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Critiques de Dave Gibbons (151)
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Martha Washington, Tome 2 : Temps de guerre

Une BD hors du commun!
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Martha Washington, Tome 3 : La paix retrouvée

[Cette critique concerne l'ensemble de la série]

Comment le mythique duo de Watchmen pouvait envisager une nouvelle collaboration à la hauteur de leur oeuvre culte ? J'étais assez curieux de lire ce Martha Washington pour voir comment ils avaient relevé le défi. Le ton est différent et même si de nombreuses questions politiques constituent l'arrière plan narratif, il s'agit plutôt d'une série d'aventures d'une héroïne forte et increvable. Le portrait que Miller et Gibbons dresse des Etats-Unis dans un futur proche est à mi-chemin entre délire et critique acerbe. On y croise toutes les figures et archétypes associés aux Etats-Unis, du complexe militaro-industriel aux communautés indiennes en passant par les gangs de motards (certes, ils sont mutants) et des environnements urbains au bord de l'explosion (dans tous les sens du terme). Au milieu de ce décor violent, Martha Washington va apprendre à survivre, sauver sa peau, se construire, se venger, penser, sauver le monde (je ne révèle rien, c'est le titre d'un des chapitres), guider. Par moment, le côté "aventures" prend le dessus mais la progression psychologique du personnage n'est jamais oubliée. En lisant les préfaces et postfaces rédigées par les auteurs, on apprend que Martha Washington a constitué l'une des figures de prou de la maison d'édition américaine Dark Horse, aux côtés de Sin City ou Hellboy. Même si elle est moins renommée que ces deux dernières séries, Martha Washington gagne à être connue !
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Originals

L'histoire se déroule dans une Angleterre alternative, quelque part entre la fin des 50's et le milieu des 60's. Elle renvoie au conflit qui opposa, au sein de la jeunesse londonienne de l'époque, les Mods (plutôt jazz, costard et Vespa) aux Rockers (plutôt rock, Perfecto et Triumph). Nous suivons ici le parcourt de Lel et Bok, des gamins prêts à tout pour se payer un glisseur - sorte de scooter vintage sur coussin d'air - et intégrer le gang des Originals (les Mods...). Malheureusement des tensions toujours plus violentes avec la bande rivale des Rockers (les « Dirt » en v.o.) vont bientôt leur faire prendre conscience qu'à vouloir jouer les durs, on finit par ruiner bien plus que son imper à col roulé ! Pour la forme, rien à redire, l'objet est aussi beau que le carénage d'un Lambretta ! Pour le fond en revanche… Hormis une petite tentative de lorgner vers la tragédie shakespearienne (oui quand même), le récit ne parvient jamais à captiver l'attention, la faute à une intrigue par trop linéaire et à des personnages sans aucune aspérité. Première, et me semble-t-il unique, tentative du co-créateur des Watchmen de s'essayer en solo à une bande dessinée, Originals est donc la preuve que les grands dessinateurs ne font pas forcément les grands scénaristes. Une petite B.O pour aller avec: http://bobd.over-blog.com/2015/09/comics-parade-originals-vs-quadrophenia.html?utm_source=_ob_share&utm_medium=_ob_facebook&utm_campaign=_ob_share_auto
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Superman et Batman : l'Etoffe des Heros

Ce tome contient une histoire complète qui peut être lue indépendamment de toute continuité. Il regroupe les 3 épisodes de 48 pages parus en 1990. Le scénario est de Dave Gibbons (le dessinateur de Watchmen), les dessins de Steve Rude (surtout connu pour son travail sur la série Nexus, en anglais), l'encrage de Karl Kesel, et la mise en couleurs de Steve Oliff (l'équivalent de Dave Stewart pour ces années là).



La première page montre un enfant se recueillant sur la tombe de ses parents : Oliver Monks. Dans les rues malfamées de Gotham, Batman arrête une petite frappe ayant kidnappé une fillette. Ce dernier se suicide avec un papier imbibé du poison du Joker. Dans les rues resplendissantes de Metropolis, Superman arrête un dealer s'en prenant à un bus scolaire. Le criminel est relâché quelques dizaines minutes plus tard grâce à un avocat rémunéré par Lex Luthor. Plus tard, Clark Kent et Bruce Wayne assistent à la cérémonie d'inauguration d'un nouvel orphelinat situé à Midway (une ville à mi-chemin de Metropolis et Gotham). Le discours est effectué par Oliver Monks et Adam Fulbright, sous le patronage de Byron Wylie (récemment décédé et précédemment responsable d'un autre orphelinat dans Suicide Slums, le quartier pauvre de Metropolis). Dans les coulisses, Lex Luthor conclut une transaction immobilière ayant trait à cet orphelinat, avec Joker qui déclare vouloir prendre quelques jours de vacances à Metropolis. Le temps est venu pour Kent et Wayne (et leurs alters egos) d'enquêter sur les agissements de leurs ennemis jurés.



Je me souviens que la première fois que j'avais lu cette histoire, je l'avais trouvé très quelconque. Mais les illustrations de Steve Rude exsudent un pouvoir de séduction irrésistible et je n'ai pas pu résister à l'envie compulsive d'une relecture. La première page est silencieuse (sans texte) et sympathique, mais classique. Suit une double page présentant Gotham vu de haut sous un soleil levant rasant. Puis arrive une séquence en 5 pages toujours muettes où Batman attrape le malfrat. Le style est un étrange mélange de dessin animé pour enfant, avec des rues très dégagées dont les façades d'immeuble semblent factices (comme s'il n'y avait rien derrière la façade) avec bizarrement un seul étage (en plein centre de Gotham !). Mais une lecture attentive de chaque case montre que derrière ces apparences enfantines, Steve Rude insère des détails plus adultes : des rats qui passent, le batarang mordant la chair, des expressions de visages torturées, un Batman aussi agile que ténébreux. La séquence suivante emmène le lecteur à Metropolis où le constat est le même : un mélange de candeur enfantine et de détails adultes. Surtout ces 2 séquences muettes se lisent toutes seules.



Et en même temps, l'écriture de Dave Gibbons joue également sur ces 2 modes. D'un coté la dichotomie entre Batman et Superman est déclinée à toutes les sauces, d'une manière mécanique et artificielle. Il y a bien sûr la position de l'orphelinat à mi-chemin des 2 cités, l'opposition entre Gotham sombre et gothique et Metropolis claire et rayonnante, la folie du Joker et la froide rationalisation de Lex Luthor, un enfant venant d'un orphelinat de Gotham, un autre de celui de Metropolis, etc. Dave Gibbons matraque tant et plus les différences entre Gotham et Metropolis, tout en respectant scrupuleusement un temps d'exposition rigoureusement identique pour l'un et l'autre, au point d'en devenir fastidieux dans ce dispositif enfantin.



Il faut donc un peu de temps à un lecteur adulte pour pouvoir se laisser charmer par ce récit à la forme un peu enfantine. Et puis surviennent Luthor et le Joker pour leur première rencontre. Rude s'amuse à montrer Luthor sortant de sa limousine dans une contreplongée qui accentue son coté vain et ridicule. Le joker est un pitre dégingandé, sautillant et sémillant. Les dialogues de Gibbons en font plus un bouffon qu'un fou dangereux. Sauf que la combinaison du texte et des illustrations fait naître des sous-entendus à destination des adultes sur l'intelligence du Joker (il a tout de suite deviné la cause du décès des parents de Luthor) et sur le jeu dangereux que mène Luthor (sa grimace exagérée en comprenant que Joker sait). À chaque séquence, le lecteur peut ainsi apprécier ce double niveau de lecture : une histoire bon enfant, et des sous-entendus sur des motivations peu reluisantes et des environnements moins riants qu'il n'y paraît.



