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Critiques de Claude Duneton (43)
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Le monument

Un livre profondément émouvant, humain. Dans le petit village de Corrèze dont Duneton était originaire, 27 nom figurent sur le monument aux morts de 14/18, 26 enfants du village, plus un pauvre batard, garçon de ferme, dont le nom a été rajouté après coup. Si ma mémoire est bonne, le père de l'auteur est le seul à en être revenu, brisé, aigri, méchant. Un livre historique qui restitue l'ignorance des petits paysans, leur courage et leur ardeur à se battre les premiers jours, la rapidité avec laquelle les premiers sont fauchés, la hargne des survivants, ceux qui se mettent à aimer la mort, à la défier... Les retours en permission,les enfants qu'on ne connaîtra pas les départs dont on ne revient plus, la boue des tranchées, le froid, la mort, la mort, la mort...

Duneton, avec se grande générosité, a reconstitué simplement, honnêtement, la pauvre vie et les conditions de la mort de chacun d'entre eux. En linguiste, il insite sur le fait que ces gamins ne parlaient pas la langue française, mais un patois occitan, peut être une des raisons pour lesquelles ils n'ont pas tout de suite compris ce qui leur arrvait.

Ce livre est un hommage touchant à cette génération de" condamnés", " les sacrifiés", comme disait la chanson de Craonne.
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Le monument

L'auteur fait revivre ces "vies minuscules" (1) dont les noms sont inscrits sur le monument aux morts de son village corrézien.

Un livre superbe.



(1) j'emprunte cette belle expression, que je trouve ici particulièrement appropriée, à Pierre Michon.







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Le monument

C'est un livre profondément humain et émouvant.

Claude Duneton fait revivre les victimes de la première guerre mondiale, celles, originaires de son petit village de Corréze ,:Lagleygeolle.

A partir des vingt-sept noms de soldats gravés sur le monument aux morts, en alliant des documents et des témoignages il reconstitue avec talent leur histoire .:

Instituteurs., cultivateurs, forgerons.

Autant de souffrances, d'espoirs, d'amours, de miséres, grâce aussi au destin d'un survivant : le père de l'auteur:Jacques Duneton.qui reviendra marqué par la vie dans les tranchées.

Je conseille ce livre très touchant .C'est un Roman Vrai.

Vivant près de Verdun, pensant à mon grand- pére, j'ai été très touchée!
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Le monument

Lagleygeolle en Corrèze, terre natale de Claude Duneton. Dans ce petit village où je suis allée après avoir lu le livre, il y a effectivement 27 noms qui figurent sur le monument aux morts (dont j’ai fait aussi la photo) de 14/18, 26 enfants du village, plus un pauvre batard, garçon de ferme, dont le nom a été rajouté beaucoup plus tard. Claude Duneton a choisi de retrouver et de faire revivre, un à un, ces garçons perdus dont les traces sur la stèle l'accompagnent depuis son enfance. Eux et leur famille. Presque tous ne parlaient que le patois du village, ne comprenant pas les ordres reçus, une vraie tragédie. Ils étaient partis sans finir les moissons, dans l'espoir de revenir assez tôt pour les vendanges. Rien de tout cela, des années d’absence, ou d’absence définitive. Un livre historique qui restitue l'ignorance des petits paysans, leur courage et leur ardeur à se battre les premiers jours, la rapidité avec laquelle les premiers sont fauchés, et puis les gaz, la maladie. Les retours en permission, les enfants qu'on ne connaîtra pas, les départs dont on ne revient plus, la boue des tranchées, le froid, la mort, la mort, la mort. Difficile de résumer en quelques phrases la densité humaine et dramatique de ce livre. Duneton s'est laissé guider par eux, autant que par son propre père, un survivant plein d'amertume et de haine pour les officiers militaires qui ont mené cette boucherie. Ce livre est un hommage vibrant à cette génération de condamnés, les sacrifiés, comme disait la chanson de Craonne. MAGISTRAL.
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Le monument

Claude Duneton a réalisé deux objectifs. Raviver la mémoire des jeunes corréziens tués au combat mais aussi faire revivre leurs familles, leurs villages de la jeune commune de Lagleygeolle au pays de Meyssac.

