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Critiques de Deborah Levy (200)
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Ce que je ne veux pas savoir

Ce que je ne veux pas savoir est le premier volet du projet de trilogie autobiographique ( qu'elle appelle living autobiography) de la poétesse, romancière et dramaturge Deborah Levy.



Dans ce qui peut ressembler à un journal intime, l'écrivaine mêle son quotidien à savoir son départ pour Majorque hors saison pour trouver le "matériau" de son prochain livre, des questionnements universels (en particulier autour de la maternité) et des rencontres (Maria, tenancière de l'hôtel qui n'est ni mariée ni mère ce qui est plutôt rare à cette époque; l'épicier Chinois).

Ce que j'ai préféré est l'évocation de son enfance à Johannesburg et l'arrestation de son père, arrêté et emprisonné car membre de l'ANC qui lutte pour l'égalité des droits en Afrique du Sud en plein Apartheid.
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Ce que je ne veux pas savoir

Deborah Levy quitte l'Angleterre pour s'envoler direction Palma de Majorque. Elle se rend dans les montagnes, ou, au cœur de la nature, loin des touristes et de la foule, se trouve un petit hôtel familial modeste dans lequel on est bien accueilli. L'endroit est calme et tranquille. On peut s'y poser pour réfléchir, se reposer et s'y ressourcer. Là, dans cette île des Baléares, l'autrice revient sur sa vie et nous raconte son histoire.



Prix Femina étranger 2020, “Ce que je ne veux pas savoir” est un livre autobiographique de Deborah Levy, écrivaine, dramaturge et poétesse britannique. Dans ce roman, premier tome d'une trilogie, elle parle de l'Angleterre, mais surtout de l'Afrique du Sud, pays où elle est née, et où elle a passé les premières années de sa vie, avant l'exil en Grande-Bretagne.



Elle parle alors de son enfance sur les terres du soleil, ses souvenirs en évoquant l'apartheid, l'arrestation de son père, membre de l'ANC, à son exil en Angleterre.



En quelques pages, on parcourt les années 1960, en Afrique, dans un pays touché par le racisme, et les années 1970, sur le continent européen, avec une adolescente qui s'interroge sur sa situation.



À travers ses mots, elle en vient à expliquer comment la littérature, puis l'écriture sont naturellement venus à elle.



En évoquant George Sand, Marguerite Duras, ou encore Virginia Woolf, elle décrit la jeune fille qui commence à rédiger quelques textes sur des serviettes en papier, avant de prendre la machine à écrire et de se lancer dans la rédaction de pièces, de nouvelles puis de fictions.



Entre les terres d'Afrique, d'Angleterre et d'Espagne, c'est tout le chemin que Deborah Levy a parcouru jusqu'à l'écriture qui nous est raconté dans un style très délicat. J'ai beaucoup aimé lire cette autrice que je découvre grâce à ce texte.


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Le Coût de la vie

Tome 2 : « Le coût de la vie » : la cinquantaine, le mariage qui capote et le divorce qui s’ensuit... Puis, la vente de la maison dans laquelle les enfants ont grandi… Il faut trouver un appartement pas cher et donc petit, pas très confortable… Alors, aux grands maux les grands moyens : un vélo électrique pour se déplacer fera l’affaire. Et pour travailler, quelle solution trouver, quel lieu habiter ? C’est là que la prise de conscience arrive : le foyer pour tout le monde que l’on s’est efforcée de créer du mieux possible a fini par être un lieu où l’on ne s’est plus sentie chez soi. Il fallait remédier à cela, il fallait un lieu à soi, où être et où créer : un cabanon dans le jardin d’une copine serait l’espace où recouvrer sa liberté …

Une autre vie, un retour vers soi parce que soudain l’on se rend compte que dans le foyer que l’on voulait parfait, finalement, on s’est mise un peu entre parenthèses, on a voulu tellement bien faire pour les autres, tellement être parfaite qu’on s’est perdue au fil du temps…

Mais où aller? Que faire de soi ? S’il suffisait de peindre tous les murs en jaune pour y voir plus clair, ça se saurait ! Mais non, il faut trouver d’autres solutions !

Le cabanon en est une malgré les températures arctiques. Il suffit juste d’emporter l’essentiel : Apollinaire, Éluard, Plath et Dickinson, un ordi, quelques carnets… Le vélo électrique en est une autre : une forme de liberté, de risque, de cheveux dans le vent. Ce n’est pas à négliger, les cheveux dans le vent, quand les idées virent au noir. Un moyen d’évacuer la rage « en roue libre ». Vingt-cinq kilomètres/heure grâce à un moteur de deux cents watts, voilà comment le vélo devient « le personnage principal de ma vie. »

Dans ce tome 2, j’ai retrouvé ma copine vacillant dangereusement au bord du gouffre et qui, dans un sursaut de vie, un élan complètement fou, s’est aventurée dans le vaste monde, « traversant la frontière seule, … en sentant l’obscurité noire et bleutée, le hurlement des coyotes, le bruit des plantes », préférant tâtonner dans le noir plutôt que de suivre sagement une route bien tracée et trop éclairée. Il faut savoir prendre des risques, écouter ses désirs, arriver en retard avec des toiles d’araignée dans les oreilles et des insectes morts pendus aux sourcils (eh oui, c’est ça de travailler dans un cabanon!) Savoir ne pas être présentable.

