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Critiques de Cynthia Fleury (113)
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Métaphysique de l'imagination

Dans la Métaphysique de l’imagination, l’imagination est une âme ; les images sont, selon Bachelard, les » métaphores de la vie « .



L’Orient et l’Occident s’absentent de la géographie pour devenir les pôles métaphysiques de la pensée. C’est quand l’imagination devient principe de réalité et d’événement que l’âme quitte son exil occidental pour accomplir son » lever » oriental. On approche alors d’un monde imaginal, situé entre sensible et intelligible, entre spiritualité et corporalité.



C’est à la lumière de Sohravardî et en essayant de saisir la pensée de l’Imâm que l’auteur tente d’accéder à l’essence de l’imagination poétique, où la Révélation côtoie l’Intelligence. C’est grâce à Blanchot et à son interprétation de l’écriture et de la lecture qu’elle entrevoit le face-à-face ultime avec la lumière de l’autre : la source d’où émane la connaissance de soi. C’est avec Ibn Arabi, Rûzbehân, Kant, Lévinas et Rilke que l’auteur fait l’apprentissage de l’imagination poétique et créatrice… Cette démarche définit une » impiété filiale » qui se révèle être la véritable fidélité à l’Un.



En vous proposant de partager son sillon, l’auteur vous convie à devenir le pèlerin de ce voyage dans le réel qu’est l’imagination.
Lien : http://ecartsmbh.wordpress.c..
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Le soin est un humanisme

Un opus publié dans la collection « tracts » de chez Gallimard, 48 pages … (une lecture qui convient parfaitement pour le challenge riquiqui) … mais ce n’est pas le nombre de caractères qui rend la lecture aisée. Un opus extrêmement dense que j’ai essayé de comprendre et d’intégrer et dont je vais tenter de mettre en exergue quelques points significatifs ainsi que quelques réflexions personnelles sur les sujets abordés.

L’autrice cite de nombreux philosophes, propose de nombreuses références, toutes semblent intéressantes et j’aurais bien envie de me documenter davantage en en lisant quelques-unes mais soyons honnête, je n’aurai jamais le temps de tout lire.



1. Il est donc question, en paraphrasant Sartre et son : « existentialisme est un humanisme » d’une réflexion sur le soin qui est un humanisme. Qu’est-ce qu’un humanisme ? : il s’agit d’une doctrine qui place la personne humaine et son épanouissement au-dessus de toutes les autres valeurs (cf. Le Robert).



Parce qu’il n’y a pas de maladie mais seulement des sujets qui tombent malades et la reconnaissance de cette subjectivité est la seule opérationnelle pour la production d’un soin. (page 30)

Dans cette optique l’autrice propose de faire entrer la philosophie à l’hôpital, en créant une chaire dont l’objectif est de divulguer des enseignements mais aussi de répondre, de participer à la réflexion. Le grand mouvement des humanités au GHU Paris, regroupe la philosophie, le design, la psychanalyse, l’art thérapie ..

L’autrice insistant sur le fait que les soignants, les médecins, sont formés à la théorie, aux gestes techniques, mais peu à l’empathie, à l’écoute du patient. Peu formés, peu de temps pour s’y intéresser une fois en poste, en proposant ces cours, elle propose (page 23) « de définir des approches cliniques de la sollicitude et de la prudence . …Articuler savoir-faire et savoir-être est déterminant pour créer l’optimisation du soin, les conditions d’acceptabilité du traitement et de son observance, comme les conditions du rétablissement qui peuvent en découler ». La philosophie doit être à disposition des services hospitaliers, elle ne doit pas rester à l’université.



2. Prendre soin des patients, en les rendant capacitaires Page 7 : « il faut se soucier de rendre « capacitaires » les individus, c’est-à-dire de leur redonner aptitude et souveraineté dans ce qu’ils sont ; comprendre que la vulnérabilité est liée à l’autonomie. »

Un individu malade est un individu vulnérable, qui potentiellement perd en autonomie, a besoin d’aide pour s’en sortir.

Bien soigner serait d’essayer de faire valoir chez le patient une capacité d’autosoin pour qu’il devienne une ressource et non pas un assisté.

En proposant de les rendre capacitaires, il me semble que l’autrice propose qu’ils fassent moins appel aux soins extérieurs puisqu’ils pourront poser quelques actes par eux-mêmes, puisqu’ils sauront comment faire pour se soigner de façon autonome.

