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Critiques de Denis Diderot (489)
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La Religieuse

Nous sommes au 18ème siècle, Suzanne fait partie de ces nombreuses jeunes filles qui entrent au couvent, non par vocation, mais forcées par leur famille. Dans son cas, c'est sa mère qui lui impose de rentrer dans les ordres pour en quelque sorte l'aider à expier sa faute, la naissance de Suzanne étant extra-conjugale.

Malgré ses efforts, la jeune fille se rend bien compte qu'elle n'est pas faite pour cet état et va chercher alors, par différents moyens, à rompre ses voeux. Ses déboires vont l'amener à résider dans trois couvents successifs où elle vivra à chaque fois des rapports compliqués avec ses supérieurs, apportant leurs lots de brimades, de tortures et autres persécutions...



«La Religieuse» prend sa source dans des circonstances assez anecdotiques. Un fait divers sur une religieuse qui cherche à rompre ses voeux, une plaisanterie à un ami, qui fut touché par cette histoire, sous forme de fausse correspondance (jeu littéraire qui passionne l'ami Denis)... voilà la matière dont va s'approprier l'auteur pour aboutir à ce roman une vingtaine d'année plus tard.

Roman enrichi par sa connaissance du milieu ecclésiastique (sa soeur était religieuse et est morte folle en couvent) et par diverses inspirations qui nourrissent ses nombreux sous-entendus (merci les annotations!), j'ai pour ma part retrouvé avec plaisir et à plusieurs reprises quelques clins d'oeil à l'oeuvre «Histoire de Clarisse Harlove» de Samuel Richardson dont il a fait la célèbre éloge.



A travers cet ouvrage, Diderot nous fait clairement un réquisitoire contre l'église et ses pratiques. S'il ménage le bon chrétien, mettant en relief la foi d'une jeune fille pure, naïve et innocente, l'ami Denis ne se gêne aucunement par contre pour dénoncer le fanatisme et les diverses violences physiques et morales pratiquées discrètement entre les quatre murs des couvents.



«Faire voeu de pauvreté, c'est s'engager par serment à être paresseux et voleur. Faire voeu de chasteté, c'est promettre à Dieu l'infraction constante de la plus sage et de la plus importante de ses lois. Faire voeu d'obéissance, c'est renoncer à la prérogative inaliénable de l'homme, la liberté. Si l'on observe ces voeux, on est criminel ; si on ne les observe pas on est parjure. La vie claustrale est d'un fanatique ou d'un hypocrite.» D.Diderot
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Histoire de Mme de La Pommeraye (précédé de) Su..

"Histoire de Mme de la Pommeraye" est un épisode de "Jacques le fataliste et son maître" écrit en 1765 et paru en 1796. L'histoire se déroule dans l'auberge du Grand-Cerf dans laquelle Jacques et son maître séjourne à proximité de Paris. L'hôtesse raconte à Jacques l'histoire de Mme de la Pommeraye qui s'est vengée de son amant, le marquis des Arcis, après que celui-ci l'ai trahi.



Mme de la Pommeraye et le marquis ont eu une histoire compliquée. Il a fallu beaucoup de temps avant que la dame cède aux avances du gentilhomme. Puis, une fois qu'elle s'est éprise de lui et que leur idylle se mette en place, le marquis a fini par se lasser d'elle et lui a porté moins d'attention qu'au départ. Furieuse et humiliée, Mme de la Pommeraye a méticuleusement préparer sa vengeance avec l'aide d'une jeune prostituée.



J'ai beaucoup aimé cette histoire, certes très courte, mais absolument savoureuse. On y parle d'une femme trahie qui n'hésite pas à manipuler son entourage, lentement, sans précipitation, pour arriver à ses fins et faire payer son amant libertin de son délaissement.



De son côté, le marquis semble être un homme jovial, bon vivant, ouvert qui aime la vie et sait en profiter. C'est un personnage sympathique pour lequel on ne peut s'empêcher de trouver de la compassion malgré tout.



