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Critiques de Dennis Lehane (1934)
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Shutter Island

En compagnie d’un flic, Teddy, au passé compliqué, et de son adjoint Chuck, qu’il ne connaît pas encore, on débarque sur une île, qui abrite un hôpital psychiatrique, alors qu’une tempête s’annonce.



Avoue, ami lecteur, que déjà l’ambiance y est, pour te hérisser le poil.



Teddy et Chuck vont donc faire connaissance, entre eux et avec l’enquête qu’ils doivent mener.

Une patiente a disparu, de manière tout à fait mystérieuse. A entendre le personnel, personne n’a rien vu, rien entendu et à part si elle a traversé les murs, on soupçonne que tout ce petit monde n’est pas bien net.

D’autant que des complots, des secrets, des malversations en veux-tu en voilà, Teddy en voit et en imagine tout plein.



Note, ami lecteur, que tu peux te triturer les méninges. Peut-être devineras-tu une partie de l’énigme. Mais tu ne sauras pas avant d’en avoir terminé avec ce livre le fin mot de l’histoire et tu seras épaté de t’être laissé berner si facilement par Lehane, qui soigne si bien le cadre donné à son histoire.



Comme c’est difficile d’en dire plus sur ce genre de roman, je n’en dis pas plus.

Si ce n’est que je suis ravie d’avoir lu ce livre, d’un auteur que je ne connaissais pas (sauf par certain de ses adeptes ici présent bien entendu, clin d’œil à lehane-fan et par la série "Sur écoute", sans le savoir).



Avec un peu de blabla en plus...


Lien : https://chargedame.wordpress..
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Mystic River

Le deuxième roman de Lehane que je lis et encore un moment extraordinaire. Ce qui est le plus important, à mon avis, ce n’est pas vraiment l’histoire, même si elle retient l’attention et demande à être élucidée. L’ambiance, les lieux, les personnages et leurs états d’âme font de ce roman un moment de vie dans lequel le lecteur s’immisce, s’insère, porté par une écriture remarquable. Car, elle donne à voir, à entendre, à sentir, tout est là. De plus, l’auteur manie les images, les formules avec brio et certaines phrases vous scotchent et vous font penser : chapeau bas, Monsieur Lehane, du grand art, cette capacité à mettre en mots ressentis ou impressions. Le roman est très sombre, et même terriblement pessimiste, sans larmoiement par contre ni complaisance gratuite: juste une expression, un tableau de ce que l’auteur semble avoir observé, ressenti ou analysé. Le roman devient alors un partage et demande à être réfléchi, discuté. Voilà ce que j’appelle de la littérature, à placer bien haut, pour la faire émerger de la médiocrité d’un grand nombre d’écrits formatés et « marketés » actuels.
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Sacré

Une fois n'est pas coutume, Patrick Kenzie et Angie Gennaro, nos deux détectives, sont mis à mal dès le début du roman. En effet, ils se sont fait kidnappés en pleine rue et pas par n'importe qui, mais par un grand homme d'affaires milliardaire: Trévor Stone. Il faut dire que, lui aussi, a besoin d'aide: sa femme est morte dans un terrible accident de voiture, il est atteint d'un cancer incurable, sa fille, Desiree, a disparu et le détective chargé de la retrouver également. Rien que ça! Plus ou moins obligés de s'occuper de cette affaire, Patrick et Angie vont commencer cette troublante chasse à l'homme. Des bureaux de l'organisation de SOS Détresse où a dû échouer Desiree, ils vont bientôt se retrouver en Floride à la recherche des deux disparus.



Troisième aventure du couple Patrick et Angie que l'on avait laissé dans un triste état. Celui-ci se veut beaucoup moins sombre que les précédents mais aux rebondissements et aux faux-semblants multiples. Le suspense est toujours aussi intense, l'humour toujours noir. Dennis Lehane sait tenir son lecteur en haleine et le rythme est soutenu.