Ce faisant, cela résoudrait une partie des difficultés puisque moins en attente d’un personnel soignant, celui-ci serait moins sollicité pour des broutilles et pourrait par conséquent se consacrer à des soins plus importants.

Je m’interroge sur cette vision de capacités. Certes, si une personne sait procéder à sa toilette seule par exemple, plus besoin du passage de l’infirmière au domicile pour la réaliser. Mais n’est-ce pas faire porter une lourde responsabilité sur le patient, non seulement il souffre, mais en plus il doit arriver à se débrouiller seul.

N’est-ce pas courir le risque qu’il finisse par se débrouiller grâce à l’aide d’un proche par exemple, qui évidemment ne sera pas rémunéré ni reconnu dans cette mission ? Et qui sera le plus probablement une femme ? L’autrice dénonce la féminisation, la naturalisation de la tâche, on considère que le soin est porté par celle qui naturellement est pourvue de capacité de soin (la mère vis-à-vis de son enfant).

N’est-ce pas faire porter trop de responsabilité au malade, au patient ?



3. La fatigue des soignants qui bien au fait de la nécessité de soigner les corps n’arrivent plus à prendre soin des leurs.

« sur les ronds-points, les avenues, au détour de quelques débats ou rencontres impromptues, cela m’avait marquée : précisément leurs marques ; les corps fatigués, alors qu’ils sont jeunes, les peaux sans éclat, les dos et les genoux qui font mal, les organismes et les esprits abîmés » (prologue).

Le personnel soignant est fatigué, en 2019 en France éclate de nombreuses grèves un peu partout dans le pays. Pour des raisons économiques, budgétaires, on ferme des lits partout dans les hôpitaux, quand on ne ferme pas carrément l’hôpital, la maternité. Le personnel soignant est mal payé, alors qu’il a une énorme responsabilité, subit une énorme pression : faire en sorte que les patients soient soignés au mieux, le personnel n’est absolument pas considéré. Que ce soit une charge de travail importante, des corps lourds à manipuler, des nuits de garde à assumer seul, à courir partout dans l’étage pour répondre aux coups de sonnettes de malades apeurés, en souffrance … Ou encore les infirmières à domicile qui se lèvent à l’aube, parcourent un grand nombre de kilomètres pour aller d’un patient à un autre, il y a des impératifs horaires : tel personne doit recevoir sa piqûre tôt le matin, une autre attend que sa toilette soit réalisée … et ce personnel soignant, bien au fait de la nécessité de prendre soin des corps, n’arrive même plus à prendre soin du sien.

Notre société manque de considération pour le soin, elle la rend invisible. Il a fallu la pandémie de Covid au printemps 2020 pour que le personnel soignant soit applaudi aux balcons des appartements où nous étions confinés. Initiative louable, soutien moral, mais qui n’a pas rendu la tâche plus facile ni le salaire plus attractif.

L’autrice cite Axel Honneth et ses travaux mentionnant l’invisibilisation sociale de certains d’entre nous, entre autres les malades et les aidants proches.



4. Il est aussi question bien évidemment des institutions : il s’agit d’étudier les organisations institutionnelles sociales et sanitaires et à vérifier qu’elles sont compatibles avec une éthique du soin. Epuisement professionnel en secteur hospitalier, le nombre toujours élevé de suicides de soignants, … Le secteur public (et pas uniquement dans le domaine de la santé) sont victimes d’un management déshumanisant, entre pressions arbitraires et injonctions contradictoires. Que l’univers du soin soit lui-même malade est dommageable pour les patients, les citoyens et le monde de la santé en règle générale. Comment un milieu peut rendre malade celui qui s’y trouve. Là encore la chaire « humanités et santé » espère pouvoir contribuer activement à la mise en place de ce regard critique sur le fonctionnement des organisations et des institutions, afin qu’elles puissent continuer de rénover leurs pratiques et élaborer le meilleur soin possible pour les soignés et les soignants (pages 25-26)



On le voit, la tâche est grande. Mais enthousiasmante. A peine un an après la publication de cet ouvrage, la pandémie est venue rebattre encore les cartes. J’ai pris beaucoup de plaisir à triturer ce texte, à le relire plusieurs fois pour essayer de rédiger une chronique qui soit lisible, compréhensible mais aussi qui n’altère pas les propos de l’autrice. J’espère y être parvenue.

