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Critiques de Cynthia Fleury (113)
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Un été avec Jankélévitch

En empruntant ce livre à la médiathèque, je pensais à un autre auteur avec un nom d'une consonance qui se rapproche !

Cette erreur m'aura permis de faire connaissance avec ce philosophe. Une matière qui m'intéresse mais dont je manque de connaissance et sur laquelle j'ai de la difficulté à me concentrer.

J'en garderai une idée générale positive mais avec une impression d'en avoir retenu qu'une infime partie !

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Un été avec Jankélévitch

Recueil des chroniques radio sur la pensée philosophique et la vie de Vladimir Jankélévitch, qui nous donne à lire des chapitres de quelques pages, spécialisés chacun sur un aspect particulier. La lecture se fait avec beaucoup de plaisir, le contenu est à la fois de haute tenue et rendu accessible par son organisation et sa pédagogie.

Un excellent moment de lecture (qui m'a rappelé de lointains souvenirs) et me donne envie de rechercher les autres tomes de cette collection d'études philosophies sans se faire mal à la tête !
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Ci-gît l'amer : Guérir du ressentiment

Un essai auquel je reviens régulièrement et donc je parle très souvent. je le conseille pour sa justesse, sa profondeur, ses clés de lecture multiples : psychologiques, sociales, politiques.

Un livre qui aide à comprendre le monde contemporain, à analyser ses points de fractures tout en apportant des raisons d'espérer.

un vrai grand coup de coeur.
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La fin du courage

Revisitant les philosophes, l'auteure nous invite à une réflexion sur la notion du courage et plus particulièrement les notions de courage politique et de courage moral, le premier n'allant pas sans le second. Se positionnant à notre époque, elle enjoint au courage collectif pour contrer le découragement qui se serait emparer de nos sociétés face au libéralisme à tout va sur le plan économique et qui fait perdre le sens du courage politique. Un essai court mais très dense. Une lecture que j'ai trouvé pour ma part un pu ardue.
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Le soin est un humanisme

Un opus publié dans la collection « tracts » de chez Gallimard, 48 pages … (une lecture qui convient parfaitement pour le challenge riquiqui) … mais ce n’est pas le nombre de caractères qui rend la lecture aisée. Un opus extrêmement dense que j’ai essayé de comprendre et d’intégrer et dont je vais tenter de mettre en exergue quelques points significatifs ainsi que quelques réflexions personnelles sur les sujets abordés.

L’autrice cite de nombreux philosophes, propose de nombreuses références, toutes semblent intéressantes et j’aurais bien envie de me documenter davantage en en lisant quelques-unes mais soyons honnête, je n’aurai jamais le temps de tout lire.



1. Il est donc question, en paraphrasant Sartre et son : « existentialisme est un humanisme » d’une réflexion sur le soin qui est un humanisme. Qu’est-ce qu’un humanisme ? : il s’agit d’une doctrine qui place la personne humaine et son épanouissement au-dessus de toutes les autres valeurs (cf. Le Robert).



Parce qu’il n’y a pas de maladie mais seulement des sujets qui tombent malades et la reconnaissance de cette subjectivité est la seule opérationnelle pour la production d’un soin. (page 30)

Dans cette optique l’autrice propose de faire entrer la philosophie à l’hôpital, en créant une chaire dont l’objectif est de divulguer des enseignements mais aussi de répondre, de participer à la réflexion. Le grand mouvement des humanités au GHU Paris, regroupe la philosophie, le design, la psychanalyse, l’art thérapie ..

L’autrice insistant sur le fait que les soignants, les médecins, sont formés à la théorie, aux gestes techniques, mais peu à l’empathie, à l’écoute du patient. Peu formés, peu de temps pour s’y intéresser une fois en poste, en proposant ces cours, elle propose (page 23) « de définir des approches cliniques de la sollicitude et de la prudence . …Articuler savoir-faire et savoir-être est déterminant pour créer l’optimisation du soin, les conditions d’acceptabilité du traitement et de son observance, comme les conditions du rétablissement qui peuvent en découler ». La philosophie doit être à disposition des services hospitaliers, elle ne doit pas rester à l’université.