C’est ça, savoir ne pas être présentable.

Et en faire une règle de vie !
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Le Coût de la vie



C'est l'histoire d'une femme qui au lieu de voir sombrer son mariage, décide qu'elle ne coulera pas , elle.

Ce qui pourrait ressembler à une histoire banale devient par la grâce de l'autrice(et d'une belle traduction) un texte solaire, nostalgique peut-être mais pas triste.

Cette femme reprendra de la force en pédalant sur les chemins anglais brumeux, son vélo lui garantit une liberté bien méritée, et la possibilité de penser à ses filles, d'affronter le décès de sa mère . Elle se réfère à Simone de Beauvoir, à Marguerite Duras :il faut aller de l'avant.

Une belle écriture, une profondeur d'esprit , la bienveillance font de ce texte un beau Prix Femina Etranger 2020.

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Hot Milk

🪼Chronique 🪼



Le soleil est sexy



Qui ne serait pas partant pour un petit break en Espagne? Qui ne rêve pas de soleil, de désir, de possibles qui brilleraient aussi fort que l’astre? Et la mer, et la mer, et la mer…Je suis attirée comme un aimant, vers le nouveau livre de Deborah Lévy. La promesse d’évasion sans doute, ou cette idée de réconfort dans le lait chaud. Je ne sais pas. Je me laisse porter. Je me laisse porter comme sur une vague. Et justement, tout ici, ramène à la mer. Les méduses, le cadre idyllique de la Méditerranée, le sable, les sandales, la canicule, l’eau claire…Je me laisse porter car tout m’est familier, et j’aime cette ambiance estivale. Pour autant, Deborah Lévy ne se contente pas de faire un tour d’horizon agréable et futile, mais elle nous emmène plonger sous la surface. Et de mer à mère, il n’y a qu’une lettre qu’elle va se plaire à nous conter: cette fameuse relation mère-fille si complexe. Alors laissez-vous aussi porter par cette vague, car c’est bel et bien dans ce son feutré, que Rose et Sofia vous confieront leurs secrets et paradoxes…Les oreilles qui bourdonnent d’être restée sous l’eau, avec elles, je ne vois que le trouble, sans rien trop distinguer, d’abord. Et puis, viennent les méduses. Les méduses urticantes qui laissent des traces visibles sur la peau. Les méduses qui ont le pouvoir de paralyser. Et cette relation mère-fille a de cette teneur. Au sens propre, comme au figuré. Est-ce que ces piqûres sont réelles? Est-ce que Méduse s’est emparée de la mère? Quelle est la part de responsabilité de la fille dans cet immobilisme? La maladie de Rose est un mystère qui les contraignent tant à deux, et finalement est-ce que cet espoir de guérison mènera, les deux, à leur liberté individuelle? Et puis le soleil est tellement sexy, que le Désir s’emmêle dans les jambes, mais qui s’en relèvera? Tu vois, c’est beaucoup de questions pertinentes qui font tempête. Mais le leitmotiv de ce roman, est l’intrépidité. Il faut être assez intrépide pour tout risquer dans cette clinique aux soignants controversés. Il faut être intrépide pour se détacher du lait chaud du sein de la mère. Il faut être intrépide pour se laisser prendre aux jeux multiples du Désir. Et chacune à leurs manières s’y résout, avec plus ou moins, de bonne volonté…

Et moi, je les regardais avec admiration. Parce que l’intrépide me fascine. L’intrépide, c’est la vie que l’on prend à bras le corps. L’intrépide, c’est la vie qu’on embrasse à pleine bouche. L’intrépide, c’est braver les obstacles de la vie, et l’aimer encore, sans modération. Intrépide. Il a bien fallu, l’arracher, ce mot qui s’était perdu entre les eaux troubles, dans le gluant de la mélancolie, sur les esquifs du ressentiment. Je le voyais, hardi, combattre les vagues. J’y croyais et c’est advenu. L’intrépide les touchait, elles et moi. Et je n’ai pas lâché Hot Milk, la force de suggestion était trop puissante. Et toutes aussi effrayantes, monstrueuses, piquantes, que peuvent l’être une mère, une femme, une méduse, j’ai observé avec toute mon attention, leurs faits et gestes. Et j’ai vu un signe, un genre de clarté, une révélation qui ne demandait qu’à rejaillir. La beauté de ce roman est exceptionnelle. Intelligent, subtil, sensoriel, il a vraiment tout pour plaire. Et je rajouterais même, soyons intrépide aujourd’hui, Exquis. Exquis comme la douceur d’un bon lait chaud…Un coup de cœur 🩵
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Le Coût de la vie

“Le coût de la vie” est le deuxième tome de la trilogie autobiographique écrite par Deborah Levy. Son premier tome nous conduisait entre l'Afrique du Sud, l'Angleterre et l'Espagne, et l’autrice y racontait son enfance, son exil, l'adolescence et l'écriture.