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Un été avec Jankélévitch

Du philosophe, beaucoup d'entre nous connaissent la voix, une voix singulière, musicale, accrocheuse, légèrement éraillée, qui s'incruste profondément dans la mémoire. Sont-ils nombreux ceux qui peuvent résumer son apport à la vie des idées ? Autant dire que c'est une vraie belle idée de confier à Cynthia Fleury, philosophe, psychanalyste et auteure la tâche d'écrire et de présenter à la radio cette série d'articles. Départ pour un voyage entre légèreté et sérieux, comme la vie, sur une ligne de crête fragile et précieuse.



Vladimir Jankélévitch est le philosophe de la légèreté, une légèreté toute relative qui l'a conduit à développer – sur trois tomes parus en 1980 ! – le charme du Je-ne-sais-quoi et l'importance du Presque-rien. Deux notions qui pourraient rendre perplexe si on a une vision étriquée de la philosophie, d'une discipline permettant d'interroger et de répondre aux grandes questions existentielles – la mort, la liberté, le temps… Lui cultive la légèreté indissociable du rêve, l'humour côtoyant l'ironie, mais sans s'y perdre. le philosophe joue du piano, se passionne pour la musique, il y cherche les réminiscences de ses origines juives et russes. Liant philosophie et musique, il met ses mots sur la virtuosité de Litzt, écrit sur la morale et le plaisir à partir de l'oeuvre de Ravel. de la musique de Gabriel Fauré, il affirme :

« En l'écoutant, en cherchant à la penser, c'est à la fois sa métaphysique et sa morale qu'il définit, et plus simplement la vie de l'homme, sérieuse et superficielle, bouleversante et frivole, entre imposture et grâce. Debussy et le mystère de l'instant, p.355 »



Un des chapitres s'intitule : Les pas dans la neige (en illustration sonore sur clesbibliofeel, lien en fin d'article). A partir de la musique de Debussy, le philosophe ausculte le mystère du temps. Là, en fidèle héritier de Bergson, il devient tout à fait sérieux, d'une gravité ne sombrant pas dans la tristesse, communiquant sa fascination pour l'étincelle de vie, superbe, étonnante, belle dans l'absence-présence. Ses variations d'idées sur fond de l'oeuvre Les pas dans la neige m'ont enchanté, j'ai tout de suite fait le rapprochement avec ces mains humaines en négatif datées de 27 000 ans de la grotte Cosquer dont j'avais lu un article peu de temps auparavant… Même mystère de l'instant, d'un éclair dans la nuit, « l'apparition disparaissante […] la pensée de cet absent-présent nous trouble et nous bouleverse jusqu'à l'angoisse. Car il y a en elle la présence virtuelle de tous les êtres depuis l'origine du monde ».



Prince des paradoxe, Jankélévitch a inventé la notion de « primultime », chaque instant est le premier (prima) et aussi le dernier (ultima). Il est joueur et peut-être poète puisque faire poésie, n'est-ce pas utiliser les mots afin de trouver de nouvelles voies de conscience et d'émancipation ? L'irréversibilité du temps, ainsi théorisée nous fait comprendre que chaque battement du coeur est unique et doit inviter à se saisir de l'instant pour lui donner du sens.



Cette présentation ne prétend pas résumer la pensée du philosophe, que je n'ai pas étudiée dans le texte. Il s'agit de mon ressenti à la lecture de ce petit livre très dense, union féconde de la littérature et de la radio quand celles-ci diffusent la culture pour tous et pour chacun. Sont abordés de belle manière de multiples thèmes liés à une vie bien remplie : de l'engagement de Jankélévitch dans l'histoire, dans la Résistance, de mai 1968 qu'il soutint tout en parlant de "gâchis grandiose", de sa vision singulière de la mort, du pardon, du vouloir, de "la fausse solution de la violence", de sa correspondance avec son ami, Louis Beauduc... Je suis admiratif de Cynthia Fleury qui a réussi à nous rendre ainsi proche du grand philosophe, lui laissant toujours la première place, avec de nombreuses citations extraites d'une riche bibliographie donnée en fin de volume.