Et puis il y a les illustrations de Steve Rude. Ce dernier indique dans la postface qu'il s'agit du projet sur lequel il a passé le plus de temps sur chaque page. Régulièrement le lecteur s'arrête sur une case ou une séquence pour en apprécier l'humour discret, ou la fusion improbable des genres. Quelques exemples seront plus parlants que de longs discours. Page 42, la quatrième case montre l'ombre du buste de Clark alors qu'il enlève ses lunettes dans un réduit à balais ; en 3 tâches noires Rude suscite l'anticipation impatiente liée au changement de costume. Sa façon de représenter Batman est tout aussi iconique et tout aussi économe, en particulier sa cagoule entièrement noir où seules se distinguent les 2 fentes blanches pour les yeux. Page 43 deuxième case, le Joker à bord d'un véhicule loufoque de taille démesurée roule sur les véhicules pris dans un embouteillage. À la fois il s'agit d'une vision digne des dessins animés pour enfant les plus loufoques (ambiance renforcée par une mise en couleurs pimpante) ; à la fois il est possible de croire en cette action délirante grâce aux conducteurs apeurés, au véhicule de police essayant de suivre en empruntant les trottoirs, aux différents modèles de véhicules représentés avec soin. 2 cases plus loin, Rude fait dépasser 2 jambes d'une dame en jupe couchée à terre ; il ne dessine pas de petite culotte (hors cadre), mais le sous-entendu est bien là. De même le lecteur adulte ne pourra pas se tromper sur le métier de 2 femmes étrangement accoutrées page 64 (le plus vieux métier du monde paraît-il) et il pourra apprécier une secrétaire ramassant un papier par terre (page 84).



À l'instar de Dave Gibbons, Rude ne se gargarise pas avec les apparitions des personnages secondaires, mais un lecteur attentif peut facilement déceler le fauteuil roulant de Barbara Gordon de temps à autre, ou encore Lucy Lane la soeur de Lois. Une fois détectés ces éléments graphiques à destination des connaisseurs des personnages, le lecteur peut se délecter de visuels dégageant une bonne humeur organique (personnages souriants, couleurs claires, éléments de décors évoquant une sorte d'âge d'or des années 1950, etc.) et comportant des détails sophistiqués. Rude dispose également d'une capacité surnaturelle à marier une approche réaliste, avec une légère exagération propre aux dessins pour enfants. Page 136, il représente Tweedledee et Tweedledum assommés ; leurs visages est à la fois celui de 2 messieurs un peu simplets dans leur quarantaine, et celui de 2 hommes de main idiots tels qu'on en croise dans les ouvrages pour la jeunesse. L'encrage de Karl Kesel respecte parfaitement les crayonnés de Steve Rude, en particulier sa maîtrise de l'épaisseur et de la forme des traits. Steve Oliff réalise une mise en couleurs d'apparence simple, mais avec une sensibilité en totale cohérence avec les ambiances développées dans l'histoire.



Dave Gibbons et Steve Rude ont réalisé une histoire pour tout public, de 7 à 77 ans. Pour chaque tranche d'âge, le lecteur pourra trouver un niveau de lecture qui le divertira, du premier degré d'émerveillement devant ces 2 superhéros bons copains, à l'histoire pour rire disposant de visuels sophistiqués et intelligents. Par la suite Dave Gibbons a continué sa carrière de scénariste avec entre autres Batman versus Predator, tome 1 (1991/1992), et Steve Rude a travaillé pour Marvel, par exemple une histoire de Thor Godstorm (en VO).
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Superman et Batman : l'Etoffe des Heros

Cet album reste encore à ce jour l'un des projets les plus réussis parmi ceux qui réunissent les deux héros.
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Superman et Batman : l'Etoffe des Heros

J'étais curieux de lire Dave Gibbons (le dessinateur de Watchmen) s'essayer à la scénarisation. Comme souvent lorsque cela se produit, Gibbons a donc produit une histoire qui manque d'originalité, mais qui donne beaucoup d'occasions à Steve Rude (l'illustrateur, ici) de briller.



L'histoire : Lex Luthor et le Joker passent un marché. Le Joker aide Luthor à faire de nouvelles acquisitions à Gotham, question de sortir son empire financier des limites de Métropolis. En échange, Luther laisse Joker semer le chaos dans les rues de Métropolis durant un mois.



Batman doit donc affronter l'ennemi de Superman, et Superman l'ennemi de Batman.



Évidemment, puisqu'il est important pour les fans que chaque héros soit le seul capable d'arrêter son vilain respectif, les deux échouent. Ils décident donc de s'échanger de ville pour le mois. Batman devient le héros de Métropolis, Superman de Gotham.



Bref, c'est une histoire peu satisfaisante pour le lecteur, parce que l'exigence du retour au statu quo au dénouement empêche Gibbons de faire quelque chose d'original avec son expérience.
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Superman et Batman : l'Etoffe des Heros

Cette histoire augurait bien des promesses mais, malheureusement, ou pas, nos deux méchants (Luthor et le Joker) n’ont pas voulu s’entendre pour proposer une résistance digne de ce nom à Superman et Batman. Cela donne un récit plaisant à lire, bien que souvent confus.
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Superman: Kal

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre qui a été rééditée dans le recueil Elseworlds: Superman Vol. 1. Elle est initialement parue en 1995, écrite par Dave Gibbons dessinée et encrée par José Luis García-López, avec une mise en couleurs réalisée par le studio Digital Chameleon. Il s'agit de la deuxième histoire estampillée Elseworlds consacrée à Superman.



Aux alentours du cinquième siècle, un narrateur anonyme évoque la notion de magie. Il parle d'une planète qui explose, de flammes omniprésentes, de parents mettant leur fils Kal dans un berceau métallique qui s'envole, du même vaisseau qui se pose dans un champ. Alors qu'ils traversent le champ dont ils s'occupent, Martha et John voient la capsule encore fumante, et Martha découvre qu'il y a un bébé dedans, dans cet objet qui ressemble à un œuf d'argent. Elle s'approche pour toucher la capsule, mais son mari la prévient qu'il doit être brûlant. Elle lui répond qu'au contraire il dégage une sorte de fraicheur agréable. Elle le touche : la capsule s'ouvre et elle peut prendre le bébé. Son mari l'avertit que cela ressemble fort à de la sorcellerie et qu'il vaut mieux qu'ils n'en parlent jamais, au risque d'être accusés de pratiques démoniaques. Martha et John indiquent à leurs voisins qu'ils ont adopté le fils d'une sœur défunte de Martha. À 3 ans, Kal (il a choisi lui-même son prénom) fait montre d'une force peu commune et d'une peau impénétrable par les couteaux, et d'une peau toujours propre. John explique à son fils que personne ne doit jamais s'apercevoir qu'il est différent, et prend l'habitude de lui salir un peu la peau du visage. À 12 ans, Kal effectue les mêmes travaux à la ferme que son père. La ferme n'en devient que plus prospère.