Dans ce nouveau texte, nous sommes de nombreuses années plus tard. Elle est cinquantenaire, mariée et mère de famille. Mais son couple bat de l’aile, s'essouffle et se sépare. Elle évoque alors son divorce, son rôle de mère et sa situation de femme indépendante.



Elle quitte sa belle maison victorienne pour un appartement sans confort dans le nord de Londres et y élève seule ses deux filles tout en travaillant mais la situation est précaire et difficile.



“Arrivée à la cinquantaine, juste au moment où ma vie était censée ralentir, se stabiliser et devenir plus prévisible, elle s'est accélérée, est devenue instable et imprévisible. Mon mariage était le navire et je savais que si j'y retournais je me noierais.



C'est aussi le fantôme qui hantera ma vie à jamais.”



En abordant cette séparation et ce changement de vie, l’écrivaine parle de sujets complexes mais courants car son histoire est celle de beaucoup de femmes : être mère célibataire tout en assumant les rôles que la société impose.



Les difficultés de la vie, l'indépendance, la liberté, et vivre de sa passion sont les thèmes qu’elle analyse à partir de son expérience.



Il s’agit d’un livre court, écrit dans un style délicat, et touchant des sujets actuels.



Une très bonne lecture même si j'aurais préféré que certains thèmes soient un peu plus développés.


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Etat des lieux

Recommandé par ma libraire, en achetant ce livre je ne connaissais rien de Deborah Levy dont je n'avais pas entendu parler et dont je n'avais rien lu. J'avais certes été séduit par la collection de poche, superbe, dans laquelle était édité le livre, et un peu intrigué aussi par les chapitres portant des noms de villes Londres, Paris Mumbai…

Je découvre ainsi au hasard d'un tome d'une œuvre autobiographique prise par la fin (bref un peu n'importe quoi, mais finalement je n'ai pas vraiment regretté cette approche illogique…) une femme libre et attachante, excentrique et drôle, profonde et dont la voix singulière et chaleureuse m'a d'emblée séduit.

Abordant la soixantaine avec inquiétude et simplicité Deborah Levy voit ses enfants partir, déménage, s'installe à Paris, écrit, lit dans les cafés, prend le temps de vivre en somme.

J'ai été vraiment séduit par les qualités d'écriture de ce livre qui n'est jamais banal ou convenu, et qui va, à mon sens, toujours dans une voie plus originale que celle où elle semble nous entrainer. Bref, j'ai beaucoup aimé et j'ai relevé des tas de phrases dont je dois maintenant vérifier qu'elles n'ont pas déjà été sélectionnées !

Un mot sur la collection et le travail de l'éditeur : c'est magnifique. Tout est magnifique, la typographie, la mise en page, la couverture rouge avec cette belle photo (je parle de l'édition de poche). Les éditions du sous-sol auront désormais toute mon attention !

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Etat des lieux

Dernier volet de la trilogie savoureuse de Deborah Levy, « Etat des lieux » raconte le cheminement de l'écrivaine et de la femme qu'elle est devenue après le départ de ses enfants. Dans ce livre, elle s'interroge sur le lieu idéal habitable, elle qui a « passé un temps fou à scruter les vitrines d'agents immobiliers en quête d'un domaine » à elle. Convoquant toujours les figures littéraires tutélaires qui l'accompagnent, Duras, Dickinson, Woolf, l'auteur explore dans chaque chapitre un lieu géographique qu'elle a occupé : NY, Londres, Paris, Mumbai, l'île d'Hydra, avec des retours sur sa terre d'origine en Afrique du Sud. Elle passe du registre existentiel au registre professionnel, en passant par la case géographique et les objets qui l'accompagnent avec une grande agilité d'esprit. En une page elle se questionne sur la reconnaissance de son travail « Se faire un tant soit peu voir et entendre est un combat, alors qu'est ce qu'une autrice peut faire pour changer ça ? Si elle invente des histoires dont les protagonistes sont vus et entendus, est-ce que ça sera crédible ? », sur le chemin à parcourir pour rejoindre son foyer, sur la difficulté de trouver sa chambre à soi dans un soucis de vérité.



« La vérité vous libérera mais d'abord elle vous emmerdera. » Gloria Steinem.