2. Prendre soin des patients, en les rendant capacitaires Page 7 : « il faut se soucier de rendre « capacitaires » les individus, c’est-à-dire de leur redonner aptitude et souveraineté dans ce qu’ils sont ; comprendre que la vulnérabilité est liée à l’autonomie. »

Un individu malade est un individu vulnérable, qui potentiellement perd en autonomie, a besoin d’aide pour s’en sortir.

Bien soigner serait d’essayer de faire valoir chez le patient une capacité d’autosoin pour qu’il devienne une ressource et non pas un assisté.

En proposant de les rendre capacitaires, il me semble que l’autrice propose qu’ils fassent moins appel aux soins extérieurs puisqu’ils pourront poser quelques actes par eux-mêmes, puisqu’ils sauront comment faire pour se soigner de façon autonome.

Ce faisant, cela résoudrait une partie des difficultés puisque moins en attente d’un personnel soignant, celui-ci serait moins sollicité pour des broutilles et pourrait par conséquent se consacrer à des soins plus importants.

Je m’interroge sur cette vision de capacités. Certes, si une personne sait procéder à sa toilette seule par exemple, plus besoin du passage de l’infirmière au domicile pour la réaliser. Mais n’est-ce pas faire porter une lourde responsabilité sur le patient, non seulement il souffre, mais en plus il doit arriver à se débrouiller seul.

N’est-ce pas courir le risque qu’il finisse par se débrouiller grâce à l’aide d’un proche par exemple, qui évidemment ne sera pas rémunéré ni reconnu dans cette mission ? Et qui sera le plus probablement une femme ? L’autrice dénonce la féminisation, la naturalisation de la tâche, on considère que le soin est porté par celle qui naturellement est pourvue de capacité de soin (la mère vis-à-vis de son enfant).

N’est-ce pas faire porter trop de responsabilité au malade, au patient ?



3. La fatigue des soignants qui bien au fait de la nécessité de soigner les corps n’arrivent plus à prendre soin des leurs.

« sur les ronds-points, les avenues, au détour de quelques débats ou rencontres impromptues, cela m’avait marquée : précisément leurs marques ; les corps fatigués, alors qu’ils sont jeunes, les peaux sans éclat, les dos et les genoux qui font mal, les organismes et les esprits abîmés » (prologue).

Le personnel soignant est fatigué, en 2019 en France éclate de nombreuses grèves un peu partout dans le pays. Pour des raisons économiques, budgétaires, on ferme des lits partout dans les hôpitaux, quand on ne ferme pas carrément l’hôpital, la maternité. Le personnel soignant est mal payé, alors qu’il a une énorme responsabilité, subit une énorme pression : faire en sorte que les patients soient soignés au mieux, le personnel n’est absolument pas considéré. Que ce soit une charge de travail importante, des corps lourds à manipuler, des nuits de garde à assumer seul, à courir partout dans l’étage pour répondre aux coups de sonnettes de malades apeurés, en souffrance … Ou encore les infirmières à domicile qui se lèvent à l’aube, parcourent un grand nombre de kilomètres pour aller d’un patient à un autre, il y a des impératifs horaires : tel personne doit recevoir sa piqûre tôt le matin, une autre attend que sa toilette soit réalisée … et ce personnel soignant, bien au fait de la nécessité de prendre soin des corps, n’arrive même plus à prendre soin du sien.

Notre société manque de considération pour le soin, elle la rend invisible. Il a fallu la pandémie de Covid au printemps 2020 pour que le personnel soignant soit applaudi aux balcons des appartements où nous étions confinés. Initiative louable, soutien moral, mais qui n’a pas rendu la tâche plus facile ni le salaire plus attractif.

L’autrice cite Axel Honneth et ses travaux mentionnant l’invisibilisation sociale de certains d’entre nous, entre autres les malades et les aidants proches.