Cette nouvelle dresse le portrait d'une femme libre et indépendante, que rien n'arrête dans son projet. C'est un écrit très moderne pour l'époque à laquelle le texte a été rédigé. Diderot, philosophe des Lumières, met en avant la question de la femme, l'émancipation féminine et son droit à se faire justice elle-même.



Une excellente lecture. Et, si cela vous intéresse, l'histoire a été adaptée au cinéma en 2018 sous le titre de "Mademoiselle de Joncquières".


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Le Neveu de Rameau

Lors d'un dîner, Diderot engage la conversation avec Rameau. Ce dernier, pique-assiette cynique, est obligé de voyager de maison en maison, invité pour le parfum de scandale qu'il dégage et qui attire tant les convives, avant de les lasser et d'être mis à la porte après un éclat de trop. Cette discussion est prétexte à Diderot pour critiquer la société de son temps : éducation, vertu et manière de vivre dans le monde, …



Au contraire des premiers textes de Diderot que j'ai lus, et que j'avais trouvé simples et percutants, celui-ci m'a donné des impressions tout à fait opposées : le philosophe développe longuement des idées qui pourraient être exprimées en quelques phrases, et rend le texte ennuyeux. Le choix du dialogue contribue à alourdir le texte, en ajoutant questions et répliques qui n'apportent rien au propos. Petit déception avec ce livre qui n'a jamais réussi à retenir mon attention plus de quelques pages.
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Le Neveu de Rameau

Magnifique ouvrage de Diderot qui se présente sous forme de dialogue entre le Moi à savoir le narrateur et Lui, Jean-François Rameau et neveu du compositeur Jean-Philippe Rameau. Alors que ce dernier se veut être à la fois artiste et philosophe, le lecteur aura tôt fait de comprendre qui est le véritable philopsophe entre les deux, à savoir le Moi qui parle et non pas celui qui prétend l'être.

Ce dialogue apparaîtra plus tard aux yeux du lecteur comme une discussion entre Diderot et son inconscient. Aussi, dans cet ouvrage, l'auteur ne mâche pas ses mots et n'hésite pas à émettre une virulante critique de la société de l'époque en évoquant entre autres des sujets tels que l'éducation ou celui de la place de l'homme dans le monde - critique qui, à mon humble avis est toujours valable aujourd'hui - puisque c'est en lisant un tel ouvrage que le lecteur réalise que le monde n'a pas tellement évolué au cours des deux derniers siècles...sur certains oints du moins.



Livre agréable à lire qui nous rappelle un peu lres vieux disours de philosophie de l'Antiquité entre Socrate et Platon. Livre assez simple d'accès et très agréable à lire. A découvrir !
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Les Bijoux indiscrets

Mmmmh, pas très #MeToo ce Denis Diderot, même carrément coquin.

Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, les bijoux deviennent indiscrets à l'instigation du sultan Mangogul du Congo, qui reçoit du génie Cucufa une bague qui fait parler le sexe (le bijou) des femmes à leur corps défendant (c'est le cas de le dire :D).

Le sultan s'en va essayer sa bague de tous côtés et parie avec sa favorite Mirzoza qu'il ne se trouvera aucun bijou vertueux. Il y a de quoi lancer le #Balance ton sultan (après #Balance ton Zeus : voir la dernière critique de Fabinou7 sur les Poèmes antiques de Leconte de Lisle).

Voilà qui s'inscrit parmi les contes libertins du 18e siècle. Mais Diderot a l'esprit trop vaste et trop fin pour se limiter à une plaisanterie grivoise. Bien sûr les femmes sont bien embarrassées de voir révélée l'activité de leur bijou qu'elles auraient préféré cacher. Mais c'est à une satire de toute la cour de Louis XV et de Mme de Pompadour que Diderot se livre. Et les hommes ne s'en sortent pas plus à leur avantage que les femmes.

Le phénomène des bijoux parlant est l'occasion de disputes entre savants à l'académie des sciences puis entre bramines (les prêtres). Des expériences sont même tentées, sans succès. Les vantardises des petits-maîtres sont réduites à néant, la passion du jeu est stigmatisée et le rapport à l'argent disséqué.