Deborah Levy nous raconte, toujours avec son humour caustique et son féminisme subtil et éclairé, ce qui la constitue aujourd'hui, comment elle a écouté ses désirs, comment elle est devenue maîtresse de son foyer. Elle dresse les fondations du foyer imaginaire, de son « espace où vivre » qui lui permet de traverser cette nouvelle phase d'âge mur. Son questionnement existentiel est incessant mais jamais elle ne rentre dans des considérations théoriques froides. Elle a l'art de s'adresser à nous comme une amie qui nous raconte une histoire, nous interroge, nous écoute entre les blancs des pages. Elle s'attable autour d'un Spritz, et d'une assiette de pâtes aux anchois (après s'être retrouvée nez à nez avec un poulet rôti mort deux fois dans le volet précédent), nous rappelle que la mère de Jane Birkin a donné le conseil suivant à sa fille : « Quand tu auras tout perdu… mets des sous-vêtements en soie et lis Proust. » le plus petit détail, le plus simple bananier (son dernier enfant) acheté dans un marché dilate son regard, confère une valeur symbolique à son récit. Elle nous plonge dans son monde fourmillant d'intelligence et de détails sensuels (même si j'ai trouvé ce volet un peu moins dense que les deux précédents).



Deborah Levy à n'en pas douter est une écrivaine qui compte dans le paysage actuel. Son ton est le ton de la confidence, son regard est un regard universel. Elle englobe dans sa voix, la voix de quantité de femmes en drainant les voix des femmes fortes qui l'ont précédée, en écrivant un récit de femme, en s'assurant qu'elle a bien décrypté ses désirs propres, tracé la circonférence de son monde avec ses références à elle, en dehors de toute influence et pression patriarcale. La traductrice Céline Leroy a extrait de cette histoire de foyers au sens large une matière chantante, nourrissante, sensuelle et rythmée. Deborah Levy est une écrivaine solide avec une plume solide et une production succincte et profonde, une de mes écrivaines contemporaine préférée.

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Ce que je ne veux pas savoir

J’ai trouvé une copine, comme je les aime, drôle, triste, sensible, folle de littérature, vaguement borderline, une fille vivante à la larme facile et au rire joyeux. Elle s’appelle Deborah Levy, elle est née en Afrique du Sud en 1959. Son père, universitaire juif d’origine polonaise et militant anti-apartheid a été emprisonné pendant cinq ans. C’est long cinq ans, surtout quand on ne comprend rien à ce monde d’adultes plutôt étrange et cruel ! La gamine en perd la voix. Plus rien ne sort. Plus tard, bien plus tard, elle la retrouvera, en devenant écrivaine et elle racontera comment était la vie, là-bas, à Johannesburg en 1964 : ségrégation, tensions raciales, antisémitisme puis son exil en Angleterre où elle est une étrangère.

Et à chaque fois, on y EST parce qu’il y a une telle vivacité dans l’évocation de ces temps difficiles que l’on a sans cesse l’impression de voir, de sentir, de respirer à ses côtés. Elle retrouve intacte la magie de son enfance  et elle nous communique de façon incroyable cette énergie qui est la sienne, son rapport sensuel au monde, la vérité de son expérience. Elle sait trouver le détail souvent drôle et terrible à la fois qui aura une folle puissance d’évocation : ici un perroquet, un bonhomme de neige, là une prise électrique. Une mosaïque d’instantanés qui surgissent à chaque phrase et qui jalonnent les moments charnières de son existence. Ça pulse, le rythme est soutenu, c’est une vie tourbillonnante, échevelée, fougueuse qui se traduit par des majuscules, des onomatopées, des points d’exclamation en grand nombre (tiens, ça me rappelle quelqu’un!!!)

D’autres voix sont convoquées : Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, des voix de femmes, d’amies, de proches, des voix d’autres copines avec lesquelles on vit, au quotidien. On ne les cite pas, non, on dialogue avec elles.

Deborah Levy ne veut pas savoir, elle n’est pas du côté de la connaissance mais plutôt de l’expérience, elle veut sentir, douter, changer de chemin, commettre des erreurs et recommencer. Tant pis si elle se plante, tant pis si elle a mal, après tout, la vie c’est se prendre des coups.

Il reste les escaliers roulants pour pleurer...

C’est une femme libre qui parle, une femme qui a su très vite que la littérature lui donnerait de la voix.  « Parler haut, ce n’est pas parler plus fort, c’est se sentir autorisé à énoncer un désir. On hésite toujours quand on désire quelque chose. » écrit-elle.

Je garde ce livre, là, sous la main, en cas de besoin comme on dit. Il saura à coup sûr remplacer les vitamines de l’hiver !
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Le Coût de la vie

Deuxième volet de ce que Deborah Levy nomme « living autobiography », l’ensemble formant une œuvre littéraire intime et forte.



Une réflexion féministe ponctuée de nombreuses références littéraires ; Simone de Beauvoir, Marguerite Duras...



C’est la cinquantaine, et après son divorce, l’auteure aménage avec ses filles dans un petit appartement très modeste sur une colline au nord de Londres.



Les difficultés matérielles sont présentes. Se reconstruire est nécessaire, et grâce à la bienveillance d’une amie, elle continuera à écrire dans un « cabanon d’écriture » au fond d’un jardin qu’elle rejoint avec son compagnon de vélo électrique.