On revois donc défiler les drames sur le front et le tableau de la société rural traditionnelle finissante du Bas-Limousin. A lire absolument!
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Le monument

Duneton Claude - "Le monument" - publié une première fois en 2004 chez Balland, réédité en 2010 dans une nouvelle édition augmentée aux éditions Presses de la Cité (ISBN 978-2-258-08609-8).



Impressionnant.

Ecrivain, historien de la langue, auteur de "la puce à l'oreille", Claude Duneton est né en 1935, dans un petit village de Corrèze, à Lagleygeolle. Le 11 novembre 1964, pendant la cérémonie de commémoration de l'armistice qui mit fin à la Grande Tuerie, il voit son père, ancien poilu, entrer dans une colère folle en entendant le discours convenu des officiels. Il se met à hurler, à gesticuler, "la cérémonie du souvenir lui apparaissait de plus en plus comme un trait d'humour noir."



En terminant son "roman vrai" fin août 2003, après trois années de labeur acharné, son fils écrivain tombe malade : il vient de passer des jours et des nuits en compagnie des poilus de cette commune-là, ce tout petit village, en compagnie de ces hommes qui sont allés se faire massacrer loin dans le Nord, eux qui ne parlaient pas encore tous le français. Claude Duneton a arpenté les archives militaires et civiles, il est allé sur les lieux même de l'horreur, il a refait le chemin de croix des poilus, il rend à chacun de ces hommes son destin particulier avec un immense respect.



Je dois dire que je l'ai lu à petites doses, à petits pas, sur plusieurs semaines, chapitre par chapitre. Sur la guerre 1914-1918 elle-même, sur les conditions de (sur)vie épouvantables des soldats, je n'ai rien appris de bien nouveau. Toutefois, ce «roman vrai» montre tout ce que peut faire un historien, un descendant, pour reconstituer au plus près le destin d'un poilu particulier. Le ton est infiniment juste, sans pathos, au ras des évènements. Sur une autre période, dans une autre tonalité, la démarche de l’auteur fait penser aux «Disparus» de Daniel Mendelsohn.



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Les Origimots

Alors que la mort de l’écrivain Claude Duneton est passée plutôt inaperçue ou, à tout le moins, sans qu’elle soit signalée autant qu’elle le méritait, j’ai eu envie d’ouvrir un livre que j’ai acheté lors de sa sortie et qu’il n’a cessé de renouveler depuis sa première édition en 1978, La puce à l’oreille.



J’ai donc ouvert au hasard l’édition qu’a publié Balland en 2001. Et chaque page est un ravissement pour tout amoureux de la langue, pour toute personne curieuse de découvrir comment certaines expressions qui ont la vie dure ou qui sont entrées en désuétude ont été « inventées » de toutes pièces ou graduellement. Car La puce à l’oreille traque les expressions imagées et leur histoire, ce qui en fait un formidable dictionnaire qu’on peut laisser traîner à la maison ou au travail afin de pouvoir le consulter, s’en inspirer ou sans y chercher une expression en particulier. Pour le plaisir simple d’apprendre.



Damer le pion, porter le chapeau, rouler un patin, rire jaune, passer l’arme à gauche, tenir la dragée haute, un coup de théâtre, un chien regarde bien un évêque, un rhume carabiné, payer en monnaie de singe, ménager la chèvre et le chou, se tenir à carreau, voilà quelques-unes des expressions sur lesquelles ce dénicheur d’expressions et historien de la langue s’est pencée le temps de ce livre exceptionnel qu’est La puce à l’oreille. Un livre que j’ai offert, que j’ai suggéré à des clients du temps de ma vie de libraire et qui demeure parmi les titres de ma bibliothèque un de ceux dont je ne me séparerai pas.



Consulter La puce à l’oreille m’a donné envie de me plonger dans un livre du même genre que l’auteur du Bouquet des expressions imagées a destiné aux jeunes : Les origimots. Au lieu de s’intéresser aux expressions et à leur provenance, le livre Les origimots, mot créé par l’association du mot origine et de mot, est un livre consacré à l’étymologie de certains mots courants de la langue française qui tirent leur origine de mots empruntés pour la plupart à d’autres langues et déformés avec le temps, parce que les mots furent d’abord dits avant d’être écrits avec l’arrivée de l’imprimerie.