Un jour, le maréchal-Ferrant Oll rend visite à la ferme de John. Il est accompagné par son propre fils Jamie. Il vient pour ferrer Goliath, l'un des chevaux de labour de John. Alors que Jamie et Kal jouent avec des coques de marron, l'un des taureaux s'échappe et les charge. Il finit perché dans un arbre : Oll a bien compris ce qui vient de se produire et il convainc facilement John que Kal doit venir l'accompagner pour travailler à la forge dans la ville de Lexford. C'est ce qui se produit vers la fin de l'hiver : Kal est très surpris de voir autant de personnes concentrées dans un lieu aussi réduit. Dès le premier jour, il est bousculé par les gens d'armes du Baron Luthor. Il se souvient du conseil de son père de ne jamais montrer ses capacités extraordinaires. Oll lui indique qu'il a bien fait de ne pas répondre. Kal s'épanouit au travail à la forge, Jamie étant jaloux des regards que lui jettent les jeunes dames, et du fait que sa peau n'est jamais marquée par les scories. Un jour, le crieur vient annoncer la tenue d'un tournoi pour célébrer le seizième anniversaire de Dame Loisse. Tout le monde conseille à Kal de s'y inscrire.



L'exercice créatif d'un récit Elseworlds est très contraint : reprendre les caractéristiques qui font la personnalité d'un superhéros, tout en intégrant les variations d'un ou deux paramètres, dans une histoire plus ou moins originale, ou en reprenant la trame d'une histoire déjà connue. Il s'agit ici du deuxième récit de ce type consacré à Superman, après Superman: Speeding Bullets (1996) de JM DeMatteis & Eduardo Barreto. Sans surprise, l'histoire commence avec l'explosion de Krypton, Gibbons écrivant un commentaire comme s'il était fait par un individu considérant ça comme une vision magique, García-López appliquant une technologie vaguement moyenâgeuse, avec des éléments en bois pour la capsule spatiale. Au fil du récit, le lecteur retrouve les éléments essentiels du personnage : ses superpouvoirs, des parents adoptifs, Lex Luthor, Jimmy Olsen, et un bout de kryptonite pour faire bonne mesure. Il relève aussi bien les ressemblances que les différences, les variations faisant tout le sel et tout l'intérêt du récit. La première différence réside dans l'époque du récit : le haut moyen âge. Le lecteur remarque vite qu'il ne doit pas trop s'attacher aux détails historiques, et encore moins à la véracité. Dave Gibbons se limite à placer son récit dans une ville d'importance non précisée, mais située au pied d'un énorme château fort, ce qui laisse supposer une cité de grande ampleur. Le seigneur des lieux ne répond à aucune autorité temporelle ou spirituelle. Il semble puiser ses sources d'information dans les dessins animés Disney se déroulant à cette époque.



Cette histoire est également l'occasion de retrouver José Luis García-López, dessinateur espagnol ayant illustré les aventures de Batman, de Superman, de Jonah Hex, des Teen Titans, Twilight (1990, écrit par Howard Chaykin) et même la rencontre Batman Vs the Incredible Hulk (1982, écrit par Len Wein). Il est en phase avec le scénariste pour une reconstitution historique agréable sans être forcément très authentique. Il dessine dans un registre descriptif et détaillé, avec des traits de contours un peu irrégulier qui apporte un peu d'âpreté, même si les postures et les prises de vue évoquent les conventions graphiques des comics de superhéros. Par contre, il va jusqu'à un niveau de détails qui élèvent les décors et les tenues au-dessus du carton-pâte et du costume fait maison. Au fur et à mesure que Kal progresse dans le château fort, le lecteur peut constater que l'artiste a bien fait son travail de recherche et que la construction ressemble à la réalité. Il observe également les harnachements, les armures, les robes des dames, les outils dans la forge : tout est cohérent à défaut de contenir une fibre pédagogique.



Le lecteur se laisse donc porter par la familiarité des origines de Kal-El, par l'environnement moyenâgeux accessible à tout le monde, et par l'histoire qui progresse rapidement. Le scénariste a repris l'idée de Kal-El élevé par des fermiers, puis allant à la ville (mais pas pour être journaliste). Lex Luthor règne sur son fief, présence dominatrice d'un despote peut-être éclairé qui règne par la force sur les paysans et les citadins. L'enjeu réside donc dans l'amour de la belle Loisse qui est cantonnée au rôle de demoiselle en détresse, ce qui affaiblit le personnage par rapport à son rôle dans la série régulière. Dans ce monde d'êtres humains normaux, Lex Luthor ne peut faire face à Superman que grâce à une pierre verdâtre récupérée par un coup de chance providentiel, et transformée en bijou, à nouveau de manière bien opportune. De même, la carapace de plomb arrive pile-poil au bon moment de manière tout aussi opportune. Dave Gibbons raconte une histoire simple sur une trame linéaire, pour un récit tout public. Il termine son histoire avec une petite surprise, rattachant Kal à une autre légende. Tout du long, le lecteur ne pas s'empêcher de trouver que Kal est étrangement diminué par rapport à la version classique de Superman. L'injonction de son père de ne pas se faire remarquer semble avoir eu un effet tel qu'il réprime inconsciemment ses superpouvoirs.



Au bout de quelques pages, le lecteur ne pas faire autrement que de se dire que la vrai Superman dispose de pouvoirs plus intenses et qu'il n'aurait pas forcément supporté les abus de pouvoir de Lex Luthor aussi longtemps. Il peut aussi se dire que Dave Gibbons voit cette époque comme beaucoup plus simple que le temps présent et que c'est la raison pour laquelle Kal n'a pas de velléité de remettre en cause l'ordre établi. D'ailleurs à plusieurs reprises, le lecteur éprouve la sensation que pour le scénariste, les êtres humains de cette époque étaient beaucoup moins intelligents, des benêts. Du coup ce récit a dû mal à s'inscrire dans le genre superhéros, car Kal n'a qu'à foncer dans le tas pour aller de l'avant, sauf face au morceau de kryptonite. De toute évidence, José Luis García-López aime bien dessiner Kal torse nu, avec une grande largeur d'épaule. Ayant atteint l'âge adulte, Kal est un bel homme musclé, avec une chevelure bouclée, et une stature de colosse. Il avance d'une démarche altière qui en impose, dégageant un fort charisme. Il utilise peu ses superpouvoirs, et dans des postures différentes de celles canoniques. Alors même que rien ne semble pouvoir mettre Kal en réelle difficulté, les dessins montrent qu'il en bave et qu'il lui faut faire preuve de détermination pour aller de l'avant.