Un endroit à soi pour poursuivre son œuvre où passé et présent sont imbriqués.



Réminiscences et empathie. Un « bel argenté » et des perroquets. Un hommage à sa mère.

Ecouter ses sentiments et éprouver leurs ressentis.



« La liberté n’est jamais gratuite et quiconque a dû se battre pour être libre en connaît le coût ».



Le constat de la difficulté pour les femmes de se faire une place dans une société où le patriarcat est instauré.

« Les femmes ne sont pas censées éclipser les hommes dans un monde où le succès et le pouvoir leur sont destinés. »



Le chemin de vie d’une femme qui avance malgré les embûches et les normes sociétales.

Donner un sens à sa vie.



« La vie doit être comprise en regardant en arrière. Mais il ne faut pas oublier qu’elle doit être vécue en regardant vers l’avant ».



Un récit écrit avec réalisme, optimisme et humour, dans un style toujours élégant.



J’ai beaucoup aimé cette atmosphère. Une lecture qui m’a touchée et a trouvé sa résonance.

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Etat des lieux

Un pur plaisir de lecture !

J’ai aimé l’idée, le style, le cheminement des réflexions.

Ça m’a beaucoup parlé.



« Moi aussi, j’avais des fantômes tapis dans les ombres de ma vie : l’enfance, l’Afrique, l’amour, la solitude, le vieillissement, ma mère et toutes mes propriétés rêvées dans mon portefeuille de propriétés ».



Ouvrons tous les champs des possibles ; avec une pensée libre et créatrice.



Et si, comme Deborah Levy, nous envisagions la « maison de nos rêves », quelle serait-elle ?



Après « Une chambre à soi » préconisée par Virginia Woolf, Deborah Levy nous fait partager « une propriété à soi » et imaginer une « demeure pour soi »…

«(…) rêveries de propriétés foncièrement inexistantes (…) »



Un roman « tranche de vie » qui s’inscrit dans « l’autobiographie en mouvement » de l’écrivaine poétesse britannique. Un opus féminin, délicatement poétique et subtilement drôle.



Entre réalité pragmatique et imaginaire réaliste ; des confidences et des pensées révélées à l’approche de la soixantaine, moment d’un « état des lieux ».

Une nouvelle page de vie racontée depuis Londres jusqu’à l’île d’Hydra, en passant par New-York, Mumbaï, Berlin, Paris.



« Le temps compressé de la mémoire ».



Un récit mêlant histoire personnelle, littérature, politique et philosophie.



Marguerite Duras, Virginia Woolf parmi d’autres, l’inspirent ; Gaston Bachelard, « Un nid est une structure fragile qui, néanmoins est censée évoquer la stabilité ».

Complexité et paradoxes des sentiments, richesse des relations humaines.

L’art de vivre.

Un questionnement sur le sens d’une maison, de la propriété et de la féminité.



« Je crois que mon but, en littérature, est de penser librement ou plutôt de m’arranger pour que les livres s’expriment librement pour moi. Ça peut paraître facile et évident, mais ça ne l’est pas, ni sur la page ni dans la vie. »



« Il est très simple d’être heureux, mais très difficile d’être simple ».



C’est très bien écrit. Intelligent, profond. Délicieux. J’ai adoré.

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Le Coût de la vie

"La liberté n'est jamais libre. Quiconque s'est battu pour être libre sait ce qu'il en coûte. (p27)"



Je n'ai pas respecté l'ordre chronologique des écrits de Deborah Levy, ayant préféré le thème de celui-ci pour la découvrir, la reconstruction à la cinquantaine après un divorce, car le thème m'attirait plus car plus positif. Je préférais la construction à l'effondrement, à l'après plutôt qu'à l'avant.....  Ce que je ne veux pas savoir, le premier volet de ce triptyque qui aborde la période du divorce en lui-même et que je compte en lire ainsi que le troisième opus pas encore paru. 



Il y a des séries de thèmes dans la vie de lectrice et Le carnet d'or de Doris Lessing, ma précédente lecture, abordait déjà le sujet d'une écrivaine qui doit se lancer dans l'aventure d'une vie solo après une séparation. Ici la narratrice se retrouve avec deux filles dont une à l'université, à 50 ans, quand certains idéaux sont abandonnés parce que confrontée à la réalité de la vie et de ses écueils et devant reprendre son travail d'écriture alors que l'esprit et le contexte sont chamboulés.



J'avais lu par le passé un ouvrage d'Annie Dillard, En vivant, En écrivant, qui m'avait fortement marquée (et que je vous recommande vivement) et l'écriture de Deborah Levy m'a rappelé ce récit avec une écriture douce, parfois ironique, voire critique,  qui aborde, avec sérénité et réalisme, à la fois son nouvel environnement, son organisation pratique mais également un tour d'horizon sociétal et personnel sur les comportements à l'aulne de sa nouvelle condition.