Subrepticement Diderot suggère sa conception du matérialisme au fil des pages de ce roman apparemment léger. Il semble d'ailleurs avoir été embarrassé plus tard par cet écrit, quand il s'est agi de démontrer que le matérialisme pouvait être aussi vertueux que le spiritualisme. Mais il ne le reniera pas son oeuvre puisqu'il a écrit bien plus tard des chapitres supplémentaires. Un libertinage badin pour servir le libertinage savant en quelque sorte.



Lu dans l'édition des oeuvres de Diderot publiée aux éditions Hermann. Le volume contenant Les Bijoux indiscrets a paru en 1978. Les annotations sont précieuses pour saisir les allusions à l'actualité de la cour.

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Supplément au Voyage de Bougainville et autre..

Ce supplément au Voyage de Bougainville, est un conte philosophique que Denis Diderot a rédigé sous forme d'un dialogue, propice à la confrontation des points de vue des protagonistes. Denis Diderot est un des philosophes du siècle des Lumières qui souhaitent combattre les préjugés et l'obscurantisme, en voulant éclairer les esprits, ils défendent liberté et justice dans le but de guider les hommes vers le bonheur. Diderot, pour cet écrit s'est appuyé sur le compte-rendu écrit par Bougainville "Voyage autour du monde". Ce n'est pas uniquement un étalage de faits et la narration des aventures du navigateur, mais aussi une interrogation sur les valeurs morales sur lesquelles repose la civilisation européenne.

Cette édition, à usage des lycéens pour la préparation du Bac de Français, est complétée par une anthologie qui met en perspective le texte de Diderot sur la nature humaine à travers des textes de toutes les époques (Antiquité, XVIe siècle - humanisme, XVIIIe siècle - Lumières, XIXe et XXe siècles), avec des auteurs tels que Lucrèce, Ovide, Jean de Lery, Montaigne, Cyrano de Bergerac, Voltaire, Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, Céline, Césaire, Claude Levi-Strauss... Une lecture passionnante et instructive, renseignant sur les courants de pensées et les opinions divergentes au cours des siècles concernant "le mythe du bon sauvage".

J'ai beaucoup apprécié ce livre pour le conte de Diderot, mais aussi pour l'anthologie qui m'aura permis de découvrir des textes très intéressants.
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Supplément au voyage de Bougainville

Deux personnages, A et B, discutent du voyage de Bougainville et tout particulièrement de son séjour à Tahiti, qui avait dû heurter l'esprit des bon chrétiens puritains de l'époque. Les mœurs sexuelles libres de cette population les amènent à une réflexion sur l'aspect artificiel ou naturel des lois. C'est un éloge de la pensée naturaliste (au sens de Rousseau) qui privilégie les lois naturelles au dépend des lois religieuses et économiques. Les principaux points abordés sont la sexualité et le mariage, le système religieux chrétien en prend pour son grade. C'est superbement anticlérical, raconté avec légèreté, et 250 ans après, c'est encore un plaisir de lire ce petit dialogue qui met une bonne claque aux idées qui circulent dans la Manif pour Tous ou chez les Salafistes ou autres curiosités rétrogrades.
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La Religieuse

" La Réligieuse "est un roman de Diderot. Ce dernier est un philosophe des Lumières.IL est l 'auteur majeur de l ' Encyclopédie. C 'est un pacifiste, partisan de la tolérance politique et déiste critique de l ' Eglise. Sa philosophie est assez proche de celle de Voltaire .Diderot est un violent anticlérical.

En écrivant la religieuse, Diderot s 'est inspiré d 'un fait réel.A l 'origine, Diderot

a pris connaissance de l 'histoire d 'une religieuse de Longchamp, nommée Marguerite Delamare. Celle-ci avait fait parler d 'elle dans les salons, en 1758,

pour avoir écrit à la justice, demandant d 'être libérée du cloître où ses parents l 'avaient enfermée .

Alors Diderot fait le procès des institutions coercitives, contraires à la véritable religion dans la mesure où elles mènent les individus aux souffrances terrestres et à la damnation éternelle . le monde clos entraîne la dégradation de la nature humaine. Oisiveté,

inutilité sociale, promiscuité plongent peu à peu les reclus dans les rêveries morbides ou mystiques, puis dans la folie et les mènent, parfois, au suicide .