Toujours hantés par leurs passés, Patrick et Angie se dévoilent un peu plus dans ce volet et cela les rend d'autant plus attachants.

Un excellent moment de lecture...



Lehane, Sacré-ment bon...
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Le Silence

La claque. le bouquin qui te scotche, que tu lâches pas tant que t'es pas allé au bout.

Boston, les années 70, quand la ségrégation est quotidienne et que les quartiers pauvres s'ignorent au mieux, menacent de s'affronter quand le politique les chatouille. D'un côté, les « Paddy » à la peau rouge à force d'être blanche, descendants des Irlandais chassés par la famine. Familles resserrées autour des mères quand les pères sont en prison, ou six pieds sous terre après la guerre du Viet Nam ou une bonne overdose. La protection de quelques caïds qui vous dégagent votre allée quand il neige, passent vous voir quand ça va pas. Vous extorquent leur dime pour tout cela. Et surveillent avec un zèle sourcilleux que tout reste dans le droit chemin des valeurs défendues ici.

Mary Pat est de ces habitantes-là. Son premier mari est mort. le second l'a quittée tellement elle puait l'échec. Son fils ainé s'est suicidé à l'héroïne et sa cadette, Jules, 19 ans, n'a pas l'air en forme ces derniers temps. Alors Mary Pat picole un peu trop, se noie un peu plus chaque jour.

De l'autre côté, le quartier noir. On ne sait pas trop ce qui s'y passe car le roman est écrit du point de vue de Mary Pat. Mais on considère, comme l'évidence d'un impensé qui s'impose, ses habitants comme une autre espèce, pas vraiment humaine. Des animaux dont le contact tâcherait.

Depuis que la justice a décidé de mettre fin à la ségrégation scolaire en envoyant un bus chercher une poignée de ses habitants pour les scolariser dans les établissements scolaires blancs et inversement, une déchéance supplémentaire menace le monde déjà bien délabré dans lequel évoluent ceux qui n'ont pour dernier avantage au moins de n'être pas noir. Scandale ! le clan irlandais s'agite, prépare pancartes et manifestations.

Et puis Jules disparait.

Ce roman a les ressorts d'une tragédie grecque. C'est un magnifique portrait de femme. C'est une foire d'empoigne. La démonstration magistrale de ce que produit la misère combinée au patriarcat vénal et toxique. Mais c'est aussi le flamboiement d'une révolte. Comptez vos abatis avant de croiser la route de Mary Pat. Et préparez l'eau oxygénée pour après. Si après il y a…

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Un dernier verre avant la guerre

Je découvre Dennis Lehane avec ce dernier verre et je dois dire que je suis ravi de cette rencontre !

J'aime beaucoup le style très précis, le rythme idéal, et j'ai apprécié la cohérence de l'intrigue, claire et sans excès.

Le tandem constitué par nos deux détectives est plaisant, leur relation sonne vrai, ils se connaissent depuis l'enfance et leur complicité tout en "je t'aime moi non plus" agrémenté d'un humour omniprésent est tout simplement parfaite de vérité.

J'ai apprécié l'ambiance de ce Boston des bas fonds sur fond de guerre des gangs, ce côté quasi documentaire qui fait un peu froid dans le dos, cette peinture d'une Amérique corrompue par politiciens véreux interposés.

S'il y a une chose qui est omniprésente dans cette histoire, c'est une certaine forme de cynisme, une violence constante et sous-jacente qui transpire dans tous les rapports qu'entretiennent les différents acteurs de ce récit entre eux, même quand ils sont censés s'apprécier, c'est un peu dérangeant quelque part.

L'intrigue bien que classique est efficace et bien menée, la densité des personnages est réelle et leur psychologie très développée, ce qui fait que cette lecture est vraiment facile et limite passionnante.

Pour ma part je suis convaincu et je prend d'office rendez-vous pour un prochain opus !
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Shutter Island

Enfin !!! J'ai enfin lu Shutter Island !!!