4. Il est aussi question bien évidemment des institutions : il s’agit d’étudier les organisations institutionnelles sociales et sanitaires et à vérifier qu’elles sont compatibles avec une éthique du soin. Epuisement professionnel en secteur hospitalier, le nombre toujours élevé de suicides de soignants, … Le secteur public (et pas uniquement dans le domaine de la santé) sont victimes d’un management déshumanisant, entre pressions arbitraires et injonctions contradictoires. Que l’univers du soin soit lui-même malade est dommageable pour les patients, les citoyens et le monde de la santé en règle générale. Comment un milieu peut rendre malade celui qui s’y trouve. Là encore la chaire « humanités et santé » espère pouvoir contribuer activement à la mise en place de ce regard critique sur le fonctionnement des organisations et des institutions, afin qu’elles puissent continuer de rénover leurs pratiques et élaborer le meilleur soin possible pour les soignés et les soignants (pages 25-26)



On le voit, la tâche est grande. Mais enthousiasmante. A peine un an après la publication de cet ouvrage, la pandémie est venue rebattre encore les cartes. J’ai pris beaucoup de plaisir à triturer ce texte, à le relire plusieurs fois pour essayer de rédiger une chronique qui soit lisible, compréhensible mais aussi qui n’altère pas les propos de l’autrice. J’espère y être parvenue.

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Le soin est un humanisme

Un livre court qui retrace vraiment une pensée essentielle, comme l'indique son titre: le soin est un humanisme.



Un texte totalement accessible à tou.te.s, qui parlera à beaucoup, des patient.e.s aux soignant.e.s.



Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste y rappelle l'importance de la sollicitude, la patience, l'écoute dont tout professionnel de santé doit faire preuve à l'égard de celles et ceux qui viennent le consulter.



Elle milite également pour que les patient.e.s prennent part, participent activement, soient agent.e.s de leurs soins.

Elle tire aussi la sonnette d'alarme sur la situation désastreuse dans laquelle se trouve l'hôpital et le monde de la santé en général, ainsi que sur l'absence (ou le trop peu) des Humanités dans les études de médecine.



Sans humanisme, le bon soin est impossible. Il y a beaucoup de vérité et de pédagogie dans ce texte très complet de Cynthia Fleury, qui devrait être lu par tou.te.s!
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Un été avec Jankélévitch

Faire un commentaire d’un livre sur la pensée d’un philosophe est chose difficile.



Je veux remercier ici, l’auteur Cynthia Fleury qui a su rendre accessible au lecteur que je suis, la pensée du philosophe français du XXème siècle Vladimir Jankélévitch.



Il est difficile de lire un auteur philosophique, quel qu’il soit; à part peut être les philosophes antiques.



C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai lu cet ouvrage qui aborde la majorité des sujets sur lesquels Jankélévitch a réfléchi et écrit.

J’ai donc acquis une meilleure connaissance sur ce philosophe.

Telle était, je pense « la mission » de cet ouvrage.

Elle a été parfaitement remplie.
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Un été avec Jankélévitch

Court mais dense hommage au penseur de l’engagement et de l’Histoire.



Pour qui n’a pas encore lu les écrits de Vladimir Jankélévitch, ce petit fascicule lui permettra de s’en emparer suffisamment pour s’en approcher.

Cynthia Fleury, philosophe et professeure titulaire de la chaine Humanités et santé au Conservatoire national des arts et métiers, réussi à condenser les idées qui tenaient à coeur à Jankélévitch.



Elle les range sous quatre parties directrices :

le penseur du temps

le penseur des vertus et de l’amour

la philosophie indissociable de la musique

le penseur de l’engagement et de l’Histoire (avec un grand H).

Puis elle présente, mot après mot, idée après idée, les pensées essentielles à Jankélévitch pour vivre le monde. Chaque idée est présentée sous forme de chapitres très condensés - 4 à 5 pages maxi - dans lesquels elle arrive à placer le dominant ou le constitutif de ce philosophe. A chaque mot correspond ce qui est fondamental pour lui.



L’autrice, avec ses mots à elle, mais respectueux des discours de Jankélévitch, précise les paroles phares de l’oeuvre. Elle nous parle ainsi de sa passion pour Fauré, Liszt et Ravel, de ses maitres tel que Bergson, de ses amitiés telle que celle pour Louis Beauduc connu en Normal sup en 1923, de son marquant traité des vertus et de bien d’autres préoccupations.

Petit exemple, celui de la définition de la nostalgie : Jankélévitch dit que « la nostalgie c’est le non consentement à l’irréversible, au temps qui passe et non à une époque merveilleuse qui ne sera plus. »



Citations :

« Jankélévitch est le grand maître des paradoxes. Sa philosophie morale allait définir un concept de liberté, …la liberté n’est pas ‘’quelque chose qui est’’, au sens où la liberté n’est pas un ‘’état’’, quelque chose qu’on peut posséder… La liberté est libératrice, c’est une dynamique de libération.»