On y retrouve le thème (une fois de plus, merci Virginia Woolf) de l'importance d'un lieu d'écriture, pas toujours très confortable, mais un lieu qui n'appartient qu'à soi,  ici un cabanon sans confort, entouré de végétation, sous un pommier, où elle peut laisser libre cours à son travail et à ses pensées, à ses observations sur le monde qui l'entoure qu'il soit humain ou végétal. Elle était en plein naufrage après la fin d'un mariage qu'elle croyait inébranlable, elle va se découvrir que l'on peut avoir deux visages, deux personnalités,  telles ces chenilles à deux têtes, celle attendue, vue ou voulue par les autres et l'autre plus vraie, sans filtre, qui se révèle au fil des mots, l'une s'efface et laisse place à l'autre, celle qui entre dans la lumière. Cela ressemble presque à un travail de deuil.



Par de courts chapitres où l'on sent que chaque mot compte et que la signification de l'ensemble a été pesée, analysée, elle nous raconte des bribes de son quotidien, de ses rapports à certains objets, au langage utilisé autour d'elle, au comportement entre hommes et femmes et leurs significations. J'ai particulièrement été interpellé par les personnes ne donnant pas le nom de ceux dont ils parlent mais aussi au rapport à sa mère, même une fois disparue.



"Nous ne voulons pas de mères qui portent le regard au-delà de nous, qui désirent être ailleurs. Nous avons besoin qu'elles soient de ce monde,  pleines de vitalité, capables, entièrement présentes pour répondre à nos besoins."

"Me suis-je moquée de ma rêveuse de mère pour ensuite l'insulter parce qu'elle n'avait pas de rêves ? (p104)"



Rupture, départ, construction, pas à pas l'édifice prend forme, après un enterrement et grâce à la phrase d'un homme éploré :



"J'ai l'impression que vous seriez plus heureuse si vous trouviez une autre façon de vivre. (p20)"



Deborah Levy avec sobriété raconte une vie mise en morceaux, en cartons, qu'il va falloir déballer pour en faire l'inventaire, comment elle va devoir prendre en charge des réparations, vivre dans l'inconfort, affirmer son nouveau rôle, s'équiper d'un vélo électrique pour adoucir les côtes comme elle va adoucir ses blessures, ses rapports aux autres. Petit à petit, avec un travail d'introspection et d'observation, elle va reprendre pied, s'appuyer sur ses souvenirs, compter sur ses amis fidèles ou des rencontres fortuites pour remettre chaque objet ou émotion à sa juste place.



Pas de révolution ni de guerre, juste une analyse et un transcription d'un moment de vie, d'un rapport entre sexes, de la place de chacun, du rôle à tenir ou revendiqué :



"Si on évalue la réussite d'un homme à l'aune de sa capacité à éradiquer les femmes (à la maison, au travail, au lit), ce serait une grande victoire que d'être un raté dans ce domaine. (p99)"



"Quand notre père fait ce qu'il a à faire dans le monde, nous comprenons que c'est son dû. Si notre mère fait ce qu'elle a à faire dans le monde, nous avons l'impression qu'elle nous abandonne(p105)"



Un court récit dans lequel beaucoup de femmes pourront se retrouver, à lire ou relire dans les moments de doute, de changement, de questionnement, pour entendre des mots qui apaiseront ses blessures, qui ne guériront pas forcément mais qui aideront à continuer, à avancer, à se retrouver. A garder à portée de main pour s'y replonger pour savoir ce qui fait Le coût de la vie.



J'ai beaucoup aimé.
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Ce que je ne veux pas savoir

« Quand le bonheur est là on a l’impression de n’avoir rien connu avant, le bonheur est une sensation qui ne connaît que le présent de l’indicatif ».



Dans ce premier volet de sa trilogie autobiographique, Deborah Levy nous emmène à partager ses pensées et réflexions sur différents sujets, avec un style élégant plein d’esprit et d’humour.



Dans les escalators à Londres puis dans le froid de Majorque, le passé se rappelle à elle…

Des instants de vie où la personnalité se construit.



Elle revient sur son enfance en Afrique du Sud alors en plein apartheid – ses parents aimants, un père engagé dans la lutte pour les droits de l’homme et la démocratie, – quelques souvenirs d’enfance - puis son arrivée en Angleterre, son pays d’accueil, dès l’adolescence.



La féminité, la maternité, la dépression, le bonheur, ses parents.

L’apprentissage à « parler haut, à parler fort (…) », la littérature, les oiseaux en cage.



« Quand l’amour tourne mal, on se met à voir l’envers plutôt que l’endroit ».



La manière de concevoir l’écriture comme une délivrance « penser à voix haute », une évidence qui la guide. Inspirée par Marguerite Duras, Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, on la voit comme une écrivaine en devenir.



Un roman – récit, comme une introspection.



« Ce que je ne veux pas savoir » ou ces choses refoulées au fond de soi.



C’est très bien écrit. J’ai adoré la plume.