Je ne regrette pas cette lecture qui donne envie de tout recommencer lorsqu'on arrive à la fin.

En effet, Dennis Lehane nous mène par le bout du nez en nous laissant croire que l'on a tout compris.



Mon seul regret, pour le coup, c'est qu'à force qu'on me parle du livre (et du film) et qu'on me dise "Tu vas voir la tension !" "Tu vas voir cette chute, c'est trop bien ficelé !!", eh bien je savais qu'il y avait un truc et du coup je n'ai pas arrêté de chercher et, de fait, la surprise finale n'était pas une surprise pour moi.



J'aurais aimé le découvrir réellement, mais ça ne retire rien aux 4 étoiles que j'attribue à ce livre.
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Un pays à l'aube

L'auteur aurait-il fini de régler ses comptes avec son enfance ?

Ce récit est beaucoup moins sombre que les précédents, pourtant renommés à juste titre.

En le lisant, j'ai beaucoup pensé à Howard Zinn et son "Histoire populaire des Etats-Unis", cité d'ailleurs en remerciements.

Dennis Lehane nous narre un pan méconnu de l'histoire de son pays, plus particulièrement celle de la ville de Boston, cadre pour lui familier.

Cette cité est secouée, en 1918-19, par une série de catastrophes : attentats anarchistes, explosion d'une raffinerie sucrière et, pour finir, grève de policiers, d'où émeutes et pillages.

Nous suivons plusieurs personnages, noirs ou blancs, bien rendus, aux caractères forts. L'écriture est, elle, toujours aussi fluide.

En bref, voici un roman parcourir impérativement pour connaître un peu mieux un épisode oublié, du moins par les Européens, de l'histoire de ce grand pays.
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Mystic River

Il y a fort fort longtemps, j’ai regardé Mystic River réalisé par Clint Eastwood. Je devais être trop jeune ou trop fatiguée ou pas assez attentive, toujours est-il que je n’ai quasiment rien retenu de l’intrigue. Quelques années plus tard, je découvrais Dennis Lehane (devrais-je dire le talentueux mister Lehane) à travers les enquêtes du duo Kenzy et Genarro dont j’ai dévoré chaque épisode, meilleur année après année. Et comme son talent ne s’est pas arrêté à cette série, j’ai fouillé et pris connaissance de Mystic River et de Shutter island (mais là pour le coup j’ai retenu l’intrigue). C’est donc finalement sur Mystic River que s’est porté mon choix, motivée par la perspective de retrouver l’ambiance d’une Boston ouvrière qui m’avait tant séduite avec les enquêtes de Kenzy et Genarro.



Notre roman débute sur une affaire dès plus sordide : sur la bande de trois gamins d’une dizaine d’années qui jouaient tranquillement dans un quartier populaire de Boston, l’un d’entre eux est enlevé par deux pédophiles s’étant faits passer pour des flics. Il reviendra quatre jours plus tard et ne sera plus jamais le même. Cet enfant, c’est Dave Boyle. Les deux autres camarades qui ne sont pas montés dans la voiture sont Sean Devine et Jimmy Marcus. Ce drame à peine évoqué pourtant, les marquera et créera entre eux un fossé infranchissable.