Connaissez-vous la voix de Vladimir-Jankelevitch ? Un petit exemple sur Clesbibliofeel (lien en fin d'article...) pour, après l'été, se mettre dans l'amphi, tels ses élèves attentifs et goûter un Je-ne-sais-quoi d'humanité, ce Presque-rien, l'amour peut-être ?



C'est un livre à conserver près de soi pour picorer de temps en temps quelques graines de poésie, de recherche de sens et de partage. Une invitation à passer, au-delà de l'été, d'autres moments privilégiés avec Vladimir-Jankelevitch.
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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La clinique de la dignité

Cynthia Fleury dresse le diagnostic d'une société malade de ses atteintes à la dignité et élabore les plans d'une « clinique » capable d'en délivrer un traitement.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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La clinique de la dignité

En traitant de la dignité, la psychanalyste et philosophe Cynthia Fleury signe [un] essai qui concerne strictement tout le monde sans exception.
Lien : https://www.liberation.fr/id..
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Liberté, Egalité, Fraternité

Un bel essai sur les valeurs de la République qui nous permet d'élargir notre horizon de pensées à la fois humaine et philosophique. C'est d'autant plus intéressant que ces trois autrices sans être d'accord sur tout aime profondément cette devise et les valeurs qui s'y rattachent.
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Ci-gît l'amer : Guérir du ressentiment

Livre qu'une amie m'a offert. Je n'ai malheureusement pas les codes, pour lire ce livre trop intellectuel. Un livre compliqué où il faut maîtriser le vocabulaire psychanalytique, philosophique, politique. Intéressent, mais trop dure a lire.je reste sur ma frustration
Lien : HTTPS://hakima.benamer@free.fr
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Ci-gît l'amer : Guérir du ressentiment

Ci-gît l'amer, guérir du ressentiment, devenir courant.

Il arrive qu'un jour nous sombrions dans le ressentiment. Sentant l'amer nous entrainer vers le fond, n'ayant plus pied, coincé, nous ruminons des mouvements étriqués. Nous buvons un peu la tasse et cela nous pique, nous démange. Notre chair brûle d'aigreur. Débordant de rancoeur, d'écoeurement nous sommes naufrage pour nous même et les autres. le mal de mère s'installe. Nous nous noyons dans l'amertume comme Ophélie dans sa folie. Mais heurement Cynthia Fleury nous rattrape à temps nous proposant avec style, dans son essai, de choisir le goût de l'amer et de la mer. Puis, d'Ouvrir. D'ouvrir la voie à l'introspection, d'ouvrir les mains, les bras, les yeux, la parole, le coeur. Pour éclore, et aimer – même la saveur de l'amer. de laisser reposer en paix derrière nous l'amer et la mère pour laisser enfin s'ouvrir aux rives de nos paupières, sublimement devant nous, la mer…



MERCI Cynthia Fleury.

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Le souci de la nature. Apprendre, inventer,..

Un ouvrage interdisciplinaire sur les modes d'expériences de la nature.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Mallarmé et la parole de l'imâm

Comme les Noces d’Hérodiade, les noces de l’imâm et de Mallarmé sont solitaires : face-à-face du seul avec le Seul. La noce ne dit plus la fusion, mais la condition phénoménale du monde et la vérité de l’intelligibilité. Le monde apparaît parce que la noce existe. Pourtant, la noce est vierge et créatrice.



Face-à-face ultime entre science de l’imâm et parole poétique : Hérodiade, nom divin, » pierre précieuse « , est indissociable d’une effectivité qui se traduit dans le verbe du prophète. Il est le » chaton de sagesse « , centre langagier, puissance hallucinatoire. Accéder à la sagesse, c’est accéder à la véracité du phénomène, à l’apparition sous l’apparence, ou encore à la disparition nécessaire du soi devant l’invisible de la Face.
Lien : http://ecartsmbh.wordpress.c..
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Mallarmé et la parole de l'imâm

Cynthia Fleury, docteur en philosophie, travaille dans le cadre du CNRS sur les platoniciens de Perse et les platoniciens de la Renaissance.
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Mallarmé et la parole de l'imâm

Claude-Raphaël SAMAMA, Notes de lecture, Europe, Mars 2004.
Lien : http://ecartsmbh.wordpress.c..
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Métaphysique de l'imagination

Table de l ouvrage ds le lien ci joint.
Lien : http://ecartsmbh.wordpress.c..
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