Un récit à la fois profond, poétique et plein de finesse.

J’ai beaucoup aimé.

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Ce que je ne veux pas savoir

Touchant et plein de tendresse, ce premier volet de ce qui sera un triptyque permet à l'auteure de revenir sur les racines de son mal-être, d'une mélancolie ancrée en elle depuis ses plus jeunes années, passées en Afrique du Sud durant l'apartheid. Une rencontre à Majorque est ainsi prétexte à relater son enfance, entre douceur et amertume (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/06/26/ce-que-je-ne-veux-pas-savoir-le-cout-de-la-vie-deborah-levy/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Ce que je ne veux pas savoir

Je ne suis pas toujours l'ordre et j'avais d'abord lu le deuxième volet de la trilogie de Déborah Levy, Le coût de la vie, avant celui-ci. J'avais gardé un joli souvenir de la découverte de cette auteure et n'avais pas oublié ni son style, ni son ton, ni sa manière d'évoquer les sujets.

Ici il est question de son enfance en Afrique du Sud et comment l'apartheid est apparu à ses yeux d'enfant, avec les mots d'enfant et ce qu'elle en comprenait tout en incluant les images associées à cela,

Dans un premier temps j'ai été surprise par sa manière d'amener son sujet, un séjour à Majorque puis peu à peu la magie à opérer et je ne l'ai pas lâché.

Un récit pour évoquer le pourquoi de l'identité, du travail d'écrivaine, des lieux qui vous construisent et des rencontres significatives comme points de repère.

C'est court et cela se veut un style brut mais finalement beaucoup plus profond qu'il n'y paraît.

Je pense relire Le coût des choses pour suivre la chronologie et après avoir découvert l'enfance je vais la retrouver femme et peut-être être mieux comprendre les traces laissées par son passé (et sans le connaître j'avais déjà beaucoup aimé son deuxième opus).
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Etat des lieux

Elle joue un drôle de personnage féminin de soixante ans.

Sous le soleil grec, elle est devenue un personnage féminin de soixante ans inédit qui ne cesse de réécrire le scénario.



Deborah Levy nous prend dans ses bagages et dans sa tête. Nous la suivons à Mumbai (ou Mom-bai), Paris, Berlin et Hydra. Nous caracolons au gré des pérégrinations de son imagination fantasque, prompte à rebondir de souvenirs en pensées, de manque en désir. Nous naviguons avec elle sur les eaux mouvantes de la solitude, ouverte aux relations vraiment humaines, copine de poésie légère.



Je me suis approprié le style primesautier d'une auteure, entrée en écriture à vingt-quatre ans et consacrée à cinquante, seule après vingt-trois de mariage et mère de deux filles auxquelles on ne dicte plus leur conduite. Cette femme de tête dispense un féminisme appuyé, jamais militant, apparaissant au détour de réflexions apparemment désordonnées mais toujours très évocatrices.



Sur son île, Deborah Levy marque un temps d'arrêt. Le propos vire à la gravité, change d'orbite, moment de réflexion sur le sens de la vie et de l'avenir. Ce sont les plus belles pages du livre, couronnées d'une magnifique tirade sur les au revoir.



Désormais, je connais suffisamment son univers, pour savoir Ce que je ne veux pas savoir, reprenant la trilogie autobiographique dans le bon ordre.







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La Position de la cuillère et autres bonheurs..

Qu'est-ce qui inspire Deborah Levy ? Des bribes de réponses nous sont joyeusement offertes dans ce texte protéiforme qui prend la forme tantôt d'un abécédaire, tantôt de petits chapitres, comme autant de fenêtres où Colette, les gens qui ne mettent pas de chaussettes, Violette Leduc, Freud ou Ann Quin passent la tête l'espace d'un instant.



Alors que retenir de ce bric-à-brac merveilleux ?

D'abord que tout peut faire littérature : un jardin public en hiver, une Sachertorte, un pylône télégraphique, le pont de Solférino, un ciel abricot...

Puis il y a la manière, totalement libre, dont nous sommes invités à y fouiller par l'auteure elle-même, avec son art d'écrire tout haut, un art délicat, imprévisible et fantasque. Nous pouvons donc n'en retenir que des bribes, des éclats ou des illuminations, c'est selon.

Mais ce qu'on n'oublie pas, c'est l'état dans lequel cette lecture nous met. Le rendu est en effet aérien, presque volage tant la brièveté des articles et l'éclectisme de la forme atomisent notre concentration. On s'ennuie un peu, on est déboussolé aussi parfois et soudain, nous voilà foudroyés par la justesse d'une remarque ou un changement d'humeur imprévu. L'air de rien, Deborah Levy crée une esthétique propre. Elle y revendique le droit à se réinventer sans cesse au contact de la littérature, le droit à la bifurcation, au grappillage, à l'incompréhension et même à l'oubli :

"Si la cohérence s'obtient aux dépens de la complexité alors ce n'est plus vraiment de la cohérence".