Convenons-en d’entrée de jeu, ce titre n’a pas la qualité de La puce à l’oreille. Il fait même preuve, à certains égards, parce qu’il se veut ludique en même temps qu’informatif, d’un peu de relâchement face à l’Histoire. Ainsi, une partie du résumé concernant le 20e siècle : « Il fut particulièrement riche en événements de toutes sortes et il connut plusieurs républiques. Les Français et les Allemands se fâchèrent d’abord dans une guerre gigantesque et cruelle que l’on appela la Grande Guerre. Elle fit des millions de morts que l’on a inscrits sur des monuments partout en France, et autant de handicapés. Les deux pays firent la paix, mais ils étaient tellement fâchés qu’ils recommencèrent a se battre, et à organiser une autre guerre affreuse, qui s’étendit au monde entier, avec encore plus de partout. »



Duneton aurait mieux fait de ne pas s’aventurer sur des terrains autres que linguistiques. Ce que vous venez de lire en est la preuve. Mais pour ce qui est des mots qu’il a décortiqués dans ce livre illustré par Nestor Salas, voilà une belle réussite.



L’univers de Duneton, à (re)découvrir.
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Les Origimots

Ce petit livre d'étymologie destiné au grand public plaira certainement aux collégiens et lycéens curieux de la langue française. Sous forme d'un voyage dans le temps, avec de nombreuses illustrations comiques qui mettent en scène le mot avec son sens étymologique, il m'a en tout cas conquise.
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Loin des forêts rouges

L'auteur est le fils d'un paysan communiste du Limousin. Son enfance a été bercée du mythe de l'URSS, paradis des ouvriers et des paysans. En 1991, à l'occasion d'un séjour en Russie il loue une chambre chez Tamara qui lui raconte son enfance difficile au pays des soviets, la famille de cinq personnes logée dans une seule pièce. Claude Duneton découvre alors que les lendemains qui chantent n'étaient qu'une illusion. Cette découverte peut se comparer à ce que serait pour un croyant celle de la preuve que Dieu n'existe pas. Il éprouve un sentiment de trahison. Ceux qui savaient et qui ont menti au peuple sont pointés et en prennent pour leur grade : Maurice Thorez et surtout Jean-Paul Sartre.



Un petit livre écrit dans un Français coloré d'expressions populaires, un style auquel je n'accroche pas vraiment. C'est facile à lire, ça a du faire du bien à Claude Duneton de l'écrire mais je trouve que ça n'apporte rien de nouveau au sujet. Je n'ai pas attendu 1991 pour savoir que l'URSS de Staline était un Etat totalitaire.
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Loin des forêts rouges

J’ai retrouvé ce petit livre dans ma bibliothèque où je l’ai oublié de nombreuses années. Je garde de Claude Duneton le souvenir ému d’un récit qui m’avait transportée avec bonheur au pays de l’enfance de Louis XIV: «  Louis XIV dit le petit » je garde aussi le souvenir d’un amoureux gourmand de la langue française dont il se targuait de prendre la défense contre vents et marées.

Rien de tel dans cet essai court, dans lequel il relate un voyage à Saint Petersbourg au moment de l’effondrement de l’Union soviétique. Au fil d’un dialogue avec sa logeuse, Claude Duneton s’appuie sur les ruines de l’état soviétique pour faire le procès d’un système , condamné à mort par sa perversion idéologique et politique, une mort bel et bien confirmée en 1991, et dont nous ne finissons pas de conter les cadavres.

A cette condamnation il ajoute celle des aveuglements à ses yeux complices, des partis communistes occidentaux, plaçant au premier plan les certitudes de son père, d’un avenir radieux avec le socialisme de l’est de l’Europe.