25 ans plus tard, nos trois anciens compères ont pris des chemins très différents : Sean Devine, le plus favorisé de la bande parce que son père était contremaître, est devenu flic à la criminelle. Jimmy Marcus quant à lui, le sanguin du groupe, le casse-cou intrépide et aux nerfs d’acier, d’ex-taulard cambrioleur est devenu un honnête père de famille, citoyen rangé en charge d’une femme aimante et de trois filles. Dave Boyle, lui, peine à construire un équilibre familial, mais réussit tant bien que mal : entre un boulot précaire, une propension à boire trop de bières et un foyer composé de son épouse Celeste et de son unique enfant, Mickael. Trois destins qui n’auraient jamais du se recroiser si l’assassinat de la fille aînée de Jimmy Marcus, Kathy, ne les avait réunis à nouveau. Sean en charge de l’affaire à maille à partir avec Jimmy Marcus, père éploré dont on a volé le joyau, sa fille aînée, qu’il s’était juré de protéger. Le problème quand on est Jimmy Marcus, qu’on est issu d’une famille d’ouvriers irlandais hargneux et qu’on a épousé la petite sœur d’une fratrie de frères irlandais plus habitués à la prison qu’au grand air et qu’on dispose soi-même d’un caractère bien trempé, c’est qu’on souhaite se faire justice soi-même. La police par trop leur came. Et comment expliquer que le soir de l’assassinat de Kathy, Dave Boyle soit revenu chez lui en sang en prétextant s’être battu avec un voleur à la petit semaine qui l’aurait menacé. Celeste Boyle doit-elle croire son mari alors que tous les éléments concordent à le discréditer ? Sean Devine est-il prêt à affronter Jimmy Marcus et Dave Boyle, tant d’années après ? Et surtout, qu’est-il arrivé à Kathy qui s’apprêtait à convoler vers Las Vegas pour épouser Brendan Harris ? Qui l’a massacrée à coup de batte de hockey ?



Il m’aura fallu du temps pour entrer pleinement dans Mystic River. Le temps pour Dennis Lehane de poser chaque personnage, déroulant le fil d’une amitié trop vite sacrifiée. Le temps de connaître Sean, Jimmy, Dave, intimement, profondément : leurs failles, leurs peurs, ce qui nous les rend si attachants chacun à leur manière. Planter le décor, me familiariser avec le quartier des Flats, ses habitants, peu gâtés par la vie mais ne perdant pas de vue l’essentiel, portés par un courage et une fierté frondeurs. M’habituer à l’horreur, lui faire face et accepter la violence ordinaire qui sourd à chaque coin. Réaliser que le passé ressurgit inévitablement et façonne les adultes que nous sommes aujourd’hui. Mon dieu que ce roman est noir, gagnant en puissance au fil des pages, me laissant sonnée à la fin. Un roman d’une grande profondeur, étonnant de maîtrise grâce à Dennis Lehane qui une fois de plus démontre l’étendue de son talent. Profond, intense et sensible, tout simplement beau, Mystic River nous confronte, tout autant que Sean, Jimmy et Dave, à notre propre passé, nous interrogeant sur nos démons intérieurs. Un roman intelligent qui résonnera encore en moi quelques temps.
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Shutter Island

"Shutter Island" est mon premier Lehane. J'ai découvert cet auteur grâce à ses nombreux fans sur Babelio. Autant vous dire que je ne m'arrêterai pas là, j'ai hâte de découvrir tout son talent, car pour un premier essai, c'est un essai transformé.

Préférant me faire mon propre film et créer mes propres images, je n'ai pas voulu voir l'adaptation cinématographique diffusée récemment mais ayant quand même vu la bande-annonce, le visage de Di Caprio s'est imposé à moi.

Je ne ressortirai pas indemne d'un thriller aussi "psychédélique". Je l'ai lu très rapidement, il y a quelques jours mais je le garde à portée de mains. J'en feuillette quelques pages.... peut-être à la recherche d'un indice qui m'aurait échappé. Difficile d'écrire ce billet et d'être originale après les 170 critiques déjà postées.

Bravo Mr Lehane car j'aime les antagonismes et vous, vous parvenez, notamment à travers les dialogues de nos deux protagonistes, à nous faire sourire, tout en nous plongeant dans une atmosphère si pesante qu'elle est digne de l'île du diable. Je revois notamment l'épisode où Teddy et Chuck, réfugiés dans un tombeau au cimetière alors qu'autour la tempête fait rage et qu'il fait nuit noire, évoquant leur passé (plutôt dramatique) et leur situation actuelle (à peine plus agréable) sans se départir d'un certain humour. Il est vrai que cela peut être un moyen de faire face aux épreuves de la vie.