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Les deux amis de Bourbonne et autres contes

J'ai vraiment aimé ce conte Les Deux Amis de Bourbonne de Diderot. L'histoire est bonne, réécrite à la façon de Didérot, le conte ne vous flatte pas, ne cherche pas à étirer vous émotions, ni à faire clouer votre raisonnement, il vous livre l'essentiel mais je me suis beaucoup plus plu à son rythme ...



Le plus étonnant dans ce rythme est que, le conte est écrit dans un genre épistolaire mais son rythme est dynamique, prompt et très méthodique. On lit le conte comme si on était au bord d'un chemin de fer et qu'on sentait le train faire vibrer la terre, comme si le livre était un moulin où de diverses machines pompent du bruit, comme si on avait enfourché un cheval enragé qui court dans tous les sens...en tout cas c'est dans ce rythme que j'ai lu ce conte et c'est fait d'un seul trait comme si j'étais descendu de mon cheval et que je courais plus vite devant lui et que le conte m'a fait un stop et qu'il fallait me retourner et regarder le cheval...rires..



Un joli conte sur l'amitié et le sacrifice, on le suit sur deux personnages Olivier et Félix. Depuis leur tendre enfance, ils ne se sont jamais lasser de s’entraider au prix de laisser leur vie. Quand ils grandissent, ils sont tombés amoureux tous les deux d'une même femme, aussi Félix partira-t-il et laisse Olivier prendre la femme. Cela n'empêchera pas Olivier de risquer sa vie en allant faire évader Félix de la prison où il était condamné à mort...



Diderot s'attaque aussi à la méconnaissance de la religion d'autres vertus que celles tenues ou prouvées par des gens qui franchissent régulièrement les portes de l'église aussi sombres peuvent-il être.

Que c'est injuste de ne pas reconnaître la valeur de l'amitié telle portée par Olivier et Félix!!!

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Regrets sur ma vieille robe de chambre

Un tout petit essai qui raisonne comme une prise de conscience, une frayeur que peut éprouver un homme en foulant ses pieds dans un changement du genre la roue de fortune vient de vous sourire sous une bonne étoile. Balancer entre l'être et le paraitre, Diderot part d'un joli cadeau qui lui a été offert par Mme Geoffrin, une magnifique et luxueuse robe de chambre, pour développer l'influence que peut produire le luxe chez l'homme au risque de le dénaturer, de le dépraver ou de le corrompre...
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Le Neveu de Rameau

Lu pour le multidéfis 2017, classique du XVIII, voilà ça s'est fait, et ouf, car franchement si c'est parfait pour les étudiants, pour une lecture plaisante, on a du mal à savoir où se trouve le plaisir. Par contre pour réfléchir, approfondir les réflexions, ok tout y est ! Le langage prête parfois à sourire, mais j'apprécie parfois cette langue d'un autre temps et je prends même plaisir à découvrir ou redécouvrir des mots désuets qui reviennent pourtant à la surface par la magie du cinéma comme "MARAUD" c'est rigolo, et j'aime ce côté théâtral de l'histoire.

C'est certain, je ne lirai point du Diderot à toutes les sauces mais de temps en temps, ça permet de se dire que notre langue a certes évolué, quant à la pensée, alors je ne réponds de rien.

Allez bon vent, mon neveu, au plaisir au temps mauvais je m'octroyais un petit détour dans vos pénates.
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Jacques le Fataliste

Ce Jacques le Fataliste me laisse une impression mitigée. D’un côté, le plaisir de parcourir l’œuvre d’un esprit brillant, un génie du siècle des Lumières, Denis Diderot, dont le parcours, le travail, l’empreinte sur son temps, la trace dans l’Histoire, inclinent au respect et à la modestie ; la légèreté de son style malgré l’usage d’un français ancien, la facilité, l’humour, des échanges jubilatoires entre Jacques et son maître, qui inciteraient à l’éloge du roman. De l’autre côté, l’honnêteté intellectuelle, qui pousse à livrer un ressenti moins favorable quant à la construction de la narration. Elle bourgeonne de multiples branches qui finissent par faire perdre le fil et atténuent grandement la cohérence de l'ensemble. Et parmi ces ramifications, l’interpellation du lecteur. Elle m’a amusé au début, puis très vite, m’a lassé ; elle participe de ma perception brouillonne. Peut-être mon cerveau n'est-il pas à la hauteur du résultat que l'auteur escomptait produire chez le lecteur ?
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La Religieuse