« L’irrévocable est la mesure du temps…Tout passe, tout est toujours en mouvement, vers l’avant, et si le temps nous donne des allures de répétition, ce n’est là que pure illusion, rien ne se répète, tout est inédit et inéluctable. »

« Le pardon et l’insoluble problème : l’impardonnable. Si nous pardonnons seulement ce qui est pardonnable, est-ce vraiment du pardon ? Pour pouvoir être, authentiquement, pardon, faut-il qu’il soit sans conditions ? Ou, à l’inverse, est-ce précisément parce qu’il y a des choses impardonnable que la morale existe ? »

« Cette formule du ‘’je-ne-sais-quoi’’ a été choisie par Jankélévitch parce qu’il est difficile, voire impossible d’en dire précisément quelque chose, de lui donner une couleur définitive, par exemple celle du bonheur… Quand il y a tout pour être heureux, et qu’il reste dans l’âme un je-ne-sais-quoi, pas forcément mélancolique et langoureux,… alors vous pouvez être certain que vous êtes en présence de ce ‘’je-ne-sais-quoi’’. »

« Vous voulez être juste ? Il faudra être courageux. Vous voulez aimer ? Il faudra l’être également. »
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Un été avec Jankélévitch

Merci à Denis dont le billet et les citations m’ont donné l’envie de ce livre.



Mon premier volume de cette collection estivale qu’il n’est pas interdit de lire à l’arrivée de l’hiver, je pense. Et le moyen d’acquérir quelques notions sur Jankélévitch, complètement absent de ma bibliothèque.

Il devait bien y avoir un « Presque rien » je ne sais où dans les étagères, sur lequel on avait foncé en janvier 1980, après un « Apostrophes » mémorable qui avait propulsé le livre au rayon des best-sellers de la semaine. Mais le mot « philosophie » m’a toujours tétanisée et le bouquin a fait de la figuration parmi d’autres, avant d’être relégué dans quelque carton.

Alors, cette présentation, en chapitres très courts, des idées majeures de Jankélévitch, dans un style assez limpide, c’est une façon d’aborder les cimes sans épuisement intellectuel. Une initiation qui suscitera peut-être la recherche du carton oublié.



Cynthia Fleury aime son philosophe et le rend accessible. Lui, il aimait l’instant, la musique, détestait l’ennui, relativisait la valeur de la vérité, dégustait l’ironie mais l’humour plus encore - le bonheur de leur définition ! -, rappelait qu’on n’en a jamais fini avec le courage, que le sérieux est nécessaire dans le faire plus que dans le dire, que la vertu cardinale, c’est l’amour.



Ce serait donc une philosophie à la fois exigeante et souriante. Faire et aimer au mieux de ses capacités, à chaque instant.



Mais Jankélévitch, juif, clandestin et résistant pendant toute l’Occupation, a aussi envisagé le mal, la violence, la barbarie, l’inhumanité. Et s’il explique la nécessité de l’imprescriptible, il se reconnaît trop écorché pour trouver une explication à son refus de reprendre toute relation avec l’Allemagne, ses auteurs, ses philosophes. La philosophie, là, ne peut plus rien face à la sensibilité de l’homme dévasté. « Le pardon est mort dans les camps de la mort ».



Disait-il tout cela, à « Apostrophes » en 1980 ? L’INA, par sa plateforme « Madelen », donne accès à l’émission dans son intégralité. Il y évoque rapidement les quatre années de l’Occupation et il réitère son incapacité à retourner en Allemagne.

Mais on y apprend aussi que la philosophie ne sert à rien, et pas davantage à ne pas avoir peur de la mort. « Elle ne sert même pas à ça. Il ne faut pas confondre la philosophie avec les secours de la religion ». On y reçoit l’injonction : « Ne manquez pas votre matinée de printemps !». On y est prévenu que l‘amour, comme le langage, sont propices au malentendu.

Et un ancien étudiant de Jankélévitch y rappelle qu’il interrogeait ses auditeurs sur « la vitesse de Dieu en plein vol »...

Une verve pleine de conviction et, oui, d’allégresse. Un pur régal jubilatoire que confirme l’approche enthousiaste de Cynthia Fleury pour cette philosophie de l’action, lucide mais à l’affût de l’instant et de ce qu’il peut porter de bonheur.