Allez, finie la rigolade, plus l'histoire avance, plus le malaise se précise. Des questions se posent : qui tire les ficelles ? Qui mène les autres en bateau ? (Tiens, ça peut être utile sur une île !). Puis soudain, le trou noir et le lecteur bascule lui aussi dans la folie.

Ma note : 4.5/5. Le bémol vient du dernier chapitre qui a jeté le doute dans mon esprit. Je l'ai relu plusieurs fois sans être plus sûre de rien... mais je suppose, là aussi, que c'est une volonté de l'auteur.



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Shutter Island

Ah enfin ça faisait un petit moment que je ne m'étais pas pris pour le mec qui découvre la fin tellement il est bon et blasé...surtout lorsque la fin est complétement différente de ce qu'on avait pu imaginer, bref j'avais déjà commencé à me faire des bisous et voilà que patatras je découvre que je suis complètement à côté de la plaque...l'idée n'était pas mauvaise mais fausse...

Bref j'ai adoré, impossible de s'arrêter, c'est bien écrit, comme d'habitude...Sacré LEHANE, quand je vous dis qu'il ira loin ce garçon...
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Mystic River

Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas lu ce livre plus tôt. Il est extraordinaire.

L’histoire commence vingt-cinq ans plus tôt, dans le Flats, un quartier déshérité: trois gamins, Sean, Jimmy et Dave joue à se chamailler quand une voiture s’arrête et que deux hommes enlèvent Dave. Bien que Dave réussisse à s’échapper quatre jours plus tard, c’est ce tragique épisode qui va ressurgir, vingt-cinq ans après lorsque la fille ainée de Jimmy sera retrouvée sauvagement assassinée. Sean, qui mène l’enquête, à la fois délicate et douloureuse, va devoir se confronter à son passé et à ses amis.

Ce roman est sans doute l’un des plus abouti que j’ai jamais lu.

L’enquête, bien évidemment au coeur du sujet, n’est pas finalement le sujet en lui-même. Le véritable sujet, ce sont les trois personnages, comment chaque garçon a grandi, a développé un caractère, est devenu un adulte, a changé de voie dans certains cas, comment cette morsure de l’enfance les a pris à la gorge - cette histoire tragique, qui les a marqué au fer rouge et qui va se révéler déterminante dans leurs décisions, dans leurs hésitations, dans la profondeur de leur être.

C’est le polar qu’il faut avoir lu une fois dans sa vie.
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Le Silence

États-Unis, années 70. Dans le quartier irlandais de Boston, une adolescente disparue…



C’est le moment où a été décrété le « busing », le transport d’enfants blancs vers une école d’un quartier noir et d’enfants noirs dans l’école du quartier. Des gens s’y opposent, pas nécessairement par racisme, mais aussi par mentalité de quartier faite de solidarité et de haine des autres. Et puis, les enfants des politiciens qui ont décrété la mesure restent bien tranquilles dans leurs collèges privés des banlieues.



Les années 70, c’est aussi un fils qui a fait le Vietnam, un « protecteur » du quartier qui devait maintenir l’ordre, contrôler le jeu ou la prostitution et protéger les enfants, mais qui touche maintenant au trafic de drogues mortelles.



C’est une femme qui cherche sa fille, qui tente de briser le mur du silence…



Ce n’est pas seulement un polar, c’est un excellent roman de société, qui met en scène des êtres humains complexes, avec des émotions contradictoires et des prises de position difficiles.

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Le Silence

Ne jamais sous-estimer une mère meurtrie…



Dennis Lehane nous ramène à Boston, sa ville, celle où tout commence et où tout s’annihile, durant l’été 74.

Le Watergate n’a pas encore pulvérisé Nixon, et les petits gars rentrés du Vietnam achèvent leur parcours dans des seringues au fond de parcs miteux.