Le constat est accablant, pas question pour le lecteur de le remettre en question. Toutefois, j’ai été étonnée que cette dénonciation ne s’appuie pas davantage sur un peu d’humanisme. Non pas pour regarder les appareils et les systèmes mais bien pour regarder les hommes et les femmes qui ont placé leurs espoirs dans ce futur d’une société sans classe, que l’on sait désormais mort et bien mort. J’en appelle aux écrits de Vassili Grossman, jusqu’aux plus pessimistes comme « Tout passe, écrit après « Vie et destin », il savait y rendre justice à la sincérité des espérances, même chose pour l’essai de Svetlana Alexiévitch dans « La fin de l’homme rouge » qui sait si bien donner la parole aux vaincus en évoquant elle aussi cette même sincérité.

Aujourd’hui notre monde est frappé d’immobilisme, les puissants y manient l’exclusion, les illusions du passé n’existent plus, elles n’ont pas été remplacées.

J’ai refermé ce petit livre avec un puissant sentiment d’impuissance.

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Parler Croquant

Je recommande à tous les amoureux de notre langue la lecture de cet excellent ouvrage qui, comme tous les livres du très regretté (par moi, en tous cas) Claude Duneton parle à la fois au coeur et à la raison et cette lecture est encore plus indispensable en un temps où un prétendant à la charge suprême de notre République s'abaisse à parler globish/anglais en terre allemande . Bel exemple se soumission eût pu dire Houellebecq .
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Parler Croquant

Tout commence avec le récit de son expérience d’enfant, où, en tant que rural du sud parlant l’occitan dans sa vie de tous les jours, il se voit imposer à l’école l’apprentissage du français comme une langue étrangère, avec force humiliation, et dans le mépris de son « patois » quotidien, à l’identique de ce qu’ont connu les bretons, cf Le cheval d’orgueil de Pierre Jakez Elias.

La thèse de C. Duneton est que la langue française a été développée pendant trois siècles au sein de la bourgeoisie élitiste, puis imposée d'en haut à l'ensemble des Français, au détriment des langues régionales du territoire français. Il écrit comment l'État français, aidé par la trahison des prétendues élites, a fait pour tuer les langues (en disqualifiant la culture qu'elles véhiculent) des territoires tombés dans son giron.

Devenu la langue de la République, ce français est diffusé dans tout le domaine occitan, les instituteurs en seront la main armée, eux-mêmes, provenant de souche populaire, se montreront irritables, voire violents envers leurs apprenants. Il écrit : "deux cercles se perpétuent en France : celui de l’élite qui possède le langage et celui du peuple français en général qui ne le possède pas. Les deux « communautés » tournent en rond sur elles-mêmes et ne se pénètrent pour ainsi dire jamais". " Imposture historico-politique ", " langue de bourgeois, qui oblige à penser bourgeois ", " langage d’archevêque ".

Voilà les accusations que Duneton profère envers la langue française dans son état actuel. Pas du tout consensuel !


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Parler Croquant

Parler croquant" est un manifeste souriant et plein de verve contre la langue française d'aujourd'hui. Claude Duneton nous fait prendre conscience, avec preuves à l'appui, de l'apauvrissement de notre langue, dû à la dictature des élites. Ce n'est pas une thèse universitaire ennuyeuse. Bien au contraire. C'est un ouvrage vivant, ouvert à un très large public grâce à une écriture simple et directe, avec des mots de tous les jours. Lorsqu'on a terminé ce livre, on ne peut qu'adhérer avec enthousiasme aux vues de Claude Duneton qui s'élève calmement contre tous les jargons et les jargonneurs qui font florès dans les milieux dits intellectuels.
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Petit Louis, dit XIV

Une façon bien originale de découvrir Louis XIV. C’est toute son enfance qui sert de fil conducteur. Cependant, l’histoire commence bien avant sa naissance. Une naissance tant attendue qui a dû passer des obstacles tant de conception que de diplomatie.



J’ai aimé ce roman pour son dynamisme, son originalité et sa richesse.



Nous sommes dès le début plongé dans l’ambiance de cette époque. La grande Histoire et l’histoire plus intime des grands personnages de cette période se croisent. L’auteur s’appuie d’ailleurs sur les mémoires d’un favori de la Reine, nommé De La Porte, qui apporte beaucoup d’authenticité. Nous entrons dans les coulisses du Royaume et suivons les relations entre Louis XIII, Anne d’Autriche, Richelieu, Mazarin et bien d’autres personnages. Le contexte religieux y est aussi très bien décrit. On comprend alors dans quel contexte Petit Louis est arrivé, l’enfant tant désiré de ses parents et de la France entière.