Mais enfin, où ai-je bien pu ranger ce f... carton?



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Ci-gît l'amer : Guérir du ressentiment

Voici un livre fort intéressant qui explore l'enfermement de cette pathologie qu'est le ressentiment, cette "colonisation de l'être", dans ses dimensions individuelle et collective. Cynthia Fleury aborde les façons de l'éviter, de le dépasser, par la symbolisation ou la sublimation.



Entre autres auteurs exploités : Scheler, Freud, Nietzsche, Adorno, Reich, Fanon, Jankélévitch, Honneth, Angenot, Broch...



Une analyse parmi d'autres ? Celle d'une "faillite d'un temps dialectisé" pour celui dont la santé psychique est menacée par le ressentiment. La philosophe et psychanalyste rappelle combien est alors essentielle la considération de ces trois dimensions du temps (plutôt que la première seulement) : le chronos, l'aiôn et le kairos... Cela se trouve dans le III-6 : "Thérapie de la décolonisation".



Des voies pour en sortir ? la culture, la vis comica, la poiesis ou la philia.
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Les irremplaçables

L’État de droit n’est rien sans l’irremplaçabilité des individus contrairement aux dictatures politiques ou religieuses dans lesquelles l’homme n’est qu’un rouage dans un système qui le dépasse. L’individuation, qui s’oppose à l’individualisme car il prend en compte la vie collective, permet à l’individu de sortir de l’état de minorité pour devenir un sujet dans un État de droit, ce qui est la condition du bon fonctionnement d’une démocratie. L’éducation doit jouer un grand rôle de transmission, assurant la continuité des générations et la pérennité de la société. Mais elle nécessite discipline et autorité pour permettre l’accès à l’autonomie et à la pensée critique.



Ce processus a besoin de temps et de la reconnaissance d’une autorité liée à un savoir. Or il est menacé par notre société de loisirs forcés, de spectacle permanent, d’omniprésence des écrans auxquels nous nous soumettons, de distraction, qui détruit notre capacité à devenir des sujets agissants, capables de faire des expériences, de transmettre un savoir, au risque de sombrer dans l’asservissement volontaire. Sans limites et sans discipline on aboutit à la tyrannie.



Cynthia Fleury nous livre une analyse très intéressante bien que parfois un peu ardue. Elle nous invite à nous réapproprier le temps et également le langage, à oser penser, à réfléchir sur ce que devrait être l’enseignement, et à prendre conscience des tendances nouvelles du monde du travail, qui par les notions d’évaluation, de mesures, de statistiques, font disparaitre le sens du travail et le caractère unique du travailleur au prix de sa réification…et de son interchangeabilité. Une belle leçon de philosophie à méditer. « Philosopher ce sera toujours destituer le simulacre ».



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Un été avec Jankélévitch

Quelle belle introduction, en forme de promenade, qu'on imagine quotidienne, une promenade en bonne compagnie, par une belle matinée de printemps. Cynthia Fleury aborde les thèmes chers à Jankélévitch en de courts chapitres. Cette brièveté pourrait surprendre quand on aborde des thèmes comme ''le pur et l'impur'', ''la mort'', ''la justice ''... Mais les chapitres se répondent les uns aux autres, ils ouvrent des champs, nous questionnent. Et nous voilà repartis vers d'autres chapitres, qui s'éclairent d'un jour nouveau. J'ai la sensation d'un scintillement, comme le feraient les rayons du soleil quand ils se posent sur l'eau légèrement agitée d'un lac. Chapeau bas madame Cynthia Fleury !
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La fin du courage

Il s'agit là d'une lecture qui amène à se poser beaucoup de questions, et c'est bien là ce que j'en attendais. J'avais identifié ce livre depuis sa sortie mais ce n'est que dans sa version poche que je me suis lancé.



C'est typiquement pour moi le livre à emporter car il justifie de passer du temps avec pour appréhender les nombreuses notions partagées en les relisant et la perception des grands auteurs convoqués dans cette analyse, et pas des moindre. C'est ainsi que Cynthia Fleury nous embarque dans le pensées d'Alexis de Tocqueville, Victor Hugo, Socrate ou Winston Churchill, ces personnalités qui ont éprouvées le courage devant les adversité de leurs époques.