Ayant terminé cette histoire, le lecteur se dit que cette version n'atteint pas tout son potentiel. Dave Gibbons utilise le postulat de départ pour projeter Kal-El dans un autre environnement : l'Europe au cinquième siècle. José Luis García-López donne de la consistance à cet endroit à cette époque, avec une réelle force de conviction, même s'il ne fait pas vraiment œuvre de reconstitution historique. Il sait trouver le point d'équilibre pour montrer comment Kal peut vivre parmi les humains normaux, et la force de la nature qu'il devient quand il utilise ses superpouvoirs, donnant une vision différente du personnage. Dave Gibbons utilise plus des clichés que l'artiste, pour une histoire facile et superficielle, proche d'un Walt Disney. D'un côté, les auteurs proposent une version réellement alternative ; de l'autre elle n'en dit pas beaucoup sur le personnage, ni au premier degré, ni par comparaison.
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Watching the Watchmen

Sans doute l'une des meilleures parutions que le 9ème art possède. Une oeuvre incomprise puisqu'il n'a pas été suffisamment mis en avant qu'il ne s'agit pas d'un comics book ordinaire. On y dépeint un groupe de super-héros sous une politique Nixon plus humains que jamais ... Un chef d'oeuvre.
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Watching the Watchmen

Qui custodiet ipsos custodes ? Qui garde les gardiens ? C'est une des questions, et pas la moindre, que pose ce livre qui s'affirme avec le temps comme un des chefs-d'oeuvre de la bande dessinée. Conçu extérieurement comme un comics américain de super-héros, il en épouse artificiellement les codes pour mieux les détourner et se pose comme un ouvrage très structuré, d'où est bannie la moindre superficialité. Ici, on parle d'ailleurs de héros costumés ; aucun ne possède de super-pouvoirs (sauf un !) et, dans l'imaginaire collectif, ils sont vus comme des étrangetés, au mieux tolérées, mais plus souvent contraintes à la mise en parenthèse de leurs activités. D'ailleurs, eux-mêmes le reconnaissent, les méchants masqués se font rares et justifient par leur absence leur propre reconversion. Détail hilarant, dans ce monde-là, les histoires de super-héros n'ont jamais fait recette et les jeunes américains lisent des comics mettant en scène des histoires...de pirates.



Le récit met en avant une légère distorsion de notre histoire. Les U.S.A ont gagné au Vietnam, Nixon est réélu pour la cinquième fois et les valeurs de droite triomphent sans partage sur l'ensemble du monde libre. Par contre, la planète est à un ongle d'un conflit majeur, l'U.R.S.S jouant la carte d'une escalade nucléaire pour compenser sa propre infériorité militaire.

Au moment où l'histoire commence, un des anciens héros costumés, une montagne de muscles misogyne et fascisante, est assassiné chez lui. Parallèlement au travail de la police, une enquête est menée par un de ses anciens collègues, un ultra-conservateur cinglé et en voie de clochardisation. Celui-ci sera amené à reprendre contact avec ses collègues pour dévoiler peu à peu une vérité étrange qui nous laissera tous perplexe.



Le travail du dessin, l'agencement des cases, la dissémination visuelle d'indices tout au long du récit font de cette bande dessinée un ouvrage très plaisant à lire et qui donne matière à réflexion, jusqu'au personnage du docteur Manhattan, individu omniscient et omnipotent, mais dont le désintérêt pour lui-même et pour le reste de l'humanité va croissant. Qui custodiet ipsos custodes ? Eh bien personne, je crois...
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Watchmen (Intégrale)

Cette série est l'un des joyaux de DC comics (grands succès de bande dessinées des années 1986-1987) et marque un tournant dans l'univers des super-héros, ces derniers sont presque des gens ordinaires. le génie d'Alan Moore c'est d'avoir traité son sujet sous forme d'un polar, dans une uchronie très sombre.
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Watchmen (Intégrale)

New-York, fin du 20ème siècle. Les "super-héros", assimilés à une milice, ont presque tous été mis au rancart. Mais des crimes sont commis et Rorschach, qui par refus de cesser ses activités de poursuite des malfaiteurs est maintenant considéré lui-même comme un criminel, est persuadé que quelqu’un cherche à éliminer les derniers justiciers masqués. Mais la machination en cours va bien plus loin que ce qu’il croit !



Ne vous laissez pas rebuter par le thème des super-héros : "Les gardiens" a été récompensé de nombreuses fois et c’est amplement mérité : richesse du scénario, qualité des dialogues (la traduction est de Jean-Patrick Manchette), étude fouillée des psychologies... Une merveille comme Alan Moore en a le secret, ayant reçu des prix prestigieux : le prix Hugo (le Goncourt de la science fiction, décerné pour la première fois à une bande dessinée), le prix du meilleur album étranger au festival d'Angoulême en 1989, sans compter qu'elle est carrément classée par le New York Times comme l'une des cent oeuvres littéraires les plus importantes de tous les temps ! Bref, absolument indispensable.
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Watchmen (Intégrale)

Une des BD que j'emporterais sur une ile déserte... Graphiquement, c'est déjà beau. Mais l'histoire! Des super héros déprimés et paranoïaques, un monde qui court l'extinction dans le stupre et la luxure... Un complot aussi improbable que machiavélique....Et en filigrane, "tales of the black freighter", récit macabre d'un naufrage et de la survie d'un matelot... Tout, absolument tout est à lire dans ce monument littéraire.
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Watchmen (Intégrale)

L’idée de pouvoir retourner dans l’univers des Watchmen n’est pas pour nous déplaire mais c’est aussi à double tranchant. En effet, c’est une œuvre culte qu’il s’agit d’exploiter et le moindre faux pas peut être fatal.
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Watchmen (Intégrale)

Watchmen est une œuvre ayant une excellente réputation dans le monde du comic book. Considérée comme étant l’une des meilleures histoires, j’avais énormément d’attentes, mais aussi quelques craintes avant de commencer la lecture. J’accorde énormément d’importance à la partie graphique d’un comics (aussi bien le style de dessins que la colorimétrie). Ma première surprise fut donc d’apprécier la qualité des dessins et le travail de la couleur que je trouve impressionnant pour un récit datant de 1986-1987.



J’ai été très facilement plongé dans l’histoire, il faut dire que le scénario aide à rentrer rapidement dans le vif du sujet. La qualité d’écriture des personnages est sensationnelle. De nombreux flash-back permettent d’approfondir les protagonistes et de mettre en place des éléments qui donneront de la consistance aux relations qui les unissent. Je me suis surpris à ressentir de l’attachement pour des personnages et même une profonde empathie pour certains d’entre eux. Je pourrais écrire des pages entières sur ce comics tellement il y a de choses à en dire…



Cette œuvre est absolument indispensable et constitue l’une des meilleures histoires que j’ai pu lire dans ma vie. Je ne le conseillerais pas à tout le monde pour autant car le ton général est très mature et conviendra davantage à un public adulte, ou à un lectorat ayant un certain nombre de lectures de comics à son actif.
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Watchmen (Intégrale)

J’avais lu il y a quelques années ce roman graphique signé Alan Moore et Dave Gibbons, cette nouvelle édition (intégrale des 12 épisodes suivie d’une cinquantaine de pages de bonus sur la genèse de Watchmen et ses personnages) est l’occasion de redécouvrir l’incroyable richesse de ce récit.



Initialement diffusé aux États-Unis au rythme d’un épisode mensuel entre septembre 1986 et octobre 1987 pour DC Comics, le public français devra attendre 1992 pour découvrir la série proposée en 6 tomes par les éditions Zenda. Toutefois ce sont les éditions Delcourt et leur édition intégrale proposée en 1998 qui lancera vraiment le phénomène Watchmen en France.