La forme décousue de son ouvrage, son style faussement lisse se comprennent ainsi comme une manière de préserver la profondeur des choses.

En toute élégance!

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Le Coût de la vie

Avis très mitigé pour ce bouquin, prix fémina étranger quand même...

Une amie de Deborah Levy lui prête un cabanon pour qu'elle puisse écrire en toute tranquilité. Sa réflexion se nourrit des textes des écrivaines qui l'inspirent et qui ont elles aussi réfléchi à la question du déchirement entre la maternité et l'écriture : Duras, Beauvoir, Woolf , ainsi que Ferrante et Dickinson

Mais il y a beaucoup trop de détails sur sa vie quotidienne sans aucun intérêt , du style : " J'ai attaché mon vélo électrique et je suis allée acheter des tomates et des citrons verts ", une sorte de journal intime au ras des paquerettes, du remplissage...

Heureusement il y a aussi à côté de cela, plein de réflexions très pertinentes, profondes et ironiques. Elle nous transmet un récit poétique, drôle et souvent passionnant. C'est un chemin vers la liberté intérieure, qu'elle retrace au fil des souvenirs et de sa passion pour les artistes qu'elle aime.

Au bout du compte, un sérieux manque d'élagage, dommage !
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Le Coût de la vie

Par moments, je me demande s'il suffit de glisser régulièrement dans un texte des mots comme patriarcat, soumission, féminité pour en faire un objet digne d'attention ? Puis d'assaisonner le récit d'un certain nombre de citations (Dickinson, Beauvoir, Baldwin, Brontë, Bourgeois, Proust…) pour lui donner un semblant de consistance. Enfin, de glisser quelques pensées définitives et absconses pour emballer le lecteur telles que « la féminité n'étant de toute façon qu'un déguisement » ou encore « les seuls foyers sont ceux où l'on s'aime et ceux où l'on ne s'aime pas » avant de conclure par « la liberté n'est jamais libre ».

Pour être juste, Deborah Levy est capable de dire de belles choses sur la plomberie (on sait qu'il s'agit d'un point faible chez les Anglais), le vélo électrique, les poêles à gaz et, surtout, de bien les développer. Elle est moins volubile sur l'Eurostar, dommage, j'aurais aimé qu'elle approfondisse le sujet.

Bon, plus que le prix Femina étranger 2020, il s'agit du prix de la cinquantaine revisitée, une pâtisserie indigeste.
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Ce que je ne veux pas savoir

Un jour la narratrice (l’auteure) réalise, alors qu’elle est sur un escalator qui monte, qu’elle ne peut réprimer ses larmes. Sans la nommer c’est la dépression qui laisse paraître ses marques. Elle prend un billet pour Majorque, fuit sa vie pour retrouver un lieu calme et sécurisant, loin du monde, loin des autres, comme George Sand le fit avec Chopin. Une fuite qui va la replonger dans ses souvenirs. Perdue entre passé et présent elle se cherche un avenir. Les souvenirs d’enfance affluent : l’Afrique du Sud natale, l’arrestation de son père, militant de l’ANC, ses 5 ans d’absence alors qu’elle n’est qu’une enfant qui ne comprend pas le monde des adultes, puis la fuite et l’exil en Angleterre.



« Ce que je ne veux pas savoir » est le premier volume d’une trilogie autobiographique de Déborah Levy. Publié en 2013 au Royaume-Uni, il n’est traduit en français qu’en 2020. Avec le deuxième volume, « Le coût de la vie », il obtient le prix Femina Étranger 2020. Le troisième opus est « État des lieux » publié en 2021.



Ce premier volet a pour sous-titre « réponse à George Orwell », et plus précisément à son texte où il expose les 4 raisons d’écrire pour un écrivain. Cette réponse, formulée une fois brièvement, on la devine au fil du récit. On découvre l’univers d’une enfant qui évolue dans un monde traversé par le racisme, la séparation des blancs et des noirs. Un monde cruel et injuste qui la privera de son père pendant cinq ans. Elle est témoin d’une société inégalitaire et tente de se construire. L’arrestation de son père la rend quasi muette. Les mots finiront par sortir, mais sur le papier. Et c’est avec les mots de l’enfance que l’auteure nous livre sa passion pour la littérature. Le livre se termine sur les premières années de l’exil en Angleterre, cette nouvelle terre qu’elle souhaite faire sienne mais où elle se sent étrangère, et sur l’adolescence d’une fille solitaire qui trouve refuge dans les mots qu’elle jette sur des serviettes en papier dans un pub de Londres.



L’écriture de Déborah Levy est fine, sensible, parfois sensuelle, toujours lumineuse. Elle a un don pour trouver le détail qui va matérialiser pour le lecteur les lieux qui ont fait ce qu’elle est devenue : un bonhomme de neige réalisé avec son père, le perroquet de sa tante, une marque sur le front d’un écolier, la coiffure d’une cousine.



Une jolie découverte qui donne envie de découvrir la suite.

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