Liberté d'expression, le mot est sur toutes les lèvres. Diderot rappelle qu'il s'agit de liberté tout court. Il raconte l'enfermement d'une gamine qu'on voue, sans la consulter, au couvent, et sa révolte non pas contre la religion mais contre ceux qui se permettent de penser à sa place. Mais s'agit-il vraiment de pensée? Elle refuse de se laisser faire, alors on lui mène une vie infernale, avec bonne conscience. Si elle ne veut pas de la vie religieuse, c'est qu'elle ne veut pas de Dieu, alors tout est permis. Le raisonnement est on ne peut plus banal. L'enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions. Peut-être n'est-ce pas cela. L'enfer est pavé de foi qui ne pense pas. La pauvre fille est ballotée d'un couvent à l'autre. Elle ne comprend rien à l'affection trop appuyée d'une supérieure qui ne voit pas de mal là où l'Eglise (sauf un curé suisse allemand cloué au pilori pour humanisme, parce que des Diderot aujourd'hui encore sont nécessaires) dessine le diable. Le combat désespéré de cette pauvre religieuse malgré elle, c'est le combat de la liberté de conscience, qui reste à mener, tant l'enfermement de ceux qui sortent du moule reste de mise.
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Les Bijoux indiscrets

Un sultan s'ennuie dans son royaume. Il convoque alors un génie, Cucufa, afin que celui-ci s'emploie à le distraire.

Il lui offre une bague magique, qui quand on en oriente le chaton vers une femme provoque ses confidences par la voix de ses parties intimes (ses bijoux indiscrets). Ces dames vont donc voir exprimé "tout haut" ce qu'elles pensent "tout bas".

C'est l'occasion d'explorer tout un tas de situations plus ou moins érotiques.



L'argument de départ est original, sûrement assez misogyne, (mais n'oublions ni le contexte ni l'époque)

On aurait peut-être pu rire aussi si les hommes avaient été soumis aux mêmes contraintes.



Le mérite de ce livre est au moins de changer notre vision "scolaire" de Diderot !

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La Religieuse

Comment dire, lire un Diderot pour un challenge, pourquoi pas, mais...

Mais peut-être avec des pieds de plomb, m'attendant à une écriture ampoulée et obscure, une histoire alambiquée et incompréhensible, un discours occulte pour nous qui ne sommes plus de ce siècle-là.

Et pourtant, quelle découverte finalement !

Voici un homme qui fort de ses convictions humanistes va nous décrire intimement les revers d'une jeune fille enfermée contre son gré dans un couvent et son combat acharné pour recouvrer sa liberté perdue tout en respectant les règles internes de ces lieux contre nature. C'est une descente aux enfers alors qui se déroule sous nos yeux, avec la bénédiction de Dieu et de certaines de ses institutions, avec la bénédiction du monde séculier qu'il soit de pouvoir ou de famille.

Diderot, d'une farce entre amis, s'est pris au combat de la Religieuse au point d'en être investi. Son mémoire est un plaidoyer contre l'hypocrisie des uns et l'inhumanité des autres, contre l'illusion des uns et la folie des autres. Il nous ouvre la porte d'une demeure réservée aux 'appelées' mais qui souvent n'était peuplée que d'enfants non désirées ou illégitimes, de jeunes filles déshéritées ou perdues. Et même celles qui étaient portées par la voie, voyaient leur foi se ternir au fil des ans passés entre ces quatre murs clos, entre méchanceté et rigueur, entre solitude et perversion.