Southie est le quartier irlandais de Boston, 100 % blanc, 100 % pauvre et 100 % sous la coupe de Marty Butler, caïd mafieux aussi respecté que craint. Ici, « on vit et on meurt selon un code », le sien.

En ces journées de juin 1974, la colère gronde. Un juge fédéral a ordonné une opération de mixité raciale, prévoyant d’envoyer des lycéens noirs dans les lycées des quartiers blancs et vice versa. Le « busing », prétexte à un déferlement d’une haine entretenue entre les deux communautés qui trouve enfin à se manifester.

C’est dans ce contexte électrique que Mary Pat, aide soignante, qui cumule les heures de travail, l’alcool, les clopes et la fatigue, voit sa vie bouleversée une fois de trop. Elle a déjà perdu un mari et un fils, emporté par une overdose de poudre brune à son retour du Vietnam. Elle vient d’être larguée par son deuxième époux qui lui a préféré une jeune beauté qui a de surcroit l’insolence d’être nègre.

Il ne lui reste que Jules, sa fille de 17 ans, douce, féminine et gaie, comme si les dieux s’étaient ingéniés à en faire le contraire de sa mère, bagarreuse, colérique et indomptable.

Lorsque Jules disparaît le même jour qu’un jeune homme noir est retrouvé mort sur les rails du métro, la mécanique démarre, implacable. Et commence l’épopée d’une mère folle de détresse dont le parcours sera semé de morts, d’incendies et de larmes.

Dennis Lehane brosse un portrait de femme magistral, que la douleur a conduit en ces lieux où rien ne peut l’atteindre. Elle est tout à la fois « détruite et indestructible ».

Son épopée tragique l’amène à se confronter à la haine viscéralement ancrée dans sa communauté, offerte sur les fronts baptismaux de tout enfant né à Southie. La haine, comme viatique pour survivre dans un monde qui n’offre d’horizon que l’éternel recommencement de jours laborieux et enivrés.

Mary Pat cogne beaucoup et ne pleure pas. Mary Pat découvre en outre que l’amour pour sa fille ne l’a pas protégée de la gangrène qui bouffe le quartier. Du haut de ses dix-sept ans, Jules a perdu ses ailes d’ange. Mais elle reste le bébé de Mary Pat…

Alors Mary Pat cogne, et cogne encore.

Formidable roman d’un auteur qui excelle à entremêler les réalités sordides de l’Amérique à la destinée de ses personnages. Le silence est un texte ravageur qui cisaille les certitudes, bouscule les codes et, in fine, offre un peu d’espoir, parce que « ce n’est pas la haine qui est le contraire de l’amour, mais l’espoir. »
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Un pays à l'aube

L'action se situe à la fin de la première guerre mondiale, dans une Amérique en proie à de nombreux troubles sociaux, grèves, émeutes raciales et xénophobes. Le déroulement du roman est centré sur l'agitation des rouges, anarchistes et bolcheviques, sur l'émergence du syndicalisme et d'une conscience noire, et tout particulièrement sur la grande grève des policiers de Boston de 1919.

Une atmosphère très prenante et particulièrement bien rendue dans un contexte de tension et de violence, centré autour de trois personnages principaux: un policier, un noir, et plus secondairement une vedette de base-ball ( qui nous vaut un début un peu lent). Une fresque passionnante qui nous fait vivre une page sombre de l'histoire des Etats Unis. L'ensemble est superbement écrit. J'avais déjà apprécié Shutter Island mais avec ce livre je suis vraiment conquis par Dennis Lehane.
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Shutter Island

Parfait! Un thriller captivant, noir, oppressant et complètement renversant comme j'en n'ai pas lu depuis longtemps!! Je suis venue le chercher pour ça et il me l'a bien rendue.

Je comprends qu'il ait fait sensation, c'est un immanquable en son genre. Quoi dire de plus pour ne rien dire? Gravée dans ma tête, gros coup de coeur.
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Gone, Baby, Gone

J’avais lu plein de belles critiques sur ce roman. J’ai mis du temps à me le procurer.