Jamais le terme roman graphique n’aura été aussi approprié, Watchmen est bien plus qu’une BD améliorée. Déjà par l’épaisseur de la chose (plus de 460 pages et plus d’un kilo six… bien que possédant la version papier je me suis rabattu sur une édition numérique en haute définition). Mais c’est surtout la richesse et la densité de l’intrigue qui place Watchmen et le scénario imaginé par Alan Moore à la hauteur de meilleurs romans d’anticipation.



Alan Moore voulait proposer une histoire du super-héros qui se détache de l’univers de DC Comics et qui offrirait une approche totalement inédite. Un pari qu’il remporte haut la main et qui lui laisse une totale liberté d’action dans « son » monde.



C’est dans notre monde qu’il situe son intrigue, mais un monde revisité par une approche à la fois uchronique et dystopique. L’intrigue débute en 1985 aux États-Unis – les USA ont gagné la guerre du Vietnam, le président Nixon a modifié la constitution afin de pouvoir se faire réélire encore et encore –, les tensions avec la Russie sont à leur apogée, à tel point que le monde est aux portes d’un conflit nucléaire.



Une loi votée en 1977 interdit l’action des justiciers masqués. Seuls deux d’entre eux continuent malgré tout d’œuvrer. Le Comédien officie pour le compte du gouvernement, tandis que Rorschach agit dans l’ombre, en totale illégalité. Les autres ont rangé leurs costumes, plus ou moins désabusés.



Ladite loi ne s’applique pas à Dr Manhattan, le seul véritable super-héros du roman aux pouvoirs quasiment illimités. Il faut dire que Dr Manhattan fait partie intégrante de la force de dissuasion face à la menace soviétique.



Alan Moore revisite le mythe du justicier en y incorporant une grosse dose d’humanité. Ses personnages sont tourmentés (pour ne pas dire torturés pour certains), ils doutent et se remettent en question (la légitimité de leur action… ou de leur inaction), ils éprouvent des sentiments 100% humains et les assument à 100%.



Pour l’anecdote, au départ Alan Moore souhaitait utiliser des personnages créés dans les années soixante par Charlton Comics. Pour des questions de droits il renoncera à son idée, se contentant de s’inspirer des personnages de Charlton pour créer les siens.



L’intrigue va donc s’articuler autour de l’enquête de Rorschach et consorts, mais aussi sur l’étendue progressive de la situation internationale qui devient de plus en plus explosive. De nombreux flashbacks viendront mettre ne lumière le passé des personnages. Ajoutez à cela une histoire de pirates qu’un jeune lit devant le kiosque d’un marchand de journaux. Histoire dessinée par un graphiste porté disparu depuis quelques années, comme d’autres figures majeures du monde culturel.



Vu comme ça c’est clair que ça peut paraître un peu décousu, et parfois ça le sera à la lecture, mais soyez assuré que Alan Moore n’a rien laissé au hasard. De même aucun élément de son intrigue n’est là pour combler un vide, chaque est à s place, là où il faut, quand il le faut.



Chacun des douze chapitres se termine par quelques pages de bonus (extraits du journal de Rorschach, coupures de presses, notes diverses…) qui viennent encore étoffer le contexte ou les personnages.



Le dessin de Dave Gibbons sert parfaitement le scénario imaginé par Alan Moore, le trait est fin et précis, il joue habilement avec la luminosité et les contrastes.



Cerise sur le gâteau, Urban Comics a renoué avec la traduction originale de Jean-Patrick Manchette. En effet depuis 2007 la traduction avait été révisée à la demande de Panini… Un choix plus que discutable à en juger par la réaction de nombreux fans. Ne connaissant que la version de Jean-Patrick Manchette, je ne me prononcerai pas sur le sujet, mais je peux tout de même affirmer que le texte est un régal à lire.



Après plus de 400 pages on pourrait être tenté de parcourir en diagonale les bonus inédits proposés par cette intégrale ; ça n’a pas été mon cas et je n’ai aucun regret, c’est presque aussi captivant de découvrir la genèse du projet et de ses personnages que de lire le bouquin.



Watchmen reste une œuvre culte totalement intemporelle. Je ne mentirai pas en vous disant que j’ai encore plus apprécié ce bouquin à l’occasion de cette redécouverte que lors de ma première lecture, question de maturité sans doute… Un must have pour tout amateur d’anticipation, je suis convaincu que ce bouquin saura convaincre même les plus réticents face à un support graphique.
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Watchmen (Intégrale)

Faisons le point sur juin 2021. Il a été pour moi un mois assez complexe, entre surmenage, remises en question, mais aussi accalmies voire instants tout simplement magnifiques. J'essaie de prendre soin de moi tout en ébauchant des projets plus grands que le blog ; c'est pourquoi une surcharge de travail risque définitivement de me mettre HS. J'ai décidé d'arrêter les « mois à défi » et de manière générale que j'annoncerai de chroniquer tel ou tel livre. Il n'y aura donc pas de « Quoi de neuf » pour l'année prochaine et vous m'en voyez le premier désolé. Désormais, tous les articles paraîtront (du moins sur mon blog) le samedi à 19h sans exception, sauf que les traditionnels billets pour Noël, le Nouvel An et la date anniversaire du blog. Cela nous fera donc 55 articles par an. Moins de quantité, plus de qualité, c'est ce que dirait mon grand ami Arthur Aïoutz quand je débarque dans sa boîte de prod naissante avec 259 projets qui marchent plus ou moins bien.

(Et je vous dis ça alors que cet article sort un dimanche à 20h15... Les bonnes résolutions commencent bien.)

Assez parlé de moi. Ce qui nous amène ici, c'est toujours la passion de l'Imaginaire, l'envie d'explorer les sommets et les tréfonds de mondes nouveaux, la soif de nouveaux territoires non pas à conquérir mais à contempler. Quoi de mieux pour ça que les histoires de super-héros ? Qui peuvent prendre absolument tous les tons, du plus jovial au plus… névrosé.

En effet, c'est bien d'une super-science pessimiste dont nous allons parler aujourd'hui. Je ne pensais pas avoir un mot à dire sur le comic Watchmen. Grosse référence de chez DC même si déconnectée de l'univers des autres superslips (enfin… jusqu'à récemment), je pensais n'y trouver qu'une des premières déconstructions du mythe super-héroïque, avec un intérêt certes historique, mais guère plus ; un machin déjà critiqué et analysé en long et en large par des gens bien plus talentueux que moi, et que je ne pourrai peut-être même pas apprécier à sa juste valeur. Soyons clairs : finalement, j'ai très envie d'en parler. Je ne vais pas développer cela dit de point de vue très original mais avant tout une présentation exhaustive. Cette critique, même si elle part dans tous les sens (Marc Ang-Cho va me faire un procès pour tout analyser à sa place !), n'a qu'un seul but et une seule prétention : VOUS DONNER ENVIE DE LIRE WATCHMEN !



Qualité scénaristique



Super-héros et réalisme



Le comic d'Alan Moore et Dave Gibbons imagine donc l'impact réel que pourraient avoir les super-héros sur le monde. Serviraient-ils forcément le Bien ? Et leur patrie ? Quelle serait leur éthique ? Amélioreraient-ils forcément le monde ? C'est donc un univers bien plus sombre et réaliste que d'ordinaire pour le genre qui vient se dessiner ici. Si comme moi ce qui vous intéresse le plus chez les super-héros sont justement leurs implications morales et géopolitiques (« un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », comme diraient tous les élèves de mon ancienne prof de philo exaspérée de ne jamais trouver d'autres citations), Watchmen est pour vous puisqu'il s'intéresse non seulement au rôle que pourraient avoir les super-héros mais aussi celui qu'ils auraient pu avoir.