Il dénonce, par la voix de sa Religieuse, le non-sens d'une non-vie et sa plume court, sans perdre haleine, sans le vouloir même, et crie à l'injustice et à l'imposture. On sent une souffrance réelle de l'auteur devant tant de cruautés imposées, physiques et psychologiques, et ce, tout en restant profondément croyant car Dieu reste omniprésent dans le discours. Un Dieu de pardon et d'amour qui clairement n'a jamais demandé le sacrifice d'une vie au monde, à la société.

Une plume riche et sensible, qui touche, percute et interroge ; un vocabulaire riche et parfois suranné mais toujours juste ; des personnages enfin, plus vrais que nature, profonds d'innocence ou de folie, emplis de dureté ou de tendresse, complètement naïfs ou juste pervertis. Et ça se lit d'une traite tant le récit bouleverse...

Et enfin, il ne faut pas oublier les préfaces, les car il y en a deux ! Celle en début de livre, là où est bien sa place, se lit pour mieux comprendre l'auteur et son temps, elle donne quelques clés au lecteur pour qu'il traverse sa lecture sans embuches. Et la deuxième, que l'on trouve bizarrement en fin d'ouvrage, est celle écrite par Diderot lui-même. Cette dernière termine le roman et donc, la brève vie de sa Religieuse.

Je ne pourrais dire si c'est un chef d’œuvre mais c'est un livre puissant où l'on sent toute l'implication de l'auteur et son profond humanisme.
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Pour une morale de l'athéïsme : Entretien d'u..

Court texte d'une vingtaine de pages, mettant en scène un dialogue entre Diderot et la Maréchale de *** qui le sermonne sur son incroyance. Diderot se défend en exposant ses arguments.



Mine de rien, en vingt pages, on aborde beaucoup de sujets : la religion qui n'est pas la seule garante de la moralité publique, les croyants qui ne sont au final ni meilleurs ni pires que les autres, le fait de ne pas trop se préoccuper des « péchés » socialement bien acceptés, et l'absurdité qu'il y a à demander à quelqu'un qui ne croit pas de se « forcer » à croire.



Diderot ne fait pas de prosélytisme pour autant. Il affirme qu'il laisse chacun penser comme il le souhaite tant qu'on lui donne ce même droit, et ne cherche même pas à afficher publiquement ses opinions : s'il faut assister aux diverses cérémonies religieuses pour avoir la paix, il y assistera sans broncher.
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Lettre sur le commerce de la librairie

Un texte étonnamment moderne, surtout quand on examine la date de sa publication : essai rédigé en 1763. Le texte ne sera pourtant publié qu'un siècle plus tard, en 1861 (voir la page Wikipédia qui lui est consacrée).



Diderot réfléchit notamment sur des domaines très actuels, mais visiblement déjà actuels à son époque ... la contrefaçon, l'étranger, la concurrence déloyale, les conditions d'exercice du métier de libraire (qui était aussi l'éditeur d'aujourd'hui) ...

Il y pose des idées très importantes sur les droits d'auteur, la diffusion des livres, le fait de favoriser la production de livres et l'impression en France ...



Intéressant à découvrir.
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Le Fils naturel

Première pièce de Diderot, publiée et créée en 1757 dans un théâtre privé (celui du duc d'Ayen) la pièce sera donnée à la Comédie Française seulement en 1771 et chutera après une unique représentation. Elle n'est pas entrée dans le répertoire postérieurement, et elle est généralement considérée comme injouable. Elle constitue néanmoins une date dans l'évolution du théâtre, par elle-même mais aussi par le texte « Entretiens sur le Fils naturel », paru en 1758 qui explicite les principes à la base de sa composition.



Diderot a une ambition forte : celle de réformer le théâtre, tel qu'il est pratiqué de son temps. Une bonne partie des auteurs et du public ont le sentiment que les genres théâtraux, tels qu'ils sont pratiqués à l'époque arrivent à l'épuisement. Par ailleurs, Diderot et les philosophes pensent que le théâtre peut servir de tribune pour faire passer quelques unes de leurs idées. Pour cela, il faut des changements importants. Diderot va donc imaginer de créer un genre nouveau, le drame, qu'on appelle le plus souvent le drame bourgeois.



