vieillir les troupes et la garde du patriarche. »
Portrait de Gaston Gallimard par Jean Cau.
On aurait tort de croire que Proust aima sa mère : au sens plein du terme il n’aima jamais qu’elle et se sera véritablement aimé de personne d’autre
Fils abusif qui empêcha sa mère de cesser de le couver
Quoique moins opaque que l'enfance, l'expérience adulte pourrait bien être la plus inquiétante des vies successives que mène un homme, du fait de son aptitude diabolique à la soumettre à la réalité.
-Le Magazine littéraire n°530-
Sans doute n’étions-nous pas faits pour construire. Indemnes de tout esprit pionnier , nous préférions briser ces codes et ces convenances qui irritent tant l’esprit rebelle , mais qui rassurent tant ceux qui manquent d’audace et de singularité , au point de voir dans la normalité un idéal presque inatteignable .(…)
Cette époque pourra faire figure de paradis perdu par sa grandiose insouciance (…) Je n’éprouve pas de nostalgie , au tournant des années 80 ; le passé paraît toujours plus insouciant et rieur qu’il ne fut : il n’angoisse plus pour avoir déjà été vécu. »