En effet, dès la première page, des différences subtiles se font sentir avec l'époque de parution du comic : dans la forme d'une voiture, le nombre anormal de dirigeables dans le ciel, ou encore les modes vestimentaires des keupons. On apprend en effet par la suite que grâce à un être surpuissant, le Dr Manhattan, les étasuniens ont remporté la guerre du Vietnam et Nixon est resté au pouvoir (au point qu'on lui a même décerné une plaque sur la Lune !). C'est donc une Amérique plus impérialiste que jamais qui apparaît devant nous, dans une guerre froide de plus en plus tiédasse. Avec les circonstances auxquelles on pouvait s'attendre : omniprésence des réactionnaires, paranoïa, refus d'investir de l'argent dans les services publics (et donc les villes se délabrent)… Les agressions se font de plus en plus nombreuses, les gens restent cloîtrés chez eux ou dans leurs opinions de comptoir. le milieu progressiste, timide, ne s'exprime qu'au travers du Nova Express (vraisemblablement un magazine musical), concurrencé par le très droitier New Frontiersman.

Une autre conséquence de la présence de super-héros est que certains se sont retirés du métier pour profiter de leurs pouvoirs en se lançant dans le business. Ainsi un prodige d'intelligence, Ozymandias, a-t-il monopolisé tous les domaines de la société : transports, parfums, télévision, développement personnel… Ce que j'apprécie tout particulièrement, c'est que dès 1985 Alan Moore avait compris que la voiture électrique était possible… et que c'était une belle cochonnerie 😛

Enfin, les super-humains sont le plus souvent impopulaires, et parfois à raison. Au point que la presse comics s'est finalement tournée vers les histoires de pirates. Des histoires souvent moins morales, et sous la plume de l'un de leurs scénaristes les plus talentueux terriblement plus sanglantes et plus glauques, illustrant la perte de repères d'une époque plus déboussolée que jamais (et punaise, je me mets à parler comme le 20 heures…).



Les personnages



C'est donc dans ces années 80 qui feraient passer Saturday Night Fever pour un gentil film de famille qu'évoluent différents super-héros, certains ayant pris leur retraite à la suite d'une loi restreignant leur activité en 1977, certains continuant de se faire tolérer car ayant prêté allégeance au gouvernement étasunien. Les six (ou plutôt cinq) que nous suivons ne forment jamais d'équipe formelle, mais se font surnommer par les auteurs les Watchmen par analogie avec une équipe de super-héros ayant bel et bien existé dans ce monde, les Minutemen (on appréciera la polysémie du terme watch, désignant à la fois le fait de voir, se rapportant à l'observation de la société, et la montre, se rapportant au compte à rebours). Ils sont tous des personnages particulièrement soignés et humains, même lorsqu'ils se comportent comme de parfaites ordures :

- Rorsach est un détective masqué connu pour sa violence et la justice qu'il fait lui-même (de façon évidemment très expéditive). C'est un mélange entre Batman et le Punisher. Un évènement traumatisant de son enfance l'a également encouragé à devenir sexiste et puritain. Persuadé de l'existence des valeurs de l'Amérique, il pense que les États-Unis sont en plein délitement, et ce ne sont pas les gangs et les violeurs du coin de la rue qui lui feront dire le contraire. Pourtant, on notera chez lui un sens moral particulièrement élevé, le tout avec une justesse inespérée qu'Alan Moore décrit ainsi lors de la préparation du scénario : « En vérité, pour présenter ce personnage équitablement, il va me falloir décrire ses idées comme tout à fait logiques et venues du fond du coeur, de peur qu'il se transforme en parodie des idées de droite vues par un type de gauche. Selon le point de vue sous lequel on se place, [il] est soit la seule force incorruptible qui existe dans un monde aux valeurs morales en pleine érosion, soit un sociopathe dangereux et quasiment psychotique qui tue sans compassion ni souci des fioritures légales ».

- le Hibou est le super-héros le plus normal, et, il faut bien le dire, mon préféré (en grande partie parce que je voue une haute affection à ces nobles créatures). Deuxième du nom, il a pris sa retraite en 1975 même s'il a gardé une grande nostalgie de son métier qui consistait en partie à être inventeur. Il s'agit d'un quadragénaire simple et sensible, le genre de mec droit qui va pas fourrer son nez n'importe où par l'appât du gain. Mention spéciale à Archie, la « Hiboumobile », un vaisseau au design tout à fait particulier et dont le fonctionnement parvient à rester réaliste.

- Ozymandias est donc celui qui a fait fortune. Libertarien de gauche, il s'est imposé comme une des grandes figures progressistes encore en vogue. Un homme cultivé et voulant à tout prix le bien de l'Humanité… mais est-ce que la philanthropie peut suffire ?

- le Spectre Soyeux est elle aussi la deuxième de sa lignée, forcée par sa mère à endosser à son tour la casquette (ou, en l'occurrence, la jupette). Condamnée à être une héroïne femme (et donc forcément sexy), elle a vu la loi de 1977 comme une bénédiction car lui offrant enfin un semblant de vie normale. Ce qui n'empêche pas sa mère de continuer de projeter ses fantasmes en elle ; elles forment un duo fascinant, l'une à la poursuite des rêves de gloire qu'elle n'atteindra jamais et espérant donc que quelqu'un de son sang les accomplisse à sa place, l'autre qui les refuse car trop consciente de ce qu'ils impliquent.

- Il faut enfin ajouter qu'elle vit en couple avec le Dr Manhattan, transformé en quasi-dieu suite à une expérience de physique qui a mal tourné. Ses capacités lui permettent de percevoir le monde des particules, l'avenir, se dédoubler, convertir n'importe quelle matière en une autre, connaître toutes les informations dont il a besoin… Mais son point faible est que sa toute-puissance l'a rendu presque complètement imperméable au monde des humains. Si on pourrait à raison considérer que ce personnage est un gros « ta gueule, c'est quantique », en revanche on appréciera sa psychologie nuancée qui l'empêche d'être un simple deus ex machina : un équivalent de Spock ou Data… en plus mélancolique.

- Enfin, vient se greffer à tous ces joyeux drilles une figure solitaire et particulièrement malveillante, le Comédien. Un être ayant les mêmes inspirations que Rorsach, mais avec le Joker en plus. Se laissant guider par ses pulsions et son nationalisme extrême, le Comédien est une sorte de Rambo grotesque, cruel et ricanant. Pourtant, malgré le fait qu'il soit une enflure ++, il n'en demeure pas moins quelqu'un de solitaire, d'isolé, et qui contrairement à Rorsach désire la compagnie de ses semblables, ne serait-ce qu'au travers de leur destruction.