Il s'agit d'un genre intermédiaire, entre les classiques tragédie et comédie. de la comédie, il garde le statut subalterne des personnages, bourgeois justement, et de la tragédie la gravité des sujets traités. Il s'agit de permettre au public de s'identifier à des personnages qui lui ressemblent, et de délivrer une leçon morale : « … au lieu d'agir négativement par la peinture du ridicule et du vice, agir positivement par celle de la vertu ». le drame doit toucher fortement : c'est par l'émotion, facilitée par l'identification, que la leçon morale va porter.



Diderot veux aussi réformer l'écriture dramatique elle-même. Il préconise la prose, plus naturelle que le vers. Aux personnages figés de la comédie qui étaient définis par leur caractère, l'avarice d'Harpagon par exemple, il souhaite substituer la peinture des conditions sociales (l'homme de lettres, le philosophe, le commerçant ou le juge). Il veut accorder une place à la pantomime (l'expression, en particulier des sentiments, avec le corps) et la constitution de véritables tableaux vivants, à la manière de Greuze, dont il était un grand admirateur. le geste doit accompagner le discours pour provoquer davantage d'émotion. Enfin, les personnages socialement identifiables doivent évoluer dans un décor réaliste. le décor passe-partout laisse place à une recomposition minutieuse des lieux réels ; un salon, une chambre à coucher. Les personnages sont montrés dans des activités quotidiennes.



C'est dans le fils naturel que Diderot expérimente donc pour la première fois ce programme. Il est assez cruel de vouloir résumer cette pièce, qui paraît aujourd'hui très maladroite, sentimentale et invraisemblable. Dorival, le personnage principal, est écartelé entre son amitié pour Clairville, et son amour pour Rosalie, la fiancée de Clarville, qui l'aime également. Il est par ailleurs aimé de Constance, une jeune veuve soeur de Clarville. Il veut quitter la demeure de Clairville, mais ce dernier le supplie de rester, pour parler à Rosalie qui semble ne plus vouloir l'épouser. Dorival va finir par se résoudre à adopter la voie vertueuse, et pousser Rosalie à épouser Clarville, en épousant Constance. Sage choix, au final, Rosalie va s'avérer être la demi-soeur de Dorival, leur père revenant de l'outre mer, suite à des péripéties multiples, leur amenant une fortune et révélant leur parenté. Les héros n'auront donc aucun regret d'avoir suivi la vertu.



Cette pièce est plus un projet, un manifeste, qu'une oeuvre vraiment aboutie. Elle ne présente qu'un intérêt documentaire. Mais c'est une étape, qui va mener, dans un premier temps au drame de la fin du XVIIIe siècle, on peut citer des écrivains comme Sedaine, Mercier, Beaumarchais. Et dans un deuxième temps, elle annonce la comédie de moeurs et le drame réaliste du XIXe siècle, voire du début du XXe siècle.
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La Religieuse

Une histoire du 18ème siècle, mais une interrogation sur les pratiques religieuses qui, transposée aux préoccupations de notre époque, garderait tout son intérêt. Je me demande même comment le politiquement correct actuel réagirait à l'audace d'un Diderot moderne. J'ai souvenir du scandale qu'avait suscité le film de Rivette à sa sortie en salle et des débats qu'il avait suscités. Cette lecture tardive du modèle me donne envie de le revoir.
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La Religieuse

Diderot dénonce l'arbitraire, la violence de la société bourgeoise, lorsqu'elle fait payer ses erreurs personnelle à ses filles qui ont la malchance d'être née en dernier, qui plus est d'une faute. Suzanne découvre cette vie de recluse qu'elle refuse, au prix de brimades, de tortures psychologiques et physiques.

Le style très reconnaissable de Diderot, au travers d'une correspondance imaginaire, mais inspirée de faits réels, exprime de manière magistrale la souffrance, la violence subie, l'injustice, le désespoir... avec une justesse psychologique étonnante ! On y trouve même une pointe d'érotisme !

Et c'est aussi l'intrigue et le suspense de ce livre (à condition de ne pas lire la préface) qui le rendent aussi addictif : savoir jusqu'où elle pourra supporter cette souffrance et comment se terminera cette réclusion.

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