Difficile de résumer le courage au final tant il s'accompagne d'une grande diversité de sentiment tout en les résumant. J'ai d'ailleurs publié pas mal de citations de l'ouvrage.



Mais la parole vraie du parésiaste semble cependant bien dominer dans la compréhension du courage. L'acte de résistance, le regard de ceux et celles qui n'abandonnent pas, l'exigence d'une vie, rester debout et avancer malgré tout, la dernière main tendue, l'acceptation de la différence, le sens des communs, le goût du public et de la démocratie, la vigilance sur l'âge qui "déjà nous amène de discrets manques de courage" (Jean-Jacques Goldman).



Enfin ce livre est une leçon politique dont bien des personnalités devraient s'inspirer. Il rappelle que ceux qui meublent ou communiquent en politique existent depuis bien longtemps et Victor Hugo les affrontait déjà par les mots. Ces derniers pourraient être repris sans rien changer aujourd'hui !



Si ce n'est déjà fait, lisez ce livre salutaire, il fait du bien, il revigore et est à mettre dans toutes les mains.
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Ci-gît l'amer : Guérir du ressentiment

Ci-gît l'amer... Ci-gît la mère...

Ce livre m'a été recommandé par mon psy et j'ai dû m'y reprendre à plusieurs reprises pour le terminer. En effet, le thème est sensible et l'écriture exigeante.

Comment dépasser sa colère, comment guérir, comment s'apaiser, comment pardonner...

Cet essai m'a accompagné lors de ce long cheminement, et même si savoir ne suffit pas pour réussir, je suis fière d'être plus sereine et capable de pardonner.



Un livre indispensable pour mieux comprendre et surtout mieux se comprendre.
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Un été avec Jankélévitch

Du philosophe, beaucoup d'entre nous connaissent la voix, une voix singulière, musicale, accrocheuse, légèrement éraillée, qui s'incruste profondément dans la mémoire. Sont-ils nombreux ceux qui peuvent résumer son apport à la vie des idées ? Autant dire que c'est une vraie belle idée de confier à Cynthia Fleury, philosophe, psychanalyste et auteure la tâche d'écrire et de présenter à la radio cette série d'articles. Départ pour un voyage entre légèreté et sérieux, comme la vie, sur une ligne de crête fragile et précieuse.



Vladimir Jankélévitch est le philosophe de la légèreté, une légèreté toute relative qui l'a conduit à développer – sur trois tomes parus en 1980 ! – le charme du Je-ne-sais-quoi et l'importance du Presque-rien. Deux notions qui pourraient rendre perplexe si on a une vision étriquée de la philosophie, d'une discipline permettant d'interroger et de répondre aux grandes questions existentielles – la mort, la liberté, le temps… Lui cultive la légèreté indissociable du rêve, l'humour côtoyant l'ironie, mais sans s'y perdre. le philosophe joue du piano, se passionne pour la musique, il y cherche les réminiscences de ses origines juives et russes. Liant philosophie et musique, il met ses mots sur la virtuosité de Litzt, écrit sur la morale et le plaisir à partir de l'oeuvre de Ravel. De la musique de Gabriel Fauré, il affirme :

« En l'écoutant, en cherchant à la penser, c'est à la fois sa métaphysique et sa morale qu'il définit, et plus simplement la vie de l'homme, sérieuse et superficielle, bouleversante et frivole, entre imposture et grâce. Debussy et le mystère de l'instant, p.355 »



Un des chapitres s'intitule : Les pas dans la neige. A partir de la musique de Debussy, le philosophe ausculte le mystère du temps. Là, en fidèle héritier de Bergson, il devient tout à fait sérieux, d'une gravité ne sombrant pas dans la tristesse, communiquant sa fascination pour l'étincelle de vie, superbe, étonnante, belle dans l'absence-présence. Ses variations d'idées sur fond de l'oeuvre Les pas dans la neige m'ont enchanté, j'ai tout de suite fait le rapprochement avec ces mains humaines en négatif datées de 27 000 ans de la grotte Cosquer dont j'avais lu un article peu de temps auparavant… Même mystère de l'instant, d'un éclair dans la nuit, « l'apparition disparaissante […] la pensée de cet absent-présent nous trouble et nous bouleverse jusqu'à l'angoisse. Car il y a en elle la présence virtuelle de tous les êtres depuis l'origine du monde ».