Je n’ai pas réussi à m’immerger dans cette lecture. Je l’ai lu en entier, mais je voulais en finir au plus vite.

Je n’ai pas abandonné parce que je souhaitais savoir pourquoi il était si bien noté.



Il y avait trop de longueurs, je ne me suis pas attaché aux personnages. Et rien ne m’a vraiment étonné.

Je ne pense pas avoir vu le film. Où il m’est sorti de la tête. Parce qu’à une époque j’ai regardé beaucoup, mais beaucoup de films et de feuilletons policiers. C’est peut-être pour cela que je me suis ennuyé.



Bonne lecture !

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Ténèbres, prenez-moi la main

Et bien, me voici réconciliée avec Dennis Lehane suite à cette deuxième lecture, beaucoup plus concluante que "Shutter Island". Je me suis rapidement rendue compte qu'il s'agissait en fait du tome 2 d'une série mais cela n'a pas du tout gêné ma lecture, ce qui me fait penser que les enquêtes des deux privés, Kenzie et Gennaro, peuvent aussi bien se lire en one-shot que dans leur intégralité chronologique.



Sauf si, comme cela est probable, vous devenez rapidement addicted à ces deux sympathiques protagonistes qui, en ce qui me concerne, m'ont fait passer un vrai bon moment de suspense avec "Ténèbres, prenez-moi la main". Un titre assez énigmatique quoique bien parlant, c'est en effet à une longue descente aux Enfers que nous convie l'auteur.



Je ne vais pas parler du récit, donc aucun risque de dévoiler peu ou prou de l'intrigue.



J'ai tout de suite ressenti une très forte empathie pour Patrick et Angie ; j'ai aimé leur complicité, savant dosage d'amitié, de fidélité et de séduction ; je ne me suis pas perdue parmi les nombreux personnages - ma plus grande crainte dans les polars - et enfin, même si le dénouement n'a pas vraiment été une surprise, j'ai totalement adhéré à l'atmosphère de tension croissante qui s'est concrétisée par le si rare sentiment de ne pouvoir abandonner son livre, quoi qu'il se passe autour de soi.



Un polar que je recommande vivement, sauf aux âmes trop sensibles car Lehane n'y va quand même pas de main morte.





Challenge MULTI-DÉFIS 2016

Pioche dans ma PAL Avril 2016
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Ténèbres, prenez-moi la main

Dennis Lehane prend encore un peu plus d'altitude après l'excellent premier Kenzie & Gennaro, Un Dernier Verre Avant La Guerre. Ou sans doute s'enfonce-t-il plus loin dans les ténèbres du roman noir.

Avec l'ouverture par la fin, lourde de désespoir et de solitude, Lehane enclenche sans attendre une tension qui ne cesse de s'intensifier jusqu'à devenir violence, comme une force précipitant Pat Kenzie, Angie Gennaro et bien d'autres, (et vous surtout !), au fil de drames innommables et incompréhensibles et vers un dénouement mais pas forcément un exutoire pour toute cette tension et cette violence. Et les nuances de Kenzie se multiplie encore et toujours, ni noires, ni blanches, Angie toujours à ses côtés.



Je ressort lessivée de cette spirale d'impuissance, de peur et de désespoir qui semble noyer Angie et Pat. Mais me voilà à nouveau complètement envoûtée par Dennis Lehane et le talent avec lequel il tisse les vies et les sentiments de ses personnages. Toujours ce portrait de la vie du quartier qui se dégrade depuis longtemps, encore et toujours, sans signe de ralentissement futur. Le crime local, la mafia. Quelques références au monde qui perd la boule, à la violence sans logique ou raison, à l'instant où tout bascule et à la folie...