S'y rajoute tout au long de l'histoire des anecdotes intéressantes qui nous font découvrir Louis XIV et le rend plus proche.



J'ai aimé le dynamisme du roman et sa richesse sur l'histoire de cette époque.




Lien : http://unepauselivre.over-bl..
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Petit Louis, dit XIV

Une extraordinaire évocation de l'enfance de Louix XIV.

Un roi que l'on croit connaître mais que l'on comprend mieux à la lecture de ce livre.
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Petit Louis, dit XIV

Claude Duneton dresse une longue fresque sur une courte période de l'histoire française: les années 1637-1643. En fait, ça commence à peu près au moment de la conception (difficile) du futur roi Louis XIV et ça finit avec la mort de son père. Cette période charnière est relativement bien connue des Français. Dans le roman, absolument tout le Gotha français nous est présenté. D'abord la célèbre Anne d'Autriche qui, comme chacun sait, était Espagnole et fière de l'être, au moment crucial de l'affrontement entre l'Espagne et la France; ses suivantes, dont certaines (comme Marie de Hautefort) sont passées à la postérité; et son fidèle La Porte, qui n'hésite pas à se mettre en danger pour aider sa reine. Mais il y a aussi le redoutable cardinal de Richelieu, dominant le faible roi Louis XIII et implacable à l'égard de ses ennemis (qui sont aussi les ennemis de la France). Et également les grands princes, les courtisans, les comploteurs et toutes les petites mains… Quant à "Petit Louis", le très jeune dauphin, il prend une place croissante dans le livre et C. Duneton rapporte moult anecdotes charmantes ou amusantes à son sujet.

C'est un monde foisonnant dans lequel l'écrivain nous entraîne avec ce gros volume. Pour dire franchement, c'est même trop long et trop détaillé à mon goût. Il y a quelques morceaux de bravoure, comme la mort du premier ministre (1642), par exemple. Mais j'ai trouvé aussi des longueurs dans le roman. Au fond, je n'ai pas tout à fait adhéré au projet de Duneton, qui a vraiment souhaité immerger complètement le lecteur dans ce XVIIème siècle si éloigné de notre temps. Cette distance, l'auteur nous la fait sentir de diverses manières. Notamment quand il évoque les étranges contrastes d'humeur des hommes d'autrefois, capables d'assister à des exécutions capitales sans le moindre état d'âme et, à côté de ça, sujets en public à de sincères chagrins et à des crises de larmes. J'ai aussi noté les différences d'appréciation sur certains événements particuliers, dans ce livre. Par exemple, l'auteur donne volontairement deux versions opposées de l'exécution du favori royal Cinq-Mars: dans la première, on insiste sur la grandeur d'âme et sur la mort "sans bavure" du condamné; l'autre version décrit au contraire une mise à mort qui ressemble à une ignoble boucherie. Comme quoi, diverses légendes se formaient spontanément, au risque de pervertir la réalité. Quoi qu'il en soit, ce long roman historique a de la valeur; mais j'ai l'impression qu'il n'est plus lu aujourd'hui.

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Petit Louis, dit XIV

Si vous êtes un amoureux de la langue française vous connaissez sans doute Claude Duneton (1935-2012). Cet occitan bon teint n’a jamais cessé de militer depuis les années 70 jusqu’à sa mort pour une langue française puisant ses racines dans le peuple et dans l’originalité et la richesse des langues régionales (« Parler croquant » – 1973). Son autre cheval de bataille est l’enseignement du français, selon lui trop inféodé à une tradition sclérosée, conformiste et soumise aux préjugés de classe (« Je suis comme une truie qui doute » – 1976, « A hurler le soir au fond des collèges » – 1984). On lui doit une (indispensable) anthologie des explications populaires avec leur origine (« La Puce à l’oreille » - 1978), quelques romans, quelques essais, et deux ouvrages historiques qui valent le détour : « Petit Louis dit VIV, l’enfance de Roi-Soleil » (1985) et « Le Monument » (2004) où il fait revivre les victimes de la Première Guerre mondiale originaires de Lagleygeolles, son village natal (Corrèze) qui figurent sur le monument aux morts.