À ces protagonistes viennent se greffer encore d'autres super-héros, mais surtout des personnages secondaires particulièrement travaillés, des gens « de la vie de tous les jours » ; ils sont campés avec un naturalisme particulièrement précis, sans pour autant sombrer dans le cynisme un seul instant : on découvre ainsi la vie des années 80, les vendeurs de kiosque grincheux mais ayant bon coeur, les religieux un peu timbrés, la communauté LGBT se heurtant à des tabous allant bien au-delà de leur simple appartenance sexuelle et sous tension permanente, forcée d'un côté à se taire par les conservateurs, mais d'un autre, les libéraux se disent que ça ferait quand même un bon business… Moore finira d'ailleurs par écrire : « Pour le meilleur et pour le pire, les humanoïdes ordinaires, non télépathes, dépourvus de mutations et privés du don de double vue qui traînent sur un des coins de rue anonymes de Watchmen en sont venus à  me sembler plus précieux et plus intéressants que ceux qui soulèvent des rivières et déplacent des planètes. Je souhaite aux super-héros tout le bien imaginable entre les mains de ceux qui guideront leur vol dans le futur, mais, pour ma part, je suis impatient de revenir sur cette Terre ». Résultat des courses : on se retrouve avec un nombre de persos très élevé mais qui restent admirablement bien campés, ce qui je pense nous permet une comparaison avec un autre grand maître de l'Imaginaire : Guy Gavriel Kay.



L'intrigue



L'histoire commence avec l'assassinat du Comédien. Rorsach décide d'enquêter, en dépit de la police qui le traque. S'ensuit un long jeu de flash-backs et de retours au présent, entrecoupé à la fin de chaque épisode par un appendice constitué de documents venant approfondir l'univers. Vous l'aurez compris, non seulement il s'agit d'une narration à multiples personnages, mais en plus elle est non-linéaire. Pourtant, avec le nombre relativement peu élevé mais bien dosé d'affrontements et le fait que personne ou quasiment ne fasse juste de la figuration, tout reste parfaitement fluide contrairement à de gros gloubi-boulgas épiques qui partent dans tous les sens (Civil War). Cette richesse permet de cumuler différents registres et thématiques : polar noir, drame familial, exploration spatiale, guerre du Vietnam… La diversité déjà élevée n'en devient que plus grande.

Et il me faudrait encore vous citer les multiples références culturelles plus ou moins explicites, le sense of wonder / sense of doom, l'ironie dramatique modelant le récit et lui conférant un certain humour (très) noir, la symbolique omniprésente… le tout avec des fusils de Tcheckov qui tirent dans tous les sens et une fin glaçante de maîtrise. On pourrait relire ça cinq fois qu'on y trouverait encore des détails qui nous échappent !

Reste que rien n'est parfait, et qu'un point mineur m'a quand même fait tiquer sur la fin : l'univers, qui se voulait jusque-là réaliste (ou, dans le cas du Dr Manhattan, au moins pseudo-réaliste) laisse d'un coup apparaître le surnaturel avec la médiumnie. Alors, pourquoi pas essayer d'y donner des explications scientifiques ? D'accord, la chose que l'on veut faire grâce à elle n'est pas réaliste, mais c'est justement parce que le personnage qui l'orchestre ne veut pas qu'elle soit réaliste ; seulement son fonctionnement ne l'est pas non plus. Et une fois qu'elle a joué son rôle, on n'en entend plus parler ; on ne saura rien de plus sur les mystérieux pouvoirs psychiques qui auraient pu façonner des dizaines d'autres super-héros.



Qualité graphique



Concernant le dessin, il s'agit peut-être de ce qui m'a le plus rebuté : la ligne de Gibbons est claire, nette, presque rigide, comme bon nombre de récits super-héroïques de l'époque, sans la palette de couleurs particulièrement large qui leur permet aujourd'hui de produire des cases de toute beauté (rassurez-vous, les dessins sont quand même beaucoup moins statiques que les comic books des débuts). Mais elle a aussi ses avantages : elle arrive à être en tous temps lisible, sachant faire un dosage très équilibré entre épure et amour du détail. Et c'est sans compter la couleur qui dose intelligemment les différentes teintes dominantes, quitte à parfois prendre une palette réduite mais très contrastée. Les clair-obscurs du néo-noir, les teintes sombres, les dégradés, tout cela nous offre par moments des planches absolument sublimes (je pense notamment à la page 18).

Les deux auteurs ont également opté pour une narration recourant très souvent au gaufrier, cette technique consistant à faire des cases ayant toutes les mêmes dimensions. L'héroïsme est ici ou bien discret ou bien aux abonnés absents, inutile donc de faire des cadrages grandiloquents ; et cela retranscrit tout à fait bien l'ambiance anxiogène et enfermée du monde dans lequel vivent les personnages.



Qualité littéraire



Enfin, et c'est très certainement la raison pour laquelle on l'a parfois qualifié de « roman graphique », Watchmen ne se repose pas que sur l'image. En effet, un des reproches que l'on a longtemps faits à la bande dessinée était qu'il s'agissait d'une littérature diminuée, à laquelle on mettait des images pour pallier le manque de style des auteurs. D'une part, c'est faux (n'importe qui bossant dans le cinéma vous dira qu'on peut communiquer autant voire plus de choses et de subtilités dans une image que dans des mots), mais surtout cela n'empêche pas les auteurs de faire un usage virtuose (et pas forcément pédant) de la langue quand ils en ont l'occasion. Je pense bien sûr au parler désuet de Tintin, à la grandiloquence parodique d'Achille Talon… mais surtout à de Capes et de Crocs, hommage à la culture populaire du XVIIe siècle que vous devez absolument lire, ne serait-ce que pour la réplique culte du personnage voulant en jeter un autre « dans l'espace pour qu'on ne l'y entendît point crier »…

Et dans Watchmen, Alan Moore va montrer qu'il n'est pas seulement un grand scénariste mais aussi un grand écrivain (par contre, pour sa fresque ésotérique de 1800 pages, je crois qu'il va falloir attendre un peu — je suis fou, d'accord, mais un fou raisonnable). Il va en effet s'amuser à reprendre, en-dehors du récit principal, différents styles d'écriture, fournissant un travail d'imitation exemplaire de tout ce qui lui tombe sous la main : fausse autobiographie, introduction de traité géopolitique, critique journalistique, brèves de presse… Il y a même ce qui pourrait sembler un pastiche extrêmement réussi de mon journal-nanar favori, Valeurs actuelles, hallucinant de bêtise humaine.

Alors, c'est bien joli, mais depuis la mort de Diderot, on sait qu'il faut une petite plus-value : l'art ne se limite pas à de l'imitation, où est le génie ? Probablement dans cette mise en abyme relatant une histoire de pirates. Si le ton mélodramatique use et abuse des effets de roman de gare, ce récit qui semble n'avoir aucun rapport avec celui principal annonce en fait le destin fatal d'un des personnages, que je vous ferais le plaisir de ne pas vous spoiler.



Fond politique



Mais enfin et avant tout, Watchmen est plus qu'un simple divertissement. C'est un cri d'alarme politique. Il vient nous rappeler différentes choses : comment aurait pu tourner la guerre froide, comment nous pourrions lutter pour changer le monde, mais aussi que l'enfer peut très bien être pavé de bonnes intentions. le pouvoir corrompt : pouvoir politique, bien sûr, mais aussi le super-pouvoir, si l'on n'y prend pas garde. La chute, que l'on ne devine vraiment qu'à la dernière case, vient ébranler toutes les révélations finales. On peut l'interpréter comme une critique de la logique utilitaire / pragmatique que certains prônent pour lutter contre le Mal (comme j'avais déjà pu en parler dans une analyse de Block 109). Et ça fait très, très mal.