C'est presque un plaisir de lire les souvenirs oubliés, ou éclipsés par les actes de la vie d'adulte, de Pat, Angie, Phil et Bubba. Mais ces atmosphères plus ou moins heureuses (ou pas) de leur enfance et certains évènements extraordinaires ou anodins pour un enfant prennent un tout autre sens des années plus tard. Les cartes de la vie semblant timidement, enfin, se montrer en faveur de Pat & Angie, avant de tout reprendre. Et l'énergie et l'humour du désespoir... derniers réflexes de survie.



Un polar exceptionnel et noir, toujours, après lequel on se demande ce que l'on va bien pouvoir trouver à l'étage inférieur, dans le tome suivant...
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Un pays à l'aube

Un ouvrage qui occupe depuis un temps certain mes étagères, mais dont j’ai souvent remis la lecture, quelque peu repoussée par son épaisseur… Je me suis longtemps privé d’un vrai plaisir de lecture, et maintenant que la dernière page est tournée, je regrette déjà de l’avoir (déjà) fini…

Présentée dans la collection « roman noir », ce roman, certes pas très rose, me semble plus être un grand roman historique ; et encore le qualificatif est simpliste tant le contenu est complexe.

Roman choral, grande fresque historique, sociale, politique, Un pays à l’aube, touche en réalité le cœur même de ce que sont les Etats-Unis : un melting-pot, une nation crée, et qui s’est construite au fil des luttes humaines, sociales, et raciales.

Si une multitude de personnages habitent ce roman, trois s’en détachent nettement, s’entrecroisent pour en constituer la matrice.

Si l’Europe sort ravagée de la première guerre mondiale, certaines villes des USA vivent des heures noires, et en particulier Boston, cadre principal du roman. Dennis Lehane dresse un tableau très réaliste des évènements et de la situation économique de la ville. Il en découle un climat social difficile, des grèves, une violence urbaine sans précédent ; la ségrégation raciale bat son plein…

Dans ce chaos, chacun tente de faire valoir ses idées, se bat pour ses idéaux ; d’autres regardent le monde évoluer bien assis sur leurs certitudes. Il y a ceux qui nous révulsent, et les autres, que l’on a envie d’accompagner. Aucun ne nous laisse indifférent. Ils nous embarquent tous à leur façon, pour un voyage passionnant.

Ce livre est habilement construit, épais, consistant, mais jamais ennuyeux. Il vous agrippe tant, qu’il est impossible de lui résister, et de le lâcher.








Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Avant Gwen

La célérité d'une Blitzkrieg alliée à la puissance d'une Panzer Division !

Des termes guerriers me ramenant immanquablement à celle que je perdis un brumeux matin de juin 83 , me valant alors le doux et si envieux sobriquet de calculette : la guerre des boutons...mais ceci est une autre histoire...



Sec , nerveux , épuré jusqu'à l'os , Avant Gwen déroule puissamment , sur de son fait , et vous sèche sans coup férir ! Le gros point noir , la frustration occasionnée à la lecture de cette nouvelle d'une quarantaine de pages écrite en caractères Oui-Oui ! Frustration à la hauteur du plaisir ressenti , c'est dire le degré de manque en le refermant !

On y retrouve le style Lehane , empreint d'une gaieté et d'une joie de vivre ne pouvant occasionner qu'un optimisme forcené . Oups , je viens de confondre avec Raoul Lehane , plume joviale chez douze feuilles mag' , la santé par les plantes , au temps pour moi , i repeat again .

Un Lehane égal à lui-même . La force de ce textounet , la palette de sentiments évoqués en si peu de pages ! De l'unique amour perdu à la haine familiale obsédante , le lecteur oscille au gré des flots entre passé tragique et futur tout aussi ténébreux ! La tension monte crescendo jusqu'au funeste final qui en surprendra plus d'un !



Avant Gwen , un exercice périlleux dont l'auteur s'affranchit magistralement , chapeau bas...

Merci à Hahasiah pour cette nouvelle claque Lehanesque !
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