Comme l’indique le sous-titre, ce livre, entre roman et reconstitution historique, relate la naissance et la petite enfance de Louis XIV, destiné à devenir le plus grand roi français de l’Ancien-Régime. L’auteur a construit son œuvre à partir des mémoires de Pierre de La Porte, porte-manteau ordinaire de la Reine, puis premier valet de Louis XIV enfant. Ce nom vous dit quelque chose ? Je pense bien, c’est un des personnages des « Trois Mousquetaires » et de « Vingt ans après ». C’est le parrain de Constance Bonacieux.

L’histoire commence bien avant la naissance du Petit Louis : ce n’est un secret pour personne, depuis vingt-trois ans que le roi et la reine sont mariés, pas un rejeton royal n’a montré le bout de son nez. Quand enfin, le 5 septembre 1638, celui-ci se décide enfin à paraître, on l’appelle Louis-Dieudonné. Forcément, c’est un don du ciel, (il a quand même mis un moment Dieu, pour donner un fils à la Maison de France !) Le petit prince est en fait un gros poupon, qui ressemble bien plus à Gargantua qu’au petit Jésus. Il a déjà cet appétit féroce qu’il gardera tout au long de sa vie.

A partir de là, les mémoires de La Porte sont le fil conducteur d’une véritable épopée. Car ne croyez pas que le petit Louis soit élevé dans la soie et la pourpre avec des serviteurs pour le moindre de ses caprices, faut pas croire, c’est pas Versailles tous les jours. Entre son père (le roi Louis XIII) sujet à des colères terribles, sa mère plus espagnole que française, le cardinal Mazarin dont la générosité n’est pas la qualité dominante, les bruits de couloirs, les complots, les conspirations, les peurs nocturnes et diurnes, et quelques bons moments aussi avec les jeux et les chansons avec des mini-courtisans…

Claude Duneton, avec une plume magnifique qui allie la vivacité d’un Alexandre Dumas, l’érudition d’un Alain Decaux ou d’un Lucien Bély (l’auteur du « Dictionnaire Louis XIV »), et sa propre contribution avec un langage populaire où fleurent bon les expressions de terroir, nous entraîne dans un roman passionnant, sans temps mort, même si parfois les considérations historiques (nécessaires) alourdissent un peu la trame du récit, sans en altérer ni la profondeur, ni l’enthousiasme.

Le livre à lire pour qui veut approfondir cette période d’histoire, où l’on comprend mieux que certaines décisions de Louis XIV adulte ne venaient pas toutes d’un esprit dirigiste et dictatorial, mais étaient peut-être un écho lointain d’une enfance pas comme les autres…

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Petit Louis, dit XIV

Une relecture mais quel bonheur ! Cette langue qui fleure bon (euh... les descriptions des effluves nauséabondes "ordinaires", lorsque par exemple le futur Louis XIV , son "féfé" et sa mère quittent Paris pour prendre leurs quartiers à Saint-Germain, au château Neuf, dans un état indescriptible également, après que la menace de Louis XIII de lui retirer la garde de ses enfants ait plané sur la Reine...) l'ambiance de ce siècle de l'enfance d'un de nos rois les plus connus... C'est un véritable plaisir que de se plonger dans la vie de cette époque et dans ce que fût l'enfance de Louis XIV . Les caractéristiques de sa vie d'adulte prenant racine à ce moment-là sont patentes et cet ouvrage est remarquablement écrit. Passionnant. Un livre déjà ancien mais qui a bien fait de rester dans ma bibliothèque !
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Petit Louis, dit XIV

Claude Duneton nous "raconte" l'histoire de l'enfance et la jeunesse de Louis XIV, Ce livre historique, et romanesque, est une épopée fulgurante. Un chef-d'oeuvre pour les lecteurs, passionnés par l'histoire de France,
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Petit Louis, dit XIV

J'ai beaucoup aimé ce livre. Une écriture savoureuse.
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