Prince des paradoxe, Jankélévitch a inventé la notion de « primultime », chaque instant est le premier (prima) et aussi le dernier (ultima). Il est joueur et peut-être poète puisque faire poésie, n'est-ce pas utiliser les mots afin de trouver de nouvelles voies de conscience et d'émancipation ? L'irréversibilité du temps, ainsi théorisée nous fait comprendre que chaque battement du cœur est unique et doit inviter à se saisir de l'instant pour lui donner du sens.



Cette présentation ne prétend pas résumer la pensée du philosophe, que je n'ai pas étudiée dans le texte. Il s'agit de mon ressenti à la lecture de ce petit livre très dense, union féconde de la littérature et de la radio quand celles-ci diffusent la culture pour tous et pour chacun. Sont abordés de belle manière de multiples thèmes liés à une vie bien remplie : de l'engagement de Jankélévitch dans l'histoire, dans la Résistance, de mai 1968 qu'il soutint tout en parlant de "gâchis grandiose", de sa vision singulière de la mort, du pardon, du vouloir, de "la fausse solution de la violence", de sa correspondance avec son ami, Louis Beauduc... Je suis admiratif de Cynthia Fleury qui a réussi à nous rendre ainsi proche du grand philosophe, lui laissant toujours la première place, avec de nombreuses citations extraites d'une riche bibliographie donnée en fin de volume.

Connaissez-vous la voix de Vladimir Jankélévitch ? Une courte vidéo est présentée sur Clébibliofeel (lien ci-dessous) pour, après l'été, se mettre dans l'amphi, tels ses élèves attentifs et goûter un Je-ne-sais-quoi d'humanité, ce Presque-rien, l'amour peut-être ?



C'est un livre à conserver près de soi pour picorer de temps en temps quelques graines de poésie, de recherche de sens et de partage. Une invitation à passer, au-delà de l'été, d'autres moments privilégiés avec Jankélévitch !
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Un été avec Jankélévitch

Du philosophe, beaucoup d'entre nous connaissent la voix, une voix singulière, musicale, accrocheuse, légèrement éraillée, qui s'incruste profondément dans la mémoire. Sont-ils nombreux ceux qui peuvent résumer son apport à la vie des idées ? Autant dire que c'est une vraie belle idée de confier à Cynthia Fleury, philosophe, psychanalyste et auteure la tâche d'écrire et de présenter à la radio cette série d'articles. Départ pour un voyage entre légèreté et sérieux, comme la vie, sur une ligne de crête fragile et précieuse.



Vladimir Jankélévitch est le philosophe de la légèreté, une légèreté toute relative qui l'a conduit à développer – sur trois tomes parus en 1980 ! – le charme du Je-ne-sais-quoi et l'importance du Presque-rien. Deux notions qui pourraient rendre perplexe si on a une vision étriquée de la philosophie, d'une discipline permettant d'interroger et de répondre aux grandes questions existentielles – la mort, la liberté, le temps… Lui cultive la légèreté indissociable du rêve, l'humour côtoyant l'ironie, mais sans s'y perdre. le philosophe joue du piano, se passionne pour la musique, il y cherche les réminiscences de ses origines juives et russes. Liant philosophie et musique, il met ses mots sur la virtuosité de Litzt, écrit sur la morale et le plaisir à partir de l'oeuvre de Ravel. de la musique de Gabriel Fauré, il affirme :

« En l'écoutant, en cherchant à la penser, c'est à la fois sa métaphysique et sa morale qu'il définit, et plus simplement la vie de l'homme, sérieuse et superficielle, bouleversante et frivole, entre imposture et grâce. Debussy et le mystère de l'instant, p.355 »



Un des chapitres s'intitule : Les pas dans la neige (en illustration sonore sur clesbibliofeel, lien en fin d'article). A partir de la musique de Debussy, le philosophe ausculte le mystère du temps. Là, en fidèle héritier de Bergson, il devient tout à fait sérieux, d'une gravité ne sombrant pas dans la tristesse, communiquant sa fascination pour l'étincelle de vie, superbe, étonnante, belle dans l'absence-présence. Ses variations d'idées sur fond de l'oeuvre Les pas dans la neige m'ont enchanté, j'ai tout de suite fait le rapprochement avec ces mains humaines en négatif datées de 27 000 ans de la grotte Cosquer dont j'avais lu un article peu de temps auparavant… Même mystère de l'instant, d'un éclair dans la nuit, « l'apparition disparaissante […] la pensée de cet absent-présent nous trouble et nous bouleverse jusqu'à l'angoisse. Car il y a en elle la présence virtuelle de tous les êtres depuis l'origine du monde ».