Il est intéressant de noter qu'Alan Moore est un anarchiste ; on aurait donc pu s'attendre à une oeuvre clamant à chaque page qu'elle rejette en bloc toute forme d'autorité, voire à une critique bas-du-front en mode : « ouais les super-héros ils sont plus puissants que les gens normals donc c'est des méchants ». Et pourtant, il parvient miraculeusement à maintenir une grande subtilité, sans jamais de prosélytisme. Preuve en est qu'on peut lire et apprécier la BD sans jamais se douter de ses convictions politiques, ce qui ne veut pas dire qu'elles ne donnent pas un cap au récit, bien au contraire.



Conclusion



J'espère avoir été suffisamment clair : si vous aimez les histoires de pirate, lisez Watchmen ; si vous aimez le pulp kitschouille avec des méchants qui cachent leur base dans des endroits incongrus, lisez Watchmen ; si vous aimez les polars noirs, les grands questionnements métaphysiques ou tout simplement les séries avec plein de personnages qui interagissent entre eux de manière plus ou moins heureuse, lisez aussi Watchmen. Il ne s'agit cela dit, en raison de la noirceur de son ton et de sa violence graphique, pas d'un livre s'adressant à tous les publics. Mais quel tour de force ! On a là un grand livre, aussi bien dans son humanité que sa monstruosité, qui laisse ébranlé longtemps après sa fermeture. Un ouvrage à vous procurer d'urgence pour votre culture…



(PS : le nombre de caractères étant ici restreint, je vous invite à aller sur mon blog où je parle du film)
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Watchmen (Intégrale)

C’est dans un New York en ébullition que prend place l’action de Watchmen, alors que Nixon a été élu Président pour la cinquième fois consécutive et que la Guerre Froide est sur le point d’atteindre son apogée (à savoir le déclenchement d’un conflit nucléaire). C’est dans ce climat de tension que le corps du Comédien, ancien justicier œuvrant jadis pour le salut de l’Oncle Sam, a été défenestré et retrouvé gisant sur le trottoir en contrebas de son appartement, dans une flaque de sang. Rorschach, ancien camarade de ce-dernier, enquête sur cette mort étrange qu’il assimile directement à un assassinat. Dès lors, il émettra rapidement l’hypothèse selon laquelle quelqu’un en aurait après les anciens justiciers. De ce fait, il reprendra contact avec ses acolytes d’un autre âge devenus des gens rangés ayant relégué leurs costume au statut de relique.





Watchmen, est un comics qui malmène ses super-héros (qui n’en sont d’ailleurs pas vraiment). Les prestations incroyables des justiciers ne sont évoquées qu’en guise de souvenir et il ne reste plus grand-chose de l’âge d’or des Minutemen ou des Vigilants. Les gardiens ne sont plus qu’une entité évasive, un souvenir que l’on évoque et une force désormais interdite par l’autorité, autrement dit, une puissance dissuasive devenue obsolète. A travers cette bande-dessinée, Moore et Gibbons ont pris le parti d’axer leur approche du justicier d’un point de vue psychologique afin d’en souligner toute la précarité voire la décadence.



Rorschach, à ce titre, apparaît comme quelqu’un de violent en conflit permanent avec le monde et son époque, un personnage sans états d’âme à l’égard des criminels et fondamentalement intransigeant face à la notion de justice. Le docteur Manhattan, figure phare du super héro et personnage antinomique de Rorschach, combine toutes les formes de pouvoirs mais n’en demeure pas moins un être en proie à de sempiternels questionnements métaphysique. Paradoxalement, l’expérience dont il a été la victime, celle qui lui a conféré tous ses pouvoirs, l’a également privé d’un certain sens de l’empathie. Il ne constitue plus qu’un être insensible, curieux de ce que peuvent ressentir les être humains. Dans un cas comme dans l’autre, la figure de l’antihéros leur sied à merveille même s’ils échappent tous deux à toute forme d’étiquette durant tout le récit. Et que dire du Comédien dont l’identité, révélée au fil des récits et réminiscences, voit son image péricliter. Que cachait ce beau salopard ?



Watchmen creuse en profondeur les errements des protagonistes tout en effectuant de nombreux flashback et ce afin de mieux saisir l’histoire des justiciers, leur caractères, leurs différends, et leur destin pas toujours à la hauteur des lauriers qu’ils auraient mérité. Dans cette optique, le comics de Moore et Gibbons ne manque pas de surprendre en proposant de nombreuses audaces narratives notamment par le biais d’articles de journaux ou d’extraits d’ouvrages.





Désormais détenteurs de droits de DC Comics, Urban Comics profite de cette réédition pour remettre au goût du jour la traduction originelle de cette œuvre lors de sa parution dans l’hexagone, à savoir celle de Jean-Patrick Manchette, auteur de polar particulièrement remis au goût du jour par les adaptations bédéiennes de Tardi. Nombreux seront les puristes ravis de ce choix tant la traduction des versions proposées par Panini semblaient horripiler ces-derniers. Cependant, à y regarder de plus près, et suite à une lecture comparée on aura du mal à affirmer formellement que celle de Manchette se révèle supérieure tant certaines tournures de phrases semblent étranges et, pour le dire simplement, pas toujours agréables à lire. Une question de goût, peut-être, car le choix de Manchette pour la traduction d’un auteur de polar sied quand même fort bien à cette bande-dessinée qui a toutefois autant à voir avec la BD de super-héros qu’à l’enquête policière.



On notera enfin que cette édition comporte une postface d’Alan Moore ainsi que des suppléments visant notamment à en savoir plus sur la création des divers personnages de cette bande-dessinée.



Quoiqu’il en soit, Urban Comics continue son bel ouvrage en proposant une édition de qualité de ce qui est souvent considéré comme étant le chef-d’œuvre d’Alan Moore et, par-là même, un incontournable du 9e art.






Lien : http://lelibrairetemeraire.b..
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Watchmen (Intégrale)

Au delà des clichés, au delà du genre, au delà du média, un ouvrage d’une richesse inouïe. Pièce maîtresse de toute bonne bibliothèque de bédéphiles, Watchmen aurait même sa place dans n’importe quelle bibliothèque. Scénaristiquement, on touche des sommets et on a clairement là une oeuvre, parue initialement au coeur des 80s, qui se trouve être une des pierres angulaires du média dont se sont inspirées plusieurs générations de scénaristes et dessinateurs. Indémodable, percutant, complexe dans sa lecture, riche graphiquement, précurseur et toujours d’actualité, ce grand classique de deux auteurs au sommet de leur art et qui ont durant sa parution, su repousser les limites avec des exercices de style incroyables comme le chapitre 5 et son découpage unique. On ne lit pas Watchmen comme un comics, mais bien comme ce que le roman graphique fait de mieux encore aujourd’hui.
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Watchmen (Intégrale)



Pas besoin de connaître cinquante ans de publication pour appréhender l'univers des Watchmen. Le premier chapitre ne vous donnera aucun mal et vous permettra de vous mettre dans le bain. Alan Moore s'est inspiré de héros existant pour créer les siens, des personnages extrêment bien caractérisés, et il n'est pas étonnant que l'aventure commence avec le personnage de Rorschach, qui est sans le doute le meilleur de l'histoire.
Lien : http://mesbdamoi.over-blog.c..
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