Prince des paradoxe, Jankélévitch a inventé la notion de « primultime », chaque instant est le premier (prima) et aussi le dernier (ultima). Il est joueur et peut-être poète puisque faire poésie, n'est-ce pas utiliser les mots afin de trouver de nouvelles voies de conscience et d'émancipation ? L'irréversibilité du temps, ainsi théorisée nous fait comprendre que chaque battement du coeur est unique et doit inviter à se saisir de l'instant pour lui donner du sens.



Cette présentation ne prétend pas résumer la pensée du philosophe, que je n'ai pas étudiée dans le texte. Il s'agit de mon ressenti à la lecture de ce petit livre très dense, union féconde de la littérature et de la radio quand celles-ci diffusent la culture pour tous et pour chacun. Sont abordés de belle manière de multiples thèmes liés à une vie bien remplie : de l'engagement de Jankélévitch dans l'histoire, dans la Résistance, de mai 1968 qu'il soutint tout en parlant de "gâchis grandiose", de sa vision singulière de la mort, du pardon, du vouloir, de "la fausse solution de la violence", de sa correspondance avec son ami, Louis Beauduc... Je suis admiratif de Cynthia Fleury qui a réussi à nous rendre ainsi proche du grand philosophe, lui laissant toujours la première place, avec de nombreuses citations extraites d'une riche bibliographie donnée en fin de volume.

Connaissez-vous la voix de Vladimir-Jankelevitch ? Un petit exemple sur Clesbibliofeel (lien en fin d'article...) pour, après l'été, se mettre dans l'amphi, tels ses élèves attentifs et goûter un Je-ne-sais-quoi d'humanité, ce Presque-rien, l'amour peut-être ?



C'est un livre à conserver près de soi pour picorer de temps en temps quelques graines de poésie, de recherche de sens et de partage. Une invitation à passer, au-delà de l'été, d'autres moments privilégiés avec Vladimir-Jankelevitch.
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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La clinique de la dignité

Cynthia Fleury dresse le diagnostic d'une société malade de ses atteintes à la dignité et élabore les plans d'une « clinique » capable d'en délivrer un traitement.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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La clinique de la dignité

Un ouvrage au vocabulaire châtié et aux références supposées connues qui perdra sans doute les moins érudits. Sans connaissances des courants et théories, souvent uniquement cités, la pertinence le propos risquent bien en effet d'échapper au lecteur. Néanmoins, beaucoup formules justes font mouches et permettent de capter l'intérêt d'un chapitre à l'autre. Sans ces rebonds plaisants, en toute honnêteté, je ne sais pas si j'aurais pu conclure...
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Un été avec Jankélévitch

Un été avec Jankélévitch est un coup de coeur.

Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, décortique les thèses de prédilection de Jankélévitch, philosophe juif, ancien résistant et professeur musicologue.

C'est un livre de paradoxes. A sa lecture, on comprend rapidement que chaque concept s'articule dans l'ambivalence et c'est presque jubilatoire.

La mort, l'amour, l'action, la musique sont les fils conducteurs de l'ouvrage mais aussi, la vie, l'engagement ou le je-ne-sais-quoi cher au philosophe.

« …comment la vie, la grâce, le charme, le je-ne-sais-quoi se faufilent, malgré nous, comment ils surgissent alors même qu'il faut combattre l'ennemi, ou quand nous connaissons un immense chagrin … »

Je ne vous en dirai pas plus car la nuance est ici essentielle. Je crains en effet de trahir la pensée de Jankélévitch qui est complexe mais bien expliquée et documentée par Cynthia Fleury.

Je vous recommande donc chaleureusement ce petit livre que je relirai et relirai encore, tant j'ai l'impression qu'il me réserve encore des surprises.

Cynthia Fleury signe ici un très beau livre.

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La clinique de la dignité

En traitant de la dignité, la psychanalyste et philosophe Cynthia Fleury signe [un] essai qui concerne strictement tout le monde sans exception.
Lien : https://www.liberation.fr/id..
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